Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-08-07
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 07 août 1852 07 août 1852
Description : 1852/08/07 (Numéro 220). 1852/08/07 (Numéro 220).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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B 185-2.-SAMEDI 7 AOUT.
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de eftaque moisi
S'adresser, franco, pour: la rédaction , à M. 1 CnCKTAl-CUBiGNY, rédacteur en
■ ' . ■..,.. Les articles déposés ne sont pas rendue.
JOUKNÀL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
ehef. 1 •On s',aboniiéj d.■ . l {:. •■■■■.. 1 ■ ; ■ t — A, Strasboury t cites M. AUXANt*», .pour, I 1 Alkm^gne.;
Les annonces son: r,- jne» an bnraan
AVIS.
Le 15 septembre, /e Constitution
nel sera imprimé en caractères neufs
de la fonderie de MM. Thorey
Yirey.
et
PARIS 9 6 AOUT.
On Tait, en ce moment, des efforts remar
quables dans les principales filles de l'Eu
rope pour améliorer ie logement' des ou
vriers. C'est en effet dans lei grands centres,
où la population se presse, que les classes
laborieuses ont le plus de peine à se lé
ger convenablement. Le terrain y est cher et
les loyers y atteignent des prix élevés. Ajou
tons que les maisons accessibles aux petites
bourses sont trop souvent dans de mauvai
ses conditions de salubrité. >A"ssi combien
ne voit-on pas d'ouvriers, rebutés par le
triste aspect d'une demeura qui manque
d'air et de lumière, déserter la vie de famille
et en qu> Ique sorte élire" domicile au caba
ret! L'amélioration du logement des popula
tions -laborieuses n'est donc pas seulement
une œuvre d'hygiène, c'est encore une œu
vre de nioralisation. A ce double titre, elle
devait attirer l'attention des cœurs généreux
qui se dévouent au bien de l'humanité.
L'Angleterre, qui compte la proportion la
plus considérable d'ouvriers industriels par
rapport à la mas§e de la population, a, com
me on sait, la première, donné l'exemple de
la création de maisons spéciales construites
pour les loger. Parmi les nations du conti
nent qui l'ont imitée, nous devons citer la
Prusse. Une grande expérience s'accomplit
en ce moment à Berlin ; elle parait en voie
de réussite, et comme la question est, chez
nous, à l'ordre da jour, on lira sans doute
avec intérêt les détails que nous trouvons à
ce sujet dans la Gai^tte d'Augsbourg et dans
le Courrier du Bat-Rhin.
L'entreprise qui s'exécute et se poursuit à
Berlin, a été organisée par une société parti
culière, qui est composée des hommes les
plus honorables, et qui est sous le patro
nage du prince de Prusse. Elle â réuni un
capital de 450.000 fr. Avec cette somme,
elle a acheté, soit dans les quartier» le s moins
encombrés de Berlin, soit même hors de
la ville, différens terrains sur lesquels elle a
fait construire des maisons destinées aux ou
vriers. 11 résulte des rapports officiels que,
. fendée il y a environ quatre aus, elle avait,
déjà élevé, à la fin de 1851, 16 maisons con-'
tenant U6 logemeas quittaient loués à 145
familles représentant 800 tètes, dont près «le
400 en fans. . ■ %
On voit que la société de Berlin n'a pas
adopté ie système des cités ouvrières. Cha
que maison, en effet, ne contient en moyen
ne que neuf ménages. Les habitations sont
simjjrs, mais sa nés, bien exposées, bien
aérées, et disposées à l'intérieur de manière
à répondre aux besoins des locataires pour
lesquels elies, ont été construites.
Voici maintenant ce que cette entreprise
présente surtout de particulier. Les loyers
sont calculés de teile sorte,.qu'ils doivent
rendre â la société,-après le prélèvement de
quelques frais généraux, un intérêt de 4 0/0
et un amortissement de 2 0/0 de* fonds dé
pensés. Le capital se trouvera, de cette ma
nière, remboursé au bout de vingt-neuf
ans. À partir de -cette époque, les locataires
deviendront propriétaires de la maison qu'ils
habitent.
«La difficulté , dans cette combinaison,
était de faire la part des locataires qui pou
vaient être forcés par les circonstances de
quitter la'maison avant la trentième année.
On y a pourvu en les indemnisant à l'aide
d'un-fonds de réserve, à la condition cepen
dant qu'ils soient restés cinq années au
moins et que leur conduite ait été à l'abri
de tojut reproche. Ainsi, un locataire qui
paie 150 fr. de loyer et qui déménage, au
bout de cinq ans, pour des motifs agréés
par la société, reçoit une indemnité de 150 f.
en compensation deson droit acquis à l;i pro
priété future de la maison. L'indemnité est
de 325 fr., s'il est resté dix ans, et ainsi de
suite.
Il n'est pas besoin de faire ressortir tous
les avantages d'une pareille organisation. Le
locataire se crée, sans s'en douter pour ainsi
dire, un petit capital. C'est, comme le dit le
Courrier du Bas-Rhin, une caisse d'épargne
ouverte pouf l'ouvrier dans sa maison même,
et' qui finit, au bout de trente années, par
faire de lui le co-pr»priétaire d'une maison
dans laquelle il a été commodément logé
avec sa, famille.
Lès locataires dë ces maisons n'ont pas
seulement l'avantage d'un logement conve
nable et à bon marché. Réunis sous le mê
me toit, ils forment une sorte d'association,
et ils nomment un gérant chargé de leurs
intérêts communs. Le but principal de cette
association, c'est l'achat en gros des objets
de consommation usuelle, ce qui leur donne
la facilité de les obtenir de meilleure qualité
et à plus bas prix. De là, une nouvelle source
d'économie et de biën-être.
Les résultats obtenus par la société berli
noise sont des plus satisfaisans. Les loge-
mens qu'elle a construits sont très.recher
chés par les classes ouvrières. On s'inscrit
d'avance pour être admis à mesure que les
constructions s'élèvent. La société n'a que
l'embarras du choix pour les familles qui se
présentent, et elle ne reçoit que celles qui
offrent, par leurs antécédens, des garanties
suffisantes de bonne conduite et de moralité.
Nous croyons que la combinaison réali
sée avec succès à Berlin-pourrait être fa
cilement importée chez nous. Les. capitaux
qui se porteraient sur ces entreprises ne
courraient aucun risque et obtiendraient un
revenu convenable. L'administration pour
rait d'ailleurs leur donner quelque encou
ragement pour les diriger dans cette voie. On
démolit beaucoup à Paris, pour établir des
communications faciles et pour faire péné
trer l'air dans des quartiers étouffés. Ce sont
là d* beaux et de grands projets. Cependaut,
comme ces maisons qui tombent sous la pio
che étaient la plupart habitées par les clas
ses laborieuses, il en résulterait que les
logernens d'ouvriers deviendraient plus ra
res et plus chers, si l'on ne reconstruisait
des maisons destinées à les recevoir. La spé
culation , saus doute , y pourvoira, mais
suivant 1rs erremens habituels et en ne con
sultant que son intérêt. Le moment serait
favorable pour appeler l'attention des capi-
talislcset des vrais philanthropes, de manière
à ce que cette œuvre de reconstruction s'exé
cutât dans des conditions plus ou moins
analogues à celles que nous venons de si
gnaler.
L'application du système berlinois sur
une grande échelle, après la réussite di s
premiers essais, aurait les conséquences les
plus heureuses pour l'amélioration du sort
des classes laborieuses et pour raffermisse
ment de la sécurité publique, j. burat.
Si l'on veut se faire une idée de la manière
dont on entend et on pratique la liberté •
dans certains Etats démocratiques et répu- /
bltcains, il suffit de lire les lois rendues i
contre les personnes libres de couleur, nè
gres ou mulâtres, par 1-s législatures de ;
t'Alabama, de la Géorgie et de la Louisiane. •
La.législation de ce dernier Etat surtout se J
distingue par une rigueur et une iniquité :
inconnues sousies régimes les plusdespo- I
tiques.
Elle n'est pourtant pas ancienne, et l'on
ne dira pas qu'elle a été faite sous l'empire i
des préjugésd'uri autre âge, car elle datedu ■
mois de mars 181-2. A cette époque, le sériât
et la chambre des représi ntans de la Loui
siane ont décidé qu'aucun navire entrant
dans les ports de cet Etat ne pourrait y. in
troduire un seul individu de couleur libre. (
C'était précisément prendre le contre- pied '
des mesures adoptées dans des pays aristo- j
cratiques comme l'Angle erre, par "exemple, !
qui défend, sous les peines les plus sévères, '
le transport des esclaves. j
Donc, à la Louisiane quiconque jetait l'an- i
cre dans un port, devait immédiatement in
former l'autorité qu'il avait à bord un ou
plusieurs individus de racé africaine. Aussi
tôt, on lançait contre ces parias de lagraude
république américaine un-.mandatd 'jim mer,
et ils étaient incarcérés et détenus jusqu'à
l'époque où le navire remettait à la voile
pour suivre sa destination. De plus le capi
taine était obligé de fournir par tête de pri
sonniers faits eu vertu de cette loi dracon-
nienne, uùe somme de 500 piastres en ga
rantie du paiement des frais d'incarcération
qui étaient mis a la charge des victimes "de
cette mesure.
Quel était le motif d'une telle violation de
tous les principes dn droit et de la justice?
Aucun autre qu'une protestation «ontre la
politique des Etats émancipés ; l'effet de la
vieille rivalité du Sud contre le Nord, qui
prenait pour prétexte la crainte dé la propa
gande des idées d'affranchissement parmi
les esclaves de la Louisiane, propagande
bien - dangereuse, en vérité, que celle dont
étaient capables quelques douzaines de cui-
siuiers ou matelots embarqués par ha
sard, ou l'un des rares fonctionnaires de
cette race, dans leur passage rapide à desti
nation des colonies anglaises ou françaises.
Pourtant le péril avait été jugé si grand
par la législature de la Louisiane, que tout
capitaine qui omettait, même par ignorance
de la loi, de remplir, à l'égard des uoirs'ou
mulâtres présens à son bord, les formalités
aue nous venons d'indiquer, était passible
d'une amende de 1,000 piastres pour chacun
de ces nègres ou mulâtres, et pouvait même
être emnrisoHné et subir la confiscation de
son navire.
Plusieurs de nos patrons, peu versés dans .
l'étude des lois américaines, se sont trouvés
jetés dans de grands embarras par suite de
cette législation plus que russe; et ils ne s'en
seraient pas tires aisément sans l'active in
tervention de nos consuls ; plusieurs graves
magistrat*', ou d'autres fonctionnaires d'un
rang élevé envoyés dans les colonies, se .
sont vus au moment d'être appréhendés
au corps, et plus.dur maîlre-d'iifttel, inno
cemment occupé à faire les provisions du
navire, a été interrompu dans sou marché.
par un Agent de la police américaine, qui,
sans autre explication, l'a conduit à la g'ôle,
eu puniticft) de ce qu'il avait rtçu de la "na
ture une peau dont ia couleur déplailà l'au
torité.
L'Angleterre philanthrope et négrophi'e a
fait entendre, à. ce sujet, les plaintes et les
réclamations les- plus vives. La Frauce, de
son côté, s'est efforcée de ramener les gou-
verueniens des Etats de l'Union à une poli
tique plusjliumaine et plus libérale. Leurs
démarches n'ont point eu de succès, et le
précédent gouvernement s'était vu obligé
d'inviter les administrateurs de nos ports à
prendre des mesures pour empêcher l'em
barquement de noirs et de mulâtres à bord
des navires frétés pour les Etats-Unis, ou
seulement même destinés à y relâcher.
Mais enfin la Louisiane paraît avoir senti
la nécessité de chaugersa législation, indi
gna, sous ce rapport, d'un peuple éclairé et
leiigieux. Le 17 mars 1852, la législature de
cet,Etat a modifié la loi votée dix années au -
p ar.ivant. en ce sens que toute personne de
couleur libre erpbarquée sur un navirb pour
ra être admise dans les poi ts de- l'Etat,
et qu'il lui sera permis, en verju d'uu oas-
sepoi t spécial qu'elle sera tenue d'obtenir,
de débarquer, si cela est nécessaire, pour
accomplir les devoirs de son emploi. Il
faut remarquer que cette faculté est li
mitée aux cuisiniers, maîtres - d'hôtels et
matelots. Il n'est pas questiou des passagers,
et les fonetioimifireë d'origine africaine les
tent placés, à leur arrivée dans un port de
la Louisiane s<»us le coup des prescriptions
de la toi (ie 1842, et sont exposés, en consé
quence, à un emprisonnement dont la durée
n'est déterminée que par le séjour même
du bâtiment dans le pays..C'est un privilège
qu'ils doivent à la supériorité de leur édu
cation et de leurs lumières. En outre, le ca
pitaine qui les transporte ne cesse pas d'ê
tre menacé d'une amende et de la confisca
tion de son navire.
Cependant, comme le nombre des indi
vidus de couleur libre qui sont employés à
bordées bàtimcns comme cuisiniers ou ma
telots est beaucoup plus considérable que ce
lui des personnes de inêmè race qui sont ap
pelées à remplir des fonctions publiques, ra
doucissement apporté à la législation anté
rieure sera fort apprécié parles capitaines de
navire, qui, souvent, sont bien aises de pou
voir compléter leurs équipages par des per
sonnes de couleur.
Ils n'oublieront pas, d'ailleurs, que toutes
les autres u'^positions de l'acte de 1842 de
meurent en vigueur, et qu'ils sont respon
sables de toutes contraventions aux mesures
prescrites par Cf tte loi.
On courrait risque de se méprendre si l'on
envisageait les clxangemens dont nous ve
nons de parler comme une concession faite
à l'opinion de la généralité des Européens
touchant l'esclavage et le préjugé de couleur.
C'est tout fimplement une facilité donnée à
la navigation. 11 ne fall ut rien moins qu'un
tel int- ret pour b daucer la crainte et l'anti
pathie qu'inspirent aux planteurs du Sud les
nombreux partis-ans de l'aoolition de l'escla
vage dans le monde entier. denajn.
L'envasement du canal de l'Orne, princi
palement entre le port de Caen et le bac de
Clopée, est tel, qu'il y a trois jours, vingt-
cinq bàtimens y éiaient échoues, attendant
une marée plus haute pour arriver au port,
dont ils n'étaient plus qu'à quelques centai
nes de mètres. Ce n'est pas tout, le passage
des bateaux à vapeur étant devenu impos
sible , il a lallu que ces bateaux s ouvrissent
un passage, en remorquant sur les rives
quelques-uns des navires qui faisaient obsta
cle. A la nouvelle de c. t encombrement du
p is.-age de I U"iie, que ses ordres réitéré-.
ii'ouj,pu prévenir, M. le préfet s'est em
presse oe se rcii'ire à Clopée, et c'est en sa
preseuce, et sous sa direction, que le dé-
gag' j ine'.t s'i st opéré. Mais ce n'est là
qu'un témoignage de bonne volonté, qui'
deuil urera su-rde si l'administration supé
rieure ne pr ud pas des mesures efficaces
pour améiion r l'ét d de la rivière. SiWiS doute
Caendoitse léliciter des résolutions prises
. en ce qui concerne le chemin de fer ; mais,
pour le moment, c'est par sa rivière qu'il
est tn communication avec le Havre, et
par le Havre avec Paris. C'est par sa riyière
qu'il reçoit et qu'il exporte, et il espère que
ses réclamations seront entendues,
L.B0NI5ACB.
moyens les plus propres à aménager les eaux
dans un pays où les cours d'eau offrent tant
d'irrégularités, et sont plutôt des tprreris
que des rivières.
Plusieurs commissions eteomités ont exa
miné les résultats des études laites en ^ Afri
que, et en dernier lieu le conseil général
des ponts ei-chaussées â donné son avis sur
le règlement définitif élaboré à la suite des
divers examens dont ce projet a été l'objet,
Nous croyons savoir que l'ensemble des me-
I général des
L'instruction des affaires ayaut irait à l'amé
nagement des eaux, aux desséchemens, aux
irrigations et aux étabiissemensd'usines en
Algérie, va être l'obiet' d'un décret qui sera
publié prochainement.
- L'emploi des eaux, jusqu 'ici négligé dans
l'Algérie, aura par la suite une influence
immense sur le succès delà colonisation,sur
la santé publique et sur la fécondité du sol.
L. Bonifàce.
L'administration de la guerre s'occupe
depuis long-tempsd'uu projet de règlement
d'administraliou publique pour t'empkndes
eau.\ (;n Algérie. Elle a chargé des hommes
spéciaux d'aller étudier sur les lieux les
L'Elu du Peuple publie les deux arrêtés
suivans pris par M. le préfet de laÇôte-d'Or,
•sous la date du 4 août, contre deux maires
de ce département :
Nou«, préfet de la Côte-rl'Or,
Vu'les rapports qui -nous sont parvenus et des
quels il résulte que M. Mauris, maire de Laignes,
11e s'est pas conformé aux instructions de l'admi
nistration lors de l'élection d'un membre du con
seil-général, dans son canton, et qu'il a abusé de
sa position comme maire pour satisfaire sa propre
ambition ;
Vu la loi du 21 mars 1831 ; le décret du 3 juil
let 1848; et la loi du 7 juillet 18p2:
Considérant que, dans cette circonstance, M.
Mauris a manqué à tous ses devoirs, et que, si son
intention etait.de ne pas exécuter les ordres qu'il
avait reçus, il devait préalablement donner sa dé
mission des fonctions de maire, au lieu de faire
tourner l'influence qu'elles lui procuraient au pro-,
fit de fes prétentions personnelles; - s
Ariêtons
M: Mauris, maire de Laignes, est suspendu de
ses fonctions pendant trois mois.
Nous, préfet de la Côte-d'Or,
Vu les rapports qui nous sont parvenus, et des
quels il résilie que M. Ravelet, maire de Gran-
cey-sur-Ource, ne s'est pas conformé aux instruc
tions de l'administration pour l'élection d'un mem
bre du conseil général dans le cm ton de Monti-
tfny-sur-Aube, et qu'au contraire il a usé de l'in
fluence que lun donnaient ses fonctions de maire
pour tâcher d'assurer sa propre élection, en com-
battant celle du candidat agree par l'administration.
Considérant que, dans cette circonstance, M. Ra
velet a manqué à ses' devoirs,
- Arrêtons : ^
M. Ravtlet, maire de Grancey-sur-Ource, est
suspendu de ses l'oneiions penda.it trois mois.
Nous trouvons.dans l'Indépendance belge
d'hier les doux lettres suivantes
• La Haye, 3 août.
La seconde chambre,-convoquée pour aujour
d'hui afin de discuter lac 'invention sur la coutre-
laçon conclue avec la France, ne s'est pas trouvée
en nombre. Il n'y avait que trente-irois membres
presens. Demain, a une heure, la chambre se reu
mra de nouveau , atin de fane [enfermer aypel;
comme il n'a manque aujourd'hui que < J cuj nnm~
bies pour que l'assemblee fût en nombre pour dé
libérer, il esi probable que la discussion aura lieu.
11 est à remarquer deux choses i d'abord que
plusieurs membres résidant à ta Haye ne se sont
pas trouvés à la chamlbre, ensuite que, dans une
lettre, M. -Van Lynden déclare qu'il n'a nullement
l'intention de se rendre à la séance*convoquée.
ce
Le, président de. la chambre, en ouvrant taséan-
, a déclaré qu'il regrettait d'avoir dû convoquer
ia seance après dix mois de travaux assidus, et
qu'il ne. t'aurait pas fait si le ministre des affaires
étrangères seul l'en eût pi ié ; mais qu'il ne pou
vais s'y refuser, le conseil entier des.ministres lui
ayant denian ié la convocation. Ces mots sont si
gnificatifs. En ou're, je puis vous assurer que le
conseil des mini-ires avait expé iié à chacun des
meiïibres une lettre, dans laquelle le ministère le
priait de vouloir bien se rendre à la séance.Trente-
trois membres ont répondu a cet appel; de là,on
peut conclure la majorité nue la convention pour
rait avoir peut-être,
La Haye, 4 août. ,
Je viens de quitter et l'inssatit la salle des ses fi
ées de la seconde chambre des Etats Généraux et
je n'ai le temps que de vous donner un résumé
rapide ùe la séance que les trente-cinq membres
préserts (un seul membre de plus que la moitié !..)
ont tenue aujourd'hui, me réservant de vous don
ner demain des détails des plus intéressans sur la
queslinn dont il s'agit.
Comme je viens de le dire, ce n'a pas été comme
hier, 33 membres, mais 35 qui ?e sont réunis au
jourd'hui dans k salle des séances. Le gouverne
ment avait donc réussi à attirer encore deux mem
bres paresseux, afin de constituer dans h chambre
la majorité absolue. Observe! bien'que pas un seul
de plus que le nombre rigoureusement voulu ne
s'est rendu à la séance.
La chambre a adopté d'abord une motion de M.
Mackay, tendante à ouvrir immédiatement ia dis—
• cussioh sur la convention. ,
M. Van Dam van l^ell prot'ste ensuite qu'il
n'est pas venu assister au débat sous l'influenec
étrangère, ou sous la crainte de la vengeance du
plus tort. <:.■■■>
Le ministre des affaires étrangères demande la
discussion du traité en «parité secret. L'assemblée,
après en avoir drlibéré en secret p ndant un qu^rt
d'heure, rejette la demhnde du ministre. La dis
cussion s'ouvre donc en séance publique.
, Il n'y avait que deui orateurs în-erits : MMÏ
Wihtgens et Mackay, et il parait que ia chambre
avait pour ainsi direchargé principalement le pre
mier de résumer les griefVcontre le traite et. con
tre le ministre dés .affaires étranueres. M. Wint-
gents l'a fait avec beaucoup de talent. M. Mackay
"a également attaqué le traité avec chaleur. C'est
avec beaucoup d'énergie que tous les deux se sont
efforcés de démontrer combien la convention était
contraire à l'intérêt,à l'honneur et à la liberté du
pays.
La défense de M. le ministre des affaires étran
gères a été peu heureuse. Le président de la cham
bre, profitant d'un moment d.i repos, a dû 1 enga
ger à abréger afin que la chambre pût en finir au
jourd'hui, n'étant nullement sûr que'les 35 mem
bres consentissent à revenir demain.
Après le disr-ours du ministre, personne n'a de
mandé la'pijrole, et l'article unique du projet de
loi a été rejeté à l'unanimité, au milieu éu plus
profond silence.
La chambre s'est ajournée indéfiniment.
L'extrait suivant d'une correspondance de
La Haye, du 2 août, pourrait indiquer sou9
quels points de vue le traité aurait été at
taqué: «
« Le gouvernement vient de recevoir, de la part
de quelques imprimeurs du pays, une nouvelle
protestation contre la dernière convention conclut
avec la France. Cette protestation considéré cette
convention comme contraire en tous points aux
intérêts de la presse hollandaise et des écrivains
nationaux et la signale comme une concession
pure et simple accordée au gouvernement fran
çais. »
- Nous recevons |d'un honorab'e négociant
de Lille, la lettre suivante, qui renferme d'u ;
tiles renseignemeiis sur la situation d'une
de nos plus précieuses industries :
Lille, o août 1852.
Monsieur le rédactevr,
Les tableaux officiels que vieitt de publier l'ad
ministration des dou-mes et des contributions in
directe», ont donné l'occasion aux journaux de si
gnaler l'accroissement du revenu public pendant
le premier semestre de i8o2, etl'cU'ct du rétablis
sement de la confiance sur la consommation des
principales marchandises nécessaires à l'industrie.
Les sucres méritaient une mention spéciale, parce
que l'augmentation dont ils sont l'objet dépasse
celle de tous les autres articles, et parce que I 'cxï-
men des chiffres t'ait voir que cette augmentation
a profité au sucre colonial et au sucre étranger
seulement, tandis que le sucre indigène a perdu
du terrain. Quelques calculs sont nécessaires a cet
effet. ^
Les quantités fabriquées s'élevaient au 30 juin
1852 à «7.329.139k.
Au 31 décembre 18ol,elles n'é
taient que de 34.341.327
Reste pour la fabrication propre
au premier semestre 1852, - 32.0S7.812
Au 30 juin 1852, les restes en
fabrique s'élevaient à 12.268.233k.
Les restes en entrepôt, s v 5.61 i.519
Total du stock au 30 juin 1852, 17.882.7S2.
fÊlilllETON DU CONSTITUTIONNEL, 7 AOUT.
A TILSITT ,
ou
LES TROIS MANIÈRES.
(1807.)
m.
11 y avait alors dans lecabinel de l'empereur
Alexan ire huit oujdix pier»onne^rangees au
tour d'une table; l t plupart, portant 1 uoifur-
nw, et nent des généraux de l'armée russe;
les autres paraissaient être des fonctionnaires
qui occupaient des places importantes datis
l'Etat. Al xandre présidait cette réunion,
mais S "td il t t dt debout.
Quand l'einpereur aperçut" le prince royal
de Wurtemberg, n fit quelques pas vers lui,
et lui'teiidiuit la main :
— S"-y« z le bien-venu, prince, lui dit-il
d'iio ton fort aff ctucux; mais pardotiai x-
mui df* vous recevoir ici sans cérémonie.
— Lu prince R^pniii peut vous dire que,
sachant Votre M ijestô ,-ussi occupée, je vou
lais ajourner ma visite, et...
—111 st vrai, prince, que je travaille beau
coup ; niai -5 ,que voulez-vous'/le ir.ivailm'est
îiéeef-saifi-, indispensable même. Il faut qu'un
souverain donne I exemple de l'activité; sans
n i 11 s ail tir. s ne saliraient marcher ; vous
le savtz d'ailleurs aussi bl n que moi, car
vous éles à b -nne école. Le roi I-ré térie, vo
tre père, est très laborieux,et vous devez l'être
comme lui. Allons, prince, veuidrz finis as
seoir auprès de moi. Dans un*, demi heure
nous lèverons cette séance qui, sans doute,
ne sera pa.-s sans résultats utiles pour mon
e.i?pire en général, et pour mou arm^e en
pàniculier.
Le prince royal prit un siège et se plaça à
la droite de l'empereur ; il pouvait de là voir
et enti-ndte tout à son aise. Il jeta un regard
fcur la taiilo et il y aperçut un grani nombre
de petiisd 'SMiiS c'doriés que les personnages
composant le conseil examiuaient avec une
grande atl"i.lion et une gravité tout â fait
sénatoiitle; puis "il observa les physiono
mies qui loi parurent par leur expression
sérieuse et méditative répondre à la haute
idée qu'il s'était formée de l'objet de la dé
libération. Mais que faisaient là ces images
étalées devant les membres du conseil? C'é
tait une énigme pour le prince royai, et il
désespérait d'en surprendre le mot.
Eofln l'empereur Alexandre fompit le si
lence, et s'adressant au prince royal : — Eh !
mon cher prince, lui dit-il en poussant un
profond soupir, vous ne savez pas encore
ce qu'il eu coûte pour avoir une bonne
armee ;" mais vous le saurez un jour. Tenez,
voilà près de dix matinées que je consacre à
un travail hérissé de difficultés, et je ne suis
pas encore assuré de toucher le but.
Le prince aurait élé fort embarrassé de
répondre; Alexandre l'en dispensa en se tour
nant vers le général Woronzoff :
— En bien 1 général, lui dit-il, avez-vous
suffisamment examiné, comparé ces divers
dessins? Quelle est voire opinion?.Elie doit
être d'un grand poi.ls dans la balance.
-r-. Ah ! Sire, Votre Ma 1 esté doit se pro
noncer et choisir; sou choix sera le meilleur.
— Géuéral, je vous demande votre avis!
fl y avait dans la réponse d'Alexandre
l'accent de l'impatience et de la mauvaise
humeur; Worouzolfeu comprit le sens.
— Sire, répondit-il, puisque Votre Ma
jesté l 'exige,.je lui dirai qu'avant d'émettre
une ooinion, il faudrait procédera l'épreuve
des manœuvres; il y a tel uniforme qui, vu
isolément, pput. plaire, produire un excel-
lent flTet,et qui paraîltrèsdisgracieux quand
les hommes qui-ie portent sont réunis.-
— Vous avez raison, général, vous avez
raison-; mais que faire alors?-Faut il dépen
ser vingt ou vingt cinq mille roubles pour
faire habiller quelques escadrons, pour un
simple essai qui peut être abandonné?
— Je conviens que l'objection est grafe,
Sire, et je l'avais prévue.-
— Avez-vous réfléchi sur les moyens de
lever cette difficulté, de m'épargner une dé
pense considérable pour uns épreuve dont
nous ne pouvons nous dispenser?
— J'ai mûrement réfléchi, Sire, et j'avoue
mon impuissance.
— Ah ! vous n'avez rien trouvé, général ?
L'empereur accompagna ces paroles d'un
sourire ironique.
— Peut-être quelqu'un de vos collègues,
continua t-ii, auraété plus heureux.
Les autres membres du conseil gardèrent
le silence : alorsAlexandre fit un signe à l'un
d'eux et celui-ci s'approcha de l'empereur,
*
ijui lui dit quelques mots à l'oreille..
Le prince royai de Wurtemberg, muet ob
servateur de Cette scène, en attendait le dé
nomment avec une impatiente curiosité ; le
personnage à qui l'empereur avait parlé bas
était sorti, et rentra bientôt, portant sous
son bras deux coffrets qu'il posa sur la table.
Alors l'empereur prit-ia parole :
— Messieurs, dit-il avec beaucoup de gra
vi té, je ne prétends pas avoir résolu le pro
blème qui nous, occupe depuis dis jours,
mais j'ai tfiehé de le résoudre ; je vous prie
déjuger mi tentative avec quelque indul
gence. Vous voyez ces deux colfrets ?
Tous lesassistans, les reg,rd- fixés sur les
coffrets, 11e savaient quelle pouvait en être
la destination.
— Cescleux boites, dont la vue parait vous
intriguer beaucoup, contiennent deux régi-
mens de cavalerie au grand complet : un de
hussards et un de lanciers^ •
Un mouvement général de surprise ac
cueillit cette déclaration de l'empereur :
— Oui, Messieurs, ajouta-l-il, ils contien
nent deux. rétiniens de cavalerie revêtus
d'uuiformes que j'ai dessinés moi-même;
car je n'ai pas été satisfait, je vous le dirai ,
franchement, de tous ces dessins qui passent
successivement sous nos yeux depuis dix
jours: vous n'en n'étiez pas satisfaits non
plus, vous, Messieurs, n'est-ce-pas?
L' S membres du cons- ii firent simultané
ment un geste affirm^lif.
— Maintenant, continua l'empereur, vous
jugerez si j'ai réussi; mais, je vous eu prie,
parlez-moi franchement;-je veux la vérité,
non des eloges, encore moins des flatteries.
En disant ces mots, Alexandre ouvrit suc
cessivement les deu£ coffrets, et, le renver
sant, joncha chaque moitié de la table des
objets qu'il contenait. Il-prenait cette pré
caution pour que les régi mens ne fussent
pas mêlés. C'étaient de petits cavaliers en
bois, assez semblables aux poupées qui ser
vent à l'amusement des enfans. Seulement
les poupées impériales étaient travaillées
avec plus d'art et de délicatesse; les hommes
et les chevaux'portaient toutes les parties
d'habillement et de harnachement, et jus
qu'aux moindres accessoires des régi mens
auxquels ils appartenaient. Les officiers
avai«nt les insignes de leurs grades ; la mu
sique de chaque corps était au grand com
plet.
Ce fut une exclamation générale de sur
prise,et d'admiration à la vue de ces deux
régimens aux couleurs brillantes, et qui
n'attendaient que les mains officieuses des
assistans pour être sur pied et rangés en ba
taille. •
Alexandre cherchait en vain à cacher la
satisfaction qu'il éprouvait en voyant celte
première impression produite sur l'assem
blée par ses petites poupées militaires : elle
était pour lui la promesse d'une approba
tion plus expressive, le gage d'un triomphe
qui «levait bien mieux caresser son orgueil.
Alors ses regards rencontrèrent ceux -du
jeune prince de Wurtemberg; il n'y aperçut
qu'un peu d'étoniw ment ; cela ne pouvait
lui suflirft; mais il espérait avoir bientôt-rai
son de l'indifférence du prince, par le spec-
■ tacle qu'il allait lui offrir et ia révélation^®
ses talens stratégiques.
—- Allons , Messieurs , dit l'empereur, il
faut ranger n is deux régimens en bataille ;
débarrassons la table de tous ces dessins ,
afnrque nous ne soyons pas gênés-dans no
tre e.namp de manœuvres 1
Aussitôt les membres du conseil se met
tent en devoir de relever les cavaliers et de
les distribuer en escadrons; Alexandre se
montre le plus a-tif dans ce i.oble travail, le,
plus adroit à s'acquitter de cette tâche hé--
ri'ique.
Pendant que ces graves personnages ali
gnaient de leur mieux tes lanciers et les hus
sards, ils n'échangeaient entre eux aucune
parole ; ils observaient un religieux silence,
eotminsi le salut dé l'empire eût dépendu
de l'afTlire. qui les occupait tout entiers.
Un seul homme alors était inactif dans le
cabinet de l'empereur ; ré luit au simplerôle
de spectateur, il avait bieude la peine à gar-^
der son sérieux : c'était ie prince royal de
Wurtemberg. -
■Tout à coup la porte da cabinet s ; ouvre :
— Que me veut 011 encore? s'écrit l'em
pereur avec colère, en se tournant vers la
pertonne qui n'ose avancer, voussavez,Mon
sieur de N iriskin, combien j'ai .besoin de
tranquillité!
M. de Nariskin, cffr.-.vé par cette récep
tion, allait se retirer, qnô.;»d Alexandre, ue
ravisant, le rappela : ^
—Voyons, de quoi s'a'j.i t.-il ? Parlez, Mni-
sieur de Narir-kin, mais surtout soyez bref,
car les momeus sont précieux.
-- Sire, il vient d'arriver ici un courrier
avec des dépêches de l'armée de Moldavie; il
annonce que les Turcs ont fait un mouve
ment général contre nos cantonuemens et
même qu'ils menacent de couper nos com
munications.
— Bahl bah! s'ils les coupent, mon ar
mée saura bien tes rétablir... Mais est-ce là
tout ce (}ue vous avez à me dire? en vérité,
ce n'était pas la peinede venir me déranger...
— Mon zèle, Sire...
— C'est bien, Monsieur de Nariskin; je ne
doute pas, je n'ai jamais douté de voire zele
ni de votre dévoûment ; mais vous pouvez
vous retirer.
'—Votre Majesté, Sire,mepermeltra-t-elle
de lui annoncer que l'aide-de-camp du gou
verneur de la Finlande sollicite l'honneur
d'èire admis devant vous. Il est dépêche par
son général pour consulter Votre Majesté sur
les mesures que réclame la situation de plus
en plus alarmante de ce gouvernement... On
parle de la révolte de plusieurs districts, de
conspirations...
«-- Assez, assezj Monsieur de Nariskin;
dans deux heures, je m'occuperai de c^la et
d'autres choses; mais,pour le moment, cela
m'est impossible'; j'espère maintenant que
je ne serai plus dérangé. ,
Et l'empereur fit à M. de Nariskin un si
gne que celui-ci comprit, en s'éloignant.
Alexandre se ternit aussitôt à l'œuvre, et
bientôt, grâce à ses collaborateurs, les deux
régimens se trouvèrent sur pied ei alignés.
Quand cette opération fut terminée, l'empe
reur iuviia lésas: ista os à se lever, à s'éloigner
de la table, et, se plaçant à une certaine dis
tance pour mi-*ux juger l'effet do. ces pou
pées réunies en corps, il resta, pendant dix
minutes environ, en extase devant son clief-
d'qsuvre. Q uand il eut savouré tout à sou
aise ce spectacle d'un'nouveau genre, il se
tourna vers les autres juges, et, (l'une voix
qui avait une intention d'humble modestie :
— Messieurs, leur dit-il, il me semble que
cela 11'est pas Irop mal. Regardez et pronon
cez: car vous êtes mes maîtres dans l'art de
lagu'Tre, et j'écouterai toujours avec la do-
ediie d'an élève iecoanai^inl 10i «ris et
vos leçons. . ■ -
Les Liiembi'i s du jury s'eaipres-èrenl d-'
répondre à l'invitation " d,i l'empereur, et
quand ils eurent examiué dans tous les ^eni
les régimens de bois : ' . « •.
—C'est admirable.! s'éeria le corn le ivlilo-
radowich.
-j-—Admirable! répétèrent les autres juge».
Alexandre baissait les yeux et r ougissai
presque comme une jeune fille.- ; :
—Un moment, Messieurs, dit-il avec une
sorte d'embarras, ùn moment, je vous prie,
ne vous pressez pas de louer ce travail; ce
n'est pas en quelques minutes qu'on peut
l'apprécier, et je vous engage à l'examiner
de nouveau; vous y reconnaîtrez sans doute,
après un examen réfléchi, quelques imper»
fections.
- — Sire, c'est inutile, répondit le prince
Wolkonski, nous craindrions trop de gâter,
de dénaturer l'œuvre de Votre Majesté, en
cherchant à y faire des changement qu elle
ne comporte pas, car tout s'y tient, tout s'y
enebaîne, pour former cet admirable en
semble qui nous a arraché un cri u'o.-ithou-
siasme.
-—Ces deux régimens-là, dit à son tour
Benigsen, seront des regimens modèles; ils
feront le désespoir de foutes les autres ar
mées européennes.
Alexandre gardait lo silence; il savourait
en quelque sotte son triomphe. Ma s tout à
coup se tournant vers le prince de Wurtem
berg qui était resté immobile à sa place ;
—Eh'bien! prince, lui dit-il, vous ne dites
rien, vous ! Est csj que par hasard vous ne '
pensez pas avoir le droit de formuler votre
opinion? Ah! je vous en prie, point de scru
pule ni de façons avec moi \ voyons, com
ment trouvez vous mes deux régimens?
— Superbes, Sire, et je partage l'opinion
de Messieurs fes membres 1 du conseil-. Vos
deux régimens présentent un conp-d'œil
magnifique, et je ne doute pas qu'ils ne fasr
*eut beaucoup a'hooneur à l'armée russe.
Le jeune prince était lisiblement embar
rassé; il lui tardait de voir la fla de cette
séance qui venait de porter un coup fatal
à ses dernières illusions sur l'empereur de
Ru-sie. Celui-ci, qui d'abord avait contenu
la satisfaction.de son amour-propre dans de"
justes limites, s'abandonna aux transports
de. l'enthousiasme pour son ouvrage qui ve
nait de'réunir l'unanimité des suffrages. En ce
moment Alexandre se croyait, lui aussi, un*
'grand général.
Enlin la pendulesonntmiii, c'était l'heu
re ordinaiie à laquelle se séparait le conseil
intime de l'empeivur. Il se i-va alors et les
aisi3tatts suivirent son exemple ; plusieurs
d'entre eux t e préparaient à l'aire rentrer les
deux régimensdadg leurs coffres ; Alexandre
les arrêtant t
B 185-2.-SAMEDI 7 AOUT.
f »H
BÉPATITEMENS 1® P. —
' UN HUMtaO :' *9 CSKTISOES»
»0G3t tËsViïS KTSiNSÏÎl», sa raporteï •
aa tahlsaa qai «gra pablié dans-la jôop*i!, :
les to et %% d;i risque asola
£«.- oônnnîwnt datent des 1« *t 1$ '
de eftaque moisi
S'adresser, franco, pour: la rédaction , à M. 1 CnCKTAl-CUBiGNY, rédacteur en
■ ' . ■..,.. Les articles déposés ne sont pas rendue.
JOUKNÀL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
ehef. 1 •On s',aboniiéj d.■ . l {:. •■■■■.. 1 ■ ; ■ t — A, Strasboury t cites M. AUXANt*», .pour, I 1 Alkm^gne.;
Les annonces son: r,- jne» an bnraan
AVIS.
Le 15 septembre, /e Constitution
nel sera imprimé en caractères neufs
de la fonderie de MM. Thorey
Yirey.
et
PARIS 9 6 AOUT.
On Tait, en ce moment, des efforts remar
quables dans les principales filles de l'Eu
rope pour améliorer ie logement' des ou
vriers. C'est en effet dans lei grands centres,
où la population se presse, que les classes
laborieuses ont le plus de peine à se lé
ger convenablement. Le terrain y est cher et
les loyers y atteignent des prix élevés. Ajou
tons que les maisons accessibles aux petites
bourses sont trop souvent dans de mauvai
ses conditions de salubrité. >A"ssi combien
ne voit-on pas d'ouvriers, rebutés par le
triste aspect d'une demeura qui manque
d'air et de lumière, déserter la vie de famille
et en qu> Ique sorte élire" domicile au caba
ret! L'amélioration du logement des popula
tions -laborieuses n'est donc pas seulement
une œuvre d'hygiène, c'est encore une œu
vre de nioralisation. A ce double titre, elle
devait attirer l'attention des cœurs généreux
qui se dévouent au bien de l'humanité.
L'Angleterre, qui compte la proportion la
plus considérable d'ouvriers industriels par
rapport à la mas§e de la population, a, com
me on sait, la première, donné l'exemple de
la création de maisons spéciales construites
pour les loger. Parmi les nations du conti
nent qui l'ont imitée, nous devons citer la
Prusse. Une grande expérience s'accomplit
en ce moment à Berlin ; elle parait en voie
de réussite, et comme la question est, chez
nous, à l'ordre da jour, on lira sans doute
avec intérêt les détails que nous trouvons à
ce sujet dans la Gai^tte d'Augsbourg et dans
le Courrier du Bat-Rhin.
L'entreprise qui s'exécute et se poursuit à
Berlin, a été organisée par une société parti
culière, qui est composée des hommes les
plus honorables, et qui est sous le patro
nage du prince de Prusse. Elle â réuni un
capital de 450.000 fr. Avec cette somme,
elle a acheté, soit dans les quartier» le s moins
encombrés de Berlin, soit même hors de
la ville, différens terrains sur lesquels elle a
fait construire des maisons destinées aux ou
vriers. 11 résulte des rapports officiels que,
. fendée il y a environ quatre aus, elle avait,
déjà élevé, à la fin de 1851, 16 maisons con-'
tenant U6 logemeas quittaient loués à 145
familles représentant 800 tètes, dont près «le
400 en fans. . ■ %
On voit que la société de Berlin n'a pas
adopté ie système des cités ouvrières. Cha
que maison, en effet, ne contient en moyen
ne que neuf ménages. Les habitations sont
simjjrs, mais sa nés, bien exposées, bien
aérées, et disposées à l'intérieur de manière
à répondre aux besoins des locataires pour
lesquels elies, ont été construites.
Voici maintenant ce que cette entreprise
présente surtout de particulier. Les loyers
sont calculés de teile sorte,.qu'ils doivent
rendre â la société,-après le prélèvement de
quelques frais généraux, un intérêt de 4 0/0
et un amortissement de 2 0/0 de* fonds dé
pensés. Le capital se trouvera, de cette ma
nière, remboursé au bout de vingt-neuf
ans. À partir de -cette époque, les locataires
deviendront propriétaires de la maison qu'ils
habitent.
«La difficulté , dans cette combinaison,
était de faire la part des locataires qui pou
vaient être forcés par les circonstances de
quitter la'maison avant la trentième année.
On y a pourvu en les indemnisant à l'aide
d'un-fonds de réserve, à la condition cepen
dant qu'ils soient restés cinq années au
moins et que leur conduite ait été à l'abri
de tojut reproche. Ainsi, un locataire qui
paie 150 fr. de loyer et qui déménage, au
bout de cinq ans, pour des motifs agréés
par la société, reçoit une indemnité de 150 f.
en compensation deson droit acquis à l;i pro
priété future de la maison. L'indemnité est
de 325 fr., s'il est resté dix ans, et ainsi de
suite.
Il n'est pas besoin de faire ressortir tous
les avantages d'une pareille organisation. Le
locataire se crée, sans s'en douter pour ainsi
dire, un petit capital. C'est, comme le dit le
Courrier du Bas-Rhin, une caisse d'épargne
ouverte pouf l'ouvrier dans sa maison même,
et' qui finit, au bout de trente années, par
faire de lui le co-pr»priétaire d'une maison
dans laquelle il a été commodément logé
avec sa, famille.
Lès locataires dë ces maisons n'ont pas
seulement l'avantage d'un logement conve
nable et à bon marché. Réunis sous le mê
me toit, ils forment une sorte d'association,
et ils nomment un gérant chargé de leurs
intérêts communs. Le but principal de cette
association, c'est l'achat en gros des objets
de consommation usuelle, ce qui leur donne
la facilité de les obtenir de meilleure qualité
et à plus bas prix. De là, une nouvelle source
d'économie et de biën-être.
Les résultats obtenus par la société berli
noise sont des plus satisfaisans. Les loge-
mens qu'elle a construits sont très.recher
chés par les classes ouvrières. On s'inscrit
d'avance pour être admis à mesure que les
constructions s'élèvent. La société n'a que
l'embarras du choix pour les familles qui se
présentent, et elle ne reçoit que celles qui
offrent, par leurs antécédens, des garanties
suffisantes de bonne conduite et de moralité.
Nous croyons que la combinaison réali
sée avec succès à Berlin-pourrait être fa
cilement importée chez nous. Les. capitaux
qui se porteraient sur ces entreprises ne
courraient aucun risque et obtiendraient un
revenu convenable. L'administration pour
rait d'ailleurs leur donner quelque encou
ragement pour les diriger dans cette voie. On
démolit beaucoup à Paris, pour établir des
communications faciles et pour faire péné
trer l'air dans des quartiers étouffés. Ce sont
là d* beaux et de grands projets. Cependaut,
comme ces maisons qui tombent sous la pio
che étaient la plupart habitées par les clas
ses laborieuses, il en résulterait que les
logernens d'ouvriers deviendraient plus ra
res et plus chers, si l'on ne reconstruisait
des maisons destinées à les recevoir. La spé
culation , saus doute , y pourvoira, mais
suivant 1rs erremens habituels et en ne con
sultant que son intérêt. Le moment serait
favorable pour appeler l'attention des capi-
talislcset des vrais philanthropes, de manière
à ce que cette œuvre de reconstruction s'exé
cutât dans des conditions plus ou moins
analogues à celles que nous venons de si
gnaler.
L'application du système berlinois sur
une grande échelle, après la réussite di s
premiers essais, aurait les conséquences les
plus heureuses pour l'amélioration du sort
des classes laborieuses et pour raffermisse
ment de la sécurité publique, j. burat.
Si l'on veut se faire une idée de la manière
dont on entend et on pratique la liberté •
dans certains Etats démocratiques et répu- /
bltcains, il suffit de lire les lois rendues i
contre les personnes libres de couleur, nè
gres ou mulâtres, par 1-s législatures de ;
t'Alabama, de la Géorgie et de la Louisiane. •
La.législation de ce dernier Etat surtout se J
distingue par une rigueur et une iniquité :
inconnues sousies régimes les plusdespo- I
tiques.
Elle n'est pourtant pas ancienne, et l'on
ne dira pas qu'elle a été faite sous l'empire i
des préjugésd'uri autre âge, car elle datedu ■
mois de mars 181-2. A cette époque, le sériât
et la chambre des représi ntans de la Loui
siane ont décidé qu'aucun navire entrant
dans les ports de cet Etat ne pourrait y. in
troduire un seul individu de couleur libre. (
C'était précisément prendre le contre- pied '
des mesures adoptées dans des pays aristo- j
cratiques comme l'Angle erre, par "exemple, !
qui défend, sous les peines les plus sévères, '
le transport des esclaves. j
Donc, à la Louisiane quiconque jetait l'an- i
cre dans un port, devait immédiatement in
former l'autorité qu'il avait à bord un ou
plusieurs individus de racé africaine. Aussi
tôt, on lançait contre ces parias de lagraude
république américaine un-.mandatd 'jim mer,
et ils étaient incarcérés et détenus jusqu'à
l'époque où le navire remettait à la voile
pour suivre sa destination. De plus le capi
taine était obligé de fournir par tête de pri
sonniers faits eu vertu de cette loi dracon-
nienne, uùe somme de 500 piastres en ga
rantie du paiement des frais d'incarcération
qui étaient mis a la charge des victimes "de
cette mesure.
Quel était le motif d'une telle violation de
tous les principes dn droit et de la justice?
Aucun autre qu'une protestation «ontre la
politique des Etats émancipés ; l'effet de la
vieille rivalité du Sud contre le Nord, qui
prenait pour prétexte la crainte dé la propa
gande des idées d'affranchissement parmi
les esclaves de la Louisiane, propagande
bien - dangereuse, en vérité, que celle dont
étaient capables quelques douzaines de cui-
siuiers ou matelots embarqués par ha
sard, ou l'un des rares fonctionnaires de
cette race, dans leur passage rapide à desti
nation des colonies anglaises ou françaises.
Pourtant le péril avait été jugé si grand
par la législature de la Louisiane, que tout
capitaine qui omettait, même par ignorance
de la loi, de remplir, à l'égard des uoirs'ou
mulâtres présens à son bord, les formalités
aue nous venons d'indiquer, était passible
d'une amende de 1,000 piastres pour chacun
de ces nègres ou mulâtres, et pouvait même
être emnrisoHné et subir la confiscation de
son navire.
Plusieurs de nos patrons, peu versés dans .
l'étude des lois américaines, se sont trouvés
jetés dans de grands embarras par suite de
cette législation plus que russe; et ils ne s'en
seraient pas tires aisément sans l'active in
tervention de nos consuls ; plusieurs graves
magistrat*', ou d'autres fonctionnaires d'un
rang élevé envoyés dans les colonies, se .
sont vus au moment d'être appréhendés
au corps, et plus.dur maîlre-d'iifttel, inno
cemment occupé à faire les provisions du
navire, a été interrompu dans sou marché.
par un Agent de la police américaine, qui,
sans autre explication, l'a conduit à la g'ôle,
eu puniticft) de ce qu'il avait rtçu de la "na
ture une peau dont ia couleur déplailà l'au
torité.
L'Angleterre philanthrope et négrophi'e a
fait entendre, à. ce sujet, les plaintes et les
réclamations les- plus vives. La Frauce, de
son côté, s'est efforcée de ramener les gou-
verueniens des Etats de l'Union à une poli
tique plusjliumaine et plus libérale. Leurs
démarches n'ont point eu de succès, et le
précédent gouvernement s'était vu obligé
d'inviter les administrateurs de nos ports à
prendre des mesures pour empêcher l'em
barquement de noirs et de mulâtres à bord
des navires frétés pour les Etats-Unis, ou
seulement même destinés à y relâcher.
Mais enfin la Louisiane paraît avoir senti
la nécessité de chaugersa législation, indi
gna, sous ce rapport, d'un peuple éclairé et
leiigieux. Le 17 mars 1852, la législature de
cet,Etat a modifié la loi votée dix années au -
p ar.ivant. en ce sens que toute personne de
couleur libre erpbarquée sur un navirb pour
ra être admise dans les poi ts de- l'Etat,
et qu'il lui sera permis, en verju d'uu oas-
sepoi t spécial qu'elle sera tenue d'obtenir,
de débarquer, si cela est nécessaire, pour
accomplir les devoirs de son emploi. Il
faut remarquer que cette faculté est li
mitée aux cuisiniers, maîtres - d'hôtels et
matelots. Il n'est pas questiou des passagers,
et les fonetioimifireë d'origine africaine les
tent placés, à leur arrivée dans un port de
la Louisiane s<»us le coup des prescriptions
de la toi (ie 1842, et sont exposés, en consé
quence, à un emprisonnement dont la durée
n'est déterminée que par le séjour même
du bâtiment dans le pays..C'est un privilège
qu'ils doivent à la supériorité de leur édu
cation et de leurs lumières. En outre, le ca
pitaine qui les transporte ne cesse pas d'ê
tre menacé d'une amende et de la confisca
tion de son navire.
Cependant, comme le nombre des indi
vidus de couleur libre qui sont employés à
bordées bàtimcns comme cuisiniers ou ma
telots est beaucoup plus considérable que ce
lui des personnes de inêmè race qui sont ap
pelées à remplir des fonctions publiques, ra
doucissement apporté à la législation anté
rieure sera fort apprécié parles capitaines de
navire, qui, souvent, sont bien aises de pou
voir compléter leurs équipages par des per
sonnes de couleur.
Ils n'oublieront pas, d'ailleurs, que toutes
les autres u'^positions de l'acte de 1842 de
meurent en vigueur, et qu'ils sont respon
sables de toutes contraventions aux mesures
prescrites par Cf tte loi.
On courrait risque de se méprendre si l'on
envisageait les clxangemens dont nous ve
nons de parler comme une concession faite
à l'opinion de la généralité des Européens
touchant l'esclavage et le préjugé de couleur.
C'est tout fimplement une facilité donnée à
la navigation. 11 ne fall ut rien moins qu'un
tel int- ret pour b daucer la crainte et l'anti
pathie qu'inspirent aux planteurs du Sud les
nombreux partis-ans de l'aoolition de l'escla
vage dans le monde entier. denajn.
L'envasement du canal de l'Orne, princi
palement entre le port de Caen et le bac de
Clopée, est tel, qu'il y a trois jours, vingt-
cinq bàtimens y éiaient échoues, attendant
une marée plus haute pour arriver au port,
dont ils n'étaient plus qu'à quelques centai
nes de mètres. Ce n'est pas tout, le passage
des bateaux à vapeur étant devenu impos
sible , il a lallu que ces bateaux s ouvrissent
un passage, en remorquant sur les rives
quelques-uns des navires qui faisaient obsta
cle. A la nouvelle de c. t encombrement du
p is.-age de I U"iie, que ses ordres réitéré-.
ii'ouj,pu prévenir, M. le préfet s'est em
presse oe se rcii'ire à Clopée, et c'est en sa
preseuce, et sous sa direction, que le dé-
gag' j ine'.t s'i st opéré. Mais ce n'est là
qu'un témoignage de bonne volonté, qui'
deuil urera su-rde si l'administration supé
rieure ne pr ud pas des mesures efficaces
pour améiion r l'ét d de la rivière. SiWiS doute
Caendoitse léliciter des résolutions prises
. en ce qui concerne le chemin de fer ; mais,
pour le moment, c'est par sa rivière qu'il
est tn communication avec le Havre, et
par le Havre avec Paris. C'est par sa riyière
qu'il reçoit et qu'il exporte, et il espère que
ses réclamations seront entendues,
L.B0NI5ACB.
moyens les plus propres à aménager les eaux
dans un pays où les cours d'eau offrent tant
d'irrégularités, et sont plutôt des tprreris
que des rivières.
Plusieurs commissions eteomités ont exa
miné les résultats des études laites en ^ Afri
que, et en dernier lieu le conseil général
des ponts ei-chaussées â donné son avis sur
le règlement définitif élaboré à la suite des
divers examens dont ce projet a été l'objet,
Nous croyons savoir que l'ensemble des me-
I général des
L'instruction des affaires ayaut irait à l'amé
nagement des eaux, aux desséchemens, aux
irrigations et aux étabiissemensd'usines en
Algérie, va être l'obiet' d'un décret qui sera
publié prochainement.
- L'emploi des eaux, jusqu 'ici négligé dans
l'Algérie, aura par la suite une influence
immense sur le succès delà colonisation,sur
la santé publique et sur la fécondité du sol.
L. Bonifàce.
L'administration de la guerre s'occupe
depuis long-tempsd'uu projet de règlement
d'administraliou publique pour t'empkndes
eau.\ (;n Algérie. Elle a chargé des hommes
spéciaux d'aller étudier sur les lieux les
L'Elu du Peuple publie les deux arrêtés
suivans pris par M. le préfet de laÇôte-d'Or,
•sous la date du 4 août, contre deux maires
de ce département :
Nou«, préfet de la Côte-rl'Or,
Vu'les rapports qui -nous sont parvenus et des
quels il résulte que M. Mauris, maire de Laignes,
11e s'est pas conformé aux instructions de l'admi
nistration lors de l'élection d'un membre du con
seil-général, dans son canton, et qu'il a abusé de
sa position comme maire pour satisfaire sa propre
ambition ;
Vu la loi du 21 mars 1831 ; le décret du 3 juil
let 1848; et la loi du 7 juillet 18p2:
Considérant que, dans cette circonstance, M.
Mauris a manqué à tous ses devoirs, et que, si son
intention etait.de ne pas exécuter les ordres qu'il
avait reçus, il devait préalablement donner sa dé
mission des fonctions de maire, au lieu de faire
tourner l'influence qu'elles lui procuraient au pro-,
fit de fes prétentions personnelles; - s
Ariêtons
M: Mauris, maire de Laignes, est suspendu de
ses fonctions pendant trois mois.
Nous, préfet de la Côte-d'Or,
Vu les rapports qui nous sont parvenus, et des
quels il résilie que M. Ravelet, maire de Gran-
cey-sur-Ource, ne s'est pas conformé aux instruc
tions de l'administration pour l'élection d'un mem
bre du conseil général dans le cm ton de Monti-
tfny-sur-Aube, et qu'au contraire il a usé de l'in
fluence que lun donnaient ses fonctions de maire
pour tâcher d'assurer sa propre élection, en com-
battant celle du candidat agree par l'administration.
Considérant que, dans cette circonstance, M. Ra
velet a manqué à ses' devoirs,
- Arrêtons : ^
M. Ravtlet, maire de Grancey-sur-Ource, est
suspendu de ses l'oneiions penda.it trois mois.
Nous trouvons.dans l'Indépendance belge
d'hier les doux lettres suivantes
• La Haye, 3 août.
La seconde chambre,-convoquée pour aujour
d'hui afin de discuter lac 'invention sur la coutre-
laçon conclue avec la France, ne s'est pas trouvée
en nombre. Il n'y avait que trente-irois membres
presens. Demain, a une heure, la chambre se reu
mra de nouveau , atin de fane [enfermer aypel;
comme il n'a manque aujourd'hui que < J cuj nnm~
bies pour que l'assemblee fût en nombre pour dé
libérer, il esi probable que la discussion aura lieu.
11 est à remarquer deux choses i d'abord que
plusieurs membres résidant à ta Haye ne se sont
pas trouvés à la chamlbre, ensuite que, dans une
lettre, M. -Van Lynden déclare qu'il n'a nullement
l'intention de se rendre à la séance*convoquée.
ce
Le, président de. la chambre, en ouvrant taséan-
, a déclaré qu'il regrettait d'avoir dû convoquer
ia seance après dix mois de travaux assidus, et
qu'il ne. t'aurait pas fait si le ministre des affaires
étrangères seul l'en eût pi ié ; mais qu'il ne pou
vais s'y refuser, le conseil entier des.ministres lui
ayant denian ié la convocation. Ces mots sont si
gnificatifs. En ou're, je puis vous assurer que le
conseil des mini-ires avait expé iié à chacun des
meiïibres une lettre, dans laquelle le ministère le
priait de vouloir bien se rendre à la séance.Trente-
trois membres ont répondu a cet appel; de là,on
peut conclure la majorité nue la convention pour
rait avoir peut-être,
La Haye, 4 août. ,
Je viens de quitter et l'inssatit la salle des ses fi
ées de la seconde chambre des Etats Généraux et
je n'ai le temps que de vous donner un résumé
rapide ùe la séance que les trente-cinq membres
préserts (un seul membre de plus que la moitié !..)
ont tenue aujourd'hui, me réservant de vous don
ner demain des détails des plus intéressans sur la
queslinn dont il s'agit.
Comme je viens de le dire, ce n'a pas été comme
hier, 33 membres, mais 35 qui ?e sont réunis au
jourd'hui dans k salle des séances. Le gouverne
ment avait donc réussi à attirer encore deux mem
bres paresseux, afin de constituer dans h chambre
la majorité absolue. Observe! bien'que pas un seul
de plus que le nombre rigoureusement voulu ne
s'est rendu à la séance.
La chambre a adopté d'abord une motion de M.
Mackay, tendante à ouvrir immédiatement ia dis—
• cussioh sur la convention. ,
M. Van Dam van l^ell prot'ste ensuite qu'il
n'est pas venu assister au débat sous l'influenec
étrangère, ou sous la crainte de la vengeance du
plus tort. <:.■■■>
Le ministre des affaires étrangères demande la
discussion du traité en «parité secret. L'assemblée,
après en avoir drlibéré en secret p ndant un qu^rt
d'heure, rejette la demhnde du ministre. La dis
cussion s'ouvre donc en séance publique.
, Il n'y avait que deui orateurs în-erits : MMÏ
Wihtgens et Mackay, et il parait que ia chambre
avait pour ainsi direchargé principalement le pre
mier de résumer les griefVcontre le traite et. con
tre le ministre dés .affaires étranueres. M. Wint-
gents l'a fait avec beaucoup de talent. M. Mackay
"a également attaqué le traité avec chaleur. C'est
avec beaucoup d'énergie que tous les deux se sont
efforcés de démontrer combien la convention était
contraire à l'intérêt,à l'honneur et à la liberté du
pays.
La défense de M. le ministre des affaires étran
gères a été peu heureuse. Le président de la cham
bre, profitant d'un moment d.i repos, a dû 1 enga
ger à abréger afin que la chambre pût en finir au
jourd'hui, n'étant nullement sûr que'les 35 mem
bres consentissent à revenir demain.
Après le disr-ours du ministre, personne n'a de
mandé la'pijrole, et l'article unique du projet de
loi a été rejeté à l'unanimité, au milieu éu plus
profond silence.
La chambre s'est ajournée indéfiniment.
L'extrait suivant d'une correspondance de
La Haye, du 2 août, pourrait indiquer sou9
quels points de vue le traité aurait été at
taqué: «
« Le gouvernement vient de recevoir, de la part
de quelques imprimeurs du pays, une nouvelle
protestation contre la dernière convention conclut
avec la France. Cette protestation considéré cette
convention comme contraire en tous points aux
intérêts de la presse hollandaise et des écrivains
nationaux et la signale comme une concession
pure et simple accordée au gouvernement fran
çais. »
- Nous recevons |d'un honorab'e négociant
de Lille, la lettre suivante, qui renferme d'u ;
tiles renseignemeiis sur la situation d'une
de nos plus précieuses industries :
Lille, o août 1852.
Monsieur le rédactevr,
Les tableaux officiels que vieitt de publier l'ad
ministration des dou-mes et des contributions in
directe», ont donné l'occasion aux journaux de si
gnaler l'accroissement du revenu public pendant
le premier semestre de i8o2, etl'cU'ct du rétablis
sement de la confiance sur la consommation des
principales marchandises nécessaires à l'industrie.
Les sucres méritaient une mention spéciale, parce
que l'augmentation dont ils sont l'objet dépasse
celle de tous les autres articles, et parce que I 'cxï-
men des chiffres t'ait voir que cette augmentation
a profité au sucre colonial et au sucre étranger
seulement, tandis que le sucre indigène a perdu
du terrain. Quelques calculs sont nécessaires a cet
effet. ^
Les quantités fabriquées s'élevaient au 30 juin
1852 à «7.329.139k.
Au 31 décembre 18ol,elles n'é
taient que de 34.341.327
Reste pour la fabrication propre
au premier semestre 1852, - 32.0S7.812
Au 30 juin 1852, les restes en
fabrique s'élevaient à 12.268.233k.
Les restes en entrepôt, s v 5.61 i.519
Total du stock au 30 juin 1852, 17.882.7S2.
fÊlilllETON DU CONSTITUTIONNEL, 7 AOUT.
A TILSITT ,
ou
LES TROIS MANIÈRES.
(1807.)
m.
11 y avait alors dans lecabinel de l'empereur
Alexan ire huit oujdix pier»onne^rangees au
tour d'une table; l t plupart, portant 1 uoifur-
nw, et nent des généraux de l'armée russe;
les autres paraissaient être des fonctionnaires
qui occupaient des places importantes datis
l'Etat. Al xandre présidait cette réunion,
mais S "td il t t dt debout.
Quand l'einpereur aperçut" le prince royal
de Wurtemberg, n fit quelques pas vers lui,
et lui'teiidiuit la main :
— S"-y« z le bien-venu, prince, lui dit-il
d'iio ton fort aff ctucux; mais pardotiai x-
mui df* vous recevoir ici sans cérémonie.
— Lu prince R^pniii peut vous dire que,
sachant Votre M ijestô ,-ussi occupée, je vou
lais ajourner ma visite, et...
—111 st vrai, prince, que je travaille beau
coup ; niai -5 ,que voulez-vous'/le ir.ivailm'est
îiéeef-saifi-, indispensable même. Il faut qu'un
souverain donne I exemple de l'activité; sans
n i 11 s ail tir. s ne saliraient marcher ; vous
le savtz d'ailleurs aussi bl n que moi, car
vous éles à b -nne école. Le roi I-ré térie, vo
tre père, est très laborieux,et vous devez l'être
comme lui. Allons, prince, veuidrz finis as
seoir auprès de moi. Dans un*, demi heure
nous lèverons cette séance qui, sans doute,
ne sera pa.-s sans résultats utiles pour mon
e.i?pire en général, et pour mou arm^e en
pàniculier.
Le prince royal prit un siège et se plaça à
la droite de l'empereur ; il pouvait de là voir
et enti-ndte tout à son aise. Il jeta un regard
fcur la taiilo et il y aperçut un grani nombre
de petiisd 'SMiiS c'doriés que les personnages
composant le conseil examiuaient avec une
grande atl"i.lion et une gravité tout â fait
sénatoiitle; puis "il observa les physiono
mies qui loi parurent par leur expression
sérieuse et méditative répondre à la haute
idée qu'il s'était formée de l'objet de la dé
libération. Mais que faisaient là ces images
étalées devant les membres du conseil? C'é
tait une énigme pour le prince royai, et il
désespérait d'en surprendre le mot.
Eofln l'empereur Alexandre fompit le si
lence, et s'adressant au prince royal : — Eh !
mon cher prince, lui dit-il en poussant un
profond soupir, vous ne savez pas encore
ce qu'il eu coûte pour avoir une bonne
armee ;" mais vous le saurez un jour. Tenez,
voilà près de dix matinées que je consacre à
un travail hérissé de difficultés, et je ne suis
pas encore assuré de toucher le but.
Le prince aurait élé fort embarrassé de
répondre; Alexandre l'en dispensa en se tour
nant vers le général Woronzoff :
— En bien 1 général, lui dit-il, avez-vous
suffisamment examiné, comparé ces divers
dessins? Quelle est voire opinion?.Elie doit
être d'un grand poi.ls dans la balance.
-r-. Ah ! Sire, Votre Ma 1 esté doit se pro
noncer et choisir; sou choix sera le meilleur.
— Géuéral, je vous demande votre avis!
fl y avait dans la réponse d'Alexandre
l'accent de l'impatience et de la mauvaise
humeur; Worouzolfeu comprit le sens.
— Sire, répondit-il, puisque Votre Ma
jesté l 'exige,.je lui dirai qu'avant d'émettre
une ooinion, il faudrait procédera l'épreuve
des manœuvres; il y a tel uniforme qui, vu
isolément, pput. plaire, produire un excel-
lent flTet,et qui paraîltrèsdisgracieux quand
les hommes qui-ie portent sont réunis.-
— Vous avez raison, général, vous avez
raison-; mais que faire alors?-Faut il dépen
ser vingt ou vingt cinq mille roubles pour
faire habiller quelques escadrons, pour un
simple essai qui peut être abandonné?
— Je conviens que l'objection est grafe,
Sire, et je l'avais prévue.-
— Avez-vous réfléchi sur les moyens de
lever cette difficulté, de m'épargner une dé
pense considérable pour uns épreuve dont
nous ne pouvons nous dispenser?
— J'ai mûrement réfléchi, Sire, et j'avoue
mon impuissance.
— Ah ! vous n'avez rien trouvé, général ?
L'empereur accompagna ces paroles d'un
sourire ironique.
— Peut-être quelqu'un de vos collègues,
continua t-ii, auraété plus heureux.
Les autres membres du conseil gardèrent
le silence : alorsAlexandre fit un signe à l'un
d'eux et celui-ci s'approcha de l'empereur,
*
ijui lui dit quelques mots à l'oreille..
Le prince royai de Wurtemberg, muet ob
servateur de Cette scène, en attendait le dé
nomment avec une impatiente curiosité ; le
personnage à qui l'empereur avait parlé bas
était sorti, et rentra bientôt, portant sous
son bras deux coffrets qu'il posa sur la table.
Alors l'empereur prit-ia parole :
— Messieurs, dit-il avec beaucoup de gra
vi té, je ne prétends pas avoir résolu le pro
blème qui nous, occupe depuis dis jours,
mais j'ai tfiehé de le résoudre ; je vous prie
déjuger mi tentative avec quelque indul
gence. Vous voyez ces deux colfrets ?
Tous lesassistans, les reg,rd- fixés sur les
coffrets, 11e savaient quelle pouvait en être
la destination.
— Cescleux boites, dont la vue parait vous
intriguer beaucoup, contiennent deux régi-
mens de cavalerie au grand complet : un de
hussards et un de lanciers^ •
Un mouvement général de surprise ac
cueillit cette déclaration de l'empereur :
— Oui, Messieurs, ajouta-l-il, ils contien
nent deux. rétiniens de cavalerie revêtus
d'uuiformes que j'ai dessinés moi-même;
car je n'ai pas été satisfait, je vous le dirai ,
franchement, de tous ces dessins qui passent
successivement sous nos yeux depuis dix
jours: vous n'en n'étiez pas satisfaits non
plus, vous, Messieurs, n'est-ce-pas?
L' S membres du cons- ii firent simultané
ment un geste affirm^lif.
— Maintenant, continua l'empereur, vous
jugerez si j'ai réussi; mais, je vous eu prie,
parlez-moi franchement;-je veux la vérité,
non des eloges, encore moins des flatteries.
En disant ces mots, Alexandre ouvrit suc
cessivement les deu£ coffrets, et, le renver
sant, joncha chaque moitié de la table des
objets qu'il contenait. Il-prenait cette pré
caution pour que les régi mens ne fussent
pas mêlés. C'étaient de petits cavaliers en
bois, assez semblables aux poupées qui ser
vent à l'amusement des enfans. Seulement
les poupées impériales étaient travaillées
avec plus d'art et de délicatesse; les hommes
et les chevaux'portaient toutes les parties
d'habillement et de harnachement, et jus
qu'aux moindres accessoires des régi mens
auxquels ils appartenaient. Les officiers
avai«nt les insignes de leurs grades ; la mu
sique de chaque corps était au grand com
plet.
Ce fut une exclamation générale de sur
prise,et d'admiration à la vue de ces deux
régimens aux couleurs brillantes, et qui
n'attendaient que les mains officieuses des
assistans pour être sur pied et rangés en ba
taille. •
Alexandre cherchait en vain à cacher la
satisfaction qu'il éprouvait en voyant celte
première impression produite sur l'assem
blée par ses petites poupées militaires : elle
était pour lui la promesse d'une approba
tion plus expressive, le gage d'un triomphe
qui «levait bien mieux caresser son orgueil.
Alors ses regards rencontrèrent ceux -du
jeune prince de Wurtemberg; il n'y aperçut
qu'un peu d'étoniw ment ; cela ne pouvait
lui suflirft; mais il espérait avoir bientôt-rai
son de l'indifférence du prince, par le spec-
■ tacle qu'il allait lui offrir et ia révélation^®
ses talens stratégiques.
—- Allons , Messieurs , dit l'empereur, il
faut ranger n is deux régimens en bataille ;
débarrassons la table de tous ces dessins ,
afnrque nous ne soyons pas gênés-dans no
tre e.namp de manœuvres 1
Aussitôt les membres du conseil se met
tent en devoir de relever les cavaliers et de
les distribuer en escadrons; Alexandre se
montre le plus a-tif dans ce i.oble travail, le,
plus adroit à s'acquitter de cette tâche hé--
ri'ique.
Pendant que ces graves personnages ali
gnaient de leur mieux tes lanciers et les hus
sards, ils n'échangeaient entre eux aucune
parole ; ils observaient un religieux silence,
eotminsi le salut dé l'empire eût dépendu
de l'afTlire. qui les occupait tout entiers.
Un seul homme alors était inactif dans le
cabinet de l'empereur ; ré luit au simplerôle
de spectateur, il avait bieude la peine à gar-^
der son sérieux : c'était ie prince royal de
Wurtemberg. -
■Tout à coup la porte da cabinet s ; ouvre :
— Que me veut 011 encore? s'écrit l'em
pereur avec colère, en se tournant vers la
pertonne qui n'ose avancer, voussavez,Mon
sieur de N iriskin, combien j'ai .besoin de
tranquillité!
M. de Nariskin, cffr.-.vé par cette récep
tion, allait se retirer, qnô.;»d Alexandre, ue
ravisant, le rappela : ^
—Voyons, de quoi s'a'j.i t.-il ? Parlez, Mni-
sieur de Narir-kin, mais surtout soyez bref,
car les momeus sont précieux.
-- Sire, il vient d'arriver ici un courrier
avec des dépêches de l'armée de Moldavie; il
annonce que les Turcs ont fait un mouve
ment général contre nos cantonuemens et
même qu'ils menacent de couper nos com
munications.
— Bahl bah! s'ils les coupent, mon ar
mée saura bien tes rétablir... Mais est-ce là
tout ce (}ue vous avez à me dire? en vérité,
ce n'était pas la peinede venir me déranger...
— Mon zèle, Sire...
— C'est bien, Monsieur de Nariskin; je ne
doute pas, je n'ai jamais douté de voire zele
ni de votre dévoûment ; mais vous pouvez
vous retirer.
'—Votre Majesté, Sire,mepermeltra-t-elle
de lui annoncer que l'aide-de-camp du gou
verneur de la Finlande sollicite l'honneur
d'èire admis devant vous. Il est dépêche par
son général pour consulter Votre Majesté sur
les mesures que réclame la situation de plus
en plus alarmante de ce gouvernement... On
parle de la révolte de plusieurs districts, de
conspirations...
«-- Assez, assezj Monsieur de Nariskin;
dans deux heures, je m'occuperai de c^la et
d'autres choses; mais,pour le moment, cela
m'est impossible'; j'espère maintenant que
je ne serai plus dérangé. ,
Et l'empereur fit à M. de Nariskin un si
gne que celui-ci comprit, en s'éloignant.
Alexandre se ternit aussitôt à l'œuvre, et
bientôt, grâce à ses collaborateurs, les deux
régimens se trouvèrent sur pied ei alignés.
Quand cette opération fut terminée, l'empe
reur iuviia lésas: ista os à se lever, à s'éloigner
de la table, et, se plaçant à une certaine dis
tance pour mi-*ux juger l'effet do. ces pou
pées réunies en corps, il resta, pendant dix
minutes environ, en extase devant son clief-
d'qsuvre. Q uand il eut savouré tout à sou
aise ce spectacle d'un'nouveau genre, il se
tourna vers les autres juges, et, (l'une voix
qui avait une intention d'humble modestie :
— Messieurs, leur dit-il, il me semble que
cela 11'est pas Irop mal. Regardez et pronon
cez: car vous êtes mes maîtres dans l'art de
lagu'Tre, et j'écouterai toujours avec la do-
ediie d'an élève iecoanai^inl 10i «ris et
vos leçons. . ■ -
Les Liiembi'i s du jury s'eaipres-èrenl d-'
répondre à l'invitation " d,i l'empereur, et
quand ils eurent examiué dans tous les ^eni
les régimens de bois : ' . « •.
—C'est admirable.! s'éeria le corn le ivlilo-
radowich.
-j-—Admirable! répétèrent les autres juge».
Alexandre baissait les yeux et r ougissai
presque comme une jeune fille.- ; :
—Un moment, Messieurs, dit-il avec une
sorte d'embarras, ùn moment, je vous prie,
ne vous pressez pas de louer ce travail; ce
n'est pas en quelques minutes qu'on peut
l'apprécier, et je vous engage à l'examiner
de nouveau; vous y reconnaîtrez sans doute,
après un examen réfléchi, quelques imper»
fections.
- — Sire, c'est inutile, répondit le prince
Wolkonski, nous craindrions trop de gâter,
de dénaturer l'œuvre de Votre Majesté, en
cherchant à y faire des changement qu elle
ne comporte pas, car tout s'y tient, tout s'y
enebaîne, pour former cet admirable en
semble qui nous a arraché un cri u'o.-ithou-
siasme.
-—Ces deux régimens-là, dit à son tour
Benigsen, seront des regimens modèles; ils
feront le désespoir de foutes les autres ar
mées européennes.
Alexandre gardait lo silence; il savourait
en quelque sotte son triomphe. Ma s tout à
coup se tournant vers le prince de Wurtem
berg qui était resté immobile à sa place ;
—Eh'bien! prince, lui dit-il, vous ne dites
rien, vous ! Est csj que par hasard vous ne '
pensez pas avoir le droit de formuler votre
opinion? Ah! je vous en prie, point de scru
pule ni de façons avec moi \ voyons, com
ment trouvez vous mes deux régimens?
— Superbes, Sire, et je partage l'opinion
de Messieurs fes membres 1 du conseil-. Vos
deux régimens présentent un conp-d'œil
magnifique, et je ne doute pas qu'ils ne fasr
*eut beaucoup a'hooneur à l'armée russe.
Le jeune prince était lisiblement embar
rassé; il lui tardait de voir la fla de cette
séance qui venait de porter un coup fatal
à ses dernières illusions sur l'empereur de
Ru-sie. Celui-ci, qui d'abord avait contenu
la satisfaction.de son amour-propre dans de"
justes limites, s'abandonna aux transports
de. l'enthousiasme pour son ouvrage qui ve
nait de'réunir l'unanimité des suffrages. En ce
moment Alexandre se croyait, lui aussi, un*
'grand général.
Enlin la pendulesonntmiii, c'était l'heu
re ordinaiie à laquelle se séparait le conseil
intime de l'empeivur. Il se i-va alors et les
aisi3tatts suivirent son exemple ; plusieurs
d'entre eux t e préparaient à l'aire rentrer les
deux régimensdadg leurs coffres ; Alexandre
les arrêtant t
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