Titre : La Fronde / directrice Marguerite Durand
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1897-12-16
Contributeur : Durand, Marguerite (1864-1936). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327788531
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 décembre 1897 16 décembre 1897
Description : 1897/12/16 (A1,N8). 1897/12/16 (A1,N8).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6703127t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-5702
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/01/2016
Cticik Khaitab Ornar-el-Dironi, uléma du
rite chaféite iL la même mosquée.
0
M. le colonel Sever, député de Lille, a fait
des déclarations pleines d'intérêt à la réu-
nion collectiviste organisée dimanche soir
à Mouvaux — réunion qui comptait d'ail-
leurs à peine trente membres. M. Severt
était à la tribune quand un des assistants
interrompit l'orateur en s'écriant :
Vous ne croyez pas ce fil' 8lOIII dites, vous
êtes bon pour toucher 45.000 francs Par an,
etc. M. Sever (répondit textuellement:
Vous demandez ù pû4 servent mes 45-000 fr. ?
Vous saurez que je travaille plus que vota et
que je travaille pour le peuple / Et sortant son
porte-mounaie de sa poche, il l'ouvrit, le
montra au public, ajoutant : Voyez, nous
sommes aujourd'hui le fi décembre ! eh bien
je n 'ai plus que quarante se us e t je dois aller
avec cette somme jusqu'à La fin du mois /
Uhisteire ne dit pas ai cet a-.e..'¡éunn.
t'adversaire.
Mme Elisabeth de Tsobarner, âgée de
cent ans et cinq mois, est morte à Berne,
Une manifestation avait eu lieu en son
honneur l'été dernier; œlbcvnmage ne lui
a pas porté bonheur elle lui a ipeu survécu.
-0-
Les affaires sent suspendues et les écoles
fermées à New-York pendant les funérailles
de la mère du président Mac-Kinley.
00 meurt de faim ara pairs t'or:.. Les
importa de Victoria (tolomt-ieybritannique^
sorte situation de Dawson**te, principale
localité de la région de taondy«e, soutaar
vranrte : un milu« de personnes veniaot
sortir dtr lmv,4, qui est «orné par îos neiges,
comme ou sait.
tea deux tiers périront m route mkm
toutes probabilités.
Dès le 17-oetofero dernier «a no trouvait
plus à acheter dWimcnts, 4 quelque prix
une eo ml. Le seul meyen possible de looo-
XKOtioii consistant en tndôeMix attelés de
Mânes, il est excessivement difficile et rare
d'apporter des provisions dans ta contrée.
Vimpér.%trice d'Autriche partira de Biar-
ritz samedi soir, se1 rendant Pa as.
M. Léentiefa étéreçu en audience parti-
enlière par le roi béopeld il et J'a entretenu
de la part liés active que prennent les
Biffes à la colonisa tien des tei-ritoirak afri.
oains. il a prié le roi Léopold d'établir à Ab-
dts-Abeba un résident diplomatiquo à l'ins-
tar de ce qu'ont déjà décidé d'autres na-
Mans.
LA DAMB VOILÉE.
Lettre d'une institutrice
A if"* Pauline Kergomard,
Très honorée lIadamc,
"oult'z-\'OU!\ permettre à une humble et
modeste institutrice, que dis-je, à une paria,
de vous communiquer ses réflexions, si
trigles qu elle* sotcnt, au sujet de votre spi-
rituel article sur les congrégations ensei-
mntes?
- Etant tri-s inexperte ,en l'art d'écrire, je
fais appel à toute votre indulgence et vous
demande la permission de vous raconter
les faits sans aucun commentaire.
Quand vous dites que « vos souvenirs
«otts nitratent à la fois par leur nombre et
imrr invraisemblance Jt, sans doute voulez-
vous faire allusion au sort des malheu-
reuses instiiutzic« laïques chargées de
remplacer religieusee. Ce sort, qui a été
le nuen. le voici :
A vingt ans, fa... le triste honneur
d'être choisie par l'Administration pour
succéder à trois religieuses, dont la supé-
rieure habitait ta commune depuis Urento-
quatre ans.
C'était eu hiver; j'arrive au milieu d'une
population (-Il révolution. M'était-ce pas une
honte, une infamie de renvoyer ces pauvres
sa -tirs eis plein hiver, et pour les remplacer
A par qui ?p,-ir une laïque, une ftlle du diable
i l''ou faisait los cornes dans la rue le
jpur de son arrivée.
Du-tt sait cependant si j'étais sérieuse, et
ma ternie était exempte de toute coquette-
rie ; robe en cachemire noir et bonnet de
■Duti&elûie blanche, costume que nous por-
tions à l'Heole normale de... Besançon,
dirigée par des religieuses jusqu'en 1880 ou
J881.
Je m'arme de courage et je débute avec
huit élèves, toutes enfants de fonctionnaires
on de l'hospice de... (Gray) alors que
sowBitte-deux étaient inscrites au registre
mtrioute : les autres avaient suivi les bon-,
nés soeurs dans un superbe château que le
seigneur du village avait mis à la disposi-
tion de celles que l'on assimilait à des sans
feu ni lieu.
Pendant huit mois j'ai lutté désespéré-
ment, j'ni versé des larmes de sang, j étais
en butte non seulement aux calomnies des
oo m mères du village mais enoore aux atta-
ntes de la presse locale et réactionnaire; et
pavois vingt ans !... et encore toutes mes
illusions !... et pour comble de bonheur mon.
éducation avait été faite par des religieu-
â"! ...
Le plus beau de l'affaire, à la fin de ran-
née scolaire, comme récompense et comme
encouragement j'étais mise en disponibilité,
sans aucune explication. Le maire ne savait
rien, et mes deux chefs bàémefciques se
rejetaient réciproquement la telle, oe qui
ne faisait pas la mienne.
Le a—oailler générai du canton s'en
méfe-at, &PM$ enquêle,.au bout -d'am. jours
sentaneotTJfttais réhaMMtée. Haie le mal
était fut et laéparable.
A partir ée 88 jour je devais teriMr le
boiifet que j'aurai sans doute attaché aux
pieds tant que j'aur. un soufBp de vie.
J'avais beau mener une vie exemplair, al-
lant à la messe tous les malins. A: eatffesse
tous les dimanches, tenant t!offle éa
l'église gratis pro cre..Jes kraisNHl'es com-
mères allaient leur train et, la mort dans
l'Arne, la rage dans le cœur j'entendais ces
propos blessants et décourageants : Oh t elle
a .beau faire, on sait bien qu'elle a été à...
L'horrible fatalité me poursuivant, j'ai le
malheur de plaire au maire... je lui résiste
: poliment, j'renoouvs sa colère et finalement
Je suis encore obligée de changer de poste
.malgré les sueeôs éclatants obtenus dans
mon école.
Je ne me décourage pas et dix-huit mois
après, six de mes- élèves étaient reçues aux
examens, alors que le cheMieu de eanton
n'en fournissait que cinq, ce qui me vidait
les «ompliments du Président de la Qom-
: mission et une gmti"tîon. du .Gou"l au*»
,BÙ)inaJ.
Mais l'ennemi était là qui veillait, qui
guettait Cet ennemi, cet inspecteur qui
sans doute n'avait pas entendu, oit pasootn-
pris les conseils de Jules Ferry aux institu-*
leurs réunis au Congrès-de 1881; cela maux
inspecteur qui .IRe gardait rancune de la
semonce reçue en haut lieu, attendait l'oe-
casion de -se venger.
- Uapprendque je devais épouser un ins*
Ututeur d'une localité voisine, mais il l'en
empêche formellement et, d'un autre côté,
il me met en demeure de me marier ou de
démissionner puisque je m'étais soi-disant
compromise aux yeux de la population.
Du même coup il me brisait le cœur et ma
situation. On peut difficilement se faire une
idée d'un tel raffinement de cruauté. Que
faîre? haletante 1... éperdue!... traquée 1...
.désespérée, j'épouse le premier venu, ni
plus ni moins qu'une flue perdue, dâého-
norée...
Le surlendemain de mon mariage, j'étais
battue oomme plâtre par mon man- un
ivrogne, brutal, débauché, et.
Quatre ans après je me retrouve sur le
pavé de Paris sans situation, sans aucun
soutien, avec un enfant sur les bras.
Mes quelques économies sont vite épui'
sées; je connais non-seulement lés affres de
la faim mais quelque chose do plus terrible :
en plein mois de décembre, me trouvant
sans asile et sans ressource, j'erre pendant
deux nuits, deux siècles, daus la rue, allant
au hasard...
Je travaille comme manouvrière à la
raffinerie Lebaudy, je reste huit mois do-
mestique chez un médecin, après avoir goûté
de l'hôpital. Ayant la nostalgie de l'ensei-
gnement, je sollicite une place de sous»maî-
tresse dans un pensionnat de jeunes nUes.
Là jo suis admise au pair pour faire la
1" classe, puisque j'avais mon brevet supé-
rieur, quelques notions d'anglais, «le piano,
peinture et travaux manuels. C'était très
joli d'être placée au pair, unis comment
payer les mois Ù6 nourrice de mon enfant ?
Problème que je résolvais en exécutant des
travaux à l'aiguille 9t au crochet que j'al-
lais vendre le jeudi et. le «limanotre. li y
avait bien les maisons de banque, les admi-
nistrations, les grands magasins, mais
aucun espoir de ce côté, ayant dépassé la
limite d'age, qui est de vingt-cinq ans...
Depuis seize ans je graine le boulet que
m'a attaché aux pieds ma nomination
à ce maudit poste ; j'en ai pris mon parti et
je lutterai jusqu'au jour où mon enfant sera
élevé. Ce jour-là ma tâche sera accomplie.
Malgré tout, je suis restée honnête femme,
j'ai conservé ma propre estime, grâce aux
bons principes que j'ai reçus ; maintenant
advienne que pourra ; je ne désire qu'une
seule chose, c'est que ces lignes tombent
sous les yeux de mon bourreau... (M. Nicole
ex-inspecteur à Grav et à Vesoul) et aussi
sons ceux de M. Biétrln, inspecteur primaire
à Paris, à qui j'ai adressé l'an dernier une
demande d emploi dans le département de
la Seine. Peut-être ces lignes feront-elles
naitre chez l'un le remords et chez l'autre
la pitié en faveur d'une victime du sort.
MARGUERITE.
CONFÉRENCE
DE
Mme Annie Besant
Dans la salle des Sociétés Savantes en-
tièrement remplie jusqu'aux derniers
gradins, devant un auditoire sympathi-
que qui écoute avidement sa parole oon-
vaincue, Mistress Annie Besant a fait
hier sa conférence sur la théosophie.
Quoiqu'elle s'exprime en une langue
qui n'est pas la sienne, l'oratrice sait ren-
dre très clair, intéressant, élégant même
l'exposé rapide des principes théosophi-
ques auxquels elle a voué sa vie.
De toute antiquité, dit-elle, les sages
. ■ I 1 'Bg=gg^===g==gWP
ont reconnu la triplicité de la nature ''dà
l'homme comme esprit ou étincelle a.-
vine, âme ou intelligence et corps ou
action ; avec les besoins qui y correspon-
dent : religion, philosophie, science, et
les qualités qui en découlent : amour,
tttjN'MM! et wwmir ou votoaM effective*;
lut ta eaaaiMasance et la pwâfcyie m
ou «hoses qà constiUieat la thÉMftphiej
te «gesaeJfarine.
•i»
sa théftMffhie rés«4l le pr«Jdà»e des
M&giOBs yar celui de 'la "".tUi relie !
Jes cœuMties uns aux aube&--.-relie l'es- !
prit humain au divin. Toutes les religions
se ressemblent par l'essence de leurs
dagmes d'origine.
Elles ont toutes pour berceau rigno-
rance, disent les étudiants des mytholo-
gie comparées. Elles ont ;toutea paar
berceau la sagesse, dit la théosophie; et
,,V instruction primitive fut donnée à l'hu-
manité par des hommes divins, fruits de"
l'évolution précédente à l'évolution hu-
maine.
Puisque la source est une; les eaux
vivantes de la spiritualité sont'ies mêmes,
,0& il n'y a. que les vagues différentes des
dogïnes qui divisent lescœurs entre euf.
.Cette connaissance.de la vérité s'apge-
jadis chez les Hindous le IIrdm.
flÚblll. Elle était fort répandue : de. là
toute Jeur littérature transccndontale^le /
Vedas, les Upanishad, la BhagavahwHtà.
et les nombreuses éwles J-de de pbitosqphié.
Le témoignage affaibli par les aaeoJM
fut, renouv.elé bien avant le Christ jwr
Buddha puis par Pythagore qui écrivit
ces livres d'initiation perdus pour la plu-
part aujourd'hui, et pour l'autre incom-
pris de la science officielle dans leur
portée secrète : La science des nombres,
des couleurs et des sons ou la création
de toutes choses.
c Dieu est géomètre » disait Platon re-
marquant dans la nature les innombra-
bles formes géométriques.
Cinq rivières de révélations se joigni-
rent dans le christianisme : le Christ y
apporte la morale de Buddha ; tes Juifs,
l'idée du Père universel, les Grecs le
Logps manifesté ou Verbe, la Perse les
Sacrements qui unissent l'homme à
Dieu, et l'Egypte l'immortalité de l'âme.
Toutes les religions ont de communes
vérités ; partout la croyance à l'existence
divine, une dans l'identité del'espritdivin
et de l'esprit humain.
La théosophie explique ces choses par
l'évolution des renaissances qui, d un
germe embryonnaire, fait un homme,
puis un dieu — non pas le Dieu — mais
un dieu.
Cette évolution s'effectue par la voie
de causalité ou Karma, qui proportionne
les effets aux causes et rétribue les mé-
rites, et par la loi de perfectibilité.
Toutes les religions contiennent voilées
en substance ces grandes vérités. Le
corps de cette vérité ne change pas, c'est
la robe d'intellectualité dont les races di-
verses l'ont diversement revêtue qui la
fait paraître différente.
La religion c'est la lumière blanche et
les religions c'est le prisme décomposé
avec pour chaque couleur un rayon de
lumière dont aucun ne dit à l'autre :
« Tu n'es que ténèbres ». Et les religions
sœurs et non rivales devraient se tenir
Kir la main pour réformer la lumière
blanche primitive.
La théosophie se différencie de la reli-
gion en ce qu'elle est une philosophie qui
ne se contente pas de la Foi et exige le
Savoir.
Elle soutient que l'Esprit et l'âme peu-
vent s'évader du corps et visiter les mon-
des invisibles aux yeux de chair. Les
prophètes, hiérophantes, mages et initiés
l'ont fait; et par les mêmes moyens, qui
n'ont rien de miraculeux mais sont basés
sur la connaissance de lois secrètes de la
nature, chacun peut arriver à le faire.
On peut pénétrer aussi l'au-delà de la
mort et se rendre compte ainsi que la
mort n'est pas une réalité pour l'Esprit,
mais une transmutation de forces.
*
• »
La théosophie s'intéresse au problème
de la philosophie en constatant l'unité de
toute la nature.
Unité de matière dans l'unité d'atomes
primitifs de même matière, différenciés
ensuite par le mouvement et la force,
puis par eux-mêmes.
Unité de force : les forces étant toutes
corrélatives et se muant les unes dans les
autres.
Unité de conscience de Soi qui se déve-
loppe du germe le plus bas jusqu'au but
de l'évolution.
La fraternité universelle est basée sur
ces trois unités : Les corps échangent
entre eux leurs molécules et les molé-
cules d'un ivrogne, d'un débauché, con-
tagionnent sejNMtjiblables en cet échange,
tandis que c-. ée L'IMMBO» pur les pu
riflent. Si doué Uy a uaojtettlé misère ou
une seule tare, la société tout entière en
souffrira. Les Ames moi soeurs sur le
•fen astral, (le plus gvoaaier des plans
mwaiblc»}, plan des émotions des pas-
wons qpi vihee de tout ee qui agite le
cœttf ce l'homme et répercute dans
l'atwMaphère de /chacun les vibrations
d'aHMmr ou de home du prochain : de là
la «aotagion morale. lAs esprits sont
frètes sur le plan maniai où les penséos
«»Mes passent des un* ,wx autres.
&»s âmes sont soeurs et la différence
qui existe entre elles comme bien ou mal
ne provient que de leur âge différent. En
arrivant en un corps, rame n'apporté que
les qualités qu'elle a précédemment gé-
néllées et qui sont las fruits -de précé-
dentes expériences subies par Ce
champ de bataille est la vie, et la loi de
justice àaam à l!atré tout m «s&Ue
gagne par le travail.
Les Ames oopunenoont toutes 4MEk
l'ignorance, puts -Omo& leur ,.oIolMé (JU;
leurparesse, les unes croissent plus vite
qtÍe les autres, d'autres restent retarda-
taires. Un criminel Yl'eat-qu'une âme res-
tée sauvage née dans un milieu civilisé,,
C'est-à-dire plus évollié.
Pour que eette âme aauvage arrive à.
son ddyoloppemant il faut que ses frè^e*
aînés l'aident et fournissent dobond le;
confort à son corps et l'instruotioa à son
âme avant même de penser à eux» car
l'amour est la loi de la théolo9we : on
doit donner suivant ses faculté et reee-
voir suivant ees besoins. Voilà ilktéal de
la
Cette loi de progression par les néin-
camations est aussi une utile leçon pour
les peuples en leur apprenant à Gréer Wl,'
milieu d'harmonie et de beauté qui attire
les âmes les plus élevées de l'humanité
dans les corps des fils de leur rue.
*
* *
.Nous avons dit que la théosophie com-
prenait aussi la science.
La science des- mages développait les
yeux de Famé par la pureté, et pour les
jireux de l'&me. la nature était sans yoi-
La science moderne multiplie les ins-
truments et ne découvre que des lam-
beaux imparfaits et volés, car elle ne
compte que sur les yeux du corps ;
comme les anciennes initiations, la théo-
sophie cherche à ouvrir les yeux de l'âme
pour laquelle il n'y a pas de miracles
surnaturels mais une nature plus pro-
fonde.
Par cotte étude, on reconnaît que l'es-
prit indépendant du corps a sa vie pro-
pre le et que le corps est le véhicule et non
e maître, la maison et non l'habitant.
Par cette étude on apprend, on voit ce
que sont les formes-pensées, comment
elles s'extériorisent de nous et peuvent
à notre volonté trouver les âmes dont
nous sommes séparés par les distances.
Ce sont tous ces pouvoirs surhumains
qu'il s'agit de développer par les deux
chemins de l'Amour et de la sagesse, qui
tous deux aboutissent à la divinité.
La théosophie fait donc appel au dieu
qui est dans l'homme pour l'amener à
l'étude et à l'amour, car si les lois tran-
chent la tête des maux l'amour seul en
extirpe les racines.
... Et Mme Besant termine au milieu
des applaudissements sa remarquable
conférence (dont nous ne donnons qu'un
aperçu trop imparfait); en définissant la
théosophie : l'âme des religions, le soleil
des philosophiez, la lumière des intelli-
gences et le guide de toute science véri- ~
table et permanente.
JEAN DELETTRES.
CONSEIL GÉNÉRAL
La séance est ouverte à 3 h. 1/2 sous la
présidence de M. Dubois.
Séance fort calme, peu ou point de dis-
cussion. Le conseil continue l'examen du
budget départemental pour 1898.
M. Moreau fait adopter un vœu tendant a
ee que des- démarches soient faites auprès
des compagnies de chemin de fer pour
qu'elles accordent aux ouvriers habitant à
Paris, qui vont travailler à la banlieue, les
mêmes avantages qu'aux ouvriers venant
travailler journellement à Paris.
Le Conseil décide également de demander
aux Compagnies de chemins de Xer la ré-
duction d'un douzième de l'abonnement
pour les abonnés qui sont appelés sous les
drapeaux durant une période de vingt-huit
iours.
Ces décisions, si elles étaient acceptées par
les Compagnies, ne leur causeraient pas de
grosses pertes et aideraient quantité de fa-
h' » ;t: " . -v ■" p
milles de travailleurs à équilibrer leur mo-
leste budget ; mais en venant ainsi frapper
L la Caisse, le Conseil général Bisque fort
l'être mal reçu.
Une bonne nouvelle pour les candidats
aux bourses départementales : Conformé-
ment au vœu exprimé par te consul de sur-
veiUaiu» du eollège, RoIIin le nombre des
00..- à ce eoU^ge qui n'avait-été jusqu'à
présent que de doux, est porté à dix.
Ymn la On dala séance quelques proposi-
tions semblûBt vouloir soulever de* objec-
Liaew4 elles soot aussitôt renvoyées à mer-
cmâi procluûaaftn de ace pasü%ùuer le bon
wethie.
La séaaae est levée à cinq heures.
MARIA VÉRONE.
ÊTRE BELLE est. le _Zève de tontes les
femmes. Grâce aux SACffETS du Dr Bys
additionné dè la Jtice Dermale, on atteint
des résultats surprenants. Les rides s'effa-
eeaten p«u dé tempe, et le teinl teplus
fané prend la fraicheur de la jeunesse.
,....Io8.SA.O.MBTSPB BEA UTIl de^méme*
qpe peisr les S*CUET$L SE TOILETTE,
au nombre de cinq sortes, différentes, il faut
consulter, comme emploi, M. Dousy, le seul
grépràteqr D'" des produits esthétiques du
i* Dys (3i, rue d'Anjou).
COLONIES
Kalarmant* npwelie du massacre de la
mission Marchand, dont on se préoccupe si
vivement dans les milieux politiques et
saloniaux* n'est eacoe,& ni connrmée, ni dé-
mentie. Au ministère des colonies on ne
sait rien. Néanmoins, d'après les informa-
tions spéciales de La Fronde, nous croyons
pouvoir affirmer que la mission Marchand
n'a, jusqu'à présent, subi auoun échec
md'un des officiers de la mission et habi-
tant BaWtar, écrit ea relatant des nou-
velles de son mari, postérieures à l'époque
où l'on suppose que le massacre a dû avoir
lieu.
D'autre part une correspondance de
Wadi-Halia, datée du mois demier, nous
apprenait que les deux missions Liotardet
Marchand ont dû, suivant leurs conventions,
foiré leur jonction dans le Bahr-en-Gbual,
qu'elles auraient quitté de concert et que le
bruit court depuis plus d'un mois à Wadi-
Halfa qu'elles étaient entrées dans le terri-
boire éthiopien.
Côte Occidentale d'Afrique
Notre correspondant de Saint-Louis (Sé-
négal) nous avise que la réception faite lors
de son récent voyage à M. le ministre, a été
moins enthousiaste que le prétend la presse
officielle ou sensée officieIre.
Les thuriféraires compagnons de M. Lebon
se seraient mépris sur la nature des accla-
mations jetées sur son passage: on aurait
bien moins crié vive le Ministre, vive la
France, que à bas Couchard ou vive Cou-
chard.
M. le Ministre d'ailleurs n'a eu le temps
de voir la colonie qu'à travers les escortes
militaires, les drapeaux s'inclinant devant
lui, les salves d artillerie, les fantasias et
les discours plus ou moins sincères des longs
repas officiels.
Il a passé quatre heures à Kayes où le
spectre de la fièvre jaune, un instantané de
circonstance, est apparu à l'approche de la
chaloupe ministérielle et a disparu avec
elle au moment où il redescendait le fleuve
pour regagner Saint-Louis.
Quatre heures à Kayes, cet avant-poste,
ce faubourg du Soudan ! Est-ce en ces 240
minutes que M. Lebon a pu fixer ces appré-
ciations sur les destinées d'une colonie de
cette importance et sur celles de sa voisine
si prospère, la Guinée. M. le ministre n'a pas
visité celle-ci et il est probable qu'elle va
être mangée par le minotaure Soudan. Ce-
pendant cette pauvre Guinée est une de ces
colonies brisées qui ne coûtent rien à la
métropole; elle est prospère, et les naturels
ne demandent qu'à continuer leurs pacifi-
ques relations avec elle en lui apportant
leurs produits.
Si, par une mesure prétendue politique,
qui n aurait nullement sa raison d'être, on
modifie leurs habitudes ; s'ils ne trouvent
plus à Konacry, l'autorité supérieure dont
ils ont l'accoutumance, ils pourront bien
priver de leur produit, poudre d'or, café,
arrachides, noix de kola, ivoire etc., les
comptoirs de la Guinée française et les
offrir à la Guinée portugaise; ce serait un
désastre limité. Mais ils pourraient par hos-
tilité envers nous créer de sérieux em-
barras.
Konacry peut devenir sans dépenses exa-
gérées, en utilisant son !lol, un grand port
très fréquenté, qui damerait le pion à
Sierra Leone, au point de vue commercial
[ et stratégique. Il y a lieu d'y réfléchir.
Dahomey.
Nos troupes ont occupé Niki, dans l'Hin-
terland du Dahomey. L'actif gouverneui
M. Ballot, a quitté aussitôt Porto-Novo, se
rendant à Niki, afin d'y organiser l'occupa-
tion.
CAROLINE D'AMBRES.
Au Parlement
CHAMBRE
Séance du 15 décembre
Nos députés sont arrivés hier avec l'inten-
tion bien arrêtée de rattraper le temps
perdu et -îl est de fait qu'on a expédié un
grand nombre d'articles du budget des tra-
vaux publics. Au début de la séauce, M.
Goûtant a déposé une proposition — inspirée
par le crime de Gentilly — qui prescrit tieb
pénalités sévères contre les Banques et So-
ciétés qui feraient opérer des recouvre-
ments supérieurs à 5,000 francs par un seul
employé.
Le garde des sceaux fait des réserves sous
prétexte que M. Coûtant veut créer un nou-
veau délit, la proposition est renvoyée à
la Commission du travail ot l'on reprend le
budget.
Un certain nombre de députés ont signé
un amendement élevant le crédit du ch ipi-
tre t0-deG3.000fr.pour les frais d?: tout'néu
des. contrôleurs comptables et des ooutrÕ-
leurs de travail. Il est défendu par M. Geor-
ges Berry «t par MM. Bourrât qui a fait le
procès des grandes Compagnies.
Le Gouvernement et la Commission s'op-
posent à l'augmentdUon du crédit existant,
ramenâôméiu de M. Beurrât et Berry etft
repoussé par 321 voix 214.
M. Millerand modifie l'intitulé du précé-
dent amendement -eu, proposant d'inscrire
le crédit aous le titre ce frais fixés ou bien
frais de tournées et de bureau. M. Pasohal
Grousset le défend. Mais la Chambre le re-
pousse également. -
Une petite discussion à propos du chapi-
tré i6 sur les conditions .dau:J. lejsqulil.es
s'exerce la surveillance dans les mine;.
M. Dejca.nte demande le vole d'un projet de
résolution invitant le miuislre à fournir aux
délégués les moyens de remplir leur man-
dat. Le ministre promet et on vote tr«is
articles sans le plus petit débat.
Sur le chapitre 25, M. Muiiluut propose
une augmentation de 3,00o pour distribuer
des médailles à tous les cantonniers après
trente ans de service.
M. de Lasleyrie invite M. Montaut à re-
Porter son amendement au ministère de
l'intérieur lorsque viendra la loi des financer
et l'amendemeut est retiré.
M. Sicard, député des Basses-Alpes, de-
mande une augmentation de 50o,' >00 pour
l'entretien des routes nationales. Le rap-
porteur, le Ministre, en reconnaissent l'uti-
hté, mais ajoutent qu'il faut se pivoceuprr
do l'équilibre budgétaire.
Le Président de la Commission, M.Pau
Delombre, intervient il sou tour pour pro-
tester contre les insinuations ,le certains
membres de là Chambre, qui s'élouuent
que la Commission ne prenne j),t»-; 1 »iiiitia-
tive de relever des crédits qu'elle ju^e né-
cessaire. Kilo ne peut qu'appeler l'atieutiou
du Gouvernement, sur celle iusutiià.ince;
c'est ce qu'elle a fait. Le Ministre d»,clar,.î
que si le Gouvernement n'a pas pris ---etle
iuilialive, c'est uniquement en raison de la
question budgétaire. Malgré ces explica-
tions, l'amendement est. adopté. OOo.'^x»
d'augmentation sur ce seul chapitre, 1 équi-
libré n'est pas prêt de s'établir. Ou vote
continuellement des relèvements de crédit
et pas une diminution. Cela nous mènera
ioin, pour peu que cela continue.
On réserve les chapitres qui sont relatifs
à la garantie d'intérêts et on renvoie la dis-
cussion à aujourd'hui. Il faut espérer qu ou
la terminera.
HÉLÈNE SÉE.
COMMISSION DE PANAMA
La Commission de Panama a pris con-
naissance d'une lettre de M. Deluns-Moniaud
dans laquelle il proteste contre l'insertion
de son nom dans le rapport Houanei.
Le député de Lot-et-Garonne affirme que
M. de Reinach ne lui a jamais remis ni ar-
gent. ni chèque et il demande à la Commis-
sion de faire cette vérification qui lui sera
facile..
La Commission a entendu ensuite M. dar-
bey, sénateur, qui a. protesté contre l inser-
tion de son nom dans une liste de chèques,
reproduile dans le rapport rtouanet. 11 a
été reconnu par la Commission qu il y avait
erreur en ce qui concerne l'honorable sé-
nateur et que c'était à tort que son nom
figurait parmi les bénéficiaires de chèques
des chemins de fer du Sud.
La commissIOn a repris ensuite l'examen
du rapport de M. Rouanet. Elle a, après
plusieurs modifications, décide que M.
Houanet reverrait la rédaction de son rap-
port, relative à M. de Remach et lui donne
la mission de se montrer mOl1ls favorable
à ce financier.
Sous réserve de cette modification et de
l'audition des personnes qui demanderaient
à être entendues, l'ensemble du rapport est
H. S.
Le service de la FRONDE sera
fait gratuitement pendant un an.
à toutes les Institutrices ayant
amené au Journal trois abonne-
ments d"un dnn&n
LA TRIBUNE
LES
FEMMES A SAINT-LAZARE
La première Section
Cette rubrique forme un feuiUek* volant
itml le Itljl." change tous la trois JOtI. s.
(Suite)
La surveillance de la prison de Saint-
Ltsare est confiée, ea dehors du direc-
aear. actuellement M. Meugé, un homme
suez bon pour que vingt années de fonc-
âgnarisme ne lui aient pas desséché le
eaeur, et des gardiens chargés de main-
tenirrordre, aux soeurs de Marie-Joseph,
ortre tout particulièrement dévouées au
sriuiéeafwiwwaiàrea; le vice eat fait
par des condamnées de droit commua ;
c'est une faveur très appréciée des déte-
pœs et qui leur évite, lorsqu'elles sont
condamnées à des peines plus longues,
le voyage de Clairvaux ou de Rennes;
Ifcveur qui malheureusement échoit pres-
que toujours ans intrigantes et aux
- Muées.
Ici une question délicate se présente.
Je ne voudrais pour rien au monde
qoe l'on PÙt voir dans ce qui va suivre
une attaque contre les admirables filles
.t. tIt8 pures, se sont condamnées vo-
I»twrement a vivre dans cette géhenne ;
f., en dehors des haures qu"ed« d£u-.
:Mnt & la prière, consacrent tous Leurs
IIIIIaIIts aux malheureuses confiées à
jgur^uis. CçgpcndAirt il est une eboee
Hue l'on est obligé de constater, c'est que
justement très naïves parce que très
pures, ignorant tout du monde, ses tenta-
tions comme sa duplicité, il leur est
impossible de discerner le vrai du faux,
de ne pas être les dupes du mensonge et
de l'ihypocrsie.
Ignorant systématiquement le crime ou
le délit de leurs pensionnaires afin deres-
ter plus impartiales, croient-elles, c'est
sur leur degré de soumission, leurs si- |
magrées de repentir ou de conversion
qu'elles se basent pour juger les femmes
qui leur sont confiées et les légers adou-
cissements dont elles disposent vont le
plus souvent à celles qui en sont le moins
dignes.
Mais, bien que nous ayons cru utile de
le signaler, ce n'est là qu'un détail mi-
nime, dont l'importance s'efface comparé
aux autres inconvénients de la prison de
Saint-Lazare: l'abominable prosmiscuité,
l'entratnement au mal des prisonnières
les unes par les autres, l'insuffisance de
nourriture, l'exploitation des détenues
par l'administration.
Au point de vue de la démoralisation et
des suites déplorables que peut avoir sur
l'avenir des prévenues comme des con-
damnées leur passage dans une maison
pénitentiaire, la prison du Faubourg
Saint-Denis détient le record du pire.
Car, si la raison proteste en songeant
que les condamnées y sont astreintes à
vivre en commun, à coucher dans des
dortoirs où l'on met jusqu'à cinquante
femmes, à travailler à l'atelier, à manger
au réfectoire, mesures d'autant plus né-
fastes qu'elles sont appliquées dans une
prison de courtes peines, dont les pea-
sionnaires, après quelques semaines ou
quelques mois de détention, vont à nou-
veau se trouver aux prises avec les diffi-
cultés de l'existence, queUe ne doit pes
être l'indignation quand on songe que la
même faute se commet envers les préve-
nues, présumées innocentes selon la loi,
qui attendent quelquefois jusqu'à une
année à Saint-Lazare que leur procès soit
jugé.
Il y a là tout ensemble, jetées pêle-
mêle, faute de place, malgré les décrets
qui prescrivent d'isoler .par groupes dis-
tincts les prévenues et accusées sans
antécédents judiciaires, les passagères,
les prévenues et accusées récidivistes,
etc., des malheureuses créatures, vic-
times de la misère ; de pauvres filles, tel-
les les infanticides, appelées à répondre
seules devant la loi d'un crime dont deux
sont également responsables ; des ga-
mines de seize ans, des enfants presque,
tentées dans leur coquetterie féminine,par
les étalages provocants et hypnotiseurs
des grands magasins ; des voleuses de
profession, des criminelles et quelque-
fois des innocentes 1
Demandez à Mme Bogelot, la directrice
de l'œuvre admirable des Libérées de
Soini-Lazare, dont la fondatrice. Mlle de
Grandpré, mérite d"avoir son nom inscrit
en lettres d'or dans l'histoire du martyro-
loge du pauvre, et elle vous dira quels
sont les résultats de cette organisation
désastreuse, qui paralyse et annihile tous
les efforts faits pour le relèvement des
condamnées.
La loi de sursis, cette loi si humaine
pourtant et qui semblait un pas fait vers
plus d'équité, ne devient, appliquée aux
malheureuses qui sortent de la prison de
Saint-Lazare,qu'une mesure de clémence
cruellement ironique.
Sans vouloir parler de la monstrueuse
injustice commise envers des femmes
innocentes, qu'après des mois de prison,
passés au milieu de criminelles de toute
espèce, on renvoie simplement, sans le
moindre dédommagement, sur une or-
donnance de non lieu, combien de fois
n'est-il pas arrivé qu'une prisonnière,
après quatre mois de prévention, se soit
vue condamnée à deux mois de prison
avec application de la loi Bérenger.
Comme, toujours d'après la loi, les
mois de prévention comptent, la femme
se trouvait avoir fait deux fois plus de
prison que n'en comportait sa peine et le
bénéfice de la loi de sursis se trouvait
nul au point de vue de la captivité.
Restait donc seulement le bénéfice mo-
ral, c'est-à-dire : la virginité du casier
judiciaire, qui doit permettre à la femme
comme à l'homme de ne pas porter à tra-
vers toute l'existence le fardeau d une
première faute.
Que devient ce bénéfice à Saint-La-
zare?
Il est nul, répondront tous ceux qui se
sont sérieusement occupés de la question.
Car plus qu'un casier judiciaire, que l'on
n'est pas tous les jours obligé d'exciper,
pèseront sur la vie des malheureuses
qui sortent de là les relations qu'oa les y
aura contraintes de noter.
Une femme qui, pour se débarrasser
à jamais des dénonciations et du chan-
tage indirect dont elle était la victime de
la part de ses anciennes co-détenues,
avait essayé vainement de chercher dans
la mort un refuge contre tant de basses-
ses et de cruauté, nous racontait son
martyre depuis sa première entrevue
avec une de ces femmes.
« Ce fut au faubourg du Temple, où
j'étais descendue pour faire mon marché
— nous dit-elle — que je rencontrai pour
la première fois une de mes anciennes
compagnes. En la voyant je cherchai à
fuir, car je la savais paresseuse et mau-
vaise langue, capable de tout pour se
procurer de l'argent.
« Mais elle, furieuse, me rattrapa eL
1 comme je m arrêtais près d une charette
pour acheter quelque chose, m'aborda,
m'insulta, me reprocha de la façon la
plus grossière de faire la fière avec
les anciennes amies de Saint-Lazare -
Affolée, je me sauvai poursuivie par les
rires de la foule. Le lendemain je chan-
geai de quartier. Après celle-là ce furent
d'autres. Effrayée, chaque fois que l'une
d'elles connaissait mon adresse je démé-
nageais. J'ai perdu comme cela tout mon
travail et. ma roi. l'existence n'étant plus
possible dans ces conditions, j'ai voulu
m'en aller. "
Ce récit n'est ni une œuvre d'imagina-
tion ni un cas isolé. Celle qui en fut
l'héroïne vit encore. Bien loto, au delà
des mers, elle a trouvé la vie calme et
l'oubli qui lui étaient interdits en France.
Pour éviter cette promiscuité, il y a la
pistole — dira-t-on.
Cela est vrai.
Seulement la pistole se paie et, puis-
qu'à Saint-Lazare comme partout ail-
leurs l'argent garde ses privilèges, ce
ne sont généralement pas les plus inté-
ressantes parmi les malheureuses ame-
nées à Saint-Lazare qui possèdent les
vingt-cinq centimes nécessaires par jour
pour se payer le luxe de la solitude.
Je sais bien qu'il reste même aux plus
pauvres le produit de leur travail ; mais
ces quelques sous, lorsqu'elles ne s'en
dépouillent pas au profit de vieux pa-
rents que leur arrestation laisse dans la
misère, elles sont obligées de les dépen-
ser 1L la cantine si elles ne veulent pas
souffrir de la faim.
Car, malgré tout ce qui a été dit et écrit,
la nourriture des prisonnières de droit
commun à Saint-Lazare est absolument
insuffisante.
Pour defJfemmes bien portantes, jeunes
encore pour la alurart. une louche de
soupe grasse le malin, et quelle soupe 1
Une louche de légumos l'après-midi et
une boule de pain plus indigeste que
nourrissant, ne constituent pas une nour-
riture assez substantielle, même avec la
viande qu'on leur sert une fois par se-
maine et qui est inmangeable.
Il y a du reste là, cunime dans toutes
les prisons de la Seine, une anomalie
extraordinaire, WCOIIJ l¡rëlumsiJJlc,i cons-
tater.
A Paris, où si l'on tenait compte de
l'état de délabrement physique des pen-
sionnaires, il faudrait augmenter i'aii-
mentation, l'ordinaire des prévenues a
été diminué de ccnt cinquante grammes
de pain et d'un repas par jour, ainsi que
d'une portion de viande par semaine.
fji suivre J
SAVIOZ.
Après les articles de Saviez (Mlle de
SiMute-CnuU), LA F#tO.Ni)£ publiera
daas sa Tribune : J'J.AfKS SffltL£;
1MW Mm#» jUAMMM» àtoV«*.
MILLE FRANCS
W... tenons & rappeler que les
membres de la Société Française de
rArbitrage entre nations, ont déeJdé
de donner un prix de MILLE FRANCS
a l'auteur du meilleur ouvrage d*M<-
toire de France* très étèmeaiuire»;
conçu dans le doabie esprit «L» ~uW&o~
t&meçt do Amauce.
rite chaféite iL la même mosquée.
0
M. le colonel Sever, député de Lille, a fait
des déclarations pleines d'intérêt à la réu-
nion collectiviste organisée dimanche soir
à Mouvaux — réunion qui comptait d'ail-
leurs à peine trente membres. M. Severt
était à la tribune quand un des assistants
interrompit l'orateur en s'écriant :
Vous ne croyez pas ce fil' 8lOIII dites, vous
êtes bon pour toucher 45.000 francs Par an,
etc. M. Sever (répondit textuellement:
Vous demandez ù pû4 servent mes 45-000 fr. ?
Vous saurez que je travaille plus que vota et
que je travaille pour le peuple / Et sortant son
porte-mounaie de sa poche, il l'ouvrit, le
montra au public, ajoutant : Voyez, nous
sommes aujourd'hui le fi décembre ! eh bien
je n 'ai plus que quarante se us e t je dois aller
avec cette somme jusqu'à La fin du mois /
Uhisteire ne dit pas ai cet a-.e..'¡éunn.
t'adversaire.
Mme Elisabeth de Tsobarner, âgée de
cent ans et cinq mois, est morte à Berne,
Une manifestation avait eu lieu en son
honneur l'été dernier; œlbcvnmage ne lui
a pas porté bonheur elle lui a ipeu survécu.
-0-
Les affaires sent suspendues et les écoles
fermées à New-York pendant les funérailles
de la mère du président Mac-Kinley.
00 meurt de faim ara pairs t'or:.. Les
importa de Victoria (tolomt-ieybritannique^
sorte situation de Dawson**te, principale
localité de la région de taondy«e, soutaar
vranrte : un milu« de personnes veniaot
sortir dtr lmv,4, qui est «orné par îos neiges,
comme ou sait.
tea deux tiers périront m route mkm
toutes probabilités.
Dès le 17-oetofero dernier «a no trouvait
plus à acheter dWimcnts, 4 quelque prix
une eo ml. Le seul meyen possible de looo-
XKOtioii consistant en tndôeMix attelés de
Mânes, il est excessivement difficile et rare
d'apporter des provisions dans ta contrée.
Vimpér.%trice d'Autriche partira de Biar-
ritz samedi soir, se1 rendant Pa as.
M. Léentiefa étéreçu en audience parti-
enlière par le roi béopeld il et J'a entretenu
de la part liés active que prennent les
Biffes à la colonisa tien des tei-ritoirak afri.
oains. il a prié le roi Léopold d'établir à Ab-
dts-Abeba un résident diplomatiquo à l'ins-
tar de ce qu'ont déjà décidé d'autres na-
Mans.
LA DAMB VOILÉE.
Lettre d'une institutrice
A if"* Pauline Kergomard,
Très honorée lIadamc,
"oult'z-\'OU!\ permettre à une humble et
modeste institutrice, que dis-je, à une paria,
de vous communiquer ses réflexions, si
trigles qu elle* sotcnt, au sujet de votre spi-
rituel article sur les congrégations ensei-
mntes?
- Etant tri-s inexperte ,en l'art d'écrire, je
fais appel à toute votre indulgence et vous
demande la permission de vous raconter
les faits sans aucun commentaire.
Quand vous dites que « vos souvenirs
«otts nitratent à la fois par leur nombre et
imrr invraisemblance Jt, sans doute voulez-
vous faire allusion au sort des malheu-
reuses instiiutzic« laïques chargées de
remplacer religieusee. Ce sort, qui a été
le nuen. le voici :
A vingt ans, fa... le triste honneur
d'être choisie par l'Administration pour
succéder à trois religieuses, dont la supé-
rieure habitait ta commune depuis Urento-
quatre ans.
C'était eu hiver; j'arrive au milieu d'une
population (-Il révolution. M'était-ce pas une
honte, une infamie de renvoyer ces pauvres
sa -tirs eis plein hiver, et pour les remplacer
A par qui ?p,-ir une laïque, une ftlle du diable
i l''ou faisait los cornes dans la rue le
jpur de son arrivée.
Du-tt sait cependant si j'étais sérieuse, et
ma ternie était exempte de toute coquette-
rie ; robe en cachemire noir et bonnet de
■Duti&elûie blanche, costume que nous por-
tions à l'Heole normale de... Besançon,
dirigée par des religieuses jusqu'en 1880 ou
J881.
Je m'arme de courage et je débute avec
huit élèves, toutes enfants de fonctionnaires
on de l'hospice de... (Gray) alors que
sowBitte-deux étaient inscrites au registre
mtrioute : les autres avaient suivi les bon-,
nés soeurs dans un superbe château que le
seigneur du village avait mis à la disposi-
tion de celles que l'on assimilait à des sans
feu ni lieu.
Pendant huit mois j'ai lutté désespéré-
ment, j'ni versé des larmes de sang, j étais
en butte non seulement aux calomnies des
oo m mères du village mais enoore aux atta-
ntes de la presse locale et réactionnaire; et
pavois vingt ans !... et encore toutes mes
illusions !... et pour comble de bonheur mon.
éducation avait été faite par des religieu-
â"! ...
Le plus beau de l'affaire, à la fin de ran-
née scolaire, comme récompense et comme
encouragement j'étais mise en disponibilité,
sans aucune explication. Le maire ne savait
rien, et mes deux chefs bàémefciques se
rejetaient réciproquement la telle, oe qui
ne faisait pas la mienne.
Le a—oailler générai du canton s'en
méfe-at, &PM$ enquêle,.au bout -d'am. jours
sentaneotTJfttais réhaMMtée. Haie le mal
était fut et laéparable.
A partir ée 88 jour je devais teriMr le
boiifet que j'aurai sans doute attaché aux
pieds tant que j'aur. un soufBp de vie.
J'avais beau mener une vie exemplair, al-
lant à la messe tous les malins. A: eatffesse
tous les dimanches, tenant t!offle éa
l'église gratis pro cre..Jes kraisNHl'es com-
mères allaient leur train et, la mort dans
l'Arne, la rage dans le cœur j'entendais ces
propos blessants et décourageants : Oh t elle
a .beau faire, on sait bien qu'elle a été à...
L'horrible fatalité me poursuivant, j'ai le
malheur de plaire au maire... je lui résiste
: poliment, j'renoouvs sa colère et finalement
Je suis encore obligée de changer de poste
.malgré les sueeôs éclatants obtenus dans
mon école.
Je ne me décourage pas et dix-huit mois
après, six de mes- élèves étaient reçues aux
examens, alors que le cheMieu de eanton
n'en fournissait que cinq, ce qui me vidait
les «ompliments du Président de la Qom-
: mission et une gmti"tîon. du .Gou"l au*»
,BÙ)inaJ.
Mais l'ennemi était là qui veillait, qui
guettait Cet ennemi, cet inspecteur qui
sans doute n'avait pas entendu, oit pasootn-
pris les conseils de Jules Ferry aux institu-*
leurs réunis au Congrès-de 1881; cela maux
inspecteur qui .IRe gardait rancune de la
semonce reçue en haut lieu, attendait l'oe-
casion de -se venger.
- Uapprendque je devais épouser un ins*
Ututeur d'une localité voisine, mais il l'en
empêche formellement et, d'un autre côté,
il me met en demeure de me marier ou de
démissionner puisque je m'étais soi-disant
compromise aux yeux de la population.
Du même coup il me brisait le cœur et ma
situation. On peut difficilement se faire une
idée d'un tel raffinement de cruauté. Que
faîre? haletante 1... éperdue!... traquée 1...
.désespérée, j'épouse le premier venu, ni
plus ni moins qu'une flue perdue, dâého-
norée...
Le surlendemain de mon mariage, j'étais
battue oomme plâtre par mon man- un
ivrogne, brutal, débauché, et.
Quatre ans après je me retrouve sur le
pavé de Paris sans situation, sans aucun
soutien, avec un enfant sur les bras.
Mes quelques économies sont vite épui'
sées; je connais non-seulement lés affres de
la faim mais quelque chose do plus terrible :
en plein mois de décembre, me trouvant
sans asile et sans ressource, j'erre pendant
deux nuits, deux siècles, daus la rue, allant
au hasard...
Je travaille comme manouvrière à la
raffinerie Lebaudy, je reste huit mois do-
mestique chez un médecin, après avoir goûté
de l'hôpital. Ayant la nostalgie de l'ensei-
gnement, je sollicite une place de sous»maî-
tresse dans un pensionnat de jeunes nUes.
Là jo suis admise au pair pour faire la
1" classe, puisque j'avais mon brevet supé-
rieur, quelques notions d'anglais, «le piano,
peinture et travaux manuels. C'était très
joli d'être placée au pair, unis comment
payer les mois Ù6 nourrice de mon enfant ?
Problème que je résolvais en exécutant des
travaux à l'aiguille 9t au crochet que j'al-
lais vendre le jeudi et. le «limanotre. li y
avait bien les maisons de banque, les admi-
nistrations, les grands magasins, mais
aucun espoir de ce côté, ayant dépassé la
limite d'age, qui est de vingt-cinq ans...
Depuis seize ans je graine le boulet que
m'a attaché aux pieds ma nomination
à ce maudit poste ; j'en ai pris mon parti et
je lutterai jusqu'au jour où mon enfant sera
élevé. Ce jour-là ma tâche sera accomplie.
Malgré tout, je suis restée honnête femme,
j'ai conservé ma propre estime, grâce aux
bons principes que j'ai reçus ; maintenant
advienne que pourra ; je ne désire qu'une
seule chose, c'est que ces lignes tombent
sous les yeux de mon bourreau... (M. Nicole
ex-inspecteur à Grav et à Vesoul) et aussi
sons ceux de M. Biétrln, inspecteur primaire
à Paris, à qui j'ai adressé l'an dernier une
demande d emploi dans le département de
la Seine. Peut-être ces lignes feront-elles
naitre chez l'un le remords et chez l'autre
la pitié en faveur d'une victime du sort.
MARGUERITE.
CONFÉRENCE
DE
Mme Annie Besant
Dans la salle des Sociétés Savantes en-
tièrement remplie jusqu'aux derniers
gradins, devant un auditoire sympathi-
que qui écoute avidement sa parole oon-
vaincue, Mistress Annie Besant a fait
hier sa conférence sur la théosophie.
Quoiqu'elle s'exprime en une langue
qui n'est pas la sienne, l'oratrice sait ren-
dre très clair, intéressant, élégant même
l'exposé rapide des principes théosophi-
ques auxquels elle a voué sa vie.
De toute antiquité, dit-elle, les sages
. ■ I 1 'Bg=gg^===g==gWP
ont reconnu la triplicité de la nature ''dà
l'homme comme esprit ou étincelle a.-
vine, âme ou intelligence et corps ou
action ; avec les besoins qui y correspon-
dent : religion, philosophie, science, et
les qualités qui en découlent : amour,
tttjN'MM! et wwmir ou votoaM effective*;
lut ta eaaaiMasance et la pwâfcyie m
ou «hoses qà constiUieat la thÉMftphiej
te «gesaeJfarine.
•i»
sa théftMffhie rés«4l le pr«Jdà»e des
M&giOBs yar celui de 'la "".tUi relie !
Jes cœuMties uns aux aube&--.-relie l'es- !
prit humain au divin. Toutes les religions
se ressemblent par l'essence de leurs
dagmes d'origine.
Elles ont toutes pour berceau rigno-
rance, disent les étudiants des mytholo-
gie comparées. Elles ont ;toutea paar
berceau la sagesse, dit la théosophie; et
,,V instruction primitive fut donnée à l'hu-
manité par des hommes divins, fruits de"
l'évolution précédente à l'évolution hu-
maine.
Puisque la source est une; les eaux
vivantes de la spiritualité sont'ies mêmes,
,0& il n'y a. que les vagues différentes des
dogïnes qui divisent lescœurs entre euf.
.Cette connaissance.de la vérité s'apge-
jadis chez les Hindous le IIrdm.
flÚblll. Elle était fort répandue : de. là
toute Jeur littérature transccndontale^le /
Vedas, les Upanishad, la BhagavahwHtà.
et les nombreuses éwles J-de de pbitosqphié.
Le témoignage affaibli par les aaeoJM
fut, renouv.elé bien avant le Christ jwr
Buddha puis par Pythagore qui écrivit
ces livres d'initiation perdus pour la plu-
part aujourd'hui, et pour l'autre incom-
pris de la science officielle dans leur
portée secrète : La science des nombres,
des couleurs et des sons ou la création
de toutes choses.
c Dieu est géomètre » disait Platon re-
marquant dans la nature les innombra-
bles formes géométriques.
Cinq rivières de révélations se joigni-
rent dans le christianisme : le Christ y
apporte la morale de Buddha ; tes Juifs,
l'idée du Père universel, les Grecs le
Logps manifesté ou Verbe, la Perse les
Sacrements qui unissent l'homme à
Dieu, et l'Egypte l'immortalité de l'âme.
Toutes les religions ont de communes
vérités ; partout la croyance à l'existence
divine, une dans l'identité del'espritdivin
et de l'esprit humain.
La théosophie explique ces choses par
l'évolution des renaissances qui, d un
germe embryonnaire, fait un homme,
puis un dieu — non pas le Dieu — mais
un dieu.
Cette évolution s'effectue par la voie
de causalité ou Karma, qui proportionne
les effets aux causes et rétribue les mé-
rites, et par la loi de perfectibilité.
Toutes les religions contiennent voilées
en substance ces grandes vérités. Le
corps de cette vérité ne change pas, c'est
la robe d'intellectualité dont les races di-
verses l'ont diversement revêtue qui la
fait paraître différente.
La religion c'est la lumière blanche et
les religions c'est le prisme décomposé
avec pour chaque couleur un rayon de
lumière dont aucun ne dit à l'autre :
« Tu n'es que ténèbres ». Et les religions
sœurs et non rivales devraient se tenir
Kir la main pour réformer la lumière
blanche primitive.
La théosophie se différencie de la reli-
gion en ce qu'elle est une philosophie qui
ne se contente pas de la Foi et exige le
Savoir.
Elle soutient que l'Esprit et l'âme peu-
vent s'évader du corps et visiter les mon-
des invisibles aux yeux de chair. Les
prophètes, hiérophantes, mages et initiés
l'ont fait; et par les mêmes moyens, qui
n'ont rien de miraculeux mais sont basés
sur la connaissance de lois secrètes de la
nature, chacun peut arriver à le faire.
On peut pénétrer aussi l'au-delà de la
mort et se rendre compte ainsi que la
mort n'est pas une réalité pour l'Esprit,
mais une transmutation de forces.
*
• »
La théosophie s'intéresse au problème
de la philosophie en constatant l'unité de
toute la nature.
Unité de matière dans l'unité d'atomes
primitifs de même matière, différenciés
ensuite par le mouvement et la force,
puis par eux-mêmes.
Unité de force : les forces étant toutes
corrélatives et se muant les unes dans les
autres.
Unité de conscience de Soi qui se déve-
loppe du germe le plus bas jusqu'au but
de l'évolution.
La fraternité universelle est basée sur
ces trois unités : Les corps échangent
entre eux leurs molécules et les molé-
cules d'un ivrogne, d'un débauché, con-
tagionnent sejNMtjiblables en cet échange,
tandis que c-. ée L'IMMBO» pur les pu
riflent. Si doué Uy a uaojtettlé misère ou
une seule tare, la société tout entière en
souffrira. Les Ames moi soeurs sur le
•fen astral, (le plus gvoaaier des plans
mwaiblc»}, plan des émotions des pas-
wons qpi vihee de tout ee qui agite le
cœttf ce l'homme et répercute dans
l'atwMaphère de /chacun les vibrations
d'aHMmr ou de home du prochain : de là
la «aotagion morale. lAs esprits sont
frètes sur le plan maniai où les penséos
«»Mes passent des un* ,wx autres.
&»s âmes sont soeurs et la différence
qui existe entre elles comme bien ou mal
ne provient que de leur âge différent. En
arrivant en un corps, rame n'apporté que
les qualités qu'elle a précédemment gé-
néllées et qui sont las fruits -de précé-
dentes expériences subies par Ce
champ de bataille est la vie, et la loi de
justice àaam à l!atré tout m «s&Ue
gagne par le travail.
Les Ames oopunenoont toutes 4MEk
l'ignorance, puts -Omo& leur ,.oIolMé (JU;
leurparesse, les unes croissent plus vite
qtÍe les autres, d'autres restent retarda-
taires. Un criminel Yl'eat-qu'une âme res-
tée sauvage née dans un milieu civilisé,,
C'est-à-dire plus évollié.
Pour que eette âme aauvage arrive à.
son ddyoloppemant il faut que ses frè^e*
aînés l'aident et fournissent dobond le;
confort à son corps et l'instruotioa à son
âme avant même de penser à eux» car
l'amour est la loi de la théolo9we : on
doit donner suivant ses faculté et reee-
voir suivant ees besoins. Voilà ilktéal de
la
Cette loi de progression par les néin-
camations est aussi une utile leçon pour
les peuples en leur apprenant à Gréer Wl,'
milieu d'harmonie et de beauté qui attire
les âmes les plus élevées de l'humanité
dans les corps des fils de leur rue.
*
* *
.Nous avons dit que la théosophie com-
prenait aussi la science.
La science des- mages développait les
yeux de Famé par la pureté, et pour les
jireux de l'&me. la nature était sans yoi-
La science moderne multiplie les ins-
truments et ne découvre que des lam-
beaux imparfaits et volés, car elle ne
compte que sur les yeux du corps ;
comme les anciennes initiations, la théo-
sophie cherche à ouvrir les yeux de l'âme
pour laquelle il n'y a pas de miracles
surnaturels mais une nature plus pro-
fonde.
Par cotte étude, on reconnaît que l'es-
prit indépendant du corps a sa vie pro-
pre le et que le corps est le véhicule et non
e maître, la maison et non l'habitant.
Par cette étude on apprend, on voit ce
que sont les formes-pensées, comment
elles s'extériorisent de nous et peuvent
à notre volonté trouver les âmes dont
nous sommes séparés par les distances.
Ce sont tous ces pouvoirs surhumains
qu'il s'agit de développer par les deux
chemins de l'Amour et de la sagesse, qui
tous deux aboutissent à la divinité.
La théosophie fait donc appel au dieu
qui est dans l'homme pour l'amener à
l'étude et à l'amour, car si les lois tran-
chent la tête des maux l'amour seul en
extirpe les racines.
... Et Mme Besant termine au milieu
des applaudissements sa remarquable
conférence (dont nous ne donnons qu'un
aperçu trop imparfait); en définissant la
théosophie : l'âme des religions, le soleil
des philosophiez, la lumière des intelli-
gences et le guide de toute science véri- ~
table et permanente.
JEAN DELETTRES.
CONSEIL GÉNÉRAL
La séance est ouverte à 3 h. 1/2 sous la
présidence de M. Dubois.
Séance fort calme, peu ou point de dis-
cussion. Le conseil continue l'examen du
budget départemental pour 1898.
M. Moreau fait adopter un vœu tendant a
ee que des- démarches soient faites auprès
des compagnies de chemin de fer pour
qu'elles accordent aux ouvriers habitant à
Paris, qui vont travailler à la banlieue, les
mêmes avantages qu'aux ouvriers venant
travailler journellement à Paris.
Le Conseil décide également de demander
aux Compagnies de chemins de Xer la ré-
duction d'un douzième de l'abonnement
pour les abonnés qui sont appelés sous les
drapeaux durant une période de vingt-huit
iours.
Ces décisions, si elles étaient acceptées par
les Compagnies, ne leur causeraient pas de
grosses pertes et aideraient quantité de fa-
h' » ;t: " . -v ■" p
milles de travailleurs à équilibrer leur mo-
leste budget ; mais en venant ainsi frapper
L la Caisse, le Conseil général Bisque fort
l'être mal reçu.
Une bonne nouvelle pour les candidats
aux bourses départementales : Conformé-
ment au vœu exprimé par te consul de sur-
veiUaiu» du eollège, RoIIin le nombre des
00..- à ce eoU^ge qui n'avait-été jusqu'à
présent que de doux, est porté à dix.
Ymn la On dala séance quelques proposi-
tions semblûBt vouloir soulever de* objec-
Liaew4 elles soot aussitôt renvoyées à mer-
cmâi procluûaaftn de ace pasü%ùuer le bon
wethie.
La séaaae est levée à cinq heures.
MARIA VÉRONE.
ÊTRE BELLE est. le _Zève de tontes les
femmes. Grâce aux SACffETS du Dr Bys
additionné dè la Jtice Dermale, on atteint
des résultats surprenants. Les rides s'effa-
eeaten p«u dé tempe, et le teinl teplus
fané prend la fraicheur de la jeunesse.
,....Io8.SA.O.MBTSPB BEA UTIl de^méme*
qpe peisr les S*CUET$L SE TOILETTE,
au nombre de cinq sortes, différentes, il faut
consulter, comme emploi, M. Dousy, le seul
grépràteqr D'" des produits esthétiques du
i* Dys (3i, rue d'Anjou).
COLONIES
Kalarmant* npwelie du massacre de la
mission Marchand, dont on se préoccupe si
vivement dans les milieux politiques et
saloniaux* n'est eacoe,& ni connrmée, ni dé-
mentie. Au ministère des colonies on ne
sait rien. Néanmoins, d'après les informa-
tions spéciales de La Fronde, nous croyons
pouvoir affirmer que la mission Marchand
n'a, jusqu'à présent, subi auoun échec
m
tant BaWtar, écrit ea relatant des nou-
velles de son mari, postérieures à l'époque
où l'on suppose que le massacre a dû avoir
lieu.
D'autre part une correspondance de
Wadi-Halia, datée du mois demier, nous
apprenait que les deux missions Liotardet
Marchand ont dû, suivant leurs conventions,
foiré leur jonction dans le Bahr-en-Gbual,
qu'elles auraient quitté de concert et que le
bruit court depuis plus d'un mois à Wadi-
Halfa qu'elles étaient entrées dans le terri-
boire éthiopien.
Côte Occidentale d'Afrique
Notre correspondant de Saint-Louis (Sé-
négal) nous avise que la réception faite lors
de son récent voyage à M. le ministre, a été
moins enthousiaste que le prétend la presse
officielle ou sensée officieIre.
Les thuriféraires compagnons de M. Lebon
se seraient mépris sur la nature des accla-
mations jetées sur son passage: on aurait
bien moins crié vive le Ministre, vive la
France, que à bas Couchard ou vive Cou-
chard.
M. le Ministre d'ailleurs n'a eu le temps
de voir la colonie qu'à travers les escortes
militaires, les drapeaux s'inclinant devant
lui, les salves d artillerie, les fantasias et
les discours plus ou moins sincères des longs
repas officiels.
Il a passé quatre heures à Kayes où le
spectre de la fièvre jaune, un instantané de
circonstance, est apparu à l'approche de la
chaloupe ministérielle et a disparu avec
elle au moment où il redescendait le fleuve
pour regagner Saint-Louis.
Quatre heures à Kayes, cet avant-poste,
ce faubourg du Soudan ! Est-ce en ces 240
minutes que M. Lebon a pu fixer ces appré-
ciations sur les destinées d'une colonie de
cette importance et sur celles de sa voisine
si prospère, la Guinée. M. le ministre n'a pas
visité celle-ci et il est probable qu'elle va
être mangée par le minotaure Soudan. Ce-
pendant cette pauvre Guinée est une de ces
colonies brisées qui ne coûtent rien à la
métropole; elle est prospère, et les naturels
ne demandent qu'à continuer leurs pacifi-
ques relations avec elle en lui apportant
leurs produits.
Si, par une mesure prétendue politique,
qui n aurait nullement sa raison d'être, on
modifie leurs habitudes ; s'ils ne trouvent
plus à Konacry, l'autorité supérieure dont
ils ont l'accoutumance, ils pourront bien
priver de leur produit, poudre d'or, café,
arrachides, noix de kola, ivoire etc., les
comptoirs de la Guinée française et les
offrir à la Guinée portugaise; ce serait un
désastre limité. Mais ils pourraient par hos-
tilité envers nous créer de sérieux em-
barras.
Konacry peut devenir sans dépenses exa-
gérées, en utilisant son !lol, un grand port
très fréquenté, qui damerait le pion à
Sierra Leone, au point de vue commercial
[ et stratégique. Il y a lieu d'y réfléchir.
Dahomey.
Nos troupes ont occupé Niki, dans l'Hin-
terland du Dahomey. L'actif gouverneui
M. Ballot, a quitté aussitôt Porto-Novo, se
rendant à Niki, afin d'y organiser l'occupa-
tion.
CAROLINE D'AMBRES.
Au Parlement
CHAMBRE
Séance du 15 décembre
Nos députés sont arrivés hier avec l'inten-
tion bien arrêtée de rattraper le temps
perdu et -îl est de fait qu'on a expédié un
grand nombre d'articles du budget des tra-
vaux publics. Au début de la séauce, M.
Goûtant a déposé une proposition — inspirée
par le crime de Gentilly — qui prescrit tieb
pénalités sévères contre les Banques et So-
ciétés qui feraient opérer des recouvre-
ments supérieurs à 5,000 francs par un seul
employé.
Le garde des sceaux fait des réserves sous
prétexte que M. Coûtant veut créer un nou-
veau délit, la proposition est renvoyée à
la Commission du travail ot l'on reprend le
budget.
Un certain nombre de députés ont signé
un amendement élevant le crédit du ch ipi-
tre t0-deG3.000fr.pour les frais d?: tout'néu
des. contrôleurs comptables et des ooutrÕ-
leurs de travail. Il est défendu par M. Geor-
ges Berry «t par MM. Bourrât qui a fait le
procès des grandes Compagnies.
Le Gouvernement et la Commission s'op-
posent à l'augmentdUon du crédit existant,
ramenâôméiu de M. Beurrât et Berry etft
repoussé par 321 voix 214.
M. Millerand modifie l'intitulé du précé-
dent amendement -eu, proposant d'inscrire
le crédit aous le titre ce frais fixés ou bien
frais de tournées et de bureau. M. Pasohal
Grousset le défend. Mais la Chambre le re-
pousse également. -
Une petite discussion à propos du chapi-
tré i6 sur les conditions .dau:J. lejsqulil.es
s'exerce la surveillance dans les mine;.
M. Dejca.nte demande le vole d'un projet de
résolution invitant le miuislre à fournir aux
délégués les moyens de remplir leur man-
dat. Le ministre promet et on vote tr«is
articles sans le plus petit débat.
Sur le chapitre 25, M. Muiiluut propose
une augmentation de 3,00o pour distribuer
des médailles à tous les cantonniers après
trente ans de service.
M. de Lasleyrie invite M. Montaut à re-
Porter son amendement au ministère de
l'intérieur lorsque viendra la loi des financer
et l'amendemeut est retiré.
M. Sicard, député des Basses-Alpes, de-
mande une augmentation de 50o,' >00 pour
l'entretien des routes nationales. Le rap-
porteur, le Ministre, en reconnaissent l'uti-
hté, mais ajoutent qu'il faut se pivoceuprr
do l'équilibre budgétaire.
Le Président de la Commission, M.Pau
Delombre, intervient il sou tour pour pro-
tester contre les insinuations ,le certains
membres de là Chambre, qui s'élouuent
que la Commission ne prenne j),t»-; 1 »iiiitia-
tive de relever des crédits qu'elle ju^e né-
cessaire. Kilo ne peut qu'appeler l'atieutiou
du Gouvernement, sur celle iusutiià.ince;
c'est ce qu'elle a fait. Le Ministre d»,clar,.î
que si le Gouvernement n'a pas pris ---etle
iuilialive, c'est uniquement en raison de la
question budgétaire. Malgré ces explica-
tions, l'amendement est. adopté. OOo.'^x»
d'augmentation sur ce seul chapitre, 1 équi-
libré n'est pas prêt de s'établir. Ou vote
continuellement des relèvements de crédit
et pas une diminution. Cela nous mènera
ioin, pour peu que cela continue.
On réserve les chapitres qui sont relatifs
à la garantie d'intérêts et on renvoie la dis-
cussion à aujourd'hui. Il faut espérer qu ou
la terminera.
HÉLÈNE SÉE.
COMMISSION DE PANAMA
La Commission de Panama a pris con-
naissance d'une lettre de M. Deluns-Moniaud
dans laquelle il proteste contre l'insertion
de son nom dans le rapport Houanei.
Le député de Lot-et-Garonne affirme que
M. de Reinach ne lui a jamais remis ni ar-
gent. ni chèque et il demande à la Commis-
sion de faire cette vérification qui lui sera
facile..
La Commission a entendu ensuite M. dar-
bey, sénateur, qui a. protesté contre l inser-
tion de son nom dans une liste de chèques,
reproduile dans le rapport rtouanet. 11 a
été reconnu par la Commission qu il y avait
erreur en ce qui concerne l'honorable sé-
nateur et que c'était à tort que son nom
figurait parmi les bénéficiaires de chèques
des chemins de fer du Sud.
La commissIOn a repris ensuite l'examen
du rapport de M. Rouanet. Elle a, après
plusieurs modifications, décide que M.
Houanet reverrait la rédaction de son rap-
port, relative à M. de Remach et lui donne
la mission de se montrer mOl1ls favorable
à ce financier.
Sous réserve de cette modification et de
l'audition des personnes qui demanderaient
à être entendues, l'ensemble du rapport est
H. S.
Le service de la FRONDE sera
fait gratuitement pendant un an.
à toutes les Institutrices ayant
amené au Journal trois abonne-
ments d"un dnn&n
LA TRIBUNE
LES
FEMMES A SAINT-LAZARE
La première Section
Cette rubrique forme un feuiUek* volant
itml le Itljl." change tous la trois JOtI. s.
(Suite)
La surveillance de la prison de Saint-
Ltsare est confiée, ea dehors du direc-
aear. actuellement M. Meugé, un homme
suez bon pour que vingt années de fonc-
âgnarisme ne lui aient pas desséché le
eaeur, et des gardiens chargés de main-
tenirrordre, aux soeurs de Marie-Joseph,
ortre tout particulièrement dévouées au
sriuiéeafwiwwaiàrea; le vice eat fait
par des condamnées de droit commua ;
c'est une faveur très appréciée des déte-
pœs et qui leur évite, lorsqu'elles sont
condamnées à des peines plus longues,
le voyage de Clairvaux ou de Rennes;
Ifcveur qui malheureusement échoit pres-
que toujours ans intrigantes et aux
- Muées.
Ici une question délicate se présente.
Je ne voudrais pour rien au monde
qoe l'on PÙt voir dans ce qui va suivre
une attaque contre les admirables filles
.t. tIt8 pures, se sont condamnées vo-
I»twrement a vivre dans cette géhenne ;
f., en dehors des haures qu"ed« d£u-.
:Mnt & la prière, consacrent tous Leurs
IIIIIaIIts aux malheureuses confiées à
jgur^uis. CçgpcndAirt il est une eboee
Hue l'on est obligé de constater, c'est que
justement très naïves parce que très
pures, ignorant tout du monde, ses tenta-
tions comme sa duplicité, il leur est
impossible de discerner le vrai du faux,
de ne pas être les dupes du mensonge et
de l'ihypocrsie.
Ignorant systématiquement le crime ou
le délit de leurs pensionnaires afin deres-
ter plus impartiales, croient-elles, c'est
sur leur degré de soumission, leurs si- |
magrées de repentir ou de conversion
qu'elles se basent pour juger les femmes
qui leur sont confiées et les légers adou-
cissements dont elles disposent vont le
plus souvent à celles qui en sont le moins
dignes.
Mais, bien que nous ayons cru utile de
le signaler, ce n'est là qu'un détail mi-
nime, dont l'importance s'efface comparé
aux autres inconvénients de la prison de
Saint-Lazare: l'abominable prosmiscuité,
l'entratnement au mal des prisonnières
les unes par les autres, l'insuffisance de
nourriture, l'exploitation des détenues
par l'administration.
Au point de vue de la démoralisation et
des suites déplorables que peut avoir sur
l'avenir des prévenues comme des con-
damnées leur passage dans une maison
pénitentiaire, la prison du Faubourg
Saint-Denis détient le record du pire.
Car, si la raison proteste en songeant
que les condamnées y sont astreintes à
vivre en commun, à coucher dans des
dortoirs où l'on met jusqu'à cinquante
femmes, à travailler à l'atelier, à manger
au réfectoire, mesures d'autant plus né-
fastes qu'elles sont appliquées dans une
prison de courtes peines, dont les pea-
sionnaires, après quelques semaines ou
quelques mois de détention, vont à nou-
veau se trouver aux prises avec les diffi-
cultés de l'existence, queUe ne doit pes
être l'indignation quand on songe que la
même faute se commet envers les préve-
nues, présumées innocentes selon la loi,
qui attendent quelquefois jusqu'à une
année à Saint-Lazare que leur procès soit
jugé.
Il y a là tout ensemble, jetées pêle-
mêle, faute de place, malgré les décrets
qui prescrivent d'isoler .par groupes dis-
tincts les prévenues et accusées sans
antécédents judiciaires, les passagères,
les prévenues et accusées récidivistes,
etc., des malheureuses créatures, vic-
times de la misère ; de pauvres filles, tel-
les les infanticides, appelées à répondre
seules devant la loi d'un crime dont deux
sont également responsables ; des ga-
mines de seize ans, des enfants presque,
tentées dans leur coquetterie féminine,par
les étalages provocants et hypnotiseurs
des grands magasins ; des voleuses de
profession, des criminelles et quelque-
fois des innocentes 1
Demandez à Mme Bogelot, la directrice
de l'œuvre admirable des Libérées de
Soini-Lazare, dont la fondatrice. Mlle de
Grandpré, mérite d"avoir son nom inscrit
en lettres d'or dans l'histoire du martyro-
loge du pauvre, et elle vous dira quels
sont les résultats de cette organisation
désastreuse, qui paralyse et annihile tous
les efforts faits pour le relèvement des
condamnées.
La loi de sursis, cette loi si humaine
pourtant et qui semblait un pas fait vers
plus d'équité, ne devient, appliquée aux
malheureuses qui sortent de la prison de
Saint-Lazare,qu'une mesure de clémence
cruellement ironique.
Sans vouloir parler de la monstrueuse
injustice commise envers des femmes
innocentes, qu'après des mois de prison,
passés au milieu de criminelles de toute
espèce, on renvoie simplement, sans le
moindre dédommagement, sur une or-
donnance de non lieu, combien de fois
n'est-il pas arrivé qu'une prisonnière,
après quatre mois de prévention, se soit
vue condamnée à deux mois de prison
avec application de la loi Bérenger.
Comme, toujours d'après la loi, les
mois de prévention comptent, la femme
se trouvait avoir fait deux fois plus de
prison que n'en comportait sa peine et le
bénéfice de la loi de sursis se trouvait
nul au point de vue de la captivité.
Restait donc seulement le bénéfice mo-
ral, c'est-à-dire : la virginité du casier
judiciaire, qui doit permettre à la femme
comme à l'homme de ne pas porter à tra-
vers toute l'existence le fardeau d une
première faute.
Que devient ce bénéfice à Saint-La-
zare?
Il est nul, répondront tous ceux qui se
sont sérieusement occupés de la question.
Car plus qu'un casier judiciaire, que l'on
n'est pas tous les jours obligé d'exciper,
pèseront sur la vie des malheureuses
qui sortent de là les relations qu'oa les y
aura contraintes de noter.
Une femme qui, pour se débarrasser
à jamais des dénonciations et du chan-
tage indirect dont elle était la victime de
la part de ses anciennes co-détenues,
avait essayé vainement de chercher dans
la mort un refuge contre tant de basses-
ses et de cruauté, nous racontait son
martyre depuis sa première entrevue
avec une de ces femmes.
« Ce fut au faubourg du Temple, où
j'étais descendue pour faire mon marché
— nous dit-elle — que je rencontrai pour
la première fois une de mes anciennes
compagnes. En la voyant je cherchai à
fuir, car je la savais paresseuse et mau-
vaise langue, capable de tout pour se
procurer de l'argent.
« Mais elle, furieuse, me rattrapa eL
1 comme je m arrêtais près d une charette
pour acheter quelque chose, m'aborda,
m'insulta, me reprocha de la façon la
plus grossière de faire la fière avec
les anciennes amies de Saint-Lazare -
Affolée, je me sauvai poursuivie par les
rires de la foule. Le lendemain je chan-
geai de quartier. Après celle-là ce furent
d'autres. Effrayée, chaque fois que l'une
d'elles connaissait mon adresse je démé-
nageais. J'ai perdu comme cela tout mon
travail et. ma roi. l'existence n'étant plus
possible dans ces conditions, j'ai voulu
m'en aller. "
Ce récit n'est ni une œuvre d'imagina-
tion ni un cas isolé. Celle qui en fut
l'héroïne vit encore. Bien loto, au delà
des mers, elle a trouvé la vie calme et
l'oubli qui lui étaient interdits en France.
Pour éviter cette promiscuité, il y a la
pistole — dira-t-on.
Cela est vrai.
Seulement la pistole se paie et, puis-
qu'à Saint-Lazare comme partout ail-
leurs l'argent garde ses privilèges, ce
ne sont généralement pas les plus inté-
ressantes parmi les malheureuses ame-
nées à Saint-Lazare qui possèdent les
vingt-cinq centimes nécessaires par jour
pour se payer le luxe de la solitude.
Je sais bien qu'il reste même aux plus
pauvres le produit de leur travail ; mais
ces quelques sous, lorsqu'elles ne s'en
dépouillent pas au profit de vieux pa-
rents que leur arrestation laisse dans la
misère, elles sont obligées de les dépen-
ser 1L la cantine si elles ne veulent pas
souffrir de la faim.
Car, malgré tout ce qui a été dit et écrit,
la nourriture des prisonnières de droit
commun à Saint-Lazare est absolument
insuffisante.
Pour defJfemmes bien portantes, jeunes
encore pour la alurart. une louche de
soupe grasse le malin, et quelle soupe 1
Une louche de légumos l'après-midi et
une boule de pain plus indigeste que
nourrissant, ne constituent pas une nour-
riture assez substantielle, même avec la
viande qu'on leur sert une fois par se-
maine et qui est inmangeable.
Il y a du reste là, cunime dans toutes
les prisons de la Seine, une anomalie
extraordinaire, WCOIIJ l¡rëlumsiJJlc,i cons-
tater.
A Paris, où si l'on tenait compte de
l'état de délabrement physique des pen-
sionnaires, il faudrait augmenter i'aii-
mentation, l'ordinaire des prévenues a
été diminué de ccnt cinquante grammes
de pain et d'un repas par jour, ainsi que
d'une portion de viande par semaine.
fji suivre J
SAVIOZ.
Après les articles de Saviez (Mlle de
SiMute-CnuU), LA F#tO.Ni)£ publiera
daas sa Tribune : J'J.AfKS SffltL£;
1MW Mm#» jUAMMM» àtoV«*.
MILLE FRANCS
W... tenons & rappeler que les
membres de la Société Française de
rArbitrage entre nations, ont déeJdé
de donner un prix de MILLE FRANCS
a l'auteur du meilleur ouvrage d*M<-
toire de France* très étèmeaiuire»;
conçu dans le doabie esprit «L» ~uW&o~
t&meçt do Amauce.
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