Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-07-17
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 juillet 1852 17 juillet 1852
Description : 1852/07/17 (Numéro 199). 1852/07/17 (Numéro 199).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 199.
ES2J8&EÏA5ÎX i$& F esl&is (Palais-Royal), n2 1©3
B î852. SAÏÏEf»! 17 JUILLET.
?RÏX BE l'âBOSSZaEE*»
PARIS -£3 F. PAS TRIMSTBïi
DÉPARTEiKSS. 13 F. —
CS NUMÉRO : S® CENTIMES.
P0€B LES PAYS ÉTRANGEBS S6 lOpOTtMF
au •■aijîeao qui sera ytmlie dan* la Journal
les 10 et 23 de chaque mois;
" Les sâosaemetv datent iti i ,T et 16
âg chaqut mois, ''
^JLJ
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M2 C tjchevài- G uhk - ny , rédacteur en chef.
Les articles déposés nesoitf pas rendus.
JOUMAL POUTIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
1
On s'afnnne, dans les dipartenuns, aux Messe geriet et aux Directions de poste.—A Londres, chez MM. C owie et fiis .J -S (dresser, franco, pour l administration , a M. D emain , directeur,.
1 _ a Strasbom g, cAezM. AlSÏÀ«t>iiê, pMr l'Alktna-me. | î. os annonces soat.wvJ«e# au burera du lourcsl; et ebes-M. PÀJNIS, régissent, 19, place' de
Bours
PAKIS, 16 JUILLET.
La polémique des journaux n'est, en An
gleterre, qu'un faible aliment de l'agitation
électorale. Les hommes politiques y prennent
la plus grande part, par lès. discours qu'ils
prononcent avant et après leur propre élec
tion," ou en présentant leurs amis aux suf
frages des électeurs^ On a pu voir que sir
.lani-s Graham ne s'est pas épargné celle an
née, car on ne compte plus lt s discours qu'il
a prononcés. Lord John Russell et lord Pal-
raerstou ont également prononcé des dis
cours qui ont eu du retentissement. M. d Is
raël! a voulu répondre aux attaques dont le
minisière était l'objet; il a voulu c-n même
temps, dans l'intérêt de sa cause, prendre aé-^
te publiquement des avantages déjà rempor
tés par les tories dans la lutte électorale ; cj,
comme l'élection du comité de BucMngliam
est une des dernières quidôivent avoir lieu,
il s'est fait offrir un diner préparatoire par
ses amis, afin de prononcer un discours.
Deux questions sont traitées dans ce dis
cours : la question catholique et la question
de la protection. Les adversaires du gouver
nement ont exploité contre lui la proclama
tion relative aux. processions et l'émeute de
Sloekport. M. d'Israeli a rappelé que leminis-
lèreavaitpriségalementdesmesiirescontreles
processions orangistes. La proclamation avait
pour objet et a eu pour effet de prévenir les
collisions qui aurakAl éclaté en vingt endroits
entre les catholiques et les' protestant. Le
ministre a désavoué toule'pensée d'atteinte, à
la liberté religieuse et de partialité pour une
croyance, et il s'est indigné de l'interpréta
tion qu'on donnait maintenant à un acte
ministériel qu'on n'avait pas osé incriminer
tant que le parlement avaH siégé.
Après avoir maintenu les opinions^du
parti tory sur la protection, M. d'Israeli a
entrepris d'exposer ce que le gouvernement
croirait devoir faire s'il n'avait pas une ma
jorité protectioniste. On peut donc prendre
dès aujourd'hui les paroles de M. d'Israeli
pour le programme do la petitique du cabi
net dans la session prochaine., Celte politi
que cot sistera à proposer un dégrèvement
de;s. charges spéciales qui pèsent sur l'agri
culture.
« Si le pays entier, a dit M. d'Israeli, v&nait à
condamner la {rotection, ce ne serait pas «ne rai-
,-oir pour se deeouiiiger et pour ne pas chercher
ailleurs, le* m ijens de pla-er les cultivateurs du
sol dans une bonne tt juste position. (Appiaudis-
fcnitn-,) Ministre de la couronne, je suis lout-à
fait decxlé à conseiller la reine dans ce sens.
(Applaudissement. 1 -'.) Selon moi , le meilleur re
mède aux maux des classes agricoles, c-insiste
non pas à augmenter les pris, pour que le pro
ducteur soit récompensé de s«n travail, mais bien
à rédu pc lea frais de la production. (Apptaudisse-
nvns.) On ne cesse de ivpeter que, pour que l'An-
gleteire soit profère, il faut que le peuple ait te
pain-à boa marché. (Ecoulez !} Moi, je dis qu'il
faut pour cela que celui qui produit le p;.in puisse
ie produire à aussi bon marché qu* possible.
(Ai plaudi^emens.) Afin d'atteindre ce. but, il
faut j-évi cr tout le système de nos contributions
én se conl'orniïtnl à l'esprit du siècle et au tem
pérament de la nation, et s'arranger enfin de ma
niéré a ce que le producteur puisse produire au
meilleur marché pos&ib'e. Il est du devoir du gou
vernement de faire cesser les griefs dont les clas
ses agricoles ont ^ se plaindre. »
Eu exprimant l'espoir que les élections
donneraient une majorité assurée au minis
tère, M. d'Lraeli a indiqué en quelques mots
quel serait le caractère de laprochaine cham
bre des communes..Deux partis seulement
auront grandi dans l'épreuve électorale : le
parti conservateur et le parti radical ; les
nuances intermédiaires se trouveront annu-
• lées. Les questions commerciales ayant per
du de leur importance, la lutte, pour la pre
mière fois depuis dix ans, s'établira sur les
questions politiques, entre les défenseurs
des institutions actuelles de l'Angleterre et
ceux qui voudraient les modifier profondé
ment. Sur ce terrain, la victoire du comte de
Dorby est certaine. Il suffira que la situation
précaire du coati lient éveille la moindre, in
quiétude, pour que l'opinion publique sepro-
nonce avec force conttje toute innovation, et
pour l'ajournement de tout débat qui pour
rait paralyser l'action ou aiTiiblirl'influence
du gouvernement angtai--.
C ccheval- C larigny.
Le Globe, organe du parti wliig, portait,
jeu ii soir, à 1e nombre des élections
connues, tt il les répartissai-t ainsi : opposi
tion 247, ministériels 217. Il réduisait déjà
à trente voix l'avantage de toutes les opposi
tions réunies." Il restait 150 élections à con-
naîire.
L'administration française, qui n'a point,
malheureusement en fait de statistique et de
documens commerciaux, l'exactitude admi
rable et surtout la promptitude des gouver-
nemens étrangers, n'a encore publie sur le
Zoilverein, dans ses Annales officielles, rien
qui se rapporte à une année postérieure
a 1849. Nous "croyons donc rendre service au
commerce en faisant connaître, d après 11
source la plus authentique, les revenus du
Zoilverein pendant les années 1850 et i8oi.
Les tableaux que nous avons sous les yeux ne
montrent pas seulement l'immense intérêt
qu'a l'Allemagne à restaurer au plus tôt son
association douanière; la Frauce \wut-y
trouver aussi, d'utiles indications pour son
"ommerce extérieur et pour ses colonies. Les
chiffres que nous allons citer méritent doue
à double titre-d'attirer l'attention du lecteur.
Le produit des droits perçus par ks doua
nes ce l'association s'est elevé en S 850 à
22,948,80*) tlialers , — le tlialer vaut 3 fr.
iti c.-, soit 86,058,03-3 fr. 75; qui se par
tagent de la maniéré suivante :
Droits d'entrée 22,114,497 thlrs. 82,929,361 f. 75
— ae sortie 21)7,162 — l,114,ï57 50
— de trausit 537,150 — 2, OU,812 50
Dans ce total de 22.948,809 thSlers, la
Prusse est inscrite pour une somme ,de
16,281,611 thlrs.; la S îxe, pour 1,985,723; et
la Bavière pour 1^136,439.
En 1831, le chiffre des recettes du Zoilve
rein présente un cçrtain accroissement sur
celui de' l'année urécéumte. Il est de
23.256,051 thalers (87,210,191 fr. 25 c.), sa
voir :
22,543,687ah. (84,546,326 fr. 25 c.) pour
l'importation;
264,989 th. (993,-708 fr. 75 c.) pour l'ex
portation ; -
Et 445,375 th. (1,670,156 fr. 25 c.) pour
le transit. t ,
Ainsi comparée à sa devancière, l'année
1851 donne une plus-value de 1,152,157 fr.
50 c. Mais nous sommes bienJoindes auné'-S
de prospérité du Zoilverein, de 1845 par
exemple, où les recettes ont atteint- leur
maximum. Ellesmoniaientalorsà27,722,535
thalei s et} environ I03,9q9 000 fr. de revenu
généra^'irut; et pourtant, en 1845, la popu
lation 'des États de l'union douanière,—
28,498,935 ïjabitans,-,— était appelée à une
extension nouvelle. Elle devait s',ugmenter
l'année suivante de 961,881.
Les diminutions considérables qu'ont su
bies, depuis 1845, lés recettes du Zoilverein,
tiennent à des causes diverses. On se souvient
que l'année 1846 f'ut'calamiteuse. La disette
lit descendre le total général du produit
brut à 26,571,311 thalers; les revenus
de l'union se trouvèrent diminués de 4 0/0.
L'année suivante ils tendirent légèrement
à se relever. Mais, en 1848, Rabaissement
des tarifs d'importation, dont un certain
nombre d'articles, denrées alimentaires, ob-"
jets-de nécessité, etc., étaient frappés depuis
1834, porta un premier coup qui fut rude
aux douanes de 1 union. Bientôt la révolution
s'en taèla, et-de 27,555,979 thalers, chiffre de.
-1847 , l 's recettes générales tombèrent h
22.096.299. C'était une diminution de plus de
17 0/0. L'exportation considérée à partperdait
même 55 0/0. Avec l'année 1849 revinrent des
circonstances un peu plus favorables à l'in
dustrie et au commerce de l'Allemagne. A
l'exception de la Bavière, de l'électorat de
liesse et du grand-duché de Badé, dont les
revenus furent diminués par des causes par
ticulières, une amélioration sensible se pro
duisit partout. L'administration du-Zollvè-
rein put constater un accroissement de
recette de 953,382 thalers. Ce mouvement
ascensionnel fut de courte durée. Les traités
de l'union touchaient à leur'terme. On pou
vait" craindte que le Zoilverein ne fût pas
renouvelé. Les transactions se ressentirent
de ces appréhensions légitimes. Après avoir
été de 23,049,681 tlulers en 1849, ie chiffre
de la recette retomba en 1830 à 22,948,809
thaï, : et s'il a repris quelque essor pendant
l'année 1851, c'est plutôt au raffermissement
de la paix générale, aux èvénemens polili-
' ques, qu'à l'activité commerciale de i'asso-
ciation douanière, qu'il convient d'en attri
buer 1 honn-ur.
Entrant maintenant dans le détail des
faits, nous croyons utile de signaler à nos
commerçans les articles qurout eu le plus à
souffrir .du ralentissement de l'importation--,
allemande. C'est d'abord le sucre brut; ce
sont les fils de coton, les vins, le tabac brut,
les fers fot gés, laminés et façouués, les
eaux-de-vie, les étoffes de laine imprimées
de tous genres, les suifs, l'huile d'olive méf
iée de térébenthine, le beurre, l'huile en
tonneaux, les chanvres, les étoffés demi-éoie,
etc., etc.-
* La plupart des diminutions supportées par
ces articles sont de peu d'importance; qut-I-
qùes-unes, au contraire, sont très considé
rables., te sucre brut a é;é particulièrement
atteint.- En 1850, le Zoilverein qui, d'année
en année, restreint sa consommation de cette
matière première, eu avait importé néan
moins 1,051,365 quintaux (le quintil del'as-
saciation vaut 50kil.).Èn"1851,l'importation
du s .cre brut se réduisità 779,472 quintaux -
ou 39 973,600 kilogrammes , ce t[ui cons-
titnadans les recettes une diminution de
i;359,465 thaicrï ou 5,097,993 fr. 75 c. Et
il ne laut pas oublier que pendant la période
1844-1846, la consommation annuelle du
Zollveretn en sucre de canne, établie sur la
base des chiffres de l'importation, s'élevait à
une moyenne dé 55 millions de kilogrammes.
Uoedill'érenns aussi sérieuse denmnde ex
plication.- Depuis quelques années, la fabri
cation du sucre de betterave se;déve1oppe
de plus en plus en Allemagne, et vient li
miter naturellement l'importation des su
cres coloniaux. D'après les tableaux offi
ciels, dès 1836, le sucre" de betterave est
entré en concurrence avec le sucre de canne
pour 200,000 quintaux par an. En,l843, le
total des sucres admis, a la consommation
montait à 64,042,619 kilogrammes, et
dans ce chiffre, le sucre fabriqué était com
pris pour un dixième. Pendant les. années
1844 et 1843, la fabrication du sucre de bet
terave se trouva sensiblement réduite dans
le grand-duclié de liasse, dans le Nassau et
à Francfort -sur-le- Mein. Néan&ioins , le
poids total des betteraves livrées à la fabri
cation depuis le 1 er avril 1844 jusqu'au
31 mars "lWSj fut de près de 195 millions
de 'kilogrammes. Sur ce chiffre, à elle
seule, la Prusse, où l'usage du café et du
thé l'emporte de ' beaucoup sur Ja' con
sommation du vin et de la bière, acquit
ta les droits de fabrication p^ur une quan
tité de betteraves de 169 millions. Dans son
compte-rendu de 1849, l'administration cen
trale du Zoilverein attribuait déjà la di- -
minutiou des recettes du duché de Bade à
l'affaiblissement des entrées de sucre exoti
que, conséquence naturelle des progrès de la
sucrerie de betterave. Aujourd'hui cette cau-
ses'esl généralisée'. Les^ecettesde 1831* rela
tivement à l'importation du sucre de can
ne, accusent une. diminu lion- qui semble fai te
pouv donner de réelles inquiotuntisaux pro
ducteurs de nos colonies. Notre gouverne
ment doit trouver, dans cette situation, des
raisons nouvelles pour ne paslaisser i mpriir"
demment en vahir le marché" de la France par ,
les sucres exotiques qui ont perdu dans le
Zoilverein un de leurs principaux déhou- _
chés. ;
- N ous redoutons moins.pour nos départe-
mens vinicoles la diminution qu'asupportée
également l'entrée des vins en Allemagne.
D'après les documens que nousavons sous les
yeux, cette diminution proviendrait d'un
certain abaissement dans la consommation
et aussi d'achats'importans faits à des con-
diiionsavantageusès pendant les années 1850,
1849 et-1848.
Dans les t ibieaux de recettes du Zoilverein,
on voit à côté des objets qui ont subi une
diminution, les articles qui sont en hausse. s
Nous,remarquons d'abord le café brut, le
cacao en fèves, le fer en barres, les rails, le
r>z, les étoffes de coton / les épiceries, les
fruits secs du Midi, les harengs, les sirops,
les cigares, les étoffes de soie, l'huile de pois
son, le blé, les bestiaux, etc., etc. /
L'augmentation des recettes sur le café
s'élève à 1,100,000 thalers. Elle s'explique
facilement par la modération des prix, qui
excitent à la consommation. L'augmentation
pour les épiceries et les fruits du Midi tient
aux mêmes ciuses. La çîus-value des recet
tes Sur le'rïz peut être également ràpporlée
à l'abaissement du tarif, que la disette né
cessita, il y a quelques années.
Quant à l'expcfrtation, la concurrence l'a
diminuée'd'âne centaine de mille fiancs. Les
droits de transit, à leur tour, présentent une
différence en moins d'environ 300,000 fr.
Yoilà les chiffres : ils livrent la véritable
stEuation de l'Allemngne au milieu de ses dé
bats intérieurs pour reconst ; luer,son union
douanière. Ils nous paraissent aussi devoir
appeler en France toute l'attention du com
merce et de l'administration. " i: heruy.
em
que
Les journaux des Etats-Unis sont r
plis de; détails sur l'ellliction universelle
ta mort de M. Clay a causée dans toute la
confédération et sur les honneurs rendus à
sa mèmoire..Les deux chambres du congrès,
qui s'éta ent séparées immédiatement en ap-
pre nant la mort de l'illustre orateur, se sont
réunies le lendemai n pour régler leur partici
pation àses funérailles, et ont ensuitesuspen-
du leurs séances jusqu'au jour ele la cérémo
nie funèbre.Un grand nombre de discours ont
été prononcés à cette occasion, et,dans le sé
nat, c'est le général Cass qui a.pris le premier
la parole pour payer un tribut'd'éloges à
Henry Clay. Il l'a fait en termes bien sentis'
et où rien ne trahissait les profonds disseu-
timens politiques qui séparaient deux homr
mes de partis opposés. La chambre des re-
présemaus a décidé qu'elle assisterait en
masse au convoi ; les membres des deux
chambres porteront le deuil pendant un-
mois entier.
Après le service funèbre, qui a été célébré
au Capitole, et auquel lé président assistait
avec .tous ses ministres, le corps a été enn-
ehijl au chemin de fer, pour être inhumé à
Astdand, résidence de la famille de M. Clay.
Uaedéputation de six sénateurs aaccompagné
le corps jusqu'à sa dernière demeure. Ce cor
tège funèbre, qui voyageai t à petites j ournées,
a traversé Baltimore, Wilmington, Philadel
phie et New-Yoïk. Dans toutes ces villes, les
autorités municipales et les milices se sont
portées au devant des restes de Henry Clay;
les boutiques ont été fermées et les rues ten
dues [de noir. Toutes les affaires semblaient
suspend ues.'Lés obsèques du président Har rï-
son et du président Tctylor, morts tous les
deux dans l'exercice de leurs fonctions, ont
pu.être plus solennelles, dit.un journal, mais
jamais on n'a vu une telle affluence de citoyens
de toutes les classes et de tous les partis-^ux
funérailles d'un homme, ni une si vive dé
monstration de douleur publique. . -
• * 1. BONIFACF.
Les élections d^s conseils municipaux vont
avoir lieu dp 24 juillet au 26*septembre. Les
élections des conseils généraux et des con
seils d'arrondissement sont fixées au 31 juil
let et au 1 er août. Outre les deux circulaires
adressées par .M. le ministre de l'intérieur aux
préfets,, le Moniteur publie, au sujet de ces
élections, dans sa partie non officielle, un
ai fuie l'urt long" tt dépourvu de toute signa-
turc, qui contifcnt un éloge"détaillé-dé ia loi
du 8 juillet dernier sur les élections dépar
teniei)laies. Nous en extrayons les deux pas
sages suivans, qui tirent de leur publication
dans le Moniteur tout leur intérêt, _
C ucheval- C laiugny.
Cette expérience sera décisive pour l'honneur et
la prospérité de "la France lorsque l'esprit des
élections prochaines se sera montré, cp dont nous
ne doutons pas, unani.ne dans la pensée de salut
qui a présijlé aux deux précédentes épreuves. Les
intérêts des populations étant restés les mêmes,
les résultats de leurs votes le seront aussi.
, L'œuvri immense elont la Constitution a jeté la
première base se continue ainsi et se complète
par de continuels efforts. Les prochaines élections
doivent lui apporter une force nouvelle. Lespopu-
fations placeront dans les conseils qui siègent au
milieu d'elles des hommes dégagés d'ambition pu
rement politique et dévoués spécialement aux inté
rêts qu'ils seront chargés de représenter. Ces deux
conditions sont indispensables chez tous les can
didats, afin que les conseillers départementaux
soient animés de cet esprit de conciliation et de
paix, de cette préoccupation des besoins de leurs
mandataires, qui peuvent seul» produire de féconds
-résultats pour la prospérité publique et privée.
La crise ministérielle n'r. pas fait un pas
en Belgique. Le roi Léopold, qui devait arri
ver-aujourd'hui à Bruxelles, au dire de l'In
dépendance, ne sera de retour que demain
au plus tôt, au dire de l'Emancipation, quj
prétend, en outre, que la retraite du cabi
net est la conséejuenee des difficultés que
présente le renouvellement dû traité de
commerce avec la Frauce..
r Tandis que l'Indépendance ne parle que
d'un simple ^ajournement, l'Emancipation
considère la situation comme beaucoup jilus.
grave.
Voici d'abord l'article de l'Indépendance :
« Une foule de rumeurs ont circulé hier à
Bruxelles au ujet di O ou lions commerciales
avec ta Frarirt (e n "-or t tns sont rompues, di
sait-on, en donnant à ce fait des motifs dans les
quels la politique prenait une large part.
.» Il y a l.-i—dvdsins beaucoup d inexactitudes et
d'exagération. Si nous sommes bien informés, la
question e»t tournure A an s les termes que nous in
diquions il y a deux jours : c'est-à-dire à la de
mande de prorogation de la convention de f&4-5,
formée par Tes plénipotentiaires belges. Il parait
seulement qu'aucune décision n'a.encore été pri«e;
et à raison du voyage que va faire a Strasbourg le
Président de la République française, de l'absence
du roi et de la grise ministérielle, il pourrait se
faire qu'une décision se fit atteindre quelqacs
jour*. »
L'Emancipation est plus explicite, et re
monte beaucoup plus haut :
« L'affaire du renouvellement de notre traité
avec la France, dit ce journal, est enfin appréciée
à l'impor tance qu'elle mérite, et que, depuis long
temps,,, nous avions signalée. Maintenant, on voit
se produire les conséquences de cetîe politique
imprévoyante e.t étourdie qui attend tout du ha
sard, et qui, ballottée au gré des événement, passe
d'un jour à l'autre d'ùiie confiance présomptueuse
au plus complet découragement.
» A peine le ministère savait-il quelle était la
situation. Rien n'avait^ été prévu. Oo ignore ce
qu'il en sera de la prorogation du traiié. L'ex
piration en est proche et, nos'industriels inquiets
se 'demandent quel régime va leur être appli
qué. C'est au moment où règne cette inquiétude
légitime qu'on apprenel que les négociations
voit t être momentanément suspendues. On peut
peut voir qui, des journaux ministériels ou de nous,
il y a quelques Aois, disait la vérité sur l'état des
négociations. Alors ces journaux était pleins de
confiance. M. Firmin Rogier avait, disaient-ils, •
montré une habileté rare. Le? négociations mar-
ehaient-Tapidemerit vers la solution la plus heu
reuse, le ministère semblait avoir le traité dans
ses mains, et -ta'clôture' de la session législative
n'était retardée que parce eiu'il espérait avant l'été
soumettre ce traité aux chambres. Telles étaient
alors les nouvelles. Il est vrai que l'industrie gan
toise était alarmée, que les élections de k Flandre
étaient douteuses, et qu'il fallait, fût-ce au prix d'un
mensonge, obtenir la majorité au 8 juin.
» Beaucoup de temps, un temps précieux a été
ainsi perdu dans l'hésitation et l'incertitude ; le
traité expire, les nouvelles les plui fâcheuses cir
culent, on parle de conditions rigoureuses, et voici
que les négociations sont suspendues. Ne sommes-
nous pas autorisés à dire que le ministère a dans
tout ceci comblé la mesure de l'imprévoyance etf.de
la présoirij,-tion ? .
» L'inhabileté du ministère a - fait, à l'adminis
tration qui lui doit s.uccédêr. une position inac
ceptable. Quelle qu'elle soit, le nouveau ctbicet
doit repousser à l'avance toute la responsabilité
dangereuse dont l;t retraite du cabinet tend à le
charger. Qu'on ne s'y trompe pas : le cabinet;
par sa démission, a '-particulièremeni pour but
d'échapper aux conséquences que sa politique
a provoquées. Sa. retraite, que ses amis r.e s'expli
quent pas. que rien ne motive, ni minorité abso
lue dans la chambre, ni vote de aetiance des as
semblées pari mentaires. ne saunait ciré expliquée
au-rcment que par les difficultés de la polilique
internationale. 11 se fait illusion, cependant, b'il
.espere léguer a ses successeurs laresponsabilité de
îes actes. Il faut qu'elle lui drmeure tout entière.
» Il a affiché avant les élections une confiance
téméraire, il est resté sourd à/ tous les avertisse-
mens qui lui ent -di toutes parts été donnés, il a
tout fait au contraire pour envenimer dus rapports
déjà altérés par sa faute; c'est aux hommes politi
ques ()e l'administration du 12 août que le pays
aura à demander compte des conditions onéreuses
que peut-être il lui faudra subir. »
Il paraît que 1a Gazette de Madrid a perdu
la confiance du gouvernement espagnol : ii
paraît que ce n'est plus à Madrid et à Aran-
juez qu'on peut entendre quelque chose aux
affaires de la Péninsule. C'est à Paris, c'est
dans les colonnes de la Pairie qu'il, faut se
renseigner. * -
La Patrie daigne en effet s'occuper de no
tre j'Hiodeste correspondance d'Espagne , et
dn ton le plus officiel elle déclare inexactes
et erronées deux affirmations de notre cor
respondant. Nous npus attendons à trouver-
au premier jour dans quelque Patrie madri-
lègne un démenti à nos > articles sur la
France. : '
Qui a renseigné la Patrie ? Qui l'a faite
plus savante que des hommes politiques
considérables fort au courant des affaires es
pagnoles et présens sur les lieux ? De quelle
date sont les informations sur lesquelles elle
se fonde pour contredire les nôtres? Nous
ncus permettrons de ne tenir aucun compte
dts douze lignes que la Pairie nous a bé
névolement consacrées, et de regretter
qu'elle ait cru devoir dérober tant, d'espace
aux infortunes de M. Rafouillard et de Mlle
Jambin qui font le plus bel ornement de ses
colonnes. cucueval-clarigny.
Nous trouvons aujourd'hui dans le Moni
teur de l'Armée le décret suivant :
Louis-Napoléon , Président de la République
française, '* - ,
Considérant que des améliorations reconnues
par l'expérience, et des mo iificafions dans l'orga
nisation et dans l'enseignement de l'école d'ap
plication ele l'artillerie et du génie à Metz, sont
réclamées depuis longtemps par les inspecteurs
généraux et par les jurys d examen dé.cette école;
qu'en outre, les changcmens apportés à l'ensei
gnement de 1 eeole Polytechnique, en vertu de la
loi du ty juin I80O. exigent qu'on mette en har
monie Jes différentes parties de l'instruction don
née, uans e u n ei i autre de ces établissemens, aux
élèves qui y sont admis ; .
Vu l'ordonnance du S juin 1831, constitutive de "
l'école d'application de l'ariitl;rie et du génie, les
règlemens qui y sont annexés, et les programmes
des cours dont p'iisieurs sont seulement provisoi
res ; .
Sur le rapport du ministre de la guerre,
Décrè'e :
Art. 1 er . Une commission mixte d'officiers gé
néraux et supérieurs de l'a- tilterie et du génie, en
activité de service nu en retraite, sera chargée de
réviser, d'après les instructions qui lui seront
données à cet effet par le ministre de la guerre,
l'ordonnance constitutrye de l'école d'application
de l'artillerie et du génie, les divers règlemens re
latifs au régime et à l'instruction de cette école,
'et les programmes des cours à faire 3ux élèves. ,,
Art.. 2. Cette commission sera présidée par iin
maréchal de France.
Elie sera composée de huit membres, non com
pris le maréchal président : savpir : '
Le président jdu,comité de l'artillerje,
Le président du comité des fortifications,
Deux généraux de division ou de brigade d'ar
tillerie, . ^ s ' .
Deux généraux de division ou de brigade du
génie,- . "
Un officier supérieur d'artillerie,
Un officier supérieur-du génie. -
Elle aura un secrétaire pris dans'l'une des arô
mes de l'artillerie ou du génie, et un secrétaire
adjoint appartenant à l'autre arme..
Les membre? et. les secrétaires seront nommés
par le ministre de la guerre.
Art. 3. Sur la demande de la commission, le
ministre de la guerre pourra, en outre, désigner
un certain nombre d'officiers des deux armes,
comme rapporteurs adjoints. .
Ces officiers siégeront avec voix consultative
dans la commission, quand on discutera les affai
res à l'instruction desquelles ils auront pris l'art..
Art 4. Lorsque là commission aura arrêté son
travail, le ministre de la guerre présentera à notre
approbation un projet de déc et sur l'organisation»
de l'école d'application de l'artillerie et du génie,
et un projet de règlement,sur le service et les di
verses parties de l'instruction dans cette école. *
' Art. b. Le ministre de la guerre est chargé ele
l'exécution du présent décret.
Fait au palais des Tuileries, le 10 juillet 1852,
l.OCIS-TÎAPOLÉO^Î.
Le ministre de la guerre,
A. DE SÀWT-AR.VAUIV,
Un autre décret de la même datf, publié
avec le conire-seing des ministres de ia guerre -
et de la marine, porte :
Louiï-Napoléon, Président de la République
française,
Sur le rapport du ministre secrétaire d'Eiat au
département de la guerre et du ministre secrétaire
d'Etat au département de Ja marine et des colo
nies, / ■ . .
Décrète :
Art. 1 er . A l'avenir, les rapports sur les com
mutations de peines par suite de condamnations
prononcées par les juridictions militaires ou ma
ritimes seront soumis- directement au prince-»
Président de la République par le ministre de là
guerro ou par \e minit-tre de la marine.
Art. 2. Néanmoins le ministre de la guerre et
le ministre de la marine devront préalablement
obtenir l'avis, par écrit, du ministre de la justice,
à qui les pièces de la procédure seront communi
quées à cet effet avec leur proposition. Le rap
port au prince-Président contiendra l'avis du mi
nistre de la justice.
Ait. 3. L'entérinement des lettres de grâce né
pourra avoir lieu que da l'ordre exprès dii garde
des sceaux, ministre de k justice, adressé au pro
cureur-général compétent.
Art. 4. Lé minisire secrétaire d'Etst au départe-,
ment de là guerre et le ministre secrélaire d'Etat
au département de la marine et des colonies sont
chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécu
tion du présent décret. ^ ,
Fait au palais de Sâint-Cloud, le 10 juillet 1852.
iouis-NAPOii:oî«.
Quelques journaux, en reproduisant des eorres-
peneknees étrangères, ont annoncé que plusieurs
g néraux de division sont sur le point d'être pro
mus à.la dignité de maréchal ele France.
Aux termes de la loi du 4 août 1839, sur l'orga
nisation ele l'état-major général de l'armée, la di
gnité de maréchal ne peut être conférée qu'aux
généraux de division qui ont commandé en ehef
devant l'ennemi,'1° une armée ou un corps d'ar
mée composé de plusieurs divisions de ditïcronteà
armes; 2° les armes de l'artillerie et du génie,
d-ins une armée composée de plusieurs corps d'ar
mée.
gv«yjaœKC5ai
FEUILLETON DU C0NSTITUTI0Î1MEL, 17 JUILLET.
tl FAUT 011 JEUNESSE SE PASSE*.
XIV.
- Le prince Ratanoff donnait une fêle dans la
villa en miniature où il avail fait électionde
domicile, sur les hauteurs du quartier Saint-
GeotgéS. Cette fête, par une sorte de consé
cration qui s'attache aux réunions de ce
genre dansle monde des viveurs élégans, pré
sentait, en fait d'hommes, une collection
complète dé notabilités de toute espèce;
mais l'aristocratie ne se reproduisait daus
1a partie féminine que sous le rapport de la
beauté et de la toilette.. ■
C'est là un des côtés Jes plus curieux de
Paris sars doute, un aes aspects les plus
étranges de la physionomie toute spéciale
que présentent ces agglomérations d'élémens
si divers et en apparence si opposés; non-
seulement les fils de famille, les liens les
plus raffinés, mais les membres du corps
diplomatique, les hauts fonctionnaires, les
personnages les plus graves, promènent avec
un sans-façon consacré par un usage excep
tionnel, leurs plaques, leurs brochettes ds
croix, en même temps que leurs cheveux
blancs, dans ces raouts qui rompent ia mo
notonie de leurs habitudes, parmi ces beau-
lés d'une facilité souvent un peu dispen
dieuse, sorties pour la plupart de quelque
atelier de modiste, de quelque loge de con
cierge, et dont l'ignorance primitive se dé
guise à ppine dans la conversation par un
* La reproduction est interdite.
certain nombre de phrases banales tombées
dans le domaine usuel.
On retrouvait à la fois, dans l'hospitalité
que le prince Ratanoff offrait à ses hôtes, tout
le luxe du monde officiel et toute la prodi
galité du monde du plaisir; quant au maître
de la maison, il ne se départait pas de son
imperturbable gravité : souriant aux com-
plimens qu'il n'entendait pas, se déclarant
ravi des plaisirs auxque ls il ne prenait au
cune part; sa compagne accidentelle, mais
dont la régularité méthodique des goûts du
prince prolongeait le règne, cette Fernande
dont noué avons déjà esquissé les traits au
commencement de cette histoire, faisait de
son mieux les honneurs de la soirée, et pro
diguait son Amabilité en toilette et ses sou
rires endimanchés , tout en songf aut qu'il
vaudrait bien mieux place:r en rentes sur
l'Etat ou en actions de chemins de fer, voire
mêtçe en bons contrats hypothécaires, les
sommes stérilement sacrifiées aux convenan
tes d'amour-propre qui rendaient la fëte si
splendide.
Quant à Florentine, elle n'avait pas voulu
danser ; assise dans mi petit boudoir circu
laire, tendu de satin rose, avec un encadre
ment de fleurs des plus rares, et où ven dent
retentir, légèrement affaiblis par des portières
ouatées de même étoffe, les sons de l'orches
tre de Strauss, elle comptait intérieurement
les heures qui se succédaient, sans lui amener
le captif qui semblait depuis peu se sous
traire à son pouvoir; déjà les préoccupations
de Tristan, son inexactitude élans tout.: 1 !? ses
relations avec la danseuse avaient prépa
ré pour elle une désiilusioa complété et
présageaient une rupture; l'absence du jeu
ne comte au bal du Wince semblait confir
mer d'une façon définitive ces fâcheuses pré
visions.
Cette absence avait été remarquée , et
et pas n'est besoin de dire de quels commen
taires peu charitables on accompaguait cette
grande nouvelle; les bonnes amies de Flo- ,
rentiue qu'elle avait écrasées de son luxe,
comme tlle les écrasait déjà, de sa beauté et
de son esprit, aux yeux de qui elle s'était'pa-
rée de la fidélité et de l'amour sans bornés de
Tristan, voyaient l'occasion d'une revanche et
n'épargnaient pas à la belle coryphée les domi-
épigrammes et les allusions plus perfides en
core quand elles sont voilées ; mais un fait
plus grave était de/enu le theme de la con
versation générale ; on s'entretenait dans le
petit cerçle formé autour de Florentine, et
au sein duquel nous retrouverons deux an
ciennes connai-sances,-le baron Gédéon et le
docteur Godard, de la mort tragique de cet
aéronaute le capitaine Gale, lieutenant de
marine anglais, qui, précipité dans l'espace,
avait été retrouvé le corps brisé et à moitié
dévoré par les oiseaux de proies
Le bruit de cet évérieùneut tout récent com
mençait à tempérer sensiblement la fureur,
d'ascension qui s'emparait déjà d'un certain
monde parisien. On racontait comme détail
qui ressortait parfaitement de )a compétence
des femmes invitées à la fête du boyard,
qu'une écuyère de l'Hippodrome avait, le
matin même,rompu son engagement plutôt
que de s > î hasarder à partager le lendemain les
chances d'un nouveau voyage à travers une
si dangereuse immensité."
. — Il est réel, dit Gédéon, que son imagi
nation n'éloignait jamais du centre de ses at
tractions ordinaires*, qu'il n'y a pas moyeu
d'attacher ces pauvres petites aux frises par
un fii d'arclial comme élans'/a Sylphide.
, — B.ih ! dit'Godard, le capitaine étail un
maladroit! Il'était un peu gris, d'ailleurs,
dit-on. On en viendra à perfectionner les
ballons comme la vapeur... il y aura encore
une certaine quantité d'accidens, mais nous
finirons évidemment par prendre à l'heure
des ballonS de place et des aérostats de ré-
gte k ,. Tant pis pour ceux qui seront dévorés
par quelques essais incomplets et malheu
reux!
- Un murmure qui courut dans le petit cer
cle témoigna du peu de sympathie qu'on
éprouvait à se dévouer aussi prématurément
à ces dieux infernaux ele l'art aérostatique.
Quant à Florentine, elie paraissait prêter jus
que là peu d'attention à la conversation, et,
à demi çoueliée sur un divan, les jambes
. croisées, le sourcil froheé, on l'eût dit ab
sorbée par quelque pensée de colère et.de
venge-ince.
-' —Vous av<.z donc tous bien peurl fit-elle
rntin dédaigneusement, eh bien ! je vous an-
nonce-que demain, moi, je monterai dans lé.
ballon de l'Hippodrome. ' ,
Rien ne peut rendre la stupéfaction qui
suivit l'annonce de cette résolutioiwnopinée,
qu'on était:à cent lieues de supposer chez
Florentine. :
— Àh çà! murmura-t-on dans un groupe
féminin placé à quelque' distance, est-ce
qu'elle 'aurait l'intenlion de se périr pur
amour pour son Tristan qui l'abandonne?
Je lui croyais plus d'esprit que ecla.
La-surprise générale se changea bientôt
cependant chez Gédéon en une indiguation
facile a concevoir de sa part.
. — Vous, Florentine, y songr-z-vous? s'é
cria-t-il du ton de don Diégue parlant au
Gid, vous, une artiste du corps de ballet,
vous donner ainsi en speclacle comme une
saltimbanque !... Compromettre l'Opéra en
tre ciel et terre ! Cela ne se peut pas !... Ce
serait manquer à vous-même et à l'article M
du règlement qui ne vous permet pas d'uti
liser vos talens en public ailleurs qu'à l'O
péra.
— Ma résolution est prise, répondit froi
dement Florentine... j'ai promis au directeur
de l'Hippodrome, et j'ai la permission de
l'administration de l'Opéra. .
—Quelle faiblesse! s'écria Gédéon, en joi
gnant les mains avec désespoir., C'était bien
la peine pour la direction de vous rendre le
montant de votre dédit, et de faire à cette
occasion des énormités! Yous la récompen
sez joliment !.. Quel exemple, bon Dieu! quel
exemple!
Godard tira Gédéon à part.
— C'est de l'habileté, lui dit-il à voix bas
se; Florentine est une jolie femme... à la
ville surtout... mais une mauvaise danseuse
et une détestable pensionnaire; si elle avait
payé le dédit quand elle a dû partir' ce se
rait la première fois qu'elle aurait rapporté
' quelque chose àl'administration; mais, main
tenant qu'il est décidé.ciu'elle reste, la direc
tion ne serait pas fâchée .qu'elle se rompît le
cou.
Celle traduction' un peu trop libre de la
persçe de l'administrai on de) l'Opéra ne
semblait pas suffisamment édifier Gédéon
sur' la nécessité de laisser violer la dignité
du règlement ;• mais Florentine mit-le com
ble à l'effet qu'elle venait de produire ,
en disant d'une voix haute et dédaigneuse :
-- Oui... pour exécuter mon projet- il ne
me manque plus qu'un cavalier qui ait assez
de courage pour m'accompagner ; mais il
est probable que je,monterai seule en ballon.
Cet.appel ironique-n'eut pas d'écho dans
le petitnombre de 1 personnes qui étaientàpor-
tée de l'entendre. Quant au prince, assis au
près de Florentine et que, selon son usage,
son infirmité avait, fait moralement-abstînt
de la conversation, il déclara qu'il preudvait
des billets pour le bal dont il s'agissait et
tira de sa poche quelques louis, au grand
effroi de sa compagne économe, qui s'em
pressa de lui faire comprendre que ce n'était
pas d'argent, mais -de courage ou 'plutôt
d'excentricité qu'il fallait faire dépense.
Gédéon se perdaiten conjectures indignées '
su? les motifs qui avaient pu déterminer
Florentine à cette exhibition en plein vent.
Majf Godard, toujours impitoyable, se prit à
fouiller les replis secrets de l'âme de la co
ryphée, en transportant au-moral ces habi
tudes matérielles qui lui feraient mettre à
nu toutes les plaies physiques.
— Ne vous apercevez-vous pas, mon cher
baron, dit-il à Gédéon, que Florentine a be
soin d'une réclame? La fortune personnelle
de Tristan est épuisée, et son amour, oui lui
faisait créer toujours des ressources, s'éteint
aussi... 11 faut songer a ie remplacer, et
pour cela il importe que Florentine se mette
en évidence; or, il y a quelque chose d'aven
tureux, de séduisant dans cette audacieuse
ascension; c'est de la réclame à dix mille
pieds au-dessus de l'àrc-de-triomphe de l'E
toile... C'est fort ingénieux, mais il faut-
qu'elle soit diablement à bout de voies sur la
terre pour chercher ainsi un moven de for- *
tune dans les nuages.
— Ainsi, c'est bien décidé, reprit une troi
sième fois la voix stridente et ironique» de
Florentine, personne ne m'aime assez, per
sonne ne me trouve assez jolie pour courir "
un risque en ma compagnie 1
— Je t'accompagnerai, moi, ma Floren
tine, s'écria une voix fiévreuse et qui reten
tit comme un coùp de tonnerreau milieu des
mille bruits de la fête;
C'était Tristan qui avait paru à l'entrée du
boudoir, et qui, le visage auimé, le tête hau
te et presque insolente, avait soulevé depuis
ES2J8&EÏA5ÎX i$& F esl&is (Palais-Royal), n2 1©3
B î852. SAÏÏEf»! 17 JUILLET.
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CS NUMÉRO : S® CENTIMES.
P0€B LES PAYS ÉTRANGEBS S6 lOpOTtMF
au •■aijîeao qui sera ytmlie dan* la Journal
les 10 et 23 de chaque mois;
" Les sâosaemetv datent iti i ,T et 16
âg chaqut mois, ''
^JLJ
S'adresser, franco, pour la rédaction, à M2 C tjchevài- G uhk - ny , rédacteur en chef.
Les articles déposés nesoitf pas rendus.
JOUMAL POUTIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
1
On s'afnnne, dans les dipartenuns, aux Messe geriet et aux Directions de poste.—A Londres, chez MM. C owie et fiis .J -S (dresser, franco, pour l administration , a M. D emain , directeur,.
1 _ a Strasbom g, cAezM. AlSÏÀ«t>iiê, pMr l'Alktna-me. | î. os annonces soat.wvJ«e# au burera du lourcsl; et ebes-M. PÀJNIS, régissent, 19, place' de
Bours
PAKIS, 16 JUILLET.
La polémique des journaux n'est, en An
gleterre, qu'un faible aliment de l'agitation
électorale. Les hommes politiques y prennent
la plus grande part, par lès. discours qu'ils
prononcent avant et après leur propre élec
tion," ou en présentant leurs amis aux suf
frages des électeurs^ On a pu voir que sir
.lani-s Graham ne s'est pas épargné celle an
née, car on ne compte plus lt s discours qu'il
a prononcés. Lord John Russell et lord Pal-
raerstou ont également prononcé des dis
cours qui ont eu du retentissement. M. d Is
raël! a voulu répondre aux attaques dont le
minisière était l'objet; il a voulu c-n même
temps, dans l'intérêt de sa cause, prendre aé-^
te publiquement des avantages déjà rempor
tés par les tories dans la lutte électorale ; cj,
comme l'élection du comité de BucMngliam
est une des dernières quidôivent avoir lieu,
il s'est fait offrir un diner préparatoire par
ses amis, afin de prononcer un discours.
Deux questions sont traitées dans ce dis
cours : la question catholique et la question
de la protection. Les adversaires du gouver
nement ont exploité contre lui la proclama
tion relative aux. processions et l'émeute de
Sloekport. M. d'Israeli a rappelé que leminis-
lèreavaitpriségalementdesmesiirescontreles
processions orangistes. La proclamation avait
pour objet et a eu pour effet de prévenir les
collisions qui aurakAl éclaté en vingt endroits
entre les catholiques et les' protestant. Le
ministre a désavoué toule'pensée d'atteinte, à
la liberté religieuse et de partialité pour une
croyance, et il s'est indigné de l'interpréta
tion qu'on donnait maintenant à un acte
ministériel qu'on n'avait pas osé incriminer
tant que le parlement avaH siégé.
Après avoir maintenu les opinions^du
parti tory sur la protection, M. d'Israeli a
entrepris d'exposer ce que le gouvernement
croirait devoir faire s'il n'avait pas une ma
jorité protectioniste. On peut donc prendre
dès aujourd'hui les paroles de M. d'Israeli
pour le programme do la petitique du cabi
net dans la session prochaine., Celte politi
que cot sistera à proposer un dégrèvement
de;s. charges spéciales qui pèsent sur l'agri
culture.
« Si le pays entier, a dit M. d'Israeli, v&nait à
condamner la {rotection, ce ne serait pas «ne rai-
,-oir pour se deeouiiiger et pour ne pas chercher
ailleurs, le* m ijens de pla-er les cultivateurs du
sol dans une bonne tt juste position. (Appiaudis-
fcnitn-,) Ministre de la couronne, je suis lout-à
fait decxlé à conseiller la reine dans ce sens.
(Applaudissement. 1 -'.) Selon moi , le meilleur re
mède aux maux des classes agricoles, c-insiste
non pas à augmenter les pris, pour que le pro
ducteur soit récompensé de s«n travail, mais bien
à rédu pc lea frais de la production. (Apptaudisse-
nvns.) On ne cesse de ivpeter que, pour que l'An-
gleteire soit profère, il faut que le peuple ait te
pain-à boa marché. (Ecoulez !} Moi, je dis qu'il
faut pour cela que celui qui produit le p;.in puisse
ie produire à aussi bon marché qu* possible.
(Ai plaudi^emens.) Afin d'atteindre ce. but, il
faut j-évi cr tout le système de nos contributions
én se conl'orniïtnl à l'esprit du siècle et au tem
pérament de la nation, et s'arranger enfin de ma
niéré a ce que le producteur puisse produire au
meilleur marché pos&ib'e. Il est du devoir du gou
vernement de faire cesser les griefs dont les clas
ses agricoles ont ^ se plaindre. »
Eu exprimant l'espoir que les élections
donneraient une majorité assurée au minis
tère, M. d'Lraeli a indiqué en quelques mots
quel serait le caractère de laprochaine cham
bre des communes..Deux partis seulement
auront grandi dans l'épreuve électorale : le
parti conservateur et le parti radical ; les
nuances intermédiaires se trouveront annu-
• lées. Les questions commerciales ayant per
du de leur importance, la lutte, pour la pre
mière fois depuis dix ans, s'établira sur les
questions politiques, entre les défenseurs
des institutions actuelles de l'Angleterre et
ceux qui voudraient les modifier profondé
ment. Sur ce terrain, la victoire du comte de
Dorby est certaine. Il suffira que la situation
précaire du coati lient éveille la moindre, in
quiétude, pour que l'opinion publique sepro-
nonce avec force conttje toute innovation, et
pour l'ajournement de tout débat qui pour
rait paralyser l'action ou aiTiiblirl'influence
du gouvernement angtai--.
C ccheval- C larigny.
Le Globe, organe du parti wliig, portait,
jeu ii soir, à 1e nombre des élections
connues, tt il les répartissai-t ainsi : opposi
tion 247, ministériels 217. Il réduisait déjà
à trente voix l'avantage de toutes les opposi
tions réunies." Il restait 150 élections à con-
naîire.
L'administration française, qui n'a point,
malheureusement en fait de statistique et de
documens commerciaux, l'exactitude admi
rable et surtout la promptitude des gouver-
nemens étrangers, n'a encore publie sur le
Zoilverein, dans ses Annales officielles, rien
qui se rapporte à une année postérieure
a 1849. Nous "croyons donc rendre service au
commerce en faisant connaître, d après 11
source la plus authentique, les revenus du
Zoilverein pendant les années 1850 et i8oi.
Les tableaux que nous avons sous les yeux ne
montrent pas seulement l'immense intérêt
qu'a l'Allemagne à restaurer au plus tôt son
association douanière; la Frauce \wut-y
trouver aussi, d'utiles indications pour son
"ommerce extérieur et pour ses colonies. Les
chiffres que nous allons citer méritent doue
à double titre-d'attirer l'attention du lecteur.
Le produit des droits perçus par ks doua
nes ce l'association s'est elevé en S 850 à
22,948,80*) tlialers , — le tlialer vaut 3 fr.
iti c.-, soit 86,058,03-3 fr. 75; qui se par
tagent de la maniéré suivante :
Droits d'entrée 22,114,497 thlrs. 82,929,361 f. 75
— ae sortie 21)7,162 — l,114,ï57 50
— de trausit 537,150 — 2, OU,812 50
Dans ce total de 22.948,809 thSlers, la
Prusse est inscrite pour une somme ,de
16,281,611 thlrs.; la S îxe, pour 1,985,723; et
la Bavière pour 1^136,439.
En 1831, le chiffre des recettes du Zoilve
rein présente un cçrtain accroissement sur
celui de' l'année urécéumte. Il est de
23.256,051 thalers (87,210,191 fr. 25 c.), sa
voir :
22,543,687ah. (84,546,326 fr. 25 c.) pour
l'importation;
264,989 th. (993,-708 fr. 75 c.) pour l'ex
portation ; -
Et 445,375 th. (1,670,156 fr. 25 c.) pour
le transit. t ,
Ainsi comparée à sa devancière, l'année
1851 donne une plus-value de 1,152,157 fr.
50 c. Mais nous sommes bienJoindes auné'-S
de prospérité du Zoilverein, de 1845 par
exemple, où les recettes ont atteint- leur
maximum. Ellesmoniaientalorsà27,722,535
thalei s et} environ I03,9q9 000 fr. de revenu
généra^'irut; et pourtant, en 1845, la popu
lation 'des États de l'union douanière,—
28,498,935 ïjabitans,-,— était appelée à une
extension nouvelle. Elle devait s',ugmenter
l'année suivante de 961,881.
Les diminutions considérables qu'ont su
bies, depuis 1845, lés recettes du Zoilverein,
tiennent à des causes diverses. On se souvient
que l'année 1846 f'ut'calamiteuse. La disette
lit descendre le total général du produit
brut à 26,571,311 thalers; les revenus
de l'union se trouvèrent diminués de 4 0/0.
L'année suivante ils tendirent légèrement
à se relever. Mais, en 1848, Rabaissement
des tarifs d'importation, dont un certain
nombre d'articles, denrées alimentaires, ob-"
jets-de nécessité, etc., étaient frappés depuis
1834, porta un premier coup qui fut rude
aux douanes de 1 union. Bientôt la révolution
s'en taèla, et-de 27,555,979 thalers, chiffre de.
-1847 , l 's recettes générales tombèrent h
22.096.299. C'était une diminution de plus de
17 0/0. L'exportation considérée à partperdait
même 55 0/0. Avec l'année 1849 revinrent des
circonstances un peu plus favorables à l'in
dustrie et au commerce de l'Allemagne. A
l'exception de la Bavière, de l'électorat de
liesse et du grand-duché de Badé, dont les
revenus furent diminués par des causes par
ticulières, une amélioration sensible se pro
duisit partout. L'administration du-Zollvè-
rein put constater un accroissement de
recette de 953,382 thalers. Ce mouvement
ascensionnel fut de courte durée. Les traités
de l'union touchaient à leur'terme. On pou
vait" craindte que le Zoilverein ne fût pas
renouvelé. Les transactions se ressentirent
de ces appréhensions légitimes. Après avoir
été de 23,049,681 tlulers en 1849, ie chiffre
de la recette retomba en 1830 à 22,948,809
thaï, : et s'il a repris quelque essor pendant
l'année 1851, c'est plutôt au raffermissement
de la paix générale, aux èvénemens polili-
' ques, qu'à l'activité commerciale de i'asso-
ciation douanière, qu'il convient d'en attri
buer 1 honn-ur.
Entrant maintenant dans le détail des
faits, nous croyons utile de signaler à nos
commerçans les articles qurout eu le plus à
souffrir .du ralentissement de l'importation--,
allemande. C'est d'abord le sucre brut; ce
sont les fils de coton, les vins, le tabac brut,
les fers fot gés, laminés et façouués, les
eaux-de-vie, les étoffes de laine imprimées
de tous genres, les suifs, l'huile d'olive méf
iée de térébenthine, le beurre, l'huile en
tonneaux, les chanvres, les étoffés demi-éoie,
etc., etc.-
* La plupart des diminutions supportées par
ces articles sont de peu d'importance; qut-I-
qùes-unes, au contraire, sont très considé
rables., te sucre brut a é;é particulièrement
atteint.- En 1850, le Zoilverein qui, d'année
en année, restreint sa consommation de cette
matière première, eu avait importé néan
moins 1,051,365 quintaux (le quintil del'as-
saciation vaut 50kil.).Èn"1851,l'importation
du s .cre brut se réduisità 779,472 quintaux -
ou 39 973,600 kilogrammes , ce t[ui cons-
titnadans les recettes une diminution de
i;359,465 thaicrï ou 5,097,993 fr. 75 c. Et
il ne laut pas oublier que pendant la période
1844-1846, la consommation annuelle du
Zollveretn en sucre de canne, établie sur la
base des chiffres de l'importation, s'élevait à
une moyenne dé 55 millions de kilogrammes.
Uoedill'érenns aussi sérieuse denmnde ex
plication.- Depuis quelques années, la fabri
cation du sucre de betterave se;déve1oppe
de plus en plus en Allemagne, et vient li
miter naturellement l'importation des su
cres coloniaux. D'après les tableaux offi
ciels, dès 1836, le sucre" de betterave est
entré en concurrence avec le sucre de canne
pour 200,000 quintaux par an. En,l843, le
total des sucres admis, a la consommation
montait à 64,042,619 kilogrammes, et
dans ce chiffre, le sucre fabriqué était com
pris pour un dixième. Pendant les. années
1844 et 1843, la fabrication du sucre de bet
terave se trouva sensiblement réduite dans
le grand-duclié de liasse, dans le Nassau et
à Francfort -sur-le- Mein. Néan&ioins , le
poids total des betteraves livrées à la fabri
cation depuis le 1 er avril 1844 jusqu'au
31 mars "lWSj fut de près de 195 millions
de 'kilogrammes. Sur ce chiffre, à elle
seule, la Prusse, où l'usage du café et du
thé l'emporte de ' beaucoup sur Ja' con
sommation du vin et de la bière, acquit
ta les droits de fabrication p^ur une quan
tité de betteraves de 169 millions. Dans son
compte-rendu de 1849, l'administration cen
trale du Zoilverein attribuait déjà la di- -
minutiou des recettes du duché de Bade à
l'affaiblissement des entrées de sucre exoti
que, conséquence naturelle des progrès de la
sucrerie de betterave. Aujourd'hui cette cau-
ses'esl généralisée'. Les^ecettesde 1831* rela
tivement à l'importation du sucre de can
ne, accusent une. diminu lion- qui semble fai te
pouv donner de réelles inquiotuntisaux pro
ducteurs de nos colonies. Notre gouverne
ment doit trouver, dans cette situation, des
raisons nouvelles pour ne paslaisser i mpriir"
demment en vahir le marché" de la France par ,
les sucres exotiques qui ont perdu dans le
Zoilverein un de leurs principaux déhou- _
chés. ;
- N ous redoutons moins.pour nos départe-
mens vinicoles la diminution qu'asupportée
également l'entrée des vins en Allemagne.
D'après les documens que nousavons sous les
yeux, cette diminution proviendrait d'un
certain abaissement dans la consommation
et aussi d'achats'importans faits à des con-
diiionsavantageusès pendant les années 1850,
1849 et-1848.
Dans les t ibieaux de recettes du Zoilverein,
on voit à côté des objets qui ont subi une
diminution, les articles qui sont en hausse. s
Nous,remarquons d'abord le café brut, le
cacao en fèves, le fer en barres, les rails, le
r>z, les étoffes de coton / les épiceries, les
fruits secs du Midi, les harengs, les sirops,
les cigares, les étoffes de soie, l'huile de pois
son, le blé, les bestiaux, etc., etc. /
L'augmentation des recettes sur le café
s'élève à 1,100,000 thalers. Elle s'explique
facilement par la modération des prix, qui
excitent à la consommation. L'augmentation
pour les épiceries et les fruits du Midi tient
aux mêmes ciuses. La çîus-value des recet
tes Sur le'rïz peut être également ràpporlée
à l'abaissement du tarif, que la disette né
cessita, il y a quelques années.
Quant à l'expcfrtation, la concurrence l'a
diminuée'd'âne centaine de mille fiancs. Les
droits de transit, à leur tour, présentent une
différence en moins d'environ 300,000 fr.
Yoilà les chiffres : ils livrent la véritable
stEuation de l'Allemngne au milieu de ses dé
bats intérieurs pour reconst ; luer,son union
douanière. Ils nous paraissent aussi devoir
appeler en France toute l'attention du com
merce et de l'administration. " i: heruy.
em
que
Les journaux des Etats-Unis sont r
plis de; détails sur l'ellliction universelle
ta mort de M. Clay a causée dans toute la
confédération et sur les honneurs rendus à
sa mèmoire..Les deux chambres du congrès,
qui s'éta ent séparées immédiatement en ap-
pre nant la mort de l'illustre orateur, se sont
réunies le lendemai n pour régler leur partici
pation àses funérailles, et ont ensuitesuspen-
du leurs séances jusqu'au jour ele la cérémo
nie funèbre.Un grand nombre de discours ont
été prononcés à cette occasion, et,dans le sé
nat, c'est le général Cass qui a.pris le premier
la parole pour payer un tribut'd'éloges à
Henry Clay. Il l'a fait en termes bien sentis'
et où rien ne trahissait les profonds disseu-
timens politiques qui séparaient deux homr
mes de partis opposés. La chambre des re-
présemaus a décidé qu'elle assisterait en
masse au convoi ; les membres des deux
chambres porteront le deuil pendant un-
mois entier.
Après le service funèbre, qui a été célébré
au Capitole, et auquel lé président assistait
avec .tous ses ministres, le corps a été enn-
ehijl au chemin de fer, pour être inhumé à
Astdand, résidence de la famille de M. Clay.
Uaedéputation de six sénateurs aaccompagné
le corps jusqu'à sa dernière demeure. Ce cor
tège funèbre, qui voyageai t à petites j ournées,
a traversé Baltimore, Wilmington, Philadel
phie et New-Yoïk. Dans toutes ces villes, les
autorités municipales et les milices se sont
portées au devant des restes de Henry Clay;
les boutiques ont été fermées et les rues ten
dues [de noir. Toutes les affaires semblaient
suspend ues.'Lés obsèques du président Har rï-
son et du président Tctylor, morts tous les
deux dans l'exercice de leurs fonctions, ont
pu.être plus solennelles, dit.un journal, mais
jamais on n'a vu une telle affluence de citoyens
de toutes les classes et de tous les partis-^ux
funérailles d'un homme, ni une si vive dé
monstration de douleur publique. . -
• * 1. BONIFACF.
Les élections d^s conseils municipaux vont
avoir lieu dp 24 juillet au 26*septembre. Les
élections des conseils généraux et des con
seils d'arrondissement sont fixées au 31 juil
let et au 1 er août. Outre les deux circulaires
adressées par .M. le ministre de l'intérieur aux
préfets,, le Moniteur publie, au sujet de ces
élections, dans sa partie non officielle, un
ai fuie l'urt long" tt dépourvu de toute signa-
turc, qui contifcnt un éloge"détaillé-dé ia loi
du 8 juillet dernier sur les élections dépar
teniei)laies. Nous en extrayons les deux pas
sages suivans, qui tirent de leur publication
dans le Moniteur tout leur intérêt, _
C ucheval- C laiugny.
Cette expérience sera décisive pour l'honneur et
la prospérité de "la France lorsque l'esprit des
élections prochaines se sera montré, cp dont nous
ne doutons pas, unani.ne dans la pensée de salut
qui a présijlé aux deux précédentes épreuves. Les
intérêts des populations étant restés les mêmes,
les résultats de leurs votes le seront aussi.
, L'œuvri immense elont la Constitution a jeté la
première base se continue ainsi et se complète
par de continuels efforts. Les prochaines élections
doivent lui apporter une force nouvelle. Lespopu-
fations placeront dans les conseils qui siègent au
milieu d'elles des hommes dégagés d'ambition pu
rement politique et dévoués spécialement aux inté
rêts qu'ils seront chargés de représenter. Ces deux
conditions sont indispensables chez tous les can
didats, afin que les conseillers départementaux
soient animés de cet esprit de conciliation et de
paix, de cette préoccupation des besoins de leurs
mandataires, qui peuvent seul» produire de féconds
-résultats pour la prospérité publique et privée.
La crise ministérielle n'r. pas fait un pas
en Belgique. Le roi Léopold, qui devait arri
ver-aujourd'hui à Bruxelles, au dire de l'In
dépendance, ne sera de retour que demain
au plus tôt, au dire de l'Emancipation, quj
prétend, en outre, que la retraite du cabi
net est la conséejuenee des difficultés que
présente le renouvellement dû traité de
commerce avec la Frauce..
r Tandis que l'Indépendance ne parle que
d'un simple ^ajournement, l'Emancipation
considère la situation comme beaucoup jilus.
grave.
Voici d'abord l'article de l'Indépendance :
« Une foule de rumeurs ont circulé hier à
Bruxelles au ujet di O ou lions commerciales
avec ta Frarirt (e n "-or t tns sont rompues, di
sait-on, en donnant à ce fait des motifs dans les
quels la politique prenait une large part.
.» Il y a l.-i—dvdsins beaucoup d inexactitudes et
d'exagération. Si nous sommes bien informés, la
question e»t tournure A an s les termes que nous in
diquions il y a deux jours : c'est-à-dire à la de
mande de prorogation de la convention de f&4-5,
formée par Tes plénipotentiaires belges. Il parait
seulement qu'aucune décision n'a.encore été pri«e;
et à raison du voyage que va faire a Strasbourg le
Président de la République française, de l'absence
du roi et de la grise ministérielle, il pourrait se
faire qu'une décision se fit atteindre quelqacs
jour*. »
L'Emancipation est plus explicite, et re
monte beaucoup plus haut :
« L'affaire du renouvellement de notre traité
avec la France, dit ce journal, est enfin appréciée
à l'impor tance qu'elle mérite, et que, depuis long
temps,,, nous avions signalée. Maintenant, on voit
se produire les conséquences de cetîe politique
imprévoyante e.t étourdie qui attend tout du ha
sard, et qui, ballottée au gré des événement, passe
d'un jour à l'autre d'ùiie confiance présomptueuse
au plus complet découragement.
» A peine le ministère savait-il quelle était la
situation. Rien n'avait^ été prévu. Oo ignore ce
qu'il en sera de la prorogation du traiié. L'ex
piration en est proche et, nos'industriels inquiets
se 'demandent quel régime va leur être appli
qué. C'est au moment où règne cette inquiétude
légitime qu'on apprenel que les négociations
voit t être momentanément suspendues. On peut
peut voir qui, des journaux ministériels ou de nous,
il y a quelques Aois, disait la vérité sur l'état des
négociations. Alors ces journaux était pleins de
confiance. M. Firmin Rogier avait, disaient-ils, •
montré une habileté rare. Le? négociations mar-
ehaient-Tapidemerit vers la solution la plus heu
reuse, le ministère semblait avoir le traité dans
ses mains, et -ta'clôture' de la session législative
n'était retardée que parce eiu'il espérait avant l'été
soumettre ce traité aux chambres. Telles étaient
alors les nouvelles. Il est vrai que l'industrie gan
toise était alarmée, que les élections de k Flandre
étaient douteuses, et qu'il fallait, fût-ce au prix d'un
mensonge, obtenir la majorité au 8 juin.
» Beaucoup de temps, un temps précieux a été
ainsi perdu dans l'hésitation et l'incertitude ; le
traité expire, les nouvelles les plui fâcheuses cir
culent, on parle de conditions rigoureuses, et voici
que les négociations sont suspendues. Ne sommes-
nous pas autorisés à dire que le ministère a dans
tout ceci comblé la mesure de l'imprévoyance etf.de
la présoirij,-tion ? .
» L'inhabileté du ministère a - fait, à l'adminis
tration qui lui doit s.uccédêr. une position inac
ceptable. Quelle qu'elle soit, le nouveau ctbicet
doit repousser à l'avance toute la responsabilité
dangereuse dont l;t retraite du cabinet tend à le
charger. Qu'on ne s'y trompe pas : le cabinet;
par sa démission, a '-particulièremeni pour but
d'échapper aux conséquences que sa politique
a provoquées. Sa. retraite, que ses amis r.e s'expli
quent pas. que rien ne motive, ni minorité abso
lue dans la chambre, ni vote de aetiance des as
semblées pari mentaires. ne saunait ciré expliquée
au-rcment que par les difficultés de la polilique
internationale. 11 se fait illusion, cependant, b'il
.espere léguer a ses successeurs laresponsabilité de
îes actes. Il faut qu'elle lui drmeure tout entière.
» Il a affiché avant les élections une confiance
téméraire, il est resté sourd à/ tous les avertisse-
mens qui lui ent -di toutes parts été donnés, il a
tout fait au contraire pour envenimer dus rapports
déjà altérés par sa faute; c'est aux hommes politi
ques ()e l'administration du 12 août que le pays
aura à demander compte des conditions onéreuses
que peut-être il lui faudra subir. »
Il paraît que 1a Gazette de Madrid a perdu
la confiance du gouvernement espagnol : ii
paraît que ce n'est plus à Madrid et à Aran-
juez qu'on peut entendre quelque chose aux
affaires de la Péninsule. C'est à Paris, c'est
dans les colonnes de la Pairie qu'il, faut se
renseigner. * -
La Patrie daigne en effet s'occuper de no
tre j'Hiodeste correspondance d'Espagne , et
dn ton le plus officiel elle déclare inexactes
et erronées deux affirmations de notre cor
respondant. Nous npus attendons à trouver-
au premier jour dans quelque Patrie madri-
lègne un démenti à nos > articles sur la
France. : '
Qui a renseigné la Patrie ? Qui l'a faite
plus savante que des hommes politiques
considérables fort au courant des affaires es
pagnoles et présens sur les lieux ? De quelle
date sont les informations sur lesquelles elle
se fonde pour contredire les nôtres? Nous
ncus permettrons de ne tenir aucun compte
dts douze lignes que la Pairie nous a bé
névolement consacrées, et de regretter
qu'elle ait cru devoir dérober tant, d'espace
aux infortunes de M. Rafouillard et de Mlle
Jambin qui font le plus bel ornement de ses
colonnes. cucueval-clarigny.
Nous trouvons aujourd'hui dans le Moni
teur de l'Armée le décret suivant :
Louis-Napoléon , Président de la République
française, '* - ,
Considérant que des améliorations reconnues
par l'expérience, et des mo iificafions dans l'orga
nisation et dans l'enseignement de l'école d'ap
plication ele l'artillerie et du génie à Metz, sont
réclamées depuis longtemps par les inspecteurs
généraux et par les jurys d examen dé.cette école;
qu'en outre, les changcmens apportés à l'ensei
gnement de 1 eeole Polytechnique, en vertu de la
loi du ty juin I80O. exigent qu'on mette en har
monie Jes différentes parties de l'instruction don
née, uans e u n ei i autre de ces établissemens, aux
élèves qui y sont admis ; .
Vu l'ordonnance du S juin 1831, constitutive de "
l'école d'application de l'ariitl;rie et du génie, les
règlemens qui y sont annexés, et les programmes
des cours dont p'iisieurs sont seulement provisoi
res ; .
Sur le rapport du ministre de la guerre,
Décrè'e :
Art. 1 er . Une commission mixte d'officiers gé
néraux et supérieurs de l'a- tilterie et du génie, en
activité de service nu en retraite, sera chargée de
réviser, d'après les instructions qui lui seront
données à cet effet par le ministre de la guerre,
l'ordonnance constitutrye de l'école d'application
de l'artillerie et du génie, les divers règlemens re
latifs au régime et à l'instruction de cette école,
'et les programmes des cours à faire 3ux élèves. ,,
Art.. 2. Cette commission sera présidée par iin
maréchal de France.
Elie sera composée de huit membres, non com
pris le maréchal président : savpir : '
Le président jdu,comité de l'artillerje,
Le président du comité des fortifications,
Deux généraux de division ou de brigade d'ar
tillerie, . ^ s ' .
Deux généraux de division ou de brigade du
génie,- . "
Un officier supérieur d'artillerie,
Un officier supérieur-du génie. -
Elle aura un secrétaire pris dans'l'une des arô
mes de l'artillerie ou du génie, et un secrétaire
adjoint appartenant à l'autre arme..
Les membre? et. les secrétaires seront nommés
par le ministre de la guerre.
Art. 3. Sur la demande de la commission, le
ministre de la guerre pourra, en outre, désigner
un certain nombre d'officiers des deux armes,
comme rapporteurs adjoints. .
Ces officiers siégeront avec voix consultative
dans la commission, quand on discutera les affai
res à l'instruction desquelles ils auront pris l'art..
Art 4. Lorsque là commission aura arrêté son
travail, le ministre de la guerre présentera à notre
approbation un projet de déc et sur l'organisation»
de l'école d'application de l'artillerie et du génie,
et un projet de règlement,sur le service et les di
verses parties de l'instruction dans cette école. *
' Art. b. Le ministre de la guerre est chargé ele
l'exécution du présent décret.
Fait au palais des Tuileries, le 10 juillet 1852,
l.OCIS-TÎAPOLÉO^Î.
Le ministre de la guerre,
A. DE SÀWT-AR.VAUIV,
Un autre décret de la même datf, publié
avec le conire-seing des ministres de ia guerre -
et de la marine, porte :
Louiï-Napoléon, Président de la République
française,
Sur le rapport du ministre secrétaire d'Eiat au
département de la guerre et du ministre secrétaire
d'Etat au département de Ja marine et des colo
nies, / ■ . .
Décrète :
Art. 1 er . A l'avenir, les rapports sur les com
mutations de peines par suite de condamnations
prononcées par les juridictions militaires ou ma
ritimes seront soumis- directement au prince-»
Président de la République par le ministre de là
guerro ou par \e minit-tre de la marine.
Art. 2. Néanmoins le ministre de la guerre et
le ministre de la marine devront préalablement
obtenir l'avis, par écrit, du ministre de la justice,
à qui les pièces de la procédure seront communi
quées à cet effet avec leur proposition. Le rap
port au prince-Président contiendra l'avis du mi
nistre de la justice.
Ait. 3. L'entérinement des lettres de grâce né
pourra avoir lieu que da l'ordre exprès dii garde
des sceaux, ministre de k justice, adressé au pro
cureur-général compétent.
Art. 4. Lé minisire secrétaire d'Etst au départe-,
ment de là guerre et le ministre secrélaire d'Etat
au département de la marine et des colonies sont
chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécu
tion du présent décret. ^ ,
Fait au palais de Sâint-Cloud, le 10 juillet 1852.
iouis-NAPOii:oî«.
Quelques journaux, en reproduisant des eorres-
peneknees étrangères, ont annoncé que plusieurs
g néraux de division sont sur le point d'être pro
mus à.la dignité de maréchal ele France.
Aux termes de la loi du 4 août 1839, sur l'orga
nisation ele l'état-major général de l'armée, la di
gnité de maréchal ne peut être conférée qu'aux
généraux de division qui ont commandé en ehef
devant l'ennemi,'1° une armée ou un corps d'ar
mée composé de plusieurs divisions de ditïcronteà
armes; 2° les armes de l'artillerie et du génie,
d-ins une armée composée de plusieurs corps d'ar
mée.
gv«yjaœKC5ai
FEUILLETON DU C0NSTITUTI0Î1MEL, 17 JUILLET.
tl FAUT 011 JEUNESSE SE PASSE*.
XIV.
- Le prince Ratanoff donnait une fêle dans la
villa en miniature où il avail fait électionde
domicile, sur les hauteurs du quartier Saint-
GeotgéS. Cette fête, par une sorte de consé
cration qui s'attache aux réunions de ce
genre dansle monde des viveurs élégans, pré
sentait, en fait d'hommes, une collection
complète dé notabilités de toute espèce;
mais l'aristocratie ne se reproduisait daus
1a partie féminine que sous le rapport de la
beauté et de la toilette.. ■
C'est là un des côtés Jes plus curieux de
Paris sars doute, un aes aspects les plus
étranges de la physionomie toute spéciale
que présentent ces agglomérations d'élémens
si divers et en apparence si opposés; non-
seulement les fils de famille, les liens les
plus raffinés, mais les membres du corps
diplomatique, les hauts fonctionnaires, les
personnages les plus graves, promènent avec
un sans-façon consacré par un usage excep
tionnel, leurs plaques, leurs brochettes ds
croix, en même temps que leurs cheveux
blancs, dans ces raouts qui rompent ia mo
notonie de leurs habitudes, parmi ces beau-
lés d'une facilité souvent un peu dispen
dieuse, sorties pour la plupart de quelque
atelier de modiste, de quelque loge de con
cierge, et dont l'ignorance primitive se dé
guise à ppine dans la conversation par un
* La reproduction est interdite.
certain nombre de phrases banales tombées
dans le domaine usuel.
On retrouvait à la fois, dans l'hospitalité
que le prince Ratanoff offrait à ses hôtes, tout
le luxe du monde officiel et toute la prodi
galité du monde du plaisir; quant au maître
de la maison, il ne se départait pas de son
imperturbable gravité : souriant aux com-
plimens qu'il n'entendait pas, se déclarant
ravi des plaisirs auxque ls il ne prenait au
cune part; sa compagne accidentelle, mais
dont la régularité méthodique des goûts du
prince prolongeait le règne, cette Fernande
dont noué avons déjà esquissé les traits au
commencement de cette histoire, faisait de
son mieux les honneurs de la soirée, et pro
diguait son Amabilité en toilette et ses sou
rires endimanchés , tout en songf aut qu'il
vaudrait bien mieux place:r en rentes sur
l'Etat ou en actions de chemins de fer, voire
mêtçe en bons contrats hypothécaires, les
sommes stérilement sacrifiées aux convenan
tes d'amour-propre qui rendaient la fëte si
splendide.
Quant à Florentine, elle n'avait pas voulu
danser ; assise dans mi petit boudoir circu
laire, tendu de satin rose, avec un encadre
ment de fleurs des plus rares, et où ven dent
retentir, légèrement affaiblis par des portières
ouatées de même étoffe, les sons de l'orches
tre de Strauss, elle comptait intérieurement
les heures qui se succédaient, sans lui amener
le captif qui semblait depuis peu se sous
traire à son pouvoir; déjà les préoccupations
de Tristan, son inexactitude élans tout.: 1 !? ses
relations avec la danseuse avaient prépa
ré pour elle une désiilusioa complété et
présageaient une rupture; l'absence du jeu
ne comte au bal du Wince semblait confir
mer d'une façon définitive ces fâcheuses pré
visions.
Cette absence avait été remarquée , et
et pas n'est besoin de dire de quels commen
taires peu charitables on accompaguait cette
grande nouvelle; les bonnes amies de Flo- ,
rentiue qu'elle avait écrasées de son luxe,
comme tlle les écrasait déjà, de sa beauté et
de son esprit, aux yeux de qui elle s'était'pa-
rée de la fidélité et de l'amour sans bornés de
Tristan, voyaient l'occasion d'une revanche et
n'épargnaient pas à la belle coryphée les domi-
épigrammes et les allusions plus perfides en
core quand elles sont voilées ; mais un fait
plus grave était de/enu le theme de la con
versation générale ; on s'entretenait dans le
petit cerçle formé autour de Florentine, et
au sein duquel nous retrouverons deux an
ciennes connai-sances,-le baron Gédéon et le
docteur Godard, de la mort tragique de cet
aéronaute le capitaine Gale, lieutenant de
marine anglais, qui, précipité dans l'espace,
avait été retrouvé le corps brisé et à moitié
dévoré par les oiseaux de proies
Le bruit de cet évérieùneut tout récent com
mençait à tempérer sensiblement la fureur,
d'ascension qui s'emparait déjà d'un certain
monde parisien. On racontait comme détail
qui ressortait parfaitement de )a compétence
des femmes invitées à la fête du boyard,
qu'une écuyère de l'Hippodrome avait, le
matin même,rompu son engagement plutôt
que de s > î hasarder à partager le lendemain les
chances d'un nouveau voyage à travers une
si dangereuse immensité."
. — Il est réel, dit Gédéon, que son imagi
nation n'éloignait jamais du centre de ses at
tractions ordinaires*, qu'il n'y a pas moyeu
d'attacher ces pauvres petites aux frises par
un fii d'arclial comme élans'/a Sylphide.
, — B.ih ! dit'Godard, le capitaine étail un
maladroit! Il'était un peu gris, d'ailleurs,
dit-on. On en viendra à perfectionner les
ballons comme la vapeur... il y aura encore
une certaine quantité d'accidens, mais nous
finirons évidemment par prendre à l'heure
des ballonS de place et des aérostats de ré-
gte k ,. Tant pis pour ceux qui seront dévorés
par quelques essais incomplets et malheu
reux!
- Un murmure qui courut dans le petit cer
cle témoigna du peu de sympathie qu'on
éprouvait à se dévouer aussi prématurément
à ces dieux infernaux ele l'art aérostatique.
Quant à Florentine, elie paraissait prêter jus
que là peu d'attention à la conversation, et,
à demi çoueliée sur un divan, les jambes
. croisées, le sourcil froheé, on l'eût dit ab
sorbée par quelque pensée de colère et.de
venge-ince.
-' —Vous av<.z donc tous bien peurl fit-elle
rntin dédaigneusement, eh bien ! je vous an-
nonce-que demain, moi, je monterai dans lé.
ballon de l'Hippodrome. ' ,
Rien ne peut rendre la stupéfaction qui
suivit l'annonce de cette résolutioiwnopinée,
qu'on était:à cent lieues de supposer chez
Florentine. :
— Àh çà! murmura-t-on dans un groupe
féminin placé à quelque' distance, est-ce
qu'elle 'aurait l'intenlion de se périr pur
amour pour son Tristan qui l'abandonne?
Je lui croyais plus d'esprit que ecla.
La-surprise générale se changea bientôt
cependant chez Gédéon en une indiguation
facile a concevoir de sa part.
. — Vous, Florentine, y songr-z-vous? s'é
cria-t-il du ton de don Diégue parlant au
Gid, vous, une artiste du corps de ballet,
vous donner ainsi en speclacle comme une
saltimbanque !... Compromettre l'Opéra en
tre ciel et terre ! Cela ne se peut pas !... Ce
serait manquer à vous-même et à l'article M
du règlement qui ne vous permet pas d'uti
liser vos talens en public ailleurs qu'à l'O
péra.
— Ma résolution est prise, répondit froi
dement Florentine... j'ai promis au directeur
de l'Hippodrome, et j'ai la permission de
l'administration de l'Opéra. .
—Quelle faiblesse! s'écria Gédéon, en joi
gnant les mains avec désespoir., C'était bien
la peine pour la direction de vous rendre le
montant de votre dédit, et de faire à cette
occasion des énormités! Yous la récompen
sez joliment !.. Quel exemple, bon Dieu! quel
exemple!
Godard tira Gédéon à part.
— C'est de l'habileté, lui dit-il à voix bas
se; Florentine est une jolie femme... à la
ville surtout... mais une mauvaise danseuse
et une détestable pensionnaire; si elle avait
payé le dédit quand elle a dû partir' ce se
rait la première fois qu'elle aurait rapporté
' quelque chose àl'administration; mais, main
tenant qu'il est décidé.ciu'elle reste, la direc
tion ne serait pas fâchée .qu'elle se rompît le
cou.
Celle traduction' un peu trop libre de la
persçe de l'administrai on de) l'Opéra ne
semblait pas suffisamment édifier Gédéon
sur' la nécessité de laisser violer la dignité
du règlement ;• mais Florentine mit-le com
ble à l'effet qu'elle venait de produire ,
en disant d'une voix haute et dédaigneuse :
-- Oui... pour exécuter mon projet- il ne
me manque plus qu'un cavalier qui ait assez
de courage pour m'accompagner ; mais il
est probable que je,monterai seule en ballon.
Cet.appel ironique-n'eut pas d'écho dans
le petitnombre de 1 personnes qui étaientàpor-
tée de l'entendre. Quant au prince, assis au
près de Florentine et que, selon son usage,
son infirmité avait, fait moralement-abstînt
de la conversation, il déclara qu'il preudvait
des billets pour le bal dont il s'agissait et
tira de sa poche quelques louis, au grand
effroi de sa compagne économe, qui s'em
pressa de lui faire comprendre que ce n'était
pas d'argent, mais -de courage ou 'plutôt
d'excentricité qu'il fallait faire dépense.
Gédéon se perdaiten conjectures indignées '
su? les motifs qui avaient pu déterminer
Florentine à cette exhibition en plein vent.
Majf Godard, toujours impitoyable, se prit à
fouiller les replis secrets de l'âme de la co
ryphée, en transportant au-moral ces habi
tudes matérielles qui lui feraient mettre à
nu toutes les plaies physiques.
— Ne vous apercevez-vous pas, mon cher
baron, dit-il à Gédéon, que Florentine a be
soin d'une réclame? La fortune personnelle
de Tristan est épuisée, et son amour, oui lui
faisait créer toujours des ressources, s'éteint
aussi... 11 faut songer a ie remplacer, et
pour cela il importe que Florentine se mette
en évidence; or, il y a quelque chose d'aven
tureux, de séduisant dans cette audacieuse
ascension; c'est de la réclame à dix mille
pieds au-dessus de l'àrc-de-triomphe de l'E
toile... C'est fort ingénieux, mais il faut-
qu'elle soit diablement à bout de voies sur la
terre pour chercher ainsi un moven de for- *
tune dans les nuages.
— Ainsi, c'est bien décidé, reprit une troi
sième fois la voix stridente et ironique» de
Florentine, personne ne m'aime assez, per
sonne ne me trouve assez jolie pour courir "
un risque en ma compagnie 1
— Je t'accompagnerai, moi, ma Floren
tine, s'écria une voix fiévreuse et qui reten
tit comme un coùp de tonnerreau milieu des
mille bruits de la fête;
C'était Tristan qui avait paru à l'entrée du
boudoir, et qui, le visage auimé, le tête hau
te et presque insolente, avait soulevé depuis
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