Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-08-09
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 09 août 1852 09 août 1852
Description : 1852/08/09 (Numéro 222). 1852/08/09 (Numéro 222).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 222.
vnis. «s s. , ÂsasmEiis»H*
PARIS Ï3 F. PAR TBiMSSTRI?
bépaètemens. 16 F. —»
us numéro : s® centim23j
pouslbs pi.rè irzÂixasR», s» reporter
an taMeau qui sers publié dans le jdïuruaii
las 13 etSS de chaque inoU,i
BUItlSAJSjTK. : rue de Valais (Pal&l0-Et«yai;; n 1 i©îj
Le» aàctinsmtns datent élu 1" ti U
de chaque Btot>;
LUNDI 9 AOUT.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
, , - ■
» S'adresser, franco, pour la rédaction, à M. C ucheval- C urig NY, rédacteur en chef. 1 Qn s'uhnne, dam les d '•parUmins, aux. Messageries et aur Directions de poste.—A Lorid w, clu s MM. Cowut et fil <3 L
. Les articles, déposés ne sont-pas rendus ' ] — A Strasbourg, c/tsz -M. A lmandue, pour l'Alhmogne. . _ IL
S'adresser, franco? pour radministration, à M. D ïhàih ,
lonoes sont reçue* aa bureau du iotwnal; et ohes M. PAN1S, régineur,
PARIS, 8 AOUT*
, Le Moniteur publie les deuxdécrets sui-
Yans : *-
Louis-Napoléon , Président de la République
française,
Déciète :
Art. (".Sont autorisés à rentrer immédiatement
en France :
-MM. Creton.
Buvergier de Hauranne,
Chatnbulle,
' Thiers,
De Rémusat,
Jules de Lasteyrie,
Général Laidet,
Anlony Thouret.
Art. 2. Le ministre d'Etat et le ministre dé la
police générale sont chargés de l'exécution du pré
sent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 7 août 1852.
lol .rS -ffapoléo!v.
L« ministre d'Etat, achillk fould.
Louis-Napoléon, Président de la République
française,
1 Dé rète : - '
, Art. I". L'interdiction de résider èn France.,
prononcée par le décret du 10 janvier 1852, est
levée à l'égard de : •
MM. Michel Renaud,
Signard, --
Joly,
Théodore Bac, •
Belin,
Eî-sse, ^
Êlillotte. -
' Art. 2. Le ministre d'Etat et le ministre delà
police générale sont chargés de l'exécution du prê
tent decrët.
* Fait au' palais de Saint-Cloud,.le 7 août .1852.
lobis-napoléon.
Le ministre d'Etat, achiixe fodld.
Le Président de la République vient de
rendre deux décrets qui auront un grand
retentissement, et que l'opinion publique
tout.entière accueillera avec une extrême
faveur. En rouvrant le territoire national à
dès hommes considérables qu'il avait cru
devoir en éloigner momentanément, le gou
vernement fait preuve à la fois de force, de
modération et d'habileté.
' Les mesures d'exception, même celles que
justifie une nécessité évidente, ne peuvent
jamais dépouiller complètement tout carac
tère de violence. Elles sont, par leur na-
"ture même, la preuve d'une situation anor
male,-où la société est profondément trou
blée, où le pouvoir est sur 1* défensive, et
où les moyens ordinaires de gouvernement
ne suffisent pas. Les lever, c'est proclamer au
contraire avec toute l'éloquence des faits,
que la crise sociale est terminée, que toutes
ehoses ont repris leur cours paisible et ré
gulier, et que la loi règne seule.
Le décret du 7 août donne au gouverne
ment le droit de dire que les décrets du 10
janvier avaient été à ses yeux un sacrifice
"fait à une impérieuse nécessité, une mesure
de conservation sociale, dictée par la froi
de et calme appréciation des besoins du mo
ment, et qu'il n'y était entré aucune pensée
personnelle, aucun sentiment d'animosi-
té. Faire cesser toute rigueur le jour où
elle cesse d'être indispensable, c'est, pour le
pouvoir, la meilleure façon de prouver qu'il
n'a jamais déserté cette région élevée et serei
ne où la voix et les conseils de la passion, où
les suggestions individuelles se taisent de
vant les grands intérêts nationaux et les im
menses devoirs qu'impose la confiance d'un
peuple. '
Maissi le décret du 7 août prouve la mo
dération du gouvernemenl, il atteste aussi
que le pouvoir a foi en lui-même et qu'il est'
sûrdesa force. C'est unedémonstratiônnou-
tfelle du calme profond dont jouit le pays ,
de l'ordre et de la tranqaillité qui .régnent
partout, et de l'apais emeut des esprits;
C'est parce que rien ne vient troubler le
présent ni inquiéter l'avenir, c'est parce
| qu'aucun obstacle n'entrave nulle part l'ac-
| tien du pouvoir et ne fait présager la
possibilité d'une complication future, .que
le gouvernement peut convier au spéetade
de la France calme, prospère et réconciliée,
les hommes même qu'il, a regardés un ins
tant,comme de dangereux adversaires.
La confiance appelle la confiance. En
voyant le pouvoir se désarmer successive
ment des précautions qu'il avait jugét s in
dispensables, se croire assez affermi pour
être généreux et pour dominer tous les par
tis avec le seul, appui de la loi et de l'opi
nion publique, la France ne pourra que se
convaincre de plus en plus de la force et de
la stabilit éde son gouvernement.
C ucheval- C larigîit. .
Dans sa séance du 5 août, le conseil na
tional séant à Berne a statué à l'égard de la
question de.Fribourg.
« IL y avait encore, dit le journal la Suisse,
quatorze orateurs inscrits; mais la chambre
et le public étaient fatigués. Le résultat avait
-cessé d'être douteux. U y a eu appel nomi
nal sur la proposition Bontemps. Elle a été
rejetée par 70 voix contre. 29. Plusieurs
memhres étaient absens. La proposition de
la commission a été adoptée ensuite par 79
voix contre i8, également à l'appel nomi
nal! Plusieurs membres se sont abstenus. »
La pétition de l'assemblée de Posieux a
été rejetée par le conseil fédéral suisse.
Ce vote ruine les espérances de la popu
lation de Fribourg en prolongeant l'exis
tence d'une Constitution qui n'a pas reçu la
ratification populaire, et d'un gouvernement
qui a contre lui la grande majorité de ses
administrés. On ne saurait trop déplorer un
vote qui enlève presque la dernière chance
de voir se dénouer pacifiquement une situa
tion qui ne saurait se prolonger long-temps.
Le parti radical n'a pas, à se féliciter de Ce
triomphe qui pourrait bien être le der
nier. "Cet abus de, la force , ce dédain
des plus [justes plaintes ne peuvent man
quer de ranimer l'énergie des libéraux. A
Berne, le salut est sorti de l'excès du mal ;
l'obstination avec laquelle les radicaux im
posent à un canton tout entier le joug d'une
infime coterie, ne peut manquer de provo
quer dans toute la Suisse une salutaire réac
tion. CtClIEVAL-CLAHIGSr. ,
Nous recevons notre courrier de Constan-
tinople, du 23 juillet
Tous les bruits de changement de cabinet
étaient complètement tombés. Réchid-Pacha
a repris le dessus et l'on croit même savoir
que le sultan'aurait répondu à celui de ses
beaux-frères, qui, comptant,sur son influence,
était revenu uue dixième fois peut-être à la
charge pour tâcher de renverser le grand
visir, qu'il était fermement résolu à 'ne pas
se priver des services de Réchid; qu'en-con
séquence, il engageait les ennemis de cet
homme d'Etat à se tenir tranquilles et même
à faire leur paix avec lui, parce que ces con
tinuelles intrigues le fatiguaient. Ils se le
sont tenu pour dit, et, tous, à l'envi, ont fait
des avances aupremier ministre.
Ainêi, la position de Réchid-Pacha paraît
consolidée, et il/a, dit-on, l'intention de
renforcer son ministère en y introduisant
quelques hommes du progrès. On parle, en
tre autres, de remplacement du ministre
des finances et de la rentrée d'Ismaïl-Pacha
au ministère du commerce. Quant au séras-
kter (ministre d« la guerre), qui avait été à
la veille de donner sa démission pour cause
de maladie grave, il est parfaitement rétabli,
et conservera la place important qu'il rem
plit avec autant de zèle que de dislinctiG;;^*.
A l'occasiou de la solennité du bilram,
qui a été célébrée le 18 avec la pompe accou
tumée, le sultan a fait la première distribu
tion de la nouvelle; décoration du Nislian-Is-
tihkak, qui remplace le Nishan-Iftihar. Le
grand-visir, le cheik-ul-islam, le, capitan-
pacha et lp grand-maître de l'artillerie, ces
deux derniers,beaux-frères de S. H., ont re
çu la décoration de la première classe, équi
valant à notre-grand'eroix de la Légion-
d'honneur; Ali-Pacha, le séraslùer, le mi
nistre des finances, le président du conseil
et quelques muchirsont été nommés de la se
conde classe, correspondant à notre grand-
officier ; enfin, .Fuad-Effendi, le minisire de
là justice , quelques autres hauts fonction
naires et généraux de division ont été dé
corés de la troisième classe (commandeurs).
Le marqui'sde L^ valei te était, attend u d'une
heure à l'autre. On se préoccupait beau
coup à Constântinople, surtout parmi les
Turcs, du motif puissant qui avait pu pro
voquer son brusque retour et de la nature
-des instmc:ions dont il est porteur. On
était généralement assez inquiet à cet égard,
car on, ne pouvait pas supposer qu'il re
vînt, sans de graves raisons, : à son poste
avant l'expiration' de son congé, et quoi
que pussent dire des personnes mal dis
posées pour la France, il n'était pas présu-
mable,' et l'on ne croyait pas à la Porte, que
ce retour fût un prétexte pour couvrir l'en
trée du Churlemagrie. .
:flaire du Vietary se poursuivait acift ■
activement. Plusieurs individus désignés
par l'enquête comme instigateurs ou coupa
bles des voies de fait exercees contrôles pas
sagers et l'équipage jie ce steamer anglais,
ont été arrêtés. Leur procès s'instruisait au
ministère de la police, en présence des deux
principaux drogmans de l'ambassade britan
nique.
Le gouvernement grec est' menacé d'une
nouvelle tribulation daps le genre de celle
qu'il a eu à souffrir il y a quelques années
de la part de lord Palmerston. Cette fois, ce
sout les Etats Unis qui veulent venger les ou
trages faits à un de leurs missionnaires, M.
King, condamné par les tribunaux pour cause
de prosélytisme (défit prévu par la Consti
tution de 184-1, article 1 er ), à quinze jours
de prison et au bannissement. M. March,
ministre d'Amérique à Constantinople, allait
partir sur une fregate mixte qui est venue
le chercher pour le conduire a Athènes, à
l'effet d'obtenir une réparation éclatante. Oh
dit qu'une autre frégate à vàpeur et deux
frégates à voiles attendent M. March au Pi-
rée, afin d'appuyer ses réclamations et agir
de force, le cas échéant.
Le sultan a fait, le 23 juillet, une visite au
vieux Kosrew-Pacha, avec lequel il est resté
près de deux heures." On n'attachait aifcuù .
sens politique à cet acte de pure déférence •
ehvars un vieillard presque totubé en enfance,
M. Sabatier qui pendant sa gérance de
l'ambassade de Fi ance en qualité de chargé
d'affaires, a eu plusieurs occasions défaire
apprécier son caractère honorable et les qua
lités précieuses dont il est doué, laissera,
nous écrit-on, de vifs regre's à Constantino-
ple. Sa nomination au consulat général
dAlexandrie, 1 est généralement approuvée.
Des scènes sanglantes ont eu lieu à Galata
et à Péra entre des malfaiteurs et des gardes
de police; cinq de ceux-ci Ont été tués ou
blessés dangereusement; un nombre encore
plus considérable -des premiers a péri dans
ces rixes qui ont causé un certain émoi par
mi la population européenne, et ont vive
ment fixe l'attention du gouvernement turc..
On a créé, sous la direction de Nessib-Pacha,
un service spécial de police pour les fau
bourgs de Péra et Galata; depuis lors, la
tranquillité-est rétablie, et on arrête tous les
jours une fonte de gens sans aveu, dont la
plupart étaient signalés comme l^s auUurs
ou les complices de tous les méfaits qui.se
commettaient.
La navigation àv.ipeuraangmenté depuis
quelque temps d'une manière incroyable a
Constântinople. Plus de vingt bateaux de
. toute grandeur font journellement des tra
jets lé^ulters dans le Bosphore et sur diffé
rent points de là merde Marmara,et chaque
jo ir il f u atrive d<> nortveaux II est question
maintenant de la formation d'une compa
gnie russe",qui aurait à elle seule une ving
taine de bateaux et ferait concurrence à cel
les qui existent déjà.
Le sultan vient de commander en Angle
terre un yacht à vapeur de plaisance, pour
son usage particulier. Il s'en servira pour
faire des courses dans le Bosphore, dans la
mer de Marmara et dans la mer Noire. -
Il y a encore eu quelques incendies, dans
les quartiers turcs. Le plus violent a éclaté
au faubourg de Kassim-Pacha, dans l'après-
midi du 17, et à détruit une centaine de mai
sons et boutiques. l. bokiface.
Dépicîrc télégraphique de Marseille.
Le 6 août 1852. 9 h. 1/2 m.
Dardanelles, 25 juillet.
L 'ambassadeur de France à Constântinople à
M. le ministre dès affaires étrangères.
Le Chvrlemagne vient de mouiller dans les
Dardanelles. Le firnian qui autorise son pas
sage y était arrivé en triple expédition. Les
saïuts d'usage ont été échangés. Le goûver-
neur et le commandant des forts sont venus
me rendre visite à bord. Le voyage a été des
plus heureux.
Lé vaisseau va se remettre en route, et tout
- fa ! t espérer que nous arriverons demain à
Constântinople".
Le Journal de 1 r ncjo t d ms son- numéro
du 7 août, s'oc ufc a son tour du prétendu
traité du 20 mai, pubue par le Chronicle. Il
déclare ce document, faux d'un bovt à l'autre.
Voici l'article du Journal de Francfort :
Le Moming-Chronicle du 28 juillet a publié le
résumé d'u-n traité qui aurait été concla le 20
mai entre les puissances du nord.au sujet de
tendances que pourrait poursuivre le prince-Pré
sident de la République française pOiir # le réta
blissement de l'Empire et la création d'une dynas
tie héréditaire napoléonienne. Ce que le Times
avait donné, il- y a plusieurs semaines,, comme
une entente préliminaire entre cts mêmes puis
sances, le Morniny-Chroniole l'a présente sous la
l'orme de traité. En prenant acte de ce résumé et
v en en reproduiiant la teneur, nous avons déjà ré
voqué en doute l'authenticité d'un document qui
renferme des stipulations précises et obligatoires
au siijet d'une éventualité dont rien jusqu'ici dans
la conduite du Président ne justifie la réalisation,
et qui, au cas même, qu'elle s'accomplit à l'avenir,
ne pourrait dans aucun cas donner lieu à des sti
pulations préalables. Eu égard à la politique ex-
pectante des puissances du nord, on ne saurait
nier qu'une pareille déclaration s'accorde peu ayee
la maxime suivie jusqu'ici par ces mêmes puis
sances, à savoir de n'intervenir dans les affaires
intérieures d'aucun pays étranger, et de rie point
provenir des evénemens européens par des ^ipu-
latioxs q"ui,.>i Ion n'était décidé â 1-s exécuter à-
outrance, seraient de vaines protections.
Aussi les feuilles semi-officie Iles de Paris et de
Berlin oirt-eltes nié l'exi tence d'un document qui
est faux d'un bout à 1 autre..
LéP légitimité est uu principe consacré par le
droit pubuc européen. Les exe. plions à la règle
n oui pu iai!e abroger cette dernière. Le principe
reste, ru.iis la force des circonstancts existe à cê-té
du.'principe. L * politique des faits accomplis n'a
p pi r a a téautir le principe, mais le priri-^
ci pe n a pu non plus entraver la politique des faits
C'est ce que nous donnons à penser à tous ceux
qui ne cessent de défendre une cSuse sacrée par
des démonstrations passablement frivoîe-, démons
trations qui dans aucun cas ne pourraient empè-
cher la- catastrophe contre laquelle ell .s sont riiri-
gt es, niais qui pourraient, le cas échéant, accélé
rer l'événement qu'on veut rvitèr.
- Que dire de Cc .-s machinations ridicules qui im
posent aux puisauces du nord ues obligations
eu bonne l'on ri-: au sujet des droits très légitimes
du comté d>; Clwnitiora, et qui provoquent des iv-
f«t tiens ( ai' lesquelles on ne peut, il ert vrai, af-
faibl r les droits de l'héritier légitime, mais qdi'
.sont loin de consolider sa po.-ition politique ?
St de pareilles démarches pouvaient < niantr des
amis du"peiit-fiis des anciens rois de France, on
ne sturaii. s'ema^cher de leur rappeler le dicton
du poète:amis; quant à mes enntmis, jé saurai bien me
protéger coi.tre eux. »
Ni la France, ni la société européenne ne se
trouvent dans la -.yiitioii de pouvoir se passer de
ce bra* entergjque a vaincu la révolution et
qui a anéanti l'anarchie. Les cabinets du nord
sont les premiers a reconnuî r TC les grands ^ervi-
C'js que Louis-rNaaoleon a reu K h à l'ordre et îi
la tranquillité du monde. En maintenant le prin
cipe inébranlable du droit, ils én:»roni, en même
temps de le co'iiprumettr.s pir des déclarations.et
des protestations prématurées ainsi que par des
prom s-es 11 di ■> stipulations qui, dans tous les cas,
seraient plus faibles que le principes qu'elles au
raient à soutenir.
On lit dans le Moniteur : t
« Le journal ministériel de Vienne, le Lloyd, a
publié, dans son numéro du 3 août, un article se
référant-à la récente publication du Morning-
Chronicte, relative au prétendu traité du 20 mai
* « Après avoir fait ressortir les invraisemblan
ces de fond et de forme qui caractérisent ce
prétendu traité, l'auteur de cet article proteste
avec énergie contre la pensée « que t'Autiiche
ait pu s'associer à un acte qu'il serait impossible
, de concilier avec la politique droite f-t honnête du
cabinet impérial. » L'Autriche, f;>it-i! remarquer,
a si souvent déclaré qu'elle était résolue à ne
pas s'immiscer dans les affaires intérieures de la
France: elle e-t d'ailleurs fi loin d'avoir à se plain
dre de la politique extérieure du prince-Président,
qu'on ne saurait admettre un seul instant qu'ille
i-e soit laissée aller à conclure un traité secret,
sans résultat possible, sans garantie d'exécu
tion, en un met, un vain assemblage de phra
se- incohérentes; bonnes simplement à exciter la
défiance et à provoquer la juste susceptibilité du
prince-Président et de la nation française. Par
ces motif-, ajoijte-t-il, en terminant, nous croyons
devoir considérer le prétendu irrité du Munriny-
Oliron-cte comme un document apocryphe, fabri
qué à plaisir, et, piur dire toute notre pen-ée,
comtue une maladfoité et grossière invention. »
Un décret, en date du 5 août, modifie la
composition des diverses sections du Conseil
d'Etat et nomtae deux commissaires du gou
vernement près la section du contentieux.
. Ce décret porte . '
Art. 1". Sont attachés : #
A la section de législation, M. Persil, conseiller
d'Etat ;
A la section du contentieux, MM. Conti et Mai
grie, conseillers d'État;
A la section de l'intérieur, de l'instruction pu
blique et des cultes, MM. Denjoy et Cormenin,
conseillers d'Etat ;
A la section des travaux publics, de l'agriculture
et du co.i merce, MM. Carlier et Cochelet, conseil-,
lers d'Etat ;
A la section de la guerre'et de la marine, M. le
marquis de Padoue, conseiller d'Etat ;
2. Sont désignés pour fore partie de l'assemblée
du conseil d'Etat délibérant au contentieux, M. de
Thorigriy, pour la section de législation, en rem
placement de M. Suin, qui, sur sa demande, cesse
cle* faire partie de cette assemblée ;
M. Denjoy, pour la section de.Tintérieur, de
l'instruction publique et des cultes ;
M. Fi;emy, pour la section des travaux publies ;
M. Dariste, pour la section de la guerre, et de la
marine.
, 3. MM. Forcade delà Roquette et de Lavenav, ;
maîtres des requêtes , rempliront tes fonctions de
commissaires du gouvernement près la section du
contentieux. . -* ~ "
Par un autre décret daté de Saint-Cloud,
7 août, sont nommés r
Auditeurs de 1™ clisse nu conseil d'Etat.- —MM.
Boinvillers (Edouard), auditeur de 2" classe : le vi
comte de Gueriion-Rànville, auditeur de 2° classe;
Aueoc, auditeur de 2 e classe, et M. Bauchart,
avocat.- •
Auditeurs de 2* classe. —MM. Lacaze, (Louis) ;
Davergier (Loui ) ; Moreau (Adolphe); Sampayo
(Osbori.e); Boivin ; Rolle (Armand).
Le Moniteur du Loiret insère, dans ses co
lonnes, l'avertissement suivant, qui lui a été
envoyé par la préfecture :
Vu l'article 32 du décret sur la presse du 17 fé-
Vrirr lS,'i-2 : - -
Vu le numéro du journal le Moniteur du Loiret,
eo dat-; de ce jour, contenant un article adresse
au Journal du i.wt. dans lequel on lit : « C'< st
» vous q i avi z fat tiw.uoniier la ville, ert sec-
» lions, contrairement a deux délibérations du
» conseil municipal, etc. » . ' • '
\tn idu iae ci in 1 u mon est'de nature à dé-
con-a îe er 1 ut a lté d p it mentale, en ce qu'elle
la repiésente comme ayant subi l'influence d'un
journal dans l'accomplissement i
forme à la loi et [irisa dans l'intérêt pûE
Arrête: *
Art. 1*'. Uri premier avertissement est donné au
journal le'Moniteur du Ijiiret, dans la personne
de M. t éon Lavedan, gérant dudit journal et si
gnataire de l'article précité. .
Fait en l'hôtel de la préfecture, lé 6 août 1832.
dxibesset.
On'lit dans le Journal du Havre du 7 août :
« Le capitaine Rossiter, commandant le balei
nier da Havre le Génêral Teste, rentré ce matin à
son port (l'armement, après une campagne de trois
ans et quelques jours, a touché, en dernier lieu, à
Taïti , d'où il a fait voile le 16 avril. Nous ex
trayons de son rapport de mçr les renseîgnemens
qui suivent sur les derniers événem ns dont le»
suite à tort celle de Taïti, comme 1« centre d'un
mouvement républibain, à la suite duquel la r, ine
Pomaré a dû se réfugier sous la protectiop du pa
villon français : •
« Je suis parti de Taîti, le vendredi 16 avril,,
pour faire mon retour en France.
» Douie jours avant mon départ, M. le gouver
neur Bonard est-parti pour l'île de Raïatea, avec 1a
corvette la TMsbé et tous les chirurgiens apparte
nant au service de la colonie : une dépêche était
arrivée à Taïti, le 2 avril, annonçant qu'un com
bat avait eu lieu entre les partisans de la rein#
Pomaré et les naturels de l'île de Raïatea, qui se
sont déclarés en république, après avoir chassé la
reine Pomaré, qui était allée pour placer un de ses
fils comme roi de cette.île. Il y a eu cinquante
à soixante hommes -de tués et de blessés des
deux parts. La ru ne a été obligée de se sauver,
très indisposée, à bord de son embarcation, où,
quelques heures après, elle a accouché d'un gar
çon; la reine et le jeune prince étaient dans un
état .satisfaisant, quand je suis parti.
» J'ai laissé dans le port de Papéiti la corvette
la Durance, commandant Vincent, et plusieurs
baleiniers américains. »
Les travaux jpour l'éclairage au gaz de la
colonne de la place Vendôme sont considéra
bles. Il fallait maintenir l'immense tuyau en
spirale qui conduit le gaz jusqu'au sommetà
une distance telle que les bas-reliefs de la
colonne ne pussent recevoir aucuae atteint»
des flammes et de la fumée et ne pas pren
dre ses points d'attache sur le fût de la co
lonne. On y est parvfenu au moyen de quatre
tringles de fer partant des angles du socle et
s'élevant jusqu'aux angles,du chapiteau.
Un; échafaudage volant qui entoure le fût
de la colonne porte les ouvriers qui |ont
chargés d'établir la spirale, arrivée mainte
nant à peu près à la moitié de sa course.
Les aigles sont prêts ainsi que les autres
pièces de la décoration. Il en est de même
des, palmiers et des autres appareils d'é
clairage qui doivent remplacer les lanter
nes ordinaires, sur. les colonnes lampadaires
placées 1 h long de la ligne des boule'vatds et
des Champs-Elysées, delà Bastille à l'Etoile.
. On' sait qu'il y aura trois feux d'artifice :
un au pont de la Concorde, un autre au pont
d'Austerlitz, un troisième à la barrière du
Tiôue. - ^
^ La foule pourra ainsi se partager, et l'on
évitera un trop grand encombrement vers
les quartiers qui sont d'ordinaire le centre
des dtvertissemens populaires.
Tout annonce que les fêtes seront fort
b. lit s.
Les théâtres se dressent, les préparatifs
pour les jeux nautiques sont poursuivis
avec activité, tant en aval du pont de la
Concorde qu'en a^ont du pont d'Austerlitz,
car,pour ces jeux aussi,, ob n'a pas voulu les
réunir sur un seul point,
l. b0niface.
ALLEMAGNE.
Berlin , 5 août. — L'ambassadeur de franc S,
marquis de Varennes, fera chanter un office ai;
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 9 ftOUT.
THÉÂTRES.
T héathe- F rançais : Les Précieuses ridicules, dé-
but de 'M. Thiron. — Le Fou et le Sage, comédie
en trois actes et .en vers de MM Mery et Bernard
Lapes. — Variétés : t» Roi des Drôles, vaudeville
en trois actes, de MM. Duvert et Lauzanne. M.
yi édérickLeiriaitre.— Vaudeville :te Trait d'union,
• un acte de M. Leroux. — Palais-Royal : La Mire
Moreau, un acte de MM. Clairville et Cordier.
—Gaité : La Chambre rouge, drame en cinq actes,
de M. Théodore Anne.
Yoici l'avalanche 1 Voici le débordement
des grandes eaux dramatiques! Us ont en
tassé Pelion sur Ossa, la comédie sur le
vaudeville, le drame sur le mélodrame, la
Chambre rouge sur les Charpentien 1 Tous
nos théâtres parlent à la fois : Vaudeville,
Palais -Royal, Variétés, Gaîté et Théâtre-
Français. Vous avez le Fou et le Sage, en
ver?; le fameux Roi des Drôles, en prose;
et puis-/e Trait d'Union , et puis les Pruies de
la mère Moreau^ et que sais-je encore? enfin
tant de pièces, qq'il n'y aura jamais de bocal
assez grand pour }es contenir. Ajoutez-y les
début*. Vendredi un comique. nommé Thi
ron, débutait aux Français, après la représen
tation de. Ifi comédie nouvelle, dans le Masca-
r< lie des Précieuses. Disons-lui d'abord son fait,
il a été bien élevé, à coup sûr; il fait hon
neur au Conservatoire et à son professeur ;
il est jeune, très jeune, trop jeune pour le
rAle où nous .l'avons vu ; si bien qu'on ne
peut accepter le début que comme conti
nuation des exercices de la classe.
Sur le petit théâtre de la rue Bergère, M.
Thiron est de taille suffisante,- il a la voix
assez forte, rien ne le force de forcer. Mais,
sur ce grand Théâtre-Français, on dirait
d'une marionnette qui glapit ; il lui fout
tout exagérer : la physionomie, le, geste,
l'organe; tout son soin, tend à s'en
fler; il" voudrait se faire de grosses joues,
( une grosse tête, de gros bras, de grosses
jambes, bref devenir" aussi gros que les ca
marades parmi lesquels on l'a mis, puis
que le voilà de la ciasse des grands. De
tout cwk il résulte que la représentation
des Précieuses est un spectacle plus pénible
que divertissant: non pas que le jeune Thi-
roa manque d'intelligence, de mobilité de
traits, de diction, et d'intention comique,
mais le rôle du bœuf ne,saurait aller a la
grenouille, et pour ma part je ne puis sup
porter les enfans affublés en personnages de
grandeur naturelle. Maintenant qu'on a per
mis au jeune Thiron d'accomplir son tour
de force, de se grimer, de grimacer le rôle
de Mascarille, et de faire toutes c'es sin
geries qui donnent la mesure de, ses
heureuses dispositions , il faudra le lais
ser dans un emploi où sa. grande jeu
nesse, son physique, son esprit, et les excel
lentes leçons qu'il a reçues le serviront à
merveille; les petits paysans du répertoire
sont bien son fait, il ne peut manquer d'y
être, charmant, naïf et gai; on l'a engagé
expressément pour les jouer et l'on a eu rai
son; il y a; véritablement de l'avenir chez
notre petit débutant, à,la condition qu'il
prendra le temps de grandir,-de grossir, et
qu'on ne l'exposera pas, dès le début, dès le
jeuue âge, au danger de s'habituer à la con
torsion et à la grimace, qui sont si loin du
véritable comique.,
LejeuneTiiirons-t^élève de M. Provost,un
élève favori à juste titre. Quel dommage qu'en
faveur de l'éiève, le maHYe n'ait pas pour
cette fois joué Gorgibus ! nous aurions passé
sur le reste; et pourquoi,-s'il vous plaît, a-
t-ort laissé un figurant paraître dans Jodelet?
Est-ce que le théâtre n'a"pas M. Kegnier,
M. Got, ou même M. Monrose qui n ' se
rait certes pas de trop quoique sociétaire?
Mais on ne veut pas faire la partie d'un pe
tit débutant, on se croit passé maître, et on
ne joue qu'entçe maîtres, au risque de sacri
fier indignement Molière, et de nous faire
assister à de,s représentations aussi honteu
ses que celle de vendredi. Le pis, c'est que
nous n'étions pas seuls ce soir-là au specta
cle; le Président, exprès venu pour la co
médie de MM. Méry et Bernard Lopez, a eu le
plaisir d'entendre "M. Malhién, M. Anselme
■tMlle Bonval. Mlle Botival est décidément
impossible; elle éteint tout, elle glace tout;
est-ce croyable? elle rend Modère en
nuyeux ! «on visage est inerte , son dé
bit monotone, sa voix sans timbre'; pour
pi'ji qu'elle ait une réplique de ciuq ou
six ligïies, on dirait", des le troisième
mot, qu'elle, s'est endormie: il faut re
noncer à faife jouer par Mile Bonval aucun
rô e en dehors, aucun rôle qui demande de
la verve et de la gaîté. Je sais bien qu'on l'a
engagée pour les soubrettes, et c'est un très
grand malheur; mais si on veut l'utiliser
sans détruire le répertoire, qu'onse contente
de lui confier les lettres difficiles à porter.
Mtilière a pourlant résisté encore.Le débutant
Thiron, je lui rends cette justice, a fait plus
que force humaine pour tenir Mlle Bonval
éveillée ; sans lui et sans Mlle Sïint-H laire,
la seule qui se soit piquée d'honneur, qui
nous ait montré uue figure aimable et rieu
se, qui ait parlé d'une voix claire et nette ,
qui ait compris son Molière et monté le
comique au véritable diapason,'je crois que
tous les autres se seraient peu à peu -assou
pis en scèuc, et qu'avant la fin les.mpts au
raient exp : ré sur leurs lèvres.
Et cependant, comme on joué la comédie-
au Théâtre-Français quand on veut bien s'en
mêler! Où trouver une comédienne plus
todehante, plus expressive que cette Fa-
vart qui lions est revenue hier avec toute
sa grâce et en pîeine beauté ; et l'adorable
visage de la jeune Ttiéi ic, et cette luxuriante
santé de Mlle Biron, tant dp trésors à la fois,
et bien d'autres, au service «lu répertoire
ancien et moderne ? On n'a que l'embarras
du clipix. Pourquoi ne pas toujours bien
eLtoi-ir? La comédi-3 de MM. Méry et Lopez
est comme illuminée par tant de beaux
yeux; en vérité, je ne sais si ce sont les
vers ou les regards qui nous ébloui-sent..."
Mais il, ne faut pas nous, laisser ente, tuer
par la galanterie ,plus loin que de raison ;
parlous d'abord de la pièce;
Le titre promettait bien des paradoxes!
L e F ou et le S age ! Que n'y avait-il pas à dire
sur la sagesse et la-folie ! Quand on s'appelle
JVléry,, et qu'on a droit à toutes les impro
visations et à toutes les fantaisies, com
ment s'arrêter, comment se. borner sur
un pareil chapitre? Pourtant notre poète
ne s'est pas seulement arrêté et borné,
on peut dire qu'il a observé presque tou
tes les lois d'Aristote; après quoi je le
crois capable de tout. Méry^nous étonnait,
maintenant il nous épouvante. Plus de ti
gres, ni d'éléphaus, m de fantaisie indienne!
On ne l'accusera pas de n >us égarer; dans la
Floride, ni de recommencer la Guerre du
Nizam, ni d'entendre le théâtre à la façon
des brahmesdeWtshnou, et de vouloir conti
nuer Sacou.sur les bords du Gange; nous avons nos sa
ges, nous avons le type des vrais sages de
Marseille, en la personne de Méry!
Ainsi, la nouvelle comédie est simplement
un miracle de bon sens, quelque chose d'ar-
' rangé dans Je goût raisonnable et savant des
meilleurs vaudevilles de M. Scribe, dont la
sagesse est, je crois, supérieure et incontes
table alu tnéàtre, en même temps quelque
chose de moral à la façon de Marmontel
pour le moins. Où est la folie, où est-la sa
gesse? Devine qui le peut, et choisisse qui
l'ose.
Maurice, l'avoué, est un garçon compassé,
toujours vêtu de noir- et cravaté de blanc.
Dès sa tendre enfance il a ' perdu l'habitude
de rire; avant que de sortir du collège,"il
détestait déjà les femmes; à la Grande-Chau
mière, pendant tout le temps' qu'il fit son
droit, on le montra au doigt à cause de sa
s.igesse ; enfin il n'a jamais eu qu'une liaison,
décente, honnête, convenable s'il en fut sons
tous les rapports, aveô une femme mariée.
N'est-ce pa-i là le modèle qu'il convient de
donner à la jeunesse, et notamiûentaux jeu
nes-avoués?
Léon est tout le contraire de son ami Mau
rice , c'est-à-dire un fou en regard de ce sage
de Puis. Hélas ! le temps des sages de la
Grèce est passe! Avant la fin de ses classes,
Léon savait déjà tout ce qu'on n'apprend
point en rh-élorique. Les femmes de cham
bre l'avaient formé. Après celles-là tout le
régiment ordinaire, h s grisettos. au quartier
latin, leslorettis au quartier d'Arittn, bref
ce que peut désir r de mieux un jéuue
homme -riche, aimable, "t d'une exemplaire
folie. -Ne l'imitfz pa~, celui là!
Ah! l'insensé, qui pivn-l le plaisir où il le
trouve, et le gauh i: inoins long-temps
possible; incapable d'attachement' sérieux,
amoureux de tou i-N Ici -, 1 > ;er, fou,b m
à rien, pas mê ne hou a niirni! Comment
" un père hésiterait il > n tv M uu ice < t Léon,
entre le sage 11 le fou, ^'il >•.' %it d'a<»unr
le bonheur de ci Ciem mi'lu i cliot^t le
sage, le jeuue homnv m tm nx, ne court'pas les a\entur », e. lui q'.i n'a ji-
mais eu qu'une liai-on, et fortdi-eie^m nt,
~ à eause de la respectable position dô cet e
honorable maîtresse ; le. fou, le Libertin peut
bien aller se marier ailleurs, d autant que
la façon ne lui en coûté pas grand'ehose ;
niais nos délicieuses filles si remplies de
candeur, et si bien formées à la sagesse, jie
sout pas pour lui !
Cependant, si Léon, le fou, aimait Clé
mence au fond du cœur , et que le sage
Maurice la demandât en mariage?.... Le fou
céderait naturellement le pas au sage.—On
prépare le contrat. — Pourquoi donc Mau
rice hésite-t-il à signer? Il a cependant la te
nue de l'emploi, l'invariable -habit noir, l'é
ternelle cravate blanche. Toutes les conve
nances se trouvent au contrat : et la dot, et -
la vertu de la future^ et la sagesse'du jeune
avoué; entre nous, je vous arouerai même
que c'est sur la dot de Clémence que Mau
rice compte pour payer sa charge ; cepen
dant, au moment de signer, Maurice taisse
les yeux, laisse tomber la plume, et voilà
le mariage manqué! manqué pour cause
d'excès de sagesse I manqué parce qu'on a
été trop vertueux toute sa vie, parce qu'ton
est un sage au lieu d'èjre. 'un fou ! le croi-
riez-vous? Il faut le croire. Cette unique
liaison de Maurice, cette femme mariée,-
fcetlç Mme Oabourg est là avec ses grands
yeux noyés de larmes, avec ses cinq années
d'attachement, avec sa résignation. Echap
pez, si vous eu avez le. cœur, à uîie résigna
tion pareille! 0 sensibilité! 6 vertu! ô re
mords ! ô fo'ie de la sagesse !
E-l-re à dire "que Clémence ne se manera
pas? Nous avons notre fou sous la main, notre
Léon qu'en somme on ne voit pas avec indif
férence dans le fond de ce petit cœur hon
nête de petite demoiselle à marier. Mais les
mauvais sujets sont toujou"s tellement pris
qu'il leur est probablenr nt impossible de
»se marier, même lorsqu'ils le voudraient,
ïl n'y a de libres que les "sages; témoin
Maurice.^Comment, vous y prendriez-vous,
Léôn, pour épouser Clémence? N'est-ce que
c la' Vousalltz voir comm'/it en uu tour
de ma'il on se débarrassé de dix m iîtr< su -,
(t u'e la gi 'vtte, et de la bourgeoise et de la
grande J.unejle tout est n'avoir beaucoup
d * m dti-i s-es à la fois et tout» »> J< s « la-
s^, it d'etre un boni ne bien oieve qui ne
sait point se. su flaire du côt'du st miment,.
qui -'''Stdoniit p iur un ea'a >t et qui r n limt
galamment avec des daims aimables, inca
pables, elles aussi, d'y jamais voir autre
chose que Ja galanterie. —; Adieu, mon
cœtir.— Au revoir; cher-ange, c'en est fait,
je me marie! — -Voilà Léon libre comme
l'air. Le père de Clémence s'en étonne un
peu d'abord, ensuite il réfléchit que les fous
sontpeut-êtie plus sages qu'on ne croit, et
qu'un ancien fou pourrait bien devenir le
plus raisonnable des maris.
La réflexion n'est pas très neuve, direz-
vous peut-être. En madère de réflexion, il n'y
a rien de neuf; le toi\t est de bien présenter
les choses, et l'on n'a jamais fait de comé
die de mœurs que sur des lieux-communs.
Seulement, au point de .rue de la critique
philosophique, je demanderai si les auteurs
.n'ont pas trop facilement donné raison à la
folie, en lui comparant une prétendue sa
gesse cent fois plus insensée qu'elle. Reste
encore le côté du cœur et de la sensibilité.
Est-il sûr que Léon sera bien tendre en mé
nage, Tayaut été si peu depuis ses commence-,
mens, et qu'il a gardé expressément tous ses
trésors pour Clémence? Oû le veija bie-w, lia
conclusion, c est qu'on jeune homme est sagQ
d'avoirmîlle liaisons, mille... comment
rais-je. cel a ? jrenonce... et qu'il est fou de
se laisser aller à un seul attachent i . Pères
de famille, gardez-vous do nos Catôrts e
pren-z les libertins; telle est le fond' de
la morale... à la façon de Marmontel.
Ce petit conte est tout à fait arrangé en
comédie, heureusement ! et 16 plus heureuse
ment du monde. Cela est vif, rapide, bien
posé et bien dit ; les vers ne gênent en rien
l'action; tout au contraire, la muse est
l'humble servante de l'intrigue, ét né se per
met de prendre quelques ébats au logis Sue'
si le régisseur lui en donne la permission.
Aussi la com'édiea-t-elfe réussi commeelle le
méritait ; ou ne tarissait pas en éloges sur
la raison, sur la morale de ces trois act s •
la b mne intention -excusait la vivacité do
quelques détails aux yeux des plus rigoris
tes; on dirait de tous côtés : « A la bonne '
heure! Méry ne nous donne plus de para
do^js; Méry entre dans le vrai. Vous vovez
qu'il lie s'amuse aux bigaHl.s de la fan
taisie que lorsqu'il le veut bien. » JVP vu
1 instant où on allait le comparer à Féne '
Ion, da fêlérwii/n^. Nonobstant, a tô'e di tou
te cdte grande raison à la juallé je rends
vnis. «s s. , ÂsasmEiis»H*
PARIS Ï3 F. PAR TBiMSSTRI?
bépaètemens. 16 F. —»
us numéro : s® centim23j
pouslbs pi.rè irzÂixasR», s» reporter
an taMeau qui sers publié dans le jdïuruaii
las 13 etSS de chaque inoU,i
BUItlSAJSjTK. : rue de Valais (Pal&l0-Et«yai;; n 1 i©îj
Le» aàctinsmtns datent élu 1" ti U
de chaque Btot>;
LUNDI 9 AOUT.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
, , - ■
» S'adresser, franco, pour la rédaction, à M. C ucheval- C urig NY, rédacteur en chef. 1 Qn s'uhnne, dam les d '•parUmins, aux. Messageries et aur Directions de poste.—A Lorid w, clu s MM. Cowut et fil <3 L
. Les articles, déposés ne sont-pas rendus ' ] — A Strasbourg, c/tsz -M. A lmandue, pour l'Alhmogne. . _ IL
S'adresser, franco? pour radministration, à M. D ïhàih ,
lonoes sont reçue* aa bureau du iotwnal; et ohes M. PAN1S, régineur,
PARIS, 8 AOUT*
, Le Moniteur publie les deuxdécrets sui-
Yans : *-
Louis-Napoléon , Président de la République
française,
Déciète :
Art. (".Sont autorisés à rentrer immédiatement
en France :
-MM. Creton.
Buvergier de Hauranne,
Chatnbulle,
' Thiers,
De Rémusat,
Jules de Lasteyrie,
Général Laidet,
Anlony Thouret.
Art. 2. Le ministre d'Etat et le ministre dé la
police générale sont chargés de l'exécution du pré
sent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 7 août 1852.
lol .rS -ffapoléo!v.
L« ministre d'Etat, achillk fould.
Louis-Napoléon, Président de la République
française,
1 Dé rète : - '
, Art. I". L'interdiction de résider èn France.,
prononcée par le décret du 10 janvier 1852, est
levée à l'égard de : •
MM. Michel Renaud,
Signard, --
Joly,
Théodore Bac, •
Belin,
Eî-sse, ^
Êlillotte. -
' Art. 2. Le ministre d'Etat et le ministre delà
police générale sont chargés de l'exécution du prê
tent decrët.
* Fait au' palais de Saint-Cloud,.le 7 août .1852.
lobis-napoléon.
Le ministre d'Etat, achiixe fodld.
Le Président de la République vient de
rendre deux décrets qui auront un grand
retentissement, et que l'opinion publique
tout.entière accueillera avec une extrême
faveur. En rouvrant le territoire national à
dès hommes considérables qu'il avait cru
devoir en éloigner momentanément, le gou
vernement fait preuve à la fois de force, de
modération et d'habileté.
' Les mesures d'exception, même celles que
justifie une nécessité évidente, ne peuvent
jamais dépouiller complètement tout carac
tère de violence. Elles sont, par leur na-
"ture même, la preuve d'une situation anor
male,-où la société est profondément trou
blée, où le pouvoir est sur 1* défensive, et
où les moyens ordinaires de gouvernement
ne suffisent pas. Les lever, c'est proclamer au
contraire avec toute l'éloquence des faits,
que la crise sociale est terminée, que toutes
ehoses ont repris leur cours paisible et ré
gulier, et que la loi règne seule.
Le décret du 7 août donne au gouverne
ment le droit de dire que les décrets du 10
janvier avaient été à ses yeux un sacrifice
"fait à une impérieuse nécessité, une mesure
de conservation sociale, dictée par la froi
de et calme appréciation des besoins du mo
ment, et qu'il n'y était entré aucune pensée
personnelle, aucun sentiment d'animosi-
té. Faire cesser toute rigueur le jour où
elle cesse d'être indispensable, c'est, pour le
pouvoir, la meilleure façon de prouver qu'il
n'a jamais déserté cette région élevée et serei
ne où la voix et les conseils de la passion, où
les suggestions individuelles se taisent de
vant les grands intérêts nationaux et les im
menses devoirs qu'impose la confiance d'un
peuple. '
Maissi le décret du 7 août prouve la mo
dération du gouvernemenl, il atteste aussi
que le pouvoir a foi en lui-même et qu'il est'
sûrdesa force. C'est unedémonstratiônnou-
tfelle du calme profond dont jouit le pays ,
de l'ordre et de la tranqaillité qui .régnent
partout, et de l'apais emeut des esprits;
C'est parce que rien ne vient troubler le
présent ni inquiéter l'avenir, c'est parce
| qu'aucun obstacle n'entrave nulle part l'ac-
| tien du pouvoir et ne fait présager la
possibilité d'une complication future, .que
le gouvernement peut convier au spéetade
de la France calme, prospère et réconciliée,
les hommes même qu'il, a regardés un ins
tant,comme de dangereux adversaires.
La confiance appelle la confiance. En
voyant le pouvoir se désarmer successive
ment des précautions qu'il avait jugét s in
dispensables, se croire assez affermi pour
être généreux et pour dominer tous les par
tis avec le seul, appui de la loi et de l'opi
nion publique, la France ne pourra que se
convaincre de plus en plus de la force et de
la stabilit éde son gouvernement.
C ucheval- C larigîit. .
Dans sa séance du 5 août, le conseil na
tional séant à Berne a statué à l'égard de la
question de.Fribourg.
« IL y avait encore, dit le journal la Suisse,
quatorze orateurs inscrits; mais la chambre
et le public étaient fatigués. Le résultat avait
-cessé d'être douteux. U y a eu appel nomi
nal sur la proposition Bontemps. Elle a été
rejetée par 70 voix contre. 29. Plusieurs
memhres étaient absens. La proposition de
la commission a été adoptée ensuite par 79
voix contre i8, également à l'appel nomi
nal! Plusieurs membres se sont abstenus. »
La pétition de l'assemblée de Posieux a
été rejetée par le conseil fédéral suisse.
Ce vote ruine les espérances de la popu
lation de Fribourg en prolongeant l'exis
tence d'une Constitution qui n'a pas reçu la
ratification populaire, et d'un gouvernement
qui a contre lui la grande majorité de ses
administrés. On ne saurait trop déplorer un
vote qui enlève presque la dernière chance
de voir se dénouer pacifiquement une situa
tion qui ne saurait se prolonger long-temps.
Le parti radical n'a pas, à se féliciter de Ce
triomphe qui pourrait bien être le der
nier. "Cet abus de, la force , ce dédain
des plus [justes plaintes ne peuvent man
quer de ranimer l'énergie des libéraux. A
Berne, le salut est sorti de l'excès du mal ;
l'obstination avec laquelle les radicaux im
posent à un canton tout entier le joug d'une
infime coterie, ne peut manquer de provo
quer dans toute la Suisse une salutaire réac
tion. CtClIEVAL-CLAHIGSr. ,
Nous recevons notre courrier de Constan-
tinople, du 23 juillet
Tous les bruits de changement de cabinet
étaient complètement tombés. Réchid-Pacha
a repris le dessus et l'on croit même savoir
que le sultan'aurait répondu à celui de ses
beaux-frères, qui, comptant,sur son influence,
était revenu uue dixième fois peut-être à la
charge pour tâcher de renverser le grand
visir, qu'il était fermement résolu à 'ne pas
se priver des services de Réchid; qu'en-con
séquence, il engageait les ennemis de cet
homme d'Etat à se tenir tranquilles et même
à faire leur paix avec lui, parce que ces con
tinuelles intrigues le fatiguaient. Ils se le
sont tenu pour dit, et, tous, à l'envi, ont fait
des avances aupremier ministre.
Ainêi, la position de Réchid-Pacha paraît
consolidée, et il/a, dit-on, l'intention de
renforcer son ministère en y introduisant
quelques hommes du progrès. On parle, en
tre autres, de remplacement du ministre
des finances et de la rentrée d'Ismaïl-Pacha
au ministère du commerce. Quant au séras-
kter (ministre d« la guerre), qui avait été à
la veille de donner sa démission pour cause
de maladie grave, il est parfaitement rétabli,
et conservera la place important qu'il rem
plit avec autant de zèle que de dislinctiG;;^*.
A l'occasiou de la solennité du bilram,
qui a été célébrée le 18 avec la pompe accou
tumée, le sultan a fait la première distribu
tion de la nouvelle; décoration du Nislian-Is-
tihkak, qui remplace le Nishan-Iftihar. Le
grand-visir, le cheik-ul-islam, le, capitan-
pacha et lp grand-maître de l'artillerie, ces
deux derniers,beaux-frères de S. H., ont re
çu la décoration de la première classe, équi
valant à notre-grand'eroix de la Légion-
d'honneur; Ali-Pacha, le séraslùer, le mi
nistre des finances, le président du conseil
et quelques muchirsont été nommés de la se
conde classe, correspondant à notre grand-
officier ; enfin, .Fuad-Effendi, le minisire de
là justice , quelques autres hauts fonction
naires et généraux de division ont été dé
corés de la troisième classe (commandeurs).
Le marqui'sde L^ valei te était, attend u d'une
heure à l'autre. On se préoccupait beau
coup à Constântinople, surtout parmi les
Turcs, du motif puissant qui avait pu pro
voquer son brusque retour et de la nature
-des instmc:ions dont il est porteur. On
était généralement assez inquiet à cet égard,
car on, ne pouvait pas supposer qu'il re
vînt, sans de graves raisons, : à son poste
avant l'expiration' de son congé, et quoi
que pussent dire des personnes mal dis
posées pour la France, il n'était pas présu-
mable,' et l'on ne croyait pas à la Porte, que
ce retour fût un prétexte pour couvrir l'en
trée du Churlemagrie. .
:flaire du Vietary se poursuivait acift ■
activement. Plusieurs individus désignés
par l'enquête comme instigateurs ou coupa
bles des voies de fait exercees contrôles pas
sagers et l'équipage jie ce steamer anglais,
ont été arrêtés. Leur procès s'instruisait au
ministère de la police, en présence des deux
principaux drogmans de l'ambassade britan
nique.
Le gouvernement grec est' menacé d'une
nouvelle tribulation daps le genre de celle
qu'il a eu à souffrir il y a quelques années
de la part de lord Palmerston. Cette fois, ce
sout les Etats Unis qui veulent venger les ou
trages faits à un de leurs missionnaires, M.
King, condamné par les tribunaux pour cause
de prosélytisme (défit prévu par la Consti
tution de 184-1, article 1 er ), à quinze jours
de prison et au bannissement. M. March,
ministre d'Amérique à Constantinople, allait
partir sur une fregate mixte qui est venue
le chercher pour le conduire a Athènes, à
l'effet d'obtenir une réparation éclatante. Oh
dit qu'une autre frégate à vàpeur et deux
frégates à voiles attendent M. March au Pi-
rée, afin d'appuyer ses réclamations et agir
de force, le cas échéant.
Le sultan a fait, le 23 juillet, une visite au
vieux Kosrew-Pacha, avec lequel il est resté
près de deux heures." On n'attachait aifcuù .
sens politique à cet acte de pure déférence •
ehvars un vieillard presque totubé en enfance,
M. Sabatier qui pendant sa gérance de
l'ambassade de Fi ance en qualité de chargé
d'affaires, a eu plusieurs occasions défaire
apprécier son caractère honorable et les qua
lités précieuses dont il est doué, laissera,
nous écrit-on, de vifs regre's à Constantino-
ple. Sa nomination au consulat général
dAlexandrie, 1 est généralement approuvée.
Des scènes sanglantes ont eu lieu à Galata
et à Péra entre des malfaiteurs et des gardes
de police; cinq de ceux-ci Ont été tués ou
blessés dangereusement; un nombre encore
plus considérable -des premiers a péri dans
ces rixes qui ont causé un certain émoi par
mi la population européenne, et ont vive
ment fixe l'attention du gouvernement turc..
On a créé, sous la direction de Nessib-Pacha,
un service spécial de police pour les fau
bourgs de Péra et Galata; depuis lors, la
tranquillité-est rétablie, et on arrête tous les
jours une fonte de gens sans aveu, dont la
plupart étaient signalés comme l^s auUurs
ou les complices de tous les méfaits qui.se
commettaient.
La navigation àv.ipeuraangmenté depuis
quelque temps d'une manière incroyable a
Constântinople. Plus de vingt bateaux de
. toute grandeur font journellement des tra
jets lé^ulters dans le Bosphore et sur diffé
rent points de là merde Marmara,et chaque
jo ir il f u atrive d<> nortveaux II est question
maintenant de la formation d'une compa
gnie russe",qui aurait à elle seule une ving
taine de bateaux et ferait concurrence à cel
les qui existent déjà.
Le sultan vient de commander en Angle
terre un yacht à vapeur de plaisance, pour
son usage particulier. Il s'en servira pour
faire des courses dans le Bosphore, dans la
mer de Marmara et dans la mer Noire. -
Il y a encore eu quelques incendies, dans
les quartiers turcs. Le plus violent a éclaté
au faubourg de Kassim-Pacha, dans l'après-
midi du 17, et à détruit une centaine de mai
sons et boutiques. l. bokiface.
Dépicîrc télégraphique de Marseille.
Le 6 août 1852. 9 h. 1/2 m.
Dardanelles, 25 juillet.
L 'ambassadeur de France à Constântinople à
M. le ministre dès affaires étrangères.
Le Chvrlemagne vient de mouiller dans les
Dardanelles. Le firnian qui autorise son pas
sage y était arrivé en triple expédition. Les
saïuts d'usage ont été échangés. Le goûver-
neur et le commandant des forts sont venus
me rendre visite à bord. Le voyage a été des
plus heureux.
Lé vaisseau va se remettre en route, et tout
- fa ! t espérer que nous arriverons demain à
Constântinople".
Le Journal de 1 r ncjo t d ms son- numéro
du 7 août, s'oc ufc a son tour du prétendu
traité du 20 mai, pubue par le Chronicle. Il
déclare ce document, faux d'un bovt à l'autre.
Voici l'article du Journal de Francfort :
Le Moming-Chronicle du 28 juillet a publié le
résumé d'u-n traité qui aurait été concla le 20
mai entre les puissances du nord.au sujet de
tendances que pourrait poursuivre le prince-Pré
sident de la République française pOiir # le réta
blissement de l'Empire et la création d'une dynas
tie héréditaire napoléonienne. Ce que le Times
avait donné, il- y a plusieurs semaines,, comme
une entente préliminaire entre cts mêmes puis
sances, le Morniny-Chroniole l'a présente sous la
l'orme de traité. En prenant acte de ce résumé et
v en en reproduiiant la teneur, nous avons déjà ré
voqué en doute l'authenticité d'un document qui
renferme des stipulations précises et obligatoires
au siijet d'une éventualité dont rien jusqu'ici dans
la conduite du Président ne justifie la réalisation,
et qui, au cas même, qu'elle s'accomplit à l'avenir,
ne pourrait dans aucun cas donner lieu à des sti
pulations préalables. Eu égard à la politique ex-
pectante des puissances du nord, on ne saurait
nier qu'une pareille déclaration s'accorde peu ayee
la maxime suivie jusqu'ici par ces mêmes puis
sances, à savoir de n'intervenir dans les affaires
intérieures d'aucun pays étranger, et de rie point
provenir des evénemens européens par des ^ipu-
latioxs q"ui,.>i Ion n'était décidé â 1-s exécuter à-
outrance, seraient de vaines protections.
Aussi les feuilles semi-officie Iles de Paris et de
Berlin oirt-eltes nié l'exi tence d'un document qui
est faux d'un bout à 1 autre..
LéP légitimité est uu principe consacré par le
droit pubuc européen. Les exe. plions à la règle
n oui pu iai!e abroger cette dernière. Le principe
reste, ru.iis la force des circonstancts existe à cê-té
du.'principe. L * politique des faits accomplis n'a
p pi r a a téautir le principe, mais le priri-^
ci pe n a pu non plus entraver la politique des faits
C'est ce que nous donnons à penser à tous ceux
qui ne cessent de défendre une cSuse sacrée par
des démonstrations passablement frivoîe-, démons
trations qui dans aucun cas ne pourraient empè-
cher la- catastrophe contre laquelle ell .s sont riiri-
gt es, niais qui pourraient, le cas échéant, accélé
rer l'événement qu'on veut rvitèr.
- Que dire de Cc .-s machinations ridicules qui im
posent aux puisauces du nord ues obligations
eu bonne l'on ri-: au sujet des droits très légitimes
du comté d>; Clwnitiora, et qui provoquent des iv-
f«t tiens ( ai' lesquelles on ne peut, il ert vrai, af-
faibl r les droits de l'héritier légitime, mais qdi'
.sont loin de consolider sa po.-ition politique ?
St de pareilles démarches pouvaient < niantr des
amis du"peiit-fiis des anciens rois de France, on
ne sturaii. s'ema^cher de leur rappeler le dicton
du poète:
protéger coi.tre eux. »
Ni la France, ni la société européenne ne se
trouvent dans la -.yiitioii de pouvoir se passer de
ce bra* entergjque a vaincu la révolution et
qui a anéanti l'anarchie. Les cabinets du nord
sont les premiers a reconnuî r TC les grands ^ervi-
C'js que Louis-rNaaoleon a reu K h à l'ordre et îi
la tranquillité du monde. En maintenant le prin
cipe inébranlable du droit, ils én:»roni, en même
temps de le co'iiprumettr.s pir des déclarations.et
des protestations prématurées ainsi que par des
prom s-es 11 di ■> stipulations qui, dans tous les cas,
seraient plus faibles que le principes qu'elles au
raient à soutenir.
On lit dans le Moniteur : t
« Le journal ministériel de Vienne, le Lloyd, a
publié, dans son numéro du 3 août, un article se
référant-à la récente publication du Morning-
Chronicte, relative au prétendu traité du 20 mai
* « Après avoir fait ressortir les invraisemblan
ces de fond et de forme qui caractérisent ce
prétendu traité, l'auteur de cet article proteste
avec énergie contre la pensée « que t'Autiiche
ait pu s'associer à un acte qu'il serait impossible
, de concilier avec la politique droite f-t honnête du
cabinet impérial. » L'Autriche, f;>it-i! remarquer,
a si souvent déclaré qu'elle était résolue à ne
pas s'immiscer dans les affaires intérieures de la
France: elle e-t d'ailleurs fi loin d'avoir à se plain
dre de la politique extérieure du prince-Président,
qu'on ne saurait admettre un seul instant qu'ille
i-e soit laissée aller à conclure un traité secret,
sans résultat possible, sans garantie d'exécu
tion, en un met, un vain assemblage de phra
se- incohérentes; bonnes simplement à exciter la
défiance et à provoquer la juste susceptibilité du
prince-Président et de la nation française. Par
ces motif-, ajoijte-t-il, en terminant, nous croyons
devoir considérer le prétendu irrité du Munriny-
Oliron-cte comme un document apocryphe, fabri
qué à plaisir, et, piur dire toute notre pen-ée,
comtue une maladfoité et grossière invention. »
Un décret, en date du 5 août, modifie la
composition des diverses sections du Conseil
d'Etat et nomtae deux commissaires du gou
vernement près la section du contentieux.
. Ce décret porte . '
Art. 1". Sont attachés : #
A la section de législation, M. Persil, conseiller
d'Etat ;
A la section du contentieux, MM. Conti et Mai
grie, conseillers d'État;
A la section de l'intérieur, de l'instruction pu
blique et des cultes, MM. Denjoy et Cormenin,
conseillers d'Etat ;
A la section des travaux publics, de l'agriculture
et du co.i merce, MM. Carlier et Cochelet, conseil-,
lers d'Etat ;
A la section de la guerre'et de la marine, M. le
marquis de Padoue, conseiller d'Etat ;
2. Sont désignés pour fore partie de l'assemblée
du conseil d'Etat délibérant au contentieux, M. de
Thorigriy, pour la section de législation, en rem
placement de M. Suin, qui, sur sa demande, cesse
cle* faire partie de cette assemblée ;
M. Denjoy, pour la section de.Tintérieur, de
l'instruction publique et des cultes ;
M. Fi;emy, pour la section des travaux publies ;
M. Dariste, pour la section de la guerre, et de la
marine.
, 3. MM. Forcade delà Roquette et de Lavenav, ;
maîtres des requêtes , rempliront tes fonctions de
commissaires du gouvernement près la section du
contentieux. . -* ~ "
Par un autre décret daté de Saint-Cloud,
7 août, sont nommés r
Auditeurs de 1™ clisse nu conseil d'Etat.- —MM.
Boinvillers (Edouard), auditeur de 2" classe : le vi
comte de Gueriion-Rànville, auditeur de 2° classe;
Aueoc, auditeur de 2 e classe, et M. Bauchart,
avocat.- •
Auditeurs de 2* classe. —MM. Lacaze, (Louis) ;
Davergier (Loui ) ; Moreau (Adolphe); Sampayo
(Osbori.e); Boivin ; Rolle (Armand).
Le Moniteur du Loiret insère, dans ses co
lonnes, l'avertissement suivant, qui lui a été
envoyé par la préfecture :
Vu l'article 32 du décret sur la presse du 17 fé-
Vrirr lS,'i-2 : - -
Vu le numéro du journal le Moniteur du Loiret,
eo dat-; de ce jour, contenant un article adresse
au Journal du i.wt. dans lequel on lit : « C'< st
» vous q i avi z fat tiw.uoniier la ville, ert sec-
» lions, contrairement a deux délibérations du
» conseil municipal, etc. » . ' • '
\tn idu iae ci in 1 u mon est'de nature à dé-
con-a îe er 1 ut a lté d p it mentale, en ce qu'elle
la repiésente comme ayant subi l'influence d'un
journal dans l'accomplissement i
forme à la loi et [irisa dans l'intérêt pûE
Arrête: *
Art. 1*'. Uri premier avertissement est donné au
journal le'Moniteur du Ijiiret, dans la personne
de M. t éon Lavedan, gérant dudit journal et si
gnataire de l'article précité. .
Fait en l'hôtel de la préfecture, lé 6 août 1832.
dxibesset.
On'lit dans le Journal du Havre du 7 août :
« Le capitaine Rossiter, commandant le balei
nier da Havre le Génêral Teste, rentré ce matin à
son port (l'armement, après une campagne de trois
ans et quelques jours, a touché, en dernier lieu, à
Taïti , d'où il a fait voile le 16 avril. Nous ex
trayons de son rapport de mçr les renseîgnemens
qui suivent sur les derniers événem ns dont le»
suite à tort celle de Taïti, comme 1« centre d'un
mouvement républibain, à la suite duquel la r, ine
Pomaré a dû se réfugier sous la protectiop du pa
villon français : •
« Je suis parti de Taîti, le vendredi 16 avril,,
pour faire mon retour en France.
» Douie jours avant mon départ, M. le gouver
neur Bonard est-parti pour l'île de Raïatea, avec 1a
corvette la TMsbé et tous les chirurgiens apparte
nant au service de la colonie : une dépêche était
arrivée à Taïti, le 2 avril, annonçant qu'un com
bat avait eu lieu entre les partisans de la rein#
Pomaré et les naturels de l'île de Raïatea, qui se
sont déclarés en république, après avoir chassé la
reine Pomaré, qui était allée pour placer un de ses
fils comme roi de cette.île. Il y a eu cinquante
à soixante hommes -de tués et de blessés des
deux parts. La ru ne a été obligée de se sauver,
très indisposée, à bord de son embarcation, où,
quelques heures après, elle a accouché d'un gar
çon; la reine et le jeune prince étaient dans un
état .satisfaisant, quand je suis parti.
» J'ai laissé dans le port de Papéiti la corvette
la Durance, commandant Vincent, et plusieurs
baleiniers américains. »
Les travaux jpour l'éclairage au gaz de la
colonne de la place Vendôme sont considéra
bles. Il fallait maintenir l'immense tuyau en
spirale qui conduit le gaz jusqu'au sommetà
une distance telle que les bas-reliefs de la
colonne ne pussent recevoir aucuae atteint»
des flammes et de la fumée et ne pas pren
dre ses points d'attache sur le fût de la co
lonne. On y est parvfenu au moyen de quatre
tringles de fer partant des angles du socle et
s'élevant jusqu'aux angles,du chapiteau.
Un; échafaudage volant qui entoure le fût
de la colonne porte les ouvriers qui |ont
chargés d'établir la spirale, arrivée mainte
nant à peu près à la moitié de sa course.
Les aigles sont prêts ainsi que les autres
pièces de la décoration. Il en est de même
des, palmiers et des autres appareils d'é
clairage qui doivent remplacer les lanter
nes ordinaires, sur. les colonnes lampadaires
placées 1 h long de la ligne des boule'vatds et
des Champs-Elysées, delà Bastille à l'Etoile.
. On' sait qu'il y aura trois feux d'artifice :
un au pont de la Concorde, un autre au pont
d'Austerlitz, un troisième à la barrière du
Tiôue. - ^
^ La foule pourra ainsi se partager, et l'on
évitera un trop grand encombrement vers
les quartiers qui sont d'ordinaire le centre
des dtvertissemens populaires.
Tout annonce que les fêtes seront fort
b. lit s.
Les théâtres se dressent, les préparatifs
pour les jeux nautiques sont poursuivis
avec activité, tant en aval du pont de la
Concorde qu'en a^ont du pont d'Austerlitz,
car,pour ces jeux aussi,, ob n'a pas voulu les
réunir sur un seul point,
l. b0niface.
ALLEMAGNE.
Berlin , 5 août. — L'ambassadeur de franc S,
marquis de Varennes, fera chanter un office ai;
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 9 ftOUT.
THÉÂTRES.
T héathe- F rançais : Les Précieuses ridicules, dé-
but de 'M. Thiron. — Le Fou et le Sage, comédie
en trois actes et .en vers de MM Mery et Bernard
Lapes. — Variétés : t» Roi des Drôles, vaudeville
en trois actes, de MM. Duvert et Lauzanne. M.
yi édérickLeiriaitre.— Vaudeville :te Trait d'union,
• un acte de M. Leroux. — Palais-Royal : La Mire
Moreau, un acte de MM. Clairville et Cordier.
—Gaité : La Chambre rouge, drame en cinq actes,
de M. Théodore Anne.
Yoici l'avalanche 1 Voici le débordement
des grandes eaux dramatiques! Us ont en
tassé Pelion sur Ossa, la comédie sur le
vaudeville, le drame sur le mélodrame, la
Chambre rouge sur les Charpentien 1 Tous
nos théâtres parlent à la fois : Vaudeville,
Palais -Royal, Variétés, Gaîté et Théâtre-
Français. Vous avez le Fou et le Sage, en
ver?; le fameux Roi des Drôles, en prose;
et puis-/e Trait d'Union , et puis les Pruies de
la mère Moreau^ et que sais-je encore? enfin
tant de pièces, qq'il n'y aura jamais de bocal
assez grand pour }es contenir. Ajoutez-y les
début*. Vendredi un comique. nommé Thi
ron, débutait aux Français, après la représen
tation de. Ifi comédie nouvelle, dans le Masca-
r< lie des Précieuses. Disons-lui d'abord son fait,
il a été bien élevé, à coup sûr; il fait hon
neur au Conservatoire et à son professeur ;
il est jeune, très jeune, trop jeune pour le
rAle où nous .l'avons vu ; si bien qu'on ne
peut accepter le début que comme conti
nuation des exercices de la classe.
Sur le petit théâtre de la rue Bergère, M.
Thiron est de taille suffisante,- il a la voix
assez forte, rien ne le force de forcer. Mais,
sur ce grand Théâtre-Français, on dirait
d'une marionnette qui glapit ; il lui fout
tout exagérer : la physionomie, le, geste,
l'organe; tout son soin, tend à s'en
fler; il" voudrait se faire de grosses joues,
( une grosse tête, de gros bras, de grosses
jambes, bref devenir" aussi gros que les ca
marades parmi lesquels on l'a mis, puis
que le voilà de la ciasse des grands. De
tout cwk il résulte que la représentation
des Précieuses est un spectacle plus pénible
que divertissant: non pas que le jeune Thi-
roa manque d'intelligence, de mobilité de
traits, de diction, et d'intention comique,
mais le rôle du bœuf ne,saurait aller a la
grenouille, et pour ma part je ne puis sup
porter les enfans affublés en personnages de
grandeur naturelle. Maintenant qu'on a per
mis au jeune Thiron d'accomplir son tour
de force, de se grimer, de grimacer le rôle
de Mascarille, et de faire toutes c'es sin
geries qui donnent la mesure de, ses
heureuses dispositions , il faudra le lais
ser dans un emploi où sa. grande jeu
nesse, son physique, son esprit, et les excel
lentes leçons qu'il a reçues le serviront à
merveille; les petits paysans du répertoire
sont bien son fait, il ne peut manquer d'y
être, charmant, naïf et gai; on l'a engagé
expressément pour les jouer et l'on a eu rai
son; il y a; véritablement de l'avenir chez
notre petit débutant, à,la condition qu'il
prendra le temps de grandir,-de grossir, et
qu'on ne l'exposera pas, dès le début, dès le
jeuue âge, au danger de s'habituer à la con
torsion et à la grimace, qui sont si loin du
véritable comique.,
LejeuneTiiirons-t^élève de M. Provost,un
élève favori à juste titre. Quel dommage qu'en
faveur de l'éiève, le maHYe n'ait pas pour
cette fois joué Gorgibus ! nous aurions passé
sur le reste; et pourquoi,-s'il vous plaît, a-
t-ort laissé un figurant paraître dans Jodelet?
Est-ce que le théâtre n'a"pas M. Kegnier,
M. Got, ou même M. Monrose qui n ' se
rait certes pas de trop quoique sociétaire?
Mais on ne veut pas faire la partie d'un pe
tit débutant, on se croit passé maître, et on
ne joue qu'entçe maîtres, au risque de sacri
fier indignement Molière, et de nous faire
assister à de,s représentations aussi honteu
ses que celle de vendredi. Le pis, c'est que
nous n'étions pas seuls ce soir-là au specta
cle; le Président, exprès venu pour la co
médie de MM. Méry et Bernard Lopez, a eu le
plaisir d'entendre "M. Malhién, M. Anselme
■tMlle Bonval. Mlle Botival est décidément
impossible; elle éteint tout, elle glace tout;
est-ce croyable? elle rend Modère en
nuyeux ! «on visage est inerte , son dé
bit monotone, sa voix sans timbre'; pour
pi'ji qu'elle ait une réplique de ciuq ou
six ligïies, on dirait", des le troisième
mot, qu'elle, s'est endormie: il faut re
noncer à faife jouer par Mile Bonval aucun
rô e en dehors, aucun rôle qui demande de
la verve et de la gaîté. Je sais bien qu'on l'a
engagée pour les soubrettes, et c'est un très
grand malheur; mais si on veut l'utiliser
sans détruire le répertoire, qu'onse contente
de lui confier les lettres difficiles à porter.
Mtilière a pourlant résisté encore.Le débutant
Thiron, je lui rends cette justice, a fait plus
que force humaine pour tenir Mlle Bonval
éveillée ; sans lui et sans Mlle Sïint-H laire,
la seule qui se soit piquée d'honneur, qui
nous ait montré uue figure aimable et rieu
se, qui ait parlé d'une voix claire et nette ,
qui ait compris son Molière et monté le
comique au véritable diapason,'je crois que
tous les autres se seraient peu à peu -assou
pis en scèuc, et qu'avant la fin les.mpts au
raient exp : ré sur leurs lèvres.
Et cependant, comme on joué la comédie-
au Théâtre-Français quand on veut bien s'en
mêler! Où trouver une comédienne plus
todehante, plus expressive que cette Fa-
vart qui lions est revenue hier avec toute
sa grâce et en pîeine beauté ; et l'adorable
visage de la jeune Ttiéi ic, et cette luxuriante
santé de Mlle Biron, tant dp trésors à la fois,
et bien d'autres, au service «lu répertoire
ancien et moderne ? On n'a que l'embarras
du clipix. Pourquoi ne pas toujours bien
eLtoi-ir? La comédi-3 de MM. Méry et Lopez
est comme illuminée par tant de beaux
yeux; en vérité, je ne sais si ce sont les
vers ou les regards qui nous ébloui-sent..."
Mais il, ne faut pas nous, laisser ente, tuer
par la galanterie ,plus loin que de raison ;
parlous d'abord de la pièce;
Le titre promettait bien des paradoxes!
L e F ou et le S age ! Que n'y avait-il pas à dire
sur la sagesse et la-folie ! Quand on s'appelle
JVléry,, et qu'on a droit à toutes les impro
visations et à toutes les fantaisies, com
ment s'arrêter, comment se. borner sur
un pareil chapitre? Pourtant notre poète
ne s'est pas seulement arrêté et borné,
on peut dire qu'il a observé presque tou
tes les lois d'Aristote; après quoi je le
crois capable de tout. Méry^nous étonnait,
maintenant il nous épouvante. Plus de ti
gres, ni d'éléphaus, m de fantaisie indienne!
On ne l'accusera pas de n >us égarer; dans la
Floride, ni de recommencer la Guerre du
Nizam, ni d'entendre le théâtre à la façon
des brahmesdeWtshnou, et de vouloir conti
nuer Sacou.
ges, nous avons le type des vrais sages de
Marseille, en la personne de Méry!
Ainsi, la nouvelle comédie est simplement
un miracle de bon sens, quelque chose d'ar-
' rangé dans Je goût raisonnable et savant des
meilleurs vaudevilles de M. Scribe, dont la
sagesse est, je crois, supérieure et incontes
table alu tnéàtre, en même temps quelque
chose de moral à la façon de Marmontel
pour le moins. Où est la folie, où est-la sa
gesse? Devine qui le peut, et choisisse qui
l'ose.
Maurice, l'avoué, est un garçon compassé,
toujours vêtu de noir- et cravaté de blanc.
Dès sa tendre enfance il a ' perdu l'habitude
de rire; avant que de sortir du collège,"il
détestait déjà les femmes; à la Grande-Chau
mière, pendant tout le temps' qu'il fit son
droit, on le montra au doigt à cause de sa
s.igesse ; enfin il n'a jamais eu qu'une liaison,
décente, honnête, convenable s'il en fut sons
tous les rapports, aveô une femme mariée.
N'est-ce pa-i là le modèle qu'il convient de
donner à la jeunesse, et notamiûentaux jeu
nes-avoués?
Léon est tout le contraire de son ami Mau
rice , c'est-à-dire un fou en regard de ce sage
de Puis. Hélas ! le temps des sages de la
Grèce est passe! Avant la fin de ses classes,
Léon savait déjà tout ce qu'on n'apprend
point en rh-élorique. Les femmes de cham
bre l'avaient formé. Après celles-là tout le
régiment ordinaire, h s grisettos. au quartier
latin, leslorettis au quartier d'Arittn, bref
ce que peut désir r de mieux un jéuue
homme -riche, aimable, "t d'une exemplaire
folie. -Ne l'imitfz pa~, celui là!
Ah! l'insensé, qui pivn-l le plaisir où il le
trouve, et le gauh i: inoins long-temps
possible; incapable d'attachement' sérieux,
amoureux de tou i-N Ici -, 1 > ;er, fou,b m
à rien, pas mê ne hou a niirni! Comment
" un père hésiterait il > n tv M uu ice < t Léon,
entre le sage 11 le fou, ^'il >•.' %it d'a<»unr
le bonheur de ci Ciem mi'lu i cliot^t le
sage, le jeuue homnv m tm nx,
mais eu qu'une liai-on, et fortdi-eie^m nt,
~ à eause de la respectable position dô cet e
honorable maîtresse ; le. fou, le Libertin peut
bien aller se marier ailleurs, d autant que
la façon ne lui en coûté pas grand'ehose ;
niais nos délicieuses filles si remplies de
candeur, et si bien formées à la sagesse, jie
sout pas pour lui !
Cependant, si Léon, le fou, aimait Clé
mence au fond du cœur , et que le sage
Maurice la demandât en mariage?.... Le fou
céderait naturellement le pas au sage.—On
prépare le contrat. — Pourquoi donc Mau
rice hésite-t-il à signer? Il a cependant la te
nue de l'emploi, l'invariable -habit noir, l'é
ternelle cravate blanche. Toutes les conve
nances se trouvent au contrat : et la dot, et -
la vertu de la future^ et la sagesse'du jeune
avoué; entre nous, je vous arouerai même
que c'est sur la dot de Clémence que Mau
rice compte pour payer sa charge ; cepen
dant, au moment de signer, Maurice taisse
les yeux, laisse tomber la plume, et voilà
le mariage manqué! manqué pour cause
d'excès de sagesse I manqué parce qu'on a
été trop vertueux toute sa vie, parce qu'ton
est un sage au lieu d'èjre. 'un fou ! le croi-
riez-vous? Il faut le croire. Cette unique
liaison de Maurice, cette femme mariée,-
fcetlç Mme Oabourg est là avec ses grands
yeux noyés de larmes, avec ses cinq années
d'attachement, avec sa résignation. Echap
pez, si vous eu avez le. cœur, à uîie résigna
tion pareille! 0 sensibilité! 6 vertu! ô re
mords ! ô fo'ie de la sagesse !
E-l-re à dire "que Clémence ne se manera
pas? Nous avons notre fou sous la main, notre
Léon qu'en somme on ne voit pas avec indif
férence dans le fond de ce petit cœur hon
nête de petite demoiselle à marier. Mais les
mauvais sujets sont toujou"s tellement pris
qu'il leur est probablenr nt impossible de
»se marier, même lorsqu'ils le voudraient,
ïl n'y a de libres que les "sages; témoin
Maurice.^Comment, vous y prendriez-vous,
Léôn, pour épouser Clémence? N'est-ce que
c la' Vousalltz voir comm'/it en uu tour
de ma'il on se débarrassé de dix m iîtr< su -,
(t u'e la gi 'vtte, et de la bourgeoise et de la
grande J.unejle tout est n'avoir beaucoup
d * m dti-i s-es à la fois et
s^, it d'etre un boni ne bien oieve qui ne
sait point se. su flaire du côt'du st miment,.
qui -'''Stdoniit p iur un ea'a >t et qui r n limt
galamment avec des daims aimables, inca
pables, elles aussi, d'y jamais voir autre
chose que Ja galanterie. —; Adieu, mon
cœtir.— Au revoir; cher-ange, c'en est fait,
je me marie! — -Voilà Léon libre comme
l'air. Le père de Clémence s'en étonne un
peu d'abord, ensuite il réfléchit que les fous
sontpeut-êtie plus sages qu'on ne croit, et
qu'un ancien fou pourrait bien devenir le
plus raisonnable des maris.
La réflexion n'est pas très neuve, direz-
vous peut-être. En madère de réflexion, il n'y
a rien de neuf; le toi\t est de bien présenter
les choses, et l'on n'a jamais fait de comé
die de mœurs que sur des lieux-communs.
Seulement, au point de .rue de la critique
philosophique, je demanderai si les auteurs
.n'ont pas trop facilement donné raison à la
folie, en lui comparant une prétendue sa
gesse cent fois plus insensée qu'elle. Reste
encore le côté du cœur et de la sensibilité.
Est-il sûr que Léon sera bien tendre en mé
nage, Tayaut été si peu depuis ses commence-,
mens, et qu'il a gardé expressément tous ses
trésors pour Clémence? Oû le veija bie-w, lia
conclusion, c est qu'on jeune homme est sagQ
d'avoirmîlle liaisons, mille... comment
rais-je. cel a ? jrenonce... et qu'il est fou de
se laisser aller à un seul attachent i . Pères
de famille, gardez-vous do nos Catôrts e
pren-z les libertins; telle est le fond' de
la morale... à la façon de Marmontel.
Ce petit conte est tout à fait arrangé en
comédie, heureusement ! et 16 plus heureuse
ment du monde. Cela est vif, rapide, bien
posé et bien dit ; les vers ne gênent en rien
l'action; tout au contraire, la muse est
l'humble servante de l'intrigue, ét né se per
met de prendre quelques ébats au logis Sue'
si le régisseur lui en donne la permission.
Aussi la com'édiea-t-elfe réussi commeelle le
méritait ; ou ne tarissait pas en éloges sur
la raison, sur la morale de ces trois act s •
la b mne intention -excusait la vivacité do
quelques détails aux yeux des plus rigoris
tes; on dirait de tous côtés : « A la bonne '
heure! Méry ne nous donne plus de para
do^js; Méry entre dans le vrai. Vous vovez
qu'il lie s'amuse aux bigaHl.s de la fan
taisie que lorsqu'il le veut bien. » JVP vu
1 instant où on allait le comparer à Féne '
Ion,
te cdte grande raison à la juallé je rends
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