Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-06-14
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 14 juin 1852 14 juin 1852
Description : 1852/06/14 (Numéro 166). 1852/06/14 (Numéro 166).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NU'vIEKO 160.
BUIICJUIX : rm» de tmltM» nPalat«-Royal), »' *©.
B 1853.-IitnSDl 1-4 JUIN.
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^AIUS.'..T. ;. 18 F. PAB TRIMESTRÏ
BtPàfiTKMENS. .16 F. —
. DM NUMÉRO : *0 CKNTIMM.
»0UH LUS PATS ETRANGER», 56 reporte*
au tebleauqui sera publié dans le joureal,
le» iO 6 ï5 de oh&que mois.
Les
abonnemens datent det i" et 16
Ut chaque moi*.
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S'adresser, franco ,pour la rédaction, à mï C pghevil- C lirighy, mi
" Les articles déposés no sont pas rendus}
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
che'/î | On «"abonne, danbles départemens, eux Messageries tt aux Directions de posteï—A Londres, thei taS C©ira et tils* s
I — A Strasbourg, ehex M. AimNDNS, pour l'Allemagneâ ' <
S'adresser, franco; pour l'administration, d M. . -_L
Los a «noiioes so£it reçue» bureau du Journal; èiôbexM. PÀNIS» régisseur» ii, ® ■
Immédiatement/après la fin de la
session du Corps LégislatifM.Je
D r Y êron publiera, dans la partie
politique du Constitutionnel , une
série d'articles sous ce titre :
/
IiA W&AXCE NOUVEULE.
PARIS, 15 JUIN.
, Une convention sur l'extradition récipro-
. que des criminels a été conclue, il y a quel
ques années, entre la France et l'Angleterre.
Elle a été approuvée par les assemblées lé
gislatives des deux pays, mais elle n'a ja
mais pu recevoir qu'une exécution incom
plète. Du côté jde la France, aucune dif
ficulté ne s'est présentée. Tous les crimi
nels que le gouvernement anglais a récla--
més ont été arrêtés dans un bref délai et re
mis aux autorités anglaises. 11 n'en â pas
«té de même pour le& criminels dont la
France a demandé l'extradition. Sur qua
torze demandes,, une seule a été satisfaite :
parce que le coupable dont il s'agissait avait
été arrêté à l'île de Jersey. Lt 'S formalités
exigées par la loi anglaise pour constater l'i
dentité des prévenus et leur culpabilité sont
tellement multipliées,-qu'il a toujours été
impossible aux autorités françaises de les
remplir, toutes, et on a dû, de guerre lasse,
renou'cer à profiter des bénéfices de 1« k con
vention d'extradition. .
Il en est résulté un état de choses assez sin
gulier. Tandis que la France se débarrassait
aisément des criminels anglais, les criminels
français trouvaient un asile sûr en Angle
terre, et Londres menaçait de devenir le re
fuge et comme l'entrepôt général des repris"
de justice de toute l'Europe. Le gouverne
ment britannique a compris qu'il était temps
de mettre fin 8. une pareille anomalie, et de
faire-des efforts pour rendre exécutables
les conventions sur l'extradition. Le gouver-
- nernent français a insisté de son côté, à cause
des facilites croissantes que les chemins de
fer et les bateaux à vapeur offrent aux cou
pables pour, gagner le. sol britannique. Au
jourd'hui, Londres niest plus qu'a douze
. heures de Paris, et il est plus aisé de gagner
les rivages anglais'par Dunkerque, Calais,
Boulogne, le Havre et Dieppe* que de se ren
dre dans la plupart de nos villesde l'intérieur.
IÀ promptitude et la facilitémvec lesquel
les ou peut désormais se procurer au-delà
du détroit un refuge assuré, peuvent être
, regardées comme une tentation de plus pour
les fripons, çt-comme une sorte de prime
çjferte au crime. '
ï: Des négociations ont donc eu lieu entre les
deux gouvernemens, et ont abouti à une con-
/Vtention nouvelle qui a été acceptée par la
ÏTànceet qui est en ce moment soumise à l'exa-
; men duparlement anglais. C'est à la chambre
des lords qu'elles été portée d'abord par le mi
nistère, Elle y a rencontré d'assez nombreux
adversaires. La chambre des lords compte
dans son seiri plusieurs dés premiers ju
risconsultes d'Angleterre , qui se portent
comme les défenseurs des traditions, juri-
. diques de leur pays. La loi anglaise assure
' Û- l'étranger domicilié eri Angleterre tous
t laB bénéfices de la législation territoriale.
'Lfc.convention, pour être efficace, nécessitait
.. le sacrifice de quelques-unes des formalités
■ t protectrices qui garantissent la, liberté et
l'immunitédescitoyensangjjis. Lesjuïtscon-
sultes de la chambre des lords, justement
fiers de ces garanties qui sont le palladium
des libertés publiques, n'en veulent pas
flaire le sacrifice même pour les Français
, ;Tpfugjés, de peur d'affaiblir des principes
sacrés à leurs yeux. Ils persistent à ds-
mander: qu'on établisse la. culpabilité des
individus ilonLon réclame l'extradition. Or,
l'extradition «l'est récfemée que pouf pouvoir
établir par ! iin procès ^régulier cette même
: culpabilité. On tourne acrnc dans un cercle
dont il est impossible de sortir, et la con-
aboutir
vention nouvelle menace de. ne pas
plus que la précédente. .
La loi Que le-Corps Législatif a récem
ment votée pour la punition des crimes
et délits commis à l'etranger, a fait naî
tre un surcroît de difficultés. Les Anglais ap
préhendent que le gouvernement "français, à
l'aide de cette loi, ne se fasse de la convention
d'extradition une arme pour atteindre en
Angleterre les réfugiés politiques, et spécia
lement ceux dont les écri ts ou les discours lui
feraient ombrage. L'hospitalité de l'Angleter
re envers les proscrits, qui est à leurs yeux
un des titres de gloire de leur pays, leur pa
raît compromise : et un parti nombreux
s'oppose à ce qu'on livre à l'administration
française des hommes accusés seulement de
délits que n'atteint pas la loi anglaise.
La première discussion qui a oujieu, il
y a quelques jours, au sein de la cham
bre des lords, avait fait pressentir un échec
définitif pour la convention. Le ministre
des- affaires étrangères, lord Malmesbury,
pour prévenir un rejet, a essayé de donner
satisfaction aux objections principales qu'on
avait fait valoir dans le cours des débats. Ce
second projet n'a guère trouvé plus de faveur
que le premier, ainsi qu'on pourra s'en
convaincre en se reportant à la discussion
que nous publions -plus loin. Un 'troisième-
traité va être élaboré^, de concert-avec l'am
bassadeur de France à Londres : s'il est
plus heureux que les précédens , et s'il
réussit à sortir intact des trois délibéra
tions de la chambre des communes, il ren
dra nécessaire la présentation d'un nouveau
projet de loi au Corps Législatif. On voit que
la question est loin de son terme; et il est
fort possible que la dissolution du parle
ment fasse avorter définitivement cette né
gociation laborieuse.
CCCHEVAi'-CURIGNY.
Un projet de loi relatif à la juridiction des
consuls de France en Ctune et dins les Etats
de l'iman de Mascate, vient d'être présenté
au Corps Législatif; Parle traité conclu entre
la France et la Chine, le 24 septembre 1844,
le négociateur a eu pour objet, non-seule
ment d'assurer à notre commerce une com
plète participation à tous les avantages déjà
concédés au commerce anglais et américain,
mais encore de garantir efficacement, dans
çjjs pays éloignés, les personues et les biens
dé.nos nationaux. En conséquence,, il a été
stipuléquetoutescontestationss'élevantentre
Français dans les cinq ports ouverts au com
merce, dépendraient de la juridiction fran
çaise ; que toutes querelles ou toutes discus
sions survenant entre Français et Chinois
seraient jugées, pour les Français, par les
lois françaises devant le consul, et, pour les
; Chinois, devant les tribunaux du pays.
Des dispositions analogues ont été insérées
dansle traité passé également en 1844, entre
la France et l'iman de Mascate, chef des
Etats musulmans qui bordent la côte orien
tale d'Afrique. :
Le principe .de la juridiction de nos con
suls étant reconnu, il restait au gouverne
ment à en régler l'exercice. Il existait, à
cet égard, une législation toute faite :
c'était celle qui règle, sous ce rapport,
le» attributions de nos consuls dans les
Echelles du Levant et en Barbarie. Cepen-
dant'Ie grand éloignement des ports de la
.Chine et de la côte orientale d'Afrique devait
faire obstacle à l'application de la même lé
gislation en ce qui concerne les appels. C'est
a là cour d'Aix: que là loi défère les appels
formés contre lès décisions consulaires ren
dues dans les Echelles du Levant et dans
les, Etats harbaresques. La promptitude et
la fréquence des communications entre tous
les principaux ports de la Méditerranée ont
permis de concentrer ainsi dans une cour du
midi de la Frauce, le règlement, en dernier
ressort, de tous les procès qui y surgissent;
mais c'eût été imposer de trop lo'ugs délais,
de trop grandes fatigues, et des, dépenses
trop considérables, aux plaideurs résidant
en Chine ou à la côte d'Afrique, que les oblU
ger à porter leurs causes devant la cour de
Bordeaux ou celle de Paris.
En conséquence, le projet de loi détermi
ne que les appels formes contre les jugemens
rendue par les-consuls de Franco-en- Chine;
seront portés devant le tribunal de Pondi-
chéry, dans l'Inde, et que les dossiers des
affaires jugées en premier ressort par le
consul de France dans les Etats de Timaïi de
Mascate seront envoyés .à la cour d'appel de-
l'île de la fié«uioa^ Un service rcgalier de
bateaux à vapeur, organisé par les Anglais,
relie la Chine à Calcutta, voisin de Pondi-
chéry, et le trajet se fait en un mois; des re- '
lations régulières et fréquentes existent éga-.
lement entre Zanzibar, résidence habituelle
de Wman, et l'île de la Réunion.
Il ap partenait d'ailleurs-au gouvernement
de limiter autant que possible la faculté d'in
terjeter appel des arrêts rendus par les con
suls. Il est bon que la loi protège les plai
deurs contre leur propre obstination, qui
pourrait les conduire à leur ruine. Le projet
de loi dispose que le consul pourra pronon
cer en dernier ressort toutes les fois que l'ob
jet principal d'une contestation entre deux
Français n'excédera pas la somme de 3,000fr.
En outre le même article réserve aux parties
civiles le droit de renoncer par avance à la
faculté de l'appel.
Il est entendu en outre, que les cours de
Pondichéry et de la Réunion jugeront con
formément à leur propre constitution et
aux lois qiji règlent l'administration de la
justice dans nos colonies. Ces lois, qui sor-.
tent parfois du droit commun, ont été ren
dues en vue dnies et dans lé but d'y fortifier et d'y accélé
rer l'aclion de la justice. Elles s'appliquent
donc parfaitement à ceux de nos nationaux
qui résident dans des pays encore plus éloi
gnés. . . ' .
Un décret du 1 er février 1851 a ordonné
qu'il serait procédé au dénombrement de la
Sopulation totale de la France par les soins
es maires dans le cours de cette année. Ce
travail est terminé; le chiffre de la population
dans toute l'éteodue continentale de la Répu
blique" s'élève à trentè-cinq millions sept cent
quatre-vingt-un mille six cent vingt-huit
ames.
Dans les recensemens qui ont produit ce
chiffre total, et qui ont pour objet de servir
de base à l'assiette des impôts, on n'a pas
compris les catégories suivantes ; corps de
troupes de terre et de mer, maisons de force
et de correction ; maisons d'éducation cor
rectionnelle et colonies agricoles pour les
jeunes détenus; prions départementales;
bagnes; dépôts de mendicité; asiles d'alié
nés; hospices, et hôpitaux ; collèges natio
naux et communaux ; écoles spéciales ; sé
minaires ; maisons d'éducation et écoles
avec pensionnats ; communautés religieuses;
réfugiés à la solde de l'Etat ; marins du com
merce absens pour les voyages de long cours.
La population recensée a éprouvé une lé
gère augmentation depuis le dernier dénom
brement qui avait été fait en 1846. A cette
époque, le chiffre total des habitans ne s'é-t
levait qu'à 35,400,486 personnes.
Dans le dénombrement qui vient d'être
opéré, on a constaté qus le'nombre des fem
mes Est plus considérable que celui des
hommes. Le premier s'élève au chiffre de
18,367.470 ; tandis que le nombre des hom-
. mes u'atteiat que le chiffre d,e 1.7,033,016.
Les quatre-vingt-six départemens de la
République sont partagés en 363 arrondis-
semens, divisés en 1,847 cantons, subdivisés
eux-mêmes,en 36,835 communes. Chaque
.département ne compte pas un nombre
égal dfàrrondissemens, de cantons, ni de
communes. Ainsi j par exemple , le dé-
1>artement de la Somme, qui a une popu-
ation-de 570,641 ames, compte 5 arron-
dissemens, 41 cantons et 832 communes.
Le département du Nord, qui a une popula-
tibn de 1,158,285 ames, compte 7 arrondis-
semens, 60 cantons et 662 communes. Le
département de la Lozère, au contraire, qui
n'a quel44,705 ames dé population, compte
seulement 3 arrondissemens, 24 cantons et
193 communes. Le département des Hautes-
Alpes possède une population de 132,038
ames ; il,compte 3 arrondissemens, 24 can
tons et 189 communes.
De tous les départemens, c'est celui de la
Seine qui possédé la. plus nombreuse po
pulation ; il est divisé en trois arrondis
semens, 20 cantons et 81 communes. Ses ha
bitans sont au nombre de i,431;065. La ville
de Paris est comprise dans ce nombre
pour le. chiffre de 1 053,262, et les deux
arrondiss"m' ns de Sceaux et .de Saint-Denis
pour le chiffre de 367,803 personnes. Ces
nombres comprennent seulement les habi
tans domiciliées; la population flottante qui
se trouve toujours à Paris,et dont la moyen- ■
ne varie entre 100 à 150,000. ames est en de
hors de ces chiffres.
Les divers arrondissemens de la ville de
Paris ne sont pas également peuplés; le se
cond arrondissement est celui qui compte le
plus grand nombre d'habitans : il en a
iK,61Ç, le' huitième arrondissement vient,
après t.ll a 114,27i habitans, L'arrondisse
ment le moins peuplé est le quatrième, qui
ne compte que 48.896 habitans. Voici le
chiffre de, la population dans les divers ar
rondissemens de la capitale :
112,740
2 e 114,616
3°....:...... 65,359
4» 45,895
5 e ..' 97,208
.6" 104,540
T 69,735
8 e 114,271
9® 50,198
10« 113,875
11».....; 69,581
12 e ........... 95/243
L'arrondissementdeSceaux compte 133,011
habitans; l'arrondissement de Saint-Denis
a une population de 233,792 personnes.
Dans le département de la Seine, la pro
portion entre le nombre des hommes et ce
lui des femmes n'est pas la même que dans
la somme totale de la population de la Fran
ce. Les hommes sont en majorité : leur nom
bre s'élève au chiffre de 724,365 ; celui des
femmes n'atteint que le chiffre de 697,700.
Après le département de la Seine, celui
dont la population atteint le chiffre le plus
élevé est le département , du Nord, qui ren
ferme 1,158,285 personnes. Le département
de la Seine-Inférieure vient ensuite; il a-
7Ç3,039 habitans. Quatre départemens ont
plus de 600,000 ames de population; ce sont
ceux des Côtes-du-Nord, du Finistère, de
l'Itère.et de la Manche. -
Neuf départemens ont plus de 500,000
ames de population : ce sont ceux de f l'Ais
ne, de la Dordogne, d'IUe-et-Vilaine, de la
Loire-Inférieure, du Puy-de-Dôme, du Bas-
Rhin, du Rhône, de Saône-et-Loire et de la
Somme.
Dix-huit départemens ont plus de 400,000
qmes de population : ce sont ceux des Bou-
ches-du-Rhône, du Calvados, de la Charente-
Inférieure, de la Côte-d'Or, de 1 Eure, du
Gard, de la Haute-Garonne, de la Loire, de
la Meurthe, du Morbihan, de la Mos- lie, de
l'Oise, de l'Orne, des Basses Pyréné s, du
Haut-Rhin, delà Sarthe, de Seiue-et-Oise et
des Vosges. ,
Trente et-un départemens ont une popu
lation supérieuie a 300.000 ames : ce sont
ceux de l'Ain, de l'Allier, de l'Ardèche,
des Ardennes, de l'Aveyron, de la Charente,~
du Cher, de la Corrèze, de la Drôme, du Gers,
de l'Héraut t, d'Indre-et-Loire, du Jura, des
Landes, de la Loire, du Loiret, d;iLot, de
Lot-et-Garonne, de la Marne, de la Mayenne,
de la-Meuse, de la Nièvre, de laHaute-Saône,
de Seijie-et-Marné, des Deux-Sèvres, du Tarn,
du Var, de la Vendée , de la Vienne, de la
Haute-Vienne, et de l'Yonne.
La population des autres départemens va-
xifijfintre 100 et 300.000 ames. Quatre seule
ment, ceux des Basses et des Hautes-Alpes,
de la Lozèrà et des Pyrénées Orientales, ont
une population inférieure à 100,000 ames.
_ L. B oniface.
Nous trouvons dans le Moniteur de ce jour
(sommaire 5e la séance du samedi 12 juin,
au Corps Législatif), la mention, telle qu'elle
doit être rétablie, du quatrième des impôts
proposés par les projets de loi. dont commu
nication a été donnée dans cette séance.
Lè sommaire, publié par le Constitutionnel,
et par tous les autres journaux, portait :
«l°Un impôt sur les voitures.'»
Le Moniteur contient la mention exacte
que voici : « 4° Un impôt sur les voilures et
chevaux de luxe, et sur les chiens. »
La cour. Rappel de Rouen a prononcé hier
son arrêt dans l'affaire de M. Verney, ancien
• président du tribunal de commerce d'Evreux,
poursuivi devant la cour à la requête de M.
le procureur général qui s'était rendu appe
lant du jugement de première instance, par
lequel M. Verney, accusé d'excitation; a la
haine et au mépris du gouvernement avait
été acquitté. '
Voici le texte de l'arrêt de la cour ; il fait
connaître suffisamment les faits ;
- « La cour,
» Attendu que les.poursuites ont pour unique
objet la répression du délit d'excitation à la haine
et au mépris dû gouvernement ;
» Attendu que ce délit, résulterait, d'après la
prévention,' du , dernier paragraphe de k lettre
éerite pir Verney au procureur de la Republique
à Evreux, le 26 avril dernier, et qui est ainsi
conçu :
a Mais il serait trep grave de revendiquer plus
» longtemps ce que nous croyons être le droit. La
» magistrature elle-même nous ^pura gré de ne
» pas exposer la robe du juge à succomber sous la
» lorce atle -nous an no'iice'yotre dépêché. -
» AUendU' que3 ^ueNjiie-ftlâmablfc qu'ait .été-la
conduite de Verney dans celte affaire, la cour ne
peut- teir dans les termes de cette partie de si!
lettre le délit d'excitation à la haine et au mépris
du gouvernement, puisque l'ordre en vertu du
quel la iorce devait être employée pouf empêcher
d# siéger les juges qui avaient refusé de prêter le
serrr.mt n'émanait pas da gouvernement
» Qu'il n'y a pas lieu dès lors lui faire l'applica
tion de la loi pénale,
» Par ces motifs,
» Confirme le jugement dont est appel sans dé
pens. » .V. Cochinat.
Nous avons rapporté, d'après notre corres
pondance de Rome, comment s'était passée
la cérémonie de la^remise des drapeaux au
rori s d'armée français,. Voici le récit que fait
le Journal de Home de cette solennité :
* Rome, 4 juiÉi.
Le 2 courant, la division militaire française, en
garnison à Rome s'est réunie sur la place du Vati
can afin de recevoir les nouveaux drapeaux en
voyés de Paris par le prince-Président. Le général
Gémeau, commandant en chef cette division, après •
avflir parcouru les lignes des divers régimens, a
fait former le carré et il a remis aux corps respec
tifs les nouveaux drapeaux en adressant aux trou
pes l'allocution suivante :
u Soldats.de la division d'occupation,
» Le prince-Président df: la République nous rend
les aigles françaises et nous ordonne de mourir, s'il
le faut, pour les défendre Nous obéirons! — Mais
aujourd'hui qui pourrait donc-avoir la pensée de
les attaquer ? — D'un autre côté, où la France
trouverait - elle un ennemi à combattre, parmi les
puissances ét'angères? Toutes les armées de l'Euro
pe se sont levées pour la même caus# ; et aujour
d'hui toutes-sont prêtes à se donner la main, pour
marcher réunie» à une même conquête, la plus- bel
le, la plus précieuse de toutes, la cenquête de tordre
et du bonheur des peuples.
» En se plaçant à la tête de cette nouvelle croisa
de, si glorieusement commencée à Rome, Louis-Na
poléon veut que l'armée française retrouve au besoin,
les plus énergiques souvenirs de ses plus grauds "
jours; et il lui rend ses aigles! Gloire et reconnais
sance k Louis-Napoléon ; oui, gloire et reconnaissan
ce, car si l'Empereur est le héros du siècle, Louis-
Napoléon veut en être le bienfaiteur.
» Tous ensemble, pressons-nous donc autour de
ce drapeau, qu'une main puissante et sage vient' de
relever sous de si heureux aui-pices: tous ensemble
encore, et "devant. Saint-Pierre de Rome qui fera écho
"pour l'univers, saluons les aigles françaises par ce
cri qui a-rallié et sauvé la France : Vive le Président
de la République! vive Napoléon !»
Les troupes ont répondu par de nombreux vi-
yats au discours du général Gemeau. Le général a
distribué ensuite aux officiers, sous-officiers et sol
dats, les décorations "et médailles que le Président
de la République leur avait accordées pour servi
ces runaus ; il y a âjouté la distribution de quel
ques décorations gracieusement accordées par le
haint-père à plusieurs officiers et soldats de la
garnison. Le général a prononcé, à ce propos, la
courte allocution suivante :
« Messieurs, le souverâin pontife, toujours bien-
fa'sant pour la division d'occupation, lui avait ac
cordé quelques-unes de ces décorations, si précieu
ses pour des soldats français et chrétiens. J'ai voulu
Erofiter de cette circonstance pour vous les distri-
uer. aujourd'hui, afin de compléter par une pensée,
religieuse notre fête militaire et nationale. »
Cette solennité militaire'avait attiré sur la place
du Vatiean une fouk immense. Dans la soirée,
les officiers de la division se sont réunis clans
les salles sur la grand'garde à la place Colonna,
et-ils ont reçu une société d'élite, qui avait été
spécialement invitée. Les sous-officiers et soldats
décorés soit de la- Légion-d'Ilonneur, soit de la
médaille militaire, soit des ordres décernés par le
saint-père, ont "pris part à cette fête, ayant été
invités par leurs chefs. Hier au soir, le général
Gémeau a donné une fête très brillante dans ses
appartenons. (Journal de Rome.)
ORAGES DANS LE BAS-LANGUEDOC.
Le Messager du Midi, journal de Montpel
lier, donne des détails sur les dévastations
qui ont été produites par les derniers orages
dans le Bas-Languedoc, .Nous empruntons
au Messager, du Midi, les passages suivans :
« Grossi subitement, L? Lez a déboidé sur ses
rives, qu'il a ravagées par la lapidité. inouïe de
ses eaux, élevées, en moins d'une demi-heure à
'5 mètres au-dessus de leur niveau ordinaire.
La crue , qui s'était déjà fait un peu sentir
après les averses de la nuit, a commencé, 1
vers deux heures et demie, à . se produire
avec une rapidité effrayante, qui n'a pas laissé
le temps aux riverains de prendre les précautions
nécessaires pour mettre leurs propriétés à l'abri d".
l'inondation. A peine le premier grondement du
courant, décuplé par tous les afiluens imprevi>és
qui lui apportaient sans cessé des tnrrens d'eau
jaune et terreuse, s'était-il fait entendre, que déjà
■les arbres déracinés flottaient à la surface,, mêles
à des meubles, à des planches,'à des tonneaux, à
des sacs deferinc.
» Un pareil débordement n'avait .pas eu lieu
depuis le mois de septembre 1810. Nous ignorons
encore toute l'étendue' des pertes qu'il a causées;
toutefois nous avons été à même d'en apprécier
une partie, depuis le moulin de Sauret jusqu'au
port Juvénal ; ces pertes sont malheureusement
• très considérables, et si, comme cela n'est que trop
d4-
présumable, la rivière, *1 calme dordinairè, a
passé son niveau en amont et en aval de c -tte
cou rte sectiori', nous aurons à constater de# doœ-
m » g ^- é Au ? port'j uvétiâl, rm des hangars de Fen-
trepôt du port, qui contenait quatre cents sara de
farine, a été envahi par le torrent, qui les . a J> a '^
en partie,demême quesoixante àquatre-vingtston-
neauï de vin, récemment débarqués sur le bord. Us
arbres, les moissons, les vignes situés sur1 * " ®
gauche du Lez, ont été broyés en quelques instar»,
§t sans le courage de MM. Auguste Pages, e mpbyé
à la mairie de Montpellier, et Galot, ouvrierinaço »
quatre femmes et Un enfant auraient péri, noyé#
dans une des chambres, du premier étags duoe
maison où ils avaient cherché un abri contre
dangers qui les menaçaient.
» Les secours ks'pltis empressés ont été fournis
par iln détachement d'artilleurs, que conduisit
M. le lieutenant Menoly, et par u il piquet derol-
tigeurs du 1 er bataillotï du S 4 léger, dont m, w
lieutenant Thor dirigeait les efforts. ■ .
» Bientôt la présence de M le général Rostolan,
commandant s'upé'ieur. est venue donner un sa
lutaire encouragement aux travailleurs, t'etaii
accompagné de son alde-de-camp, M. le capitaine
d'état- major Soitoux. M. le cùionel chef d état-major
Bracquehaye l'avait, précédé de' quelques înstans.
M. le général de Rostolan est constamment resteft
cheval au milieu des soldats, depuis quatre heurte
jusqu'à sept heures du soir, donnant des ordres, vi
sitant les peint»menacés de nouveaux sinistres. La
foule qui stationnait sur les rives l'a accueilli avec
lesmarques d'une respectueuse sympathie.Fresde
lui se tenaient M. le colonel en retraite mGrave, propriétaire du canal du Lez, et M DeiaCom-
be, adjoint au maire de Montpellier, M. de Bonala,
maire, qui, dès le premier TBoment de l'inonda
tion, ayant été prévenu que le cimetière Saint-
Lazare était envahi, s'y était transporté avec1 ar
chitecte de la ville, pour voir quels seraient les
moyens de préserver les tombes ; puis il est venu
au port Juvenal, où il est resté jusqu'à une seura
assez avancée de la nuit, avec un détachement du
3" régiment du génie. .
» On écrit de Lunel que la grêle s'est mêlée a
la pluie et qu'elle a causé les' plus grands dom
mages dans plusieurs communes de ce canton, &
Boisseron, notamment. Plusieurs rivières ét tor-
rens étaient sortis de leur ht comme le Le* et ,1a
Mosson. - .
» Si nous en croyons plusieurs personnes qui
ont passé le 9 juin sur les bords de l'Hérault et du
Vidourle, avant la gran le averse de l'aorès-midi,
ces deux rivières étaient déjà prêtes à deborder.
Cette nouvelle nous fait craindre d'avoir à enre
gistrer de nouveaux sinistres. »
NOUVELLES ETBAMGEHES.
ANGLETERRE.
chambre des tORDS.— Séanoe du 10 juin.
Sur l'ordre du jour, tendant' à ce que la' dhka-
bre se farme u èn' comité' sur le ,- .proj«t de^-éemtén-
tion avec la France relativement à l'extradition
des criminels, le eomte de Malmesbury dit : Com-'
me il s'est Manifesté, lors de la présentation de'ce
bill à la cliambre, diyérses opinions parmi Leura
Seigneuries à' l'égard de la' garantie donnée à la
liberté du sujet, j'ai cru nécessaired'introduire quel
ques chabgemeng. On a fait au bill une objection
en ce qui concerne le pouvoir d'entamer une'nou-
velle convention ; mais aujourd'hui, si Leurs Sei
gneuries m'autorisent à changer "la loi actuelle", et
à entamer une convention nouvelle,"cette convenu
tion pourra être dressée en vingt-quatre heures, de
concert avec l'ambassadeur de France, qui m'af
autorisé à déclarer que le. gouvernement français
est disposé à donner son' adhésion aux améride-
jalouse crainte qu'éprouvent les nobles lords quant
àrla liberté du sujet. Il avait été proposé d'abord
de livrer un prisonnier aussitôt après son arresta
tion, si les magistrats étaient convaincus' dë son
identité- An lieu de cela; je proposerai que le se-
crétaired'Etat nedécerrie un mandat d'arrêt quê'lors-
qu'il y aura raisonnablement lieu de ne pas douter ds
l'identitéde l'accusé, etquecelui-ci ne sera, pour au
cune raison quelconque, livré au gouvernement
français', sans qu'on sfe soit "procuré, au préalable,
l'acte d'accusation ou de mise en accusation, attendu
que ce magistrat est indépendant du pouvoir exé
cutif. L'ambassadeur de France m'a promis qu'une
foi parfaitement analogue à celle-ci serait passée
en FraSie (Ecoutez ! ) Je m'aperçois qu'un noble
• comte sourit ; mais si l'on nè croit pas à" la parole
d'un homme d'honneur, il est dès lors impossible
de rien faire : on ne pourra pas du tout conclure
une convention. Les gouvernemfens'doivent se'fier
les uns aux autres.
Lord Campbell. — Leurs Seigneuries doivent
avoir un but commun pour ' concourir sérieuse
ment à l'adoption de ceMl. La proposition faite
actuellement par le noble comte'a, certes, moins
d'incenvéniens que ce que le bill avait proposé daus
le principe. Si le juge d'instruction n'était" pas
amovible, la proposition serait moins co'ntestar-
ble ^toutefois, j'hesiierai? encore à m'en rapporter
tout à fait à ce que pourrait dire ce niagisûat.
Selon moi, la convention serait irréprochable, si
l'on exigeait qu'il fût donné au secrétaire d'Etat
une pveuve raisonnable de la culpabilité réelle de
l'individu accusé, et de la nécessité de le livrer.
Mais si le parlement consent à une disposition qni
revient à autoriser le pouvoir exécutif à opérer, sans
preuve raisonnable* l'extradition de tout citoyen
français, alorsl'Angleterrecessera d'être cë'qu'elle
FEOtUHO» BD 0 «STITUTIOSISEL, IUB.
THÉÂTRES.
?ÇRTE -S aint- M arxin : Its Nuits de la Seine, mélo
drame çn neuf tableaux, de M. Marc Fournier. —
T audeville : le Portier de sa maison, vaudeville
-en un acte, deM. Clairvillef'
Mânes de Pixérécourt, vous avez dû tres-
«lillir! Le mélodrame nous est rendu dans
sa pureté, sa beauté, avec le » rire et. les
larmes, avec la jeune dame, le-mortel ver
tueux , le noble serviteur, le traître, les
fausses clés, les trappes, la cassette, pht-
sieurs secrets terribles j et quarante vo-
. letïrs au moins, tout autant qu'il y en avait
dans Ali-Baba! J'en félicite sincèrement la
Porte-Saint-Martin. Cet intelligent théâtre
aîeu le courage de sa tentative; il laisse à
ë'autres les manières et les prétentions; il ne
fait pas semblant dejouerdi 'S tragédiesetdes
chefs d'oeuvre de haute littérature en dix-
huit tableaux; -c'est, dit-il, même sur son
affiche, un vrai mélodrame que je vous don
né,—et il nous l'a donné.
La jeune dame est vêtue de blanc, «telle
porte sur son ; yisage l'intéressante pâleur du
mélodrame. Trop sensible Hortense, que de
pleurs vous avez déjà répandus ! Vos beaux
yeux sont une source intarissable. Si. jeune
et déjà si malheureuse 1 Hortense a deux en-
fans, dont l'un est son regret et l'autre son
remords. Quelle anxiété pour une jeune mère !
L'action se passe dans un grand château, *ur
les bords de la Seine; c'est 1« qu'on voit Hor-
tensf, sous le nom di: Mnw He Flavignan, ré
pondre passionnément à l'amtur qu'elle a
inspiré à notre célèbre Fiavignan, alors co-
lopel de hussards. (On sait qu'après avoir
été le plus bel.oi Acier de l'armée impériale,
Flavignan devint plus tard, sous la,Restau
ration, le grand orateur libéral de la cham
bre des députés.)
Û'où vient qu'Hortense de Flavignan, ado
rée d'un militaire qu'elle paie de retour,, et
qui a mis le comble à ses vœux en la rendant
mère du petit Lucien, verse en secret des tor-
rensde larmes? La malheureuse ! Oh! certes,
elle est plus malheureuse qu'e coupable!
Elle ne se nomme pas Flavignan; le prêtre
n'a point consacré son union au pied des au-
tels.... Elle vit avec son amant......! Le petit
Lucien, cet enfant délicieux, est le remords
de sa mère... mère déplorable qu'un ma
riage antérieur lie à un certain Roncevaux,
dont elle a eu un premier fils. Il s'appe
lait Robert, le-cher nouveau-né; un jour
Roncevaux, après avoir indignement traité
sa femme, après l'avoir ruinee,,s'en est allé
emportant le petit Robert ; si bien qu'Hor
tense est rester avec un cuisant regret au
quel est venu plus tard s'ajouter ùn remords.
Tel est le résultat moral de sa fécondité !
Néanmoins la vie s'écoule assez douce
ment au château de Flavignan; le site est
enchanteur, et jamais on n'eut de serviteurs
plus dévoués que ceux qui embellissent la
propriété; il faut citer d'abord le hussard
Reuaud, brave homme capable de se iaire
tuer pour son colonel et pour Hortense. Il
n'y a dans toute la maison qu'un seul mé
chant domestique , le jardinier François ,
dont la physionomie révèle d'ailleurs suffi
samment la bassesse native.
A peine le colonel esl-il parti pour Paris,
où l'appelle un ordre de l'état-major, que
François introduit a i château un inconnu ;
Hortense, guidée par un pressentîmes t.
s'écrie qu'elle ne veut voir personne. —
Suis-je quelqu'un? répond l'inconnu en
se présentant. — Sortez tous ! fait Hortense
éperdue à ses gens. — L'inconnu n'est autre
que Ro.ucevaux en personne. A l'encolure, à
l'insolence, vous av>>z reconnu le chenapan.
Est-ce de- l'argent qu'il lui faut encore?
Non, il lui faut le petitLucien.il semble que
l'état de ce Roncevaux soit de venir voler les
enfans d,e s i femma à mesure qu'elle en a.—
Vous me donnez des fils, dit-il, eh bien ! Ma
dame, je les prer.ds. — Comment se porte
mon Robert? murmure Hortense. — Servez-
moi à boire, réplique Roncevaux.
On apporte le Champagne. Tout en bu
vant, Ronce v aux accable Hortense d'injures;
il lui reproche de ne l'avoir jamais aimé :
—Que si vous m'avuz aimé, je serais devenu
un grand homme, au lieu d'être un profes
seur de langue verte dans les maisons de jeu
allemande! — Qu'entend-on par langue
verte? Nous avions déjà la sauce verte:
mais, si je ne me trompe, voilà la première
fois qu'on parle de langue verte au théâ
tre.—Roncevaux explique quela languaverte
est l'argot des joueurs et donne une Itçon à sa
femme. Hortense estbien en état de l'écouter!
Elle ne songe qu'à sauver son pecit Lucien.
Dieu merci! la nourrice l'a emporté. Voyant
que sa proie lui échappe, Roncevaux offre à sa
femme de divorcer. Jugez si l'infortunée ac
cepte la proposition avec transport. — Nous
divorcerons demain malin, ajoute galamment
Roncevaux à moitié ivrè. — Fi l'horreur !—
Hortense appelle au secours; le hussard Re
naud barre la porte; Rontevaux tire un coup
depistolet dansle ventre du hussard et court
après sa femme, qui, plutôt que de céder, se
jette du haut du balcon' dans la rivière. —
Notez que tout à l'heure le colonel Flavignan
avait eu la douleur d'écrire à Hortense qu'il
ne reviendrait plus, forcé qu'il ét»it par
l'Empereur d'épouser la fille, d'un maréchal
de France.
Et tout cela dans un simple prologue. ! On
fait de gros drames à moins. Le proloçue
porte un titre spécial; ils l'ont appelé/a
Langue verte ; mais ne croyez pas que la fin
soit eu langue moins.verte que le commen
cement : au contraire; tout le mélodrame
. est d'un vert étonnant; vert d'épinards,' vert
do gris, vert foncé ; quant aù vert tendre,
nous le laissons aux paysagistes.
Vingt ans à peine se sont écoulés depuis'
le prologue. Permettez-moi de Vous faire
grâce ues événemens politiques et des révo
lutions; qu'il vous suffise de savoir que Fla-
^ vignan a pris, à la cuSmbre, cette position
qui tint pendant des années la camarilla'en
échec Le général Flavignan est le chef et
l'idole du parti libéral. Lés ultras l'ont en
horreur, par exemple. On a voulu le corrom
pre, l'acheter ; toutes les bassesses tombent
aux pieds de cette vertu intraitable. C'est
alors que les jésuites, d'accord avec deux
gros banquiers royalistes, notamment avec
Bouvard, l'ennemi personnel de Manuel,
entreprennent dè perdre Flavignan par la ca
lomnie. On sait la part que le Drapeau blanc
Srit au complot. L'instrument des jésuites,
ans cette ténébreuse affaire, fut un certain
Macreuse, cabarelier-, recéleur, Voleur, et
soi-disant négociant en vieilles ferrailles et
vieilles planches de bateaux, dont l'établisse
ment était situé à la Bosse de Marne , —à côté
de Charenton.
Soulevez la casquette de loutre 'sous la
quelle Macreuse enfouit sa grosse tête féroce,
a t vo us allez reconnaître ce sacripan t de Ronce
vaux. Et l'associé de Macreuse, je vous le
^ donne à deviner en cent : c'est François, le
jardinier du prologue ! Quel métier ces
coquins peuvent faire, vous le soupçonnez,
tous les métiers, hors celui d'honnêtes gens.
Ils habitent un vieux moulin, cabaret le jour,
refaire la nuit ; la proximité de la rivière fa
vorise les relations, et l'on voit là réunis tous
les rots d'eau , les ravageurs, tous les rôdeurs
de nuit, enfin une société fortement mêlée
de re|jrisdejustice. j
Dans le cabaret vit une folle, qu'on ap
pelle Filoche, parce qu'elle passe sa vie à
remailler des éperviers, et qu'elle e$t tou
jours couverte de filets qu'elle traîne 1 après
elle comme une robe à queue. Pauvre Filo
che! avec ses grands yeux fixes et sa figure
de-morte, elle a tout oublié : comment elle
sejeladans la rivière, et comment elle fut
retirée de l'eau par Roncevaux et Fran
çois ; elle ne sait seulement plus qu'elle était
autrefois Hortense î Les deux ejnfans, Lucien
et Robert, ont grandi. Lucien a été élevé
sous les yeux de Flavignan, son père, à qui
la nourrice l'a apporté. On lui a fait croire
qu'il était le fils du hussard Renaud, devenu,
lui aussi, député de l'opposition en quittant
le service, et toujours dévoué à son ancien
colonel. Il va de soi que le coup de pistolet n'a
pas étéjnortel. Robert ne connaît pas les au
teurs dé sesjours, maisilreçoit une fortepen-
"sionquelui compte mensuellement Macreu
se, lequel se donne à lui comme un fondé de
pouvoir; il fréquente la bonne société, on
ne sait pas précisément à quel titre; il se lie
avec Lucien sans se douter qu'il est son frère^
etdevient amoureux de Mlle de Flavignan, a
laquelle il ose un jour faire une déclara
tion , croyant M. de Flavignan père retenu
à la chambre. Pour compléter les renseigne-
mens, ajoutonsqucM.de Flavignan est veuf;
la fille du maréchal, en mourant, ne lui a laissé
'qu'une fille, : celle précisément à laquelle
prétend œons Robert. — Il arrive qu'ayant
oublié dans son' cabinetrdes notes importan
tes, M. de Flavignan rentre inopinémètrt et .
surprend Robert aux genoux de Blanche.
—Sortez ! dit le père à sa fille ; puis", 1 s'a-,
dressant à Robert, il le traite comme le der
nier des aventuriers, comme un intrigant
sans aveu qui s'introduit dans'les maisons,
qui corrompt les jeunes gens; notamment le
cher Lucien, et fiûalemement il le chasse
honteusement.'
Il faut savoir que Roncevaux, sous son dé
guisement, et tout en faisant son commerce,
ne perd pas de vue un instant son fils Ro
bert; que c'est pour le voir et le surveiller
qu'il fréauente les salons,' habillé en vieux
marquis; bref, ce misérable Macreuse^ Ma- .
creuse le recéleur, s'est mis dans la tête de faire
épouser la fille del'illustreFlavignan àRobert.
En attendant, ilvole à Lucien deux cent cin
quante mille francs* que Flavignan lui a
confiés pour les porter chez sonugentdechan-
ge. Lucien perd la tète ; il n'ose avouer qu'on
l'a volé, il n'ose dire surtout qu'il a été volé
dans une maison de débauche, où il a passé
la nuit avec son camarade Robert. Comment
Retrouver les deux cent cinquante mille
francs? Pour les avoir, 1 Lucien vendrait ion
ame ! •- -
Or, c'est à cette époque que l'illustre Fla
vignan donnait les plus vives inquiétudes à
la camarilla. Les jésuites avaient résolu de-
se débarrasser de lui à tout prix. A leur ins
tigation, Macreuse enlève à Lucien son por
tefeuille, comme nous venons de le voir; et
ensuite le banquier Bouvard, leur ame dam
née, vient, avec une générosité feinte,-faire
ses offres de" services au malheureux jeu
ne homme.—Quoi! vous me prêteriez deux
cent cinquante mille francs?:—Oai","> mon
petit ami, ^à la condition que, dàns^ le rft-
çu, il sera dit que vous empruntez pour
BUIICJUIX : rm» de tmltM» nPalat«-Royal), »' *©.
B 1853.-IitnSDl 1-4 JUIN.
s5e8
H*
raiS SB li'ABOItKEÏ
^AIUS.'..T. ;. 18 F. PAB TRIMESTRÏ
BtPàfiTKMENS. .16 F. —
. DM NUMÉRO : *0 CKNTIMM.
»0UH LUS PATS ETRANGER», 56 reporte*
au tebleauqui sera publié dans le joureal,
le» iO 6 ï5 de oh&que mois.
Les
abonnemens datent det i" et 16
Ut chaque moi*.
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" Les articles déposés no sont pas rendus}
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
che'/î | On «"abonne, danbles départemens, eux Messageries tt aux Directions de posteï—A Londres, thei taS C©ira et tils* s
I — A Strasbourg, ehex M. AimNDNS, pour l'Allemagneâ ' <
S'adresser, franco; pour l'administration, d M. . -_L
Los a «noiioes so£it reçue» bureau du Journal; èiôbexM. PÀNIS» régisseur» ii, ® ■
Immédiatement/après la fin de la
session du Corps LégislatifM.Je
D r Y êron publiera, dans la partie
politique du Constitutionnel , une
série d'articles sous ce titre :
/
IiA W&AXCE NOUVEULE.
PARIS, 15 JUIN.
, Une convention sur l'extradition récipro-
. que des criminels a été conclue, il y a quel
ques années, entre la France et l'Angleterre.
Elle a été approuvée par les assemblées lé
gislatives des deux pays, mais elle n'a ja
mais pu recevoir qu'une exécution incom
plète. Du côté jde la France, aucune dif
ficulté ne s'est présentée. Tous les crimi
nels que le gouvernement anglais a récla--
més ont été arrêtés dans un bref délai et re
mis aux autorités anglaises. 11 n'en â pas
«té de même pour le& criminels dont la
France a demandé l'extradition. Sur qua
torze demandes,, une seule a été satisfaite :
parce que le coupable dont il s'agissait avait
été arrêté à l'île de Jersey. Lt 'S formalités
exigées par la loi anglaise pour constater l'i
dentité des prévenus et leur culpabilité sont
tellement multipliées,-qu'il a toujours été
impossible aux autorités françaises de les
remplir, toutes, et on a dû, de guerre lasse,
renou'cer à profiter des bénéfices de 1« k con
vention d'extradition. .
Il en est résulté un état de choses assez sin
gulier. Tandis que la France se débarrassait
aisément des criminels anglais, les criminels
français trouvaient un asile sûr en Angle
terre, et Londres menaçait de devenir le re
fuge et comme l'entrepôt général des repris"
de justice de toute l'Europe. Le gouverne
ment britannique a compris qu'il était temps
de mettre fin 8. une pareille anomalie, et de
faire-des efforts pour rendre exécutables
les conventions sur l'extradition. Le gouver-
- nernent français a insisté de son côté, à cause
des facilites croissantes que les chemins de
fer et les bateaux à vapeur offrent aux cou
pables pour, gagner le. sol britannique. Au
jourd'hui, Londres niest plus qu'a douze
. heures de Paris, et il est plus aisé de gagner
les rivages anglais'par Dunkerque, Calais,
Boulogne, le Havre et Dieppe* que de se ren
dre dans la plupart de nos villesde l'intérieur.
IÀ promptitude et la facilitémvec lesquel
les ou peut désormais se procurer au-delà
du détroit un refuge assuré, peuvent être
, regardées comme une tentation de plus pour
les fripons, çt-comme une sorte de prime
çjferte au crime. '
ï: Des négociations ont donc eu lieu entre les
deux gouvernemens, et ont abouti à une con-
/Vtention nouvelle qui a été acceptée par la
ÏTànceet qui est en ce moment soumise à l'exa-
; men duparlement anglais. C'est à la chambre
des lords qu'elles été portée d'abord par le mi
nistère, Elle y a rencontré d'assez nombreux
adversaires. La chambre des lords compte
dans son seiri plusieurs dés premiers ju
risconsultes d'Angleterre , qui se portent
comme les défenseurs des traditions, juri-
. diques de leur pays. La loi anglaise assure
' Û- l'étranger domicilié eri Angleterre tous
t laB bénéfices de la législation territoriale.
'Lfc.convention, pour être efficace, nécessitait
.. le sacrifice de quelques-unes des formalités
■ t protectrices qui garantissent la, liberté et
l'immunitédescitoyensangjjis. Lesjuïtscon-
sultes de la chambre des lords, justement
fiers de ces garanties qui sont le palladium
des libertés publiques, n'en veulent pas
flaire le sacrifice même pour les Français
, ;Tpfugjés, de peur d'affaiblir des principes
sacrés à leurs yeux. Ils persistent à ds-
mander: qu'on établisse la. culpabilité des
individus ilonLon réclame l'extradition. Or,
l'extradition «l'est récfemée que pouf pouvoir
établir par ! iin procès ^régulier cette même
: culpabilité. On tourne acrnc dans un cercle
dont il est impossible de sortir, et la con-
aboutir
vention nouvelle menace de. ne pas
plus que la précédente. .
La loi Que le-Corps Législatif a récem
ment votée pour la punition des crimes
et délits commis à l'etranger, a fait naî
tre un surcroît de difficultés. Les Anglais ap
préhendent que le gouvernement "français, à
l'aide de cette loi, ne se fasse de la convention
d'extradition une arme pour atteindre en
Angleterre les réfugiés politiques, et spécia
lement ceux dont les écri ts ou les discours lui
feraient ombrage. L'hospitalité de l'Angleter
re envers les proscrits, qui est à leurs yeux
un des titres de gloire de leur pays, leur pa
raît compromise : et un parti nombreux
s'oppose à ce qu'on livre à l'administration
française des hommes accusés seulement de
délits que n'atteint pas la loi anglaise.
La première discussion qui a oujieu, il
y a quelques jours, au sein de la cham
bre des lords, avait fait pressentir un échec
définitif pour la convention. Le ministre
des- affaires étrangères, lord Malmesbury,
pour prévenir un rejet, a essayé de donner
satisfaction aux objections principales qu'on
avait fait valoir dans le cours des débats. Ce
second projet n'a guère trouvé plus de faveur
que le premier, ainsi qu'on pourra s'en
convaincre en se reportant à la discussion
que nous publions -plus loin. Un 'troisième-
traité va être élaboré^, de concert-avec l'am
bassadeur de France à Londres : s'il est
plus heureux que les précédens , et s'il
réussit à sortir intact des trois délibéra
tions de la chambre des communes, il ren
dra nécessaire la présentation d'un nouveau
projet de loi au Corps Législatif. On voit que
la question est loin de son terme; et il est
fort possible que la dissolution du parle
ment fasse avorter définitivement cette né
gociation laborieuse.
CCCHEVAi'-CURIGNY.
Un projet de loi relatif à la juridiction des
consuls de France en Ctune et dins les Etats
de l'iman de Mascate, vient d'être présenté
au Corps Législatif; Parle traité conclu entre
la France et la Chine, le 24 septembre 1844,
le négociateur a eu pour objet, non-seule
ment d'assurer à notre commerce une com
plète participation à tous les avantages déjà
concédés au commerce anglais et américain,
mais encore de garantir efficacement, dans
çjjs pays éloignés, les personues et les biens
dé.nos nationaux. En conséquence,, il a été
stipuléquetoutescontestationss'élevantentre
Français dans les cinq ports ouverts au com
merce, dépendraient de la juridiction fran
çaise ; que toutes querelles ou toutes discus
sions survenant entre Français et Chinois
seraient jugées, pour les Français, par les
lois françaises devant le consul, et, pour les
; Chinois, devant les tribunaux du pays.
Des dispositions analogues ont été insérées
dansle traité passé également en 1844, entre
la France et l'iman de Mascate, chef des
Etats musulmans qui bordent la côte orien
tale d'Afrique. :
Le principe .de la juridiction de nos con
suls étant reconnu, il restait au gouverne
ment à en régler l'exercice. Il existait, à
cet égard, une législation toute faite :
c'était celle qui règle, sous ce rapport,
le» attributions de nos consuls dans les
Echelles du Levant et en Barbarie. Cepen-
dant'Ie grand éloignement des ports de la
.Chine et de la côte orientale d'Afrique devait
faire obstacle à l'application de la même lé
gislation en ce qui concerne les appels. C'est
a là cour d'Aix: que là loi défère les appels
formés contre lès décisions consulaires ren
dues dans les Echelles du Levant et dans
les, Etats harbaresques. La promptitude et
la fréquence des communications entre tous
les principaux ports de la Méditerranée ont
permis de concentrer ainsi dans une cour du
midi de la Frauce, le règlement, en dernier
ressort, de tous les procès qui y surgissent;
mais c'eût été imposer de trop lo'ugs délais,
de trop grandes fatigues, et des, dépenses
trop considérables, aux plaideurs résidant
en Chine ou à la côte d'Afrique, que les oblU
ger à porter leurs causes devant la cour de
Bordeaux ou celle de Paris.
En conséquence, le projet de loi détermi
ne que les appels formes contre les jugemens
rendue par les-consuls de Franco-en- Chine;
seront portés devant le tribunal de Pondi-
chéry, dans l'Inde, et que les dossiers des
affaires jugées en premier ressort par le
consul de France dans les Etats de Timaïi de
Mascate seront envoyés .à la cour d'appel de-
l'île de la fié«uioa^ Un service rcgalier de
bateaux à vapeur, organisé par les Anglais,
relie la Chine à Calcutta, voisin de Pondi-
chéry, et le trajet se fait en un mois; des re- '
lations régulières et fréquentes existent éga-.
lement entre Zanzibar, résidence habituelle
de Wman, et l'île de la Réunion.
Il ap partenait d'ailleurs-au gouvernement
de limiter autant que possible la faculté d'in
terjeter appel des arrêts rendus par les con
suls. Il est bon que la loi protège les plai
deurs contre leur propre obstination, qui
pourrait les conduire à leur ruine. Le projet
de loi dispose que le consul pourra pronon
cer en dernier ressort toutes les fois que l'ob
jet principal d'une contestation entre deux
Français n'excédera pas la somme de 3,000fr.
En outre le même article réserve aux parties
civiles le droit de renoncer par avance à la
faculté de l'appel.
Il est entendu en outre, que les cours de
Pondichéry et de la Réunion jugeront con
formément à leur propre constitution et
aux lois qiji règlent l'administration de la
justice dans nos colonies. Ces lois, qui sor-.
tent parfois du droit commun, ont été ren
dues en vue d
rer l'aclion de la justice. Elles s'appliquent
donc parfaitement à ceux de nos nationaux
qui résident dans des pays encore plus éloi
gnés. . . ' .
Un décret du 1 er février 1851 a ordonné
qu'il serait procédé au dénombrement de la
Sopulation totale de la France par les soins
es maires dans le cours de cette année. Ce
travail est terminé; le chiffre de la population
dans toute l'éteodue continentale de la Répu
blique" s'élève à trentè-cinq millions sept cent
quatre-vingt-un mille six cent vingt-huit
ames.
Dans les recensemens qui ont produit ce
chiffre total, et qui ont pour objet de servir
de base à l'assiette des impôts, on n'a pas
compris les catégories suivantes ; corps de
troupes de terre et de mer, maisons de force
et de correction ; maisons d'éducation cor
rectionnelle et colonies agricoles pour les
jeunes détenus; prions départementales;
bagnes; dépôts de mendicité; asiles d'alié
nés; hospices, et hôpitaux ; collèges natio
naux et communaux ; écoles spéciales ; sé
minaires ; maisons d'éducation et écoles
avec pensionnats ; communautés religieuses;
réfugiés à la solde de l'Etat ; marins du com
merce absens pour les voyages de long cours.
La population recensée a éprouvé une lé
gère augmentation depuis le dernier dénom
brement qui avait été fait en 1846. A cette
époque, le chiffre total des habitans ne s'é-t
levait qu'à 35,400,486 personnes.
Dans le dénombrement qui vient d'être
opéré, on a constaté qus le'nombre des fem
mes Est plus considérable que celui des
hommes. Le premier s'élève au chiffre de
18,367.470 ; tandis que le nombre des hom-
. mes u'atteiat que le chiffre d,e 1.7,033,016.
Les quatre-vingt-six départemens de la
République sont partagés en 363 arrondis-
semens, divisés en 1,847 cantons, subdivisés
eux-mêmes,en 36,835 communes. Chaque
.département ne compte pas un nombre
égal dfàrrondissemens, de cantons, ni de
communes. Ainsi j par exemple , le dé-
1>artement de la Somme, qui a une popu-
ation-de 570,641 ames, compte 5 arron-
dissemens, 41 cantons et 832 communes.
Le département du Nord, qui a une popula-
tibn de 1,158,285 ames, compte 7 arrondis-
semens, 60 cantons et 662 communes. Le
département de la Lozère, au contraire, qui
n'a quel44,705 ames dé population, compte
seulement 3 arrondissemens, 24 cantons et
193 communes. Le département des Hautes-
Alpes possède une population de 132,038
ames ; il,compte 3 arrondissemens, 24 can
tons et 189 communes.
De tous les départemens, c'est celui de la
Seine qui possédé la. plus nombreuse po
pulation ; il est divisé en trois arrondis
semens, 20 cantons et 81 communes. Ses ha
bitans sont au nombre de i,431;065. La ville
de Paris est comprise dans ce nombre
pour le. chiffre de 1 053,262, et les deux
arrondiss"m' ns de Sceaux et .de Saint-Denis
pour le chiffre de 367,803 personnes. Ces
nombres comprennent seulement les habi
tans domiciliées; la population flottante qui
se trouve toujours à Paris,et dont la moyen- ■
ne varie entre 100 à 150,000. ames est en de
hors de ces chiffres.
Les divers arrondissemens de la ville de
Paris ne sont pas également peuplés; le se
cond arrondissement est celui qui compte le
plus grand nombre d'habitans : il en a
iK,61Ç, le' huitième arrondissement vient,
après t.ll a 114,27i habitans, L'arrondisse
ment le moins peuplé est le quatrième, qui
ne compte que 48.896 habitans. Voici le
chiffre de, la population dans les divers ar
rondissemens de la capitale :
112,740
2 e 114,616
3°....:...... 65,359
4» 45,895
5 e ..' 97,208
.6" 104,540
T 69,735
8 e 114,271
9® 50,198
10« 113,875
11».....; 69,581
12 e ........... 95/243
L'arrondissementdeSceaux compte 133,011
habitans; l'arrondissement de Saint-Denis
a une population de 233,792 personnes.
Dans le département de la Seine, la pro
portion entre le nombre des hommes et ce
lui des femmes n'est pas la même que dans
la somme totale de la population de la Fran
ce. Les hommes sont en majorité : leur nom
bre s'élève au chiffre de 724,365 ; celui des
femmes n'atteint que le chiffre de 697,700.
Après le département de la Seine, celui
dont la population atteint le chiffre le plus
élevé est le département , du Nord, qui ren
ferme 1,158,285 personnes. Le département
de la Seine-Inférieure vient ensuite; il a-
7Ç3,039 habitans. Quatre départemens ont
plus de 600,000 ames de population; ce sont
ceux des Côtes-du-Nord, du Finistère, de
l'Itère.et de la Manche. -
Neuf départemens ont plus de 500,000
ames de population : ce sont ceux de f l'Ais
ne, de la Dordogne, d'IUe-et-Vilaine, de la
Loire-Inférieure, du Puy-de-Dôme, du Bas-
Rhin, du Rhône, de Saône-et-Loire et de la
Somme.
Dix-huit départemens ont plus de 400,000
qmes de population : ce sont ceux des Bou-
ches-du-Rhône, du Calvados, de la Charente-
Inférieure, de la Côte-d'Or, de 1 Eure, du
Gard, de la Haute-Garonne, de la Loire, de
la Meurthe, du Morbihan, de la Mos- lie, de
l'Oise, de l'Orne, des Basses Pyréné s, du
Haut-Rhin, delà Sarthe, de Seiue-et-Oise et
des Vosges. ,
Trente et-un départemens ont une popu
lation supérieuie a 300.000 ames : ce sont
ceux de l'Ain, de l'Allier, de l'Ardèche,
des Ardennes, de l'Aveyron, de la Charente,~
du Cher, de la Corrèze, de la Drôme, du Gers,
de l'Héraut t, d'Indre-et-Loire, du Jura, des
Landes, de la Loire, du Loiret, d;iLot, de
Lot-et-Garonne, de la Marne, de la Mayenne,
de la-Meuse, de la Nièvre, de laHaute-Saône,
de Seijie-et-Marné, des Deux-Sèvres, du Tarn,
du Var, de la Vendée , de la Vienne, de la
Haute-Vienne, et de l'Yonne.
La population des autres départemens va-
xifijfintre 100 et 300.000 ames. Quatre seule
ment, ceux des Basses et des Hautes-Alpes,
de la Lozèrà et des Pyrénées Orientales, ont
une population inférieure à 100,000 ames.
_ L. B oniface.
Nous trouvons dans le Moniteur de ce jour
(sommaire 5e la séance du samedi 12 juin,
au Corps Législatif), la mention, telle qu'elle
doit être rétablie, du quatrième des impôts
proposés par les projets de loi. dont commu
nication a été donnée dans cette séance.
Lè sommaire, publié par le Constitutionnel,
et par tous les autres journaux, portait :
«l°Un impôt sur les voitures.'»
Le Moniteur contient la mention exacte
que voici : « 4° Un impôt sur les voilures et
chevaux de luxe, et sur les chiens. »
La cour. Rappel de Rouen a prononcé hier
son arrêt dans l'affaire de M. Verney, ancien
• président du tribunal de commerce d'Evreux,
poursuivi devant la cour à la requête de M.
le procureur général qui s'était rendu appe
lant du jugement de première instance, par
lequel M. Verney, accusé d'excitation; a la
haine et au mépris du gouvernement avait
été acquitté. '
Voici le texte de l'arrêt de la cour ; il fait
connaître suffisamment les faits ;
- « La cour,
» Attendu que les.poursuites ont pour unique
objet la répression du délit d'excitation à la haine
et au mépris dû gouvernement ;
» Attendu que ce délit, résulterait, d'après la
prévention,' du , dernier paragraphe de k lettre
éerite pir Verney au procureur de la Republique
à Evreux, le 26 avril dernier, et qui est ainsi
conçu :
a Mais il serait trep grave de revendiquer plus
» longtemps ce que nous croyons être le droit. La
» magistrature elle-même nous ^pura gré de ne
» pas exposer la robe du juge à succomber sous la
» lorce atle -nous an no'iice'yotre dépêché. -
» AUendU' que3 ^ueNjiie-ftlâmablfc qu'ait .été-la
conduite de Verney dans celte affaire, la cour ne
peut- teir dans les termes de cette partie de si!
lettre le délit d'excitation à la haine et au mépris
du gouvernement, puisque l'ordre en vertu du
quel la iorce devait être employée pouf empêcher
d# siéger les juges qui avaient refusé de prêter le
serrr.mt n'émanait pas da gouvernement
» Qu'il n'y a pas lieu dès lors lui faire l'applica
tion de la loi pénale,
» Par ces motifs,
» Confirme le jugement dont est appel sans dé
pens. » .V. Cochinat.
Nous avons rapporté, d'après notre corres
pondance de Rome, comment s'était passée
la cérémonie de la^remise des drapeaux au
rori s d'armée français,. Voici le récit que fait
le Journal de Home de cette solennité :
* Rome, 4 juiÉi.
Le 2 courant, la division militaire française, en
garnison à Rome s'est réunie sur la place du Vati
can afin de recevoir les nouveaux drapeaux en
voyés de Paris par le prince-Président. Le général
Gémeau, commandant en chef cette division, après •
avflir parcouru les lignes des divers régimens, a
fait former le carré et il a remis aux corps respec
tifs les nouveaux drapeaux en adressant aux trou
pes l'allocution suivante :
u Soldats.de la division d'occupation,
» Le prince-Président df: la République nous rend
les aigles françaises et nous ordonne de mourir, s'il
le faut, pour les défendre Nous obéirons! — Mais
aujourd'hui qui pourrait donc-avoir la pensée de
les attaquer ? — D'un autre côté, où la France
trouverait - elle un ennemi à combattre, parmi les
puissances ét'angères? Toutes les armées de l'Euro
pe se sont levées pour la même caus# ; et aujour
d'hui toutes-sont prêtes à se donner la main, pour
marcher réunie» à une même conquête, la plus- bel
le, la plus précieuse de toutes, la cenquête de tordre
et du bonheur des peuples.
» En se plaçant à la tête de cette nouvelle croisa
de, si glorieusement commencée à Rome, Louis-Na
poléon veut que l'armée française retrouve au besoin,
les plus énergiques souvenirs de ses plus grauds "
jours; et il lui rend ses aigles! Gloire et reconnais
sance k Louis-Napoléon ; oui, gloire et reconnaissan
ce, car si l'Empereur est le héros du siècle, Louis-
Napoléon veut en être le bienfaiteur.
» Tous ensemble, pressons-nous donc autour de
ce drapeau, qu'une main puissante et sage vient' de
relever sous de si heureux aui-pices: tous ensemble
encore, et "devant. Saint-Pierre de Rome qui fera écho
"pour l'univers, saluons les aigles françaises par ce
cri qui a-rallié et sauvé la France : Vive le Président
de la République! vive Napoléon !»
Les troupes ont répondu par de nombreux vi-
yats au discours du général Gemeau. Le général a
distribué ensuite aux officiers, sous-officiers et sol
dats, les décorations "et médailles que le Président
de la République leur avait accordées pour servi
ces runaus ; il y a âjouté la distribution de quel
ques décorations gracieusement accordées par le
haint-père à plusieurs officiers et soldats de la
garnison. Le général a prononcé, à ce propos, la
courte allocution suivante :
« Messieurs, le souverâin pontife, toujours bien-
fa'sant pour la division d'occupation, lui avait ac
cordé quelques-unes de ces décorations, si précieu
ses pour des soldats français et chrétiens. J'ai voulu
Erofiter de cette circonstance pour vous les distri-
uer. aujourd'hui, afin de compléter par une pensée,
religieuse notre fête militaire et nationale. »
Cette solennité militaire'avait attiré sur la place
du Vatiean une fouk immense. Dans la soirée,
les officiers de la division se sont réunis clans
les salles sur la grand'garde à la place Colonna,
et-ils ont reçu une société d'élite, qui avait été
spécialement invitée. Les sous-officiers et soldats
décorés soit de la- Légion-d'Ilonneur, soit de la
médaille militaire, soit des ordres décernés par le
saint-père, ont "pris part à cette fête, ayant été
invités par leurs chefs. Hier au soir, le général
Gémeau a donné une fête très brillante dans ses
appartenons. (Journal de Rome.)
ORAGES DANS LE BAS-LANGUEDOC.
Le Messager du Midi, journal de Montpel
lier, donne des détails sur les dévastations
qui ont été produites par les derniers orages
dans le Bas-Languedoc, .Nous empruntons
au Messager, du Midi, les passages suivans :
« Grossi subitement, L? Lez a déboidé sur ses
rives, qu'il a ravagées par la lapidité. inouïe de
ses eaux, élevées, en moins d'une demi-heure à
'5 mètres au-dessus de leur niveau ordinaire.
La crue , qui s'était déjà fait un peu sentir
après les averses de la nuit, a commencé, 1
vers deux heures et demie, à . se produire
avec une rapidité effrayante, qui n'a pas laissé
le temps aux riverains de prendre les précautions
nécessaires pour mettre leurs propriétés à l'abri d".
l'inondation. A peine le premier grondement du
courant, décuplé par tous les afiluens imprevi>és
qui lui apportaient sans cessé des tnrrens d'eau
jaune et terreuse, s'était-il fait entendre, que déjà
■les arbres déracinés flottaient à la surface,, mêles
à des meubles, à des planches,'à des tonneaux, à
des sacs deferinc.
» Un pareil débordement n'avait .pas eu lieu
depuis le mois de septembre 1810. Nous ignorons
encore toute l'étendue' des pertes qu'il a causées;
toutefois nous avons été à même d'en apprécier
une partie, depuis le moulin de Sauret jusqu'au
port Juvénal ; ces pertes sont malheureusement
• très considérables, et si, comme cela n'est que trop
d4-
présumable, la rivière, *1 calme dordinairè, a
passé son niveau en amont et en aval de c -tte
cou rte sectiori', nous aurons à constater de# doœ-
m » g ^- é Au ? port'j uvétiâl, rm des hangars de Fen-
trepôt du port, qui contenait quatre cents sara de
farine, a été envahi par le torrent, qui les . a J> a '^
en partie,demême quesoixante àquatre-vingtston-
neauï de vin, récemment débarqués sur le bord. Us
arbres, les moissons, les vignes situés sur1 * " ®
gauche du Lez, ont été broyés en quelques instar»,
§t sans le courage de MM. Auguste Pages, e mpbyé
à la mairie de Montpellier, et Galot, ouvrierinaço »
quatre femmes et Un enfant auraient péri, noyé#
dans une des chambres, du premier étags duoe
maison où ils avaient cherché un abri contre
dangers qui les menaçaient.
» Les secours ks'pltis empressés ont été fournis
par iln détachement d'artilleurs, que conduisit
M. le lieutenant Menoly, et par u il piquet derol-
tigeurs du 1 er bataillotï du S 4 léger, dont m, w
lieutenant Thor dirigeait les efforts. ■ .
» Bientôt la présence de M le général Rostolan,
commandant s'upé'ieur. est venue donner un sa
lutaire encouragement aux travailleurs, t'etaii
accompagné de son alde-de-camp, M. le capitaine
d'état- major Soitoux. M. le cùionel chef d état-major
Bracquehaye l'avait, précédé de' quelques înstans.
M. le général de Rostolan est constamment resteft
cheval au milieu des soldats, depuis quatre heurte
jusqu'à sept heures du soir, donnant des ordres, vi
sitant les peint»menacés de nouveaux sinistres. La
foule qui stationnait sur les rives l'a accueilli avec
lesmarques d'une respectueuse sympathie.Fresde
lui se tenaient M. le colonel en retraite m
be, adjoint au maire de Montpellier, M. de Bonala,
maire, qui, dès le premier TBoment de l'inonda
tion, ayant été prévenu que le cimetière Saint-
Lazare était envahi, s'y était transporté avec1 ar
chitecte de la ville, pour voir quels seraient les
moyens de préserver les tombes ; puis il est venu
au port Juvenal, où il est resté jusqu'à une seura
assez avancée de la nuit, avec un détachement du
3" régiment du génie. .
» On écrit de Lunel que la grêle s'est mêlée a
la pluie et qu'elle a causé les' plus grands dom
mages dans plusieurs communes de ce canton, &
Boisseron, notamment. Plusieurs rivières ét tor-
rens étaient sortis de leur ht comme le Le* et ,1a
Mosson. - .
» Si nous en croyons plusieurs personnes qui
ont passé le 9 juin sur les bords de l'Hérault et du
Vidourle, avant la gran le averse de l'aorès-midi,
ces deux rivières étaient déjà prêtes à deborder.
Cette nouvelle nous fait craindre d'avoir à enre
gistrer de nouveaux sinistres. »
NOUVELLES ETBAMGEHES.
ANGLETERRE.
chambre des tORDS.— Séanoe du 10 juin.
Sur l'ordre du jour, tendant' à ce que la' dhka-
bre se farme u èn' comité' sur le ,- .proj«t de^-éemtén-
tion avec la France relativement à l'extradition
des criminels, le eomte de Malmesbury dit : Com-'
me il s'est Manifesté, lors de la présentation de'ce
bill à la cliambre, diyérses opinions parmi Leura
Seigneuries à' l'égard de la' garantie donnée à la
liberté du sujet, j'ai cru nécessaired'introduire quel
ques chabgemeng. On a fait au bill une objection
en ce qui concerne le pouvoir d'entamer une'nou-
velle convention ; mais aujourd'hui, si Leurs Sei
gneuries m'autorisent à changer "la loi actuelle", et
à entamer une convention nouvelle,"cette convenu
tion pourra être dressée en vingt-quatre heures, de
concert avec l'ambassadeur de France, qui m'af
autorisé à déclarer que le. gouvernement français
est disposé à donner son' adhésion aux améride-
jalouse crainte qu'éprouvent les nobles lords quant
àrla liberté du sujet. Il avait été proposé d'abord
de livrer un prisonnier aussitôt après son arresta
tion, si les magistrats étaient convaincus' dë son
identité- An lieu de cela; je proposerai que le se-
crétaired'Etat nedécerrie un mandat d'arrêt quê'lors-
qu'il y aura raisonnablement lieu de ne pas douter ds
l'identitéde l'accusé, etquecelui-ci ne sera, pour au
cune raison quelconque, livré au gouvernement
français', sans qu'on sfe soit "procuré, au préalable,
l'acte d'accusation ou de mise en accusation, attendu
que ce magistrat est indépendant du pouvoir exé
cutif. L'ambassadeur de France m'a promis qu'une
foi parfaitement analogue à celle-ci serait passée
en FraSie (Ecoutez ! ) Je m'aperçois qu'un noble
• comte sourit ; mais si l'on nè croit pas à" la parole
d'un homme d'honneur, il est dès lors impossible
de rien faire : on ne pourra pas du tout conclure
une convention. Les gouvernemfens'doivent se'fier
les uns aux autres.
Lord Campbell. — Leurs Seigneuries doivent
avoir un but commun pour ' concourir sérieuse
ment à l'adoption de ceMl. La proposition faite
actuellement par le noble comte'a, certes, moins
d'incenvéniens que ce que le bill avait proposé daus
le principe. Si le juge d'instruction n'était" pas
amovible, la proposition serait moins co'ntestar-
ble ^toutefois, j'hesiierai? encore à m'en rapporter
tout à fait à ce que pourrait dire ce niagisûat.
Selon moi, la convention serait irréprochable, si
l'on exigeait qu'il fût donné au secrétaire d'Etat
une pveuve raisonnable de la culpabilité réelle de
l'individu accusé, et de la nécessité de le livrer.
Mais si le parlement consent à une disposition qni
revient à autoriser le pouvoir exécutif à opérer, sans
preuve raisonnable* l'extradition de tout citoyen
français, alorsl'Angleterrecessera d'être cë'qu'elle
FEOtUHO» BD 0 «STITUTIOSISEL, IUB.
THÉÂTRES.
?ÇRTE -S aint- M arxin : Its Nuits de la Seine, mélo
drame çn neuf tableaux, de M. Marc Fournier. —
T audeville : le Portier de sa maison, vaudeville
-en un acte, deM. Clairvillef'
Mânes de Pixérécourt, vous avez dû tres-
«lillir! Le mélodrame nous est rendu dans
sa pureté, sa beauté, avec le » rire et. les
larmes, avec la jeune dame, le-mortel ver
tueux , le noble serviteur, le traître, les
fausses clés, les trappes, la cassette, pht-
sieurs secrets terribles j et quarante vo-
. letïrs au moins, tout autant qu'il y en avait
dans Ali-Baba! J'en félicite sincèrement la
Porte-Saint-Martin. Cet intelligent théâtre
aîeu le courage de sa tentative; il laisse à
ë'autres les manières et les prétentions; il ne
fait pas semblant dejouerdi 'S tragédiesetdes
chefs d'oeuvre de haute littérature en dix-
huit tableaux; -c'est, dit-il, même sur son
affiche, un vrai mélodrame que je vous don
né,—et il nous l'a donné.
La jeune dame est vêtue de blanc, «telle
porte sur son ; yisage l'intéressante pâleur du
mélodrame. Trop sensible Hortense, que de
pleurs vous avez déjà répandus ! Vos beaux
yeux sont une source intarissable. Si. jeune
et déjà si malheureuse 1 Hortense a deux en-
fans, dont l'un est son regret et l'autre son
remords. Quelle anxiété pour une jeune mère !
L'action se passe dans un grand château, *ur
les bords de la Seine; c'est 1« qu'on voit Hor-
tensf, sous le nom di: Mnw He Flavignan, ré
pondre passionnément à l'amtur qu'elle a
inspiré à notre célèbre Fiavignan, alors co-
lopel de hussards. (On sait qu'après avoir
été le plus bel.oi Acier de l'armée impériale,
Flavignan devint plus tard, sous la,Restau
ration, le grand orateur libéral de la cham
bre des députés.)
Û'où vient qu'Hortense de Flavignan, ado
rée d'un militaire qu'elle paie de retour,, et
qui a mis le comble à ses vœux en la rendant
mère du petit Lucien, verse en secret des tor-
rensde larmes? La malheureuse ! Oh! certes,
elle est plus malheureuse qu'e coupable!
Elle ne se nomme pas Flavignan; le prêtre
n'a point consacré son union au pied des au-
tels.... Elle vit avec son amant......! Le petit
Lucien, cet enfant délicieux, est le remords
de sa mère... mère déplorable qu'un ma
riage antérieur lie à un certain Roncevaux,
dont elle a eu un premier fils. Il s'appe
lait Robert, le-cher nouveau-né; un jour
Roncevaux, après avoir indignement traité
sa femme, après l'avoir ruinee,,s'en est allé
emportant le petit Robert ; si bien qu'Hor
tense est rester avec un cuisant regret au
quel est venu plus tard s'ajouter ùn remords.
Tel est le résultat moral de sa fécondité !
Néanmoins la vie s'écoule assez douce
ment au château de Flavignan; le site est
enchanteur, et jamais on n'eut de serviteurs
plus dévoués que ceux qui embellissent la
propriété; il faut citer d'abord le hussard
Reuaud, brave homme capable de se iaire
tuer pour son colonel et pour Hortense. Il
n'y a dans toute la maison qu'un seul mé
chant domestique , le jardinier François ,
dont la physionomie révèle d'ailleurs suffi
samment la bassesse native.
A peine le colonel esl-il parti pour Paris,
où l'appelle un ordre de l'état-major, que
François introduit a i château un inconnu ;
Hortense, guidée par un pressentîmes t.
s'écrie qu'elle ne veut voir personne. —
Suis-je quelqu'un? répond l'inconnu en
se présentant. — Sortez tous ! fait Hortense
éperdue à ses gens. — L'inconnu n'est autre
que Ro.ucevaux en personne. A l'encolure, à
l'insolence, vous av>>z reconnu le chenapan.
Est-ce de- l'argent qu'il lui faut encore?
Non, il lui faut le petitLucien.il semble que
l'état de ce Roncevaux soit de venir voler les
enfans d,e s i femma à mesure qu'elle en a.—
Vous me donnez des fils, dit-il, eh bien ! Ma
dame, je les prer.ds. — Comment se porte
mon Robert? murmure Hortense. — Servez-
moi à boire, réplique Roncevaux.
On apporte le Champagne. Tout en bu
vant, Ronce v aux accable Hortense d'injures;
il lui reproche de ne l'avoir jamais aimé :
—Que si vous m'avuz aimé, je serais devenu
un grand homme, au lieu d'être un profes
seur de langue verte dans les maisons de jeu
allemande! — Qu'entend-on par langue
verte? Nous avions déjà la sauce verte:
mais, si je ne me trompe, voilà la première
fois qu'on parle de langue verte au théâ
tre.—Roncevaux explique quela languaverte
est l'argot des joueurs et donne une Itçon à sa
femme. Hortense estbien en état de l'écouter!
Elle ne songe qu'à sauver son pecit Lucien.
Dieu merci! la nourrice l'a emporté. Voyant
que sa proie lui échappe, Roncevaux offre à sa
femme de divorcer. Jugez si l'infortunée ac
cepte la proposition avec transport. — Nous
divorcerons demain malin, ajoute galamment
Roncevaux à moitié ivrè. — Fi l'horreur !—
Hortense appelle au secours; le hussard Re
naud barre la porte; Rontevaux tire un coup
depistolet dansle ventre du hussard et court
après sa femme, qui, plutôt que de céder, se
jette du haut du balcon' dans la rivière. —
Notez que tout à l'heure le colonel Flavignan
avait eu la douleur d'écrire à Hortense qu'il
ne reviendrait plus, forcé qu'il ét»it par
l'Empereur d'épouser la fille, d'un maréchal
de France.
Et tout cela dans un simple prologue. ! On
fait de gros drames à moins. Le proloçue
porte un titre spécial; ils l'ont appelé/a
Langue verte ; mais ne croyez pas que la fin
soit eu langue moins.verte que le commen
cement : au contraire; tout le mélodrame
. est d'un vert étonnant; vert d'épinards,' vert
do gris, vert foncé ; quant aù vert tendre,
nous le laissons aux paysagistes.
Vingt ans à peine se sont écoulés depuis'
le prologue. Permettez-moi de Vous faire
grâce ues événemens politiques et des révo
lutions; qu'il vous suffise de savoir que Fla-
^ vignan a pris, à la cuSmbre, cette position
qui tint pendant des années la camarilla'en
échec Le général Flavignan est le chef et
l'idole du parti libéral. Lés ultras l'ont en
horreur, par exemple. On a voulu le corrom
pre, l'acheter ; toutes les bassesses tombent
aux pieds de cette vertu intraitable. C'est
alors que les jésuites, d'accord avec deux
gros banquiers royalistes, notamment avec
Bouvard, l'ennemi personnel de Manuel,
entreprennent dè perdre Flavignan par la ca
lomnie. On sait la part que le Drapeau blanc
Srit au complot. L'instrument des jésuites,
ans cette ténébreuse affaire, fut un certain
Macreuse, cabarelier-, recéleur, Voleur, et
soi-disant négociant en vieilles ferrailles et
vieilles planches de bateaux, dont l'établisse
ment était situé à la Bosse de Marne , —à côté
de Charenton.
Soulevez la casquette de loutre 'sous la
quelle Macreuse enfouit sa grosse tête féroce,
a t vo us allez reconnaître ce sacripan t de Ronce
vaux. Et l'associé de Macreuse, je vous le
^ donne à deviner en cent : c'est François, le
jardinier du prologue ! Quel métier ces
coquins peuvent faire, vous le soupçonnez,
tous les métiers, hors celui d'honnêtes gens.
Ils habitent un vieux moulin, cabaret le jour,
refaire la nuit ; la proximité de la rivière fa
vorise les relations, et l'on voit là réunis tous
les rots d'eau , les ravageurs, tous les rôdeurs
de nuit, enfin une société fortement mêlée
de re|jrisdejustice. j
Dans le cabaret vit une folle, qu'on ap
pelle Filoche, parce qu'elle passe sa vie à
remailler des éperviers, et qu'elle e$t tou
jours couverte de filets qu'elle traîne 1 après
elle comme une robe à queue. Pauvre Filo
che! avec ses grands yeux fixes et sa figure
de-morte, elle a tout oublié : comment elle
sejeladans la rivière, et comment elle fut
retirée de l'eau par Roncevaux et Fran
çois ; elle ne sait seulement plus qu'elle était
autrefois Hortense î Les deux ejnfans, Lucien
et Robert, ont grandi. Lucien a été élevé
sous les yeux de Flavignan, son père, à qui
la nourrice l'a apporté. On lui a fait croire
qu'il était le fils du hussard Renaud, devenu,
lui aussi, député de l'opposition en quittant
le service, et toujours dévoué à son ancien
colonel. Il va de soi que le coup de pistolet n'a
pas étéjnortel. Robert ne connaît pas les au
teurs dé sesjours, maisilreçoit une fortepen-
"sionquelui compte mensuellement Macreu
se, lequel se donne à lui comme un fondé de
pouvoir; il fréquente la bonne société, on
ne sait pas précisément à quel titre; il se lie
avec Lucien sans se douter qu'il est son frère^
etdevient amoureux de Mlle de Flavignan, a
laquelle il ose un jour faire une déclara
tion , croyant M. de Flavignan père retenu
à la chambre. Pour compléter les renseigne-
mens, ajoutonsqucM.de Flavignan est veuf;
la fille du maréchal, en mourant, ne lui a laissé
'qu'une fille, : celle précisément à laquelle
prétend œons Robert. — Il arrive qu'ayant
oublié dans son' cabinetrdes notes importan
tes, M. de Flavignan rentre inopinémètrt et .
surprend Robert aux genoux de Blanche.
—Sortez ! dit le père à sa fille ; puis", 1 s'a-,
dressant à Robert, il le traite comme le der
nier des aventuriers, comme un intrigant
sans aveu qui s'introduit dans'les maisons,
qui corrompt les jeunes gens; notamment le
cher Lucien, et fiûalemement il le chasse
honteusement.'
Il faut savoir que Roncevaux, sous son dé
guisement, et tout en faisant son commerce,
ne perd pas de vue un instant son fils Ro
bert; que c'est pour le voir et le surveiller
qu'il fréauente les salons,' habillé en vieux
marquis; bref, ce misérable Macreuse^ Ma- .
creuse le recéleur, s'est mis dans la tête de faire
épouser la fille del'illustreFlavignan àRobert.
En attendant, ilvole à Lucien deux cent cin
quante mille francs* que Flavignan lui a
confiés pour les porter chez sonugentdechan-
ge. Lucien perd la tète ; il n'ose avouer qu'on
l'a volé, il n'ose dire surtout qu'il a été volé
dans une maison de débauche, où il a passé
la nuit avec son camarade Robert. Comment
Retrouver les deux cent cinquante mille
francs? Pour les avoir, 1 Lucien vendrait ion
ame ! •- -
Or, c'est à cette époque que l'illustre Fla
vignan donnait les plus vives inquiétudes à
la camarilla. Les jésuites avaient résolu de-
se débarrasser de lui à tout prix. A leur ins
tigation, Macreuse enlève à Lucien son por
tefeuille, comme nous venons de le voir; et
ensuite le banquier Bouvard, leur ame dam
née, vient, avec une générosité feinte,-faire
ses offres de" services au malheureux jeu
ne homme.—Quoi! vous me prêteriez deux
cent cinquante mille francs?:—Oai","> mon
petit ami, ^à la condition que, dàns^ le rft-
çu, il sera dit que vous empruntez pour
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