Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-12-24
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 24 décembre 1852 24 décembre 1852
Description : 1852/12/24 (Numéro 359). 1852/12/24 (Numéro 359).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 559
BUREAUX : rue de Valois (Palais-Royal), ni ÎO.
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un numéro : 30 centimes.
pour les pays étrangers , se reporter au
tableau publié dans le journal ^ les 10 et
25 de chaque mois.
Toute lettre non affranchie sera rigoureusemtnh
Les articles déposés ne sont pas rendus.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
| On s'abonne, tfinj les départ emens, aux Messageries et avat^Dincticn t 'de poste.—A Lunires, chez MM. C ovie st fils.
\ .— A Strasbourg, chez M. AUxaNDUE, pour l'Allemagne. ' .
S'adresser, franco
à M. DBN
Les annonces sont reçues chez M. PANIS, régisseur, 10, placi
I et au bureau du journal.
Nous avons terminé, hier le Prolo
gue d 'ïsaac Laquedem . On a pu voir par
3a manière large avec laquelle M.
Alexandre Dumas aborde son sujet,
l'immense intérêt qûî""dovt s'âttaclier
au drame qu'il compte faire passer sous
les y eux de ses lecteurs.
Trois feuilletons seront encore con
sacrés à une INTRODUCTION, dans
.laquelle M. Alexandre Dumas fera,
comme il le dit, son pèlerinage à Jéru
salem, guidé par l'étoile des poètes qui
tour à tour y a conduit, avant lui,
Chateaubriand, Michaudet Lamartine.
Ces trois feuilletons seront publiés-
mercredi, jeudi et vendredi prochains.
Nous commencerons le mercredi sui
vant, c'est-à-dire le 5 janvier, la publi
cation d'IsAAc Laquedem , pour ne l'in
terrompre que lorsqu'un changement
d'époque permettra une suspension qui
ne nuira pas à l'intérêt.
Nous comptons , à partir de jan
vier, consacrer chaque semaine qua
tre feuilletons à l'œuvre importante de
M. Alexandre Dumas. - ■
M. A. Lireux continuera à publier le
lundi de chaque semaine sa Revue des
Théâtres. Le mardi sera réservé à l'ar
ticle de Critique musicale, qui reste
confié au talent de M, Fiorentino , si
justement apprécié de nos lecteurs.
La nouvelle administration du Cons
titutionnel , ne voulant rien négliger
pour ajouter encore à la variété de ces
revues hebdomadaires, vient de s'atta
cher M. Amédée Acii,\rd , qui écrira
chaque dimanche une Chronique de la
semaine : nul mieux que lui ne pou
vait remplir ce cadre, pour lequel il
ne faut pas seulement la plume facile
et spirituelle de l'homme de goût,
mais encore les relations étendues de
l'homme du monde.
Un journal est le miroir de son épo
que; il doit en refléter la physionomie
sous toutes ses faces, en reproduire le
mouvement sous toutes ses formes. Pé
nétrés de cette vérité, nous suivrons
les travaux de l'intelligence dans tou
tes ses bi'anches, et nous restituerons
aux critiques d'art et de littérature la
place légitime qui leur appartient dans
îa presse quotidienne.
Nous publierons régulièrement, tous
les quinze jours, en A r ariétés, une Revue
artistique et une Revue littéraire, qui
alterneront, le lundi de chaque se
maine. Il en sera de même de la Revue
scientifique et de la Revue agricole,
qui désormais paraîtront aussi, alter
nativement, le jeudi.
M. Rapetti nous donnera chaque
mois des articles spéciaux sur les diffé
rais cours du haut enseignement scien
tifique et littéraire.
Enfin, les noms les plus aimés du
public et les plus éminens de l'époque,
viendront successivement prendre pla
ce dans ce journal, où ils donneront
des articles de variétés d'un ordre élevé
et d'un puissant intérêt.
PARIS 9 ' 23 DECEMBRE,
Le gouvernement de Louis-Napoléon a dé
finitivement constitué le crédit foncier en
France le jour où il a décrété la formation
d'un grand établissement central, siégeant à
Paris, embrassant la presque totalité de la
France, ayant des succursales ou des direc
tions dans chaque ressort de cour impériale,
émettant des obligations sur un type unique,
et devant commencer ses opérations par
prêter uniformément au taux de 5 0/0, amor
tissement compris, sur toute l'étendue du
pays-
Aujourd'hui que ce vaste établissement de
crédit est à la veille de fonctionner, il nous
paraît utile de faire connaître en termes clairs
et précis les bases de son organisation, ainsi
que les moyens d'action et les combinaisons
financières qui paraissent devoir en assurer
le succès.
Le nouvel établissement, comme tous les
établissemens de ce genre, forme entre l'em
prunteur et le prêteur un intermédiaire qui
évite au capitaliste l'embarras des investiga
tions, et qui lui assure le paiement exact des
intérêts ainsi que de l'amortissement de son
prêt, en ajoutant à la garantie du proprié
taire, lié par son engagement, celui de la so
ciété organisée avec un capital susceptible
d'être porté jusqu'à 60 millions.
Le mécanisme de l 'institution repose sur
l 'émission d'obligations foncières ou de let
tres de gage, créées en représentation des
emprunts, et toujours assises sur des inscrip
tions hypothécaires. de valeur équivalente,
mais ne portant aucune indication des pro
priétés ou du nom des propriétaires, et ne
constatant autre chose que rengagement de
la sue&tc doat l'iEM-Vfef&ï&a a jfSaerw! fea
garanties individuelles.
Aux termes des statuts, "ces obligations
sont au porteur. Elles donnent droit à un
intérêt dbnt lé taux est .fixé par le conseil
^d'administration- au moment •dé leur émis
sion. Elles sont appelées au remboursement
par voie de tirage au sort, chaque tirage
comprenant le nombre d'obligations néces
saire pour opérer l'amortissement des obli
gations dans le même temps que le capital
prêté. Les statuts -ont, en outre, autorisé la
banque de crédit foncier à attacher des lots
et des primes aux obligations, et nous ver
rons plus loin tout le parti qu'elle a tiré de
cette faculté.
Le mode d'émission des obligations ou let
tres de gage pouvait s'effectuer de deux ma
nières. On pouvait, à l'imitation de ce qui se
pratique dans quelques Etats d'Allemagne,
remettre ces obligations aux emprunteurs en
leur laissant le soin de les négocier eux-mê
mes; mais il était à craindre que les proprié
taires, pressés par le besoin d'argent, ne les
cédassent au-dessous de leur taux nomi
nal, et il n'en aurait pas fallu davantage
pour compromettre l'avenir de l'institution.
Le nouvel 'établissement a préféré, et avec
grande raison, verser argent comptant tou
te la somme qu'elle prête aux emprun
teurs, en se chargeant d'émettre elle-même
les obligations représentatives du versement.
On comprend, en effet, qu'une société, cons
tituée avec toutes les garanties possibles,
doive trouver, plus aisément que les simples
particuliers, des capitalistes disposés à échan
ger leurs espèces contrer ses obligations.
Cela posé, la grande affaire pour la banque
foncière de la France, c'était de trouver les
moyens de placer sûrement ses obligations.
Le problême .ne laissait pas que d'offrir des
difficultés. L'intérêt qu'elle pouvait attacher
aux obligations devait être en rapport avec
celui qu'elle demandait aux emprunteurs.-
comment, en prêtent aux propriétaires
moyennant une annuité de S 0/0, compre
nant l'intérêt, l'amortissement et les frais
d'administration, attribuer aux obligations
des avantages suffisans pour en assurer le
placement? La subvention de 10 millions,
accordée par le gouvernement, permet
tait , il est vrai, d'élever l'intérêt des
premières obligations émises jusqu'à con
currence de 200 millions. Mais était-on cer
tain de les négocier rapidement, en se con
tentant de leur allouer un intérêt de 4 0/0,
avec la perspective d'un remboursement au
pair? N'était-il pas possible d'en rendre le
placement plus facile au moyen de com
binaisons financières qui leur donnassent un
attrait particulier ? Voilà ce que s'est deman
dé la société générale de crédit foncier, et,
en recherchant quels sont les titres qui ont
obtenu le plus de faveur dans ces derniers
temps, elle a été conduite à une combinaison
qui ne peut manquer de réussir.
Les procédés de crédit ne sont pas restés
stationnaires au milieu du progrès général
de toutes choses. De même qu'on s'ingénie,
dans les différentes branches de l'industrie
manufacturière , à varier la composition
ou la forme des produits pour satisfaire
tous- les goûts et pour stimuler la con
sommation, de même on a cherché, dans
les appels faits au crédit par les éta
blissemens publics ou par les grandes
entreprises d'utilité générale, à offrir des
conditions de placement variées qui con
vinssent aux tendances et aux prédilections
des différentes natures de capitaux. Il suffit
de parcourir la feuille journalière des cours
de la Bourse pour reconnaître tout ce qu'il
y a d'ingénieux dans ces divers moyens ima
ginés pour attirer et utiliser les épargnes
qui restaient improductives entre les mains
dec possesseurs.
Deux modes d'emprunt ont . surtout fixé
l'attention de la société de crédit foncier,
parce qu'ils ont été pratiqués avec le plus
grand succès au moment de la dernière re
naissance du crédit, nous voulons parler des
obligations émises par.la ville de Paris et des
obligations émises par les compagnies de
chemins de fer.
Pourquoi la ville de Paris voyait-elle, en
1845, ses anciennes obligations de 1,000 fr.,
portant 40 fr. d'intérêt, cotées 1,470 fr., tan
dis que le 5 0/0 ne valait que 121 fr.? Pour
quoi a-t-elle pu négocier ses nouvelles obli
gations, produisant §0 fr. d'intérêt, à raison
de 1,227 fr., le 3-avril de cette aimée, c'est-à-
dire à une époque où la situation des affai
res ne permettait pas encore d'espérer des
conditions aussi avantageuses? Pourquoi
enfin ces nouvelles obligations sont-elles de
mandées aujourd'hui au prix de 1,375 fr. ?
C'est que la ville a attaché à ces obligations
des lots plus ou moins considérables répar
tis par un tirage au sort. Ainsi la somme à
distribuer de cette manière entre les der
nières obligations, s'élève à 168,000 fr. par
semestre eu 336,000 fr. par an. En réalité,
cette somme, appliquée à des obligations mon
tant à 50 millions, ne représente guère
qu'une prime annuelle de 6 fr. 72 par cha
que obligation. Mais lé porteur a la chance de
gagner, à l'un des tirages, un lot de 2,500 à
50,000 fr. Cette espérance suffit pour l'a
mener à se contenter d'un intérêt moindre
de son capital.
Pourquoi les compagnies de chemins de
fer ont-elles trouvé à placer leurs obligations
à un intérêtrelativementpeu élevé? Pourquoi
ces obligations sont-elles recherchées aujour
d'hui au-dessus de leur taux d'émission?EUes
ne doivent pas, comme les actions, profiter
de l'accroissement des recettes des chemins.
Mais, en revanche, elks aat droit à une pri-
1 DM tëfâ rtfïiBtnH'jSfeEÊcemt. 'Oa ta 1 rfctfàluerfy
quand elles_ tomberont au sort, un quart ou
un cinquième en sus du capital versé: C'est
cette perspective d'augmentation de capital,
jointe à la sécurité du.plaçeflaeafejqui a fait
la fortune des obligations.
Qu'a imaginé la . banque foncière eii se
rendant compte des causes de réussite de ces:
deux modes d'emprunt ? Elle s'est proposé
de prendre à chacun ce qui avait assuré son
succès, savoir : Le système des lots au mode
d'emprunt de la ville de Paris, le système
des primes de "remboursement au mode
d'emprunt des compagnies de chemins de
fer. C'est sur l'alliance de ces deux moyens
que repose toute, l'économie de la combinai
son adoptée pour l'énfesion des obligations
foncières.
La société va émettre 100,000 certi
ficats de dépôt, qui n'entraîneront d'abord
qu'un versement de 200 fr., et qui 'seront
ensuite convertis en obligations foncières,
à mesure qu'ils seront désignés par le sort,
en complétant le versement de 1,000 fr. Le
porteur de certificat n'a droit à aucun inté
rêt; mais dès qu'il est appelé, et cela' dans
l'espace de deux années au .maximum; à Con
vertir son titre en obligation foncière, il a
droit à un intérêt de 3 0/0; il concourt, dans
tous les cas, à quatre tirages par année, de
lots qui monteront, pour les deux premières
années, à 1,200,000 fr.; pour les années sui
vantes à .800,000 fr., et qui varieront de,
5,000 à 100,000 fr. Enfin, les obligations dé
1,000 fr. doivent être remboursées, par voie
de tirage au sort,- sur le pied de 1,200 fr.
Ajoutons que les porteurs des titres de
cette première émission auront, en outre, le
droit de souscrire un nombre égal de titres
de la seconde émission, mais avec cette dif
férence qu'ils devront les payer 1,100 fr. au
lieu de 1,000, de telle ssrte que les nouveaux
Certificats de 200 fr. ne seront délivrés que
moyennant une somme de 300 fr.
Si l'on a bien compris le mécanisme de
cette combinaison , on a pu reconnaître
qu'il consiste à faire un prélèvement sur
l'intérêt des sommes versées, à l'ajouter à
l'intérêt provenant de la subvention du gou
vernement, et à appliquer cette somme à
des lots et des primes de remboursement.
Quelques personnes ontprétendu voir là une
sorte de rétablissement de la loterie. Il n'y a
rien de semblable. D'abord, on voit que,
sur les 800,000 fr. affectés annuellement
aux lots et primes après les deux premières
années, 400,000 fr. sont fournis par l'inté
rêt de la subvention de 10»millions, d'où
il suit que 400,000 francs seulement
•sont prélevés sur l'intérêt des sommes
versées montant à 200 millions, ce qui
représente à peine 1/5 p. 0/0. Il faut remar
quer d'ailleurs que ce qui constitue le prin
cipe et par cela même l'immoralité de
la loterie, c'est l'anéantissement du capital
qu'on y a porté. Or, le souscripteur d'o
bligations foncières, loin dé compromet
tre son capital, doit, au contraire, le
retirer avec une augmentation. Les obli
gations foncières, comme nous le disions
plus baut, participent des obligations de
la ville de Paris en ce qu'elles donnent droit
à des lots, et des obligations des compagnies
de chemins de fer en ce qu'elles donnent
droit au remboursement d'un capital plus
considérable que le capital versé. Aussi, bien
qu'elles présentent des chances aléatoires
aux détenteurs, n'en ont-elles pas moins le .
caractère d'une sorte de caisse d'épargne ,
puisqu'elles servent, dans une certaine me
sure, à l'accumulation du capital.
Ce qu'il faut voir surtout dans le système
adopté par le nouvel établissement, c'est un
moyen heureux d'assurer le placement des
obligations, placement sur lequel repose
l'existence même de toute institution de cré
dit foncier. Si les obligations sont recher
chées, comme tout l'annonce, les émis
sions suivantes pourront avoir lieu à des
conditions encore plus favorables. Déjà
la société, tout en donnant aux porteurs des
titres de la première émission le droit de
souscrire les titres de la seconde, stipule
qu'elle ne leur livrera ces nouvelles obliga
tions de 1,000 fr. que moyennant 1,100 fr.
Il est permis de croire que, lorsque vien
dra le moment de la troisième émission, elle
pourra porter le prix à 1,200 fr. C'est-à-dire
qu'elle obtiendra l'argent à un taux de plus
en plus bas, et qu'elle' pourra, à son tour,
diminuer le taux de l'intérêt qu'elle fait payer
aux propriétaires emprunteurs. Ainsi, quoi-
qu'en touchant, la subvention de 10 millions
elle n e se soi t en gagée à prêter, à raison de 5 0/0,
amortissementeompris,qu'une somme de 200
millions, elle a, dès à présent, la certitude de
pouvoir continuer ses opérations ultérieures
dans les mêmes et bientôt dans de meilleu
res conditions. Est-il donc téméraire^defpré-
voir le moment où la société pourra prêter à
raison de 4 0/0 intérêt compris ? Nous ne le
croyons pas. Grâce à la nouvelle institution
de crédit, la propriété et l'agriculture sont
désormais appelées à participer, comme le
commerce et l'industrie, à la baisse progres
sive du lover des capitaux. j. burat.
Hier matin, l'Empereur a reçu à Compiè
gne diverses députations, notamment celle
de Ham.
Bans la journée, S. M. est allée visiter les
ruines de Pierrefonds, et, à son retour,'a
présidé le conseil des ministres.
Nous apprenons que S. M. a ajoutél0,000fr.
au premier don qu'il avait fait au maire de
Compiègne, pour la fondation de salles d'a
sile dans cette ville. L'Empereur a ainsi don
né 20,000 fr. pour la ci eatin. d'un établis
sement si utile aux classes laborieuses*.
Les fttrés éràtos cforétÉexsfes ont éga
lement obtenu une somme de 2,000 fr.
Divers anciens militaires ont obtenu des
secours montant à une somme de 500 fr.
L'Echo de l'Oise donne les détails suivans
: sur la visite de l'Empereur aux hospices de
Compiègne :
« Misrdi, à dix heures, l'Empereur est sorti
du palais dans une voiture fort simple, à deux
chevaux, pour aller visiter les hospices, accompa
gné du général Canrohert. Avaient pris place
dans la voiture, le préfet de l'Oise et le maire
de Compiègne. Arrivé ^ sur la place du Château,
l'Empereur a renvoyé son escorte.
» Napoléon III a visité les hospices dans tous les
moindres détails, s'enquéraotavec une sollicitude
touchante des besoins de ces établissemens. Il est
entré dans la chapelle de l'hôpital dés indigens,
où il a fait une courte prière. De là, S. M.
s'est rendue ,à l'hospice des malades, , où elle
-a été reçue par les administrateurs et les sœurs.
Après avoir visité les salles et avoir témoigné plu
sieurs fois sa satisfaction de les voir si .bien te
nues, il a donné à M Stocldy, ancien chirurgien-
major des armées, médecin en chef des hospiees,
la croix d officier de la Légion-d'Honneur, en ré
compense de ses longs services et des soins qu'il
prodigua avec tant d'abnégatiori aux malades ci
vils et militaires. L'Empereur a attaché lui-même
à" la boutonnière'de M. Stockly la décoration qui
brillait à celle de M. le préfet. La sœur supérieu
re,"sœur Massin, a été décerëe de la croix de la
Légion-d'Honneur. C'est après quelques difficultés
que cette digne sœur s'est laissé attacher sur la
poitrine cette récompense de tous les services
qu'elle a rendus à l'hospice qu'elle dirige d'une
manière si remarquable depuis un grand nombre
d'années. Toutes les personnes qui connaissent la
sœur supérieure applaudiront au tact si bienveil
lant de S MI, qui va chercher le méritej>artout
où. il se trouve, si caché qu'il soit.
» L'Empereur a terminé sa visite par un don
de 2,000 fr. pour achat de linge
» Une somme de 1,000 fr. a également été ac
cordée aux hospices de Sentis. »
M. Corneille vient d'être élu député au
Corps Législatif pour le département de la
Seine-Intérieure, dans l'arrondissement é--
lectoral de Neufchàtel, en remplacement de
M. Desjobert, qui a donné sa démission.
Rien d'officiel encore sur la composition
du cabinet anglais. Le Morning-Herald an
nonce qu'à une heure avancée de la soirée d'a-
vant-hier,.la formation de l'administration
nouvelle n'avait fait que peu de progrès. D'a
près ce journal, lord JohnRussell désirerait
être ministre des affaires étrangères, bien
qu'il fût prêt à accepter tout ce que lord
Aberdeen lui offrira. Le Times, mieux dis
posé pour la combinaison qui se prépare,
se porte garant du parfait désintéressement
de lord JohnRussell, et croit que les difficul
tés seront promptement aplanies. Il fait à
l'avance l'éloge du futur cabinet, qui ne sera
pas destiné, ait-il, à faire de bons soldats
avec des recrues. Toutefois, ce journal
admet qu'il y aura- pour la nouvelle ad
ministration de sérieux obstacles à vaincre,
et il fait un aveu qu'il est fort utile d'en-
.:xegistrer, car on ne saurait trop mettre
' en lumière les inconvéniens du régime parle
mentaire. « Depuis quelques années, dit le
» Times, il n'est pas un seul parti qui ait été
» capable de gouverner la nation, et voilà ce
» qui rend le gouvernement presque impos-
» sible. » A la bonne heure, c'est parler
franc.
Du reste, les premiers symptômes de la
mauvaise humeur des radicaux, exclus de
la.combinaison, commencent à percer dans
leurs feuilles. L'une d'elles, le Daily-Ntics,
"rappelle que lord Aberdeen n'a pas tou
jours passé pour un bon libéral. Une au
tre, le Morning - Advertiser , dit plus crû
ment encore, qu'un ministère formé sous
les auspices de lord Aberdeen et deM.Glads
tone serait un gouvernement rétrograde et
réactionnaire.
Le séjour de l'empereur d'Autriche à Berlin
et les incidens qui s'y rapportent occupent
toujours presque exclusivement les feuilles et
les correspondances d'A lie magne. A un grand
dîner, auquel assistaient tous les grands digni
taires de la cour, les généraux en activité et
en disponibilité, les ministres, les conseillers
privés et plusieurs étrangers de distinction,
S. M. le roi de Prusse.a porté un toast, au
nom de tous les convives, aux deux empe
reurs d'Autriche et de Russie.. L'empereur
François-Joseph a répondu à ce toast en por-,
tantà son tour la santé du roi, de la famille
royale et de S. M. le czar. -
. L'empereur a visité l'arsenal et la ca
serne du second régiment des bulandsdela
garde. Il a été agréablement surpris en
voyant dans la salle où dînent les offi
ciers de ce régiment, son portrait, ainsi
que celui du général Jellachich, devant
lequel il s'est long-temps arrêté ; au bas de
ce portait se trouve la signature du général et
sà devise : Avec Dieu à la fortune du soldat !
C'est le baron Jellachich lui-même qui a fait
don de ce portrait au régiment, pour répon
dre aux félicitations fraternelles que le corps
d'officiers lui avait adressées pendant sa la
borieuse campagne de 1848.
Les visites que fait l'empereur ont surtout
pour but les etablissemens militaires de la
Prusse. Ainsi, il s'est rendu à l'institution
des Cadets, où il a été reçu par le général
■ Radowich, qui était naguères le partisan le
plus déclaré de l'unité allemande combinée
avec l'aggrandissement de l'influence prus-,
sienne.
Dans l'après-midi du 19, il y a eu grande
réception militaire chez S. M. l'empereur,
qui a adressé aux officiers réunis les pa
roles suivantes : «Je suis charmé, Messieurs,
» de vous voir en aussi grand nombre autour
» de moi, vous, représentai de l'armée
» prussienne, que j'ai eu l'occasion d'appren-
» are à connaître hier. L'armée de votre au-
» guste roi a fait preuve de fidélité et de cou-
» rage dans des temps difficiles. Or c'est l'es-
» prit d'honneur et de loyauté qui forme
» un lien indissoluble entre toutes les ar-
» mées vaillantes : c'est cet esprit qui lie
» mon armée à l'armée ^prussienne. C'est
» pourquoi je puis exprimer ici la fer-
» me conviction que les deux armées, quels
» que soient les événemens qui puissent ar-
» river, resteront fortement unies en con-
» fraternité d'armes. »
Le départ de l'empereur devait toujours
avoir lieu le 21, et il devait s'arrêter à Dresde
où l'attendait, son frère, l'archiduc Charles,
Le roi de Hanovre et le duc de Brunswick
oui étaumi venus à Berlin pour complimen
ter l'empereur,- seart r^ouraés deaas leurs
Etats. -
Eu attendant la solution de la question
douanière, le gouvernement autrichien a
fait savoir qu'il autoriserait l'entrée ep fran-
chise-decertainesmatièrespremiëres, comme
la houille et les laines.
DÉPÊCHE TÉLÉGRAPHIQUE.
Bruxelles, jeudi 23 décembre.
Le projet de loi portant ratification de la
convention commerciale conclue entre la
Belgique et la France, a été adopté par la
chambre des représentans belges par 62
voix contre 8.
Il y a eu 16 abstentions.
Le ministre de l'intérieur du nouveau
cabinet espagnol vient d'adresser aux gou
verneurs des provinces une circulaire qui
peut être considérée comme le programme
politique de l'administration dont il fait par
tie, et dont nous reproduisons, à ce titre,
quelques passages relatifs' aux faits qui ont
motivé la derniere crise :
Les ministres de S. M., dit la circulaire, croient
qu'on ne peut mettre en doute la convenance,
1 opportunité et même la nécessité de réviser et de
réformer sur quelques points les-lois politiques de
l'Etat. L'expérience éclatante dont ont donné un
témoignage solennel les différons ministères qui
ont gouverné Je pays depuis sept ans, ministè
res dont oat fait partie des personnes d'opi
nions et dé communions politiques différentes,
quoique animées toutes du plus vif désir de
servir avec loyauté leur reine et leur patrie,
et douées la plupart de qualités éminentes; les
occasions répétées dans lesquelles ces différens
ministères, malgré leur désir reconnu et sincère
de conserver intactes les lois dont la garde et le
maintien leur avaient été confiés, se sont écartés
de leur texte littéral, forcés et contraints par la
loi plus impérieuse du sal ut public; toutes ces cir
constances sont à la fois des preuves et des
causes de l'impérieuse nécessité de modifier et de
mettre d'accord avec la situation et les circonstan
ces dans lesquelles se trouve le pays, quelques
points des lois fondamentales. Mais quand môme
ces causes n'existeraient pas et qu'il ne serait pas
d'une urgente et palpable nécessité de mettre d'ac
cord la loi écrite avec les faits irrémédiables et
fréquens; encore est-il hors de doute qu'une fois
certaines questions portées au jugement du pays
. par les hauts pouvoirs de l'Etat, elles doivent être
examinées et résolues. .
Le cabinet précédent a présenté à S. M. et au
pays divers projets de réforme de la Constitution
et des lois organiques, et le gouvernement de
S. M. croit arrivé le moment d'éclairer suffi
samment l'opini'on publique sur ces projets au
moyen d'une discussion consciencieuse, approfon
die, modérée, mais libre. Ce terrain reste ouvert
dès à présent à tous-les .parti s légitimes et à toutes
les opinions sincères, et, quand sera venu le jour,
les conseillers de 1acouronne, après avoir mûre
ment médité les raisons de tous, et avec l'autorisa
tion de "Sa Majesté, présenteront leurs projets de
réforme à l'examen impartial et éclairé descortès.
Rehausser, s'il est possible, la splendeur et le pres
tige du trône, symbole de toutes les traditions et
de toutes les gloires de la nation sans que pour
cela les bases essentielles du régime représen
tatif puissent souffrir quelque atteinte, sans
que puisse disparaître le droit d'examiner et
de discuter en publie les actes des minis
tres, et en ajoutant aux institutions actuelles
de nouveaux élémens de stabilité et de con
servation, tel est le grand problème que, tous,
nous essaierons de résoudre, et sur lequel au
moment venu, devroht prononcer leur jugement
solennel les corps législatifs. Tels sont, Monsieur
le gouverneur, la pensée et les vues du gouverne
ment, relativement il la lutte électorale qui se pré
pare. La velonté de S. M. est que, après vous en être
j>énétré, Votre Seigneurie cherche à les incmlquer
dans l'opinion publique, afin que les électeurs
viennent déposer leure votes dans les urnes avec
conviction, sans préventions et avec des sentimens
conformes à la loyauté proverbiale espagnole. Ce
que je communique à Votre Seigneurie d'ordre
royal pour votre gouverne et à tous effets de droit.
Dieu vous garde do longues années.
Madrid, 17 décembre 1852. ixorente.
Au gouverneur de la province de...
M. Bravo-Murillo , ancien président du
conseil, et M. Bordiù, ancien ministre de
l'intérieur, ont dû partir le 18 pour Bor
deaux. M. Pereiradel Villar a été nommé di
recteur du trésor. Le gouverneur de Madrid
n'était pas encore remplacé.
Le général Pélissier, qui a si vigoureuse
ment conduit l'attaque et la prise de Là-
ghouat, a adressé au gouverneur-général un
rapport circonstancié sur ce brillant fait
d'armes. Après avoir raconté comment il
avait éclairé les abords de la place par une
forte reconnaissance, et quelles dispositions
avaient été prises pour établir la batterie de
brèche, M. le général Pélissier continue en
ces termes : "
« L'obstacle consistait en trois grandes tours re
liées par des courtines. Le feu fut dirigé d'abord
sur la tour centrale, plus élevée que les deux an*
très, afin d'en déloger les défenseurs, puis sur
celle de droite, puis enfin sur les courtines re
liant ces deux tours, pour faire brèche et livrer
passage aux colonnes d'assaut. Vers dix heures la
brèche était praticable, malgré les efforts de l'en
nemi pour la réparer.
» Pendant ce feu, que le lieutenant Caremel di
rigea avec une précision, une intelligence et un
sang-froid admirables, et qui fit le plus grand hon
neur à ses canonniers, le feu de l'ennemi continua
avecune vivacitéqui ne s'éteignit qu'avec la chute
des tours, et sa pièce de canon, habilement défi
lée et servie par des artilleurs tunisiens, ne cessa
de tirer sur le marabout. Les obusiers de monta
gne, dont l'un était placé sur notre terre-plein et
l'autre dans la plaine en avant du cam p des troupes
d'attaque, ne purent faire taire son feu. J'avais
ordonné la veille de placer l'un des . obusiers sur
le sommet du mamelon qui avoisine le marabout
et a du commandement sur sa coupole. De la
position que j'avais indiquée, il eût protégé la
batterie et contribué à faire taire le feu des tours
"et des jardins. Un épaulement en sacs à terre
l'eût parfaitement couvert. Mais cette prescrip
tion ne fut pas exécutée, à cause (me fut-il dit
faussement) de l'escarpement de .la crête. Je l'ai
beaucoup regretté et je lé regrette encore. Dans
ce poste périlleux du marabout, nous eûmes quel
ques pertes. Le maréehal -dGS -logis d'artillerie
Mi Ilot fut tué vers la fin de l'action par l'embra
sure de sa pièce, et plusieurs de ceux que les be
soins du service obligeaient de se prolonger sur
la crête rocheuse qui nous reliait au camp furent
blessés à mort.
» Déjà j'avais fait organiser les colonnes d'atta
que. Deux bataillons de zouaves, l'un du 1 er régi
ment sous les ordres du chef de bataillon Barrols,
l'autre du 2 e sous ceux du chef de bataillon, de
Malafosse, devaient se. réunir sur la brèche, en
passant, le premier sur le versant est du mara
bout, le second sur le versant ouest. Dans cha
cun de ces bataillons j'avais fait encadrer les
pelotons de travailleurs et les porteurs d'échel
les. Le commandant Morand avec son bataillon
de zouaves, au centre duquel brillait l'aigle du
2 e régiment, devait appuyer le mouvement des
deux premiers; et enfin, le lieutenant-colonel Gé
rard, aveç deux compagnies d'élite du 50* «t les
compagnies d'oetrupafôcm du marahtfut, couvrait
ta nnone de l'attaaû' p - et les plans de ses colonnes
ta queue ae iaixaqu^ génie Brunon devait ,
d assaut. Le c3 .pit3.in6 ..
marcher à la tête de cette dr^ • ,
„ Dès que le capitaine RenSo^ \™
aides-de-camp, que j'avais chargb _ ) ou <;
cette organisation , vint me prévenir v <„ u t
était prêt, et après que le capitaine Brunon m v:
confirmé par son avis mon appréciation person
nelle que la brèche était praticable et que le-
moment était venu , j'ordonnai de cesser le feu,
et je fis sonner la marche des zouaves et la
charge. Ainsi que je vous l'ai dit dans ma lettre
du 4, peinture fidèle de ce moment solennel, léa
colonnes d'attaque s'élancèrent comme l'ouragan
et balayèrent les défenseurs de la brèche, malgré:
la résistance la plus fanatique et la pluâ opiniâtre.
Le commandant de Malafosse et le capitaine Ma-
noilvrier de Fresne pénétrèrent les premiers dans :
la place. Je me portai avec mon état-major et te '
lieutenant-colonel Cler, des zouaves, à la tête de
là colonne Morand ; je franchis la brèche, et je*;
compris que la ville était à nous.
» J'avais pensé d'abord qu'en arrière des tours
et des courtines échancrées par nos boulets, il se
trouverait, sans doute, un autre retranchement*
et j'avais prescrit que, dans ce cas, les têtes ds
colonne ne se laissassent pas emporter par lerar'
ardeur, «t qu'un logement fût fait dans ces rui
nes, qui commandent Laghouat. Je fus bientôt dé
livré de. ce souci : l'obstacle n'existait pas.Aussi le
commandant de Malafosse,bien inspiré, entraîna sa
colonne en avant. Les zouaves du 1" régiment
poursuivirent âussi leur mouvement. J ordonnai
alors de rallier une partie du bataillon de soutieny
pour parer aux dangers inattendus de cette.
»uerre de rues et de maisoas. Mais le cœur bouil-
.ant de Morand l'avait emporté avec sa tête de.-,
colonne. Comme je vous l'afdii, la niasse des trois
bataillons descendait, comme un lït.uve débordé^
de la position dominante occupée par les tours. Un ■
mouvement électrique dirigeait tous les bT.aves
zouaves vers la maison de Ben-Salem, qui est eH
uelque sorte la casbah de la ville, et qui servait
e château au chérif. Cest en y courant que le
commandant Morand fut blessé à la cuisse et tom
ba. Le lieutenant-colonel de Ligny, qui me précé
dait, fit enfoncer la porte de cette espèce de cita
delle par le chaouch Ah-med-ben-Abdallah, de
la direction d'Oran : cet officier supérieur et les .
zouaves s'y jetèrent tête baissée. Quelques minu
tes après, l'aigle du 2 e de zouaves, auquel le lieu
tenant de spahis Siquot indiqua le vrai chemin/
mon guidon de commandement, le fanion de Mo
rand, flottaient sur cette demeure toute percée de
meurtrières, mais où les fanatiques du chérif,
épouvantés, n'osèrent pas opposer la résistancei
désespérée à laquelle nous nous attendions. Eli
m'y portant, j'eus la douleur de rencontrer le ca
pitaine Brunon, le poignet droit traversé par un0 '
balle. A partir de ce moment, Laghouat était à
nous, et je poussai les zouaves sur les versans la
téraux, et jusqu'au bas de la ville, où commen
çaient à paraître les premiers soldats du général
Yusuf. »
Le rapport explique ensuite les disposi
tions prises par le général Yusuf pour tenter
l'escalade sur un autre point. Cé chef habile
et intrépide devait attendre le signal qui an
noncerait le succès de la première attaque. En
voyant I ps têtes de colonne qui s'élevaient
sur la brèche, l'enthousiasme de ses soldats
fut au comble. Le général les précipita aus
sitôt sur la ville ;
« Il lança le capitaine Gérard avec trois com
pagnies du 2 e bataillon d'Afriqu% sur les murs
qui bordent les jardins au nord et à l'ouest, avec
ordre d'y pratiquer des créneaux et d'en déloger
les défenseurs. Une compagnie armée d'é
chelles, une autre armée d'outils, et une com
pagnie indigène du bataillon d'Alger coururent
sur le mamelon qui, de ce côté, commande là
ville, et le couronnèrent en un. clin d'oeil. Ces
trois compagnies étaient soutenues par deux
compagnies de la colonne Pein et les tirailleurs
indigènes du commandant Rose. Le 60 e formait
la réserve, et quelques volées d'obus protégeaient
ce mouvement ascensionnel.
» Cette colonne d'attaque, malgré une vive
mousqueterie, emporta vivement les hauteurs,
et avec un élan irrésistible arriva au pied de la
muraille. Malgré les efforts de l'ennemi, les échel
les furent appliquées, les ob tacles franchis; et le
général Yusuf, dirigeant avec ensemble et préci
sion l'envahissement de la ville, amena en trois
quarts-d'heure sa tête de colonne jusqu'au point
central de la ville où nous étions arrivés, et je pus
dès lors lui donner directement mes ordres. Je fis
arborer son guidon â côté du mien.
» J'avais eu la précaution d'envoyer le lieute
nant-colonel de Ligny avec la 4° coœpagniedu ba
taillon léger d'Afriqueet la compagniede tirailleurs
indigènes de Mostaganem,pour s'assurer de la pièce
de cancn de l'ennemi. Bientôt ce brillant officier
vint m'annoncer que ce trophée était en notre
pouvoir. Pendant que je faisais de la casbah de
Ben-Salem mon quartier général, on m'apportait
les drapeaux du chérif et des gens de Laghouat,
leurs "tambours, leurs munitions.... La ville était
pleine d'approvisionnemens; le butin fut considé
rable. » .
Le rapport raconte ainsi un incident sur
lequel une version incomplète avait été pu
bliée :
« Malheureusement, dans la nuit du 4 au 5, un
groupe d'une vingtaine de chevaux s'approcha
d'un peloton du 2 e chasseurs, en criant qu'il était
porteur d'une dépêche pressée et faisait partie de
nos goums. L'officier commandant, M. Amilca, fut
dupe de cette ruse de guerre. Au moment où il
reconnaissait son erreur, les cavaliers arabes pi
quèrent des deux et disparurent dans les ombres
de la nuit; on les. poursuivit vainement.
» Il m'est impossible de vous dire encore si le
chérif d'Ouergla faisait partie de ces fuyards, ou
si, comme on le croit généralement, il est au
nombre des cadavres. J'ai dû donner l'ordre au
lieutenant-colonel Cler, que j'ai établi provisoire
ment commandant supérieur de Laghouat, de les
faire enterrer promptement, afin d'éviter les in
fluences pestilentielles qui rendraient la ville in
habitable. Dans la nuit qui a suivi l'assaut, plus
de 300 hommes, qui étaient parvenus à se cacher
dans les jardins, sont venus déposer les armes. En
ce moment, nous avons 4S0 prisonniers en état dé
faire le coup de fusil, et plus de 1,200 femmes et
enfans. »
Le général rapporte en terminant un épi
sode qui peindra, dit-il, l'esprit des troupes
et de leurs chefs :
« Quand le digne général Bouscaren fut rap
porté blessé à son bivouac, les troupes prirent
spontanément les armes et les. lui présentèrent :
Vive le général ! crièrent les soldats. — Non pas,
mes amis, mais : Vive la France! répondit le no
ble blessé. »
Le rapport est suivi par l'indication des
officiers, sous-officiers et soldats qui se sont
signalés dans cet assaut mémorable. En at-
ces braves militaires qui ont si énergique-
ment-soutenu l'honneur de notre drapeau.
On remarquera parmi eux le nom du sous-
lieutenant Romieu, fils de M. Romieu, di
recteur des Beaux-Arts, blessé dans le com
bat. Tout le monde ajoutera à cette liste le
nom du général Pélissier, à qui revient le
principal mérite de cette belle action de
guerre, et qui vient d'ajouter un" nouveau
service à tous ceux qu il â déjà rendus à la
France et à l'Algérie. henry cauvain.
gllWVftljWUt Çtfc&fpoj le gvîlur<ïi \Tl3Uii ■
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Les articles déposés ne sont pas rendus.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
| On s'abonne, tfinj les départ emens, aux Messageries et avat^Dincticn t 'de poste.—A Lunires, chez MM. C ovie st fils.
\ .— A Strasbourg, chez M. AUxaNDUE, pour l'Allemagne. ' .
S'adresser, franco
à M. DBN
Les annonces sont reçues chez M. PANIS, régisseur, 10, placi
I et au bureau du journal.
Nous avons terminé, hier le Prolo
gue d 'ïsaac Laquedem . On a pu voir par
3a manière large avec laquelle M.
Alexandre Dumas aborde son sujet,
l'immense intérêt qûî""dovt s'âttaclier
au drame qu'il compte faire passer sous
les y eux de ses lecteurs.
Trois feuilletons seront encore con
sacrés à une INTRODUCTION, dans
.laquelle M. Alexandre Dumas fera,
comme il le dit, son pèlerinage à Jéru
salem, guidé par l'étoile des poètes qui
tour à tour y a conduit, avant lui,
Chateaubriand, Michaudet Lamartine.
Ces trois feuilletons seront publiés-
mercredi, jeudi et vendredi prochains.
Nous commencerons le mercredi sui
vant, c'est-à-dire le 5 janvier, la publi
cation d'IsAAc Laquedem , pour ne l'in
terrompre que lorsqu'un changement
d'époque permettra une suspension qui
ne nuira pas à l'intérêt.
Nous comptons , à partir de jan
vier, consacrer chaque semaine qua
tre feuilletons à l'œuvre importante de
M. Alexandre Dumas. - ■
M. A. Lireux continuera à publier le
lundi de chaque semaine sa Revue des
Théâtres. Le mardi sera réservé à l'ar
ticle de Critique musicale, qui reste
confié au talent de M, Fiorentino , si
justement apprécié de nos lecteurs.
La nouvelle administration du Cons
titutionnel , ne voulant rien négliger
pour ajouter encore à la variété de ces
revues hebdomadaires, vient de s'atta
cher M. Amédée Acii,\rd , qui écrira
chaque dimanche une Chronique de la
semaine : nul mieux que lui ne pou
vait remplir ce cadre, pour lequel il
ne faut pas seulement la plume facile
et spirituelle de l'homme de goût,
mais encore les relations étendues de
l'homme du monde.
Un journal est le miroir de son épo
que; il doit en refléter la physionomie
sous toutes ses faces, en reproduire le
mouvement sous toutes ses formes. Pé
nétrés de cette vérité, nous suivrons
les travaux de l'intelligence dans tou
tes ses bi'anches, et nous restituerons
aux critiques d'art et de littérature la
place légitime qui leur appartient dans
îa presse quotidienne.
Nous publierons régulièrement, tous
les quinze jours, en A r ariétés, une Revue
artistique et une Revue littéraire, qui
alterneront, le lundi de chaque se
maine. Il en sera de même de la Revue
scientifique et de la Revue agricole,
qui désormais paraîtront aussi, alter
nativement, le jeudi.
M. Rapetti nous donnera chaque
mois des articles spéciaux sur les diffé
rais cours du haut enseignement scien
tifique et littéraire.
Enfin, les noms les plus aimés du
public et les plus éminens de l'époque,
viendront successivement prendre pla
ce dans ce journal, où ils donneront
des articles de variétés d'un ordre élevé
et d'un puissant intérêt.
PARIS 9 ' 23 DECEMBRE,
Le gouvernement de Louis-Napoléon a dé
finitivement constitué le crédit foncier en
France le jour où il a décrété la formation
d'un grand établissement central, siégeant à
Paris, embrassant la presque totalité de la
France, ayant des succursales ou des direc
tions dans chaque ressort de cour impériale,
émettant des obligations sur un type unique,
et devant commencer ses opérations par
prêter uniformément au taux de 5 0/0, amor
tissement compris, sur toute l'étendue du
pays-
Aujourd'hui que ce vaste établissement de
crédit est à la veille de fonctionner, il nous
paraît utile de faire connaître en termes clairs
et précis les bases de son organisation, ainsi
que les moyens d'action et les combinaisons
financières qui paraissent devoir en assurer
le succès.
Le nouvel établissement, comme tous les
établissemens de ce genre, forme entre l'em
prunteur et le prêteur un intermédiaire qui
évite au capitaliste l'embarras des investiga
tions, et qui lui assure le paiement exact des
intérêts ainsi que de l'amortissement de son
prêt, en ajoutant à la garantie du proprié
taire, lié par son engagement, celui de la so
ciété organisée avec un capital susceptible
d'être porté jusqu'à 60 millions.
Le mécanisme de l 'institution repose sur
l 'émission d'obligations foncières ou de let
tres de gage, créées en représentation des
emprunts, et toujours assises sur des inscrip
tions hypothécaires. de valeur équivalente,
mais ne portant aucune indication des pro
priétés ou du nom des propriétaires, et ne
constatant autre chose que rengagement de
la sue&tc doat l'iEM-Vfef&ï&a a jfSaerw! fea
garanties individuelles.
Aux termes des statuts, "ces obligations
sont au porteur. Elles donnent droit à un
intérêt dbnt lé taux est .fixé par le conseil
^d'administration- au moment •dé leur émis
sion. Elles sont appelées au remboursement
par voie de tirage au sort, chaque tirage
comprenant le nombre d'obligations néces
saire pour opérer l'amortissement des obli
gations dans le même temps que le capital
prêté. Les statuts -ont, en outre, autorisé la
banque de crédit foncier à attacher des lots
et des primes aux obligations, et nous ver
rons plus loin tout le parti qu'elle a tiré de
cette faculté.
Le mode d'émission des obligations ou let
tres de gage pouvait s'effectuer de deux ma
nières. On pouvait, à l'imitation de ce qui se
pratique dans quelques Etats d'Allemagne,
remettre ces obligations aux emprunteurs en
leur laissant le soin de les négocier eux-mê
mes; mais il était à craindre que les proprié
taires, pressés par le besoin d'argent, ne les
cédassent au-dessous de leur taux nomi
nal, et il n'en aurait pas fallu davantage
pour compromettre l'avenir de l'institution.
Le nouvel 'établissement a préféré, et avec
grande raison, verser argent comptant tou
te la somme qu'elle prête aux emprun
teurs, en se chargeant d'émettre elle-même
les obligations représentatives du versement.
On comprend, en effet, qu'une société, cons
tituée avec toutes les garanties possibles,
doive trouver, plus aisément que les simples
particuliers, des capitalistes disposés à échan
ger leurs espèces contrer ses obligations.
Cela posé, la grande affaire pour la banque
foncière de la France, c'était de trouver les
moyens de placer sûrement ses obligations.
Le problême .ne laissait pas que d'offrir des
difficultés. L'intérêt qu'elle pouvait attacher
aux obligations devait être en rapport avec
celui qu'elle demandait aux emprunteurs.-
comment, en prêtent aux propriétaires
moyennant une annuité de S 0/0, compre
nant l'intérêt, l'amortissement et les frais
d'administration, attribuer aux obligations
des avantages suffisans pour en assurer le
placement? La subvention de 10 millions,
accordée par le gouvernement, permet
tait , il est vrai, d'élever l'intérêt des
premières obligations émises jusqu'à con
currence de 200 millions. Mais était-on cer
tain de les négocier rapidement, en se con
tentant de leur allouer un intérêt de 4 0/0,
avec la perspective d'un remboursement au
pair? N'était-il pas possible d'en rendre le
placement plus facile au moyen de com
binaisons financières qui leur donnassent un
attrait particulier ? Voilà ce que s'est deman
dé la société générale de crédit foncier, et,
en recherchant quels sont les titres qui ont
obtenu le plus de faveur dans ces derniers
temps, elle a été conduite à une combinaison
qui ne peut manquer de réussir.
Les procédés de crédit ne sont pas restés
stationnaires au milieu du progrès général
de toutes choses. De même qu'on s'ingénie,
dans les différentes branches de l'industrie
manufacturière , à varier la composition
ou la forme des produits pour satisfaire
tous- les goûts et pour stimuler la con
sommation, de même on a cherché, dans
les appels faits au crédit par les éta
blissemens publics ou par les grandes
entreprises d'utilité générale, à offrir des
conditions de placement variées qui con
vinssent aux tendances et aux prédilections
des différentes natures de capitaux. Il suffit
de parcourir la feuille journalière des cours
de la Bourse pour reconnaître tout ce qu'il
y a d'ingénieux dans ces divers moyens ima
ginés pour attirer et utiliser les épargnes
qui restaient improductives entre les mains
dec possesseurs.
Deux modes d'emprunt ont . surtout fixé
l'attention de la société de crédit foncier,
parce qu'ils ont été pratiqués avec le plus
grand succès au moment de la dernière re
naissance du crédit, nous voulons parler des
obligations émises par.la ville de Paris et des
obligations émises par les compagnies de
chemins de fer.
Pourquoi la ville de Paris voyait-elle, en
1845, ses anciennes obligations de 1,000 fr.,
portant 40 fr. d'intérêt, cotées 1,470 fr., tan
dis que le 5 0/0 ne valait que 121 fr.? Pour
quoi a-t-elle pu négocier ses nouvelles obli
gations, produisant §0 fr. d'intérêt, à raison
de 1,227 fr., le 3-avril de cette aimée, c'est-à-
dire à une époque où la situation des affai
res ne permettait pas encore d'espérer des
conditions aussi avantageuses? Pourquoi
enfin ces nouvelles obligations sont-elles de
mandées aujourd'hui au prix de 1,375 fr. ?
C'est que la ville a attaché à ces obligations
des lots plus ou moins considérables répar
tis par un tirage au sort. Ainsi la somme à
distribuer de cette manière entre les der
nières obligations, s'élève à 168,000 fr. par
semestre eu 336,000 fr. par an. En réalité,
cette somme, appliquée à des obligations mon
tant à 50 millions, ne représente guère
qu'une prime annuelle de 6 fr. 72 par cha
que obligation. Mais lé porteur a la chance de
gagner, à l'un des tirages, un lot de 2,500 à
50,000 fr. Cette espérance suffit pour l'a
mener à se contenter d'un intérêt moindre
de son capital.
Pourquoi les compagnies de chemins de
fer ont-elles trouvé à placer leurs obligations
à un intérêtrelativementpeu élevé? Pourquoi
ces obligations sont-elles recherchées aujour
d'hui au-dessus de leur taux d'émission?EUes
ne doivent pas, comme les actions, profiter
de l'accroissement des recettes des chemins.
Mais, en revanche, elks aat droit à une pri-
1 DM tëfâ rtfïiBtnH'jSfeEÊcemt. 'Oa ta 1 rfctfàluerfy
quand elles_ tomberont au sort, un quart ou
un cinquième en sus du capital versé: C'est
cette perspective d'augmentation de capital,
jointe à la sécurité du.plaçeflaeafejqui a fait
la fortune des obligations.
Qu'a imaginé la . banque foncière eii se
rendant compte des causes de réussite de ces:
deux modes d'emprunt ? Elle s'est proposé
de prendre à chacun ce qui avait assuré son
succès, savoir : Le système des lots au mode
d'emprunt de la ville de Paris, le système
des primes de "remboursement au mode
d'emprunt des compagnies de chemins de
fer. C'est sur l'alliance de ces deux moyens
que repose toute, l'économie de la combinai
son adoptée pour l'énfesion des obligations
foncières.
La société va émettre 100,000 certi
ficats de dépôt, qui n'entraîneront d'abord
qu'un versement de 200 fr., et qui 'seront
ensuite convertis en obligations foncières,
à mesure qu'ils seront désignés par le sort,
en complétant le versement de 1,000 fr. Le
porteur de certificat n'a droit à aucun inté
rêt; mais dès qu'il est appelé, et cela' dans
l'espace de deux années au .maximum; à Con
vertir son titre en obligation foncière, il a
droit à un intérêt de 3 0/0; il concourt, dans
tous les cas, à quatre tirages par année, de
lots qui monteront, pour les deux premières
années, à 1,200,000 fr.; pour les années sui
vantes à .800,000 fr., et qui varieront de,
5,000 à 100,000 fr. Enfin, les obligations dé
1,000 fr. doivent être remboursées, par voie
de tirage au sort,- sur le pied de 1,200 fr.
Ajoutons que les porteurs des titres de
cette première émission auront, en outre, le
droit de souscrire un nombre égal de titres
de la seconde émission, mais avec cette dif
férence qu'ils devront les payer 1,100 fr. au
lieu de 1,000, de telle ssrte que les nouveaux
Certificats de 200 fr. ne seront délivrés que
moyennant une somme de 300 fr.
Si l'on a bien compris le mécanisme de
cette combinaison , on a pu reconnaître
qu'il consiste à faire un prélèvement sur
l'intérêt des sommes versées, à l'ajouter à
l'intérêt provenant de la subvention du gou
vernement, et à appliquer cette somme à
des lots et des primes de remboursement.
Quelques personnes ontprétendu voir là une
sorte de rétablissement de la loterie. Il n'y a
rien de semblable. D'abord, on voit que,
sur les 800,000 fr. affectés annuellement
aux lots et primes après les deux premières
années, 400,000 fr. sont fournis par l'inté
rêt de la subvention de 10»millions, d'où
il suit que 400,000 francs seulement
•sont prélevés sur l'intérêt des sommes
versées montant à 200 millions, ce qui
représente à peine 1/5 p. 0/0. Il faut remar
quer d'ailleurs que ce qui constitue le prin
cipe et par cela même l'immoralité de
la loterie, c'est l'anéantissement du capital
qu'on y a porté. Or, le souscripteur d'o
bligations foncières, loin dé compromet
tre son capital, doit, au contraire, le
retirer avec une augmentation. Les obli
gations foncières, comme nous le disions
plus baut, participent des obligations de
la ville de Paris en ce qu'elles donnent droit
à des lots, et des obligations des compagnies
de chemins de fer en ce qu'elles donnent
droit au remboursement d'un capital plus
considérable que le capital versé. Aussi, bien
qu'elles présentent des chances aléatoires
aux détenteurs, n'en ont-elles pas moins le .
caractère d'une sorte de caisse d'épargne ,
puisqu'elles servent, dans une certaine me
sure, à l'accumulation du capital.
Ce qu'il faut voir surtout dans le système
adopté par le nouvel établissement, c'est un
moyen heureux d'assurer le placement des
obligations, placement sur lequel repose
l'existence même de toute institution de cré
dit foncier. Si les obligations sont recher
chées, comme tout l'annonce, les émis
sions suivantes pourront avoir lieu à des
conditions encore plus favorables. Déjà
la société, tout en donnant aux porteurs des
titres de la première émission le droit de
souscrire les titres de la seconde, stipule
qu'elle ne leur livrera ces nouvelles obliga
tions de 1,000 fr. que moyennant 1,100 fr.
Il est permis de croire que, lorsque vien
dra le moment de la troisième émission, elle
pourra porter le prix à 1,200 fr. C'est-à-dire
qu'elle obtiendra l'argent à un taux de plus
en plus bas, et qu'elle' pourra, à son tour,
diminuer le taux de l'intérêt qu'elle fait payer
aux propriétaires emprunteurs. Ainsi, quoi-
qu'en touchant, la subvention de 10 millions
elle n e se soi t en gagée à prêter, à raison de 5 0/0,
amortissementeompris,qu'une somme de 200
millions, elle a, dès à présent, la certitude de
pouvoir continuer ses opérations ultérieures
dans les mêmes et bientôt dans de meilleu
res conditions. Est-il donc téméraire^defpré-
voir le moment où la société pourra prêter à
raison de 4 0/0 intérêt compris ? Nous ne le
croyons pas. Grâce à la nouvelle institution
de crédit, la propriété et l'agriculture sont
désormais appelées à participer, comme le
commerce et l'industrie, à la baisse progres
sive du lover des capitaux. j. burat.
Hier matin, l'Empereur a reçu à Compiè
gne diverses députations, notamment celle
de Ham.
Bans la journée, S. M. est allée visiter les
ruines de Pierrefonds, et, à son retour,'a
présidé le conseil des ministres.
Nous apprenons que S. M. a ajoutél0,000fr.
au premier don qu'il avait fait au maire de
Compiègne, pour la fondation de salles d'a
sile dans cette ville. L'Empereur a ainsi don
né 20,000 fr. pour la ci eatin. d'un établis
sement si utile aux classes laborieuses*.
Les fttrés éràtos cforétÉexsfes ont éga
lement obtenu une somme de 2,000 fr.
Divers anciens militaires ont obtenu des
secours montant à une somme de 500 fr.
L'Echo de l'Oise donne les détails suivans
: sur la visite de l'Empereur aux hospices de
Compiègne :
« Misrdi, à dix heures, l'Empereur est sorti
du palais dans une voiture fort simple, à deux
chevaux, pour aller visiter les hospices, accompa
gné du général Canrohert. Avaient pris place
dans la voiture, le préfet de l'Oise et le maire
de Compiègne. Arrivé ^ sur la place du Château,
l'Empereur a renvoyé son escorte.
» Napoléon III a visité les hospices dans tous les
moindres détails, s'enquéraotavec une sollicitude
touchante des besoins de ces établissemens. Il est
entré dans la chapelle de l'hôpital dés indigens,
où il a fait une courte prière. De là, S. M.
s'est rendue ,à l'hospice des malades, , où elle
-a été reçue par les administrateurs et les sœurs.
Après avoir visité les salles et avoir témoigné plu
sieurs fois sa satisfaction de les voir si .bien te
nues, il a donné à M Stocldy, ancien chirurgien-
major des armées, médecin en chef des hospiees,
la croix d officier de la Légion-d'Honneur, en ré
compense de ses longs services et des soins qu'il
prodigua avec tant d'abnégatiori aux malades ci
vils et militaires. L'Empereur a attaché lui-même
à" la boutonnière'de M. Stockly la décoration qui
brillait à celle de M. le préfet. La sœur supérieu
re,"sœur Massin, a été décerëe de la croix de la
Légion-d'Honneur. C'est après quelques difficultés
que cette digne sœur s'est laissé attacher sur la
poitrine cette récompense de tous les services
qu'elle a rendus à l'hospice qu'elle dirige d'une
manière si remarquable depuis un grand nombre
d'années. Toutes les personnes qui connaissent la
sœur supérieure applaudiront au tact si bienveil
lant de S MI, qui va chercher le méritej>artout
où. il se trouve, si caché qu'il soit.
» L'Empereur a terminé sa visite par un don
de 2,000 fr. pour achat de linge
» Une somme de 1,000 fr. a également été ac
cordée aux hospices de Sentis. »
M. Corneille vient d'être élu député au
Corps Législatif pour le département de la
Seine-Intérieure, dans l'arrondissement é--
lectoral de Neufchàtel, en remplacement de
M. Desjobert, qui a donné sa démission.
Rien d'officiel encore sur la composition
du cabinet anglais. Le Morning-Herald an
nonce qu'à une heure avancée de la soirée d'a-
vant-hier,.la formation de l'administration
nouvelle n'avait fait que peu de progrès. D'a
près ce journal, lord JohnRussell désirerait
être ministre des affaires étrangères, bien
qu'il fût prêt à accepter tout ce que lord
Aberdeen lui offrira. Le Times, mieux dis
posé pour la combinaison qui se prépare,
se porte garant du parfait désintéressement
de lord JohnRussell, et croit que les difficul
tés seront promptement aplanies. Il fait à
l'avance l'éloge du futur cabinet, qui ne sera
pas destiné, ait-il, à faire de bons soldats
avec des recrues. Toutefois, ce journal
admet qu'il y aura- pour la nouvelle ad
ministration de sérieux obstacles à vaincre,
et il fait un aveu qu'il est fort utile d'en-
.:xegistrer, car on ne saurait trop mettre
' en lumière les inconvéniens du régime parle
mentaire. « Depuis quelques années, dit le
» Times, il n'est pas un seul parti qui ait été
» capable de gouverner la nation, et voilà ce
» qui rend le gouvernement presque impos-
» sible. » A la bonne heure, c'est parler
franc.
Du reste, les premiers symptômes de la
mauvaise humeur des radicaux, exclus de
la.combinaison, commencent à percer dans
leurs feuilles. L'une d'elles, le Daily-Ntics,
"rappelle que lord Aberdeen n'a pas tou
jours passé pour un bon libéral. Une au
tre, le Morning - Advertiser , dit plus crû
ment encore, qu'un ministère formé sous
les auspices de lord Aberdeen et deM.Glads
tone serait un gouvernement rétrograde et
réactionnaire.
Le séjour de l'empereur d'Autriche à Berlin
et les incidens qui s'y rapportent occupent
toujours presque exclusivement les feuilles et
les correspondances d'A lie magne. A un grand
dîner, auquel assistaient tous les grands digni
taires de la cour, les généraux en activité et
en disponibilité, les ministres, les conseillers
privés et plusieurs étrangers de distinction,
S. M. le roi de Prusse.a porté un toast, au
nom de tous les convives, aux deux empe
reurs d'Autriche et de Russie.. L'empereur
François-Joseph a répondu à ce toast en por-,
tantà son tour la santé du roi, de la famille
royale et de S. M. le czar. -
. L'empereur a visité l'arsenal et la ca
serne du second régiment des bulandsdela
garde. Il a été agréablement surpris en
voyant dans la salle où dînent les offi
ciers de ce régiment, son portrait, ainsi
que celui du général Jellachich, devant
lequel il s'est long-temps arrêté ; au bas de
ce portait se trouve la signature du général et
sà devise : Avec Dieu à la fortune du soldat !
C'est le baron Jellachich lui-même qui a fait
don de ce portrait au régiment, pour répon
dre aux félicitations fraternelles que le corps
d'officiers lui avait adressées pendant sa la
borieuse campagne de 1848.
Les visites que fait l'empereur ont surtout
pour but les etablissemens militaires de la
Prusse. Ainsi, il s'est rendu à l'institution
des Cadets, où il a été reçu par le général
■ Radowich, qui était naguères le partisan le
plus déclaré de l'unité allemande combinée
avec l'aggrandissement de l'influence prus-,
sienne.
Dans l'après-midi du 19, il y a eu grande
réception militaire chez S. M. l'empereur,
qui a adressé aux officiers réunis les pa
roles suivantes : «Je suis charmé, Messieurs,
» de vous voir en aussi grand nombre autour
» de moi, vous, représentai de l'armée
» prussienne, que j'ai eu l'occasion d'appren-
» are à connaître hier. L'armée de votre au-
» guste roi a fait preuve de fidélité et de cou-
» rage dans des temps difficiles. Or c'est l'es-
» prit d'honneur et de loyauté qui forme
» un lien indissoluble entre toutes les ar-
» mées vaillantes : c'est cet esprit qui lie
» mon armée à l'armée ^prussienne. C'est
» pourquoi je puis exprimer ici la fer-
» me conviction que les deux armées, quels
» que soient les événemens qui puissent ar-
» river, resteront fortement unies en con-
» fraternité d'armes. »
Le départ de l'empereur devait toujours
avoir lieu le 21, et il devait s'arrêter à Dresde
où l'attendait, son frère, l'archiduc Charles,
Le roi de Hanovre et le duc de Brunswick
oui étaumi venus à Berlin pour complimen
ter l'empereur,- seart r^ouraés deaas leurs
Etats. -
Eu attendant la solution de la question
douanière, le gouvernement autrichien a
fait savoir qu'il autoriserait l'entrée ep fran-
chise-decertainesmatièrespremiëres, comme
la houille et les laines.
DÉPÊCHE TÉLÉGRAPHIQUE.
Bruxelles, jeudi 23 décembre.
Le projet de loi portant ratification de la
convention commerciale conclue entre la
Belgique et la France, a été adopté par la
chambre des représentans belges par 62
voix contre 8.
Il y a eu 16 abstentions.
Le ministre de l'intérieur du nouveau
cabinet espagnol vient d'adresser aux gou
verneurs des provinces une circulaire qui
peut être considérée comme le programme
politique de l'administration dont il fait par
tie, et dont nous reproduisons, à ce titre,
quelques passages relatifs' aux faits qui ont
motivé la derniere crise :
Les ministres de S. M., dit la circulaire, croient
qu'on ne peut mettre en doute la convenance,
1 opportunité et même la nécessité de réviser et de
réformer sur quelques points les-lois politiques de
l'Etat. L'expérience éclatante dont ont donné un
témoignage solennel les différons ministères qui
ont gouverné Je pays depuis sept ans, ministè
res dont oat fait partie des personnes d'opi
nions et dé communions politiques différentes,
quoique animées toutes du plus vif désir de
servir avec loyauté leur reine et leur patrie,
et douées la plupart de qualités éminentes; les
occasions répétées dans lesquelles ces différens
ministères, malgré leur désir reconnu et sincère
de conserver intactes les lois dont la garde et le
maintien leur avaient été confiés, se sont écartés
de leur texte littéral, forcés et contraints par la
loi plus impérieuse du sal ut public; toutes ces cir
constances sont à la fois des preuves et des
causes de l'impérieuse nécessité de modifier et de
mettre d'accord avec la situation et les circonstan
ces dans lesquelles se trouve le pays, quelques
points des lois fondamentales. Mais quand môme
ces causes n'existeraient pas et qu'il ne serait pas
d'une urgente et palpable nécessité de mettre d'ac
cord la loi écrite avec les faits irrémédiables et
fréquens; encore est-il hors de doute qu'une fois
certaines questions portées au jugement du pays
. par les hauts pouvoirs de l'Etat, elles doivent être
examinées et résolues. .
Le cabinet précédent a présenté à S. M. et au
pays divers projets de réforme de la Constitution
et des lois organiques, et le gouvernement de
S. M. croit arrivé le moment d'éclairer suffi
samment l'opini'on publique sur ces projets au
moyen d'une discussion consciencieuse, approfon
die, modérée, mais libre. Ce terrain reste ouvert
dès à présent à tous-les .parti s légitimes et à toutes
les opinions sincères, et, quand sera venu le jour,
les conseillers de 1acouronne, après avoir mûre
ment médité les raisons de tous, et avec l'autorisa
tion de "Sa Majesté, présenteront leurs projets de
réforme à l'examen impartial et éclairé descortès.
Rehausser, s'il est possible, la splendeur et le pres
tige du trône, symbole de toutes les traditions et
de toutes les gloires de la nation sans que pour
cela les bases essentielles du régime représen
tatif puissent souffrir quelque atteinte, sans
que puisse disparaître le droit d'examiner et
de discuter en publie les actes des minis
tres, et en ajoutant aux institutions actuelles
de nouveaux élémens de stabilité et de con
servation, tel est le grand problème que, tous,
nous essaierons de résoudre, et sur lequel au
moment venu, devroht prononcer leur jugement
solennel les corps législatifs. Tels sont, Monsieur
le gouverneur, la pensée et les vues du gouverne
ment, relativement il la lutte électorale qui se pré
pare. La velonté de S. M. est que, après vous en être
j>énétré, Votre Seigneurie cherche à les incmlquer
dans l'opinion publique, afin que les électeurs
viennent déposer leure votes dans les urnes avec
conviction, sans préventions et avec des sentimens
conformes à la loyauté proverbiale espagnole. Ce
que je communique à Votre Seigneurie d'ordre
royal pour votre gouverne et à tous effets de droit.
Dieu vous garde do longues années.
Madrid, 17 décembre 1852. ixorente.
Au gouverneur de la province de...
M. Bravo-Murillo , ancien président du
conseil, et M. Bordiù, ancien ministre de
l'intérieur, ont dû partir le 18 pour Bor
deaux. M. Pereiradel Villar a été nommé di
recteur du trésor. Le gouverneur de Madrid
n'était pas encore remplacé.
Le général Pélissier, qui a si vigoureuse
ment conduit l'attaque et la prise de Là-
ghouat, a adressé au gouverneur-général un
rapport circonstancié sur ce brillant fait
d'armes. Après avoir raconté comment il
avait éclairé les abords de la place par une
forte reconnaissance, et quelles dispositions
avaient été prises pour établir la batterie de
brèche, M. le général Pélissier continue en
ces termes : "
« L'obstacle consistait en trois grandes tours re
liées par des courtines. Le feu fut dirigé d'abord
sur la tour centrale, plus élevée que les deux an*
très, afin d'en déloger les défenseurs, puis sur
celle de droite, puis enfin sur les courtines re
liant ces deux tours, pour faire brèche et livrer
passage aux colonnes d'assaut. Vers dix heures la
brèche était praticable, malgré les efforts de l'en
nemi pour la réparer.
» Pendant ce feu, que le lieutenant Caremel di
rigea avec une précision, une intelligence et un
sang-froid admirables, et qui fit le plus grand hon
neur à ses canonniers, le feu de l'ennemi continua
avecune vivacitéqui ne s'éteignit qu'avec la chute
des tours, et sa pièce de canon, habilement défi
lée et servie par des artilleurs tunisiens, ne cessa
de tirer sur le marabout. Les obusiers de monta
gne, dont l'un était placé sur notre terre-plein et
l'autre dans la plaine en avant du cam p des troupes
d'attaque, ne purent faire taire son feu. J'avais
ordonné la veille de placer l'un des . obusiers sur
le sommet du mamelon qui avoisine le marabout
et a du commandement sur sa coupole. De la
position que j'avais indiquée, il eût protégé la
batterie et contribué à faire taire le feu des tours
"et des jardins. Un épaulement en sacs à terre
l'eût parfaitement couvert. Mais cette prescrip
tion ne fut pas exécutée, à cause (me fut-il dit
faussement) de l'escarpement de .la crête. Je l'ai
beaucoup regretté et je lé regrette encore. Dans
ce poste périlleux du marabout, nous eûmes quel
ques pertes. Le maréehal -dGS -logis d'artillerie
Mi Ilot fut tué vers la fin de l'action par l'embra
sure de sa pièce, et plusieurs de ceux que les be
soins du service obligeaient de se prolonger sur
la crête rocheuse qui nous reliait au camp furent
blessés à mort.
» Déjà j'avais fait organiser les colonnes d'atta
que. Deux bataillons de zouaves, l'un du 1 er régi
ment sous les ordres du chef de bataillon Barrols,
l'autre du 2 e sous ceux du chef de bataillon, de
Malafosse, devaient se. réunir sur la brèche, en
passant, le premier sur le versant est du mara
bout, le second sur le versant ouest. Dans cha
cun de ces bataillons j'avais fait encadrer les
pelotons de travailleurs et les porteurs d'échel
les. Le commandant Morand avec son bataillon
de zouaves, au centre duquel brillait l'aigle du
2 e régiment, devait appuyer le mouvement des
deux premiers; et enfin, le lieutenant-colonel Gé
rard, aveç deux compagnies d'élite du 50* «t les
compagnies d'oetrupafôcm du marahtfut, couvrait
ta nnone de l'attaaû' p - et les plans de ses colonnes
ta queue ae iaixaqu^ génie Brunon devait ,
d assaut. Le c3 .pit3.in6 ..
marcher à la tête de cette dr^ • ,
„ Dès que le capitaine RenSo^ \™
aides-de-camp, que j'avais chargb _ ) ou <;
cette organisation , vint me prévenir v <„ u t
était prêt, et après que le capitaine Brunon m v:
confirmé par son avis mon appréciation person
nelle que la brèche était praticable et que le-
moment était venu , j'ordonnai de cesser le feu,
et je fis sonner la marche des zouaves et la
charge. Ainsi que je vous l'ai dit dans ma lettre
du 4, peinture fidèle de ce moment solennel, léa
colonnes d'attaque s'élancèrent comme l'ouragan
et balayèrent les défenseurs de la brèche, malgré:
la résistance la plus fanatique et la pluâ opiniâtre.
Le commandant de Malafosse et le capitaine Ma-
noilvrier de Fresne pénétrèrent les premiers dans :
la place. Je me portai avec mon état-major et te '
lieutenant-colonel Cler, des zouaves, à la tête de
là colonne Morand ; je franchis la brèche, et je*;
compris que la ville était à nous.
» J'avais pensé d'abord qu'en arrière des tours
et des courtines échancrées par nos boulets, il se
trouverait, sans doute, un autre retranchement*
et j'avais prescrit que, dans ce cas, les têtes ds
colonne ne se laissassent pas emporter par lerar'
ardeur, «t qu'un logement fût fait dans ces rui
nes, qui commandent Laghouat. Je fus bientôt dé
livré de. ce souci : l'obstacle n'existait pas.Aussi le
commandant de Malafosse,bien inspiré, entraîna sa
colonne en avant. Les zouaves du 1" régiment
poursuivirent âussi leur mouvement. J ordonnai
alors de rallier une partie du bataillon de soutieny
pour parer aux dangers inattendus de cette.
»uerre de rues et de maisoas. Mais le cœur bouil-
.ant de Morand l'avait emporté avec sa tête de.-,
colonne. Comme je vous l'afdii, la niasse des trois
bataillons descendait, comme un lït.uve débordé^
de la position dominante occupée par les tours. Un ■
mouvement électrique dirigeait tous les bT.aves
zouaves vers la maison de Ben-Salem, qui est eH
uelque sorte la casbah de la ville, et qui servait
e château au chérif. Cest en y courant que le
commandant Morand fut blessé à la cuisse et tom
ba. Le lieutenant-colonel de Ligny, qui me précé
dait, fit enfoncer la porte de cette espèce de cita
delle par le chaouch Ah-med-ben-Abdallah, de
la direction d'Oran : cet officier supérieur et les .
zouaves s'y jetèrent tête baissée. Quelques minu
tes après, l'aigle du 2 e de zouaves, auquel le lieu
tenant de spahis Siquot indiqua le vrai chemin/
mon guidon de commandement, le fanion de Mo
rand, flottaient sur cette demeure toute percée de
meurtrières, mais où les fanatiques du chérif,
épouvantés, n'osèrent pas opposer la résistancei
désespérée à laquelle nous nous attendions. Eli
m'y portant, j'eus la douleur de rencontrer le ca
pitaine Brunon, le poignet droit traversé par un0 '
balle. A partir de ce moment, Laghouat était à
nous, et je poussai les zouaves sur les versans la
téraux, et jusqu'au bas de la ville, où commen
çaient à paraître les premiers soldats du général
Yusuf. »
Le rapport explique ensuite les disposi
tions prises par le général Yusuf pour tenter
l'escalade sur un autre point. Cé chef habile
et intrépide devait attendre le signal qui an
noncerait le succès de la première attaque. En
voyant I ps têtes de colonne qui s'élevaient
sur la brèche, l'enthousiasme de ses soldats
fut au comble. Le général les précipita aus
sitôt sur la ville ;
« Il lança le capitaine Gérard avec trois com
pagnies du 2 e bataillon d'Afriqu% sur les murs
qui bordent les jardins au nord et à l'ouest, avec
ordre d'y pratiquer des créneaux et d'en déloger
les défenseurs. Une compagnie armée d'é
chelles, une autre armée d'outils, et une com
pagnie indigène du bataillon d'Alger coururent
sur le mamelon qui, de ce côté, commande là
ville, et le couronnèrent en un. clin d'oeil. Ces
trois compagnies étaient soutenues par deux
compagnies de la colonne Pein et les tirailleurs
indigènes du commandant Rose. Le 60 e formait
la réserve, et quelques volées d'obus protégeaient
ce mouvement ascensionnel.
» Cette colonne d'attaque, malgré une vive
mousqueterie, emporta vivement les hauteurs,
et avec un élan irrésistible arriva au pied de la
muraille. Malgré les efforts de l'ennemi, les échel
les furent appliquées, les ob tacles franchis; et le
général Yusuf, dirigeant avec ensemble et préci
sion l'envahissement de la ville, amena en trois
quarts-d'heure sa tête de colonne jusqu'au point
central de la ville où nous étions arrivés, et je pus
dès lors lui donner directement mes ordres. Je fis
arborer son guidon â côté du mien.
» J'avais eu la précaution d'envoyer le lieute
nant-colonel de Ligny avec la 4° coœpagniedu ba
taillon léger d'Afriqueet la compagniede tirailleurs
indigènes de Mostaganem,pour s'assurer de la pièce
de cancn de l'ennemi. Bientôt ce brillant officier
vint m'annoncer que ce trophée était en notre
pouvoir. Pendant que je faisais de la casbah de
Ben-Salem mon quartier général, on m'apportait
les drapeaux du chérif et des gens de Laghouat,
leurs "tambours, leurs munitions.... La ville était
pleine d'approvisionnemens; le butin fut considé
rable. » .
Le rapport raconte ainsi un incident sur
lequel une version incomplète avait été pu
bliée :
« Malheureusement, dans la nuit du 4 au 5, un
groupe d'une vingtaine de chevaux s'approcha
d'un peloton du 2 e chasseurs, en criant qu'il était
porteur d'une dépêche pressée et faisait partie de
nos goums. L'officier commandant, M. Amilca, fut
dupe de cette ruse de guerre. Au moment où il
reconnaissait son erreur, les cavaliers arabes pi
quèrent des deux et disparurent dans les ombres
de la nuit; on les. poursuivit vainement.
» Il m'est impossible de vous dire encore si le
chérif d'Ouergla faisait partie de ces fuyards, ou
si, comme on le croit généralement, il est au
nombre des cadavres. J'ai dû donner l'ordre au
lieutenant-colonel Cler, que j'ai établi provisoire
ment commandant supérieur de Laghouat, de les
faire enterrer promptement, afin d'éviter les in
fluences pestilentielles qui rendraient la ville in
habitable. Dans la nuit qui a suivi l'assaut, plus
de 300 hommes, qui étaient parvenus à se cacher
dans les jardins, sont venus déposer les armes. En
ce moment, nous avons 4S0 prisonniers en état dé
faire le coup de fusil, et plus de 1,200 femmes et
enfans. »
Le général rapporte en terminant un épi
sode qui peindra, dit-il, l'esprit des troupes
et de leurs chefs :
« Quand le digne général Bouscaren fut rap
porté blessé à son bivouac, les troupes prirent
spontanément les armes et les. lui présentèrent :
Vive le général ! crièrent les soldats. — Non pas,
mes amis, mais : Vive la France! répondit le no
ble blessé. »
Le rapport est suivi par l'indication des
officiers, sous-officiers et soldats qui se sont
signalés dans cet assaut mémorable. En at-
ces braves militaires qui ont si énergique-
ment-soutenu l'honneur de notre drapeau.
On remarquera parmi eux le nom du sous-
lieutenant Romieu, fils de M. Romieu, di
recteur des Beaux-Arts, blessé dans le com
bat. Tout le monde ajoutera à cette liste le
nom du général Pélissier, à qui revient le
principal mérite de cette belle action de
guerre, et qui vient d'ajouter un" nouveau
service à tous ceux qu il â déjà rendus à la
France et à l'Algérie. henry cauvain.
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