Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-10-07
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Description : 07 octobre 1852 07 octobre 1852
Description : 1852/10/07 (Numéro 281). 1852/10/07 (Numéro 281).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NCMÉR0J281,
BUREAUX. : rne de VaIoIs|(B*alaîs-Royal),?n°^l^V
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PARIS ET DEPARTEMENS .
8 Fît. POUR TROIS MOIS.
32 FR. POUR L'ANNÉE.-
UN NUMÉRO : 15 CENTIMES.
: j ■ >
pour les pays étrangers , se reporter au
tableau publié dans le journal, les 10 et
23 de chaque mois.
'1854. —"JEUDI 7 OCTOBRE.
S'adresser , franco, pour la rédaction, à M. Cucheval-Clarigny, rédacteur en chef.
Les articles déposés" ne sont pas rendus.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
.s "
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I On s'abonne, dam les departemens, aux Messageries et aux Directions deposte — 1 / d •> rkz MM. Cov> I£ et FILS.
I —A Strasbourg, chez M. A lexamuif , pour l Alleu : i__
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l« -m. des ain, directeurl
Les annonces sent reçues chez M. PANiS, régisseur/lO, place de la Bourse;
et au bureau du journal.
PARIS, 6 OCTOBRE,
Le Moniteur belge contient une note de M.
Firmin Rogier, en date du 2 octobre, qui est
une réponse à là noté de M. Drouyn de
Lliuys, que nous ayons publiée il y a deux
jours. Ce document est précédé de la note
en date du 9 septembre, par laquelle M.
Drouyn de Lliuys a informé le cabinet
belge de la détermination' prise par le
gouvernement français d'élever le tarif des*
houilles dans le cas où la Belgique ne re
nouvellerait pas la convention deJBio, et
de la réponse de M. le ministre plénipoten
tiaire de Belgique à cette communication.
Nous publions ces. deux pièces , afin de
fairè bien .connaître le point de départ
du différend diplomatique qui existe entre
les deux pays. Quant à la seconde note de
M. Rogier, elle n'est que le développement,
sans aucun argument nouveau, de sa répon
se du 13 septembre, et sa longueur excessi
ve, en rend la-publication intégrale impos
sible.
Il est temps d'ailleurs de dégager la ques
tion des détails infinis, dont on surcharge le
débat, et des mille subtilités dont on l'em
brouille. La note un peu tardive du 2 octobre
est écrite beaucoup moins en vue du gouver
nement français qu'on n'espère pas convain
cre,que des chaxtibxeAbelges qu'on veut désar
mer. Le ministère qui tombe tient à prouver
qu'il n'a pas compromis* les relations de la
France et de la Belgique; il tient à ne pas con
server aux yeux de l'industrie belge la res
ponsabilité morale du décret qui a frappé les
fontes et les houilles. Rien n'est plus na
turel qu'un pareil désir. C'est aux Belges à
voir si l'apologie est valable. Pour nous,
nous sommes désintéressés dans les débats
qui. s'élèveront à Bruxelles ; notre tâche n'est
ni d'incriminer le ministère tombé ni de
préparer la voie à ses successeurs ; elle est
d'établir si le gouvernement français a eu
tort ou raison d'agir comme il l'a fait.
: Ces immenses dépêches, qui l'emplissent
tour à tour les deux Moniteurs, tournent per
pétuellement autour d'un point unique. Le
gouvernement français avait-il le droit d'é
lever le tarif sur les fontes etles houilles? Cela
n'est pas contesté par les négociateurs belges;
le gouvernement français à aucune époque n'a
voulu se dessaisir de ce droit. Jamais il n'a
voulu écrire dans un traité les faveurs qu'il fai
sait sur ces deux points à la Belgique. Le droit
de la France est donc reconnu, mais on chi
cane sur l'exercice du droit. On prétend que
le gouvernement français, en signant la con
vention du 22 août, dont le préambule expri
mait des vœux pcmr le maintien des bonnes
relations des deux pays, avait contracté l'obli
gation morale de ne pas User de son droit.
Il en a usé néanmoins : voilà, en fin de comp
te, à quoi se réduisent tous les griefs du
ministère belge.
Nous n'avons pas besoin de faire ressortir
toute la différence qui existe entre une obli
gation morale, qui est une affaire de procédé,
et un engagement. Mais cette obligation
existait-elle réellement ? Est-il vrai que le
gouvernementfrançais ait usé judaïquement
de son 'droit rigoureux? La réponse à ces
questions est dans, le rapport de M. d'Hoffs-
.chmidt; elle est dans, l'historique que les
négociateurs belges ont tracé "eux-mêmes
des négociations. N'ont-ils pas essaye d'a
mener la France à renoncer provisoirement
à cet exercice de son droit? Et la France n'a-
t-elle pas itérativement repoussé toutes les
propositions, y compris le maintien de la
convention de 1845, où figurait la suspen
sion provisoire de son droit? A-t-il été dans
la négociation de la convention du 22 août,
'dit une seule parole qui fit allusion de près
ou de loin à la question des houilles ? Par
'quel abus de mots vëùt-on donner à des con
gratulations diplomatiques et à des protoco
les amicaux le sens et la valeur d'un enga
gement? A qui persuadera-t-on que la Fran
ce a accordé, par un sous-entendu, la con
cession qu'elle avait refusée quand on la lui
avait demandée directement?
Le gouvernement français n'a pas man
qué à un engagement, il u'a pas manqué à
une obligation morale. Le seul point qui in
téresse la France dans ce débat est donc vi
dé. Que le cabinet belge ait bien ou mal con
duit les négociations, qu'il n'ait pas offert
assez ou qu'il ait trop concédé, cela re
garde la Belgique. Qu'on nous permette
seulement d'ajouter un mot sur l'ensemble
"des négociations, afin d'établir la situation
des deux pays l'un vis-à-vis de l'autre. Cela
peut avoir d'autant plus d'intérêt que les
négociations qui n'ont pas donné de résultat
avec le ministère Rogier, peuvent aboutir
avec le ministère futur, et qu'il est même vi
vement à désirer qu'il en soit ainsi.
La causé principale de l'échec de M. Ro
gier est de celles qui peuvent hautement s'a
vouer. Elle fait honneur à ce ministre, dont
nous ne voulons méconnaître ni l'habileté,
ni la persévérance, ni le patriotisme; M. Ro
gier a voulu trop obtenir pour son pays. Il
a cru que les circonstances le favorisaient
et lui permettaient dé passer avec nous
un contrat léonin. Il n'avait pas compté
sur la sage obstination de notre gouver
nement et sur la crise ministérielle qui
est venue brusquement le désarçonner lui-
même. L'avortement des négociations au
ra eu pour premier effet utile de dis
siper quelques illusions, et d'éclairer les
deux pays sur ce qu'ils peuvent raisonnable
ment demander l'un de l'autre.
Au moment où commençaient les pour
parlers à Paris, la Belgique était en train de
négocier avec la Hollande, avec la Sardaigne
et même avec l'Angleterre : en outre, elle
voyait approcher l'expiration de son traité
avec le Zollverein, expiration qui concordait
avec le renouvellement du Zollverein lui-
même. On peut croire même que cette
dernière circonstance n'était pas étrangère
au vif désir manifesté par la Belgique
de négocier avec nous. IL est toujours
plus avantageux d'avoir deux chalands
qu'un seul ; èt ce n'est |>as faire injure au
cabinet de Bruxelles que de supposer qu'il
voyait ies avantages de la position inter
médiaire occupée par la Belgique, entre
le Zollverein et la France, et qu'il comptait
en tirer parti. Sur quoi s'est fondée en effet
la Belgique pour refuser toute concession en'
faveur des lainages français, sinon sur ses
obligations vis-à-vis du Zollverein ? .
Par ûialheur, la discorde s'est mise au
sein du Zollverein. La prolongation de cette
union douanière a rencontré des difficultés
imprévues et insurmontables, et la Prusse,
au lieu de négocier le renouvellement des
conventions existantes avec le Zollverein,
a dû songer uniquement à défendre et
à sauver le Zollverein lui-même. La Bel
gique n'a donc point tiré de sa situation
entré l'Allemagne et la France les avantages
qu'elle en espérait. Elle n'a pu se faii;e mar
chander par l'une et par l'autre. De là, dans
ces'derniers temps, le peu d'empressèment
des hommes d'Etat belges à rien conclure
avec nous:
M. Rogier nous paraît avoir eu deux au
tres illusions : la pienneie *ui h contrefa
çon, la seconde sur les houilles. La France
poursuit depuis plusieurs années la conclu
sion- de traités sur la propriété littéraire :
le nombre de ces traités s'accroît chaque
jour ; mais il est certain que tant que la Bel
gique s'obstinait à ce trafic honteux, les
traités conclus par la France n'aboutissaient,
à cause de la contrebande, qu'à des résul
tats incomplets; gagner cette cause en> Bel
gique, c'était le succès immédiat et définitif j
l'y perdre, c'était le succès ajourné et impar
fait. Dans l'intérêt de la librairie française,
dans l'intérêt de la littérature, et pour l'hon
neur de notre diplomatie, .acharnée depuis
si long-temps à cette tâche, la suppression
de la contrefaçon devait être vivement
souhaitée par la France. M. Rogier comp
tait donc que notre gouvernement, dé
sireux de réussir où ses prédécesseurs avaient
échoué, et sensible à l'éclat que la re
connaissance des lettres jetterait sur-son.
succès, attacherait le plus grand prix à ob
tenir l'abolition de la contrefaçon. Dans la
pensée de M. Rogier, cette unique concession
suffirait à obtenir à la Belgique des avanta
ges considérables.
Quant aux houilles et aux fontes, le cabi
net de Bruxelles était rassuré par la con-
nexité d'intérêts qui existe entre nos dépar-
temens du nord et les provinces limitre-
phes de la Belgique. Cela résulte évidemment
des conversations de M. Rogier avec M.; de Bas-
sano, auxquelles M. Drouyn de Lhuys a fait
allusion. Dans la pensée des hommes d'Etat
belges, la France rie pouvait frapper les
houilles belges, parce que c'était enchérir
lp prix du combustible pour toutes ses
usines des départemeris du nord, et elle
ne pouvait prévenir cet enchérissement en
admettant les houilles anglaises sans blesser
les intérêts et provoquer les plaintes de ses
propriétaires houillers. Un gouvernement
nouveau ne se hasarderait pas à méconten
ter des intérêts si légitimes et si puissants.
La France était donc dans une impasse, elle :
était désarmée.
Ne rien appréhender pour les houilles et
les fontes, et obtenir le plus haut prix possi-
blepourla suppression de lacontrefaçofr, telle
apparaît, d'après les faits, la pensée dominan
te des négociateurs belges. Cela résulte même
de la nature dérisoire de leurs offres à l'ou
verture des négociations. Quand la Belgique
offrait en effet l'égalité de traitement pour
les houilles françaises, -elle offrait ce qu'une
loi de -1838, qui n'a point été exécutee,
l'oblige à accorder. Elle nous offrait 1 éga
lité de traitement avec la Hollande poui le
denrées coloniales ; mais cela n'était point
applicable aux produits encombrans : il ne
s'agissait nullement de conclure avec la
France un arrangement semblable à celui
qui assure à la Hollande environ un tiers de
l'approvisionnement de- la Belgique.en café,
en sucre et en coton. On offrait encore un
tarif "Commun sur les ardoises; mais c'é
tait le. tarif belge qu'il s'agissait d'appli
quer. Or, si les renseignemens que nous
transmet un propriétaire d'ardoisières sont •
exacts, la Belgique avait deux tarifs,
l'un pour les ardoises introduites par la'
voie de terre, et l'autre pour lès ardoises ''
apportées par rivères ou canaux. De l'ap-_.
plication de ce double tarif il serait ré
sulté pour les ardoisières françaises une
surtaxe de 5 0/0-, et pour les ardoisières bel- -
ges situées à proximité des chemins de fer,
une réduction de 6S 0/0. Admettons que
l'intérêt privé ait exagéré ces chiffres; rédui
sons-les de moitié : il n'en resté pas moins
acquis* que l'offre de la Belgique lui était
plus profitable qu'onéreuse.
A part le bénéfice qu'on voulait tirer de la
suppression de la contrefaçon, industrie dé
jà languissante et condamnée à périr, il n'y
avait point intention sérieuse de conclure
un traité de commerce avec la France.
Nous en voyons la preuve dans ce fait que
nous avions signalé il (y a déjà quelques
mois, sans en comprendre alors toute la
portée. A peine les négociateurs belges et
français étaient-ils tombés d'accord sur la
bonification à accorder aux sels français, que
la Belgique, par une* convention valable à
partir du 10 août 1852, accordait aux sels
anglais exactement les mêmes conditions.
Elle annulait ainsi les avantages qu'elle
avait paru nous accorder, elle détruisait
dans un de ses points principaux, cette con
vention de 18-io, qu'elle prétend avoir voulu
maintenir; cette convention, en effet, consa
crait pour les sels français, une situation
privilégiée, qui est désormais impossible.
La convention littéraire conclue, la con
trefaçon sacrifiée en échange de concessions
que les négociateurs belges appellent au
jourd'hui insuffisantes, mais que M. d'Hoff-
schmidt déclare dans son rapport n'être
pas sans importance, la Belgique désirait ma
nifestement en rester là. Elle avait obtenu
- d<*s avantages, -elle"croyait ses houilles et
ses fontes intactes. Par la rentrée sous le ré
gime des tarifs généraux, elle demeurait li
bre de se retourner vers l'Allemagne et de
lui offrir des concessions; elle pouvait atten
dre que les intérêts français lésés par l'abro
gation de la convention de 1845, fissent en
tendre leurs plaintes et s'agitassent : elle se
retrouvait placée, comme avant les négocia
tions-, entre la France et l'Allemagne, prête
à débattre leurs offres rivales.
Cette position serv ait admirablement les
intérêts de là Belgique, mais elle était pré-
judici bt u\n tic il était un moyen im-
médiatd lif e feutre au cabinet de Bruxel
les :cer itd h u j les houilles et les fontes
belges C t la t ait, .rme de la France con
tre le o cill t uu a les coquetteries de la
Belgiqu , Mjila po urquoi aucun gouvernement
français ne s'en est dessaisi et ne s'en des
saisira jamais. Le cabinet de Paris s'en est
servi, il a fait une chose juste, loyale, indis
pensable. Il a mis, comme c'était son droit,
la Belgique au pied du mur. C'est à la Belgi
que à voir si définitivement elle veut se
tourner vers l'Allemagne ou vers la France,
consolider ou'rompre ses relations tradi
tionnelles. Ses intérêts seront traités com
me elle traitera les intérêts matériels et
moraux de la France. Les peuples peuvent
vivre en paix sans qu'une étroite a mi tié les
unisse, mais la première condition de l'ami
tié, c'est l'impartialité, c'est la justice.
cuciieval-clarigny.
Nous lisons dans \'Indépendance de mardi :
« M. H. de Brouckère, appelé hier au palais,
a ete reçu à deux heures par le roi.
» On assure qu'à la suite de cette confé-
11 k e , qui a été très longue, M. de Brouc-
kere, sans se dissimuler les difficultés de la
situation, a consenti à s'occuper de la com
position d'un cabinet.
» Nous pensons que tous les amis du pays
doivent se réunir dans les vœux que nous
exprimons pour le succès de ces tentatives.
» Nous apprenons que M. Firmin Rogier,
a adressé au roi, la demande d'être déchargé
de sa mission à Paris.»
M. Firmin Rogier est arrivé lundi soir à
Bruxelles -i ,
VOYAGE DU PRIXCE-PRESIDENT.
Le prince-Président à eu aujourd'hui, à
Toulouse, le magnifique spectacle de la re
présentation de la fameuse bataille livrée
sous les murs de cette ville en 1814. ■
• ""Ce soir, ie prince couche à Agen ; demain
il sera à Bordeaux ver& deux heures. Le tra
jet se fera à bord d'un desbateaux à vapeur
de la compagnie centrale.
Toulouse, S octobre, 2 heures du soir.
Le prince a traversé toute la ville pour aller à
la revue au polygone. L'ovation a dépassé toutes
les prévisions ; le peuple entier a poussé une seule
acclamation de Vive l'Eràpereur !
Toulouse, 5 octobre, 2 heures 1 /2.
Le prince vient de passer en Fevue les nom
breux députés de la Hauté-Garonne et des dépar-
temens voisins, au milieu du plus vif enthousias
me. Jamais le département de la Haute-Garonne
n'avait vu une semblable manifestation. On éva
lue à 200,000 personnes la population réunie au
polygone. Le prince en allant et en revenant a été
couvert de fleurs. Les cris de Vive VEmpereur !
éclataient partout sur son passage.
On apprend, par une dépêche postérieure, que
le prince-Président a quitté Toulouse aujourd'hui
pour se rendre à Agen. Partout, sur sa route, les
populations se portent à sa rencontre en proférant
avec enthousiasme les cris de : Vive Napoléon
Vive l'Empereur ! Vive Napoléon III!
La ligne électrique entre Paris et Bordeaux sera
dit-on, inaugurée demain jeudi, jour de l'arrivée
du prince-Président à Bordeaux. Déjà le télégra
phe électrique est établi entre Paris et Angoulô-
me ; la section de cette dernière ville à Bordeaux,
a présenté de grandes difficultés, qui ont été heu.
reusement surmontées •
Oui'cnldi Nujboniî 3ottuij« dix "lu li
res du matin, au Moniteur :
« Le prince a quitte Montpellier, hier. ;l huit
heuies du uu'in U i cl ta. m i i ju qu n
dell de putes iflii lie pai li popul it o i tout
er t l e qu i ce s 1 ma i t i le «eiitiuie ;
d pcoi i tnr c 1 nijjilJuo lui s cei x ji i
i avaient, vu vuuiaituii îc revoir uiiturtî et lesaïuei 1
encore une fois de leur cri si populaire de Vive
l'Empereur'.
» Les paroles prononcées par "le prince au bal
des ouvriers, ont produit ici une grande sensa
tion; elles sont dans toutes les bouches l'objet dep
commentaires les plus enthousiastes.
» A Montpellier, comme dans toutes les autres
villes, la présence du prince a redoublé les sym
pathies pour sa personne.
» Le trajet de Montpellier il Narbonne, qui est
de 99 kilomètres, a été une longue ovation. Cha
que ville, chaque bourg, chaque village, chaque
hameau, avait son arc de triomphe et sa manifes
tation.
• » A mesure qu'on avance vers le Midi, ces signes
de la reconnaissance populaire so multiplient de
plus en plus. Ce ne sont pas seulement les édifi
ces publics qui sont décorés, ce sont aussi les
maisons particulières. A Pézenas, à Béziers, à Nar
bonne, il n'est pas une seule maison, sur le par
cours du prince , qui n'ait une ou plusieurs
inscriptions. Presque toutes portent ces mots : A
Napoléon III ! à l'Empereur Louis-Napoléon ! au
sauveur de la France ! L'enthousiasme aussi sem
ble toujours s'accroître, et chose digne de remar
que, c'est sur les points où le socialisme avait le
plus surexcité les esprits qu'il se manifeste de la
manière la plus ardente. En un mot, le Midi tout
entier s'associe avec entraînement au sentiment
général qui domine la France.
» Le prince a traversé sans s'y arrêter les com-
mufies de Messan et de Fabrègue, le Gigan et la
ville de Môze. Les plus grands préparatifs avaient
été faits, bien qu'on sût qu'il ne devait que tra
verser ces localités, et il y a reçu l'accueil le plus
expressif. La commune de Fabrègue avait un arc
de triomphe qui portait cette inscription : Ave,
Ludovice imperator, protector Franciœ !
» A Pézénas, le prince s'est arrêté dix minutes
pour recevoir les hommages de la municipalité et
des habitans qui se pressaient en foule autour de
sa voiture et poussaient incessamment des cris de
Vive l'Empereur! Les femmes jetaient des fleurs ou -
agitaient leurs mouchoirs.La ville entière semblait
être une guirlande de fleurs et de -pavois tricolores.
« ABéziers, l'enthousiasme des liabitans s'est
manifesté d'une manière plus éclatante encore ;
trois arcs de triomphe, des trophées d'armes, des
inscriptions, une tente magnifique en soie verte ;
le_ cours et la promenade où s'élève la statue de
Riquet, le créateur du canal du Languedoc, tout
couverts de tentures tricolores, les maisons parti
culières pavoisées du haut en bas. Toute la popu
lation était dans les rues, sur les places et aûx
fenêtres, et criant sans interruption : Vive l'Empe
reur! tel est le tableau que présentait la ville quand
le prince y est arrivé. C'es'Avec beaucoup de pei
ne que sa voiture a pu s'ouvrir un chemin, car le
prince n'avait voulu aucune escorte.S. A. est des
cendue de voiture et s'est placée sous la tenté qui
lui avait été préparée sur le cours Riçjuet pour
recevoir les autorités de la ville et les deputations
des communes. Là encore il a eu le spectacle d'une
treille nationale, et c'est en passant sous les cer
ceaux des danseurs qu'il a reraené sa voiture. Les
acclamations de Fi l J j r u n ont pas cessé
un seul instant. Eli îctuiti aient encore après
son départ
» Le prince a pa c sous deux, ti s de triomphe
pour sortir de la ville : l un. eieve par les troupes
et composé de trop lin diim i ec cette ins
cription : A Louis-Napoléon. empereur, la garni
son de Béziers. L'autre, eleve par la ville, portait
ces mots : Vous-nous quittez, ne nous oubliez pas!
» Enfin, après avoir traversé plusieurs villages
au milieu des mêmes démonstrations, le prince
est arrivé à cinq heures à Narbonne.
» Là, comme à Béziers, la ville était splendide
ment décorée et l'enthousiasme des habitans porté
au dernier degré. Aux premiers coups de canon
qui ont annoncé l'arrivée, cette population de
13,000 ailles, décuplée par l'arrivée des populations
voisines, a tressailli d'un même mouvement, et le
cri de Vive l'Empereur ! a retenti d'un bout à
l'autre de la ville.
» Le prince a fait son entrée par la Porte-Neu
ve, sur' le fronton de laquelle étaient inscrits ces
mots : A S. A. I. le prince Louis-Napoléon, Nar
bonne reconnaissante !
» C'est là que le maire, le conseil municipal, le
maire de Perpignan et le conseil général, le gé
néral Rambeau, M. Durand, député, et tous les
fonctionnaires sont venus recevoir S. A.
-» Le prince n'a pas voulu d'escorte, et c'est au
milieu de la foule qui se pressait aux portières de
sa voiture, qu'il a traversé la ville pour se rendre
à l'ancien palais des archevêques, magnifique mo
nument restauré à l'occasion de son arrivée, et
disposé pour le recevoir. Narbonne, la ville in
dustrieuse, dont le commerce avec les échelles du
Levant est si important, a été depuis quatre ans
cruellement frappée dans son industrie ; elle a di
gnement exprime ses sentimens de reconnaissance
au prince qui, en assurant au pays la paix et la
sécurité, a déjà rouvert pour elle les sources de
son ancienne prospérité.
» A cinq heures, le prince a reçu les autorités
et les députations des diverses communes.
» A sept heures, il a réuni dans un grand cou
vert les principaux fonctionnaires de a ville.
» Le soir, il a assisté à un bal que la ville lui a
ollert dans les belles salles du musée. Sa présence
a (Ai t us tia i po 1s d'enthousiasme.
» Le prince est rentré à l'archevêché à onze
heures. 11 jouit d une excellente santé.
» l.a pluie, qui a commencé à tomber à sept
1 m c u i son i di :angé les préparatifs des. fêtes
populaires qui uevaient avoir lieu sur la grande
place : mais elle n'a pas empêché le peuple de s'y
porter en fouie, et n'a diminué en rien l'allégresse
publique.
» Ce matin, à neuf heures, le prince s'est ren
du à la cathédrale pour assister , à une messe basse. :
» A dix heures, il a quitté la ville de Narbonne
au milieu des acclamations les plus vives. »
L' Indépendance belge parle aujourd'hui d'un
crédit de 400,000 fr. qu'aurait ouvert au
préfet de la Seine la commission municipale
de Paris, pour la réception à faire au prince-
Président. L 'Indépendance, si nous sommes
bien informés, aurait mis un %$ro de trop :
il s'agit de 40,000 fr. pour la construction
d'un arc-de-triomphe à l'entrée du pont
d'Austerlitz, du côté- du Jardin des Plantes.
C'est à M.Visconti que serait confié le soin de
cette décoration.
Le prince-Président fera, dit-on, son en
trée à cheval, à la tète des cinquante-deux
escadrons de cavalerie de la l re division mi
litaire.
Toute l'infanterie de la garnison sera sur
pièd pour border la haie, en conformité du
décret sur les honneurs à rendre au chef de
l'Etat quand il rentre^ dans la capitale.
l. boniface.
Le vœu du conseil d'arrondissement de
Lodève est le seul qui soit publié aujour
d'hui par le Moniteur :
« Rendez-vous au vœu des populations,
dit-il, en s'adressant-au prince-Président;
la stabilité du pouvoir est une des condi
tions indispensables pour rendre le calme,
aux esprits, la sécurité aux intérêts. Le
seul moyen d'atteindre ce but est de perpé
tuer dans vos mains l'autorité que la nation
vous a confiée. Le conseil considère comme
un complément nécessaire à votre belle œu
vre de pacification, la restitution à t votre
glorieux nom du principe d'hérédité que la
France avait déféré au grand empereur dont
vous êtes le digne héritier. »
Les adressés des comiiiunes sont toujours
très nombreuses; nous citerons cette phrase
de l'adresse de la commune d'Issirac (Gard) :
« Prince, la France vous doit son salut, sa
prospérité ; l'Europe le maintien de la paix
et de la civilisation.
» A ces bienfaits du présent manque la
stabilité dans l'ayeiiir.
» Nous venons vous supplier, Prince, avec
la France entière, de compléter votre œuvre
en acceptant l'Empire. »
Des vœux analogues ont été émis, dit le
journal officiel> parle conseil municipald'U-
zès, j)ar les compagnies de sapeurs-pompiers
de la Grand'Combe, de Saint-Ambroise et
d'Alais; par la société des sous-officiers reti
rés du service à Alais; par les propriétaires,
ingénieurs, administrateurs et ouvriers des
fonderies," forges et mines d'Àlais, de Saint*
Julien de Valgagnes, de Portes et Sénéchas,
et par environ deux cent cinquante commu
nes du Gard, dont le Moniteur publie les
noms.
Négociations entre Sa France et la Belgique.
Le ministre des affaires étrangères de France à
M. le ministre plénipotentiaire et envoyé extraor
dinaire de S. M. le roi des Belges.
Paris, 9 septembre 1852.
Monsieur,
Kj) ne subordonnant pas au renouvellement
préalable du traité commercial du 13 décembre
1845, la conclusion des arrangemens signés entre
la France et la Belgique le 22 août dernier, le
gouvernement du prince-Président a voulu don
ner à celui de S. M. le roi des Belges une preuve
de son esprit de conciliation et de son désir de
consolider les relations de bon voisinage qui unis
sent les deux pays. — Mais les pourparlers qui
ont précédé la signature des deux traités que
je viens de rappeler, ont suffisamment établi qu'eu
adhérant à la rupture devenue inévitable du ré]
gime conventionnél créé en 184S, la France n'en|
tendait accepter qu'une situation transitoire et de
très courte durée. Votre gouvernement, Monsieur,'
ne saurait avoir conçu le moindre doute à cet
égard. — Dans mes conférences verbales avec
MM. Rogier et Liedts, j'ai, en effet, déclaré, à
plusieurs reprises, et dans les termes les plus ex
plicites, d'une part que la situation de droit com
mun qui a été substituée depuis le 9 août au ré
gime de faveur consacré par le traité du 13 dé
cembre, constituait pour nos intérêts une inéga-
FEUILLETON DU CONSTITUTIONHEL, 7 OCTOBRE-
SiA «©ESTIME
DE MAULÉON/
XXXI.
« •
de quelle manière il faut s'y prendre pour
/ former l'es jeunes gens.—les découvertes
de la chanoinesse.
Décidément il régnait entre la comtesse
et Lucien une connivence qui m'avait échap
pé pendant le cours de la soirée et qu'un in
cident fortuit venait de me révéler au mo
ment du départ.'Le mot que j'avais entendu,
l'accent qu'elle y avait mis, l'embarras et le
trouble du jeune homme, tout, jusqu'aux
tristes défaites derrière lesquelles il s'é
tait retranché, concourait a me prou
ver qu'elle avait des vues sur lui et des
■vues assez sérieuses pour qu'elle prît la
peine de les Cacher. D'ordinaire, ëlle n'y
mettait ni tant de scrupule, ni tant de soin,
et cette précaution, nouvelle de sa part, don
nait à cette aventure une gra\ité de plus.
Ainsi disposée,et de là trempe dont elle était,
rièn ne devait l'arrêter; à coup sûr ellemè
nerait rondement les choses : c'était mon im
pression du moins.
Quoi ! Madame la comtesse, disais-je à
lartnroi, déjà! Déjà! M c'est aller vite en
uesoene et connaître le prix du temps'.
Cette fois iï - est vrai, vous avez eu la main
heureuse' Un enfant! un cœur neuf, une
éducation à faire ! Évidemment c'est là l'o
rigine de vos discrétions ! Vous voulez ca-
* La reproduction est Introduite.
E
cher votre trésor, l'enfouir de peur qu'on
ne vous le dérobe ! Le trait est prudent; et
moi qui y ai été pris ! Madame la comtesse,
Madame la comtesse, il faut s'incliner de
vant vous, bon gré, mal gré : on apprend
toujours quelque chose à votre école.
Telles étaient les réflexions dont j'étais
assailli pendant que je prenais place dans
mon coupé près de la chanoinesse.Celle-ci ne
"se contenta pas comme moi d'un travail pu
rement intérieur; elle aimait trop à s'exhaler,
à se répandre; à peine roulions-nous sur le
pavé, qu'elle commença.
— Mon cher, me dit-elle, je vois que vous
ne savez rien, absolument rien de ce qui sé
passe. Les hommes, c'est toujours ainsi: les
taupes ont l'œil plus clair. Si je n'étais pas
là, Dieu sait comme on vous en donnerait à
garder ! Les belles vessies qu'on vous offrirait
en guise de lanternes ! L'émotion vottis-ga
gnerait, mop cher, vous n'y résisterai, pas.
Deux êtres si à cheval sur le quant là Soi !
Vous en mouilleriez quinze mouchoirs et
vous leur décerneriez dix prix de vertu.
— Auriez-vous appris quelque chose ce
soir 1 dis-je à Eulalio.
— Ce soir et avant ce soir, mon cher, pro
cédons -par ordre : une fois en chasse, je ne
perds jamais les brisées ; il y a long-temps
que je suis sur les leurs. Vous parliez de ce
soir; eh bien! -ce soir, vous vous imaginez
peut-être que j'étais invitée? Merci ! Nous
n'en sommes plus là, votre comtesse et moi;
la paille est rompue ; elle m'éconduit inva
riablement et avec un plaisir toujours nou
veau. Si elle tient un registre, j'y suis notée
à l'encre rouge, pour sûr. Que faire alors? A
tout prix, j'en voulais être. U|i'e autre eût
hésite des heures et des jours; moi, pas ûri
instant. J'ai tiré de mes armoires ma robe
gros bleu qui me découvre avantageuse
ment raçj} torsades lamées d'or don t l'elret est
irrésistible, mou follrereV mes pendeloques
en perles de la plus belle imitation, mon
mouchoir brodé, mon éventail en laque,
mes souliers de satin, enfin ce que j'ai de
mieux en fait de caparaçons, et, une fois sur
ce pied, une fois prêté et sous les armes, je
me suis rendue, devinez où?
— A l'hôtel Mauléoh, je suppose.
. —iDu tout, mon cher, pour qui me pre-
nez-vousfBon pour des effrontées de mar
cher seules et de forcer les portes des gens.
On sait vivre, entendez-vous; on a du mon
de. Je me suis rendue chez Trinachon, le
grand Trinachon, un homme bien placé
dans l'esprit-des Mauléon et. qui a du crédit
chez la comtesse. Il achevait de s'habiller;
n'importe, je ne m'offusque pas pour si peu
et pénétré jusqu'à lui. Probablement il se
promenait dans la plus ténébreuse de ses
lunes ; car c'est à peine s'il daigne m'aper-
cevoir. Je n'en fais ni une ni deux, et l'aide
en ses derniers apprêts; je rajuste le nœud
de sa cravate et administre à son collet un
coup de brosse, dont il avait sensiblement •
besoin; puis, quand je l'ai mis en état, je le
charge dans mon fiacre et l'emmène avec
moi. Pas un mot d'explieation, d'ailleurs,
pas une parole échangée. A quoi cela eût-il
servi? Trinachon était en plein dans ses lu
nes. Seulement quand-, nous fûmes arrivés,
je m'emparai de lui et fis une entrée triom
phante, pendue à son bras.
. — Et la comtesse ?
— Ah ! oui, la comtesse, c'est le cas d'en
parler. Il fallait voir son air, c'était trop
drôle. Un vrai tableau de genre ou une
scène d'histoire, comme vous voudrez. Elle
vint au-devant de nous, raide comme un
pieu et la physionomie en glaçon, promena
son regard de l'un à l'autre et parut at
tendre l'explication du'phénomène qu'elle
avait sous les yeux. Peine perdue; échec
complet ! Trinachon resta dans ses lunes
ne souffla rpot; 'moi, je me contentai
de la saluer jusqu'à terre. Elle revint à la
charge et mit dans son regard plus de hau
teur; je recommençai mes saluts avec une
humilité plus grande. C'était à se vautrer;
enfin elle prit son parti ; faute de pouvoir
nous tirer, Trinachon de ses lunes, moi
de mes courbettes, elle m'indiqua de la
main un petit salon et un siège de rebut
dans un coin obscur. L'impertinente ! Vous
avez assisté à sa soirée, mon cher; était-
ce le cas de le prendre de si haut et de
tant faire la renchérie? Voyons, dites !•
. —J'y ai à peine jeté un coup d'œil, cha-
•noinesse.
. — Et moi, mon filsj j'ai tout vu et tout
goûté. Les rafraîchissemens, de la rinçure;
le punch, de l'eau chaude ; comme s'il n'y
avait ni rhum, ni sirops chez les marchands!
Règle générale, mon garçon, là où le punch
manque de corps, on peut dire que la mai
son est mauvaise. Tablez là-dessus; c'est le
détail qui trompe, le. moins. Et fcéclairage^
l'avez-vous remarqué? Ces lumignons qui se
couraient les uns après les autres, et qui
semblaient jouer à qui brûlerait le moins!
Partout de la lésinerie. J%ne parle pas de la
livrée; elle était d'empimit; on le voyait
bien aux gants de coton. Et c'est avec, de tels
oripeaux qu'on tranche de la grande dame
et qu'on prend des airs iiasultans! Ahlmon
cher, ça crie vengeance ! Encore si le punch
eût été bon ! ' ;
La chanoinesse, emportée par ses rancu
nes, sortait évidemment de son sujet ; elle
s'abandonnait à un souvenir irritant et pour-
..suivait contre l'ordonnance de la fête une
revanche de l'affront qui lui avait été infligé.
Cependant, ce ne fut là qu'un écart passa
ger, une digression fugitive ; elle en revint
seule et sans qu'il fût nécessaire de la rame
ner.
. — C'est égal, ajouta-trelle, j'aurais accep
té bien d'autrps hu^ùUaAions; elle m'a relé
guée dans un coin ; je serais descendue jus
qu'à l'office, s'il eût fallu. J'avais mon plan,
mon dessein ; je, voulais les suivre de près et
savoir comment s'y prennent les comtesses
pour former les jeunes gens. Sans cela,
m'eût-on rencontrée au bras d'un Trina
chon ? Jamais ! Ce qui m'y a décidé, c'est le
désir de voir clair dans tout ceci. Eh bien ! '
Népomucène, j'y ai vu clair, très clair. Vous
n'etiez pas encore arrivé quand la première
rencontre a eu lieu. Rien au monde de plus
transparent, mon cher, et cela au point que
j'en souffrais pour eux. passe, il arrive de ses monts; il aencore aux
lèvres du lait de ses brebis ; mais la comtes
se! une commère comme celle-là ! une fem
me ferrée sur les -aventures 1 Enfin, c'est
ainsi. Figurez-vous qu'au lieu de s'abor
der naturellement et comme on le doit
quand on a la conscience en repos, ils
y ont mis des finesses à crever les yeux. Sui
vez la scène : au début, c'a été - un chuchot-
tement à l'oreille, court, mais vif; si vif, que
les joues de notre amoureux en ont pris la
couleur de la pourpre antique. Vous com
prenez. La manifestation avait une telle évi
dence,que j'étais au moment de les prier de
vouloir bien ménager ma pudeur. Puis,com
me si ce n'était point assez, ils sont demeu
rés, tout le reste de la soirée, étrangers l'un
à l'autre, passant à se toucher et n'échan
geant ni une parole ni un regard, s'évitant
avec un soin particulier, et ne paraissant pas
plus se. connaître que si l'un fût arrivé de
Chine,et L'autre du MonomOtapa, Voilà leur
manœuvre, mon fils , et elle a duré deux
Ixeures, montre en main. Que vous en sem
ble? et n'est-il pas vrai que ce sont là des té
moignages accablansî , • '
— En effet, répondis-ie, devenu plus at
tentif. - . a -
— Eh bien ! mon cher, ce sont pourtant
les.moindres de mes preuves; j'en ai d'au
tres ; j'en ai les mains pleines et n'hésite que
devant rembarras du choix. Ah ! ils s'ima
ginaient m'échapper ! M'échapper, à moi?
Voilà une présomption bien grande. Pen
dant que vous dormiez, Népomucène, moi je
veillais ; il n'y a que les femmes pour soute
nir de tels rôles. Voulez-vous savoir ce que
j'ai découvert encore? le voulez-vous ?
— Volontiers, chanoinesse, vous m'inté]
ressez vivement.
— Mon cher, pour obtenir les choses, il
faut y mettre le prix ; ce mot vous explique
tout. Lorsqu'il s'est agi de pénétrer les se-*
crets des Mauléoh, qu'ai-je fait? J'ai obéi à
ce principe avec une grandeur exemplaire t
En face de l'hôtel se tient un commission i
naire en . possession d'une médaille, et, par
conséquent, de la confiance du gouverne
ment. Je l'ai suborné à prix d'or. Qui veut
la fin veut les moyens. Ah! c'est qu'une fois
engagée, je ne recule plus ; j'y aurais mangé
ma garderobe, mes violettes à venir et jus
qu'à mes quatre portraits. Voilà comment je
suis. J'ai donc suborné cet homme à prix
d'or; chacun de ses rapports lui est payé à
raison d'un franc cinquante centimes, et j 'y
ajoute un verre de boisson; c'est faire verser
la mesure des sacrifices. Maintenant savez-
vous ce que j'en ai recueilli ?
— Dites, chanoinesse, vous piquez ma cu^
riosite. • ■ '*
— Je le crois, mon cher, on le ferait à
moins. Un franc cinquante centimes par ren
seignement sans compter les liquides. J'usais
donc de magnificence; aussi étais-je bieii
servie, comme vôus âlle'z- voir. Cet homme,
qui m'est vendu, me tient, jour par jour,
minute par minute, au courant des mouve-
mens de l'hôtel. Votre Lucien n'en bouge
plus. Dans les^ débuts il s'y -rendait
« des heures décçrites, à salon ouvert et
comme 1^ commun des .humains! Entre
1 étirée et la sortie, il ne s'écoulait qu'un
BUREAUX. : rne de VaIoIs|(B*alaîs-Royal),?n°^l^V
~ Prix de l'abonnement.
PARIS ET DEPARTEMENS .
8 Fît. POUR TROIS MOIS.
32 FR. POUR L'ANNÉE.-
UN NUMÉRO : 15 CENTIMES.
: j ■ >
pour les pays étrangers , se reporter au
tableau publié dans le journal, les 10 et
23 de chaque mois.
'1854. —"JEUDI 7 OCTOBRE.
S'adresser , franco, pour la rédaction, à M. Cucheval-Clarigny, rédacteur en chef.
Les articles déposés" ne sont pas rendus.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
.s "
\ .
I On s'abonne, dam les departemens, aux Messageries et aux Directions deposte — 1 / d •> rkz MM. Cov> I£ et FILS.
I —A Strasbourg, chez M. A lexamuif , pour l Alleu : i__
S'adresser, franco', pour l'administr
l« -m. des ain, directeurl
Les annonces sent reçues chez M. PANiS, régisseur/lO, place de la Bourse;
et au bureau du journal.
PARIS, 6 OCTOBRE,
Le Moniteur belge contient une note de M.
Firmin Rogier, en date du 2 octobre, qui est
une réponse à là noté de M. Drouyn de
Lliuys, que nous ayons publiée il y a deux
jours. Ce document est précédé de la note
en date du 9 septembre, par laquelle M.
Drouyn de Lliuys a informé le cabinet
belge de la détermination' prise par le
gouvernement français d'élever le tarif des*
houilles dans le cas où la Belgique ne re
nouvellerait pas la convention deJBio, et
de la réponse de M. le ministre plénipoten
tiaire de Belgique à cette communication.
Nous publions ces. deux pièces , afin de
fairè bien .connaître le point de départ
du différend diplomatique qui existe entre
les deux pays. Quant à la seconde note de
M. Rogier, elle n'est que le développement,
sans aucun argument nouveau, de sa répon
se du 13 septembre, et sa longueur excessi
ve, en rend la-publication intégrale impos
sible.
Il est temps d'ailleurs de dégager la ques
tion des détails infinis, dont on surcharge le
débat, et des mille subtilités dont on l'em
brouille. La note un peu tardive du 2 octobre
est écrite beaucoup moins en vue du gouver
nement français qu'on n'espère pas convain
cre,que des chaxtibxeAbelges qu'on veut désar
mer. Le ministère qui tombe tient à prouver
qu'il n'a pas compromis* les relations de la
France et de la Belgique; il tient à ne pas con
server aux yeux de l'industrie belge la res
ponsabilité morale du décret qui a frappé les
fontes et les houilles. Rien n'est plus na
turel qu'un pareil désir. C'est aux Belges à
voir si l'apologie est valable. Pour nous,
nous sommes désintéressés dans les débats
qui. s'élèveront à Bruxelles ; notre tâche n'est
ni d'incriminer le ministère tombé ni de
préparer la voie à ses successeurs ; elle est
d'établir si le gouvernement français a eu
tort ou raison d'agir comme il l'a fait.
: Ces immenses dépêches, qui l'emplissent
tour à tour les deux Moniteurs, tournent per
pétuellement autour d'un point unique. Le
gouvernement français avait-il le droit d'é
lever le tarif sur les fontes etles houilles? Cela
n'est pas contesté par les négociateurs belges;
le gouvernement français à aucune époque n'a
voulu se dessaisir de ce droit. Jamais il n'a
voulu écrire dans un traité les faveurs qu'il fai
sait sur ces deux points à la Belgique. Le droit
de la France est donc reconnu, mais on chi
cane sur l'exercice du droit. On prétend que
le gouvernement français, en signant la con
vention du 22 août, dont le préambule expri
mait des vœux pcmr le maintien des bonnes
relations des deux pays, avait contracté l'obli
gation morale de ne pas User de son droit.
Il en a usé néanmoins : voilà, en fin de comp
te, à quoi se réduisent tous les griefs du
ministère belge.
Nous n'avons pas besoin de faire ressortir
toute la différence qui existe entre une obli
gation morale, qui est une affaire de procédé,
et un engagement. Mais cette obligation
existait-elle réellement ? Est-il vrai que le
gouvernementfrançais ait usé judaïquement
de son 'droit rigoureux? La réponse à ces
questions est dans, le rapport de M. d'Hoffs-
.chmidt; elle est dans, l'historique que les
négociateurs belges ont tracé "eux-mêmes
des négociations. N'ont-ils pas essaye d'a
mener la France à renoncer provisoirement
à cet exercice de son droit? Et la France n'a-
t-elle pas itérativement repoussé toutes les
propositions, y compris le maintien de la
convention de 1845, où figurait la suspen
sion provisoire de son droit? A-t-il été dans
la négociation de la convention du 22 août,
'dit une seule parole qui fit allusion de près
ou de loin à la question des houilles ? Par
'quel abus de mots vëùt-on donner à des con
gratulations diplomatiques et à des protoco
les amicaux le sens et la valeur d'un enga
gement? A qui persuadera-t-on que la Fran
ce a accordé, par un sous-entendu, la con
cession qu'elle avait refusée quand on la lui
avait demandée directement?
Le gouvernement français n'a pas man
qué à un engagement, il u'a pas manqué à
une obligation morale. Le seul point qui in
téresse la France dans ce débat est donc vi
dé. Que le cabinet belge ait bien ou mal con
duit les négociations, qu'il n'ait pas offert
assez ou qu'il ait trop concédé, cela re
garde la Belgique. Qu'on nous permette
seulement d'ajouter un mot sur l'ensemble
"des négociations, afin d'établir la situation
des deux pays l'un vis-à-vis de l'autre. Cela
peut avoir d'autant plus d'intérêt que les
négociations qui n'ont pas donné de résultat
avec le ministère Rogier, peuvent aboutir
avec le ministère futur, et qu'il est même vi
vement à désirer qu'il en soit ainsi.
La causé principale de l'échec de M. Ro
gier est de celles qui peuvent hautement s'a
vouer. Elle fait honneur à ce ministre, dont
nous ne voulons méconnaître ni l'habileté,
ni la persévérance, ni le patriotisme; M. Ro
gier a voulu trop obtenir pour son pays. Il
a cru que les circonstances le favorisaient
et lui permettaient dé passer avec nous
un contrat léonin. Il n'avait pas compté
sur la sage obstination de notre gouver
nement et sur la crise ministérielle qui
est venue brusquement le désarçonner lui-
même. L'avortement des négociations au
ra eu pour premier effet utile de dis
siper quelques illusions, et d'éclairer les
deux pays sur ce qu'ils peuvent raisonnable
ment demander l'un de l'autre.
Au moment où commençaient les pour
parlers à Paris, la Belgique était en train de
négocier avec la Hollande, avec la Sardaigne
et même avec l'Angleterre : en outre, elle
voyait approcher l'expiration de son traité
avec le Zollverein, expiration qui concordait
avec le renouvellement du Zollverein lui-
même. On peut croire même que cette
dernière circonstance n'était pas étrangère
au vif désir manifesté par la Belgique
de négocier avec nous. IL est toujours
plus avantageux d'avoir deux chalands
qu'un seul ; èt ce n'est |>as faire injure au
cabinet de Bruxelles que de supposer qu'il
voyait ies avantages de la position inter
médiaire occupée par la Belgique, entre
le Zollverein et la France, et qu'il comptait
en tirer parti. Sur quoi s'est fondée en effet
la Belgique pour refuser toute concession en'
faveur des lainages français, sinon sur ses
obligations vis-à-vis du Zollverein ? .
Par ûialheur, la discorde s'est mise au
sein du Zollverein. La prolongation de cette
union douanière a rencontré des difficultés
imprévues et insurmontables, et la Prusse,
au lieu de négocier le renouvellement des
conventions existantes avec le Zollverein,
a dû songer uniquement à défendre et
à sauver le Zollverein lui-même. La Bel
gique n'a donc point tiré de sa situation
entré l'Allemagne et la France les avantages
qu'elle en espérait. Elle n'a pu se faii;e mar
chander par l'une et par l'autre. De là, dans
ces'derniers temps, le peu d'empressèment
des hommes d'Etat belges à rien conclure
avec nous:
M. Rogier nous paraît avoir eu deux au
tres illusions : la pienneie *ui h contrefa
çon, la seconde sur les houilles. La France
poursuit depuis plusieurs années la conclu
sion- de traités sur la propriété littéraire :
le nombre de ces traités s'accroît chaque
jour ; mais il est certain que tant que la Bel
gique s'obstinait à ce trafic honteux, les
traités conclus par la France n'aboutissaient,
à cause de la contrebande, qu'à des résul
tats incomplets; gagner cette cause en> Bel
gique, c'était le succès immédiat et définitif j
l'y perdre, c'était le succès ajourné et impar
fait. Dans l'intérêt de la librairie française,
dans l'intérêt de la littérature, et pour l'hon
neur de notre diplomatie, .acharnée depuis
si long-temps à cette tâche, la suppression
de la contrefaçon devait être vivement
souhaitée par la France. M. Rogier comp
tait donc que notre gouvernement, dé
sireux de réussir où ses prédécesseurs avaient
échoué, et sensible à l'éclat que la re
connaissance des lettres jetterait sur-son.
succès, attacherait le plus grand prix à ob
tenir l'abolition de la contrefaçon. Dans la
pensée de M. Rogier, cette unique concession
suffirait à obtenir à la Belgique des avanta
ges considérables.
Quant aux houilles et aux fontes, le cabi
net de Bruxelles était rassuré par la con-
nexité d'intérêts qui existe entre nos dépar-
temens du nord et les provinces limitre-
phes de la Belgique. Cela résulte évidemment
des conversations de M. Rogier avec M.; de Bas-
sano, auxquelles M. Drouyn de Lhuys a fait
allusion. Dans la pensée des hommes d'Etat
belges, la France rie pouvait frapper les
houilles belges, parce que c'était enchérir
lp prix du combustible pour toutes ses
usines des départemeris du nord, et elle
ne pouvait prévenir cet enchérissement en
admettant les houilles anglaises sans blesser
les intérêts et provoquer les plaintes de ses
propriétaires houillers. Un gouvernement
nouveau ne se hasarderait pas à méconten
ter des intérêts si légitimes et si puissants.
La France était donc dans une impasse, elle :
était désarmée.
Ne rien appréhender pour les houilles et
les fontes, et obtenir le plus haut prix possi-
blepourla suppression de lacontrefaçofr, telle
apparaît, d'après les faits, la pensée dominan
te des négociateurs belges. Cela résulte même
de la nature dérisoire de leurs offres à l'ou
verture des négociations. Quand la Belgique
offrait en effet l'égalité de traitement pour
les houilles françaises, -elle offrait ce qu'une
loi de -1838, qui n'a point été exécutee,
l'oblige à accorder. Elle nous offrait 1 éga
lité de traitement avec la Hollande poui le
denrées coloniales ; mais cela n'était point
applicable aux produits encombrans : il ne
s'agissait nullement de conclure avec la
France un arrangement semblable à celui
qui assure à la Hollande environ un tiers de
l'approvisionnement de- la Belgique.en café,
en sucre et en coton. On offrait encore un
tarif "Commun sur les ardoises; mais c'é
tait le. tarif belge qu'il s'agissait d'appli
quer. Or, si les renseignemens que nous
transmet un propriétaire d'ardoisières sont •
exacts, la Belgique avait deux tarifs,
l'un pour les ardoises introduites par la'
voie de terre, et l'autre pour lès ardoises ''
apportées par rivères ou canaux. De l'ap-_.
plication de ce double tarif il serait ré
sulté pour les ardoisières françaises une
surtaxe de 5 0/0-, et pour les ardoisières bel- -
ges situées à proximité des chemins de fer,
une réduction de 6S 0/0. Admettons que
l'intérêt privé ait exagéré ces chiffres; rédui
sons-les de moitié : il n'en resté pas moins
acquis* que l'offre de la Belgique lui était
plus profitable qu'onéreuse.
A part le bénéfice qu'on voulait tirer de la
suppression de la contrefaçon, industrie dé
jà languissante et condamnée à périr, il n'y
avait point intention sérieuse de conclure
un traité de commerce avec la France.
Nous en voyons la preuve dans ce fait que
nous avions signalé il (y a déjà quelques
mois, sans en comprendre alors toute la
portée. A peine les négociateurs belges et
français étaient-ils tombés d'accord sur la
bonification à accorder aux sels français, que
la Belgique, par une* convention valable à
partir du 10 août 1852, accordait aux sels
anglais exactement les mêmes conditions.
Elle annulait ainsi les avantages qu'elle
avait paru nous accorder, elle détruisait
dans un de ses points principaux, cette con
vention de 18-io, qu'elle prétend avoir voulu
maintenir; cette convention, en effet, consa
crait pour les sels français, une situation
privilégiée, qui est désormais impossible.
La convention littéraire conclue, la con
trefaçon sacrifiée en échange de concessions
que les négociateurs belges appellent au
jourd'hui insuffisantes, mais que M. d'Hoff-
schmidt déclare dans son rapport n'être
pas sans importance, la Belgique désirait ma
nifestement en rester là. Elle avait obtenu
- d<*s avantages, -elle"croyait ses houilles et
ses fontes intactes. Par la rentrée sous le ré
gime des tarifs généraux, elle demeurait li
bre de se retourner vers l'Allemagne et de
lui offrir des concessions; elle pouvait atten
dre que les intérêts français lésés par l'abro
gation de la convention de 1845, fissent en
tendre leurs plaintes et s'agitassent : elle se
retrouvait placée, comme avant les négocia
tions-, entre la France et l'Allemagne, prête
à débattre leurs offres rivales.
Cette position serv ait admirablement les
intérêts de là Belgique, mais elle était pré-
judici bt u\n tic il était un moyen im-
médiatd lif e feutre au cabinet de Bruxel
les :cer itd h u j les houilles et les fontes
belges C t la t ait, .rme de la France con
tre le o cill t uu a les coquetteries de la
Belgiqu , Mjila po urquoi aucun gouvernement
français ne s'en est dessaisi et ne s'en des
saisira jamais. Le cabinet de Paris s'en est
servi, il a fait une chose juste, loyale, indis
pensable. Il a mis, comme c'était son droit,
la Belgique au pied du mur. C'est à la Belgi
que à voir si définitivement elle veut se
tourner vers l'Allemagne ou vers la France,
consolider ou'rompre ses relations tradi
tionnelles. Ses intérêts seront traités com
me elle traitera les intérêts matériels et
moraux de la France. Les peuples peuvent
vivre en paix sans qu'une étroite a mi tié les
unisse, mais la première condition de l'ami
tié, c'est l'impartialité, c'est la justice.
cuciieval-clarigny.
Nous lisons dans \'Indépendance de mardi :
« M. H. de Brouckère, appelé hier au palais,
a ete reçu à deux heures par le roi.
» On assure qu'à la suite de cette confé-
11 k e , qui a été très longue, M. de Brouc-
kere, sans se dissimuler les difficultés de la
situation, a consenti à s'occuper de la com
position d'un cabinet.
» Nous pensons que tous les amis du pays
doivent se réunir dans les vœux que nous
exprimons pour le succès de ces tentatives.
» Nous apprenons que M. Firmin Rogier,
a adressé au roi, la demande d'être déchargé
de sa mission à Paris.»
M. Firmin Rogier est arrivé lundi soir à
Bruxelles -i ,
VOYAGE DU PRIXCE-PRESIDENT.
Le prince-Président à eu aujourd'hui, à
Toulouse, le magnifique spectacle de la re
présentation de la fameuse bataille livrée
sous les murs de cette ville en 1814. ■
• ""Ce soir, ie prince couche à Agen ; demain
il sera à Bordeaux ver& deux heures. Le tra
jet se fera à bord d'un desbateaux à vapeur
de la compagnie centrale.
Toulouse, S octobre, 2 heures du soir.
Le prince a traversé toute la ville pour aller à
la revue au polygone. L'ovation a dépassé toutes
les prévisions ; le peuple entier a poussé une seule
acclamation de Vive l'Eràpereur !
Toulouse, 5 octobre, 2 heures 1 /2.
Le prince vient de passer en Fevue les nom
breux députés de la Hauté-Garonne et des dépar-
temens voisins, au milieu du plus vif enthousias
me. Jamais le département de la Haute-Garonne
n'avait vu une semblable manifestation. On éva
lue à 200,000 personnes la population réunie au
polygone. Le prince en allant et en revenant a été
couvert de fleurs. Les cris de Vive VEmpereur !
éclataient partout sur son passage.
On apprend, par une dépêche postérieure, que
le prince-Président a quitté Toulouse aujourd'hui
pour se rendre à Agen. Partout, sur sa route, les
populations se portent à sa rencontre en proférant
avec enthousiasme les cris de : Vive Napoléon
Vive l'Empereur ! Vive Napoléon III!
La ligne électrique entre Paris et Bordeaux sera
dit-on, inaugurée demain jeudi, jour de l'arrivée
du prince-Président à Bordeaux. Déjà le télégra
phe électrique est établi entre Paris et Angoulô-
me ; la section de cette dernière ville à Bordeaux,
a présenté de grandes difficultés, qui ont été heu.
reusement surmontées •
Oui'cnldi Nujboniî 3ottuij« dix "lu li
res du matin, au Moniteur :
« Le prince a quitte Montpellier, hier. ;l huit
heuies du uu'in U i cl ta. m i i ju qu n
dell de putes iflii lie pai li popul it o i tout
er t l e qu i ce s 1 ma i t i le «eiitiuie ;
d pcoi i tnr c 1 nijjilJuo lui s cei x ji i
i avaient, vu vuuiaituii îc revoir uiiturtî et lesaïuei 1
encore une fois de leur cri si populaire de Vive
l'Empereur'.
» Les paroles prononcées par "le prince au bal
des ouvriers, ont produit ici une grande sensa
tion; elles sont dans toutes les bouches l'objet dep
commentaires les plus enthousiastes.
» A Montpellier, comme dans toutes les autres
villes, la présence du prince a redoublé les sym
pathies pour sa personne.
» Le trajet de Montpellier il Narbonne, qui est
de 99 kilomètres, a été une longue ovation. Cha
que ville, chaque bourg, chaque village, chaque
hameau, avait son arc de triomphe et sa manifes
tation.
• » A mesure qu'on avance vers le Midi, ces signes
de la reconnaissance populaire so multiplient de
plus en plus. Ce ne sont pas seulement les édifi
ces publics qui sont décorés, ce sont aussi les
maisons particulières. A Pézenas, à Béziers, à Nar
bonne, il n'est pas une seule maison, sur le par
cours du prince , qui n'ait une ou plusieurs
inscriptions. Presque toutes portent ces mots : A
Napoléon III ! à l'Empereur Louis-Napoléon ! au
sauveur de la France ! L'enthousiasme aussi sem
ble toujours s'accroître, et chose digne de remar
que, c'est sur les points où le socialisme avait le
plus surexcité les esprits qu'il se manifeste de la
manière la plus ardente. En un mot, le Midi tout
entier s'associe avec entraînement au sentiment
général qui domine la France.
» Le prince a traversé sans s'y arrêter les com-
mufies de Messan et de Fabrègue, le Gigan et la
ville de Môze. Les plus grands préparatifs avaient
été faits, bien qu'on sût qu'il ne devait que tra
verser ces localités, et il y a reçu l'accueil le plus
expressif. La commune de Fabrègue avait un arc
de triomphe qui portait cette inscription : Ave,
Ludovice imperator, protector Franciœ !
» A Pézénas, le prince s'est arrêté dix minutes
pour recevoir les hommages de la municipalité et
des habitans qui se pressaient en foule autour de
sa voiture et poussaient incessamment des cris de
Vive l'Empereur! Les femmes jetaient des fleurs ou -
agitaient leurs mouchoirs.La ville entière semblait
être une guirlande de fleurs et de -pavois tricolores.
« ABéziers, l'enthousiasme des liabitans s'est
manifesté d'une manière plus éclatante encore ;
trois arcs de triomphe, des trophées d'armes, des
inscriptions, une tente magnifique en soie verte ;
le_ cours et la promenade où s'élève la statue de
Riquet, le créateur du canal du Languedoc, tout
couverts de tentures tricolores, les maisons parti
culières pavoisées du haut en bas. Toute la popu
lation était dans les rues, sur les places et aûx
fenêtres, et criant sans interruption : Vive l'Empe
reur! tel est le tableau que présentait la ville quand
le prince y est arrivé. C'es'Avec beaucoup de pei
ne que sa voiture a pu s'ouvrir un chemin, car le
prince n'avait voulu aucune escorte.S. A. est des
cendue de voiture et s'est placée sous la tenté qui
lui avait été préparée sur le cours Riçjuet pour
recevoir les autorités de la ville et les deputations
des communes. Là encore il a eu le spectacle d'une
treille nationale, et c'est en passant sous les cer
ceaux des danseurs qu'il a reraené sa voiture. Les
acclamations de Fi l J j r u n ont pas cessé
un seul instant. Eli îctuiti aient encore après
son départ
» Le prince a pa c sous deux, ti s de triomphe
pour sortir de la ville : l un. eieve par les troupes
et composé de trop lin diim i ec cette ins
cription : A Louis-Napoléon. empereur, la garni
son de Béziers. L'autre, eleve par la ville, portait
ces mots : Vous-nous quittez, ne nous oubliez pas!
» Enfin, après avoir traversé plusieurs villages
au milieu des mêmes démonstrations, le prince
est arrivé à cinq heures à Narbonne.
» Là, comme à Béziers, la ville était splendide
ment décorée et l'enthousiasme des habitans porté
au dernier degré. Aux premiers coups de canon
qui ont annoncé l'arrivée, cette population de
13,000 ailles, décuplée par l'arrivée des populations
voisines, a tressailli d'un même mouvement, et le
cri de Vive l'Empereur ! a retenti d'un bout à
l'autre de la ville.
» Le prince a fait son entrée par la Porte-Neu
ve, sur' le fronton de laquelle étaient inscrits ces
mots : A S. A. I. le prince Louis-Napoléon, Nar
bonne reconnaissante !
» C'est là que le maire, le conseil municipal, le
maire de Perpignan et le conseil général, le gé
néral Rambeau, M. Durand, député, et tous les
fonctionnaires sont venus recevoir S. A.
-» Le prince n'a pas voulu d'escorte, et c'est au
milieu de la foule qui se pressait aux portières de
sa voiture, qu'il a traversé la ville pour se rendre
à l'ancien palais des archevêques, magnifique mo
nument restauré à l'occasion de son arrivée, et
disposé pour le recevoir. Narbonne, la ville in
dustrieuse, dont le commerce avec les échelles du
Levant est si important, a été depuis quatre ans
cruellement frappée dans son industrie ; elle a di
gnement exprime ses sentimens de reconnaissance
au prince qui, en assurant au pays la paix et la
sécurité, a déjà rouvert pour elle les sources de
son ancienne prospérité.
» A cinq heures, le prince a reçu les autorités
et les députations des diverses communes.
» A sept heures, il a réuni dans un grand cou
vert les principaux fonctionnaires de a ville.
» Le soir, il a assisté à un bal que la ville lui a
ollert dans les belles salles du musée. Sa présence
a (Ai t us tia i po 1s d'enthousiasme.
» Le prince est rentré à l'archevêché à onze
heures. 11 jouit d une excellente santé.
» l.a pluie, qui a commencé à tomber à sept
1 m c u i son i di :angé les préparatifs des. fêtes
populaires qui uevaient avoir lieu sur la grande
place : mais elle n'a pas empêché le peuple de s'y
porter en fouie, et n'a diminué en rien l'allégresse
publique.
» Ce matin, à neuf heures, le prince s'est ren
du à la cathédrale pour assister , à une messe basse. :
» A dix heures, il a quitté la ville de Narbonne
au milieu des acclamations les plus vives. »
L' Indépendance belge parle aujourd'hui d'un
crédit de 400,000 fr. qu'aurait ouvert au
préfet de la Seine la commission municipale
de Paris, pour la réception à faire au prince-
Président. L 'Indépendance, si nous sommes
bien informés, aurait mis un %$ro de trop :
il s'agit de 40,000 fr. pour la construction
d'un arc-de-triomphe à l'entrée du pont
d'Austerlitz, du côté- du Jardin des Plantes.
C'est à M.Visconti que serait confié le soin de
cette décoration.
Le prince-Président fera, dit-on, son en
trée à cheval, à la tète des cinquante-deux
escadrons de cavalerie de la l re division mi
litaire.
Toute l'infanterie de la garnison sera sur
pièd pour border la haie, en conformité du
décret sur les honneurs à rendre au chef de
l'Etat quand il rentre^ dans la capitale.
l. boniface.
Le vœu du conseil d'arrondissement de
Lodève est le seul qui soit publié aujour
d'hui par le Moniteur :
« Rendez-vous au vœu des populations,
dit-il, en s'adressant-au prince-Président;
la stabilité du pouvoir est une des condi
tions indispensables pour rendre le calme,
aux esprits, la sécurité aux intérêts. Le
seul moyen d'atteindre ce but est de perpé
tuer dans vos mains l'autorité que la nation
vous a confiée. Le conseil considère comme
un complément nécessaire à votre belle œu
vre de pacification, la restitution à t votre
glorieux nom du principe d'hérédité que la
France avait déféré au grand empereur dont
vous êtes le digne héritier. »
Les adressés des comiiiunes sont toujours
très nombreuses; nous citerons cette phrase
de l'adresse de la commune d'Issirac (Gard) :
« Prince, la France vous doit son salut, sa
prospérité ; l'Europe le maintien de la paix
et de la civilisation.
» A ces bienfaits du présent manque la
stabilité dans l'ayeiiir.
» Nous venons vous supplier, Prince, avec
la France entière, de compléter votre œuvre
en acceptant l'Empire. »
Des vœux analogues ont été émis, dit le
journal officiel> parle conseil municipald'U-
zès, j)ar les compagnies de sapeurs-pompiers
de la Grand'Combe, de Saint-Ambroise et
d'Alais; par la société des sous-officiers reti
rés du service à Alais; par les propriétaires,
ingénieurs, administrateurs et ouvriers des
fonderies," forges et mines d'Àlais, de Saint*
Julien de Valgagnes, de Portes et Sénéchas,
et par environ deux cent cinquante commu
nes du Gard, dont le Moniteur publie les
noms.
Négociations entre Sa France et la Belgique.
Le ministre des affaires étrangères de France à
M. le ministre plénipotentiaire et envoyé extraor
dinaire de S. M. le roi des Belges.
Paris, 9 septembre 1852.
Monsieur,
Kj) ne subordonnant pas au renouvellement
préalable du traité commercial du 13 décembre
1845, la conclusion des arrangemens signés entre
la France et la Belgique le 22 août dernier, le
gouvernement du prince-Président a voulu don
ner à celui de S. M. le roi des Belges une preuve
de son esprit de conciliation et de son désir de
consolider les relations de bon voisinage qui unis
sent les deux pays. — Mais les pourparlers qui
ont précédé la signature des deux traités que
je viens de rappeler, ont suffisamment établi qu'eu
adhérant à la rupture devenue inévitable du ré]
gime conventionnél créé en 184S, la France n'en|
tendait accepter qu'une situation transitoire et de
très courte durée. Votre gouvernement, Monsieur,'
ne saurait avoir conçu le moindre doute à cet
égard. — Dans mes conférences verbales avec
MM. Rogier et Liedts, j'ai, en effet, déclaré, à
plusieurs reprises, et dans les termes les plus ex
plicites, d'une part que la situation de droit com
mun qui a été substituée depuis le 9 août au ré
gime de faveur consacré par le traité du 13 dé
cembre, constituait pour nos intérêts une inéga-
FEUILLETON DU CONSTITUTIONHEL, 7 OCTOBRE-
SiA «©ESTIME
DE MAULÉON/
XXXI.
« •
de quelle manière il faut s'y prendre pour
/ former l'es jeunes gens.—les découvertes
de la chanoinesse.
Décidément il régnait entre la comtesse
et Lucien une connivence qui m'avait échap
pé pendant le cours de la soirée et qu'un in
cident fortuit venait de me révéler au mo
ment du départ.'Le mot que j'avais entendu,
l'accent qu'elle y avait mis, l'embarras et le
trouble du jeune homme, tout, jusqu'aux
tristes défaites derrière lesquelles il s'é
tait retranché, concourait a me prou
ver qu'elle avait des vues sur lui et des
■vues assez sérieuses pour qu'elle prît la
peine de les Cacher. D'ordinaire, ëlle n'y
mettait ni tant de scrupule, ni tant de soin,
et cette précaution, nouvelle de sa part, don
nait à cette aventure une gra\ité de plus.
Ainsi disposée,et de là trempe dont elle était,
rièn ne devait l'arrêter; à coup sûr ellemè
nerait rondement les choses : c'était mon im
pression du moins.
Quoi ! Madame la comtesse, disais-je à
lartnroi, déjà! Déjà! M c'est aller vite en
uesoene et connaître le prix du temps'.
Cette fois iï - est vrai, vous avez eu la main
heureuse' Un enfant! un cœur neuf, une
éducation à faire ! Évidemment c'est là l'o
rigine de vos discrétions ! Vous voulez ca-
* La reproduction est Introduite.
E
cher votre trésor, l'enfouir de peur qu'on
ne vous le dérobe ! Le trait est prudent; et
moi qui y ai été pris ! Madame la comtesse,
Madame la comtesse, il faut s'incliner de
vant vous, bon gré, mal gré : on apprend
toujours quelque chose à votre école.
Telles étaient les réflexions dont j'étais
assailli pendant que je prenais place dans
mon coupé près de la chanoinesse.Celle-ci ne
"se contenta pas comme moi d'un travail pu
rement intérieur; elle aimait trop à s'exhaler,
à se répandre; à peine roulions-nous sur le
pavé, qu'elle commença.
— Mon cher, me dit-elle, je vois que vous
ne savez rien, absolument rien de ce qui sé
passe. Les hommes, c'est toujours ainsi: les
taupes ont l'œil plus clair. Si je n'étais pas
là, Dieu sait comme on vous en donnerait à
garder ! Les belles vessies qu'on vous offrirait
en guise de lanternes ! L'émotion vottis-ga
gnerait, mop cher, vous n'y résisterai, pas.
Deux êtres si à cheval sur le quant là Soi !
Vous en mouilleriez quinze mouchoirs et
vous leur décerneriez dix prix de vertu.
— Auriez-vous appris quelque chose ce
soir 1 dis-je à Eulalio.
— Ce soir et avant ce soir, mon cher, pro
cédons -par ordre : une fois en chasse, je ne
perds jamais les brisées ; il y a long-temps
que je suis sur les leurs. Vous parliez de ce
soir; eh bien! -ce soir, vous vous imaginez
peut-être que j'étais invitée? Merci ! Nous
n'en sommes plus là, votre comtesse et moi;
la paille est rompue ; elle m'éconduit inva
riablement et avec un plaisir toujours nou
veau. Si elle tient un registre, j'y suis notée
à l'encre rouge, pour sûr. Que faire alors? A
tout prix, j'en voulais être. U|i'e autre eût
hésite des heures et des jours; moi, pas ûri
instant. J'ai tiré de mes armoires ma robe
gros bleu qui me découvre avantageuse
ment raçj} torsades lamées d'or don t l'elret est
irrésistible, mou follrereV mes pendeloques
en perles de la plus belle imitation, mon
mouchoir brodé, mon éventail en laque,
mes souliers de satin, enfin ce que j'ai de
mieux en fait de caparaçons, et, une fois sur
ce pied, une fois prêté et sous les armes, je
me suis rendue, devinez où?
— A l'hôtel Mauléoh, je suppose.
. —iDu tout, mon cher, pour qui me pre-
nez-vousfBon pour des effrontées de mar
cher seules et de forcer les portes des gens.
On sait vivre, entendez-vous; on a du mon
de. Je me suis rendue chez Trinachon, le
grand Trinachon, un homme bien placé
dans l'esprit-des Mauléon et. qui a du crédit
chez la comtesse. Il achevait de s'habiller;
n'importe, je ne m'offusque pas pour si peu
et pénétré jusqu'à lui. Probablement il se
promenait dans la plus ténébreuse de ses
lunes ; car c'est à peine s'il daigne m'aper-
cevoir. Je n'en fais ni une ni deux, et l'aide
en ses derniers apprêts; je rajuste le nœud
de sa cravate et administre à son collet un
coup de brosse, dont il avait sensiblement •
besoin; puis, quand je l'ai mis en état, je le
charge dans mon fiacre et l'emmène avec
moi. Pas un mot d'explieation, d'ailleurs,
pas une parole échangée. A quoi cela eût-il
servi? Trinachon était en plein dans ses lu
nes. Seulement quand-, nous fûmes arrivés,
je m'emparai de lui et fis une entrée triom
phante, pendue à son bras.
. — Et la comtesse ?
— Ah ! oui, la comtesse, c'est le cas d'en
parler. Il fallait voir son air, c'était trop
drôle. Un vrai tableau de genre ou une
scène d'histoire, comme vous voudrez. Elle
vint au-devant de nous, raide comme un
pieu et la physionomie en glaçon, promena
son regard de l'un à l'autre et parut at
tendre l'explication du'phénomène qu'elle
avait sous les yeux. Peine perdue; échec
complet ! Trinachon resta dans ses lunes
ne souffla rpot; 'moi, je me contentai
de la saluer jusqu'à terre. Elle revint à la
charge et mit dans son regard plus de hau
teur; je recommençai mes saluts avec une
humilité plus grande. C'était à se vautrer;
enfin elle prit son parti ; faute de pouvoir
nous tirer, Trinachon de ses lunes, moi
de mes courbettes, elle m'indiqua de la
main un petit salon et un siège de rebut
dans un coin obscur. L'impertinente ! Vous
avez assisté à sa soirée, mon cher; était-
ce le cas de le prendre de si haut et de
tant faire la renchérie? Voyons, dites !•
. —J'y ai à peine jeté un coup d'œil, cha-
•noinesse.
. — Et moi, mon filsj j'ai tout vu et tout
goûté. Les rafraîchissemens, de la rinçure;
le punch, de l'eau chaude ; comme s'il n'y
avait ni rhum, ni sirops chez les marchands!
Règle générale, mon garçon, là où le punch
manque de corps, on peut dire que la mai
son est mauvaise. Tablez là-dessus; c'est le
détail qui trompe, le. moins. Et fcéclairage^
l'avez-vous remarqué? Ces lumignons qui se
couraient les uns après les autres, et qui
semblaient jouer à qui brûlerait le moins!
Partout de la lésinerie. J%ne parle pas de la
livrée; elle était d'empimit; on le voyait
bien aux gants de coton. Et c'est avec, de tels
oripeaux qu'on tranche de la grande dame
et qu'on prend des airs iiasultans! Ahlmon
cher, ça crie vengeance ! Encore si le punch
eût été bon ! ' ;
La chanoinesse, emportée par ses rancu
nes, sortait évidemment de son sujet ; elle
s'abandonnait à un souvenir irritant et pour-
..suivait contre l'ordonnance de la fête une
revanche de l'affront qui lui avait été infligé.
Cependant, ce ne fut là qu'un écart passa
ger, une digression fugitive ; elle en revint
seule et sans qu'il fût nécessaire de la rame
ner.
. — C'est égal, ajouta-trelle, j'aurais accep
té bien d'autrps hu^ùUaAions; elle m'a relé
guée dans un coin ; je serais descendue jus
qu'à l'office, s'il eût fallu. J'avais mon plan,
mon dessein ; je, voulais les suivre de près et
savoir comment s'y prennent les comtesses
pour former les jeunes gens. Sans cela,
m'eût-on rencontrée au bras d'un Trina
chon ? Jamais ! Ce qui m'y a décidé, c'est le
désir de voir clair dans tout ceci. Eh bien ! '
Népomucène, j'y ai vu clair, très clair. Vous
n'etiez pas encore arrivé quand la première
rencontre a eu lieu. Rien au monde de plus
transparent, mon cher, et cela au point que
j'en souffrais pour eux.
lèvres du lait de ses brebis ; mais la comtes
se! une commère comme celle-là ! une fem
me ferrée sur les -aventures 1 Enfin, c'est
ainsi. Figurez-vous qu'au lieu de s'abor
der naturellement et comme on le doit
quand on a la conscience en repos, ils
y ont mis des finesses à crever les yeux. Sui
vez la scène : au début, c'a été - un chuchot-
tement à l'oreille, court, mais vif; si vif, que
les joues de notre amoureux en ont pris la
couleur de la pourpre antique. Vous com
prenez. La manifestation avait une telle évi
dence,que j'étais au moment de les prier de
vouloir bien ménager ma pudeur. Puis,com
me si ce n'était point assez, ils sont demeu
rés, tout le reste de la soirée, étrangers l'un
à l'autre, passant à se toucher et n'échan
geant ni une parole ni un regard, s'évitant
avec un soin particulier, et ne paraissant pas
plus se. connaître que si l'un fût arrivé de
Chine,et L'autre du MonomOtapa, Voilà leur
manœuvre, mon fils , et elle a duré deux
Ixeures, montre en main. Que vous en sem
ble? et n'est-il pas vrai que ce sont là des té
moignages accablansî , • '
— En effet, répondis-ie, devenu plus at
tentif. - . a -
— Eh bien ! mon cher, ce sont pourtant
les.moindres de mes preuves; j'en ai d'au
tres ; j'en ai les mains pleines et n'hésite que
devant rembarras du choix. Ah ! ils s'ima
ginaient m'échapper ! M'échapper, à moi?
Voilà une présomption bien grande. Pen
dant que vous dormiez, Népomucène, moi je
veillais ; il n'y a que les femmes pour soute
nir de tels rôles. Voulez-vous savoir ce que
j'ai découvert encore? le voulez-vous ?
— Volontiers, chanoinesse, vous m'inté]
ressez vivement.
— Mon cher, pour obtenir les choses, il
faut y mettre le prix ; ce mot vous explique
tout. Lorsqu'il s'est agi de pénétrer les se-*
crets des Mauléoh, qu'ai-je fait? J'ai obéi à
ce principe avec une grandeur exemplaire t
En face de l'hôtel se tient un commission i
naire en . possession d'une médaille, et, par
conséquent, de la confiance du gouverne
ment. Je l'ai suborné à prix d'or. Qui veut
la fin veut les moyens. Ah! c'est qu'une fois
engagée, je ne recule plus ; j'y aurais mangé
ma garderobe, mes violettes à venir et jus
qu'à mes quatre portraits. Voilà comment je
suis. J'ai donc suborné cet homme à prix
d'or; chacun de ses rapports lui est payé à
raison d'un franc cinquante centimes, et j 'y
ajoute un verre de boisson; c'est faire verser
la mesure des sacrifices. Maintenant savez-
vous ce que j'en ai recueilli ?
— Dites, chanoinesse, vous piquez ma cu^
riosite. • ■ '*
— Je le crois, mon cher, on le ferait à
moins. Un franc cinquante centimes par ren
seignement sans compter les liquides. J'usais
donc de magnificence; aussi étais-je bieii
servie, comme vôus âlle'z- voir. Cet homme,
qui m'est vendu, me tient, jour par jour,
minute par minute, au courant des mouve-
mens de l'hôtel. Votre Lucien n'en bouge
plus. Dans les^ débuts il s'y -rendait
« des heures décçrites, à salon ouvert et
comme 1^ commun des .humains! Entre
1 étirée et la sortie, il ne s'écoulait qu'un
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