Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-02-12
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 février 1852 12 février 1852
Description : 1852/02/12 (Numéro 43). 1852/02/12 (Numéro 43).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 43.
BlJElEAir& î rue de Vaiois (Palais-Royal); n' lO.
185-2.-JEUDI 12 FÉVRIER.
pris de x'ABonnEstcarr
vour Paris et les départemens :
ROIS BOIS. 12 F. | SIX MOIS.. 11 F.
DM AN.. .. 40 F.
pour les pats étrangers , se reporter-
ar tableau qui sera publié dans le jourasl,
les 10 et 25 de chaque mois.
lit abonnement datent (fes 1« et 16
de chaque mois,
ïr
S'adresser, franco, peur la rédaction^ à M." F onif ÀC
Les articles 'déposés ne sont pas rendus
JOURNAL. POLITIQUE,
i
LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
On s'abonne, dans la départemens', aux Messa jerieseï aux\Dircctiom de poste.—A Londres, chez MM. COWIE et FILSJ
— A Strasbourg, chez M. A lexandre, mur l'Allemagne,
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Les annonças sont iv çues au bureau du journal ; et chez M. panis, régisseur, 10, place de la Bourse
.PARIS, lfc FÉVRIER.
Lord John Russelî a donné lundi soir
connaissance à la chambre dos communes
(lu bill de réforme qu'il s'était engpgé l'an
.dernier à présenter - au parlement. 11 en
demandera la première lecture mercredi,
et le débat sur la seconde lecture, qui est
toujours l'épreuve décisive, est fixé au 27 fé
vrier. Le sort du bill, et par suite celui du
ministère, seront donc fixés avant Pâques,
et, si une dissolution devient nécessaire, les
élections gépérales pourront avoir lieu dans
les premiers jours du printemps.
La,mesure de lord John Russell, à en juger
par la discussion générale de lundi, ne semble
pas du reste devoir soulever de grands ora
ges. JJn orateur l*a définie assez bien, en di
sant qu'on devrait l'intituler : Projet de loi
pour maintenir le ministère au pouvoir.
Son principal et presque unique objet est
en effet d'acquitter la promesse faite en fé^
vrier 18M par lord Jolm Russelj, et de don
ner ainsi aux députés radicaux un prétexte
honnête dé continuer leur appui au gou
vernement. Co prétendu bill de réforme
n'apporte à la législation actuelle que des
modifications de détail; il ne l'altère sur au
cun point important, et il n'exercera aucune
influence sensible sur la fulurç composition
du parlement. Si l'orgiftiisâtionjfcguelle delà
chambre des communes soulerarfen Angle
terre le moindre mécontentement; si l'agita
tion réformiste existait autre part qu'au sein
du comité présidé par sir Joshua Walmsley;
s'il y avait trace quelque partie la moindre
préoccupation à ' ce sujet, et d'un désir
sincère et sérieux de changement, le pro
jet de loi de lord JohnRusselfrserait accueilli
comme une mésure dérisoire. Mais comme
l'esprit public est parfaitement indifférent à
toutes ces questions, et se,préoccupe beau
coup plus des événemens de France, de la
guerre du Cap, et de mille autres affaires,
lord John Russell a pu impunément apporter
au parlement un bill que les radicaux quali-
'fient d'insignifiant, et que les tories eux-
mêmes proclament inoffensif. .
Ce n'est pas que nous blâmions lord John
Russell d'avoir cherché à se tirer au'meil
leur marché possible du mauvais pas où il
s'était mis par une imprudente promesse. Il
a fait preuve à la fois de bon sens et de patrio
tisme. Rien n'est plus aisé que de bouleverser
une législation et de proposer des réformes ra
dicales, sans s'inquiéter des résultats'; on ac
quiert ainsi, à bon compte, le renom d'un
grand réformateur. La vraie difficulté consis
te, au contraire, à conserver ce qu'on a. Lord
John Russell a compris que s'il portait
imprudemment la main sur une législation
dont personne ne se plaint sérieusémenl ; il
heurterait le sentiment conservateur en An
gleterre et tournerait contre lui tQus les
gens sensés, vraiment amis de leur pays. Mais
ce n'est pas seulement l'intérêt qu'il a pris
pour guide. "Lord John Russell se rend
compte de la situation de l'Angleterre, et il
n'est pas homme,* Ëïême pour conserver ie
pouvoir, à jeter sa patrie dans les aventures
politiques.
Si le bill de réforme de 1832 a provoqué
' une résistance acharnée et a passion'é tou
te l'Angleterre, tfc'est que cette grande me
sure à laquelle est attaché l'honneur du
nom des Grey et des Russell ne se bor
nait pas à appeler à la vie politique une
classe qui avait été tenue en-dehors de toute
influence^; c'est qu'elle consommait en même
temps toute une révolution. Elle frappait
directement l'aristocralie, .en privant du
droit de nomination quantité de bourgs-
pourris, qui assuraient à leurs proprié
taires une influence lucrative ; mais , en
outre , elle diminuait le nombre des dé
putés attribués dfcx comtés agricoles du sud
pour accroître la représentatif ns des comtés
manufacturiers du nord. Le.bill-de réforme
mettait donc fin à c la prépondérance irrésisti
ble que les intérêts territoriaux avaient tou
jours exercée au sein de la chambre des com
munes, et en face de l'influence de l'agricul
ture elle constituait fortement l'influence ri
vale du commerce et de l'industrie, en ac
cordant des députés aux grands ports de mer
et aux cités manufacturières,
Lord Jo'hn Russell, à qui revient en partie
l'initiative de ce grand changement, n'en
méconnaît'pas la portée ; et parce que cette
périlleuse expérience a réussi une fois, il
ne se croit pas autorisé à la renouveler
sans cesse. L'introduction dans la cham
bre des communes d'un élément plus ac
tif et plus ami de la nouveauté, a pu
produire de bons effets; c'est en s'appuyant
sur les intérêts commerciaux et industriels
que sir Robert Peel a pu refondre le système
financier de son pays; mais qui oserait af
faiblir encore l'élément conservateur au sein
du parlement? C'est là ce que veut le parti
radical, quand il réclame, une répartition
nouvelle de la, représentation, nationale. Il
demande qu'on diminue la part faite aux
comtés, c'est-à-dire aux électeurs agricoles,
et qu'on prive du droit d'élire les bourgs ru
raux pour accorder pluk de députés aux
grandes cités manufacturières. C'est là, à
ses yeux, la seule réforme sérieuse, la seule
digne de ce nom.
Une telle réforme n'améliorerait pas Mœu-
vre de 1832, elle la recommencerait. Elle ré-
duiraità l'impuissancel'intérêtagricole et con
servateur, elle.consacrerait le triomphe défini
tif des classes industrielles. Lord John Russell
ne souhaite rien de semblable; il ne veut pas,
sous prétexte de réforme, détruire une forme
de gouvernement qui a suffi jusqu'ici à la
grandeur, à la prospérité et à la liberté de son
pays, il ne veut pasprendre la responsabilité -
de lancer l'Angleterre dans la voie de la dé
mocratie. L'insignifiance de son projet de
loi n'atteste que sa propre sagesse et son pa
triotisme; mais peut-être aurai t-il mieux valu
encore ne pas donner l'exemple du change
ment, et ne pas frayer la voie à des réforma
teurs moins prudèns et moins bien inten
tionnés. * .
Lord John Russell a calqué soigneusement
son projet de loi sur le bill de 183-2 ; il s'est
gardé d'introduire dans la copie' un seul
principe qui ne fût déjà dans l'original.
Ainsi point de scrutin secret, point de chan
gement dai4$.la durée du parlement, point
d'innovation dans la répartition des sièges,
point d'altération dans les Circonscriptions.
Aucun des élémens essentiels qui entrent
dans la composition de la chambre'des conï-
munes n'est altéré; aucun des ftands inté
rêts nationaux ne voit ni accroître, ni affai
blir ses moyens d'influence. Cette prudence'
extrême a valu.au premier' ministre, dans
la discussion'de lundi et dans la presse-, dés
épigrammes plus piquantes que sérieuses,
et dont lord John Russell a pris son parti
avec bonne grâce. C'est là à la fois la fai
blesse et le mérite du projet de loi; il sera
défendu mollement par les radicaux, dont il
ne satisfait pas les exigences; mais il sera
attaqué avec une égale mollesse par les t . -
ries, dont il [ne froisse pas les intérêts, et
qui ne veulent pis se donner l'apparence de
gens opposés à toute innovation.
Nous avions fait connaîtrp d'avance les
points essentiels du bill : dans les villes, un
loyer de 125 francs suffira pour conférer le
droit électoral; dans les comtés, au lieu d'un
bail de \ ,250 francs, il suffira d'un bail de
500; en outre, tout individu qui, sans
avoir .de bail, paiera 50 francs ^i mpôts,
directs , sera" électeur de com'léTlïn Ir
lande , le cens descendra de 200 francs
à 125: On adjoindra à chaque bourg con
tenant moins de cinq cents électeurs, une
banlieue suffisante pour compléter ce nom
bre de votans. Le cens d'éligibilité, exigé
depuis la reine Anne dés députés des comtés,
sera aboli; enfin un dernier article abrège
les sermens imposés aux députés, de façon à
faire disparaître les mots qui écartent les Is
raélites du parlement. .
Cette -analyse prouve qu'on a pu, avec
quelque raison, comparer le bill de lord John
Russell à un hochepot. Il y a de tout en ef
fet dans ce projet de loi, et rien de bien sail
lant. Il semble que le premier ministre ait
repris une à une toutes les propositions de
réforfne qui, depuis vingt aps, ont été
soumises au parlement, qu'il en ait extrait
tous les articles qui ne portaient point at
teinte à l'essence du régime électoral an
glais, et qu'il entreprenne de les.transfor
mer tous en loi d'un seul coup. Il en résulte,,
non pas* quelque ch®se qui frappe l'imagina
tion, mais quelque chose dont personne n'est
lout-à-fait mécontent-C'est ce qu'a fait voir
la discussion de lundi. Les radicaux n'ont pu
repousser une mesure qui leur accorde un
accroissement considérable du nombre des
électeurs; les tories n'ont pu s'alarmer d'une
mesure qui conserve intactes les circonscrip
tions .agricoles, et qui donne même aux élec
teurs ruraux uue part d'influence dans les
élections des petites villes. Tout le monde
a réservé son vote définitif, et personne n'a
annoncé une opposition formelle, hormis
sir Robert Inglis, que devait naturellement
mettre hors des gonds la. tentative nouvelle
essayée pour ouvrir aux israélites l'entrée de
la chambre des communes.. Il se pourrait
donc que les adversaires de lord John
Russell lui joùassenit le mauvais tour d'a
dopter son bill, et d'ôter ainsi, à lui son pré
texte pour dissoudre le parlement, et aux
whigs leur cri de ralliement dans la lutte
électorale. cucheval-clarigny,
Notre commer.ce avec les peuplades, de la
côte occidentale d'Afrique, tt pris une exten
sion considérable. A mesure que la traite
des esclaves diminue, le.trafic légitime voit
augmenter ses ressources, sur le continent
africain, par* la culture.et l'exploitation de
produits indigènes utilisés en Europe. L'hui
le de pahne et les graines oléagineuses sont
surtout exportées en très grande quantité,
mais l'Angleterre ne fait qu'une très faible
consommation du second de ces, produits,
qui trouve, au contraire, sur les marchés de
France un plàcément très avantageux. Il en
résulte que,sous beaucoup de rapports, notre
situation commerciale à la côte d'Afrique,
est meilleure que celle des Anglais.
Tandis que dans toutes les autre's parties
du monde l'Angleterre nous fait une con
currence ruineuse, à la Côte d'Afrique nous
luttons souvent avec supériorité contre le
commerce britannique. Cette supériorité ,
l'Angleterre l'a reconnue avec d'autant plus
de jalousie, qu'elle s'attendait moins à lavoir
naître, et elle a tout mis en œuvre pour la
combattre. L'exercice vexatoire du droit de
visite, les obstacles opposés à- notrij navi
gation dans la Gambie, ont été les principaux
signes du dépit que cause à nosalliés la pros
périté naissante de notre commerce dans
ces mers. \
Depuis que le droit de visite a succombé
sous la réprobation générale de l'opinion en
France, notre navigation, pluslibre dans ses
mouvemens, a pris un- nouvel essor. Nos
négocians ont su profiter habilement des an
ciennes relations fondées en Afrique par les
compagnies française au XVIII e siècle,-pour
réveiller.chez les populations noires le goût
de nos marchandises, et, en beaucoup d'en
droits, les naturels manifestai tune préféren
ce décidée pour las produits de nos manufac
tures. Le gouvernement,du Sénégal et le com-
mandemeri t de notre sta lion navale placés suc
cessivement entreles mains de plusieurs offi
ciers aussi actifs qu'expérimentés, ont été
exercés depuis plus de dix ans de manière à
faire croître ces germes dé prospérité. Des
comptoirs ont été établis à l'embouchure de
rivières importantes, et, "en outre, l'admi
nistration de la marine et des colonies a fa
vorisé,' de tout son pouvoir, les efforts de
plusieurs négocians qui ont ouvert, pour
leur propre compte, des factoreries favora
blement situées. A Whydah, par exemple,
une maison de commerce a formé un éta
blissement dans un ancien fort français
élevé sur le territoire d'un puissant souve
rain du pays, le roi de Dahomey. Depuis
cette époque, Whydah, qui n'était qu'un en
trepôt d'esclaves, a été transformé en un des
principaux foyers du commerce de l'huile
de palme. Les peuplades environnantes, con-
• servant la tradition d'anciens rapports entre
leurs ancêtres et les trafiquans français, ont
été amenées facilement à apprécier nos den
rées, nos étoffesy et elles se sont en partie
détournées d'un comptoir anglais du voisi
nage, élevé en un endroit qu'on appelle Ba-
dagry.
Or, à une petite distance de ces deux vil
lages, il existe un' établissement de traite en
un lieu nommé Lagos. La population qui
l'habite est divisée : une partie s'oppose à la
continuation de la traite ; l'autre, au con
traire, veut le maintien de ce trafic. Ce dis
sentiment, fomenté naturellement par la po
litique anglaise, a éclaté,au mois de décembre
dernier, en un conflit auquel la marine
anglaise s'est hâtée de- prendre 'part. Un
croiseur britannique , le Niger , qui. s'est
trouvé fort à propos devant Lagos, a en
voyé ses embarcations au secours du parti
opposé à la traite; mais marins et soldats
de "marine ont été accueillis de telle sorfe
qu'ils ont dû se rembarquer au plus vite
en laissant un certain nombre des leurs sur
le terrain.. Aussitôt le commandant en chef,
M." Bruce, s'est fendu à Lagos» et,"n attendant
les renforts qu'il s'estempressé de demander,
il a déclaré le blQcus d'une étendue considé
rable du-littoral. Dans le cercle de ce blocus
se trouvént compris le comptoir français de
■Whydah etle comptoir anglais de Badagry.
Or, M. Bruce a excepté du blocus la facto-.
rerie anglaise, qui est plus rapprochée de
Lagos, et y a compris la factorerie française,
qui en est plus éloignée.
'Une mesure telle qu'un blocus, qui porte
toujours atteinte aux intérêts commerciaux,
ne peut se justifier que par la nécessité
d'empêcher les armes et les munitions d'ar
river à l'ennemi. Le commodore anglais, en
guerre a\;ec les habitans de Lagos, a cru de
voir leur interdire les communications avec
l'extérieur jusqu'au moment 'de leur livrer
combat; c'était son droit, et-nous ne voulons
, pas examiner s'il rfa pas recherché un peu
trop avidement l'occasion d'en faire usage.,
Mais quelle nécessité d'étendre ce blocus jus
qu'à Whydah? ou, s'il était utile cte compren
dre ce comptoir français dans le blocus, afin
d'empêcher l'introduction à Lagos, par les
routes intérieures, des armes et de la pou
dre, "pourquoi exempter Badagry, le comp
toir anglais, des effets de la même mesure,
puisque cet établissement, étant plus proche,
que Whydah de Lagos, est un point plus
favorable pour porter des approvisionne-
ipens de guerre à la tribu qui a excité la co
lère (iu lion britannique?
Dans la double mesure par laquelle Why
dah se trouve compris dans le blocus et Ba
dagry s'en trouve exempté, il y a Quelque
"chose d'illogique qui .fait naître le soupçon.
On se demande si le véritable but de tout
cela n'est pas de ruiner le comptoir français
au profit de l'établissement anglais. Ces dou
tes prendraient de la consistance si le gou
vernement britannique ne comprenait pas
la nécessité de lever au plus tôt la défense
de communiquer avec Whydah. Nous ne
saurions surveiller avec trop de soin les me
nées de la politique anglaise sur la côte occi
dentale d'Afrique. Ce ne sont pas là de peti-
•tes questiou%-Nûs voisins en comprennent
bien toute l'importance, et c'est en les imi
tant que nous.déjouerons des projets qui ten
dent à nôus faire perdre la position que bien
des années de travaux nous ont donnée en
Afrique. l. boniface.
Un grand nombre de personnes sollicitent
des audiences du prince-Président de la Ré
publique. Il serait heureux de pouvoir les
accorder ; mais les' affaires de l'Etat absor
bent tous .ses instans. Elles sont trop, pres
santes, trop multipliées pour lui permettre
de recevoir ceux qui désirent l'entretenir. Il
se voit donc forcé de les engager àsoumettre
leurs demandes aux ministres, spécialement
chargés de lui en rendre compte ; elles seront
toujours examinées avec grand soin.
COSTUMES OFFICIELS.
On lit dans le Moniteur de ce jour :
Le costume des sénateurs et des conseillers d'E
tat a été arrêté ainsi qu'il suit t •
Sénateurs.
Habit en velours bleu. *
Collet, .paremens, poitrine, baguette et bord cou
rant, taille et bouquets de poches.
Broderie or, représentant des palmiers enlacés
de chêne ; palmiers en cannetilh mat p., dos des pal
mes en paillettes torsadées, feuille de chêne bro
dées au -passé, les nervures en paillettes ; baguette
composée d'un guipé en cannetïlle mate, paillettes
torsadées d'une rangée de ronds dits réve-bères et
d'un guipé mat à l'intérieur, "
Largeur du bord courant, y compris la baguette,
6 centimètres au plus.
Conseil d'Etat.
. Habit 'blçu clair,-boutonnant droit sur la poi
trine, au moyen de neuf boutons dorés.
«Gilet de, piqué blanc, coupé droit, à cinq bou
tons dorés.
Pantalon deCasimir blanc avec un' galon d'or
sur la couture.
Le vice-président, les présidons de section et les
conseillers d'Etat poitent la broderie en or compo
sée de feuilles de chêne et d'olivier-entrelacées, sur
le" collet, les paremens, le devant de l'habit et l'é-
cusson. Les bords de l'habit sont ornés d'une ba
guette brodée. \
Le vice-président pôrte la broderie aux poches,
à l'entourage des poches et le bord courant autour
de l'habit. "
Les maîtres des requêtes portent les mêmes bro
deries au collet,*§ux paremens, aux poches, a l'é-
cusson et à la baguette.
Les auditeurs portent les broderiès au collet,
aux paremens, à l'écussôn, sans baguette.
Le chapeau est en feutre- noir orné d'une ganse
brodée en or sur yelours noir, avec plumes blan
ches pour le vice-président et les présidens de sec
tion, plumes noires pour les conseillers d'Etat, les'
maîtres des requêtes et les auditeurs.
L'épie est droite, à poignée dorée.
Pour la petite tenue, les conseillers d'Etat et
maîtres des requêtes portent l'habit brodé au collet,
aux paremens et baguette, le gilet et le panta
lon noir sans galon.
Le nouveau conseil d'Etat a tenu aujour
d'hui sa premièreeéancç en assemblée géné
rale, squs la présidence de M. Baroche. Il a
été statué sur diverses affaires, à la suite des
rapports faits au nom de plusieurs des sec
tions du conseil.
On nous écrit de Clamecy, le 10 février :
« Le 2 e conseil de guerre n'aurâ pas d'au
dience aujourd'hui ; il a voulu accorder
vingt-quatre heures de plus à la défense
pour se préparer.
ï> C'est décidément demain mercredi que
les débats seront repris. L'affaire de l'assas
sinat du gendarme Bidau a été rejetée à la
fin, et les accusés d'insurrection passeront
les premiers. On jugera le groupe compose
de Millelot père, Millelot (Numa), Guerbet,
Seroude, Mounier, Coquard, Denis dit Kok,
Gonnat, Guillien, Delume Durand, Cornu et
Foulon. Tous ces accusés sont les plus com
promis dans les troubles de Clamecy.
» Un assez grand nombre de détenus ont
été remis en liberté^ mais de nouvelles incar
cérations ayant encore eu lieu, les prisons
restent.toujours encombrées. Hier, jour de
foire, une affluence extraordinaire de cam
pagnards se pressait à la porte de la sal
ie d'asile pour obtenir la permission de voir
des parens où d«6 amis; la plupart d'entre
eux ont pu entrer : on leur ameuSit | a per-
sonne qu'ils désiraient voir, on leur permet
tait d'embrasser le prisonnier qu'ils venaieDJ ;
visiter, puis on les renvoyait immédiate
ment. Si on n'eû^pas employé cette mesure,
la discipline aurait beaucoup souffert, et il
eut été' difficile de distinguer les visiteurs
des détenus.
» Le bruit court ici que plusieurs membres
du conseil de guerre ont reçu de Iwis des
lettres anonyme? contenant des injures etdes
menaces. . .
» On pense quele conseil de guerre tiendra
encore environ douze audiences. ' #
-» Les paurvois en révision seront examinés
par un conseil qui siégera à Bourges.
Les journaux de Marseille publient l'avis
suivant, qui leur est transmis par la cham
bre de commerce de cette ville : " • .
« La chambre de commerce, préoccupée des
cônséquences fâcheuses que pouvait«entraîner pour
lé commerce de Marseille le conflit élevé entre la
France et le Maroc, s'était empressée de demander
au gouvernement des explications sur la solution
plus ou moins prochaine des difficultés survenues,
afin d'éclairer les négocians particulièrement inté
ressés dans la question sur l'opportunité de renouer
avec le Maroc des relations qu'ils avaient été for
cés d'interrompre.
» La chambre a la satisfaction d'annoncer au-
ourd'hui qu'elle vient de recevoir de M. le minis
tre des affaires étrangères une réponse entière
ment rassurante, et dont les termes sont de nature
à dissiper tous les doutes que la situation avait
fait naître. Les négociations entamées sont arrivées
heureusement à leur terme, et le retour de la mis
sion de France à Tanger n'est en ce moment
arrêté que par quelques difficultés de forme qui
seront très prochainement levées. Eh attendant,
les négocians français peuvent poursuivre en toute
sécurité leurs opérations avec le Maroc, où ils sont
assurés de trouver auprès du consulat général de
Sardaigne, qui en a reçu la mission provisoire, la
protection la plus efficace pour leurs personnes
et leurs intérêts. »
On n'a point reçu de dépêches télégraphi
ques de Madrid postérieures au 8. La derniè
re dépêche annonçait la convalescence de la
reine. Les lettres particulières du 6 annon
cent qu'à cette date, S. M. s'était senti de
l'appétit et avait pu prendre desalimensg
(Voir plus loin les nouvelles de Madrid.)
Notr.e correspondance de Rome du-4 fé
vrier nous'annonce que le consistoire'pour
la nomination des cardinaux aura lieu, dit-
on, au mois de mars, et il est aujourd'hui à
peu près certain que I ps personnages pro
mus à cette dignité seront, outre Mgr San-
tucci,~Mgç Lucciardi, archevêque de Sini-
gaglia, et Mgr de Reisach, archevêque de
Munich. Mgr l'évêque de Vérone sera élevé
au rang de patriarche de Venise , pour être
nommé cardinal plus tard.
A Foligno, l'autorité militaire autrichienne
a fait une visite domiciliaire chez le gouver
neur pontifical, fortement soupçonné d'avoir
recèle chez lui des armes, et qui est rappelé
à Rome par ordre supérieur.
On organise activement les deux régimens
des gardes, qui seront composés d'environ
4,000 hommes, dont 2,000 resteront à Rome
et 2,000 seront envoyés dans les Marches.
DENAIN.
NOUVELLES ÉTRATlGÈREfL'
ANGLETERRE.
chambre des communes.— Séance 'du 9 février
Lord John Russell. Je viens demander à 1
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 12 FEY.
SIR ROBERT P£EL,
PAK M. D'iSRAELI.
M. d'Israeli vient de publier à Londres un
livre qui a fait une grande sensation dans le-
monde politique, et qui a eu trois éditions
en quelques semaines. Ce livre est intitulé :
Histoire de la vie politique de lord George Ben-
tinck. On sait que lord GeorgeBentinck devint
le chef du parti tory dans la chambre des com
munes lorsque sir Robert Peel proposa l'a
bolition des lois sûr les céréales, et c'est à lui
que M. d'Israeli a succédé. La biographie de
MM George Bentinckadoncété-pour M.d'Is
raeli un cadre pour raconter et juger les
luttes qui ont divisé depuis cinq ans le parle-
.ment anglais, et pour exposer le programme
du parti tory, à la veille des élections géné
rales qui vont avoir lieu. On comprend tout
l'intérêt -qu'offre ce livre, rempli de por
traits politiques, et où-figurent tous les hom
mes considérables de lasociétéanglaise.Nous
en détachons le portrait de si# Robert Peel,
•qui a été un des morceaux les plus remar
qués du livre de M. d'Israeli. Les défenseurs
du grand homme d'Etat n'ont pas hésité à
reconnaître l'impartialité, l'esprit de justice
et la suffisante exactitude dont M. d'Israeli
avait fait preuve en peignant un adver-
. saire, et ils ont souscrit à presque tous ses-
jugemens. *
La nature avait donné à sir Robert Peèl
plusieurs parties admirables.. Chez lui une
constitution incapable de fatigue était unie
à une intelligence aussi vigoureuse que flexi
ble. 11 possédait au plus Haut degré le don
de la méthode, avec une .grande puissance
de travail, soutenue par une mémoire pro
digieuse, et la faculté .d'exprimer ses idées
dans une élocution claire et facile.
Un tel homme, en toute circonstance et
dans toutes les'conditions de la vie, serait
fans doute devenu un homme remarquable.
Destiné dès sa Jeunesse à s'occuper des affai
res d'un grand empire, un tel homme, après
de longues années d'observation, de prati
que, et de perpétuelle discipline, ne pou
vait manquer de devenir ce qu'a été sir
Robert Peel dans la dernière partie de sa
vie, un administrateur de premier ordre, et
.un maître de la parole sans rival dans une
assemblée populaire. Avec le temps, l'esprit
de méthode naturel à sir Robert Peel était,
devnlu une si grande et si facile intelli
gence, que personne, dans l'expédition des
affaires, n'a jamais su mieux adapter les
moyens à la fin. Sa flexibilité originelle
s'était changée en un tact consommé. Sa
mémoire *vait accumulé de si grandes ri
chesses de savoir et d'expérience, qu'il pou
vait sans peine, et de la façon la plus lumi-
Beuse, réunir à l'instant toutes les idées
nécessaires pour approfondir ou éclairer un *
sujet ; et dans la chambré de^communes, il
était également éminent, qu'il s'agît d'expo
ser ou de répondre. S'il exposait, on était
frappé de l'ordre, de la clarté et de la pléni
tude de ses argumens. S'il répliquait, il se
montrait toujours prêt et plein à la fois d'a
dresse et-d'invention, de promptitude à dé
couvrir les points faibles de son advefsaire,
et de dextérité à sortir d'une position em
barrassante.
Avec tant de qualités naturelles et de ta-
lens, il manquait une grande chose à sir Ro
bert Peel : il n'avait point d'imagination ;
faute d'imagination, il n'avait pas de pré
voyance. Personne n'avait plus de sagacité
dans les nécessités du moment; personne ne
portait sur les faits actuels un coup-d'œil"
plus pénétrant et plus exact. Son jugement
était infaillible, pourvu qu'il n'eût point af
faire avec l'aVenir. Aussi est-il arrivé dans
sa longue carrière que, regardé par tous com
me le plus prudent et le plus sur des chefs,
il a toujours, tout en déployaut la plus
admirabie tactique , terminé ses campa
gnes par se rendre à discrétion. 11 était si
habile, qu'il pouvait prolonger la résis
tance même au-delà de son terme naturel,
et si peu prévoyant, que souvent au milieu
même du triomphe de ses manœuvres, il
se trouvait dans une position intenable.
Aussi est-il arrivé que l'émancipation- des
catholiques, la réforme parlementaire et l'a
brogation de notre système commercial ont .
été emportées précipitamment ou de force et
sans couditiijp ni concession préalables.
Sir Robert Peel. avait une particularité,,
sans doute naturelle aux hommes doués de
grands talens, mais qui n'ont pas la faculté
créatrice: il avait une dangereuse sympathie
pour les créations d'auteui; loin d'être froid
et réserve comme on le supposait commu- -
nément, c'était un homme de premier mou
vement et même encliuà la précipitation.
Quand on le voyait indécis, irrésolu, réservé,
ambigu dans son langage, c'est qu'il était
perplexe, qu'il ne voyait plus sa roule devant
lui, qùelaroutinedontilavaitadmirablement
tiré parti luimanquaitet que son esprit n'était
pas denàture à substituer une création nou
velle a ce qui venait de s'écrouler. Alors il se
mettait en quête d'idées nouvelles, et quand
il en épousait une, c'était avec avidité ej sou
vent même avec précipitation. 11 donnait
toujours à ses plans nouveaux une exten
sion que leurs inventeurs ou leur pre
mier partisan avaient ete loin d'entrevoir.
On en a une .preuve . par exemple, dans
la façon dont il a réglé notre circulation
financière. Il parai sait renfermé en lui-
même, et on le sui po=iit egoisle; et pour
tant, sauf en de r ir muniras d exaltation,
comme dans les années 1844 et 1845, quand
il s'enorgueillissait de la faveur de la cour,
des hommages du»continent et de la servi
lité du parlement, il manquait en réalité de
confiance en lui-même. 11 y avait toujours
une personne qui exerçait une influence
sur son esprit au nom de quelque théorie'ou
de quelque système. Au temps de ses débuts,
c'était M. I-lorner, ou sir Samuel Romillv.
Dans la dernière et plus importante période
de sa vie, ce furent le duc de Wellington, le
roi des Français, M. Jones Loyd, quelques
autres encore, et enfin M. Cobdën.
Voyons maintenant quelle influence cette
disposition particulière de son esprit a exer
cée sur sa carrière et sui' l'histoire de son
P a Y s - . .
11 ne s'est jamais présenté une meilleure
occasion de former une administration forte
et éclairée, et de rendre le parti tory illustre
et populaire dans le pays, que la mort.de M.
Canning. Il suffisait de réunir les amis de ce
ministre aux partisans du duc de Wellington.
Toutes les j alo usies personnelles avaient cessé,
et deshommes tels queM. Huskisson, M. Lamb
(depuis lord Melbourne), et lord Parmerston,
avaient sans répugnance et sans réserve ac
cepté la direction de M. Peel,'- qui. venait d'at
teindre à sa pleine virilité, et ils lui témoi
gnaient autant de déférence que de cordia
lité. Les J|dmps étaient mûrs - pour régie?
d'une manière calme, prudente et politique,/
deux grandes questions : l'admission des
catholiques dans la chambre, des commu
nes , et la réorganisation de la chambre
elle-même. Des mesures très modérées au
raient suffi:,1e droit électoral eût été don
né à une demi-douzaine de grandes villes
manufacturières, et ce résuliat eût été ac-~
cueilli par la satisfaction générale. Le duc
, de Wellington était opposé à tôut chan
gement. Sir Robert Peel était alors sous l'iii-
lluencedes idées du duc. Lofd Wellington lui
semblait être l'homme destiné à gouverner le
pays nendant le prochain quart de siècle. Il
seconda donc la résistance du duc con tre ceux
qui auraient volontiers ' transféré le droit
électoral de quelques, bourgs-pourris du Cor-
nouailles à quelques-unes des grandes villes
du nord. ,Les amis de M. Canning, faute d'ac
quiescer à cette politique à courte vue, furent
brutalement expulsés du eabinet, et sir Ro
bert Peel, demeuré le chef d'un parti parle
mentaire qui necomptait pas, d'autre renom
mée que la sienne, fut, en très peu de temps,
contraint de concéder en toute hâte à la vio
lence de l'agitation extérieure une recon-,
naissance si complète des droits des catholi
ques, que le parti tory en fut brisé, et que la
réforme de la chambre des compiunes fut
emportée au milieu d'une révolution.
* Après chaque grand désastre, on pouvait
observer, chez sir Robert Peel que son esprit
semblait toujours s'ét ndre : sa vie a été une
éducation perpétuelle. Personne ne voyait
plus distinctement les fautes qu'il avait faites
et ne savait modifier, en pareil cas, sa conduite
avec plus de promptitude ; mais c'étaient le
passé et le présent qui seuls préoccupaient
son esprit. Après la catastrophe de 1830, il
se sépara du duc de Wellington, et an
nonça résolument à ses amis que désor
mais il ne serait ministre sous personne.
Il est peu de choses plus remarquables dans
l'histoire parlementaire que la façon dont
sir Robert Peel dirigea dix années une op
position sans. essayer .de formai' les opi
nions de ses amis et sans les pénétrer d'un
seul principe directeur, mais en déployant
lui-même pendant tout ce temps et sur tous
les sujets, une grande sagesse de vues,
l'habileté de l'administrateur et un talent
d'orateur accompli. Il ne pouvait donner à
ses amis aucun principe directeur, parce que
-lui-même n'en avait aucun, et il restait as
sis sur les bancs de l'opposition en attendant
au'on lui en donnât un. Il.savait si peu lire
dans l'avenir, que, quand Ieswhigs, complè
tement ruinés, lui abandonnèrent le pouvoir
ct 1839, après une défaite, sur une question
coloniale, il fit tout ce qu'il put pour éviter
,de prendre le timon des affaires, alors qu'il
pouvait entrer au ministère, libre d'engage-
mens et à Fabri, du moins, quelque conduite
qu'ifeût tenue, des reproches pénibles etmé- w
ri lés qui ont suivi ses derniers actes. Mais il se'
trouvait que les finances du pays n'étaient pas
florissantes à ce moment, les grands intérêts
commençaient comme de coutume à mur
murer , et sir Robert Peel voulait être porté
au pouvoir par les' grands' intérêts natio
naux. Il, atteignit son but, et cinq ans après
-il attaquait ces grands intérêts comme autant
de monopoles, et il les frappait de mort.
L'association catholique, l'union de Bir
mingham, là ligue de Manchester, furentau-
tant d'enfans légitimes de sir Robert Peel.
Aucun ministre n'a jamais affaibli autant
que cet homme éminent le ; pouvoir .du gou-
verîfcment en Angleterre. Personne n'a res
serré la Constitution dans des limites si étroi
tes ; il a été, sans le savoir, le père de l'agi
tation politique; il a littéralement contraint
les masses à se faire hommes d'Etat, et les
tendances entières de sa pglitique allaient
à foire de nos-institutions delfimples formes.
En un mot, personne, malgré son langage
conservateur n'a fait faire plos"de pas à la ré
volution. Dans un temps ordinaire, il eût été
uu ministre parfait, mais il n'était pas lemi-
nistre d'une époque orageuse. Il n'avait pas
la profondeur, la;passion, et le ressort d'es
prit qu'exige une pareille situation.
Après avoir brisé le parti tory en 1846, il
se mit à réfléchir sur le passé et le présent,
.comme il avait fait après sa chute de 1830,
et il arriva de nouveau à uhe grande conclu
sion. En 1830,-il avait déclaré qu'il ne serait
plus un ministre subalterne; en 1846, il dé-
claraqu'il n'agirait plus en homme de parti.
En 1830, il rejetait la responsabilité de sa
situation sur le duc de Wellington-; en 1846,
sur les liens politiques des cinq années pré
cédentes. Mais s'il avait'été un homme de.
génie, il aurait guidé lord Wellington ; et, '
en 1841, il aurait donné un programme à
son parti qui lui était toujours dévoué, au
lieu de lui emprunter ses idées usées. '
Personne ne savait mieux que sir Robert
Peel, que, sans les liens de parti, ce gouver
nement parlementaire qu'il admirait tant'se-
rait intolérable, qu'il serait à la fois le gou
vernement le plus faible et le plus corrom
pu. En jetant le blâme sur l'organisation des
partis, sir Robert Peel n'avait d'autre inten
tion que de rabaisser les combinaisons poli
tiques dont il avait l'expérience et par les
quelles il s'était élevé. Exclu -du pouvoir
qu'il aurait dû exercer pendant un quart de
siècle, il s'assit'sur son banc solitaire et se.
prit à réfléchir sur le passé. A soixante ans,
il commença à comprendre sa position ;
l'étoile de Manchester semblait devoir se le
ver aussitôt après le coucher d'Oxford, et sir
Robert Peel sentit qu'il avait sacrifié la car
rière que lui. ouvrait la nature à une éduca
tion d'un autre âge et à un système politique
auquel il ne pouvait pas même garantir un,e
oraison funèbre. ■ .
Sir Robert Peel avait un défaut dont il avait
conscience : il était naturellement très timi
de; mais, porté de bonne heure à des posi
tions éminentes,-il s'était formé un main-'
tien artificiel,sec jusqu'àla hauteur ou d'une
bienveillance exubérante, et il avait la plus
grande peine à s'en dépouiller. 11 y réussis
sait pourtant parfois, et c'était surtout en
tête-a-tête avec les gens qu'il.désirait gagner.
Ses manières alors n'étaient pas seulement
d'une cordialité sans affectation, elles étaient
BlJElEAir& î rue de Vaiois (Palais-Royal); n' lO.
185-2.-JEUDI 12 FÉVRIER.
pris de x'ABonnEstcarr
vour Paris et les départemens :
ROIS BOIS. 12 F. | SIX MOIS.. 11 F.
DM AN.. .. 40 F.
pour les pats étrangers , se reporter-
ar tableau qui sera publié dans le jourasl,
les 10 et 25 de chaque mois.
lit abonnement datent (fes 1« et 16
de chaque mois,
ïr
S'adresser, franco, peur la rédaction^ à M." F onif ÀC
Les articles 'déposés ne sont pas rendus
JOURNAL. POLITIQUE,
i
LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
On s'abonne, dans la départemens', aux Messa jerieseï aux\Dircctiom de poste.—A Londres, chez MM. COWIE et FILSJ
— A Strasbourg, chez M. A lexandre, mur l'Allemagne,
S'adresser , franco, pour l'administration, à M. D emain, directeur.
Les annonças sont iv çues au bureau du journal ; et chez M. panis, régisseur, 10, place de la Bourse
.PARIS, lfc FÉVRIER.
Lord John Russelî a donné lundi soir
connaissance à la chambre dos communes
(lu bill de réforme qu'il s'était engpgé l'an
.dernier à présenter - au parlement. 11 en
demandera la première lecture mercredi,
et le débat sur la seconde lecture, qui est
toujours l'épreuve décisive, est fixé au 27 fé
vrier. Le sort du bill, et par suite celui du
ministère, seront donc fixés avant Pâques,
et, si une dissolution devient nécessaire, les
élections gépérales pourront avoir lieu dans
les premiers jours du printemps.
La,mesure de lord John Russell, à en juger
par la discussion générale de lundi, ne semble
pas du reste devoir soulever de grands ora
ges. JJn orateur l*a définie assez bien, en di
sant qu'on devrait l'intituler : Projet de loi
pour maintenir le ministère au pouvoir.
Son principal et presque unique objet est
en effet d'acquitter la promesse faite en fé^
vrier 18M par lord Jolm Russelj, et de don
ner ainsi aux députés radicaux un prétexte
honnête dé continuer leur appui au gou
vernement. Co prétendu bill de réforme
n'apporte à la législation actuelle que des
modifications de détail; il ne l'altère sur au
cun point important, et il n'exercera aucune
influence sensible sur la fulurç composition
du parlement. Si l'orgiftiisâtionjfcguelle delà
chambre des communes soulerarfen Angle
terre le moindre mécontentement; si l'agita
tion réformiste existait autre part qu'au sein
du comité présidé par sir Joshua Walmsley;
s'il y avait trace quelque partie la moindre
préoccupation à ' ce sujet, et d'un désir
sincère et sérieux de changement, le pro
jet de loi de lord JohnRusselfrserait accueilli
comme une mésure dérisoire. Mais comme
l'esprit public est parfaitement indifférent à
toutes ces questions, et se,préoccupe beau
coup plus des événemens de France, de la
guerre du Cap, et de mille autres affaires,
lord John Russell a pu impunément apporter
au parlement un bill que les radicaux quali-
'fient d'insignifiant, et que les tories eux-
mêmes proclament inoffensif. .
Ce n'est pas que nous blâmions lord John
Russell d'avoir cherché à se tirer au'meil
leur marché possible du mauvais pas où il
s'était mis par une imprudente promesse. Il
a fait preuve à la fois de bon sens et de patrio
tisme. Rien n'est plus aisé que de bouleverser
une législation et de proposer des réformes ra
dicales, sans s'inquiéter des résultats'; on ac
quiert ainsi, à bon compte, le renom d'un
grand réformateur. La vraie difficulté consis
te, au contraire, à conserver ce qu'on a. Lord
John Russell a compris que s'il portait
imprudemment la main sur une législation
dont personne ne se plaint sérieusémenl ; il
heurterait le sentiment conservateur en An
gleterre et tournerait contre lui tQus les
gens sensés, vraiment amis de leur pays. Mais
ce n'est pas seulement l'intérêt qu'il a pris
pour guide. "Lord John Russell se rend
compte de la situation de l'Angleterre, et il
n'est pas homme,* Ëïême pour conserver ie
pouvoir, à jeter sa patrie dans les aventures
politiques.
Si le bill de réforme de 1832 a provoqué
' une résistance acharnée et a passion'é tou
te l'Angleterre, tfc'est que cette grande me
sure à laquelle est attaché l'honneur du
nom des Grey et des Russell ne se bor
nait pas à appeler à la vie politique une
classe qui avait été tenue en-dehors de toute
influence^; c'est qu'elle consommait en même
temps toute une révolution. Elle frappait
directement l'aristocralie, .en privant du
droit de nomination quantité de bourgs-
pourris, qui assuraient à leurs proprié
taires une influence lucrative ; mais , en
outre , elle diminuait le nombre des dé
putés attribués dfcx comtés agricoles du sud
pour accroître la représentatif ns des comtés
manufacturiers du nord. Le.bill-de réforme
mettait donc fin à c la prépondérance irrésisti
ble que les intérêts territoriaux avaient tou
jours exercée au sein de la chambre des com
munes, et en face de l'influence de l'agricul
ture elle constituait fortement l'influence ri
vale du commerce et de l'industrie, en ac
cordant des députés aux grands ports de mer
et aux cités manufacturières,
Lord Jo'hn Russell, à qui revient en partie
l'initiative de ce grand changement, n'en
méconnaît'pas la portée ; et parce que cette
périlleuse expérience a réussi une fois, il
ne se croit pas autorisé à la renouveler
sans cesse. L'introduction dans la cham
bre des communes d'un élément plus ac
tif et plus ami de la nouveauté, a pu
produire de bons effets; c'est en s'appuyant
sur les intérêts commerciaux et industriels
que sir Robert Peel a pu refondre le système
financier de son pays; mais qui oserait af
faiblir encore l'élément conservateur au sein
du parlement? C'est là ce que veut le parti
radical, quand il réclame, une répartition
nouvelle de la, représentation, nationale. Il
demande qu'on diminue la part faite aux
comtés, c'est-à-dire aux électeurs agricoles,
et qu'on prive du droit d'élire les bourgs ru
raux pour accorder pluk de députés aux
grandes cités manufacturières. C'est là, à
ses yeux, la seule réforme sérieuse, la seule
digne de ce nom.
Une telle réforme n'améliorerait pas Mœu-
vre de 1832, elle la recommencerait. Elle ré-
duiraità l'impuissancel'intérêtagricole et con
servateur, elle.consacrerait le triomphe défini
tif des classes industrielles. Lord John Russell
ne souhaite rien de semblable; il ne veut pas,
sous prétexte de réforme, détruire une forme
de gouvernement qui a suffi jusqu'ici à la
grandeur, à la prospérité et à la liberté de son
pays, il ne veut pasprendre la responsabilité -
de lancer l'Angleterre dans la voie de la dé
mocratie. L'insignifiance de son projet de
loi n'atteste que sa propre sagesse et son pa
triotisme; mais peut-être aurai t-il mieux valu
encore ne pas donner l'exemple du change
ment, et ne pas frayer la voie à des réforma
teurs moins prudèns et moins bien inten
tionnés. * .
Lord John Russell a calqué soigneusement
son projet de loi sur le bill de 183-2 ; il s'est
gardé d'introduire dans la copie' un seul
principe qui ne fût déjà dans l'original.
Ainsi point de scrutin secret, point de chan
gement dai4$.la durée du parlement, point
d'innovation dans la répartition des sièges,
point d'altération dans les Circonscriptions.
Aucun des élémens essentiels qui entrent
dans la composition de la chambre'des conï-
munes n'est altéré; aucun des ftands inté
rêts nationaux ne voit ni accroître, ni affai
blir ses moyens d'influence. Cette prudence'
extrême a valu.au premier' ministre, dans
la discussion'de lundi et dans la presse-, dés
épigrammes plus piquantes que sérieuses,
et dont lord John Russell a pris son parti
avec bonne grâce. C'est là à la fois la fai
blesse et le mérite du projet de loi; il sera
défendu mollement par les radicaux, dont il
ne satisfait pas les exigences; mais il sera
attaqué avec une égale mollesse par les t . -
ries, dont il [ne froisse pas les intérêts, et
qui ne veulent pis se donner l'apparence de
gens opposés à toute innovation.
Nous avions fait connaîtrp d'avance les
points essentiels du bill : dans les villes, un
loyer de 125 francs suffira pour conférer le
droit électoral; dans les comtés, au lieu d'un
bail de \ ,250 francs, il suffira d'un bail de
500; en outre, tout individu qui, sans
avoir .de bail, paiera 50 francs ^i mpôts,
directs , sera" électeur de com'léTlïn Ir
lande , le cens descendra de 200 francs
à 125: On adjoindra à chaque bourg con
tenant moins de cinq cents électeurs, une
banlieue suffisante pour compléter ce nom
bre de votans. Le cens d'éligibilité, exigé
depuis la reine Anne dés députés des comtés,
sera aboli; enfin un dernier article abrège
les sermens imposés aux députés, de façon à
faire disparaître les mots qui écartent les Is
raélites du parlement. .
Cette -analyse prouve qu'on a pu, avec
quelque raison, comparer le bill de lord John
Russell à un hochepot. Il y a de tout en ef
fet dans ce projet de loi, et rien de bien sail
lant. Il semble que le premier ministre ait
repris une à une toutes les propositions de
réforfne qui, depuis vingt aps, ont été
soumises au parlement, qu'il en ait extrait
tous les articles qui ne portaient point at
teinte à l'essence du régime électoral an
glais, et qu'il entreprenne de les.transfor
mer tous en loi d'un seul coup. Il en résulte,,
non pas* quelque ch®se qui frappe l'imagina
tion, mais quelque chose dont personne n'est
lout-à-fait mécontent-C'est ce qu'a fait voir
la discussion de lundi. Les radicaux n'ont pu
repousser une mesure qui leur accorde un
accroissement considérable du nombre des
électeurs; les tories n'ont pu s'alarmer d'une
mesure qui conserve intactes les circonscrip
tions .agricoles, et qui donne même aux élec
teurs ruraux uue part d'influence dans les
élections des petites villes. Tout le monde
a réservé son vote définitif, et personne n'a
annoncé une opposition formelle, hormis
sir Robert Inglis, que devait naturellement
mettre hors des gonds la. tentative nouvelle
essayée pour ouvrir aux israélites l'entrée de
la chambre des communes.. Il se pourrait
donc que les adversaires de lord John
Russell lui joùassenit le mauvais tour d'a
dopter son bill, et d'ôter ainsi, à lui son pré
texte pour dissoudre le parlement, et aux
whigs leur cri de ralliement dans la lutte
électorale. cucheval-clarigny,
Notre commer.ce avec les peuplades, de la
côte occidentale d'Afrique, tt pris une exten
sion considérable. A mesure que la traite
des esclaves diminue, le.trafic légitime voit
augmenter ses ressources, sur le continent
africain, par* la culture.et l'exploitation de
produits indigènes utilisés en Europe. L'hui
le de pahne et les graines oléagineuses sont
surtout exportées en très grande quantité,
mais l'Angleterre ne fait qu'une très faible
consommation du second de ces, produits,
qui trouve, au contraire, sur les marchés de
France un plàcément très avantageux. Il en
résulte que,sous beaucoup de rapports, notre
situation commerciale à la côte d'Afrique,
est meilleure que celle des Anglais.
Tandis que dans toutes les autre's parties
du monde l'Angleterre nous fait une con
currence ruineuse, à la Côte d'Afrique nous
luttons souvent avec supériorité contre le
commerce britannique. Cette supériorité ,
l'Angleterre l'a reconnue avec d'autant plus
de jalousie, qu'elle s'attendait moins à lavoir
naître, et elle a tout mis en œuvre pour la
combattre. L'exercice vexatoire du droit de
visite, les obstacles opposés à- notrij navi
gation dans la Gambie, ont été les principaux
signes du dépit que cause à nosalliés la pros
périté naissante de notre commerce dans
ces mers. \
Depuis que le droit de visite a succombé
sous la réprobation générale de l'opinion en
France, notre navigation, pluslibre dans ses
mouvemens, a pris un- nouvel essor. Nos
négocians ont su profiter habilement des an
ciennes relations fondées en Afrique par les
compagnies française au XVIII e siècle,-pour
réveiller.chez les populations noires le goût
de nos marchandises, et, en beaucoup d'en
droits, les naturels manifestai tune préféren
ce décidée pour las produits de nos manufac
tures. Le gouvernement,du Sénégal et le com-
mandemeri t de notre sta lion navale placés suc
cessivement entreles mains de plusieurs offi
ciers aussi actifs qu'expérimentés, ont été
exercés depuis plus de dix ans de manière à
faire croître ces germes dé prospérité. Des
comptoirs ont été établis à l'embouchure de
rivières importantes, et, "en outre, l'admi
nistration de la marine et des colonies a fa
vorisé,' de tout son pouvoir, les efforts de
plusieurs négocians qui ont ouvert, pour
leur propre compte, des factoreries favora
blement situées. A Whydah, par exemple,
une maison de commerce a formé un éta
blissement dans un ancien fort français
élevé sur le territoire d'un puissant souve
rain du pays, le roi de Dahomey. Depuis
cette époque, Whydah, qui n'était qu'un en
trepôt d'esclaves, a été transformé en un des
principaux foyers du commerce de l'huile
de palme. Les peuplades environnantes, con-
• servant la tradition d'anciens rapports entre
leurs ancêtres et les trafiquans français, ont
été amenées facilement à apprécier nos den
rées, nos étoffesy et elles se sont en partie
détournées d'un comptoir anglais du voisi
nage, élevé en un endroit qu'on appelle Ba-
dagry.
Or, à une petite distance de ces deux vil
lages, il existe un' établissement de traite en
un lieu nommé Lagos. La population qui
l'habite est divisée : une partie s'oppose à la
continuation de la traite ; l'autre, au con
traire, veut le maintien de ce trafic. Ce dis
sentiment, fomenté naturellement par la po
litique anglaise, a éclaté,au mois de décembre
dernier, en un conflit auquel la marine
anglaise s'est hâtée de- prendre 'part. Un
croiseur britannique , le Niger , qui. s'est
trouvé fort à propos devant Lagos, a en
voyé ses embarcations au secours du parti
opposé à la traite; mais marins et soldats
de "marine ont été accueillis de telle sorfe
qu'ils ont dû se rembarquer au plus vite
en laissant un certain nombre des leurs sur
le terrain.. Aussitôt le commandant en chef,
M." Bruce, s'est fendu à Lagos» et,"n attendant
les renforts qu'il s'estempressé de demander,
il a déclaré le blQcus d'une étendue considé
rable du-littoral. Dans le cercle de ce blocus
se trouvént compris le comptoir français de
■Whydah etle comptoir anglais de Badagry.
Or, M. Bruce a excepté du blocus la facto-.
rerie anglaise, qui est plus rapprochée de
Lagos, et y a compris la factorerie française,
qui en est plus éloignée.
'Une mesure telle qu'un blocus, qui porte
toujours atteinte aux intérêts commerciaux,
ne peut se justifier que par la nécessité
d'empêcher les armes et les munitions d'ar
river à l'ennemi. Le commodore anglais, en
guerre a\;ec les habitans de Lagos, a cru de
voir leur interdire les communications avec
l'extérieur jusqu'au moment 'de leur livrer
combat; c'était son droit, et-nous ne voulons
, pas examiner s'il rfa pas recherché un peu
trop avidement l'occasion d'en faire usage.,
Mais quelle nécessité d'étendre ce blocus jus
qu'à Whydah? ou, s'il était utile cte compren
dre ce comptoir français dans le blocus, afin
d'empêcher l'introduction à Lagos, par les
routes intérieures, des armes et de la pou
dre, "pourquoi exempter Badagry, le comp
toir anglais, des effets de la même mesure,
puisque cet établissement, étant plus proche,
que Whydah de Lagos, est un point plus
favorable pour porter des approvisionne-
ipens de guerre à la tribu qui a excité la co
lère (iu lion britannique?
Dans la double mesure par laquelle Why
dah se trouve compris dans le blocus et Ba
dagry s'en trouve exempté, il y a Quelque
"chose d'illogique qui .fait naître le soupçon.
On se demande si le véritable but de tout
cela n'est pas de ruiner le comptoir français
au profit de l'établissement anglais. Ces dou
tes prendraient de la consistance si le gou
vernement britannique ne comprenait pas
la nécessité de lever au plus tôt la défense
de communiquer avec Whydah. Nous ne
saurions surveiller avec trop de soin les me
nées de la politique anglaise sur la côte occi
dentale d'Afrique. Ce ne sont pas là de peti-
•tes questiou%-Nûs voisins en comprennent
bien toute l'importance, et c'est en les imi
tant que nous.déjouerons des projets qui ten
dent à nôus faire perdre la position que bien
des années de travaux nous ont donnée en
Afrique. l. boniface.
Un grand nombre de personnes sollicitent
des audiences du prince-Président de la Ré
publique. Il serait heureux de pouvoir les
accorder ; mais les' affaires de l'Etat absor
bent tous .ses instans. Elles sont trop, pres
santes, trop multipliées pour lui permettre
de recevoir ceux qui désirent l'entretenir. Il
se voit donc forcé de les engager àsoumettre
leurs demandes aux ministres, spécialement
chargés de lui en rendre compte ; elles seront
toujours examinées avec grand soin.
COSTUMES OFFICIELS.
On lit dans le Moniteur de ce jour :
Le costume des sénateurs et des conseillers d'E
tat a été arrêté ainsi qu'il suit t •
Sénateurs.
Habit en velours bleu. *
Collet, .paremens, poitrine, baguette et bord cou
rant, taille et bouquets de poches.
Broderie or, représentant des palmiers enlacés
de chêne ; palmiers en cannetilh mat p., dos des pal
mes en paillettes torsadées, feuille de chêne bro
dées au -passé, les nervures en paillettes ; baguette
composée d'un guipé en cannetïlle mate, paillettes
torsadées d'une rangée de ronds dits réve-bères et
d'un guipé mat à l'intérieur, "
Largeur du bord courant, y compris la baguette,
6 centimètres au plus.
Conseil d'Etat.
. Habit 'blçu clair,-boutonnant droit sur la poi
trine, au moyen de neuf boutons dorés.
«Gilet de, piqué blanc, coupé droit, à cinq bou
tons dorés.
Pantalon deCasimir blanc avec un' galon d'or
sur la couture.
Le vice-président, les présidons de section et les
conseillers d'Etat poitent la broderie en or compo
sée de feuilles de chêne et d'olivier-entrelacées, sur
le" collet, les paremens, le devant de l'habit et l'é-
cusson. Les bords de l'habit sont ornés d'une ba
guette brodée. \
Le vice-président pôrte la broderie aux poches,
à l'entourage des poches et le bord courant autour
de l'habit. "
Les maîtres des requêtes portent les mêmes bro
deries au collet,*§ux paremens, aux poches, a l'é-
cusson et à la baguette.
Les auditeurs portent les broderiès au collet,
aux paremens, à l'écussôn, sans baguette.
Le chapeau est en feutre- noir orné d'une ganse
brodée en or sur yelours noir, avec plumes blan
ches pour le vice-président et les présidens de sec
tion, plumes noires pour les conseillers d'Etat, les'
maîtres des requêtes et les auditeurs.
L'épie est droite, à poignée dorée.
Pour la petite tenue, les conseillers d'Etat et
maîtres des requêtes portent l'habit brodé au collet,
aux paremens et baguette, le gilet et le panta
lon noir sans galon.
Le nouveau conseil d'Etat a tenu aujour
d'hui sa premièreeéancç en assemblée géné
rale, squs la présidence de M. Baroche. Il a
été statué sur diverses affaires, à la suite des
rapports faits au nom de plusieurs des sec
tions du conseil.
On nous écrit de Clamecy, le 10 février :
« Le 2 e conseil de guerre n'aurâ pas d'au
dience aujourd'hui ; il a voulu accorder
vingt-quatre heures de plus à la défense
pour se préparer.
ï> C'est décidément demain mercredi que
les débats seront repris. L'affaire de l'assas
sinat du gendarme Bidau a été rejetée à la
fin, et les accusés d'insurrection passeront
les premiers. On jugera le groupe compose
de Millelot père, Millelot (Numa), Guerbet,
Seroude, Mounier, Coquard, Denis dit Kok,
Gonnat, Guillien, Delume Durand, Cornu et
Foulon. Tous ces accusés sont les plus com
promis dans les troubles de Clamecy.
» Un assez grand nombre de détenus ont
été remis en liberté^ mais de nouvelles incar
cérations ayant encore eu lieu, les prisons
restent.toujours encombrées. Hier, jour de
foire, une affluence extraordinaire de cam
pagnards se pressait à la porte de la sal
ie d'asile pour obtenir la permission de voir
des parens où d«6 amis; la plupart d'entre
eux ont pu entrer : on leur ameuSit | a per-
sonne qu'ils désiraient voir, on leur permet
tait d'embrasser le prisonnier qu'ils venaieDJ ;
visiter, puis on les renvoyait immédiate
ment. Si on n'eû^pas employé cette mesure,
la discipline aurait beaucoup souffert, et il
eut été' difficile de distinguer les visiteurs
des détenus.
» Le bruit court ici que plusieurs membres
du conseil de guerre ont reçu de Iwis des
lettres anonyme? contenant des injures etdes
menaces. . .
» On pense quele conseil de guerre tiendra
encore environ douze audiences. ' #
-» Les paurvois en révision seront examinés
par un conseil qui siégera à Bourges.
Les journaux de Marseille publient l'avis
suivant, qui leur est transmis par la cham
bre de commerce de cette ville : " • .
« La chambre de commerce, préoccupée des
cônséquences fâcheuses que pouvait«entraîner pour
lé commerce de Marseille le conflit élevé entre la
France et le Maroc, s'était empressée de demander
au gouvernement des explications sur la solution
plus ou moins prochaine des difficultés survenues,
afin d'éclairer les négocians particulièrement inté
ressés dans la question sur l'opportunité de renouer
avec le Maroc des relations qu'ils avaient été for
cés d'interrompre.
» La chambre a la satisfaction d'annoncer au-
ourd'hui qu'elle vient de recevoir de M. le minis
tre des affaires étrangères une réponse entière
ment rassurante, et dont les termes sont de nature
à dissiper tous les doutes que la situation avait
fait naître. Les négociations entamées sont arrivées
heureusement à leur terme, et le retour de la mis
sion de France à Tanger n'est en ce moment
arrêté que par quelques difficultés de forme qui
seront très prochainement levées. Eh attendant,
les négocians français peuvent poursuivre en toute
sécurité leurs opérations avec le Maroc, où ils sont
assurés de trouver auprès du consulat général de
Sardaigne, qui en a reçu la mission provisoire, la
protection la plus efficace pour leurs personnes
et leurs intérêts. »
On n'a point reçu de dépêches télégraphi
ques de Madrid postérieures au 8. La derniè
re dépêche annonçait la convalescence de la
reine. Les lettres particulières du 6 annon
cent qu'à cette date, S. M. s'était senti de
l'appétit et avait pu prendre desalimensg
(Voir plus loin les nouvelles de Madrid.)
Notr.e correspondance de Rome du-4 fé
vrier nous'annonce que le consistoire'pour
la nomination des cardinaux aura lieu, dit-
on, au mois de mars, et il est aujourd'hui à
peu près certain que I ps personnages pro
mus à cette dignité seront, outre Mgr San-
tucci,~Mgç Lucciardi, archevêque de Sini-
gaglia, et Mgr de Reisach, archevêque de
Munich. Mgr l'évêque de Vérone sera élevé
au rang de patriarche de Venise , pour être
nommé cardinal plus tard.
A Foligno, l'autorité militaire autrichienne
a fait une visite domiciliaire chez le gouver
neur pontifical, fortement soupçonné d'avoir
recèle chez lui des armes, et qui est rappelé
à Rome par ordre supérieur.
On organise activement les deux régimens
des gardes, qui seront composés d'environ
4,000 hommes, dont 2,000 resteront à Rome
et 2,000 seront envoyés dans les Marches.
DENAIN.
NOUVELLES ÉTRATlGÈREfL'
ANGLETERRE.
chambre des communes.— Séance 'du 9 février
Lord John Russell. Je viens demander à 1
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 12 FEY.
SIR ROBERT P£EL,
PAK M. D'iSRAELI.
M. d'Israeli vient de publier à Londres un
livre qui a fait une grande sensation dans le-
monde politique, et qui a eu trois éditions
en quelques semaines. Ce livre est intitulé :
Histoire de la vie politique de lord George Ben-
tinck. On sait que lord GeorgeBentinck devint
le chef du parti tory dans la chambre des com
munes lorsque sir Robert Peel proposa l'a
bolition des lois sûr les céréales, et c'est à lui
que M. d'Israeli a succédé. La biographie de
MM George Bentinckadoncété-pour M.d'Is
raeli un cadre pour raconter et juger les
luttes qui ont divisé depuis cinq ans le parle-
.ment anglais, et pour exposer le programme
du parti tory, à la veille des élections géné
rales qui vont avoir lieu. On comprend tout
l'intérêt -qu'offre ce livre, rempli de por
traits politiques, et où-figurent tous les hom
mes considérables de lasociétéanglaise.Nous
en détachons le portrait de si# Robert Peel,
•qui a été un des morceaux les plus remar
qués du livre de M. d'Israeli. Les défenseurs
du grand homme d'Etat n'ont pas hésité à
reconnaître l'impartialité, l'esprit de justice
et la suffisante exactitude dont M. d'Israeli
avait fait preuve en peignant un adver-
. saire, et ils ont souscrit à presque tous ses-
jugemens. *
La nature avait donné à sir Robert Peèl
plusieurs parties admirables.. Chez lui une
constitution incapable de fatigue était unie
à une intelligence aussi vigoureuse que flexi
ble. 11 possédait au plus Haut degré le don
de la méthode, avec une .grande puissance
de travail, soutenue par une mémoire pro
digieuse, et la faculté .d'exprimer ses idées
dans une élocution claire et facile.
Un tel homme, en toute circonstance et
dans toutes les'conditions de la vie, serait
fans doute devenu un homme remarquable.
Destiné dès sa Jeunesse à s'occuper des affai
res d'un grand empire, un tel homme, après
de longues années d'observation, de prati
que, et de perpétuelle discipline, ne pou
vait manquer de devenir ce qu'a été sir
Robert Peel dans la dernière partie de sa
vie, un administrateur de premier ordre, et
.un maître de la parole sans rival dans une
assemblée populaire. Avec le temps, l'esprit
de méthode naturel à sir Robert Peel était,
devnlu une si grande et si facile intelli
gence, que personne, dans l'expédition des
affaires, n'a jamais su mieux adapter les
moyens à la fin. Sa flexibilité originelle
s'était changée en un tact consommé. Sa
mémoire *vait accumulé de si grandes ri
chesses de savoir et d'expérience, qu'il pou
vait sans peine, et de la façon la plus lumi-
Beuse, réunir à l'instant toutes les idées
nécessaires pour approfondir ou éclairer un *
sujet ; et dans la chambré de^communes, il
était également éminent, qu'il s'agît d'expo
ser ou de répondre. S'il exposait, on était
frappé de l'ordre, de la clarté et de la pléni
tude de ses argumens. S'il répliquait, il se
montrait toujours prêt et plein à la fois d'a
dresse et-d'invention, de promptitude à dé
couvrir les points faibles de son advefsaire,
et de dextérité à sortir d'une position em
barrassante.
Avec tant de qualités naturelles et de ta-
lens, il manquait une grande chose à sir Ro
bert Peel : il n'avait point d'imagination ;
faute d'imagination, il n'avait pas de pré
voyance. Personne n'avait plus de sagacité
dans les nécessités du moment; personne ne
portait sur les faits actuels un coup-d'œil"
plus pénétrant et plus exact. Son jugement
était infaillible, pourvu qu'il n'eût point af
faire avec l'aVenir. Aussi est-il arrivé dans
sa longue carrière que, regardé par tous com
me le plus prudent et le plus sur des chefs,
il a toujours, tout en déployaut la plus
admirabie tactique , terminé ses campa
gnes par se rendre à discrétion. 11 était si
habile, qu'il pouvait prolonger la résis
tance même au-delà de son terme naturel,
et si peu prévoyant, que souvent au milieu
même du triomphe de ses manœuvres, il
se trouvait dans une position intenable.
Aussi est-il arrivé que l'émancipation- des
catholiques, la réforme parlementaire et l'a
brogation de notre système commercial ont .
été emportées précipitamment ou de force et
sans couditiijp ni concession préalables.
Sir Robert Peel. avait une particularité,,
sans doute naturelle aux hommes doués de
grands talens, mais qui n'ont pas la faculté
créatrice: il avait une dangereuse sympathie
pour les créations d'auteui; loin d'être froid
et réserve comme on le supposait commu- -
nément, c'était un homme de premier mou
vement et même encliuà la précipitation.
Quand on le voyait indécis, irrésolu, réservé,
ambigu dans son langage, c'est qu'il était
perplexe, qu'il ne voyait plus sa roule devant
lui, qùelaroutinedontilavaitadmirablement
tiré parti luimanquaitet que son esprit n'était
pas denàture à substituer une création nou
velle a ce qui venait de s'écrouler. Alors il se
mettait en quête d'idées nouvelles, et quand
il en épousait une, c'était avec avidité ej sou
vent même avec précipitation. 11 donnait
toujours à ses plans nouveaux une exten
sion que leurs inventeurs ou leur pre
mier partisan avaient ete loin d'entrevoir.
On en a une .preuve . par exemple, dans
la façon dont il a réglé notre circulation
financière. Il parai sait renfermé en lui-
même, et on le sui po=iit egoisle; et pour
tant, sauf en de r ir muniras d exaltation,
comme dans les années 1844 et 1845, quand
il s'enorgueillissait de la faveur de la cour,
des hommages du»continent et de la servi
lité du parlement, il manquait en réalité de
confiance en lui-même. 11 y avait toujours
une personne qui exerçait une influence
sur son esprit au nom de quelque théorie'ou
de quelque système. Au temps de ses débuts,
c'était M. I-lorner, ou sir Samuel Romillv.
Dans la dernière et plus importante période
de sa vie, ce furent le duc de Wellington, le
roi des Français, M. Jones Loyd, quelques
autres encore, et enfin M. Cobdën.
Voyons maintenant quelle influence cette
disposition particulière de son esprit a exer
cée sur sa carrière et sui' l'histoire de son
P a Y s - . .
11 ne s'est jamais présenté une meilleure
occasion de former une administration forte
et éclairée, et de rendre le parti tory illustre
et populaire dans le pays, que la mort.de M.
Canning. Il suffisait de réunir les amis de ce
ministre aux partisans du duc de Wellington.
Toutes les j alo usies personnelles avaient cessé,
et deshommes tels queM. Huskisson, M. Lamb
(depuis lord Melbourne), et lord Parmerston,
avaient sans répugnance et sans réserve ac
cepté la direction de M. Peel,'- qui. venait d'at
teindre à sa pleine virilité, et ils lui témoi
gnaient autant de déférence que de cordia
lité. Les J|dmps étaient mûrs - pour régie?
d'une manière calme, prudente et politique,/
deux grandes questions : l'admission des
catholiques dans la chambre, des commu
nes , et la réorganisation de la chambre
elle-même. Des mesures très modérées au
raient suffi:,1e droit électoral eût été don
né à une demi-douzaine de grandes villes
manufacturières, et ce résuliat eût été ac-~
cueilli par la satisfaction générale. Le duc
, de Wellington était opposé à tôut chan
gement. Sir Robert Peel était alors sous l'iii-
lluencedes idées du duc. Lofd Wellington lui
semblait être l'homme destiné à gouverner le
pays nendant le prochain quart de siècle. Il
seconda donc la résistance du duc con tre ceux
qui auraient volontiers ' transféré le droit
électoral de quelques, bourgs-pourris du Cor-
nouailles à quelques-unes des grandes villes
du nord. ,Les amis de M. Canning, faute d'ac
quiescer à cette politique à courte vue, furent
brutalement expulsés du eabinet, et sir Ro
bert Peel, demeuré le chef d'un parti parle
mentaire qui necomptait pas, d'autre renom
mée que la sienne, fut, en très peu de temps,
contraint de concéder en toute hâte à la vio
lence de l'agitation extérieure une recon-,
naissance si complète des droits des catholi
ques, que le parti tory en fut brisé, et que la
réforme de la chambre des compiunes fut
emportée au milieu d'une révolution.
* Après chaque grand désastre, on pouvait
observer, chez sir Robert Peel que son esprit
semblait toujours s'ét ndre : sa vie a été une
éducation perpétuelle. Personne ne voyait
plus distinctement les fautes qu'il avait faites
et ne savait modifier, en pareil cas, sa conduite
avec plus de promptitude ; mais c'étaient le
passé et le présent qui seuls préoccupaient
son esprit. Après la catastrophe de 1830, il
se sépara du duc de Wellington, et an
nonça résolument à ses amis que désor
mais il ne serait ministre sous personne.
Il est peu de choses plus remarquables dans
l'histoire parlementaire que la façon dont
sir Robert Peel dirigea dix années une op
position sans. essayer .de formai' les opi
nions de ses amis et sans les pénétrer d'un
seul principe directeur, mais en déployant
lui-même pendant tout ce temps et sur tous
les sujets, une grande sagesse de vues,
l'habileté de l'administrateur et un talent
d'orateur accompli. Il ne pouvait donner à
ses amis aucun principe directeur, parce que
-lui-même n'en avait aucun, et il restait as
sis sur les bancs de l'opposition en attendant
au'on lui en donnât un. Il.savait si peu lire
dans l'avenir, que, quand Ieswhigs, complè
tement ruinés, lui abandonnèrent le pouvoir
ct 1839, après une défaite, sur une question
coloniale, il fit tout ce qu'il put pour éviter
,de prendre le timon des affaires, alors qu'il
pouvait entrer au ministère, libre d'engage-
mens et à Fabri, du moins, quelque conduite
qu'ifeût tenue, des reproches pénibles etmé- w
ri lés qui ont suivi ses derniers actes. Mais il se'
trouvait que les finances du pays n'étaient pas
florissantes à ce moment, les grands intérêts
commençaient comme de coutume à mur
murer , et sir Robert Peel voulait être porté
au pouvoir par les' grands' intérêts natio
naux. Il, atteignit son but, et cinq ans après
-il attaquait ces grands intérêts comme autant
de monopoles, et il les frappait de mort.
L'association catholique, l'union de Bir
mingham, là ligue de Manchester, furentau-
tant d'enfans légitimes de sir Robert Peel.
Aucun ministre n'a jamais affaibli autant
que cet homme éminent le ; pouvoir .du gou-
verîfcment en Angleterre. Personne n'a res
serré la Constitution dans des limites si étroi
tes ; il a été, sans le savoir, le père de l'agi
tation politique; il a littéralement contraint
les masses à se faire hommes d'Etat, et les
tendances entières de sa pglitique allaient
à foire de nos-institutions delfimples formes.
En un mot, personne, malgré son langage
conservateur n'a fait faire plos"de pas à la ré
volution. Dans un temps ordinaire, il eût été
uu ministre parfait, mais il n'était pas lemi-
nistre d'une époque orageuse. Il n'avait pas
la profondeur, la;passion, et le ressort d'es
prit qu'exige une pareille situation.
Après avoir brisé le parti tory en 1846, il
se mit à réfléchir sur le passé et le présent,
.comme il avait fait après sa chute de 1830,
et il arriva de nouveau à uhe grande conclu
sion. En 1830,-il avait déclaré qu'il ne serait
plus un ministre subalterne; en 1846, il dé-
claraqu'il n'agirait plus en homme de parti.
En 1830, il rejetait la responsabilité de sa
situation sur le duc de Wellington-; en 1846,
sur les liens politiques des cinq années pré
cédentes. Mais s'il avait'été un homme de.
génie, il aurait guidé lord Wellington ; et, '
en 1841, il aurait donné un programme à
son parti qui lui était toujours dévoué, au
lieu de lui emprunter ses idées usées. '
Personne ne savait mieux que sir Robert
Peel, que, sans les liens de parti, ce gouver
nement parlementaire qu'il admirait tant'se-
rait intolérable, qu'il serait à la fois le gou
vernement le plus faible et le plus corrom
pu. En jetant le blâme sur l'organisation des
partis, sir Robert Peel n'avait d'autre inten
tion que de rabaisser les combinaisons poli
tiques dont il avait l'expérience et par les
quelles il s'était élevé. Exclu -du pouvoir
qu'il aurait dû exercer pendant un quart de
siècle, il s'assit'sur son banc solitaire et se.
prit à réfléchir sur le passé. A soixante ans,
il commença à comprendre sa position ;
l'étoile de Manchester semblait devoir se le
ver aussitôt après le coucher d'Oxford, et sir
Robert Peel sentit qu'il avait sacrifié la car
rière que lui. ouvrait la nature à une éduca
tion d'un autre âge et à un système politique
auquel il ne pouvait pas même garantir un,e
oraison funèbre. ■ .
Sir Robert Peel avait un défaut dont il avait
conscience : il était naturellement très timi
de; mais, porté de bonne heure à des posi
tions éminentes,-il s'était formé un main-'
tien artificiel,sec jusqu'àla hauteur ou d'une
bienveillance exubérante, et il avait la plus
grande peine à s'en dépouiller. 11 y réussis
sait pourtant parfois, et c'était surtout en
tête-a-tête avec les gens qu'il.désirait gagner.
Ses manières alors n'étaient pas seulement
d'une cordialité sans affectation, elles étaient
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