Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-03-17
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 mars 1898 17 mars 1898
Description : 1898/03/17 (A2,N98). 1898/03/17 (A2,N98).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k67032186
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
LA TERREUR
Ce scraii^àft faute de le dissimuler et
quel que sou fepeu de valeur du person-
nage et le mépris qe'iI inspire aux hon-
nêtes geu, M. Max Hégis, l'Italien fran-
fisc d'hier eut devenu un chef de parti
Son retour à Alger provoque chez
certains esprit mal pondérés, sans doute
exaltés jusqu'au délire, un enthousiasme
voisin de la folie. Son journal Y Ant'*uiîf,,
signale, outre les Israélites terrorisés,les
Français d'origine osant pactiser avec
ceux-ci, acheter dans leurs magasins ;Ies
musulmans mêmes, reçoivent des ÍIIS-
tructions à cet égard, les femmes catho-
liques s'en mêlent et vont tirer par leur
burnous les indigènes qui essaient de
pénétrer daiwnfMjk, boutique ituve,
Les uns se son*«tent par lâcheié aux
prescriptions de TA ntijuif,les autres par
le vil mobile do l'intérêt personnel; puis
il y a la tourbe que l'on retrouve partout,
les paresseux, les amateurs de désordre,
les escrocs, les voleurs, qui attendent et
espèrent de nouveaux bris de coffres-
forts.
L'anarchie est partout et les malheu-
reux juifs ne se sentant soutenus par
personne, la police tolérant sur les murs
des affichages et des menaces contre
eux, s'enferment, se dissimulent jusqu'à
l'heure où ils pourront fuir la terre,
maintenant inhospitalière, où, sous le
barbare gouvernement turc, sous le dra-
Eeau de l'Odjac, sont nés et morts paisi-
leinent leur3 ancêtres. --
Ce n'était pas la peine de substituer la
croix au croissant pour après soixante-
huit ans d'occupation, arriver à de tels
résultats... que dis-je la croix ! mais si ce
que l'on m'affirme est exaet,là,comme en
France, l'influence du clergé se faitsentir.
Les disciples de Loyola surtout, seraient
les premiers et les plus actifs fauteurs
des désordres de l'Algérie. Il en est un
autre que l'on me signale et que mon
devoir est de dévoiler à mon tour : un
grand nombre de négociants européens
pactiseraient avec la bande de Max Ré-
gis, la soudoierai entafin d'anéantir la
concurrence jtlift. Je suis hélasl docu-
mentée sur ce fait, et je ne puis m'em-
pêcher de penser qu'ils sont bien mala-
droits dans leurs intérêts, ces commer-
çants (lui, si souvent ont recours aux
négociants ismélitcs, soit pour que ceux-
ci leur cèdent les marchandises dont ils
manquent, soit pour des prêts pour par-
foire des échéances.
En tout état de choses et en Républi-
que particulièrement, la liberté du com-
merce existe, et si les Israélites font
mieux leurs affaires, comme l'on dit,c'œt
à leur habileté, qu'ils le doivent et il n'y
a ri,," à reprendre à cela.
Au surplus, voici une note émanant
d'une personnalité autorisée, qui déter-
mine clairement la situation créée aux
Israélites en Algérie :
L'affaire Dreyfus et l'accusation contre
les juife d'être afillics & un prétendu syndi-
cat it'e.« qu'un prétexte fallacieux pour met-
tre iL exécution un projet prémédité depuis
longtemps et préparé depuis huit mois par
la presse antijuive : frappar d'un coup mor-
tel les intérêts matériels des juifsd'Algérie.
Si en eifet la ligue antijuivo avait & sa tête
des meneurs comme le Régis et autres poli-
ticiens ejusdem farirue, eu réalité les pro-
moteurs de la ligue, ceuxqui la fomentaient
et la soutenaient de leurs subsideg, n'étaient
et ne sont autres. auo les principaux oom-
merçants non juifs qui pensaient que le
seul moyen d empôcner la concurrence
juive, était d'anéantir la concurrence par la
ealoinuio d'abord, la violence, le pillage et
le vol en dernier lieu.
Ce n'était pas au patriotisme des juifs que
J'on en voulait mais a leur prospérité et la
meilleure preuve qu'on en ait encore, o'est
qu'après le pillage et le meurtre, on ter-
rorise les juifs par ses menaces anonymes
et journalières afin de les pousser à quitter
l'Algérie.
C est qu'aujourd'hui même tous les ma-
t'index.,gasins juifs clairemeut désignés sont mis à
index.
C'est que des agents à la solde de la ligue
intijuive sont postés continuellementdevant
tes raagasinsjuifs pour empêcher les clients
chrétiens et musulmans d y pénétrer.
Si la concurrence, ainsi que l'a dit un
célébré économiste, fait la prospérité des
nations, on voit où en est la malheureuse
AIgÓrie, minée par la famine chez les
musulmans, la politique ambitieuse et le
fanatisme clérical.
Les Israélites algériens sont d'après
des renseignements de source très auto-
risée décidés à ne s'occuper en quoi que
ce$oiifront um caractère politique.
Ceci est clair : ils aMwimfrant de vo-
ter aux élections preefceÉoer et les fac-
tieux auront belle pwtw; eest ce qu'ils
* veulaot.Onne peut qpw les admirer d'être
........ )aur but.
f Un grand nombre de juifs ainsi que je'
ratpréw et dit ici même, sfenrêtent à
t rm&er Itar avoir «là quitter fAlgérie.»
M»"que des salions moins barbare»
que fcofttré, les invitent à nom fuir.
Quelle honte peur nous qui fûmes le I
peuple hospitalier et 'éclectique par
\. iBiIIetrce.
Nos bons patriotes, notre jeunesse du
Cercle catholique, l'illustrissime Dru-
mont, qui va poser sa candidature à
Alger, les Italiens qui règnent non-seu-
lement en Algérie, mais à Tunis, nous
préparent des destinées semblables à
celles de 1* catholique Espagne, à l'a-
BOde de sa gioire, alors qu'elle chassa
les juifs et les morisques, et qui, depuis
déclina si fatalement qu'elle ne se re-
lèvera jamais. 0 justice immanente !
Peut-être n'en arriverons-nous pas là;
peut-être l'Algérie, où j'ai connu des
esprits si vaillants et de braves cœurs,
se ressaisira-t-elle quand il en est temps
encore. Des protestations indignées arri-
vent à La Fronde, par presque tous les
courriers. Elle3 émanent, en grande
partie, de colons, petits-fils des premiers
colons de 1831, travailleurs de la terre,
selon leur juste et orgueilleuse expres-
sion, car l'homme le plus élevé de tous
est l'agriculteur indépendant et libre,
contemplant le soleil et semant le grain
sacré qui nous donne du pain.
Eh bien! ceux-là ont le cœur plein
d'angoisse en voyant ce qui se passe de-
puis longtemps. Le décret Crémieux est,
disent-ils, un mauvais prétexte, puisque
depuis 1810 à 1890, il n'a- point troublé
les relations entre les Israélites et les
Français d'origine.
Pendant plus de vingt ans, dit notre colon
les juifs ont été de bons français, bons pa-
triotes, et maintenant, on ne trouve pas de
qualificatifs assez injurieux pour les dési-
gner. Toute cette campagne si préjudiciable
à la prospérité du pays n'est menée que
pour assouvir les basses ambitions de quel-
ques politiciens sans vergogne qui n'ont
pour tout progaamme à servir à leurs
clients que ce mot d'antijuifs — c'est leur
piédestal électoral. Les mots ont ici une dé-
Pt,)M bl puissance ;!a passion les invente,la
crédulité les accuet!!e,!& banalité les répand
et en peu de temps, la légende a tué la vé-
rité.
N'est-elle pas jolie cette réflexion phi-
losophique de mon vieux travail-
leur de la terre.
D'aucuns diront qu'ils ont en haine les
juifs parce qu'ils spolient les colons, qu'ils
les ruinent par l'usure. Il serait facile ( 0 les
réfuter, car si en vérité, il y a tpielques
banquiers juifs véreux; pour un, il se trouve
dix usuriers européens, français, maltais
et autres. Comme prouve à l'appui, je ne
citerai qu'uu exemple pris entre mille. A
Douéra, j'ai connu un usurier français d'o-
rigine qui, à lui seul, a jeté sur la paille
plus do pauvres petits propriétaires arabes
réunis, que tous les juifs de la colonie.
Loin de ruiner le pays comme on le pré-
tend, j'estime au contraire que les juifs ont
contribué pour beaucoue à maintenir son
équilibre économique. Sans eux, il faut
avoir le courage do le dire, la plupart des
propriétés seraient aux mains des étrangers,
Anglais, Maltais, etc.
D'autres mettent en cause la question
arabe etaffirment que ceux-ci sont les pires
ennemis des juifs; s'il est exact qu'une par-
tie de la population arabe, celle qui se com-
pose des mauvais sujets, écu meurs do nos
bergeries, de nos poulaillers et qui ne cher-
che que l'occasion de piller, soit juifs, soit
chrétiens, n'aime pas les Israélites; l'autre
partie, et c'est la majorité, gens notables,
propriétaires, commerçants, laboureurs, se
loue de ses relations constantes d'affaires
avec les juifs, soit pour les achats de mar-
chandises, soit pour les avarices de fonds ;
elle a plus confiance à un juif qu'à toutautre,
parce qu'ils s'entendent, se comprennent,
parlant à peu près le même idiome.
Lors dos pillages des maisons juives à
Boufarick, par des vandales se disant ci-
toyens français, plusieurs familles israé-
lites ont dû fuir leurs habitations sacca-
gées; où sont-elles allées se réfugier? Dans
des tribus arabes, qui les ont logées et
nourries pendant plusieurs jours. Dans le
1 môme moment M. Mohamed Krentini, .ad-
joint indigène (musulman) do la commune,
a donné asile chez lui, dans son habitation
privée, il. deux pauvres vieilles femmes
Israélites qu'il a ainsi préservées de la bru-
talité de la foule. Qu un chrétien aille en
pareille circonstance se réfugier chez les
arabes, il verrait t'accueit qu'il recevrait. »
Je dois borner ici mes citations, et j e
le regrette, rien n'étant plus topique que
tes appréciations d'un.
yant du récit des faits.
NOD,les arabes ne sont pas lesçj^M»
des juifs; c'est une vieille erreo*jHV
ditée pour fausser l'esprit public
importait de dissiper. L'Algérie» jHgir
ton des conditions spAeMntob mmm
troa ve,subit une effroyab**,..rita.. malfaiteur» exploiftnfcdHp
sens da leurs {panons les pftrôHf-
mines -et qu'H f- réfréna* aw^Hp*
gence, par tous te. moyens ttga0*£jbta
veille de la période étectoralepiri la-
quelle chaque citoyen a le droit d'wlMr
des pouvoirs publics usw.sécuritâ^Mi
complète encore que tI8IW les teïmMKw-
dinaires, afin d'exercer en toute IMÉ&.
son devoir électoral, il est uinsiifwifcji
gouverneur général de r rie IM jMlni
contre les fauteurs deattWRte/
Le calme apparent de M. MflWpfr
1 nous alarme point. B se recnmm^ w&b
éhontée de l'awi-juif etliesautres jour-
naux que l'on crie à Alger à l'heure ac-
tuelle comme un défî et une menace en-
vers la partie paisible et honnête da la
colonie.
Nous nous permettons seulement de
poser une question à M. le gouverneur:
— Si l'on criait : à bas les catholiques î à
bas les Français 1 à bas les musulmans,
cette manifestation serait considérée à
bon droit et en toute justice, comme dé-
lictueuse et attentatoire à la sécurité pu-
blique. Les agents seraient requis d ar-
rêter les manifestants. Pourquoi tolère-
t-on le cri de : A bas les Juifs?
CAROLINE D'AMBRE.
Au Parlement
La Chambra
Commission de l'armée
La Commission de l'armée s'est réunie
hier au Palais-Bourbon.
Le président,M. Mézières et le rapporteur
M. Bazille ont fait connaître le résultat de ,
leur entrevue avec le ministre delagawscj» j
au sujet del'article additionnel propM& pir j
M. Le Hérissé et plusieurs de ses coHôgtKs, J
qui stipulait que les nominations et l'avan-
cement des officiers de la réserve et de la
territoriale dans la Légion d'honneur au-
raient lieu dans les mêmes conditions que
pour les officiers de l'armée active et que,
notamment, chaque année, les listes de
propositions seraient publiées au Journal
Officiel.
Le ministre a déclaré qu'il combattrait
l'amendement de M. Le Hérissé devant la
Chambre.
M. Bazille a donné lecture de son rapport,
qui a été approuvé à l'unanimité. Il en de-
mandera la mise à l'ordre du jour de la
séance de mardi.
•
• •
A l'interpellation de M. Gabriel Baronâ
sur la poli tique extérieure, que nou
annoncions hier, il faut ajouter celle de
M. Paschal Grousset, également sur la
politique extérieure, et spécialement sur les
préparatifs de mobilisation de l'escadre du
Nord.
M. Lucien Hubert déclarait hier dans les
couloirs qu'il transformerait en interpella-
tion sa question à M.Hanoteaux sur l'emploi
de la balle csi Dum Dum » par les Anglais..
Sénat
Le budget de 1898.
La Commission des finances, s'est réunie
hier, sous la présidence do M. Barbey.
Elle a entendu le ministre des colonies
sur les chapitres de son budgot qui avaient
été réservés.
La commission ne se prononcera sur
l'amendement Fleury-Rnnarin qu'après l'au-
dition du ministre des finances.
Elle se réunira aujourd'hui en dépit de
la Mi-Carême.
w »
C'est aujourd'hui que devrait venir l'in-
terpellation ThéveneUTrarieux que le Sénat
avait remis à un mois.
Elle ne figure pas à l'ordre du jour de -la
séance de vendredi et tout fait prévoir que
ses auteurs n'en demanderont pas la discus-
sion.
H. S.
Nous recevons chaque jour des lettres de nos
lectrices, demandant si elles peuvent nous en-
voyer des articles à insérer.
Dans l'impossibilité où nous sommes de ré-
pondre à chacune d'elles, nous les informons
ici que LA FRONDE publiera toujours avec plai-
sir les articles qui, après lecture, auront l'ap-
probation de la Direction.
AU CONSEIL MUNICIPAL
Avant aAmee, qui a eu
iteu à 3 h. ,4L fejUMaité 49 budget s'est
réuni pour diSollllJ- proposition de
IL Jfctthelot sur le ■Beppolitam. Les oon-
t !aatibfft avaient dit mm doute déployer
(Mis leur activité durant cette réunion,
..la sème* qpt a%st déroulée ensuite a
«*t'une wieSàwte désespérante; tout le
attade dorma&jtuqu'aux huissiers de ser-
; f'" qui domiKeQ^.daas leur coin.
Cette douM saaaalMae est iuterromiMie
'«tMlques iastaiii». Pm M. Puecb mû
•est attelé à ÙKquuttàs^ks omnibus et tram*
wayh et qu'on est toujours certain de voir-
monter à la tribune dès que cette question
est agitée. L'actif eoasetîler du quartier
Saint-Avoye demande pourquoi l'adminis-
tration n a pas encore demandé au Conseil
'''.D.M1':'''.'' sut les eaquétes rela-
tives aux lignes de tramways de pénétra-
ttoo.
' M. Ie Directeur dés Travaux promet que
les dossiers serpnt prêts dans une huitaine ;
une huitaine d'administration, ç& doit é&re
bien long !
Chacun reprend ou son -somme, ou 'la
lecture de son journal sans avoir l'air de
panser à la. dynamite sur l'emploi de la-
quelle M. Escudier vient demander des ex-
Slications, sans explosion aucune ; le direc-
iur de l'assainissement affirme que M.
Esoudier peut rassurer ses électeurs, la
dynamite employée dans les travaux du
grand collecteur, entre la place de la Tri-
nité et l'avenue de Clichy, ne leur faisant
courir aucun danger.
Quelques conseillers éprouvent le besoin
de venir à la tribune faire leurs confidences
que personne n'entendrait, alors même
qu'on écouterait. Puis M. André Lefèvre fail
voter la répartition des subventions aux
soupes populaires.
A la suite de cet écrasant travail on se
donne congé jusqu'à lundi, après s'être
promis d'embrasser bientôt la Reine des
Reine. et toutes ses demoiselles d'honneur.
Cette séanée soporifique est levée: à
5. h. 114.
MARIA VÉRONE.
SPIRITUALISME
SCIENTIFIQUE
Preuves expérimentales de
l'existence du double
Si les lecteurs ont suivi ce qui a été dit
précédemment sur le double, ils com-
prendront combien il est intéressant de
constater que son existence peut être
scientifiquement démontrée; que par là,
les explications plus oumoins fantaisistes,
ou mieux encore les négations dédai-
gneuses, dont on gratifiait ces phénomè-
nes de la bi-corporéïté, deviennent tout
à fait insuffisantes pour le chercheur im-
partial, pour le savant qui pense avec
W. Crookes que « graduellement la
science fait de ceux qui la suivent les
représentants de la précaution et de la
vérité. »
Le corps fluidique appelé aussi corps
psychique dont la réalité objective se ma-
nifeste, ainsi que nous l'avons vu, dans
les faits d'apparition, peut être, comme
je l'ai dit, momentanément séparé de
son substratum physique au moyen du
magnétisme. J'emprunte l'exemple sui-
vant aux « Hallucinations télépathiques,
p. 45. »
M. Spacks magnétise un de ses amis
M. H. W. Cleaves qui possède pendant
son sommeil magnétique la faculté de
voir les endroits auxquels il s'intéresse,
s'il prend cette décision avant de s'en-
dormir. C'est la semaine dernière, dit
M. Spacks, que j'ai été saisi de surprise
par un événement plus extraordinaire
que les autres. Vendredi dernier au soir
(15 janvier 1880), mon ami exprima le
désir de voir une jeune tille qui habite
Wandsworth, et ajouta qu'il essaierait
de se faire voir par elle. Je le magnétisai
donc et je continuai de longues passes
pendant environ vingt minutes, en con-
centrant toute ma volonté sur son idée.
Lorsqu'il revint à lui, il déclara qu'il
l'avait vue dans la salle à manger, et
! qu'au bout d'un moment elle était de-
venue agitée,puis que soudain elle l'avait
. regardé et s'était couvert les yeux avec
les mains.
C'est juste à ce moment qu'il revint à
lui. Lundi dernier au soir (18 janvier
1880) nous recommençâmes l'expérience,
et cette fois il déclara qu'il croyait avoir
effrayé la jeune fille, car, apres qu'elle
l'eût regardé quelques minutes, elle
tomba à la renverse sur sa chaise, dans
ne sorte de syncope. Son petit frère so
trouvait .00 et moment dans fa/chambre.
Nous attendions nat^HdÉHMRt une lettre
après cet iDCidea . la vision
était réeDe. Le mjftHriRStij^ipoii ami
reçut une lettre iliiÉMi jiiijMijii innni.
demandant s'il arrivé;
elMtrivait, parce* qv le ««MÉredi soir
tÊÊtt ««M été saisie de âBMor en le
vepufcleiwut à la porté wb .chambre.
Mm bout. 4tae minute ftrôtt disparu,
et eU.-.aIIIIi& pensé q... pouvait être
ane iriafaKtaais le fuadi ......ue avait
encore étfpifcs eftsayéei» Hr ornant de
iMuveaa, et cet4e4bùq>Ns dMtaMBment.
et oUa &mg mêmt, dU effrayât i un tel
' point qu'elle avait failli se trouver mal.
OflliY iftitifiina qui. 'I.i¡f,ai..,J h av-
périence en confiraient l'!exaetitude.
D'autres faitS d'apparitions "Juu
sont relatés par -.Ak"oa « 'Amougme
et spiritisme a ; dans certains cas,le dÕu-
ble, ainsi extériorisé, agit sur ce qui l'en-
toure et prouve 88 présence par des
effets physiques.
Eh bien, en écartant ces dernières par-
Mcuïarttas qui ne sa' rencontrent que .ra-
remebt- et en laissant de côté comme
véritablomentinsuf Usante la tbéoried'une
impression purement subjective, il sem-
ble que l'hypothèse de la télépathie elle-
même soit impuissante à satisfaire plei-
nement l'esprit. Dans le cas rapporté
plus haut, par exemple, on ne s'explique
pas bien comment la seule volonté du su-
jet de se transporter auprès de la jeune
flue, ait pu influencer cette dernière au
point de lui faire considérer avec effroi,
comme une réalité objective, la simple
création produite dans son cerveau par
une volonté étrangère ; on ne s'explique
pas davantage que le sujet ait exacte-
ment décrit l'attitude de cette personne,
et qu'il ait en mêmer temps déclaré que
son petit frère étaitauprès d'elle —toutes
choses qui se sont trouvées exactes. — Il
faut donc que le sujet ait vu les lieux.
Quelle difficulté alors d'admettre qu'il
ait été vu lui-même par la jeune nie,
qui se trouvait probablement déjà parti-
culièrement disposée, sous l'empire de la
pensée qu'il concentrait vers eUe avec
toutes les puissances de sa volonté? Car
enfin, pour avoir vu, il faut qu'il se soit
transporté d'une manière queteonque
dans l'endroit qu'il décrit; ce qui impli-
que donc qu'il était dans cet endroit. Si,
en effet, la télépathie explique comment
un cerveau A peut à distance impres-
sionner un autre cerveau B, eUe ne nous
dit pas par quels moyens le cerveau A
peut être inàuencé par les objets placés
en dehors des limites d'action des orga-
nes des sens.
Il semble donc que l'hypothèse du
corps psychique, du double, puisse seule
expliquer les différentes phases du phé-
nomène. C'est pourquoi, à mesure que
les recherches des savants étendent le
domaine des connaissances acquises sur
cette question, les autres théories se
voient peu à peu abandonnées.
Cette hypothèse d'un corps fluidique
pouvantlmomentanément se différencier
de l'organisme humain et ayant le pou-
voir d'agir indépendamment de ce der-
nier dans son ambiance plus ou moins
immédiate, se trouve renforcée par des
expériences récentes qui ont mis en évi-
dence son extériorisation. —Ce sont par-
ticulièrement les recherches auxquelles
des savants de différents pays se sont
livrés avec le célèbre médium italien :
Eusapia Paladhio. (On donne le nom de
médium à des sujets jouissant de pro-
Il priétés faut spéciales concernant le double).
faut lire dans l'ouvrage de M. de Ro-
chas : Extériorisation de la motricîté, l'ex-
posé des phénomènes curieux qui se pré-
sentèrent aux yeux des assistants ; quel-
ques-uns de ces phénomènes eurent lieu
en pleine lumière. On y voit entre autres
choses, l'attitude du sujet étant étroite-
ment observée,ses pieds et ses mains dans
l'impossibilité d'agir : des tables et des
chaises se soulever, se promener dans
la chambre ; un tambourin, une sonnette
flotter en l'air au-dessus des assistants,
comme portés par une main invisible ;
l'allumage d'une lampe électrique à dis-
tance ; le déplacement d'une lampe et
l'abaissement d'une suspension, l'em-
preinte de doigts sur une assiette conte-
nant du noir de fumée ; le déplacement
d'un verre plein d'eau qui est porté du
buffet sur lequel il se trouvait, aux lèvres
de l'un des assistants ; etc., etc.
Ce dernier, M. Ocborowicz, savant
étranger, s'exprime ainsi dans le rapport
qu'il fait de ces séances :
« L'hypothèse d'un «double fluidique»
(corps astral) qui, dans certaines condi-
tions, se détache du corps du médi um,
parait nécessaire pour l'explication de
la plupart dea phénomènes; d'après cet,
Jm wmnmvite d'objet:
suis contact seraient produits par le:
memtasa tin médium. »
— MMMnôfMMm sèche et incomplète
exposée plus haut ne peut donner qu'uni
très faibli idée dea^faîti étranges consta
tésdawdl verses aéaueesavec le médius
Eusapia. Elle explique néanmoins le rap
prochâment qiu s impose forcément i
l'esprit de- roBaervateur, entre ces phé-
nomènes inexpliqués et les récits quali
%9« de mrnaturevs concernant les appari
tions. Car nous avons vu que parfois 1,
double qui apparaît prouve son objecti
vite en agissant sur les objets matériels
Il faut ajouter que d'autres exemples re-
laient le cas où des effets physiques déJ
notent la présence d'une force qui reste
invisible. Là possibilité de ces faits in.
compréhensibles est donc démontrée par
les expériences plusieurs fois répétée:
avec le médium italien. Entre le phéno;
mène naturel, en effet, attesté par le;
récits de tousses temps, et le phénomènt
provoqué il n'y a comme différence
qu'une question de distance. — Rien n'a
prouvé, du reste, que la puissance d'Eu-
sapia ne pourrait pas s'étendre hors de
l'enceinte où se trouve cette dernière. *.
On voit par là quelles lueurs bienfai-
santes verse sur le mystérieux do mai ne
de la dualité de l'homme, l'étude scienti"
tique que des savants indépendants ont
faite de ces questions. Ils savent, ces
chercheurs, qu'à chaque pas en avanl
fait par le savoir humain sur le territoire
de l'inconnu « le phénomène surnaturel
est devenu naturel dès que notre igno-
rance de la cause a été dissipée. » Et ils
s'efforcent de découvrir les causes encor i
inconnues de ces faits constatés depuis
si longtemps.
D'autres preuves expérimentales du
corps psychique ont été faites. Je lc>
exposerai prochainement.
THÉCLA.
A la Bourse du Travail
Hier soir a eu. lieu, à la Bourse du Tra-
vail, la réunion des batteurs et. des batteu-.
ses d'or; deux députés y présents ont pris la;
parole. »
Après avoir brièvement raconté les évô-;
nements qui ont amené la greva, le prési-
dent M. Peth annonce que, grâce aux sous-
criptions qui lui sont parvenues, le syn'ii-t
cat des batteuses et batteurs d'or, est en.
état de continuer la grève. Une somme de?
30 francs a été donnée cette semaine à cha-
3ue gréviste M. Peth assure ceux-ci de son.
dévouement et dément les insinuations1
malveillantes de certains à son égard.
M. Groussier constate, que la solidarité
féminine est. plus grande que la solidarité
masculine, il loue les femmes do leur en-
tente et engage les hommes à les imiter. En
quelques paroles bien senties M. Groussier
déplore quo le grand principe de : à travail
égal salaire égal,ne soitpasappliqué. Il ter-
mine en prédisant aux ouvriers et ouvriè-
res qu'avec « de l'union, du courage, elles
vaincront ».
M. Gérault-tUchard prend ensuite la pa-
role et fait remarquer avec quelque raison
que dans une société où l'élément féminin
domine, il est regrettable qu'aucune femme
ne fasse partie du bureau, et que puisque
les hommes entraînent leurs compagnes
dans leurs luttes, celles-ci doivent ètre sur
un pied d'égalité complet avec eux.
Il serait à souhaiter en effet que quel-
ques-unes des ouvrières, qui ont dans celle
grève égal un intérêt sinon supérieur du moins
gai à celui des hommes, prennent elles
aussi la parole pour défendre leur cause.
Des délégués de l' Union des Syndicats des
travailleuses et travailleurs de la Seine an-
noncentque leur Société alloucraun secours
aux syndicats des batteurs d'or.
Vient ensuite M. Briat qui félicite les
femmes de leur énergie et de leur courage.
Il s'élève lui aussi contre l'infériorité des
salaires féminins et engage les femmes à
conserver celte bonne camaraderie qu i
dit-il, est leur force.
L'ordre du jour décidant la continuation
de la grève est voté à l'unanimité.
INFORMATIONS
Nous recevons la communication sui-
vante :
Un groupe de jeunes littérateurs vient de
prendre l'initiative d'une souscription à
l'effet d'offrir à Emile Zola un objet d'art,
en hommage de sympathie.
Il convie tous les amis et admirateurs
du maitre à s'associer à cette manifestation
qui mérite d'être soutenue.
Adresser les adhésions à la revue « Le
LA TRIBUNE
-*
Cette rubrique fbrme un feuilleton, volant i
dont le sujet change tout les trois »urs. I
A TRAVERS L'EDUCATION
L'ENSEIGNEMENT POUR LES PETITS
I
Les trois tribunes, qui ont précédé
celle-ci ont été une sorte d'entrée en ma-
tière pour la série que la directrice de la
Fronde a bien voulu me .confier. Un
article d'actualité (les institutrices à bicy-
clette), et deux articles* de doctrine: sa
coéducation et la Féminisation de rensei-
gnement prîmaire, ont révélé à ceux de
mes lecteurs pour lesquels j'étais une
inconnue, l'esprit qui anime et qui conti-
nuera d'animer mes études concernant
l'éducation. Maintenant que nous som-
mes presque de vieilles connaissances —
je préférerais dire de vieux amis, je re-
viens au commencement, c'est-à-dire aux
petits. J'ai d'ailleurs reçu une lettre qui
m'en fait un devoir. Elle a été écrite à
Mulhouse le 10 janvier et méritait une
plus prompte réponse, mais le plan que
je m étais tracé ne m'a pas permis d'y
répondre plus tôt.
La voici, avec son début légèrement
aigrelet — qo&ad on est malheureux il
est rare que rOll ne soit pas un peu pes-
•hniato—je la copie sans autre com-
mentataa .pWalabi&
« Si pour beaaçcjH) de Français, pour
la grande major$tg&le crains, les Alsa-
ciens sont des tétiKarrées, voire même
dee Prussiens, il -n'est pas de patriotes,
aoyez-en persuadée qui, plus qn eux, s'in-
téreueat passionnément au sort de la
France} qu'ils aiment, comme une mère
pour laquelle ils ont souffert, dont ils
eut paire les fautes de leur liberté, et à
hqoeBe ils sacrifient journellement leurs
oafant*.
« Ceci"". vous expliquer, madame*
que, tout en habitant un pays annexé à
emagow4 aoos nous croyons en droit,
d'apporter à la France, et à Paris qui en
aatla tête et le cœur, notre contingent de
.
connaissance, de lumières et de conseils.
« Moi-même, sur quatre enfants, j'en
ai trois établis à Paris; j'y ai aussi un
-petit-fils de cinq ans qui m'a donné l'oc-
easion de remarquer ce que Paris offre
'le défectueux par rapport aux écoles en-
fantines dont je prends la liberté do vous
parler aujourd'hui.
« Je ne sais si les écoles publiques
possèdent, pour les enfants de quatre à
sept ans, de3 classes soumises à certains
règlements dont l'observation serait con-
trôlée par des inspecteurs; mais celles
que je connais, les écoles privées, sont
affranchies de ce contrôle, et c'est de
celles-là que je parle.
On ne peut rien reprocher à beaucoup
d'entre elles quant à l'instruction, mais
la question d'hygiène y est absolument
négligée et les pauvres bébés de quatre
ans y restent assis deux heures de suite
à la même place, leur petite intelligence
tendue sans repos, sans l'ombre de ré-
créations, sans mouvements de gymnas-
tique pour reposer leurs nerfs toujours
en vibration.
« Ceci, Madame, est, à mon avis, une
grande lacune de l'éducation enfantine,
j car l'on reprocherait plutôt aux petits
| Parisiens d'apprendre trop vite au détri-
: ment de leur santé.
ï « J'ai donc pensé que par... (ici dos
éloges à mon adresse que le me permets
de supprimer), vous arriveriez à faire
comprendre la nécessité, pour Paris,
plus que pour n'importe quelle ville,
d'écoles véritablement enfantines,comme
il en existe en Allemagne sous le nom
de «Jardins d'enfants », où les petits
sont développés qtL physique et au mo-
ral, sous la tendre surveillance des insti-
tutrices-jardinières, en contact avec de
petits camarades dont le frottement salu-
taire est un bienfait de plus.
« Je voudrais que, dans l'intérêt de la
génération future, il fût créé dans cha'
que de quartier de Paris, un ou plusieurs
e cesjardinsd'enfants»qui répondraient
I certainement aux besoins actuels.
« Mais ici se pose tout naturellement
! l'importante question des institutrices
pour lesquelles il faut la vocation, d'a-
bord, et puis des études qui ne sont ni
très longues. Di. très compliquées. D'aHk
I leurs', à une énoaue où toutes les carriè-
res sont encombrées, ne verriez-vous
pas là une sphère d'activité pour les
nombreuses jeunes filles que l'on enver-
rait étudier dans les pays où ces écoles
sont prospères?
« Ces écoles seraient un bienfait incal-
culable tant pour les mères de famille
que pour les enfants, et ne porteraient
aucun ombrage aux cours existant déjà
puisque l'on n'y laisserait les enfants que
jusqu'au moment où commencerait leur
instruction proprement dite.
« Votre dévoument au développement
et à l'instruction de la jeunesse me font
espérer que^vous voudrez bien entrepren-
dre dans la Fronde, une campagne en fa-
veur de mon idée.
« Madame G. S. »
J'ai transcrit cotte lettre in-extenso;
d'abord parce qu'elle est très intéres-
sante; ensuite, parce qu'elle répond aux
inquiétudes que, depuis dix-huit ans, je
ne cesse d'exprimer dans les écoles, dans
mes, rapports au Ministère, dans mes
conférences, dans les congrès, dans la
presse;enfinparce qu'elle tombe juste au
moment où je veux dire, ici, ce que je
pense de l'éducation enfantine, telle
qu'elle est pratiquée chez nous, et Où je
veux profiter de la publicité du journal
pour conjurer tous ceux qui aimant les
enfants — ces- enfants qui seront, des
hommes et des femmeth oes eoftataqm
seront la France — de m'aider à les sau?
.ver de corps, jd'esprit et d'Ame: de m'ai-
der à leur restituer ce que nous leur
avons pris : leur vie ensoleillée et in-
consciente de petits oiseaux.
Cela dit, je déclare carrément que je
suis en principe l'ad varsai re de3 « écoles*
pour les petits enfants, et que mes p...
ventions sont presque invincibles contre
tout établissement qui leur est ouvert
lorsque cet établissement s'appelle uni'
« école ».
le Parce que ce mot « école » impliqpe
forcément une discipline collective,,Ou
que cette discipline collective quelque
veloutée, capitonnée, ouatée qu'elle soit,
n'en est pas moins une discipline qui em-
pêche l'individualité de naître et de M
développer.
20 Parce que, chez nous, du moins,, m
mot « école » évoque nécessairement
l'idée d'instruction.
ae Parce que l'instruction —à l'école —
ne va pas sans programme et que, chez;
nous encore, tout programme a pour
sanction un examen.
Hélas ! on n'a pas hésité ici et là, à ins-
tituer des concours entre enfants de qua-
tre à six ans !
Oui, monsieur, des concours de mé-
moire; oui, madame, des concours de
lecture 1
Et je trouve cela monstrueux 1 En fait
de concours entre bébés, je ne pardonne
malgré son apparence grotesque, qu'à
celui qui se propose de donner un prix à
la meilleure nourrice, et je n'accepterais
même pas un concours de cerceau ou de
toupie, tant m'est antipathique ce sys-
tème d'éducation qui remplace le désir
de bien faire pour avoir bien fait parla
fièvre de dépasser les camarades, quelle
que soit td'ailleurs, leur allure. Oh oui l je
le hais ce système, car il fait consister le
succès dans la victoire d'un sur tous,
tandis que notre idéal de justice et de
fraternité se résume en ces six mots :
« chacun pour tous, tous pour chacun ».
Mais les écoles pour petits enfants ont
à mes yeux un autre vice r(idhibitoire :
elles encouragent les mères à confier à
autrui un devoir qui est leur titre de no-
blesse ; elle les pnvent — et c'est un ef-
fet de la. justice des choses — des joies
tel' plus délicieuses qu'il nous soit donné
de savourer ; elles aident enfin, à la dis-
location de la famille qui est la plaie vive
de notre époque.
« Mais j 1 en faut, cependant, des écoles
pour les petits I »
— Je le sais, autant que qui que ce
soit au monde ; je sais aussi que rabsolu
conduit à l'absurde, mais il s'agit ici d'un
principe, je l'expose et le développe, en
S priant le lecteur de me faire crédit. Nous
finirons par nous entendre, à la condi-
tion expresse de nous mettre en présence
de notre sujet, c'est-à-dire d'un enfant
de deux ans, et de l'étudier sans idde
préconçue.
Je dix « deux ans », parce que c'est en
' France, l'âge de l'admission à l'école ma.
ternelle. Comme développement play-
sique moyen, cet enfant marche, ses
Jambes sont même relativement solides ;
il ne sait pas encore sauter. Lorsqu'il
essaie. ses petits, pieds restent attachée
au sol ; il s'escrime, avec quelque succès
à escalader les meubles ; il croit danser
quand il agite les bras,et ne sait pas en-
core courir.
Il est Jà peine « propre » dans le sens
très spécial que nous donnons à ce mot,
quand il s'agit d'un petit enfant. En tout
cas, il ne sait, sous ce rapport, se rendre
aucun service, et nul n'ignore ce qu'il ré-
clame encore de soins incessants et mi-
nutieux.
Il ne sait pas manger non plus ; il ne
sait pas boire tout seul.
Au point de vue intellectuel, sauf
exception, je le répète, il ne sait pas en-
core parler, c'est-à-dire qu'il ne fait pas
encore de phrases; le lien logique, qui
unit l'action, le sujet et l'attribut, ne lui
apparaissant pas encore avec assez de
netteté, et comme le cercle de ses con-
naissances est extrêmement restreint,
son répertoire est aussi extrêmement
limité.
En somme il ne connaît que ce qu'il a
vu et touché; ce qui a été laissé à sa libre
disposition.
Enfin, ne pouvant pas encore comparer
les choses entre elles, rapprocher les
effet des causes, il n'a pas même d'ima-
gination. Oh ! celle-là viendra bientôt.
L'enfant de deux ans a besoin de
bouger, de bouger sans cesse; il a besoin
de toucher, de porter à sa bouche, d'en-
tendre le son de sa voix; c'est, dans
toute la force du terme, un intuitif, un
instinctif. Mais c'est, en même temps.,
un individuel, parce que tout ce qui lui
vient d'autrui est disproportionné avec
son développement propre.
Cela explique pourquoi il apprend plus
facilement d'un autre enfant que dune
personne faite, et cette disposition serait
même un argument décisif en faveur de
l'école prématurée, si elle n'était, au
contraire, un argument péremptoire en
faveur de l'éducation dans la famille, car
l'école est — quoi que l'on fasse — un
milieu factice où la. maîtresse est forcée
de semer peu ou prou dans les petites
têtes, sans attendre, pour chacune, !foc-
casion. favorable, tandis que la familte
est nn. milieu réel — trop céel, parfait —
dans leQuel la vie se déroula avec sis
i OMMM& lwnrUu nmlt aussi wccinoo
intimes libertés ; dans lequel on vit une
vie vivante.
Or le petit enfant ne se développe que
par ses propres expériences, il ne les re-
quiert que dans la liberté de la maison
paternelle ou du champ paternel, que.
dans la liberté de l'école buissonnn>re
Tout petit — je ne m'éloigne pas de mon
sujet d'observation — il n'apprend que
de lui-même et des choses. L'enseigne-
ment maternel ne vaut que parce qu'il
procède à bâtons rompus, selon l'occa-
sion ; celui des frères, que parce qu'il
n'est pas à proprement parler un ensei-
gnement.
Le petit voit et entend ce qui se
passe autour de lui ; il s'empare des
choses, il les tourne, les retourne, les
fait mouvoir i il prend de tout, ce qu'il
vent prendre et ce qu'il peut prendre, et
se l'assimile avec une sûreté merveil-
leuse, à la condition expresse d'avoir
choisi lui-même son objet et son moment,
et c'est parce que ce choix est impossible
à l'école — surtout dans les écoles si
peuplées de la plupart de nos villes do
France, que j'en suis l'adversaire pour
4es tout petits qui ont tout à perdre à ôtro
mis dans un monde à l'âge où leurs 03
mêmes ne sont que do la pâte molle.
Mais il est des cas (si nombreux qu'ils
constituent la règle), où l'école, pour eux
est nécessaire et bienfaisante, et j'en
suis si convaincue, qu'au lieu de cher-
cher à la supprimer, j'ai consacré le
meilleur de ma vie à l'améliorer, et que
j'ai une profonde gratitude pour quicon-
que poursuit le même but.
Nous verrons demain combien nous en
sommes éloignés, et, après-demain, nous
conviendrons de ce qu'il faudrait faire
pour l'atteindre.
PAULINE KERGOMARD.
(Asmwi*),
Ce scraii^àft faute de le dissimuler et
quel que sou fepeu de valeur du person-
nage et le mépris qe'iI inspire aux hon-
nêtes geu, M. Max Hégis, l'Italien fran-
fisc d'hier eut devenu un chef de parti
Son retour à Alger provoque chez
certains esprit mal pondérés, sans doute
exaltés jusqu'au délire, un enthousiasme
voisin de la folie. Son journal Y Ant'*uiîf,,
signale, outre les Israélites terrorisés,les
Français d'origine osant pactiser avec
ceux-ci, acheter dans leurs magasins ;Ies
musulmans mêmes, reçoivent des ÍIIS-
tructions à cet égard, les femmes catho-
liques s'en mêlent et vont tirer par leur
burnous les indigènes qui essaient de
pénétrer daiwnfMjk, boutique ituve,
Les uns se son*«tent par lâcheié aux
prescriptions de TA ntijuif,les autres par
le vil mobile do l'intérêt personnel; puis
il y a la tourbe que l'on retrouve partout,
les paresseux, les amateurs de désordre,
les escrocs, les voleurs, qui attendent et
espèrent de nouveaux bris de coffres-
forts.
L'anarchie est partout et les malheu-
reux juifs ne se sentant soutenus par
personne, la police tolérant sur les murs
des affichages et des menaces contre
eux, s'enferment, se dissimulent jusqu'à
l'heure où ils pourront fuir la terre,
maintenant inhospitalière, où, sous le
barbare gouvernement turc, sous le dra-
Eeau de l'Odjac, sont nés et morts paisi-
leinent leur3 ancêtres. --
Ce n'était pas la peine de substituer la
croix au croissant pour après soixante-
huit ans d'occupation, arriver à de tels
résultats... que dis-je la croix ! mais si ce
que l'on m'affirme est exaet,là,comme en
France, l'influence du clergé se faitsentir.
Les disciples de Loyola surtout, seraient
les premiers et les plus actifs fauteurs
des désordres de l'Algérie. Il en est un
autre que l'on me signale et que mon
devoir est de dévoiler à mon tour : un
grand nombre de négociants européens
pactiseraient avec la bande de Max Ré-
gis, la soudoierai entafin d'anéantir la
concurrence jtlift. Je suis hélasl docu-
mentée sur ce fait, et je ne puis m'em-
pêcher de penser qu'ils sont bien mala-
droits dans leurs intérêts, ces commer-
çants (lui, si souvent ont recours aux
négociants ismélitcs, soit pour que ceux-
ci leur cèdent les marchandises dont ils
manquent, soit pour des prêts pour par-
foire des échéances.
En tout état de choses et en Républi-
que particulièrement, la liberté du com-
merce existe, et si les Israélites font
mieux leurs affaires, comme l'on dit,c'œt
à leur habileté, qu'ils le doivent et il n'y
a ri,," à reprendre à cela.
Au surplus, voici une note émanant
d'une personnalité autorisée, qui déter-
mine clairement la situation créée aux
Israélites en Algérie :
L'affaire Dreyfus et l'accusation contre
les juife d'être afillics & un prétendu syndi-
cat it'e.« qu'un prétexte fallacieux pour met-
tre iL exécution un projet prémédité depuis
longtemps et préparé depuis huit mois par
la presse antijuive : frappar d'un coup mor-
tel les intérêts matériels des juifsd'Algérie.
Si en eifet la ligue antijuivo avait & sa tête
des meneurs comme le Régis et autres poli-
ticiens ejusdem farirue, eu réalité les pro-
moteurs de la ligue, ceuxqui la fomentaient
et la soutenaient de leurs subsideg, n'étaient
et ne sont autres. auo les principaux oom-
merçants non juifs qui pensaient que le
seul moyen d empôcner la concurrence
juive, était d'anéantir la concurrence par la
ealoinuio d'abord, la violence, le pillage et
le vol en dernier lieu.
Ce n'était pas au patriotisme des juifs que
J'on en voulait mais a leur prospérité et la
meilleure preuve qu'on en ait encore, o'est
qu'après le pillage et le meurtre, on ter-
rorise les juifs par ses menaces anonymes
et journalières afin de les pousser à quitter
l'Algérie.
C est qu'aujourd'hui même tous les ma-
t'index.,gasins juifs clairemeut désignés sont mis à
index.
C'est que des agents à la solde de la ligue
intijuive sont postés continuellementdevant
tes raagasinsjuifs pour empêcher les clients
chrétiens et musulmans d y pénétrer.
Si la concurrence, ainsi que l'a dit un
célébré économiste, fait la prospérité des
nations, on voit où en est la malheureuse
AIgÓrie, minée par la famine chez les
musulmans, la politique ambitieuse et le
fanatisme clérical.
Les Israélites algériens sont d'après
des renseignements de source très auto-
risée décidés à ne s'occuper en quoi que
ce$oii
Ceci est clair : ils aMwimfrant de vo-
ter aux élections preefceÉoer et les fac-
tieux auront belle pwtw; eest ce qu'ils
* veulaot.Onne peut qpw les admirer d'être
........ )aur but.
f Un grand nombre de juifs ainsi que je'
ratpréw et dit ici même, sfenrêtent à
t rm&er Itar avoir «là quitter fAlgérie.»
M»"que des salions moins barbare»
que fcofttré, les invitent à nom fuir.
Quelle honte peur nous qui fûmes le I
peuple hospitalier et 'éclectique par
\. iBiIIetrce.
Nos bons patriotes, notre jeunesse du
Cercle catholique, l'illustrissime Dru-
mont, qui va poser sa candidature à
Alger, les Italiens qui règnent non-seu-
lement en Algérie, mais à Tunis, nous
préparent des destinées semblables à
celles de 1* catholique Espagne, à l'a-
BOde de sa gioire, alors qu'elle chassa
les juifs et les morisques, et qui, depuis
déclina si fatalement qu'elle ne se re-
lèvera jamais. 0 justice immanente !
Peut-être n'en arriverons-nous pas là;
peut-être l'Algérie, où j'ai connu des
esprits si vaillants et de braves cœurs,
se ressaisira-t-elle quand il en est temps
encore. Des protestations indignées arri-
vent à La Fronde, par presque tous les
courriers. Elle3 émanent, en grande
partie, de colons, petits-fils des premiers
colons de 1831, travailleurs de la terre,
selon leur juste et orgueilleuse expres-
sion, car l'homme le plus élevé de tous
est l'agriculteur indépendant et libre,
contemplant le soleil et semant le grain
sacré qui nous donne du pain.
Eh bien! ceux-là ont le cœur plein
d'angoisse en voyant ce qui se passe de-
puis longtemps. Le décret Crémieux est,
disent-ils, un mauvais prétexte, puisque
depuis 1810 à 1890, il n'a- point troublé
les relations entre les Israélites et les
Français d'origine.
Pendant plus de vingt ans, dit notre colon
les juifs ont été de bons français, bons pa-
triotes, et maintenant, on ne trouve pas de
qualificatifs assez injurieux pour les dési-
gner. Toute cette campagne si préjudiciable
à la prospérité du pays n'est menée que
pour assouvir les basses ambitions de quel-
ques politiciens sans vergogne qui n'ont
pour tout progaamme à servir à leurs
clients que ce mot d'antijuifs — c'est leur
piédestal électoral. Les mots ont ici une dé-
Pt,)M bl puissance ;!a passion les invente,la
crédulité les accuet!!e,!& banalité les répand
et en peu de temps, la légende a tué la vé-
rité.
N'est-elle pas jolie cette réflexion phi-
losophique de mon vieux travail-
leur de la terre.
D'aucuns diront qu'ils ont en haine les
juifs parce qu'ils spolient les colons, qu'ils
les ruinent par l'usure. Il serait facile ( 0 les
réfuter, car si en vérité, il y a tpielques
banquiers juifs véreux; pour un, il se trouve
dix usuriers européens, français, maltais
et autres. Comme prouve à l'appui, je ne
citerai qu'uu exemple pris entre mille. A
Douéra, j'ai connu un usurier français d'o-
rigine qui, à lui seul, a jeté sur la paille
plus do pauvres petits propriétaires arabes
réunis, que tous les juifs de la colonie.
Loin de ruiner le pays comme on le pré-
tend, j'estime au contraire que les juifs ont
contribué pour beaucoue à maintenir son
équilibre économique. Sans eux, il faut
avoir le courage do le dire, la plupart des
propriétés seraient aux mains des étrangers,
Anglais, Maltais, etc.
D'autres mettent en cause la question
arabe etaffirment que ceux-ci sont les pires
ennemis des juifs; s'il est exact qu'une par-
tie de la population arabe, celle qui se com-
pose des mauvais sujets, écu meurs do nos
bergeries, de nos poulaillers et qui ne cher-
che que l'occasion de piller, soit juifs, soit
chrétiens, n'aime pas les Israélites; l'autre
partie, et c'est la majorité, gens notables,
propriétaires, commerçants, laboureurs, se
loue de ses relations constantes d'affaires
avec les juifs, soit pour les achats de mar-
chandises, soit pour les avarices de fonds ;
elle a plus confiance à un juif qu'à toutautre,
parce qu'ils s'entendent, se comprennent,
parlant à peu près le même idiome.
Lors dos pillages des maisons juives à
Boufarick, par des vandales se disant ci-
toyens français, plusieurs familles israé-
lites ont dû fuir leurs habitations sacca-
gées; où sont-elles allées se réfugier? Dans
des tribus arabes, qui les ont logées et
nourries pendant plusieurs jours. Dans le
1 môme moment M. Mohamed Krentini, .ad-
joint indigène (musulman) do la commune,
a donné asile chez lui, dans son habitation
privée, il. deux pauvres vieilles femmes
Israélites qu'il a ainsi préservées de la bru-
talité de la foule. Qu un chrétien aille en
pareille circonstance se réfugier chez les
arabes, il verrait t'accueit qu'il recevrait. »
Je dois borner ici mes citations, et j e
le regrette, rien n'étant plus topique que
tes appréciations d'un.
yant du récit des faits.
NOD,les arabes ne sont pas lesçj^M»
des juifs; c'est une vieille erreo*jHV
ditée pour fausser l'esprit public
importait de dissiper. L'Algérie» jHgir
ton des conditions spAeMntob mmm
troa ve,subit une effroyab**
sens da leurs {panons les pftrôHf-
mines -et qu'H f- réfréna* aw^Hp*
gence, par tous te. moyens ttga0*£jbta
veille de la période étectoralepiri la-
quelle chaque citoyen a le droit d'wlMr
des pouvoirs publics usw.sécuritâ^Mi
complète encore que tI8IW les teïmMKw-
dinaires, afin d'exercer en toute IMÉ&.
son devoir électoral, il est uinsiifwifcji
gouverneur général de r rie IM jMlni
contre les fauteurs deattWRte/
Le calme apparent de M. MflWpfr
1 nous alarme point. B se recnmm^ w&b
éhontée de l'awi-juif etliesautres jour-
naux que l'on crie à Alger à l'heure ac-
tuelle comme un défî et une menace en-
vers la partie paisible et honnête da la
colonie.
Nous nous permettons seulement de
poser une question à M. le gouverneur:
— Si l'on criait : à bas les catholiques î à
bas les Français 1 à bas les musulmans,
cette manifestation serait considérée à
bon droit et en toute justice, comme dé-
lictueuse et attentatoire à la sécurité pu-
blique. Les agents seraient requis d ar-
rêter les manifestants. Pourquoi tolère-
t-on le cri de : A bas les Juifs?
CAROLINE D'AMBRE.
Au Parlement
La Chambra
Commission de l'armée
La Commission de l'armée s'est réunie
hier au Palais-Bourbon.
Le président,M. Mézières et le rapporteur
M. Bazille ont fait connaître le résultat de ,
leur entrevue avec le ministre delagawscj» j
au sujet del'article additionnel propM& pir j
M. Le Hérissé et plusieurs de ses coHôgtKs, J
qui stipulait que les nominations et l'avan-
cement des officiers de la réserve et de la
territoriale dans la Légion d'honneur au-
raient lieu dans les mêmes conditions que
pour les officiers de l'armée active et que,
notamment, chaque année, les listes de
propositions seraient publiées au Journal
Officiel.
Le ministre a déclaré qu'il combattrait
l'amendement de M. Le Hérissé devant la
Chambre.
M. Bazille a donné lecture de son rapport,
qui a été approuvé à l'unanimité. Il en de-
mandera la mise à l'ordre du jour de la
séance de mardi.
•
• •
A l'interpellation de M. Gabriel Baronâ
sur la poli tique extérieure, que nou
annoncions hier, il faut ajouter celle de
M. Paschal Grousset, également sur la
politique extérieure, et spécialement sur les
préparatifs de mobilisation de l'escadre du
Nord.
M. Lucien Hubert déclarait hier dans les
couloirs qu'il transformerait en interpella-
tion sa question à M.Hanoteaux sur l'emploi
de la balle csi Dum Dum » par les Anglais..
Sénat
Le budget de 1898.
La Commission des finances, s'est réunie
hier, sous la présidence do M. Barbey.
Elle a entendu le ministre des colonies
sur les chapitres de son budgot qui avaient
été réservés.
La commission ne se prononcera sur
l'amendement Fleury-Rnnarin qu'après l'au-
dition du ministre des finances.
Elle se réunira aujourd'hui en dépit de
la Mi-Carême.
w »
C'est aujourd'hui que devrait venir l'in-
terpellation ThéveneUTrarieux que le Sénat
avait remis à un mois.
Elle ne figure pas à l'ordre du jour de -la
séance de vendredi et tout fait prévoir que
ses auteurs n'en demanderont pas la discus-
sion.
H. S.
Nous recevons chaque jour des lettres de nos
lectrices, demandant si elles peuvent nous en-
voyer des articles à insérer.
Dans l'impossibilité où nous sommes de ré-
pondre à chacune d'elles, nous les informons
ici que LA FRONDE publiera toujours avec plai-
sir les articles qui, après lecture, auront l'ap-
probation de la Direction.
AU CONSEIL MUNICIPAL
Avant aAmee, qui a eu
iteu à 3 h. ,4L fejUMaité 49 budget s'est
réuni pour diSollllJ- proposition de
IL Jfctthelot sur le ■Beppolitam. Les oon-
t !aatibfft avaient dit mm doute déployer
(Mis leur activité durant cette réunion,
..la sème* qpt a%st déroulée ensuite a
«*t'une wieSàwte désespérante; tout le
attade dorma&jtuqu'aux huissiers de ser-
; f'" qui domiKeQ^.daas leur coin.
Cette douM saaaalMae est iuterromiMie
'«tMlques iastaiii». Pm M. Puecb mû
•est attelé à ÙKquuttàs^ks omnibus et tram*
wayh et qu'on est toujours certain de voir-
monter à la tribune dès que cette question
est agitée. L'actif eoasetîler du quartier
Saint-Avoye demande pourquoi l'adminis-
tration n a pas encore demandé au Conseil
'''.D.M1':'''.'' sut les eaquétes rela-
tives aux lignes de tramways de pénétra-
ttoo.
' M. Ie Directeur dés Travaux promet que
les dossiers serpnt prêts dans une huitaine ;
une huitaine d'administration, ç& doit é&re
bien long !
Chacun reprend ou son -somme, ou 'la
lecture de son journal sans avoir l'air de
panser à la. dynamite sur l'emploi de la-
quelle M. Escudier vient demander des ex-
Slications, sans explosion aucune ; le direc-
iur de l'assainissement affirme que M.
Esoudier peut rassurer ses électeurs, la
dynamite employée dans les travaux du
grand collecteur, entre la place de la Tri-
nité et l'avenue de Clichy, ne leur faisant
courir aucun danger.
Quelques conseillers éprouvent le besoin
de venir à la tribune faire leurs confidences
que personne n'entendrait, alors même
qu'on écouterait. Puis M. André Lefèvre fail
voter la répartition des subventions aux
soupes populaires.
A la suite de cet écrasant travail on se
donne congé jusqu'à lundi, après s'être
promis d'embrasser bientôt la Reine des
Reine. et toutes ses demoiselles d'honneur.
Cette séanée soporifique est levée: à
5. h. 114.
MARIA VÉRONE.
SPIRITUALISME
SCIENTIFIQUE
Preuves expérimentales de
l'existence du double
Si les lecteurs ont suivi ce qui a été dit
précédemment sur le double, ils com-
prendront combien il est intéressant de
constater que son existence peut être
scientifiquement démontrée; que par là,
les explications plus oumoins fantaisistes,
ou mieux encore les négations dédai-
gneuses, dont on gratifiait ces phénomè-
nes de la bi-corporéïté, deviennent tout
à fait insuffisantes pour le chercheur im-
partial, pour le savant qui pense avec
W. Crookes que « graduellement la
science fait de ceux qui la suivent les
représentants de la précaution et de la
vérité. »
Le corps fluidique appelé aussi corps
psychique dont la réalité objective se ma-
nifeste, ainsi que nous l'avons vu, dans
les faits d'apparition, peut être, comme
je l'ai dit, momentanément séparé de
son substratum physique au moyen du
magnétisme. J'emprunte l'exemple sui-
vant aux « Hallucinations télépathiques,
p. 45. »
M. Spacks magnétise un de ses amis
M. H. W. Cleaves qui possède pendant
son sommeil magnétique la faculté de
voir les endroits auxquels il s'intéresse,
s'il prend cette décision avant de s'en-
dormir. C'est la semaine dernière, dit
M. Spacks, que j'ai été saisi de surprise
par un événement plus extraordinaire
que les autres. Vendredi dernier au soir
(15 janvier 1880), mon ami exprima le
désir de voir une jeune tille qui habite
Wandsworth, et ajouta qu'il essaierait
de se faire voir par elle. Je le magnétisai
donc et je continuai de longues passes
pendant environ vingt minutes, en con-
centrant toute ma volonté sur son idée.
Lorsqu'il revint à lui, il déclara qu'il
l'avait vue dans la salle à manger, et
! qu'au bout d'un moment elle était de-
venue agitée,puis que soudain elle l'avait
. regardé et s'était couvert les yeux avec
les mains.
C'est juste à ce moment qu'il revint à
lui. Lundi dernier au soir (18 janvier
1880) nous recommençâmes l'expérience,
et cette fois il déclara qu'il croyait avoir
effrayé la jeune fille, car, apres qu'elle
l'eût regardé quelques minutes, elle
tomba à la renverse sur sa chaise, dans
ne sorte de syncope. Son petit frère so
trouvait .00 et moment dans fa/chambre.
Nous attendions nat^HdÉHMRt une lettre
après cet iDCidea . la vision
était réeDe. Le mjftHriRStij^ipoii ami
reçut une lettre iliiÉMi jiiijMijii innni.
demandant s'il arrivé;
elMtrivait, parce* qv le ««MÉredi soir
tÊÊtt ««M été saisie de âBMor en le
vepufcleiwut à la porté wb .chambre.
Mm bout. 4tae minute ftrôtt disparu,
et eU.-.aIIIIi& pensé q... pouvait être
ane iriafaKtaais le fuadi ......ue avait
encore étfpifcs eftsayéei» Hr ornant de
iMuveaa, et cet4e4bùq>Ns dMtaMBment.
et oUa &mg mêmt, dU effrayât i un tel
' point qu'elle avait failli se trouver mal.
OflliY iftitifiina qui. 'I.i¡f,ai..,J h av-
périence en confiraient l'!exaetitude.
D'autres faitS d'apparitions "Juu
sont relatés par -.Ak"oa « 'Amougme
et spiritisme a ; dans certains cas,le dÕu-
ble, ainsi extériorisé, agit sur ce qui l'en-
toure et prouve 88 présence par des
effets physiques.
Eh bien, en écartant ces dernières par-
Mcuïarttas qui ne sa' rencontrent que .ra-
remebt- et en laissant de côté comme
véritablomentinsuf Usante la tbéoried'une
impression purement subjective, il sem-
ble que l'hypothèse de la télépathie elle-
même soit impuissante à satisfaire plei-
nement l'esprit. Dans le cas rapporté
plus haut, par exemple, on ne s'explique
pas bien comment la seule volonté du su-
jet de se transporter auprès de la jeune
flue, ait pu influencer cette dernière au
point de lui faire considérer avec effroi,
comme une réalité objective, la simple
création produite dans son cerveau par
une volonté étrangère ; on ne s'explique
pas davantage que le sujet ait exacte-
ment décrit l'attitude de cette personne,
et qu'il ait en mêmer temps déclaré que
son petit frère étaitauprès d'elle —toutes
choses qui se sont trouvées exactes. — Il
faut donc que le sujet ait vu les lieux.
Quelle difficulté alors d'admettre qu'il
ait été vu lui-même par la jeune nie,
qui se trouvait probablement déjà parti-
culièrement disposée, sous l'empire de la
pensée qu'il concentrait vers eUe avec
toutes les puissances de sa volonté? Car
enfin, pour avoir vu, il faut qu'il se soit
transporté d'une manière queteonque
dans l'endroit qu'il décrit; ce qui impli-
que donc qu'il était dans cet endroit. Si,
en effet, la télépathie explique comment
un cerveau A peut à distance impres-
sionner un autre cerveau B, eUe ne nous
dit pas par quels moyens le cerveau A
peut être inàuencé par les objets placés
en dehors des limites d'action des orga-
nes des sens.
Il semble donc que l'hypothèse du
corps psychique, du double, puisse seule
expliquer les différentes phases du phé-
nomène. C'est pourquoi, à mesure que
les recherches des savants étendent le
domaine des connaissances acquises sur
cette question, les autres théories se
voient peu à peu abandonnées.
Cette hypothèse d'un corps fluidique
pouvantlmomentanément se différencier
de l'organisme humain et ayant le pou-
voir d'agir indépendamment de ce der-
nier dans son ambiance plus ou moins
immédiate, se trouve renforcée par des
expériences récentes qui ont mis en évi-
dence son extériorisation. —Ce sont par-
ticulièrement les recherches auxquelles
des savants de différents pays se sont
livrés avec le célèbre médium italien :
Eusapia Paladhio. (On donne le nom de
médium à des sujets jouissant de pro-
Il priétés faut spéciales concernant le double).
faut lire dans l'ouvrage de M. de Ro-
chas : Extériorisation de la motricîté, l'ex-
posé des phénomènes curieux qui se pré-
sentèrent aux yeux des assistants ; quel-
ques-uns de ces phénomènes eurent lieu
en pleine lumière. On y voit entre autres
choses, l'attitude du sujet étant étroite-
ment observée,ses pieds et ses mains dans
l'impossibilité d'agir : des tables et des
chaises se soulever, se promener dans
la chambre ; un tambourin, une sonnette
flotter en l'air au-dessus des assistants,
comme portés par une main invisible ;
l'allumage d'une lampe électrique à dis-
tance ; le déplacement d'une lampe et
l'abaissement d'une suspension, l'em-
preinte de doigts sur une assiette conte-
nant du noir de fumée ; le déplacement
d'un verre plein d'eau qui est porté du
buffet sur lequel il se trouvait, aux lèvres
de l'un des assistants ; etc., etc.
Ce dernier, M. Ocborowicz, savant
étranger, s'exprime ainsi dans le rapport
qu'il fait de ces séances :
« L'hypothèse d'un «double fluidique»
(corps astral) qui, dans certaines condi-
tions, se détache du corps du médi um,
parait nécessaire pour l'explication de
la plupart dea phénomènes; d'après cet,
Jm wmnmvite d'objet:
suis contact seraient produits par le:
memtasa tin médium. »
— MMMnôfMMm sèche et incomplète
exposée plus haut ne peut donner qu'uni
très faibli idée dea^faîti étranges consta
tésdawdl verses aéaueesavec le médius
Eusapia. Elle explique néanmoins le rap
prochâment qiu s impose forcément i
l'esprit de- roBaervateur, entre ces phé-
nomènes inexpliqués et les récits quali
%9« de mrnaturevs concernant les appari
tions. Car nous avons vu que parfois 1,
double qui apparaît prouve son objecti
vite en agissant sur les objets matériels
Il faut ajouter que d'autres exemples re-
laient le cas où des effets physiques déJ
notent la présence d'une force qui reste
invisible. Là possibilité de ces faits in.
compréhensibles est donc démontrée par
les expériences plusieurs fois répétée:
avec le médium italien. Entre le phéno;
mène naturel, en effet, attesté par le;
récits de tousses temps, et le phénomènt
provoqué il n'y a comme différence
qu'une question de distance. — Rien n'a
prouvé, du reste, que la puissance d'Eu-
sapia ne pourrait pas s'étendre hors de
l'enceinte où se trouve cette dernière. *.
On voit par là quelles lueurs bienfai-
santes verse sur le mystérieux do mai ne
de la dualité de l'homme, l'étude scienti"
tique que des savants indépendants ont
faite de ces questions. Ils savent, ces
chercheurs, qu'à chaque pas en avanl
fait par le savoir humain sur le territoire
de l'inconnu « le phénomène surnaturel
est devenu naturel dès que notre igno-
rance de la cause a été dissipée. » Et ils
s'efforcent de découvrir les causes encor i
inconnues de ces faits constatés depuis
si longtemps.
D'autres preuves expérimentales du
corps psychique ont été faites. Je lc>
exposerai prochainement.
THÉCLA.
A la Bourse du Travail
Hier soir a eu. lieu, à la Bourse du Tra-
vail, la réunion des batteurs et. des batteu-.
ses d'or; deux députés y présents ont pris la;
parole. »
Après avoir brièvement raconté les évô-;
nements qui ont amené la greva, le prési-
dent M. Peth annonce que, grâce aux sous-
criptions qui lui sont parvenues, le syn'ii-t
cat des batteuses et batteurs d'or, est en.
état de continuer la grève. Une somme de?
30 francs a été donnée cette semaine à cha-
3ue gréviste M. Peth assure ceux-ci de son.
dévouement et dément les insinuations1
malveillantes de certains à son égard.
M. Groussier constate, que la solidarité
féminine est. plus grande que la solidarité
masculine, il loue les femmes do leur en-
tente et engage les hommes à les imiter. En
quelques paroles bien senties M. Groussier
déplore quo le grand principe de : à travail
égal salaire égal,ne soitpasappliqué. Il ter-
mine en prédisant aux ouvriers et ouvriè-
res qu'avec « de l'union, du courage, elles
vaincront ».
M. Gérault-tUchard prend ensuite la pa-
role et fait remarquer avec quelque raison
que dans une société où l'élément féminin
domine, il est regrettable qu'aucune femme
ne fasse partie du bureau, et que puisque
les hommes entraînent leurs compagnes
dans leurs luttes, celles-ci doivent ètre sur
un pied d'égalité complet avec eux.
Il serait à souhaiter en effet que quel-
ques-unes des ouvrières, qui ont dans celle
grève égal un intérêt sinon supérieur du moins
gai à celui des hommes, prennent elles
aussi la parole pour défendre leur cause.
Des délégués de l' Union des Syndicats des
travailleuses et travailleurs de la Seine an-
noncentque leur Société alloucraun secours
aux syndicats des batteurs d'or.
Vient ensuite M. Briat qui félicite les
femmes de leur énergie et de leur courage.
Il s'élève lui aussi contre l'infériorité des
salaires féminins et engage les femmes à
conserver celte bonne camaraderie qu i
dit-il, est leur force.
L'ordre du jour décidant la continuation
de la grève est voté à l'unanimité.
INFORMATIONS
Nous recevons la communication sui-
vante :
Un groupe de jeunes littérateurs vient de
prendre l'initiative d'une souscription à
l'effet d'offrir à Emile Zola un objet d'art,
en hommage de sympathie.
Il convie tous les amis et admirateurs
du maitre à s'associer à cette manifestation
qui mérite d'être soutenue.
Adresser les adhésions à la revue « Le
LA TRIBUNE
-*
Cette rubrique fbrme un feuilleton, volant i
dont le sujet change tout les trois »urs. I
A TRAVERS L'EDUCATION
L'ENSEIGNEMENT POUR LES PETITS
I
Les trois tribunes, qui ont précédé
celle-ci ont été une sorte d'entrée en ma-
tière pour la série que la directrice de la
Fronde a bien voulu me .confier. Un
article d'actualité (les institutrices à bicy-
clette), et deux articles* de doctrine: sa
coéducation et la Féminisation de rensei-
gnement prîmaire, ont révélé à ceux de
mes lecteurs pour lesquels j'étais une
inconnue, l'esprit qui anime et qui conti-
nuera d'animer mes études concernant
l'éducation. Maintenant que nous som-
mes presque de vieilles connaissances —
je préférerais dire de vieux amis, je re-
viens au commencement, c'est-à-dire aux
petits. J'ai d'ailleurs reçu une lettre qui
m'en fait un devoir. Elle a été écrite à
Mulhouse le 10 janvier et méritait une
plus prompte réponse, mais le plan que
je m étais tracé ne m'a pas permis d'y
répondre plus tôt.
La voici, avec son début légèrement
aigrelet — qo&ad on est malheureux il
est rare que rOll ne soit pas un peu pes-
•hniato—je la copie sans autre com-
mentataa .pWalabi&
« Si pour beaaçcjH) de Français, pour
la grande major$tg&le crains, les Alsa-
ciens sont des tétiKarrées, voire même
dee Prussiens, il -n'est pas de patriotes,
aoyez-en persuadée qui, plus qn eux, s'in-
téreueat passionnément au sort de la
France} qu'ils aiment, comme une mère
pour laquelle ils ont souffert, dont ils
eut paire les fautes de leur liberté, et à
hqoeBe ils sacrifient journellement leurs
oafant*.
« Ceci"". vous expliquer, madame*
que, tout en habitant un pays annexé à
emagow4 aoos nous croyons en droit,
d'apporter à la France, et à Paris qui en
aatla tête et le cœur, notre contingent de
.
connaissance, de lumières et de conseils.
« Moi-même, sur quatre enfants, j'en
ai trois établis à Paris; j'y ai aussi un
-petit-fils de cinq ans qui m'a donné l'oc-
easion de remarquer ce que Paris offre
'le défectueux par rapport aux écoles en-
fantines dont je prends la liberté do vous
parler aujourd'hui.
« Je ne sais si les écoles publiques
possèdent, pour les enfants de quatre à
sept ans, de3 classes soumises à certains
règlements dont l'observation serait con-
trôlée par des inspecteurs; mais celles
que je connais, les écoles privées, sont
affranchies de ce contrôle, et c'est de
celles-là que je parle.
On ne peut rien reprocher à beaucoup
d'entre elles quant à l'instruction, mais
la question d'hygiène y est absolument
négligée et les pauvres bébés de quatre
ans y restent assis deux heures de suite
à la même place, leur petite intelligence
tendue sans repos, sans l'ombre de ré-
créations, sans mouvements de gymnas-
tique pour reposer leurs nerfs toujours
en vibration.
« Ceci, Madame, est, à mon avis, une
grande lacune de l'éducation enfantine,
j car l'on reprocherait plutôt aux petits
| Parisiens d'apprendre trop vite au détri-
: ment de leur santé.
ï « J'ai donc pensé que par... (ici dos
éloges à mon adresse que le me permets
de supprimer), vous arriveriez à faire
comprendre la nécessité, pour Paris,
plus que pour n'importe quelle ville,
d'écoles véritablement enfantines,comme
il en existe en Allemagne sous le nom
de «Jardins d'enfants », où les petits
sont développés qtL physique et au mo-
ral, sous la tendre surveillance des insti-
tutrices-jardinières, en contact avec de
petits camarades dont le frottement salu-
taire est un bienfait de plus.
« Je voudrais que, dans l'intérêt de la
génération future, il fût créé dans cha'
que de quartier de Paris, un ou plusieurs
e cesjardinsd'enfants»qui répondraient
I certainement aux besoins actuels.
« Mais ici se pose tout naturellement
! l'importante question des institutrices
pour lesquelles il faut la vocation, d'a-
bord, et puis des études qui ne sont ni
très longues. Di. très compliquées. D'aHk
I leurs', à une énoaue où toutes les carriè-
res sont encombrées, ne verriez-vous
pas là une sphère d'activité pour les
nombreuses jeunes filles que l'on enver-
rait étudier dans les pays où ces écoles
sont prospères?
« Ces écoles seraient un bienfait incal-
culable tant pour les mères de famille
que pour les enfants, et ne porteraient
aucun ombrage aux cours existant déjà
puisque l'on n'y laisserait les enfants que
jusqu'au moment où commencerait leur
instruction proprement dite.
« Votre dévoument au développement
et à l'instruction de la jeunesse me font
espérer que^vous voudrez bien entrepren-
dre dans la Fronde, une campagne en fa-
veur de mon idée.
« Madame G. S. »
J'ai transcrit cotte lettre in-extenso;
d'abord parce qu'elle est très intéres-
sante; ensuite, parce qu'elle répond aux
inquiétudes que, depuis dix-huit ans, je
ne cesse d'exprimer dans les écoles, dans
mes, rapports au Ministère, dans mes
conférences, dans les congrès, dans la
presse;enfinparce qu'elle tombe juste au
moment où je veux dire, ici, ce que je
pense de l'éducation enfantine, telle
qu'elle est pratiquée chez nous, et Où je
veux profiter de la publicité du journal
pour conjurer tous ceux qui aimant les
enfants — ces- enfants qui seront, des
hommes et des femmeth oes eoftataqm
seront la France — de m'aider à les sau?
.ver de corps, jd'esprit et d'Ame: de m'ai-
der à leur restituer ce que nous leur
avons pris : leur vie ensoleillée et in-
consciente de petits oiseaux.
Cela dit, je déclare carrément que je
suis en principe l'ad varsai re de3 « écoles*
pour les petits enfants, et que mes p...
ventions sont presque invincibles contre
tout établissement qui leur est ouvert
lorsque cet établissement s'appelle uni'
« école ».
le Parce que ce mot « école » impliqpe
forcément une discipline collective,,Ou
que cette discipline collective quelque
veloutée, capitonnée, ouatée qu'elle soit,
n'en est pas moins une discipline qui em-
pêche l'individualité de naître et de M
développer.
20 Parce que, chez nous, du moins,, m
mot « école » évoque nécessairement
l'idée d'instruction.
ae Parce que l'instruction —à l'école —
ne va pas sans programme et que, chez;
nous encore, tout programme a pour
sanction un examen.
Hélas ! on n'a pas hésité ici et là, à ins-
tituer des concours entre enfants de qua-
tre à six ans !
Oui, monsieur, des concours de mé-
moire; oui, madame, des concours de
lecture 1
Et je trouve cela monstrueux 1 En fait
de concours entre bébés, je ne pardonne
malgré son apparence grotesque, qu'à
celui qui se propose de donner un prix à
la meilleure nourrice, et je n'accepterais
même pas un concours de cerceau ou de
toupie, tant m'est antipathique ce sys-
tème d'éducation qui remplace le désir
de bien faire pour avoir bien fait parla
fièvre de dépasser les camarades, quelle
que soit td'ailleurs, leur allure. Oh oui l je
le hais ce système, car il fait consister le
succès dans la victoire d'un sur tous,
tandis que notre idéal de justice et de
fraternité se résume en ces six mots :
« chacun pour tous, tous pour chacun ».
Mais les écoles pour petits enfants ont
à mes yeux un autre vice r(idhibitoire :
elles encouragent les mères à confier à
autrui un devoir qui est leur titre de no-
blesse ; elle les pnvent — et c'est un ef-
fet de la. justice des choses — des joies
tel' plus délicieuses qu'il nous soit donné
de savourer ; elles aident enfin, à la dis-
location de la famille qui est la plaie vive
de notre époque.
« Mais j 1 en faut, cependant, des écoles
pour les petits I »
— Je le sais, autant que qui que ce
soit au monde ; je sais aussi que rabsolu
conduit à l'absurde, mais il s'agit ici d'un
principe, je l'expose et le développe, en
S priant le lecteur de me faire crédit. Nous
finirons par nous entendre, à la condi-
tion expresse de nous mettre en présence
de notre sujet, c'est-à-dire d'un enfant
de deux ans, et de l'étudier sans idde
préconçue.
Je dix « deux ans », parce que c'est en
' France, l'âge de l'admission à l'école ma.
ternelle. Comme développement play-
sique moyen, cet enfant marche, ses
Jambes sont même relativement solides ;
il ne sait pas encore sauter. Lorsqu'il
essaie. ses petits, pieds restent attachée
au sol ; il s'escrime, avec quelque succès
à escalader les meubles ; il croit danser
quand il agite les bras,et ne sait pas en-
core courir.
Il est Jà peine « propre » dans le sens
très spécial que nous donnons à ce mot,
quand il s'agit d'un petit enfant. En tout
cas, il ne sait, sous ce rapport, se rendre
aucun service, et nul n'ignore ce qu'il ré-
clame encore de soins incessants et mi-
nutieux.
Il ne sait pas manger non plus ; il ne
sait pas boire tout seul.
Au point de vue intellectuel, sauf
exception, je le répète, il ne sait pas en-
core parler, c'est-à-dire qu'il ne fait pas
encore de phrases; le lien logique, qui
unit l'action, le sujet et l'attribut, ne lui
apparaissant pas encore avec assez de
netteté, et comme le cercle de ses con-
naissances est extrêmement restreint,
son répertoire est aussi extrêmement
limité.
En somme il ne connaît que ce qu'il a
vu et touché; ce qui a été laissé à sa libre
disposition.
Enfin, ne pouvant pas encore comparer
les choses entre elles, rapprocher les
effet des causes, il n'a pas même d'ima-
gination. Oh ! celle-là viendra bientôt.
L'enfant de deux ans a besoin de
bouger, de bouger sans cesse; il a besoin
de toucher, de porter à sa bouche, d'en-
tendre le son de sa voix; c'est, dans
toute la force du terme, un intuitif, un
instinctif. Mais c'est, en même temps.,
un individuel, parce que tout ce qui lui
vient d'autrui est disproportionné avec
son développement propre.
Cela explique pourquoi il apprend plus
facilement d'un autre enfant que dune
personne faite, et cette disposition serait
même un argument décisif en faveur de
l'école prématurée, si elle n'était, au
contraire, un argument péremptoire en
faveur de l'éducation dans la famille, car
l'école est — quoi que l'on fasse — un
milieu factice où la. maîtresse est forcée
de semer peu ou prou dans les petites
têtes, sans attendre, pour chacune, !foc-
casion. favorable, tandis que la familte
est nn. milieu réel — trop céel, parfait —
dans leQuel la vie se déroula avec sis
i OMMM& lwnrUu nmlt aussi wccinoo
intimes libertés ; dans lequel on vit une
vie vivante.
Or le petit enfant ne se développe que
par ses propres expériences, il ne les re-
quiert que dans la liberté de la maison
paternelle ou du champ paternel, que.
dans la liberté de l'école buissonnn>re
Tout petit — je ne m'éloigne pas de mon
sujet d'observation — il n'apprend que
de lui-même et des choses. L'enseigne-
ment maternel ne vaut que parce qu'il
procède à bâtons rompus, selon l'occa-
sion ; celui des frères, que parce qu'il
n'est pas à proprement parler un ensei-
gnement.
Le petit voit et entend ce qui se
passe autour de lui ; il s'empare des
choses, il les tourne, les retourne, les
fait mouvoir i il prend de tout, ce qu'il
vent prendre et ce qu'il peut prendre, et
se l'assimile avec une sûreté merveil-
leuse, à la condition expresse d'avoir
choisi lui-même son objet et son moment,
et c'est parce que ce choix est impossible
à l'école — surtout dans les écoles si
peuplées de la plupart de nos villes do
France, que j'en suis l'adversaire pour
4es tout petits qui ont tout à perdre à ôtro
mis dans un monde à l'âge où leurs 03
mêmes ne sont que do la pâte molle.
Mais il est des cas (si nombreux qu'ils
constituent la règle), où l'école, pour eux
est nécessaire et bienfaisante, et j'en
suis si convaincue, qu'au lieu de cher-
cher à la supprimer, j'ai consacré le
meilleur de ma vie à l'améliorer, et que
j'ai une profonde gratitude pour quicon-
que poursuit le même but.
Nous verrons demain combien nous en
sommes éloignés, et, après-demain, nous
conviendrons de ce qu'il faudrait faire
pour l'atteindre.
PAULINE KERGOMARD.
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