Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-12-02
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 02 décembre 1852 02 décembre 1852
Description : 1852/12/02 (Numéro 337). 1852/12/02 (Numéro 337).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 357.
Prix de Tâtonnement.
SEP AKTEBiEl» '.\
16 ya. para trois hou
PARIS :
13 fr. POUR TROIS MOIS.
.toi htmèro : centimes.
90m usa pats itoangiu, m reporter au
tableau publié dans le tournai, les 16 et '
3P5 de chaque mois;
Toute lettre non affranchir sera rigoureusemen,
Les articles déposés De sont pas rendus
BUREAUX : rue de Valet* (Palal«-R*yal), n* to.
;. 'i ïiB+tfo it "sm&u,
' 'TT 33—
1852. -JEUDI 2 DÉCEMBRE.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
S'adresser, franco, pour
à 11. dbnain, (fà '&fetrr .
rte _
On iabonne, dans les département, aux Messageries et aux&irçetims de pwlc*T-A Londres, chez MM. C owie et fils.
— A Strasbourg, chez m. àléxan»re, peur C Allemagne,
Les tJôa&« sol . reçues chez M. PANIS, régisseur, 10, place d!
- ~ et au bureau du journal.
PARIS, X" DÉCEMBRE.
liUt OÊCHKlHEtR
tn y a 'un an, une insurmontable inquié
tude pesait sur le monde. Ce serait même
une étude curieuse et instructive que de re
lire aujourd'hui ce qui se disait dans toutes
les lettres, ce qui s'imprimait dans tous les
journaux de l'Europe, sans eh excepter les
feuilles qui se montrent maintenant les plus
acharnées contre la France et contre son gou
vernement. On n'y trouverait que des plain
tes monotories sur une situation qui ne pou
vait se prolonger, que des conjectures in
quiètes sur des luttes que tous entrevoyaient
avec effroi, que de sinistres prédictions pour
l'avenir. :
■ Pendant que tous les organes de l'opinion
européenne faisaient entendre ce concert la
mentable, le commerce, découragé, reculait
devant le moindre effort, l'industrie suspen
dait ses travaux, et des millions d'hommes
appréhendaient de voir disparaître, avec leur
travail, le pain de leurs familles. Partout
les gouvernemens rappelaient leurs soldats
sous les drapeaux, faisaient inspecter leurs
forteresses, rassemblaient des canons. Une
inquiète agitation se manifestait dans tou
te» les capitales, dans toutes les grandes vil
les d'Europe : il semblait qu'un abattement
commun, un effroi contagieux se fussent
emparés de tous les peuples.
Pourquoi l'Europe était^lle ainsi trou
blée? pourquoi les souverains se sentaient-
ils" mal affermis sur leurs trônes f pourquoi
les peuples semblaient-ils tous appréhender
la guerre civile ? G'est que la France, épuisée
dé forces et de patience, se tordait sur un lit
de douleur. C'est que personne, en Europe,
depuis le pair d'Angleterre jusqu'aux minis
tres du czar,n'ouvrait une lettre de France
sans une crainte secrète d'y trouver, comme
eu 1848, l'annonce d'une révolution. Qui
pouvait dire alors ce qui sortirait de cette
fiévreuse agitation entretenue par les partis
coalisés 1 Qui n'appréhendait une nouvelle
explosion du volcan, et un nouveau débor
dement de la lave révolutionnaire.
Aujourd'hui la paix, 'l'activité, la sécurité
régnent partout en Europe. Les parlemens
dè Londres et de Berlin viennent de se réu
nir au milieu des assurances d'une tran
quillité "universelle. Ce sont les traités de
commerce qui sont devenus la grande af
faire (tes gouvernemens et des peuples, qui
passionnent les journaux et défraient les
conversations. Ce sont les travaux publics,
les chemins de fer, les entreprises industriels
lès qui préoccupent les esprits curieux de
l'avenir. La Prusse songe à mettre Berlin en
communication directe et rapide avec Paris;
l'Autriche,à relier par des douanes commu
nes et des chemins de fer l'Italie à l'Allema
gne ; le Piémont, à percer le Mont-Cenis ; la
Suisse, à vaincre ses Alpes, et à faire tomber
ses remparts naturels. v
' Pourquoi tout est-il calme et travail en
Europe ? pourquoi tous les souverains pen
sent-ils à diminuer leurs armées ? pourquoi
tpus les peuplés semblent-ils entrevoir un
avenir désormais sans nuages? Cette paix
universelle est l'écho d'une parole dite
à Bordeaux : — « Quand la France est
» satisfaite, le monde est tranquille-*.—
Cette France, l'an passé , source d'inquié
tude et d'effroi; cette France, fiévreuse
et exaltée, cette France, espoir de la déma
gogie européenne, qui pouvait,en jetant son
épée dans le plateau du mal, emporter et
ruiner la civilisation chrétienne , la France
est satisfaite !
La France est satisfaite,"parce que la barr
barie a été vaincue ; parce que tout ce qui
lui est cher et sacré, la religion, la famille,
la propriété, l'autorité, la justice, a été re-
roi* en honneur, après avoir été trop long
temps attaqué et vilipendé. La France est
satisfaite, parce que l'autorité ayant re
couvré ses droits, la religion son empire et
s»ïn influencé; 1 l'armée sa popularité, les
honnêtes gens leur repos, le "travail sa sécu
rité, toutes les sources de la prospérité ,
un instant taries,se sont rouvertes et coulent
avec plus d'abondance; parce qu'à la torpeur
a succédé l'activité, au découragement la
confiance, à la misère la prospérité, à l'ef
froi de toute la civilisation l'estime et la ré
connaissance du monde
La France est satisfaite, surtout, parce-
qu'après une douloureuse et décisive épreu
ve, elle revient am véritables conditions de
son existence nlmonale ; parce que les
institutions républicaines dans lesquelles
elle n'avait pas foi, font de nouveau pla
ce au pouvoir monarchique qui répond
mieux à ses traditions A à ses habitudes in
térieures, à ses besoins internationaux. Elle
est satisfaite parce qu'e cette monarchie se
rétablit sans violence, sans larmes, sans
secousse, au milieu d'un calme profond,
par la pacifique et libre expression de sa vo
lonté souveraine. Elle est satisfaite parce
que ce trône qu'elle relève de ses mains
sympathiques sera dignement occupé par le
prince auquel elle doit d'avoir échangé tou
tes les douleurs du passé contre toutes les
joies, toutes les espérances du présent.
Commerçans ou ministres, industriels ou
grands seigneurs, simples citoyens ou rois,
vous tous qui contribuez, par votre sagesse
ou vos efforts, par votre luxe ou votre la
beur à la vie de l'Europe, ouvrez sans crain
te ces lettres, .ces journaux qui vous ap
porteront -les nouvelles du 2 décembre
1852. Ils vous dironfqu'en ce jour, anniver
saire d'Austerlitz, une grande'victoiré à été
gagnée sur les' passions, sur les mauvais
instincts de la société moderne, sur les vrais
ennemis de toute civilisation. Ils vous diront
qu'en ce jour la Francè a réparé le mal
qu'elle s'est fait à elle-même et qu'elle a fait
au monde. Ils vous diront qu'en ce jour,
au milieu des plus ardentes acclamations,
un nouveau souverain, un Empereur a
fait son entrée aux Tuileries ; que la re
connaissance du peuple l'y a porté, que les
besoins du temps l'y appelaient, et que le
bonheur de la France et du monde l'y con
servera. . cucheval-clarigny.
L'annonce de la séance,du soir.dans la
quelle devait être arrêtée la déclaration du
Corps Législatif sur le vote des 21 et 22 no
vembre avait attiré un grand concours du
public. Des dames s'y étaient rendues en
jrand. nombre. Les curieux qui n'avaient
pu trouver place dans les tribunes rem
plissaient la salle des conférences, et il
y avait en outre un nombreux public aux
abords du palais. En attenant le départ des
membres du Corps Législatif, pour Saint-
CIoud, il pouvait jouir de la vue du palais
magnifiquement illuminé au gaz du côté de
la place ; on apercevait aussi les j cours rem
plies de voitures, et tous lès députés qui con
tinuaient d'arriver en grand costume.
A huit heures, la séance a été levée, après
le vote de la déclaration dont on trouvera le
texte plus loin", et presqu'aussitôt les mem
bres de l'Assemblée prenaient place dans les
voitures que MM. les questeurs avaient fait
disposer à l'avance.
Le cortège s'est mis en marche, précédé
d'un détachement du 7° régiment de lan-*
ciers; les voitures du président et du bu
reau étaient en tète; un second détache
ment de lanciers fermait la marche.
Des lanciers portant des torches étaient
disposés à droite .et à gauche.
Le cortège est sorti' par la grillfe de la
place du Corps Législatif; il a suivi la rue
de l'Université jusqu'à l'esplanade des In
valides, qu'il a traversée ; puis il a pris le
quai d'Orsay, le pont d'Iéna, et s'est rendu à
Saint-Clotid, où le" Corps Législatif est des
cendu de voiture au pied du grand péristyle.
Une estrade, recouverte en velours rouge
avait-été disposée aytfond de la grande ga
lerie. Un fauteuil y avait été placé à.droite v
et à gauche était un pliant. ( < '.
Les sénateurs se sont placé's à droite de
l'estrade, les cardinaux en tête; les députés
à gauche. Le vice-président du conseil d'E-
tat-et les présidens de section se sont rangés
sur les marches de l'estrade.
M. le comte Bacciochi, maître, des cérémo
nies, est allé prévenir alors le Prince que
l'assemblée était au complet, ét Lotus-Napo
léon est arrivé, précédé de sa maison mili
taire, et suivi du roi Jérôme et de son fils,
de ses ministres et de sa maison civile.
Louis-Napoléon a pris place Sur l'estrade,
ayant à sa droite lé roi Jérôme; et à sa gau
che le prince Napoléon. Le prince-Prési-
pent était en costume d'officier général avec
le pantalon, rouge; le roi Jérôme en grand
costume de maréchal de France avec le
pantalon et les bottes à l'écuyère ; le prince
Napoléon en habit noir.
M. Billault, président du Corps Législatif,
s'est approché de l'estrade et a prononcé le .
discours suivant :
« sire,
« Nous apportons à Votre Majesté l'expression
solennelle de la volonté nationale. Au plus Tort
des ovations que vous décernait l'enthousiasme
populaire, peu pressé de ceindre une couronne
qu'on- vous offrait t dè toutes parts, vous avez désiré-"
quela France se recueillit: vous avez voulu qu'elle
ne prit que de sang-froid, dans sa pleine liberté,
cette suprême décision par laquelle un peuple,
maître de lui-même, dispose souverainement de
sa destinée. ,
» Votre vœu, Sire, s'est accompli : un scrutin
libre, secret, ouvert à tous, a'été dépouillé loyale
ment sous les yeux de tous; résumant en une
seule huit millions de volontés, il donne à la légi
timité de votre pouvoir la plus large basé sur la
quelle se soit jamais assis un gouvernement en ce
n^onde. Depuis ce jour où six millions de voix re
cueillies pour vous par le pouvoir même qu'elles
vous appelaient à remplacer vous ont remis le
sort de la-patrie, la France, à chaque nouveau
scrutin, a marqué par de nouveaux millions de
suffrages l'accroissement continu de sa confiance .
en , vous. En dehors comme eh dedans de ses
comice?, dans ses fêtés comme dans ses votes,
Fartout, ses sentimens ont éclaté : d'un bout à :
autre du pays se précipitant sur vos uas,
accourant de toutes parts pour saluer, ne fut-ce
que de'loin, l'homme de leurs espérances et de
leur foi, nos populations ont assez fait voir au
inonde nue vous étiez bien leur Empereur, l'Em- •
pereur foulu par le peuple; que vous aviez bien
avec vous cet esprit national, qui, au jour mar
qué par la Providence, sacre les nouvelles dynas
ties et les asseoit àla place de celles qu'il n'anime
plus.
» Abritant sous un immense souvenir de gloire
ce qu'elle a de plus précieux, son honneur au -
dehors, sa sécurité au dedans, et ces immortels
principes de 1789, bases désormais-inébranlables ?
de, la nouvelle société française si puissamment i
organisée pàrTEBîpereur-votreonclô. notre nation *
relève avec un orgueilleux amour celte dynastie ■'
des Bonaparte, sortie de son sein, et qui ne fufc :
point renversée par des mains françaises. Mas. ■
tout en gardant un fier souvenir des grandes choses : :
de la guerre, elle espère surtout en vous pour les -i
grandes choses dé la paix. Vous avant déjà vu à
l'œuvre, elle attend de vous un gouvernement ré- v
solu, rapide, fécond. Pour vous y aider, elle vous '•
entoure de toutes ses sympathies, elle se livre à
vous tout entière : prenez donc, Sire, prenez des
mains de la France cette glorieuse couronne
qu'elle vous offre : jamais aucun front royal n'en
aura porté dé plus légitime ni de plus populaire.
Tous les députés ont alors crié Vive l'Em-
pereur ! et M. Billault a remis ènlre les mains
de l'Empereur la déclaration dont voici le
texte :
Déclaration du Corps Législatif. '
le coups législatif,
•Vu le sénatus-consulte, en date du 7 novembre
18S2; " , .
Vu le décret du même jour, appelant le peuple
français dans ses comices, pour accepter ou reje
ter le projet de plébiscite proposé par le Sénat ;
Vu le décret du 7 novembre 1852, eonvoquant
le Corps Législatif à l'effet de constater la'régula-
rité des votes, d'en faire le recensement et d'en
déclarer le résultat;
Après avoir examiné et vérifié dans les séances
de ses bureaux des 26, 27, 28, 29,30 novembre et
1" décembre, les procès-verbaux du vote des 86
départemens, de l'Algérie et des armées de terre
et de mer
..Après avoir entendu, dans ses séances publiques
des 3Q novembre et 1 er décembre, les rapports
**çui lui ont été faits au nom de ses bureaux, et
avoir consacré par un vote, à la suite de chacun
de ces rapports, la régularité des opérations et
l'exactitude des chiffres recensés, tels qu'ils sont
établis dans le tableau annexé au présent procès-
verbal;
Considérant qu'en présence de l'immense, majo
rité des suffrages reconnue dès aujourd'hui ac
quise au projet de plébiscite, il n'y a pas lieu
d'attendre quelques procès-verbaux dressés dans-
des localités éloignées et dont la vérification sera
ultérieurement faite, et que, pour donner satis
faction au vœu national, il convient de proclamer
sans délai le grand événement qui fixe les desti
nées de la France;
constate :
l°Que les opérations du vote ont été partout li
brement et-régulièrement accomplies;
2° Que le recensement général des suffrages
émis sur le projet de plébiscite a donné :
sept millions huit cent vingt-quatre mille
cent quatre vingt-neuf (7,824J89) bulletins
portant le mot OÛI;
Deux cent cinquante-trois mille cent quarante-
cinq (253,145) bulletins portant lé mot non.
Soixante-trois mille trois cent vingt-six (63,326)
bulletins nuls.
En conséquence, le Corps Législatif
déçla1ve :
Que le peuple français, convoqué dans ses co
mices les 21 et 22 novembre 1852, a accepté le
plébiscite suivant :
« Le peuple français veut le rétablissement de.
v la dignité impériale dans la personne de Louis-
» Napoléon Bonaparte, avec hérédité dans sa
» descendance directe, légitime ou adoptive, et
» lui donne le droit de régler l'ordre de succes-
» sion au trône dans la famille Bonaparte, ainsi
». qu'il est dit dans le sénatus-consulte du 7 no-
» vembre 1852. »
Le cri unanime d et^Vive l'Empereur l ac
cueille cette déclaration, et le Corps Législa
tif décide par acclamation qu'il se rendra ce
soir, à huit heures, au palais de Saint-CIoud,
pour présenter à S. M. l'Empereur le résul
tat des votes du peuple français.
Fait au palais du Corps Législatif en séance
publique le 1 er décembre 1852.
Le président du C oups L égislatif,
B illault.
- ' Les secrétaires;
, D alloz, le duc i)e T arente, le baron
E s CHASSERIAT j tc , D ugas.
' ■% -
M. de Mesnard, vice-président du Sénat a
:pris à son tour la parole en ces termes :
« sire,
» Le Corps Législatif a fait connaître la volonté
souverainerile la France !
» En rétablissant la dignité impériale dans la
personne et dans la famille de Votre Majpsté, en
-i *ous donnant-la couronne qu'elle avait placée il y
a un demi-siècle sur le front du vainqueur de
Marengo, la France dit assez haut quels sont ses
vœux, et comment, rattachant le présent au passé,
elle confond ses espérances avec ses souvenirs. '
-» Ce trône, où. Votre Majesté va s'asseoir, de
quelque force," de quelque splendeur qu'il soit en
toure, trouve dans la puissance dç l'opiniou pu-
blnjue ses plus solides tondetnens.
« L'Empire, c'cït là paix, » a dit Votre Majes
té dans une mémorable circonstance. La voix du
pays ajoute : L'Empire, c'est , le maintien des
rapporta internationaux dans toute la dignité d'une,
réciprocité amicale; c'est la religion honorée
sieurs reprises par les acclamations de toute
■ l'asse mblée :
« Messieurs,
» Le nouveau règne que vous inaugurez
» .aujourd'hui, n'a pas pour origine, comme
» tant d'autres dans l'histoire, la violence,
» la conquête" ou la ruse ; il est, vous venez
» de le déclarer, le résultat légal de la vo-
» lonté de. tout un peuple, qui consolide au
» milieu du calme ce "qu'il avait fondé au
» sein des agitations. Je suis pénétré de re-
» connaissance envers la nation qui
" » fois en quatre années, m'a soutenu de ses
» suffrages, et chaque fois n'a augmenté'sa
» majorité que pour accroître mon pouvoir,
» Mais plus ce pouvoir gagne en étendue
» et en force vitale, plus il a besoin d hommes
» éclairés comme ceux qui m'entourent cha-
» que jour, d'hommes indépendant eomme
» ceux auxquels je m'adresse pour me gui-
» der par leurs conseils, pour ramener mon
» autorité dans de justes limites si elle pou-
» vait s'en écarter jamais.
» .Je prends dès aujourd'hui avec la cou-
» ronne le nom de Napoléon III, parce que
» la logique du peuple me l'a déjà donné
» dans ses acclamations, parce que le Sénat
» l'a proposé légalement ét parce que la na-
» tion entière l'a ratifié.
» Est-ce à dire cependant qu'on acceptant
» ce titre, je tombe dans l'erreur reprochée
» au Prince qui, revenant de l'exil, déclara
» nul et non avenu tout ce qui s'était fait
» en son absence? Loin de moi un semblable
'i> égarement. Non seulement je reconnais
» les gouvernemens qui m'ont précédé ,
» mais j'hérite en quelque sorte de ce qu'ils
» ont fait de bien ou de mal ; car les gou-
» nemens qui se succèdent sont, malgré leur
d 'origine différente, solidaires de leurs de-
» vanciers. Mais plus j'accepte tout ce que
» dépuis 50 ans l'histoire nous transmet a-
» vec son inflexible autorité, moins il m'é-
» tait permis de passer sous,silence le règne
» glorieux du chef de ma famille, et le titre
» régulier, quoi qu'éphémère de son fils,
» que les chambres proclamèrent dans le
jd dernier élan du patriotisme vaincu.
» Ainsi donc le titre de Napoléon III n'est
» pas une de ces prétentions dynastiques et
» suranpées qui semblent* une insulte au
» bon sens et à la vérité. C'est l'hommage
» rendu à un gouvernement qui fut légiti-
»" me et auquel n'ous devons les plus belles
»' pages de notre histoire moderne. Mon rè-
*» gne ne date p^as de 1815, il date de ce mo-
» ment même où vous venez me faire con-
» naître les suffrages de la nation.
; » Recevez donc, mes remercîinens, Mes-
» sieurs les députés, pour l'éclat que vous*
» avez donné à la manifestation de la vo-
» lonté nationale en la rendant plus évi-
» dente par votre contrôle' plus imposante
» par votre déclaration.
» Je vous remercie aussi; Messieurs les
» sénateurs, d'avoir voulu être les premier^
» à m'adresser vos félicitations, comme vous
» avez été les premiers à formuler le vœu
» populaire.
» Aidez-moi tous à asseoir sur celte terre,
comme elle mérite de l'être; c'est la condition des if , , , , . , , , .. „
classes laborieuses et souffrantes devenue l'objet) ® bouleversee par tant de révolutions, un
d'une constante sollicitude; c'est la. discipline . » gouvernement stable, qui ait pour bases
la religion, la justice, la probité, l'amour
des classes soutirantes.
; » Recevez ici le serment que rien ne me
» coûtera pour assurer la prospérité de la
» patrie, et que, tout en maintenant la paix,
» je ne céderai rien de ce qui touche à l'hon-
» neur et à la dignité de la France. »
1/ippant et fécondant la prospérité publique; en
fin, c'est l'apaisement des partis, c'est une large
et libre place laite à toutes les capacités et à tou
tes les intelligences, auxquellës on demandera
seulement où elles,vont, et non plus d'où elles
viennent. ,
» Voilà pourquoi, Sire, tant de millions de voix
vous défèrent cette couronne impériale promise à
votre naissance, reconquise par votre mérite, ren
due à votre nom par l'acte -le plus solennel de
la souveraineté du peuple, ■
» Nous prions Votre Mjijesté d'accueillir avec
bonté les hommages et les félicitations du Sénat.»
Dp nouvelles acclamations ont suivi ce
discours, et quand le silence a été rétabli,
l'Empereur, d'une voix forte et accentuée, a
lu le discours suivant , interrompu à plu-
Après ce discours, accueilli par de nou
veaux cris de Vive l'Empereur! vive Napo
léon III, l'Empereur a adressé la parole aux
cardinaux et aux sénateurs les plus rappro
chés de l'estrade, puis il est rentré dans ses
appartemens, et la réunion s'est sépàrée, pé
nétrée de la grandeur de l'acte qui venait de
s'accomplir. *
. Le secrétaire de la rédaction, l. boniface. ,
On annonçait te soir que les généraux
Saint-Arnaud et Magnan étaient nommés
maréchaux.
On assurait que le décret paraîtrait de
main au Moniteur.
A partir de demain, l'Empereur fixera sa
résidence, aux Tuilçries.
Le Sénat s'est 'réuni aujourd'hui à deux
heures.
■•Le ministre de l'intérieur a adressé aux
préfets la circulaire suivante pour la pro
clamation du rétablissement de l'Empire :
Paris, le 27 novembre 1852.
Monsieur le préfet,
Le résultat, du vote pour 1b -rétablissement de
l'Empire n'est point encore complètement con
nu, mais il dépassera de'quatre à cinq cent mille
voix le vote du 20 décembre.
La proclamation de Napoléon III aura lieu, à
Paris, le jeudi 2 décembre. Prenez dès aujour
d'hui vos dispositions pour qu'elle ait lieu, eji
place publique, le dimanche 5 décembre, dans
toutes les communes de votre département, ou ïe
dimanche suivant dans les communes où là nou
velle ne pourrait arriver à.temps, A cet effet,ceu-
certez-vous avec les autorités civiles et militaires.
La proclamation devra être faite en présence de
toutes les autorités, par les préfets dans le chef-
lieu du département, par les sous-préfets dans les
chefs-lieux d'arrondissement, et dans les autres
communes par les maires assistés de leurs conseils
municipaux. Les troupes et la garde nationale se
ront sous les armes.
Quant à ce qui concerne l'autorité religieuse/
le ^gouvernement' sera toujours; touché du con
cours spontané du clergé ; mais aujourd'hui il ne
s'agit encore que de la proclamation politique du
rétablissement de l'Empire, les cérémonies reli
gieuses officielles devant être réservées pour une
autre époque. •
Recevez, Monsieur lé préfet, l'assurance de ma
considération distinguée.
Le ministre de l'intérieur,
f. de persigny.
On lit dans le Moniteur.:
« La proclamation de l'Empire sera faite
jeudi matin; à dix. heures, suria place de
l'Hôtel-de-Ville, par le préfet de la Seine, en
touré du corps municipal de Paris.
» L'armée et la garde nationale seront re
présentées à cette solennité.
» Des salves d'artillerie suivront la lecture
de la déclaration du Corps Législatif. »
Une estrade, décorée dè tentures et pa-
voisée, s'élève en ce moment sur la place de
l'Hôtel-de-Ville pour cette solennité devant
l'entrée principale que surmonte la statue
d'Henri IV.
La place a été déblayée des pierres qui
l'encombraient. Tout a pris déjà un air de
fête. Un transparent, peint par M. Séchan,
cachera la partie du beffroi en réparation,
et sera illuminé le soir, ainsi que l'Hôtel-de-
Ville toutentier.
Il n'a point été dressé d'estrade à l'entrée
des Tuileries ; aucun préparatif n'a été fait
non plus à l'Arc-de-Triomphe, l'Empereur,
devant se rendre de Saint-CIoud à Paris sans
temps d'arrêt.
S. M. partira de Saint-CIoud à midi.
Les cours et tribunaux ne tiendront point
d'audience demain jeudi.
Dans cliaque ville de garnison, toutes les
troupes prendront les armes et se rendront
en grande tenue sur la place publique où
devra se faire la proclamation. Une salve de.
cent et un coups de canon sera tirée pen
dant la cérémonie, partout où il y a de l'ar-
tillérie. - ■ -
Les troupes défileront ensuite et rentre
ront dans leurs quartiers. Les punitions in
fligées pour fautes légères contre la disci
pline seront levées. Une journée de solde et
une ration de vin seront accordées à chaque
sous-officier et soldat .
GARDE NATIONALE DE LA SEINE.
Le 13® bataillon est commandé pour assigpr.
demain jeudi à la proclamation de l'Empire à
l'Hôtel-de-Ville. Ce même bataillon se rendra en
suite aux Champs-Elysées pour assister à l'entrée
de l'Empereur. w
De la Porte-Maillot au palais des Tuileries, la
haie, à la droite de l'Empereur, sera formée par
la garde nationale de la Seine, dont les bataillons
se suivront dans l'ordre ci-après :
TEUILLEÏON DU CONSTITUTIONNEL, 2 [DÉCEMBRE
BENÉÈ DE VARVILLE'.
■ xvn.
- . . , ' ■> ' . *
SOtS JLÏS ARBRES.
C'était une belle nuit de printemps que
,celle où Théodore et Renée se trouvaient
seuls au milieu de là campagne.
; Il y a ainsi, à Paris, quelques beaux jours
Îirématurés , qui viennent,suspendre les
i oids encore piquans du mois de mars, et
donnent un avant-goùt des chaleurs de l'été,
pour vous replonger ensuite dans toutes les
rigueurs d'une saison glacée.
Le soleil avait été .chaud, le jour brillant;
mais il finissait de bonne heure et presque
subitement, comme il arrive dans cette sai
son, où l'hiver n'a pas encore perdu tous ses
droits. En quelques iustans qui avaient passé
sans être comptés par leurs cœurs amou
reux, la nuit était presque entièrement ar
rivée. Les grands arbres sous lesquels se
trouvaient Théodore et Rence projetaient
une ombre profonde; seulement on aperce
vait àU-dessus de leurs cimes un ciel pur
qui commençait à laisser percer les étoiles,
et, dans le bas, à travers quelques espaces
entre les arbres, la campagne lointaine,
couverte d'une légère vapeur blanchâtre,
montrai t encore la forme presque effacée-du
mont Valérien, et dessinait presque imper
ceptibles les contours des bois.ue Meudon
gur la hauteur.
Jlais tout était calme, silencieux et désert
autour d'eux. Rien ne venait' les distraire
l'un de l'autre.
Et comme la passion concentre sur son
* La reproduction est interdite.
objet toutes les pensées, il leur semblait, en
ce moment, qu'il n'existait rien sur la terre
3u'eux-mèmes. Le monde universel avait
isparu ; il n'y avait plus que deux personnes
ensemble, seules, et qui s'aimaient.
Il y eut .pour chacun une telle félicité du
cœur, qu'un pareil moment, inconnu et in
compréhensible aux aines froides et vulgai
res, porte en lui des compensations pour les
malheurs et les regrets qui naissent de la
passion dans tout le cours de la vie.
Renée sentit une joie pareille à cette joie
ravissante éprouvée aux montagnes de Bour
gogne, le jour où elle vit Théodore pour la
■première fois, et crut voir en lui l'arbitre de
sa destinée.
Théodore aussi oublia tout ce qui s'était
passé depuis ce jour-là ; il lui semblait que
cette femme qui s'appuyait sur son bras était"
encore la jeune fille que son"cœur venait de
choisir pour être sa compagne dans la vie.
Après un silence, où leurs cœurs parlaient
( trop, Renée dit de sa fraîche et douce voix :
f —La nuit dans'celte vallée vaut le jour
sur ma "montagne !... Elle s'arrêta, soupira
et reprit : "—Oh ! non ! non !
Théodore, en voyant que la pensée de
Renée était, comme la sienne, retournée au
jour où ils se rencontrèrent, sentit augmen
ter encore son émotion, et ce fut avec an
goisse qu'il acheva la phrase de la jeune
femme, en disant :
— Non, il y avait l'espérance.
— Mon Dieu ! dit Renée douloureusement,
et un mouvement involontaire la rappro
chant de Théodore, que de chagrins depuis
ce jour-là ! -
— Que de chagrins epeore dans l'avenir !
dit Théodore d'une voix grave et triste.
Une espèce de .plainte, lasble, m$is déchi
rante d'angoisse, s'échappa des lèvres de
Ilenée; elle regarda Théodore, comme pour
lui demander secours contre cet avenir.
Théodore ne put s'empêcher de presser
contre son coeur, avec un indicible mouve
ment de passion, la'femme qui semblait im
plorer ce cœur; mais il fut effrayé lui-même
de son mouvement; il retira son bras, Renée
se recula, et ils restèrent séparés et immo
biles.
Le jeune homme avait senti une si vive
émotion, qu'il voulut s'en rendre maître en
essayant de s'en distraire. Il porta son atten
tion sur les objets extérieurs, et regarda au
tour de lui; mais il ne voyait que Renée,
belle i comme un ange, troublée par sa pré
sence, et lui souriant doucement.
Les émotions spontanées de ces deux
cœurs semblables étaient tellement les mê
mes, que Renée aussi se mit à promener ses
regards sur la campagne, pour faire sortir ^
sa pensée du cercle de leurs propres desti- 1
nées.
— Ah ! dit-elle, pour attirer au-debors
l'attention de Théodore, ne voyez-vous pas,
dans cette nuit qui commence à tout caclier,
ne voyez-vous, pas comme moi, une lumière
au loin qui brille aux yeux? Ainsi quelque
fois, dans ces lieux où je vous rencontrai, et
où j'ai passé mon enfance, j'apercevais com
me cela, le soir, une lumière à l'horizon,
quand la nuit enveloppait nos montagnes.
J'y allais; c'était une humble maison isolée,
et bien souvent sous son toit de chaume, au -
coin de .son,pauvre foyer, vivait une simple
famille, une femme près de son mari, avec
quelques joyeux enfans. Ils ignoraient tout
ce qui se passait sur le reste du globe. Ils
s'aimaient, travaillaient et priaient. C'était
là toute leur vie ! <
Et malgré elle, les yeux de Renée se tour
nèrent vers Théodore, quand elle ajouta
avec un soupir :
— Ah ! qu'ils étaient heureux !
Théodore, troublé, sentit son cœur se ser
rer et essaya de rester dans 'les choses posi
tives de la vie et d'y ramener Renée en di
sant :
— Cette lumière, qui frappe aussi mes
yeux comme les vôtres , elle est bien éloi
gnée de nous. C'est l'éclat du gaz qui illu
mine le chemin de fer. Dans ses nombreux
wagons sont renfermés des gens qui déser
tent leurs demeures, les uns pour des inté
rêts sordides, mais nécessaires; d'autres pour
un gain moins utile, mais dont ils espèrent
V un luxe intérieur où ils croient trouver un
bonheur qui leur manque ; d'autres enfin,
et ce sont les plus nombreux parmi les voya
geurs, courent sans but, sans projet, san3
affaire, pour tuer ce temps qui va pourtant
bien vite, et abréger cette vie qui est déjà
bien courte ; mais la locomotive a beau mar
cher à toute vitesse, • l'ennemi qu'ils fuient
court aussi vite qu'elle, car c'est dans le vide
de leur cœur qu'il s'est installé : il se nom
me ennui, et il ne les quittera pas pendant
.le voyage.
— Ah ! vous parlez de ces courses géné
rales, à la mode de notre temps, comme en
parle mon bon père, reprit Renée. Il est en
nemi des voyages, et il disait souvent que
les changemens de lieu ne peuvent être un
avantage que pour ceux qui perdent à être
connus ; mais que l'on aoit les redouter
3uand on sent en soi des qualités capables
'inspirer l'estime et l'affection, le temps
seul pouvant montrer tout ce qu'on a dans
te cœur... El moi je pensais de même, et je
n'aurais pas voulu perdre une minute de la
vie de ceux qui auraient été .près de moi si
j'avais pu les choisir. Mais, hélas ! je n'ai pas
eu tant de bonheur !
Elle soupira. Car malgré tous ses efforts
pour porter leur attention au dehors, les
chagrins de sa situation la reprenaient à tou
tes les pensées où elle voulait s'attacher. 11
en était, de même pour Théodore. Depuis
quelques instans il n'écoutait plus les paro
les de Renée ; le son enchanteur de sa voix
charmait seulement son oreille et son cœur;
il regardait avec délices son doux visage, qui
venait de s'éclairer, car à l'horizon la lune
, se levait calme et brillante, et toute sa clar
té poétique et lumineuse se portait sur le
délicieux visage de Renée : elle était ravis
sante ainsi.
— Ah! ne put s'empêcher de dire Théo
dore, après avoir promené ses regards, au
tour d'eux, et en les ramenant sur elle, c'est
ici comme dans mon cœur ! Tout est confus
et obscur ; il n'y a que votre figure qui res
plendit, ét c'est en vain que je veux voir
quelque chose ailleurs! Renée, Renée, par
lons de ||pus! parlons de ce bonheur que
nous regrettons tous les deux ! ,
— Hélas ! dit Renée, j'avais tant souhaité
une dernière entrevue pour vous confier
toutes mes idées ! Et pourtant, à présent, j'ai
peine à parler; j'ai peur de parler ! Et ces
instans où nous sommes seuls, je les passe à
chercher des sujets indifférens pour attirer
ailleurs notre attention, Que le cœur a d'é
tranges mystères !... mais, dit-elle plus bas,
il a de singulières souffrances !
— Qu'il parle donc au mien, qui, lui aussi,
ne se comprend pas, et veut a chaque ins
tant les choses les plus contraires !....
— Mon Dieu ! que j'ai souffert depuis trois
mois ! reprit Renee. Et pourtant...
. — Pourtant ï demanda Théodore.
Mais Renée n'osait achever sa pensée, et
Théodore continua :
— Pourtant, lorsque je pense au moment
où, engagé au ciel par des vœux éternels...
loin de vous !...
— Quoi! s'écria Renée; oh! ce n'est pas
possible !
— Qu'ai-je à faire en ce monde à présent?
répondit tristement Théodore ; il me semble
en effet, par momens, que vous quitter est
impossible ! Mais
— Ah ! ne nous séparons pas ! cria Renée
malgré elle; et son accent, avait quelque
chose de la voix de cette pauvre folle qui
leur avait parlé. Et cette inflexion les fryipa
tous les deux.
— Cette femme, ne put s'empêcher de di
re Théodore^ avait cet accent douloureux,
et criait aiqsi : «Ne vous séparez pas! » Si
c'était une voix du ciel, qui grava dans no
tre mémoire ces mots comme,un ordre di
vin I .
— Oui, le ciel ne véutpas que, comme
elle aussi, je perde la raison ï dit Renée. Ne
m'abandonnez pas ! ne me quittez pas pour
vous lier éternellement, loin de moi ! Atten
dez le jour où tout ceci doit finir ! Ah ! plût
au ciel aue ce jour de la mort fût déjà venu,
et que les maux qui la précéderont fùssent
déjà passes !
Et, plus faible à mesure qu'elle appuyait
sa pensée sur elle-même, elle laissa échap
per dès larmes qui brillaient sur sa figure,
eclairée de cette pâle lumière qui la rendait
plus touchante encore.
Théodore retint son cœur, contraignit ses.,
mouvemens, et dans la violence qull se fit
pour rester calme, il s'éloigna de Renée, et
s'appuya contre un arbre. Là, sa tête cachée
dans ses mains pour s'arracher à une; con
templation trop dangereuse, il paraissait
insensible, et Renée fut rassurée.
— Ah ! continua-t-elle, je ne me plain
drais pas, si je pouvais vivre dans une re
traite ignorée de tous.... seule avec mes
souvenirs. Vous savez, ajouta-t-elle en hési
tant-, que je n'ai pas cherché à vous rappe
ler près de moi, et ce que vous ignorez, c'est
que j'ai refusé de reprendre ma liberté que
mon bon père, voulait me rendre pourtant.
Il trouvait,lui, qu'il y en avait assez dans ce
qu'il savait de ma situation, pour, justifier à
ses yeux et aux yeux du monde, une sépa
ration;... mais moi, on m'avait appris que
cette loi du mariage, qui apporte souvent
tant de chagrin, est une loi divine, n iaK
comprise comme tant d'autres, mais qu'il
ne faut pas enfreindre, et que, même com
me loi de la société, il y a encore plus de
malheur à la braver qu'à s'y soumettre,
quandon yest engagé; et je refusai... mais...
Elle s'arrêta. Théodore l'interrogea par un
mouvement qui le fit se-tourner vers elle
involontairement; elle vit, à l'expression
Prix de Tâtonnement.
SEP AKTEBiEl» '.\
16 ya. para trois hou
PARIS :
13 fr. POUR TROIS MOIS.
.toi htmèro : centimes.
90m usa pats itoangiu, m reporter au
tableau publié dans le tournai, les 16 et '
3P5 de chaque mois;
Toute lettre non affranchir sera rigoureusemen,
Les articles déposés De sont pas rendus
BUREAUX : rue de Valet* (Palal«-R*yal), n* to.
;. 'i ïiB+tfo it "sm&u,
' 'TT 33—
1852. -JEUDI 2 DÉCEMBRE.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
S'adresser, franco, pour
à 11. dbnain, (fà '&fetrr .
rte _
On iabonne, dans les département, aux Messageries et aux&irçetims de pwlc*T-A Londres, chez MM. C owie et fils.
— A Strasbourg, chez m. àléxan»re, peur C Allemagne,
Les tJôa&« sol . reçues chez M. PANIS, régisseur, 10, place d!
- ~ et au bureau du journal.
PARIS, X" DÉCEMBRE.
liUt OÊCHKlHEtR
tn y a 'un an, une insurmontable inquié
tude pesait sur le monde. Ce serait même
une étude curieuse et instructive que de re
lire aujourd'hui ce qui se disait dans toutes
les lettres, ce qui s'imprimait dans tous les
journaux de l'Europe, sans eh excepter les
feuilles qui se montrent maintenant les plus
acharnées contre la France et contre son gou
vernement. On n'y trouverait que des plain
tes monotories sur une situation qui ne pou
vait se prolonger, que des conjectures in
quiètes sur des luttes que tous entrevoyaient
avec effroi, que de sinistres prédictions pour
l'avenir. :
■ Pendant que tous les organes de l'opinion
européenne faisaient entendre ce concert la
mentable, le commerce, découragé, reculait
devant le moindre effort, l'industrie suspen
dait ses travaux, et des millions d'hommes
appréhendaient de voir disparaître, avec leur
travail, le pain de leurs familles. Partout
les gouvernemens rappelaient leurs soldats
sous les drapeaux, faisaient inspecter leurs
forteresses, rassemblaient des canons. Une
inquiète agitation se manifestait dans tou
te» les capitales, dans toutes les grandes vil
les d'Europe : il semblait qu'un abattement
commun, un effroi contagieux se fussent
emparés de tous les peuples.
Pourquoi l'Europe était^lle ainsi trou
blée? pourquoi les souverains se sentaient-
ils" mal affermis sur leurs trônes f pourquoi
les peuples semblaient-ils tous appréhender
la guerre civile ? G'est que la France, épuisée
dé forces et de patience, se tordait sur un lit
de douleur. C'est que personne, en Europe,
depuis le pair d'Angleterre jusqu'aux minis
tres du czar,n'ouvrait une lettre de France
sans une crainte secrète d'y trouver, comme
eu 1848, l'annonce d'une révolution. Qui
pouvait dire alors ce qui sortirait de cette
fiévreuse agitation entretenue par les partis
coalisés 1 Qui n'appréhendait une nouvelle
explosion du volcan, et un nouveau débor
dement de la lave révolutionnaire.
Aujourd'hui la paix, 'l'activité, la sécurité
régnent partout en Europe. Les parlemens
dè Londres et de Berlin viennent de se réu
nir au milieu des assurances d'une tran
quillité "universelle. Ce sont les traités de
commerce qui sont devenus la grande af
faire (tes gouvernemens et des peuples, qui
passionnent les journaux et défraient les
conversations. Ce sont les travaux publics,
les chemins de fer, les entreprises industriels
lès qui préoccupent les esprits curieux de
l'avenir. La Prusse songe à mettre Berlin en
communication directe et rapide avec Paris;
l'Autriche,à relier par des douanes commu
nes et des chemins de fer l'Italie à l'Allema
gne ; le Piémont, à percer le Mont-Cenis ; la
Suisse, à vaincre ses Alpes, et à faire tomber
ses remparts naturels. v
' Pourquoi tout est-il calme et travail en
Europe ? pourquoi tous les souverains pen
sent-ils à diminuer leurs armées ? pourquoi
tpus les peuplés semblent-ils entrevoir un
avenir désormais sans nuages? Cette paix
universelle est l'écho d'une parole dite
à Bordeaux : — « Quand la France est
» satisfaite, le monde est tranquille-*.—
Cette France, l'an passé , source d'inquié
tude et d'effroi; cette France, fiévreuse
et exaltée, cette France, espoir de la déma
gogie européenne, qui pouvait,en jetant son
épée dans le plateau du mal, emporter et
ruiner la civilisation chrétienne , la France
est satisfaite !
La France est satisfaite,"parce que la barr
barie a été vaincue ; parce que tout ce qui
lui est cher et sacré, la religion, la famille,
la propriété, l'autorité, la justice, a été re-
roi* en honneur, après avoir été trop long
temps attaqué et vilipendé. La France est
satisfaite, parce que l'autorité ayant re
couvré ses droits, la religion son empire et
s»ïn influencé; 1 l'armée sa popularité, les
honnêtes gens leur repos, le "travail sa sécu
rité, toutes les sources de la prospérité ,
un instant taries,se sont rouvertes et coulent
avec plus d'abondance; parce qu'à la torpeur
a succédé l'activité, au découragement la
confiance, à la misère la prospérité, à l'ef
froi de toute la civilisation l'estime et la ré
connaissance du monde
La France est satisfaite, surtout, parce-
qu'après une douloureuse et décisive épreu
ve, elle revient am véritables conditions de
son existence nlmonale ; parce que les
institutions républicaines dans lesquelles
elle n'avait pas foi, font de nouveau pla
ce au pouvoir monarchique qui répond
mieux à ses traditions A à ses habitudes in
térieures, à ses besoins internationaux. Elle
est satisfaite parce qu'e cette monarchie se
rétablit sans violence, sans larmes, sans
secousse, au milieu d'un calme profond,
par la pacifique et libre expression de sa vo
lonté souveraine. Elle est satisfaite parce
que ce trône qu'elle relève de ses mains
sympathiques sera dignement occupé par le
prince auquel elle doit d'avoir échangé tou
tes les douleurs du passé contre toutes les
joies, toutes les espérances du présent.
Commerçans ou ministres, industriels ou
grands seigneurs, simples citoyens ou rois,
vous tous qui contribuez, par votre sagesse
ou vos efforts, par votre luxe ou votre la
beur à la vie de l'Europe, ouvrez sans crain
te ces lettres, .ces journaux qui vous ap
porteront -les nouvelles du 2 décembre
1852. Ils vous dironfqu'en ce jour, anniver
saire d'Austerlitz, une grande'victoiré à été
gagnée sur les' passions, sur les mauvais
instincts de la société moderne, sur les vrais
ennemis de toute civilisation. Ils vous diront
qu'en ce jour la Francè a réparé le mal
qu'elle s'est fait à elle-même et qu'elle a fait
au monde. Ils vous diront qu'en ce jour,
au milieu des plus ardentes acclamations,
un nouveau souverain, un Empereur a
fait son entrée aux Tuileries ; que la re
connaissance du peuple l'y a porté, que les
besoins du temps l'y appelaient, et que le
bonheur de la France et du monde l'y con
servera. . cucheval-clarigny.
L'annonce de la séance,du soir.dans la
quelle devait être arrêtée la déclaration du
Corps Législatif sur le vote des 21 et 22 no
vembre avait attiré un grand concours du
public. Des dames s'y étaient rendues en
jrand. nombre. Les curieux qui n'avaient
pu trouver place dans les tribunes rem
plissaient la salle des conférences, et il
y avait en outre un nombreux public aux
abords du palais. En attenant le départ des
membres du Corps Législatif, pour Saint-
CIoud, il pouvait jouir de la vue du palais
magnifiquement illuminé au gaz du côté de
la place ; on apercevait aussi les j cours rem
plies de voitures, et tous lès députés qui con
tinuaient d'arriver en grand costume.
A huit heures, la séance a été levée, après
le vote de la déclaration dont on trouvera le
texte plus loin", et presqu'aussitôt les mem
bres de l'Assemblée prenaient place dans les
voitures que MM. les questeurs avaient fait
disposer à l'avance.
Le cortège s'est mis en marche, précédé
d'un détachement du 7° régiment de lan-*
ciers; les voitures du président et du bu
reau étaient en tète; un second détache
ment de lanciers fermait la marche.
Des lanciers portant des torches étaient
disposés à droite .et à gauche.
Le cortège est sorti' par la grillfe de la
place du Corps Législatif; il a suivi la rue
de l'Université jusqu'à l'esplanade des In
valides, qu'il a traversée ; puis il a pris le
quai d'Orsay, le pont d'Iéna, et s'est rendu à
Saint-Clotid, où le" Corps Législatif est des
cendu de voiture au pied du grand péristyle.
Une estrade, recouverte en velours rouge
avait-été disposée aytfond de la grande ga
lerie. Un fauteuil y avait été placé à.droite v
et à gauche était un pliant. ( < '.
Les sénateurs se sont placé's à droite de
l'estrade, les cardinaux en tête; les députés
à gauche. Le vice-président du conseil d'E-
tat-et les présidens de section se sont rangés
sur les marches de l'estrade.
M. le comte Bacciochi, maître, des cérémo
nies, est allé prévenir alors le Prince que
l'assemblée était au complet, ét Lotus-Napo
léon est arrivé, précédé de sa maison mili
taire, et suivi du roi Jérôme et de son fils,
de ses ministres et de sa maison civile.
Louis-Napoléon a pris place Sur l'estrade,
ayant à sa droite lé roi Jérôme; et à sa gau
che le prince Napoléon. Le prince-Prési-
pent était en costume d'officier général avec
le pantalon, rouge; le roi Jérôme en grand
costume de maréchal de France avec le
pantalon et les bottes à l'écuyère ; le prince
Napoléon en habit noir.
M. Billault, président du Corps Législatif,
s'est approché de l'estrade et a prononcé le .
discours suivant :
« sire,
« Nous apportons à Votre Majesté l'expression
solennelle de la volonté nationale. Au plus Tort
des ovations que vous décernait l'enthousiasme
populaire, peu pressé de ceindre une couronne
qu'on- vous offrait t dè toutes parts, vous avez désiré-"
quela France se recueillit: vous avez voulu qu'elle
ne prit que de sang-froid, dans sa pleine liberté,
cette suprême décision par laquelle un peuple,
maître de lui-même, dispose souverainement de
sa destinée. ,
» Votre vœu, Sire, s'est accompli : un scrutin
libre, secret, ouvert à tous, a'été dépouillé loyale
ment sous les yeux de tous; résumant en une
seule huit millions de volontés, il donne à la légi
timité de votre pouvoir la plus large basé sur la
quelle se soit jamais assis un gouvernement en ce
n^onde. Depuis ce jour où six millions de voix re
cueillies pour vous par le pouvoir même qu'elles
vous appelaient à remplacer vous ont remis le
sort de la-patrie, la France, à chaque nouveau
scrutin, a marqué par de nouveaux millions de
suffrages l'accroissement continu de sa confiance .
en , vous. En dehors comme eh dedans de ses
comice?, dans ses fêtés comme dans ses votes,
Fartout, ses sentimens ont éclaté : d'un bout à :
autre du pays se précipitant sur vos uas,
accourant de toutes parts pour saluer, ne fut-ce
que de'loin, l'homme de leurs espérances et de
leur foi, nos populations ont assez fait voir au
inonde nue vous étiez bien leur Empereur, l'Em- •
pereur foulu par le peuple; que vous aviez bien
avec vous cet esprit national, qui, au jour mar
qué par la Providence, sacre les nouvelles dynas
ties et les asseoit àla place de celles qu'il n'anime
plus.
» Abritant sous un immense souvenir de gloire
ce qu'elle a de plus précieux, son honneur au -
dehors, sa sécurité au dedans, et ces immortels
principes de 1789, bases désormais-inébranlables ?
de, la nouvelle société française si puissamment i
organisée pàrTEBîpereur-votreonclô. notre nation *
relève avec un orgueilleux amour celte dynastie ■'
des Bonaparte, sortie de son sein, et qui ne fufc :
point renversée par des mains françaises. Mas. ■
tout en gardant un fier souvenir des grandes choses : :
de la guerre, elle espère surtout en vous pour les -i
grandes choses dé la paix. Vous avant déjà vu à
l'œuvre, elle attend de vous un gouvernement ré- v
solu, rapide, fécond. Pour vous y aider, elle vous '•
entoure de toutes ses sympathies, elle se livre à
vous tout entière : prenez donc, Sire, prenez des
mains de la France cette glorieuse couronne
qu'elle vous offre : jamais aucun front royal n'en
aura porté dé plus légitime ni de plus populaire.
Tous les députés ont alors crié Vive l'Em-
pereur ! et M. Billault a remis ènlre les mains
de l'Empereur la déclaration dont voici le
texte :
Déclaration du Corps Législatif. '
le coups législatif,
•Vu le sénatus-consulte, en date du 7 novembre
18S2; " , .
Vu le décret du même jour, appelant le peuple
français dans ses comices, pour accepter ou reje
ter le projet de plébiscite proposé par le Sénat ;
Vu le décret du 7 novembre 1852, eonvoquant
le Corps Législatif à l'effet de constater la'régula-
rité des votes, d'en faire le recensement et d'en
déclarer le résultat;
Après avoir examiné et vérifié dans les séances
de ses bureaux des 26, 27, 28, 29,30 novembre et
1" décembre, les procès-verbaux du vote des 86
départemens, de l'Algérie et des armées de terre
et de mer
..Après avoir entendu, dans ses séances publiques
des 3Q novembre et 1 er décembre, les rapports
**çui lui ont été faits au nom de ses bureaux, et
avoir consacré par un vote, à la suite de chacun
de ces rapports, la régularité des opérations et
l'exactitude des chiffres recensés, tels qu'ils sont
établis dans le tableau annexé au présent procès-
verbal;
Considérant qu'en présence de l'immense, majo
rité des suffrages reconnue dès aujourd'hui ac
quise au projet de plébiscite, il n'y a pas lieu
d'attendre quelques procès-verbaux dressés dans-
des localités éloignées et dont la vérification sera
ultérieurement faite, et que, pour donner satis
faction au vœu national, il convient de proclamer
sans délai le grand événement qui fixe les desti
nées de la France;
constate :
l°Que les opérations du vote ont été partout li
brement et-régulièrement accomplies;
2° Que le recensement général des suffrages
émis sur le projet de plébiscite a donné :
sept millions huit cent vingt-quatre mille
cent quatre vingt-neuf (7,824J89) bulletins
portant le mot OÛI;
Deux cent cinquante-trois mille cent quarante-
cinq (253,145) bulletins portant lé mot non.
Soixante-trois mille trois cent vingt-six (63,326)
bulletins nuls.
En conséquence, le Corps Législatif
déçla1ve :
Que le peuple français, convoqué dans ses co
mices les 21 et 22 novembre 1852, a accepté le
plébiscite suivant :
« Le peuple français veut le rétablissement de.
v la dignité impériale dans la personne de Louis-
» Napoléon Bonaparte, avec hérédité dans sa
» descendance directe, légitime ou adoptive, et
» lui donne le droit de régler l'ordre de succes-
» sion au trône dans la famille Bonaparte, ainsi
». qu'il est dit dans le sénatus-consulte du 7 no-
» vembre 1852. »
Le cri unanime d et^Vive l'Empereur l ac
cueille cette déclaration, et le Corps Législa
tif décide par acclamation qu'il se rendra ce
soir, à huit heures, au palais de Saint-CIoud,
pour présenter à S. M. l'Empereur le résul
tat des votes du peuple français.
Fait au palais du Corps Législatif en séance
publique le 1 er décembre 1852.
Le président du C oups L égislatif,
B illault.
- ' Les secrétaires;
, D alloz, le duc i)e T arente, le baron
E s CHASSERIAT j tc , D ugas.
' ■% -
M. de Mesnard, vice-président du Sénat a
:pris à son tour la parole en ces termes :
« sire,
» Le Corps Législatif a fait connaître la volonté
souverainerile la France !
» En rétablissant la dignité impériale dans la
personne et dans la famille de Votre Majpsté, en
-i *ous donnant-la couronne qu'elle avait placée il y
a un demi-siècle sur le front du vainqueur de
Marengo, la France dit assez haut quels sont ses
vœux, et comment, rattachant le présent au passé,
elle confond ses espérances avec ses souvenirs. '
-» Ce trône, où. Votre Majesté va s'asseoir, de
quelque force," de quelque splendeur qu'il soit en
toure, trouve dans la puissance dç l'opiniou pu-
blnjue ses plus solides tondetnens.
« L'Empire, c'cït là paix, » a dit Votre Majes
té dans une mémorable circonstance. La voix du
pays ajoute : L'Empire, c'est , le maintien des
rapporta internationaux dans toute la dignité d'une,
réciprocité amicale; c'est la religion honorée
sieurs reprises par les acclamations de toute
■ l'asse mblée :
« Messieurs,
» Le nouveau règne que vous inaugurez
» .aujourd'hui, n'a pas pour origine, comme
» tant d'autres dans l'histoire, la violence,
» la conquête" ou la ruse ; il est, vous venez
» de le déclarer, le résultat légal de la vo-
» lonté de. tout un peuple, qui consolide au
» milieu du calme ce "qu'il avait fondé au
» sein des agitations. Je suis pénétré de re-
» connaissance envers la nation qui
" » fois en quatre années, m'a soutenu de ses
» suffrages, et chaque fois n'a augmenté'sa
» majorité que pour accroître mon pouvoir,
» Mais plus ce pouvoir gagne en étendue
» et en force vitale, plus il a besoin d hommes
» éclairés comme ceux qui m'entourent cha-
» que jour, d'hommes indépendant eomme
» ceux auxquels je m'adresse pour me gui-
» der par leurs conseils, pour ramener mon
» autorité dans de justes limites si elle pou-
» vait s'en écarter jamais.
» .Je prends dès aujourd'hui avec la cou-
» ronne le nom de Napoléon III, parce que
» la logique du peuple me l'a déjà donné
» dans ses acclamations, parce que le Sénat
» l'a proposé légalement ét parce que la na-
» tion entière l'a ratifié.
» Est-ce à dire cependant qu'on acceptant
» ce titre, je tombe dans l'erreur reprochée
» au Prince qui, revenant de l'exil, déclara
» nul et non avenu tout ce qui s'était fait
» en son absence? Loin de moi un semblable
'i> égarement. Non seulement je reconnais
» les gouvernemens qui m'ont précédé ,
» mais j'hérite en quelque sorte de ce qu'ils
» ont fait de bien ou de mal ; car les gou-
» nemens qui se succèdent sont, malgré leur
d 'origine différente, solidaires de leurs de-
» vanciers. Mais plus j'accepte tout ce que
» dépuis 50 ans l'histoire nous transmet a-
» vec son inflexible autorité, moins il m'é-
» tait permis de passer sous,silence le règne
» glorieux du chef de ma famille, et le titre
» régulier, quoi qu'éphémère de son fils,
» que les chambres proclamèrent dans le
jd dernier élan du patriotisme vaincu.
» Ainsi donc le titre de Napoléon III n'est
» pas une de ces prétentions dynastiques et
» suranpées qui semblent* une insulte au
» bon sens et à la vérité. C'est l'hommage
» rendu à un gouvernement qui fut légiti-
»" me et auquel n'ous devons les plus belles
»' pages de notre histoire moderne. Mon rè-
*» gne ne date p^as de 1815, il date de ce mo-
» ment même où vous venez me faire con-
» naître les suffrages de la nation.
; » Recevez donc, mes remercîinens, Mes-
» sieurs les députés, pour l'éclat que vous*
» avez donné à la manifestation de la vo-
» lonté nationale en la rendant plus évi-
» dente par votre contrôle' plus imposante
» par votre déclaration.
» Je vous remercie aussi; Messieurs les
» sénateurs, d'avoir voulu être les premier^
» à m'adresser vos félicitations, comme vous
» avez été les premiers à formuler le vœu
» populaire.
» Aidez-moi tous à asseoir sur celte terre,
comme elle mérite de l'être; c'est la condition des if , , , , . , , , .. „
classes laborieuses et souffrantes devenue l'objet) ® bouleversee par tant de révolutions, un
d'une constante sollicitude; c'est la. discipline . » gouvernement stable, qui ait pour bases
la religion, la justice, la probité, l'amour
des classes soutirantes.
; » Recevez ici le serment que rien ne me
» coûtera pour assurer la prospérité de la
» patrie, et que, tout en maintenant la paix,
» je ne céderai rien de ce qui touche à l'hon-
» neur et à la dignité de la France. »
1/ippant et fécondant la prospérité publique; en
fin, c'est l'apaisement des partis, c'est une large
et libre place laite à toutes les capacités et à tou
tes les intelligences, auxquellës on demandera
seulement où elles,vont, et non plus d'où elles
viennent. ,
» Voilà pourquoi, Sire, tant de millions de voix
vous défèrent cette couronne impériale promise à
votre naissance, reconquise par votre mérite, ren
due à votre nom par l'acte -le plus solennel de
la souveraineté du peuple, ■
» Nous prions Votre Mjijesté d'accueillir avec
bonté les hommages et les félicitations du Sénat.»
Dp nouvelles acclamations ont suivi ce
discours, et quand le silence a été rétabli,
l'Empereur, d'une voix forte et accentuée, a
lu le discours suivant , interrompu à plu-
Après ce discours, accueilli par de nou
veaux cris de Vive l'Empereur! vive Napo
léon III, l'Empereur a adressé la parole aux
cardinaux et aux sénateurs les plus rappro
chés de l'estrade, puis il est rentré dans ses
appartemens, et la réunion s'est sépàrée, pé
nétrée de la grandeur de l'acte qui venait de
s'accomplir. *
. Le secrétaire de la rédaction, l. boniface. ,
On annonçait te soir que les généraux
Saint-Arnaud et Magnan étaient nommés
maréchaux.
On assurait que le décret paraîtrait de
main au Moniteur.
A partir de demain, l'Empereur fixera sa
résidence, aux Tuilçries.
Le Sénat s'est 'réuni aujourd'hui à deux
heures.
■•Le ministre de l'intérieur a adressé aux
préfets la circulaire suivante pour la pro
clamation du rétablissement de l'Empire :
Paris, le 27 novembre 1852.
Monsieur le préfet,
Le résultat, du vote pour 1b -rétablissement de
l'Empire n'est point encore complètement con
nu, mais il dépassera de'quatre à cinq cent mille
voix le vote du 20 décembre.
La proclamation de Napoléon III aura lieu, à
Paris, le jeudi 2 décembre. Prenez dès aujour
d'hui vos dispositions pour qu'elle ait lieu, eji
place publique, le dimanche 5 décembre, dans
toutes les communes de votre département, ou ïe
dimanche suivant dans les communes où là nou
velle ne pourrait arriver à.temps, A cet effet,ceu-
certez-vous avec les autorités civiles et militaires.
La proclamation devra être faite en présence de
toutes les autorités, par les préfets dans le chef-
lieu du département, par les sous-préfets dans les
chefs-lieux d'arrondissement, et dans les autres
communes par les maires assistés de leurs conseils
municipaux. Les troupes et la garde nationale se
ront sous les armes.
Quant à ce qui concerne l'autorité religieuse/
le ^gouvernement' sera toujours; touché du con
cours spontané du clergé ; mais aujourd'hui il ne
s'agit encore que de la proclamation politique du
rétablissement de l'Empire, les cérémonies reli
gieuses officielles devant être réservées pour une
autre époque. •
Recevez, Monsieur lé préfet, l'assurance de ma
considération distinguée.
Le ministre de l'intérieur,
f. de persigny.
On lit dans le Moniteur.:
« La proclamation de l'Empire sera faite
jeudi matin; à dix. heures, suria place de
l'Hôtel-de-Ville, par le préfet de la Seine, en
touré du corps municipal de Paris.
» L'armée et la garde nationale seront re
présentées à cette solennité.
» Des salves d'artillerie suivront la lecture
de la déclaration du Corps Législatif. »
Une estrade, décorée dè tentures et pa-
voisée, s'élève en ce moment sur la place de
l'Hôtel-de-Ville pour cette solennité devant
l'entrée principale que surmonte la statue
d'Henri IV.
La place a été déblayée des pierres qui
l'encombraient. Tout a pris déjà un air de
fête. Un transparent, peint par M. Séchan,
cachera la partie du beffroi en réparation,
et sera illuminé le soir, ainsi que l'Hôtel-de-
Ville toutentier.
Il n'a point été dressé d'estrade à l'entrée
des Tuileries ; aucun préparatif n'a été fait
non plus à l'Arc-de-Triomphe, l'Empereur,
devant se rendre de Saint-CIoud à Paris sans
temps d'arrêt.
S. M. partira de Saint-CIoud à midi.
Les cours et tribunaux ne tiendront point
d'audience demain jeudi.
Dans cliaque ville de garnison, toutes les
troupes prendront les armes et se rendront
en grande tenue sur la place publique où
devra se faire la proclamation. Une salve de.
cent et un coups de canon sera tirée pen
dant la cérémonie, partout où il y a de l'ar-
tillérie. - ■ -
Les troupes défileront ensuite et rentre
ront dans leurs quartiers. Les punitions in
fligées pour fautes légères contre la disci
pline seront levées. Une journée de solde et
une ration de vin seront accordées à chaque
sous-officier et soldat .
GARDE NATIONALE DE LA SEINE.
Le 13® bataillon est commandé pour assigpr.
demain jeudi à la proclamation de l'Empire à
l'Hôtel-de-Ville. Ce même bataillon se rendra en
suite aux Champs-Elysées pour assister à l'entrée
de l'Empereur. w
De la Porte-Maillot au palais des Tuileries, la
haie, à la droite de l'Empereur, sera formée par
la garde nationale de la Seine, dont les bataillons
se suivront dans l'ordre ci-après :
TEUILLEÏON DU CONSTITUTIONNEL, 2 [DÉCEMBRE
BENÉÈ DE VARVILLE'.
■ xvn.
- . . , ' ■> ' . *
SOtS JLÏS ARBRES.
C'était une belle nuit de printemps que
,celle où Théodore et Renée se trouvaient
seuls au milieu de là campagne.
; Il y a ainsi, à Paris, quelques beaux jours
Îirématurés , qui viennent,suspendre les
i oids encore piquans du mois de mars, et
donnent un avant-goùt des chaleurs de l'été,
pour vous replonger ensuite dans toutes les
rigueurs d'une saison glacée.
Le soleil avait été .chaud, le jour brillant;
mais il finissait de bonne heure et presque
subitement, comme il arrive dans cette sai
son, où l'hiver n'a pas encore perdu tous ses
droits. En quelques iustans qui avaient passé
sans être comptés par leurs cœurs amou
reux, la nuit était presque entièrement ar
rivée. Les grands arbres sous lesquels se
trouvaient Théodore et Rence projetaient
une ombre profonde; seulement on aperce
vait àU-dessus de leurs cimes un ciel pur
qui commençait à laisser percer les étoiles,
et, dans le bas, à travers quelques espaces
entre les arbres, la campagne lointaine,
couverte d'une légère vapeur blanchâtre,
montrai t encore la forme presque effacée-du
mont Valérien, et dessinait presque imper
ceptibles les contours des bois.ue Meudon
gur la hauteur.
Jlais tout était calme, silencieux et désert
autour d'eux. Rien ne venait' les distraire
l'un de l'autre.
Et comme la passion concentre sur son
* La reproduction est interdite.
objet toutes les pensées, il leur semblait, en
ce moment, qu'il n'existait rien sur la terre
3u'eux-mèmes. Le monde universel avait
isparu ; il n'y avait plus que deux personnes
ensemble, seules, et qui s'aimaient.
Il y eut .pour chacun une telle félicité du
cœur, qu'un pareil moment, inconnu et in
compréhensible aux aines froides et vulgai
res, porte en lui des compensations pour les
malheurs et les regrets qui naissent de la
passion dans tout le cours de la vie.
Renée sentit une joie pareille à cette joie
ravissante éprouvée aux montagnes de Bour
gogne, le jour où elle vit Théodore pour la
■première fois, et crut voir en lui l'arbitre de
sa destinée.
Théodore aussi oublia tout ce qui s'était
passé depuis ce jour-là ; il lui semblait que
cette femme qui s'appuyait sur son bras était"
encore la jeune fille que son"cœur venait de
choisir pour être sa compagne dans la vie.
Après un silence, où leurs cœurs parlaient
( trop, Renée dit de sa fraîche et douce voix :
f —La nuit dans'celte vallée vaut le jour
sur ma "montagne !... Elle s'arrêta, soupira
et reprit : "—Oh ! non ! non !
Théodore, en voyant que la pensée de
Renée était, comme la sienne, retournée au
jour où ils se rencontrèrent, sentit augmen
ter encore son émotion, et ce fut avec an
goisse qu'il acheva la phrase de la jeune
femme, en disant :
— Non, il y avait l'espérance.
— Mon Dieu ! dit Renée douloureusement,
et un mouvement involontaire la rappro
chant de Théodore, que de chagrins depuis
ce jour-là ! -
— Que de chagrins epeore dans l'avenir !
dit Théodore d'une voix grave et triste.
Une espèce de .plainte, lasble, m$is déchi
rante d'angoisse, s'échappa des lèvres de
Ilenée; elle regarda Théodore, comme pour
lui demander secours contre cet avenir.
Théodore ne put s'empêcher de presser
contre son coeur, avec un indicible mouve
ment de passion, la'femme qui semblait im
plorer ce cœur; mais il fut effrayé lui-même
de son mouvement; il retira son bras, Renée
se recula, et ils restèrent séparés et immo
biles.
Le jeune homme avait senti une si vive
émotion, qu'il voulut s'en rendre maître en
essayant de s'en distraire. Il porta son atten
tion sur les objets extérieurs, et regarda au
tour de lui; mais il ne voyait que Renée,
belle i comme un ange, troublée par sa pré
sence, et lui souriant doucement.
Les émotions spontanées de ces deux
cœurs semblables étaient tellement les mê
mes, que Renée aussi se mit à promener ses
regards sur la campagne, pour faire sortir ^
sa pensée du cercle de leurs propres desti- 1
nées.
— Ah ! dit-elle, pour attirer au-debors
l'attention de Théodore, ne voyez-vous pas,
dans cette nuit qui commence à tout caclier,
ne voyez-vous, pas comme moi, une lumière
au loin qui brille aux yeux? Ainsi quelque
fois, dans ces lieux où je vous rencontrai, et
où j'ai passé mon enfance, j'apercevais com
me cela, le soir, une lumière à l'horizon,
quand la nuit enveloppait nos montagnes.
J'y allais; c'était une humble maison isolée,
et bien souvent sous son toit de chaume, au -
coin de .son,pauvre foyer, vivait une simple
famille, une femme près de son mari, avec
quelques joyeux enfans. Ils ignoraient tout
ce qui se passait sur le reste du globe. Ils
s'aimaient, travaillaient et priaient. C'était
là toute leur vie ! <
Et malgré elle, les yeux de Renée se tour
nèrent vers Théodore, quand elle ajouta
avec un soupir :
— Ah ! qu'ils étaient heureux !
Théodore, troublé, sentit son cœur se ser
rer et essaya de rester dans 'les choses posi
tives de la vie et d'y ramener Renée en di
sant :
— Cette lumière, qui frappe aussi mes
yeux comme les vôtres , elle est bien éloi
gnée de nous. C'est l'éclat du gaz qui illu
mine le chemin de fer. Dans ses nombreux
wagons sont renfermés des gens qui déser
tent leurs demeures, les uns pour des inté
rêts sordides, mais nécessaires; d'autres pour
un gain moins utile, mais dont ils espèrent
V un luxe intérieur où ils croient trouver un
bonheur qui leur manque ; d'autres enfin,
et ce sont les plus nombreux parmi les voya
geurs, courent sans but, sans projet, san3
affaire, pour tuer ce temps qui va pourtant
bien vite, et abréger cette vie qui est déjà
bien courte ; mais la locomotive a beau mar
cher à toute vitesse, • l'ennemi qu'ils fuient
court aussi vite qu'elle, car c'est dans le vide
de leur cœur qu'il s'est installé : il se nom
me ennui, et il ne les quittera pas pendant
.le voyage.
— Ah ! vous parlez de ces courses géné
rales, à la mode de notre temps, comme en
parle mon bon père, reprit Renée. Il est en
nemi des voyages, et il disait souvent que
les changemens de lieu ne peuvent être un
avantage que pour ceux qui perdent à être
connus ; mais que l'on aoit les redouter
3uand on sent en soi des qualités capables
'inspirer l'estime et l'affection, le temps
seul pouvant montrer tout ce qu'on a dans
te cœur... El moi je pensais de même, et je
n'aurais pas voulu perdre une minute de la
vie de ceux qui auraient été .près de moi si
j'avais pu les choisir. Mais, hélas ! je n'ai pas
eu tant de bonheur !
Elle soupira. Car malgré tous ses efforts
pour porter leur attention au dehors, les
chagrins de sa situation la reprenaient à tou
tes les pensées où elle voulait s'attacher. 11
en était, de même pour Théodore. Depuis
quelques instans il n'écoutait plus les paro
les de Renée ; le son enchanteur de sa voix
charmait seulement son oreille et son cœur;
il regardait avec délices son doux visage, qui
venait de s'éclairer, car à l'horizon la lune
, se levait calme et brillante, et toute sa clar
té poétique et lumineuse se portait sur le
délicieux visage de Renée : elle était ravis
sante ainsi.
— Ah! ne put s'empêcher de dire Théo
dore, après avoir promené ses regards, au
tour d'eux, et en les ramenant sur elle, c'est
ici comme dans mon cœur ! Tout est confus
et obscur ; il n'y a que votre figure qui res
plendit, ét c'est en vain que je veux voir
quelque chose ailleurs! Renée, Renée, par
lons de ||pus! parlons de ce bonheur que
nous regrettons tous les deux ! ,
— Hélas ! dit Renée, j'avais tant souhaité
une dernière entrevue pour vous confier
toutes mes idées ! Et pourtant, à présent, j'ai
peine à parler; j'ai peur de parler ! Et ces
instans où nous sommes seuls, je les passe à
chercher des sujets indifférens pour attirer
ailleurs notre attention, Que le cœur a d'é
tranges mystères !... mais, dit-elle plus bas,
il a de singulières souffrances !
— Qu'il parle donc au mien, qui, lui aussi,
ne se comprend pas, et veut a chaque ins
tant les choses les plus contraires !....
— Mon Dieu ! que j'ai souffert depuis trois
mois ! reprit Renee. Et pourtant...
. — Pourtant ï demanda Théodore.
Mais Renée n'osait achever sa pensée, et
Théodore continua :
— Pourtant, lorsque je pense au moment
où, engagé au ciel par des vœux éternels...
loin de vous !...
— Quoi! s'écria Renée; oh! ce n'est pas
possible !
— Qu'ai-je à faire en ce monde à présent?
répondit tristement Théodore ; il me semble
en effet, par momens, que vous quitter est
impossible ! Mais
— Ah ! ne nous séparons pas ! cria Renée
malgré elle; et son accent, avait quelque
chose de la voix de cette pauvre folle qui
leur avait parlé. Et cette inflexion les fryipa
tous les deux.
— Cette femme, ne put s'empêcher de di
re Théodore^ avait cet accent douloureux,
et criait aiqsi : «Ne vous séparez pas! » Si
c'était une voix du ciel, qui grava dans no
tre mémoire ces mots comme,un ordre di
vin I .
— Oui, le ciel ne véutpas que, comme
elle aussi, je perde la raison ï dit Renée. Ne
m'abandonnez pas ! ne me quittez pas pour
vous lier éternellement, loin de moi ! Atten
dez le jour où tout ceci doit finir ! Ah ! plût
au ciel aue ce jour de la mort fût déjà venu,
et que les maux qui la précéderont fùssent
déjà passes !
Et, plus faible à mesure qu'elle appuyait
sa pensée sur elle-même, elle laissa échap
per dès larmes qui brillaient sur sa figure,
eclairée de cette pâle lumière qui la rendait
plus touchante encore.
Théodore retint son cœur, contraignit ses.,
mouvemens, et dans la violence qull se fit
pour rester calme, il s'éloigna de Renée, et
s'appuya contre un arbre. Là, sa tête cachée
dans ses mains pour s'arracher à une; con
templation trop dangereuse, il paraissait
insensible, et Renée fut rassurée.
— Ah ! continua-t-elle, je ne me plain
drais pas, si je pouvais vivre dans une re
traite ignorée de tous.... seule avec mes
souvenirs. Vous savez, ajouta-t-elle en hési
tant-, que je n'ai pas cherché à vous rappe
ler près de moi, et ce que vous ignorez, c'est
que j'ai refusé de reprendre ma liberté que
mon bon père, voulait me rendre pourtant.
Il trouvait,lui, qu'il y en avait assez dans ce
qu'il savait de ma situation, pour, justifier à
ses yeux et aux yeux du monde, une sépa
ration;... mais moi, on m'avait appris que
cette loi du mariage, qui apporte souvent
tant de chagrin, est une loi divine, n iaK
comprise comme tant d'autres, mais qu'il
ne faut pas enfreindre, et que, même com
me loi de la société, il y a encore plus de
malheur à la braver qu'à s'y soumettre,
quandon yest engagé; et je refusai... mais...
Elle s'arrêta. Théodore l'interrogea par un
mouvement qui le fit se-tourner vers elle
involontairement; elle vit, à l'expression
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