Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-01-13
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 janvier 1852 13 janvier 1852
Description : 1852/01/13 (Numéro 13). 1852/01/13 (Numéro 13).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMÉRO 13.
BUREAUX : rue «f«# 94 JPérrter (el-devant V«lobi), t(^
1852.-MARDI 15 JANVIER.
PRIS DE L'ABONNEBÏEHÏ
pour Parts et les departemms :
SBOIS MOIS. 12 g I SIX BOIS... 22 F.
tm AS.... 40 ».
pour les pays étrangers, se reporter
au tableau qui sera publié dans le journal,
les 10 et 25 de chaque mois.
Les abonnemens datent des 1« et 16
de chaque mois.
,S'adresser, franco; yoi»* la rédaction, à M. B oni:
Les articles déposés ne sont pas rendus;
—> t —
.'s
ÎOn iabonne, dans les départemens, ceux Messageries et aux Directioné de poste—A Londres, chez MM] CowiE et ms .j S'adresser, franco, pour l'administration, à M. D enain, directeur
— A Strasbourg, chez M. ALEXANDRE , pour VAllemagne. |Les annonces sont reçues au bureau du jourçal; et chez M. PANIS, régisseur, 10, place de la
PARIS, 12 JANVIER,
Le décret du Président de la République
sur la garde'nationale, comme nous l'avons
annoncé hier, est publié ce malin dans le Mo
niteur. C'est l'une des lois organiques qui
doivent accompagner, dans la pensée de
Louis-Napoléon, la Constitution nouvelle que
le peuple français l'a chargé de faire, et qui
sera promulguée dans quelques jours. Onavait
dit que le gouvernement avait résolu de sup
primer lagarde nationale. Le.décret du U jan
vier prouve suffisamment qu'il faut mettre
ce bruit-au nombre de tous ceux que la mal
veillance ou la légèreté propagent depuis le
2 décembre, et auxquels l'événement vient
donner un éclatant démenti. La garde natio
nale judicieusement organisée de façon à ce
que, conformément à l'esprit de son institu
tion, elle serve d'auxiliaire aux troupes pour le
maintien de la tranquillité publique et pour
la défense du territoire, est une puissante ga
rantie d'ordre etdesécurité. Le gouvernement
de Louis-Napoléon, appuyé sur les forces
vives de la nation, et puisant son autorité
dans huit millions de suffrages, peut comp
ter sur le concours et sur ledéveûment d'une
milice citoyenne, créée, non pour tenir en
échec et pour combattre le pouvoir, mais
pour seconder son action légitime et régu
lière.
On sait combien la révolution de février
avait détourne la garde nationale de ce
but. En même temps qu'on avait chassé de
Paris l'armée, humiliée, mais non vaincue,
on avait, avec la plus folle imprudence, dis
tribué à profusion des fusilsetdes munitions
de guerre à toute la population. Les sanglan
tes journées de juin ont attesté toute l'é
tendue de cette faute. En effet, tandis
que, dans certaines légions, nombre de braves
citoyens se faisaient tuer»pour la cause de la
.soçiété, on vit paraître sur les barricades de
l'anarchie l'uniforme de la garde nationale;
des légions entières participèrent à l'insurrec
tion par leur concours actif ou s'en rendirent
complices par leur inertie coupable, et les
soldats de l'ordre furent décimés par les bal
les que le pouvoir d'alors avait prodiguées aux
sideptes du "socialisme. Depuis cette époque,
le même contraste a pu être observé dans la
triste histoire de nos troubles civils. Il y a eu
toujours deux gardes nationales en présen
ce : l'une franchement dévouée aux intérêts
sociaux, combattant avec résolution la dé
magogie à côté de notre vaillante armée, et
l'autre toujours prête à aider les tentatives
de désordre, et attirant sur elle les justes sé
vérités de l'admini§tration. C'est cette der
nière qui, le 13 juin 1849, a fait figurer
ses insignes dans les rangs de l'émeute
et autour du Conservatoire des Arts-et-Mé-
tiers. C'esi elle qui, inscrivant honteusement
sur la porte des maisons ces mots : Armes
données , se chargeait d'équiper, les faiseurs
de barricades; c'est elle enfin qui était un
obstacle permanent à l'établissement d'une
autorité forte et vigilante, déterminée à extir
per l'esprit de désordre, et à protéger, en'
assurant la paix publique, le crédit néces
saire aux transactions du commerce et de
. l'industrie, et le travail, cet indispensable
élément du bien-être pour les populations
laborieuses.
Le gouvernement de Louis-Napoléon-veut
énergiquement fonder l'ordre et la stabilité
dans l'intérêt de la dignité de notre pays
et pour le bonheur de tous les bons ci
toyen s. Aussi n'a-t-il pas hésité à suppri
mer fa garde nationale du désordre, dont
nous ' ivons brièvement retracé le rôle et
les teindances, pour ' ne laisser subsister
que lafigarde nationale de l'ordre, celle qui
est vr [liment digne de s'associer à l'œu
vre de l'armée et du pouvoir, afin d'asseoir,
sur des bases solides, avec la tranquillité pu
blique, la prospérité de la France.
La garde nationale est dissoute dans tout
le territoire par le décret du'11 janvier. Elle
sera immédiatement réorganisée . dans les
localités où le gouvernement la jugera né
cessaire. Le nombre des gardes nationaux
sera pareillement fixé daûs les localités par
l'administration, qui restera seule j uge de
l'oppor lun i té des dissolutions et des réorgani
sations. Il n'y aura de corps spéciaux d'ar
tillerie et de cavalerie que sur l'autori
sation du ministre de l'intérieur. On pour
ra ainsi écarter ceux de ces corps spéciaux
qui étaient des foyers de propagande sé
ditieuse , tout en conservant ceux qui,
comme à Lille, à Valenciennes, à Compiègne
et ailleurs, ont noblement concouru à la
défense du territoire.
Là garde nationale, qui se recrutera parmi
les citoyens' de, yingt-cinq à cinquante ans,
reconnus aptes à servir, aura deux services à
faire : l'un, le service ordinaire dans l'inté
rieur de la commune ; et l'autre, le service
de détachement hors du territoire de la com
mune. Elle sera placée sous l'autorité des mai
res, des sous-préfets, des préfets et du mi
nistre de l'intérieur. Les ordres ne pourront
être donnés aux gardes nationaux par leurs
chefs immédiats que sur une réquisition de
l'autorité civile. Le décret porte, d'ailleurs,
que, dans tous les cas où les gardes nationa
les sont de service avec des corps soldés, elles ; .
prennent le rang sur ceux-ci.
Le décret règle la composition des conseils
de recensement et la nomination des offi
ciers de tous grades. Nous renvoyons nos
lecteurs, quant au premier point, aux arti- 1
des 8, 9 et 10' de la nouvelle loi. Les officiers
de la garde nationale, pour tous les grades,
sont nommés par le Président de la Républi
que, qui sé-réserve le droit d'investiture, à
Paris sur la présentation du ministre de l'in
térieur, d'après les propositions du com
mandant supérieur, et dans les départemens
sur la présentation des préfets. Cette dispo
sition permettra de donner aux gardes na
tionaux un corps d'officiers homogène et
composé d'hommes sûrs et expérimentés.
On sait, en effet,, par les annales de nos dis
cordes civiles, que si la garde nationale a
souvent éprouvé des pertes douloureuses, il
faut surtout l'attribuer à l'irrésolution, à la
mollesse ou à l'impéritie des chefs.
La garde nationale de Paris sera sur-le-
champ organisée par bataillons, à la diligence
de son commandant supérieur, le général
Lawœstifie, qui sera secondé dans cette tâche
par M. Yieyra, nommé, par décret du 11
janvier, colonel chef d'état-major général.
Le décret déclare les communes responsa
bles des armes confiées aux gardes natio
naux de chaque localiîfe et qui restent la
propriété- de l'Etat. Une pénalité est établie
contre les gardes nationaux qui, lors des
inspections générales annuelles, ne pour
raient pas représenter leurs f usils en bon état
de conservation. Au terme du décret, les dé
penses principales des gardes nationales sont
à la charge des communes, et sont votées,
réglées et surveillées comme les autres dé
penses municipales. Le règlement relatif au
service ordinaire, est arrêté à Paris par le
ministre de l'intérieur, dans les départemens
par les, maires, sur la proposition du com
mandant de la garde nationale, et moyen
nant l'approbation du sous-préfet. Les dispo
sitions de la loi du 13 juin 1851, relative
ment à la discipline, sont maintenues.
Telles sont, sauf les questions de détail,
les innovations principales de la nouvelle loi
sur la garde nationale, qui, selon le langage
énergique deà considérans du décret, est
destinée, dans l'avenir, «non à être une ga
rantie contre le pouvoir, mais une garantie
contre l'insurrection.» Ajoutons que, comme
le dit aussi fort bien le décret, l'expérience dè
ces derniers événemens a prouvé que, pour
disperser on tenir en respect les bandes des
bandits et des pillards, il a suffi, dans nom
bre de localités, de la présence d'une troupe
choisie de bons citoyens décidés à maintenir
l'ordre et à seconder l'action de l'autorité.
H enby C au vain.
On annonce qu'il sera prochainement pu
blié une ordonnance d'amnistie applicable à
toutes les pèines disciplinaires prononcées
contre les gardes nationaux pour faits anté
rieurs à la réorganisation de la garde natio
nale.
L'administration des douanes vient de pu •
blier le tableau général des mouvemens du
cabotage pendant l'année 1850. Ce tableau
ne concerne, comme on voit, que des faits
déjà assez éloignés de n»us. Il serait-à dési
rer que l'administration des douanes, qui a
fail les plus louables efforts pour hâter la
publication des états du commerce exté
rieur, prît des mesures analogues en ce qui
touche les états du cabotage.
Le mouvement général des marchandises
. de toute nature, expédiées par cabotage, soit
dans la iflême.mer, soit d'une mer dans l'au
tre, représente une masse de 2,069,000 ton- :
nés pour l'année! 850; c'est une augmenta
tion de i O'O par rapport à l'année 1849, et,
au contraire, une diminution de 8 0/0 com
parativement à la iAoyenne des cinq années
antérieures. ' - '
' D'où vient cette diminution de 8 0/0 com
parativement à la moyenne quinquennale ?
On se demande d'abord s'il , ne faut pas en ,
chercher la cause dans la concurrence des
chemins de fer, qui, au fur et à mesure du
développement de notre réseau, tendent à at
tirer une partie du mouvement du cabotage.
Mais, en décomposant les tableaux, nous n'a
vons reconnu aucun fait de quelque impor
tance qui permît d'attribuer cette diminution
du cabotage a une influence sensible des
chemins de fer.
Est-ce à un ralentissement commercial
qu'on doit en imputer la cause? Mais nous
venons de voir que, si le mouvement de 1850
est inférieur à celui de la moyenne quin
quennale, il est cependant supérieur à celui
de l'année 1849, qui, de l'aveu de tous, a été
une année très prospère. Il est donc évident
que la diminution du cabotage, relativement
à la moyenne des cinq dernières années, ne
tient pas aune cause générale, mais provient
principalement d'une cause particulière.
En effet, ce qui a surtout affecté le mou
vement du cabotage dans ces deux dernières
années, c'est une chose «n réalité très satis- .
faisante : c'est, en un mot, l'aboùdance des. \
récoltes. Dans les années 1845,1846 et 1847, '
qui ont dônnélieu à des récoltes insuffisantes, :
le cabotage a dû transporter une grande ,
quantité de céréales pour venir en aide aux ■
localités où la pénurie se faisait le plus sen- j
tir. Ainsi les grains et farines expédiés par '
le cabotage, péndant ces trois années, sô sont .
élevés à 303,000, à 383*000, et à -506,000 j
tonnes. Elles n'ont été, au contraire, que de
"204,000 et de 202,000 en 1849 et en 1850,
parce que l'abondance générale des récoltes
a permis à chaque partie du territoire de
subvenir plus facilement à. son alimenta-,
tion.
Sur le chiffre de 2,069,000 tonnes,qui em
brasse le mouvement total du cabotage en
1850, le grand cabotage, c'est-à-dire celui
d une mer dans l'autre, en représente 194,000,
et le petit cabotage, c'est-a-dire celui qui ,
s'exerce entre ports de la même mer, en re
présente 1,875,000.
La part des ports de l'Océan dans les ex- ;
pédilions de grand cabotage a été de 60,000
tonnes, et celle des ports de la Méditer-
ranée de 134,000 tonnes. Pour les ports
de l'Océan", c'est une augmentation de
18 0/0 comparativement à 1849, et de
10 0/0 par rapport .à 1850. Pour les ports
delà Méditerranée, c'est au contraire une
diminution de 10 et de 2 0/0. D'où il résulte
que-les envois de l'Océan sur la Méditerra
née sont en progression, tandis que les en
vois de la Méditerranée sur l'Océan sont en
décroissance. •
Le petit cabotage de l'Océan s'e-t élevé à
1,418,000 tonnes, celui de la Méditerranée à
456,000 : ce qui équivaut, pour l'un et l'au
tre, à une augmentation de 3 et 9 0/0 par
rapport à 1849; et à une diminution de 7
et de 12 0/0 comparativement à la moyenne
quinquennale.
Si l'on examine la nature des principales
marchandises qui ont alimenté le cabotage
en 1850, on trouve que, sur la masse totale !
de 2,069,000 tonnes, les bois communs; en
ont fourni 16 0/0, les matériaux de construc
tion-11 .1/2 0/0, les vins 11 0/0, les grains et
farihes 10 0/0, le sel marin 9 0/0, la Houille
4 1/2 0/0, ete., etc. "
Les navires chargés, qui ont été expédiés
pour transporter cette masse de marchan
dises, sont au nombre de 7-1,700, jau
geant ensemble 2,447,000 tonneaux. Ce
chiffre de 71,700 indique, bien enteudu,
le nombre des voyages effectués, et non
pas le nombre des navires employés au
cabotage, chaque navire faisant plusieurs
voyages dans l'année, suivant l'étendue du
trajet. Mais il montre néanmoins que le ca
botage fournit une des ressources les plus
importantes pour la formation de nos mate
lots et pour le recrutement de notre flotte.
L. BONIFACK.
» Le commandantdelagendarmerie grand'ducale.
» Signé : de iienz , colonel. »
Voici le résultat officiel du vote sur le plé
biscite, dans le département des Basses-Al
pes, tel qu'il a été constaté par la commis
sion chargée du recensement :
Votans 34.912
Oui 34.213
Nôft. 614>
Niils ou réservés 81
De nouveaux détails nous parviennent sur
' l'instruction qui se poursuit dans le dépar
tement des Basses-Alpes. Les révélations re
cueillies attestent le degré de démoralisation
effrayant où était descendue une certaine
partie de la population de ce département,
sous la pression du parti démagogique. Il
n'y avait pas de commune, peut-être, qui
n'eût sa société secrète, et il y a des commu
nes du canton de Manosque dont tous les
liabitans, sans exception, avouent avoir été
affiliés ; il est vrai que le plus grand nombre
ne se doutaient pas des conséquences de l'en
gagement qû'on leur arrachait par le men
songe et par la'-mtgiace.
Le nombre des individus arrêtés s'élève
aujourd'hui, pour tout le département, à
992, qui se répartissent ainsi par arrondis-
semens : Forcalquier 600, Digne 204, Siste-
ron 140, Barcelonnette 40, Castellane 8.
Les commissions militaires procèdent à
l'examen des dossiers avec la plus grande
activité. Les individus qui leur sont ren
voyés sont divisés par elles en trois catégo
ries. La première comprend ceux qui doi
vent être mis en liberté immédiatement, la
seconde ceux qui sont déclarés transporta-
. bles, et la troisième ceux qui sont renvoyés
devant les conseils de guerre.
Au nombre des inculpés classés dans cette
dernière catégorie, par la commission mili
taire siégeant à Digne, figurent dix des prin
cipaux chefs du mouvement insurrectionnel,
entr'autres les nommés Cotte et Chemin,
qui se sont réfugiés en Piémont, à la suite de
la défaite de leurs bandes. Leur extradition
sera,, dit-on, demandée au gouvernement
piémontais.
Tout récemment un ordre du jour adressé
à la gendarmerie du royaume de Bavière par
le commandant supérieur de ce corps, lui
présentait la gendarmerie française comme
un admirable modèle à suivre. Nous trou
vons aujourd'hui le même hommage rendu
. à nos braves gendarmes par -un. ordre du
jour émanant du colonel co mm andant la
gendarmerie du grand-duché de Bade. Nous
reproduisons ce document,publié par l'Alsa
cien, et daté de Carlsruhe, 8 janvier 1852 :
■ «Le personnel du corps de,la gendarmerie doit
avoir connaissance dé la conduite glorieuse de la
gendarmerie française pendant les dernières in
surrections à Paris et dans d'autres parties de la
France.
» Ce corps si distingué a fait preuve de la mê
me" intrépidité, soit dans l'enlèvement par la force
des barricades, soit dans les divers combats contre
les insurgés rouges. -
» Elle a combattu/avec persévérance et héroïs
me dans toutes les'occasions et contre des masses
innombrables ; beaucoup sont tombés comme de
glorieuses victimes ; d'autres sont morts à la suitê
de leurs blessures ! .
» Ils n'avaient pas d'autre but que l'accomplis-
seinent de leurs devoirs ; l'honneur, le courage,
la persévérance et l'abnégation les ont conduits à
la victoire!
» La gendarmerie française, qui, du temps de
l'Empire, s'était déjà acquis un glorieux renom,
vient de se couvrir .d'une gloire nouvelle ; elle a
montré que la génération actuelle ne le cède pas à
sa devancière.
» Je crois accomplir un devoir en fixant l'at-
tention du corps de la gendarmerie badoise sur ce
qui .vient de~se passer en France.
» Le ■ souvenir de l'attitude si parfaite de ce
corps durant l'année 1849, me donne la ferme
confiance qu'il fera preuve dans toutes les cir
constances d'un dévoûment pareil, et que, stimulé
par de pareils exemples, il s'efforcera toujours d'ê
tre digne de se ranger aux côtés de la gendarme
rie française, par le même courage, par une même
persévérance, un même' dévoûment, tout aussi
comme par la sévère observation de la discipline,
qui est la base fondamentale de tout corps militaire.
SOUSCRIPTION NATIONALE
Pour les militaires blessés de toutes armes et
pour les familles des militaires tués dans les
événemens de décembre. ,
MM.
Firmin Didot frères , imprimeurs li
braires, 56, rue Jacob,
Penguilly Lharidon, capitaine d'ar
tillerie,
Mme Denain,
Clotilde Neveux,
Fournier Desormes,
Evignaine, ancien dragon de la garde
• impériale,
Simoneau, bandagiste, pl. de l'Odéon,
Durun, capitaine, 364, r. Saint-Denis,
Lepelletier, passageVivienne, ; ■
L. Lemaître, '
J. Lemaître, ,, -
Piet, avenue Saint-Ouen,
Anonyme,
Boucher, rue Blanche,
L.C.,
Mme L. C.,
Collecte de vingt ouvriers,
MM. Billiet etHuot,
Hector Bouruet,
Daviès, 27, rue Sainte-Anne,
Morier,
Marlier,
Société des lits militaires (Cham-
bry et C".), '
300 f.
10
10
5
10
5
8
20
15
20
5
3
20
23
25
25
10
25
500
10
25
3
r;- o
Journée du 13
Recette précédente
4,580
•570
•Total ' 2,150
Le journal anglais le Globe a annoncé que
le schooner russe le Robert avait été forcé de
jeter l'ancre dans le détroit du Pas-de-Calais,
lors du dernier ouragan. On a constaté que
cette ancre avait accroché le câble du télé
graphe sous-marin. Ce câble a donc résisté,
pendant onze heures, à la traction qu'exer
çait sur lui, par une tempête, un navire d'un
forttonnage.Le lendemain matin, le capitaine
du Robert n'a pu retirer son ancre, et il a dû
l'abandonner pour aller chercher un mouil
lage. Les secousses qu'a dû ressentir le câble
sous-marin ne l'ont point déplacé et n'ont
amené aucune interruption dans le service
du télégraphe.
ACTES OFFICIELS.
REPUBLIQUE FRANÇAISE.
au nom du peuple français.
Louis-Napoléon,
Président de la République,
Considérant que l'ordre est l'unique source du
travail et qu'il ne s'établit qu'en raison directe de
de la force et de l'autorité du gouvernement ;
Considérant que la garde nationale doit être non
une garantie contre le. pouvoir, mais une garantie
contre le désordre et l'insurrection ;
Considérant que les principes appliqués à l'or
ganisation de la garde nationale à la suite de nos
différentes révolutions, en armant indistinctement
tout le monde, n'ont été qu'une préparation à la
guerre civile ;
Qu'une composition de fa gar<}e nationale, faite
avec discernement, assure l'ordre public et, le sa r
lut du paysj .
Considéraut "que, dans les campagnes surtout,
où la farce publique est peu riorpbreuse, il impprte
de prévoir toute nouvelle tentative de désordre et
de pillage ; qu'une récente expérience a prouvé
qu'une seule compagnie de bons citoyens armés
pour la défense de leurs foyers, suffit pour conte
nir ou mettre en fuite des bandes de malfaiteurs ;
Sur le rapport du ministre de l'intérieur ;
Décrète:
Le3 gardes nationales sont dissoutes dans toute
l'étendue du territoire de la République.
Elles sont réorganisées sur les bases suivantes,
dans les localités où leur concours sera jugé né
cessaire pour la défense de l'ordre public.
Dans le département de la Seine, le général com
mandant supérieur est chargé de cette réorganisa
tion, qui aura lieu par bataillons.
Art. 1 er . Le service de la garde nationale consiste,
1° En service ordinaire dans l'intérieur de fa
commune ;
2° En service de détachement hors du territoire
de la commune.^
Art. 2. Le service de la garde nationale est obli
gatoire pour tous les Français? âgés de vingt-cinq
à cinquante ans, qui seront jugés aptes à ce ser
vice par le conseil de recensement.
Néanmoins, le gouvernement fixera, pour cha
que localité, le nombre de gardes nationaux.
- Art. 3. La garde nationale est organisée dans
toutes les communes où le gouvernement le juge
nécessaire : elle est dissoute et réorganisée suivant
que les circonstances l'exigent. Elle est formée en
compagnie, bataillon ou légion, selon les besoins
du service déterminés par l'autorité administrative,
qui pourra créer des corps de sapeurs-pompiers.
La création de corps spéciaux de cavalerie, ar
tillerie qu génie ne pourra avoir lieu que sur l'au
torisation du ministre dè l'intérieur.
Art. 4. Le Président de laRépublique nommera
un commandant supérieur, des colonels ou lieu-
tenans-colonels dans les localités où il le jugera
convenable.
Art. 5. La garde nationale est placée sous l'au
torité des maires, des sous-préfets, des préfets et
du ministre de l'intérieur.
Lorsque, d'après les ordres du préfet ou du sous-
préfet, la garde nationale de plusieurs communes
est réunie soit au chef-lieu du canton, soit dans
toute autre commune, elle est sous l'autorité du
maire de la commune où a lieu la réunion.
Sont exceptés les cas déterminés par les lois où
la garde nationale est appelée à faire un service
militaire et qu'elle est mise sous les ordres de l'au
torité militaire. «
Art. 6. Les citoyens ne peuvent ni prendre les
armes ni se rassembler, comme gardes nationaux,
avec ou sans uniforme, sans l'ordre des chefs im
médiats, et ceux-ci ne peuvent donner cet ordre
sans une réquisition de l'autorité civile.
Art. 7. Aucun chef de poste ne peut faire dis
tribuer de cartouches aux gardes nationaux pla
cés sous son commandement, si ce n'est en vertu
d'ordre précis, ou en cas d'attaque de vive force.
Art. 8- La garde nationale se compose de tous
les Français et des étrangers jouissant des droits
civils, qui sont admis' par' lé conseil de recense
ment, à la condition "/d'ivre habillés suivant l'uni
forme; qui est obligatoire.
Art. 9. Le conseil de recensement est composé
ainsi qu'il suit :
1 - Pour une compagnie : du capitaine, président,
et de deux membres désignés par le sous-préfet;
2° Pour un bataillon : du'chef de bataillon, pré
sident, et du capitaine dé chacune des compagnies
qui le composent : le capitaine peut se faire sup
pléer par son sergent-major.
Provisoirement, et jusqu'à nomination aux gra
des, il est composé de trois membres par compa
gnie, et de neuf membres par bataillon, désignés
par le prélet ou sous-préfet.
A Pari*, la désignation sera faite par le minis
tre de l'intérieur, sur la présentation du général
commandant supérieur.
Le conseil de recensement prononce sur les ad
missions et arrête le contrôle définitif.
Art. 10. Il y aura un jury de révision par cha
que canton. Il est présidé par le juge de paix et
composé de quatre membres nommés par le sous-
préfet.
A Paris, le jury de révision, institué à l'état-
major-général, est présidé par le chef d'état-ma
jor; à son défaut, par-un lieutenant-colonel d'état-
major, et composé de :
4 chefs de bataillon ; '
2 chefs d'escadron d'état-major ;
2 capitaines d'état-major ;
1 chef d'escadron, rapporteur;
1 capitaine, rapporteur adjoint ;
1 capitaine, secrétaire ;
1 lieutenant, secrétaire adjoint.
Art. 11. Le Président de la République nomme
les officiers de tous grades, sur la présentation du
ministre de l'intérieur, d'après les propositions du
commandant supérieur, dans le département de la
Seine, et d'après celles des préfets, d?.ns les autres
départemens.
Les adjudans sous-officiers sont nommés par le
chef de bataillon, qui nomme également à tous les
emplois de sous-officiers et de caporaux, sur la
présentation des commandans de compagnies.
Art. 12. Les communes sont responsables, sauf
leur recours contre les gardes nationaux, des ar
mes que le gouvernement à jugé nécessaire de
leur délivrer ; ces armes restent la propriété de
l'Etat. .
L'entretien de l'armement est à la charge du
garde national; les réparations, en cas d'accident
causé par le service, sont à la charge de la com
mune.
Les gardes nationaux détenteurs d'armes appar
tenant à l'Etat, qui ne présentent pas ou rie font
pas présenter, ces armes aux inspections générales-
annuelles prescrites par les règlemens, peuvent
être condamnés à une amende d'un franc au
moins et de cinq francs au plus, au profit de la
commune.
Cette amende est prononcée et recouvrée comme
en matière de police, municipale.
Art. 13. Dans tous les cas où les gardes nationa
les sont de service avec les;corps soldés, elles pren
nent le rang sur eux.
Art. 14. Les dépenses de la g.rde nationale sont
votées, réglées et surveillées cornue toutes les au
tres dépenses municipales.
FCE1LLET0N DUCO\STITLTIOV\tL 13 JMV.
REVUE MUSICALE.
opÉju-coMiQGE : Reprise de Nina ou la Folle par
amour ; débuts de M 11 " Andréa Favel. — opéra-
national : La Butte des Mou/im, opéra-comique
en trois actes, paroles de MM. Desforges et Gabriel,
musique de m. Adrien Boieldieu. — tiiéatre-
italien : Maria di Rohan ; débuts de m. Ferlotti.—
le paganini du piston. x
Cette Nina folk par amour a fait beaucoup
pleurer nos pères. On était alors plus tendre et
plus sensible que nous ne le sommes en gé
néral. Qn croyait au désespoir, à l'égarement,
à la perte absolue de la raison parsuite d'une
passion contrariée. Aujourd'hui, les cas de
cette maladie sont devenus plus rares. La fo
lie amoureuse est remplacée par d'autres fo
lies non moins dangereuses, mais plus ab
surdes. A la vérité, onapprend tous les jours,
que de pauvres grisettes. délaissées ; des
femmes de chambre ou des faiseuses de cor
sets se sont jetées dans la Seine ou ont péri
par le charbon. Mais la misère est pour
beaucoup dans ces suicides. Dans un monde
plus élevé, on se console aisément des cha
grins d'amour.
Mlle Nina est d'une famille honnête et ri
che ; elle a un beau château avec une grille
superbe. Ses paysans l'adorent, êes dômes-
tiques se feraient tuer pour elle. Mais un pè
re barbare l'a èmpêchee de se marier à M.
Cermeuil. Je conçois l'aversion du père pour
n nom aussi ridicule. Cet homme de bien,
i chérit sa fille et ne rêve que son bon-
ur; ne peut résister à l'idée de l'entendre
eler Mme Germeuil. Les pères ont de ces
es-là. Nina s'entête ; le mari qu'on lui
ine a toutes les qualités d'un gentilhom-
.accompli, il est beau, il est brave, il est
ne, mais il n'a qu'un petit défaut : il n'est
pas aimé ! Les deux rivaux se battent dans
une allée du parc, et Germeuil, qui n'est
point de première force à l'escrime , reçoit
un grand coup d'épée dans le flanc et roule
dans un fossé.
On le croit mort, et Nina, tout éperdue et
éplorée, devient folle. Le pauvre père, ne pou
vant supporter ce spectacle, ni les reproches
continuels de sa fille, promène sa douleur et
ses larmes dans les pays les plus éloignés.
Nina, entouré® de soins, comblée, de ten
dresse par des cœurs fidèles et dévoués, se
livre aux occupations favorites des fous. Elle
Cueille des fleurs» comme Ophélia, elle va
s'asseoir sur un banc, vis-à-vis la grande
avenue, et attend son fiancé. Un voyageur,
brisé de fatigue et vieilli par la souÏÏrancq,
erre autour du parc et n'ose point se pré--
S '-nter au château. C'est le» père de Nina,
qui ne peut vivre plus long-temps loin de
"sa fille. Je ne conilais point d'homme plus
malheureux et plus maltraité. C'est à qui
l'accablera d'injures, Les paysans, les laquais,
les valets de ferme, les palefreniers, tout le
mondeiui dit son fait, jusqu'aux polissons
du village. Peu s'en faut, qu'on ne lui jette
des pierres. Il me semble pourtant que ce
brave homme mérite quelque pitié. Il s'in
forme de, la santé de sa fille auprès de tous
les passans ; il en demande des nouvelles,
à l'intendant du*château, à là gouver
nante : Eh 1 de grâce, comment va ma fille?
Est-elle un peu remise, ma pauvre Nina? —
Eh ! Monsieur, elle va de plus en plus mal;
mais c'est aussi votre faute. Pourquoi lui
avez-vous refusé M. Germeuil? — J'ai eu
tort, n'en parlons plus; mais il faut tâcher
de la divertir. — Rien ne l'égaie tant que de
nous voir, moi et ma femme, lorsqu'elle nous
rencontre, dit l'intendant. — Eh bien! trou
vez-vous toujours sur son passage, répond
le père. Peut-on parler plus naïvement?
Pour moi, dans tout ceci) il n'y a que le père
qui me touche. Quant à M. Germeuil,- je l'ai
en horreur. Il revient, le petit fat, car il n'est
q>as mort le moins du monde, et il n'a rien
de plus pressé que de dire à son beau-père
les choses les plus désobligeantes, c'est vous
qui l'avez rendue folle, c'est vous qui êtes
cause du coup d'épée que j'ai reçu, c'est
vous qui avez voulu notre malheur. — J'en
conviens, dit le brave homme, mais tâchons,
de la guérir.
J'ai vu le moment où ce jeune impertinent
se faisait encore prier. On lui amène la pau
vre folle. Le père se retire à l'écart, les gens
du château font cerclé, Nina s'assied sur un
banc, Germeuil est auprès d'elle et on entame
une revue rétrospective qui tient l'assistance
en haleine. —Vous souvenez-vous, ma chère
Nina, de votre bien-aimé Germeuil?—Oh ! oui,
je m'en souviens ! — Que de tendres soupirs,
que d'élans, que de douces paroles ! — Oh 1
oui 1 bien douces. — Et vous rappelez-vous
quand je mettais ma main dans votre main?
— Je crois bien que je me le rappelle. — Et
quand je posais mes lèvres sur votre front?
— Ici Nina pousse un cri, se passe la main
sur'les yeux et recouvre la raison. Il est
temps. M. Germeuil, qui était assez libre à
ce qu'il paraît, avant la folie de sa maîtresse,
joint la démonstration aux paroles. Il em
brasse tendrement Nina,et cé" baiser est d'un
effet merveilleux.
J'ai de la peine à me rendre compte du
long succès de larmes qu'a obtenu autrefois
cet, ouvrage. La vogue ne s'étant pas épui
sée par un nombre infini de représentations,
on mit Nina en ballet, et on pleura îiu bal
let comme on avait pleuré à Feydeau. Ce qui
me paraît intolérable, c'est que la même si
tuation se prolonge depuis le commencement
jusqu'à la fin de la pièce. Rien n'est plus
commun que des scènes de folie au troisième
acte des obéras italiens; mais ce n'est jamais
qu'une scene. La prima donna défait un
dé' ses bandeaux (marque infaillible de fo
lie) et chante un air des plus at teudrissans. Mais
aussitôt le ténor arrive, et sa vue suffit pour
rappeler lamalheureuse à la raison et au rondo
final. J'avoue que Nina m'intéresserait beau
coup plus si je la voyais moins, si elle met
tait quelque variété dans ses plaintes, si elle
avait quelques intervalles lucides pour re
poser le spectateur. Cette folie tout d'une
pièce, unie,,monotone, irritante, finit par
porter sur les nerfs. Il y a cependant des
personnes qui ne sont pas .de mon avis. Une
femme 4 de beaucoup d'esprit m'a assuré
qu'avant-hier elle avait mouillé trois mou
choirs. - .
Je préfère de beaucoup la musique de Pae-
siello à celle de Dalayrac. Dans l'ouvrage de
.mon illustre compatriote, il y a des mor
ceaux d'une beauté et d'une jeunesse impé
rissables. Le quatuor est un chef-d'œuvre que,
tout le monde sait par cœur. La romance du
berger remplacée dans la partition française
par un solo de hautbois, est charmante. Ce
pendant la Nina dè Dalayrac n'est point sans
mérite. Il y a un joli chœur tout au commen
cement; l'air du ténor, qui ne manque ni
d'expression ni de vérité, et surtout la ro
mance de la folle, devenue célèbre, et qui
est, sans contredit, le morceau capital.
La pièae a été montée pour les débuts de
Mlle Andréa Favel, élève distinguée du Con--
servatoire, et dont j'ai parlé à l'occasion de
la dernière distribution des prix. Mlle Favel
était alors (il y a quatre ou cinq mois) une
grande et belle personne aux traits accentués,
aux cheveux blonds d'une opulence phéno
ménale. Le travail et l'appréhension natu
relle qu'elle avait de ce grand jour des dé
buts l'ont beaucoup changée. Elle a maigri
de moitié,et le désordre obligé deses cheveux,
sa robe étroite aux manches, étranglée à la
ceinture, d'une coupe disgracieuse et raide qui
rappelle la fin de l'epoque Louis XVI, ne sont
pas à son avantage. Ainsi affublée, la débu
tante a le défaut de Mme de Montespan, à
qui la maréchale de la Meilleraie trouvait le
dos bien plat. Mais ce sont là des détails très
faciles à corriger, et c'est pourquoi je les
indique. Mlle Favel aime, dit-on, son art
avec passion et s'y jette à corps perdu. Cela
doit être, car si j'ai des conseils à lui don
ner, c'est plutôt de modérer son ardeur que
de se laisser aller à ses premiers mouve
mens. Elle, joue avec beaucoup d'ame, de
chaleur et d'énergie, mais elle exagère
trop souvent le geste et la voix , et il
lui est arrivé, à deux ou trois reprises,
de pousser des cris d'un effet désagréable.
Dans ses meilleurs passages, elle rappelle par
l'organe Mme Rose Chéri, et paraît l'imiter
à dessein. Gela n'est pas un mal pour une
débutante; on copie toujours Quelqu'un
quand on commence; ce n'est qu'à force de
tàtonnemens, de recherches et d'études, que
le talent se forme et la personnalité se aé-
gage.Commecantatrice,MlleFavelabeaucoup
a apprendre ; mais, pour le moment, je lui
conseille de ne porter son attention que sur
un seul point: il faut qu'elle se défie de
ses intonations, qui ne sont pas bien justes.
C'est là une affaire capitale et à laquelle il
faut parer de bonne heure. Le reste ira de
soi; dans un théâtre tel que l'Opéra-Comi-
3ue, où tou't le monde rivalise de talent,-
'exactitude et de zèle, Mlle Favel, intelli
gente et studieuse comme elle est, ne peut
manquer de faire beaucoup de progrès. Elle
a été reçue avec toute sorte de bienveillance
et d'encourageméns. On a voulu la saluer,
selon l'usage, après la chute du rideau, et,
dans l'excès de sa reconnaissance, ellè a lan
cé des baisers à droite et à gauche, comme
Fanny Elssler à la fin de sa cachucha ; après
quoi elle s'est enfuie dans la coulisse, heu
reuse et troublée;
Le petit Jourdan vaut son pesant d'or
dïms l'ancien répertoire. U a fort bien dit son
air, et avec une triple salve d'applaudisse-
mens. Coulon. s'est acquitté en conscience de
ce malheureux rôle de père, je le félicite et
le plains de tout mon cœur. Je ne sais si le
bonhomme Lemaire a voulu faire rire ou
pleurer ; mais il a réussi dans tous les cas.
> Je n'ai pu m'empêcher de rire de ses gri
maces, tandis que mon voisin pleurait S
chaudes larmes.
~~ Maintenant, vous me demandez ce qu&
c'est que la Butte des Moulins, qu'on à iouô
mardi dernier à l'Opéra-National. C'est l'a-
potheose du porteur d'eau. J'ai toujours eu
la plus grande estime pour cette classe inté
ressante de citoyens; mais ce sentiment tout
spontané en moi, n'avait jamais trouvé dans
les faits une justification plus ample et plus
éclatante. Actuellement je tiens le porteur
d'eau pour le type de la probité, de la déli
catesse et du savoir-vivre. Il faut vous dira
que le père Brichard, le doyen des Auvergnats
du quartier, aune fille d'unebeauté singuliè*
re et d'une force peu commune. Personne
ne sait mieux qu'elle enflammer les cœurs"
dans un commerce ordinairement peuïnllam'
mable, m porter d'une main plus ferme et
d'un bras plus nerve'ux deux énormes seaux
remplis jusqu'aux bords sans en verser une
goutte. Dès qu'on la voit paraître accorte et
provocante, le pied léger, le nez au vent te
nant sa double charge en un si parfait équi
libre, les fabricans de filtres et de fontai
nes jurent qu'ils n'auront d'autre femm»
que cette aimable naïade , les garçons da
bains en raffolent, les marchands de robinet»
chantent ses louanges. Celui qu'elle honore
d un' regard nage dans la joie et dans l'allé
gresse , celui qu'elle dédaigne ou qu'elle
mortifie est à jamais abreuvé d 'amertume
On a vu des malheureux fondre comme Aré^*
thuse èt se changer en ruisseaux.
Le père Brichard, assez peu accessibîeè
ces simagrees de tendress», a promis sa fi lia
a un brave et honnête garçon de son pays '
qui rendra cette Marielle heureuse, si elle va
droit son chemin, et la corrigera rudement
si elle s'avise de s'en écarter. C'est un mariaea
moins brillant que solide, et c'est ce oui
charme le père-Brichard, que les grandeurs
n'ont pas encore ébloui. Mais voilà que il
fiancé de Marielle tire un mauvais numéro
BUREAUX : rue «f«# 94 JPérrter (el-devant V«lobi), t(^
1852.-MARDI 15 JANVIER.
PRIS DE L'ABONNEBÏEHÏ
pour Parts et les departemms :
SBOIS MOIS. 12 g I SIX BOIS... 22 F.
tm AS.... 40 ».
pour les pays étrangers, se reporter
au tableau qui sera publié dans le journal,
les 10 et 25 de chaque mois.
Les abonnemens datent des 1« et 16
de chaque mois.
,S'adresser, franco; yoi»* la rédaction, à M. B oni:
Les articles déposés ne sont pas rendus;
—> t —
.'s
ÎOn iabonne, dans les départemens, ceux Messageries et aux Directioné de poste—A Londres, chez MM] CowiE et ms .j S'adresser, franco, pour l'administration, à M. D enain, directeur
— A Strasbourg, chez M. ALEXANDRE , pour VAllemagne. |Les annonces sont reçues au bureau du jourçal; et chez M. PANIS, régisseur, 10, place de la
PARIS, 12 JANVIER,
Le décret du Président de la République
sur la garde'nationale, comme nous l'avons
annoncé hier, est publié ce malin dans le Mo
niteur. C'est l'une des lois organiques qui
doivent accompagner, dans la pensée de
Louis-Napoléon, la Constitution nouvelle que
le peuple français l'a chargé de faire, et qui
sera promulguée dans quelques jours. Onavait
dit que le gouvernement avait résolu de sup
primer lagarde nationale. Le.décret du U jan
vier prouve suffisamment qu'il faut mettre
ce bruit-au nombre de tous ceux que la mal
veillance ou la légèreté propagent depuis le
2 décembre, et auxquels l'événement vient
donner un éclatant démenti. La garde natio
nale judicieusement organisée de façon à ce
que, conformément à l'esprit de son institu
tion, elle serve d'auxiliaire aux troupes pour le
maintien de la tranquillité publique et pour
la défense du territoire, est une puissante ga
rantie d'ordre etdesécurité. Le gouvernement
de Louis-Napoléon, appuyé sur les forces
vives de la nation, et puisant son autorité
dans huit millions de suffrages, peut comp
ter sur le concours et sur ledéveûment d'une
milice citoyenne, créée, non pour tenir en
échec et pour combattre le pouvoir, mais
pour seconder son action légitime et régu
lière.
On sait combien la révolution de février
avait détourne la garde nationale de ce
but. En même temps qu'on avait chassé de
Paris l'armée, humiliée, mais non vaincue,
on avait, avec la plus folle imprudence, dis
tribué à profusion des fusilsetdes munitions
de guerre à toute la population. Les sanglan
tes journées de juin ont attesté toute l'é
tendue de cette faute. En effet, tandis
que, dans certaines légions, nombre de braves
citoyens se faisaient tuer»pour la cause de la
.soçiété, on vit paraître sur les barricades de
l'anarchie l'uniforme de la garde nationale;
des légions entières participèrent à l'insurrec
tion par leur concours actif ou s'en rendirent
complices par leur inertie coupable, et les
soldats de l'ordre furent décimés par les bal
les que le pouvoir d'alors avait prodiguées aux
sideptes du "socialisme. Depuis cette époque,
le même contraste a pu être observé dans la
triste histoire de nos troubles civils. Il y a eu
toujours deux gardes nationales en présen
ce : l'une franchement dévouée aux intérêts
sociaux, combattant avec résolution la dé
magogie à côté de notre vaillante armée, et
l'autre toujours prête à aider les tentatives
de désordre, et attirant sur elle les justes sé
vérités de l'admini§tration. C'est cette der
nière qui, le 13 juin 1849, a fait figurer
ses insignes dans les rangs de l'émeute
et autour du Conservatoire des Arts-et-Mé-
tiers. C'esi elle qui, inscrivant honteusement
sur la porte des maisons ces mots : Armes
données , se chargeait d'équiper, les faiseurs
de barricades; c'est elle enfin qui était un
obstacle permanent à l'établissement d'une
autorité forte et vigilante, déterminée à extir
per l'esprit de désordre, et à protéger, en'
assurant la paix publique, le crédit néces
saire aux transactions du commerce et de
. l'industrie, et le travail, cet indispensable
élément du bien-être pour les populations
laborieuses.
Le gouvernement de Louis-Napoléon-veut
énergiquement fonder l'ordre et la stabilité
dans l'intérêt de la dignité de notre pays
et pour le bonheur de tous les bons ci
toyen s. Aussi n'a-t-il pas hésité à suppri
mer fa garde nationale du désordre, dont
nous ' ivons brièvement retracé le rôle et
les teindances, pour ' ne laisser subsister
que lafigarde nationale de l'ordre, celle qui
est vr [liment digne de s'associer à l'œu
vre de l'armée et du pouvoir, afin d'asseoir,
sur des bases solides, avec la tranquillité pu
blique, la prospérité de la France.
La garde nationale est dissoute dans tout
le territoire par le décret du'11 janvier. Elle
sera immédiatement réorganisée . dans les
localités où le gouvernement la jugera né
cessaire. Le nombre des gardes nationaux
sera pareillement fixé daûs les localités par
l'administration, qui restera seule j uge de
l'oppor lun i té des dissolutions et des réorgani
sations. Il n'y aura de corps spéciaux d'ar
tillerie et de cavalerie que sur l'autori
sation du ministre de l'intérieur. On pour
ra ainsi écarter ceux de ces corps spéciaux
qui étaient des foyers de propagande sé
ditieuse , tout en conservant ceux qui,
comme à Lille, à Valenciennes, à Compiègne
et ailleurs, ont noblement concouru à la
défense du territoire.
Là garde nationale, qui se recrutera parmi
les citoyens' de, yingt-cinq à cinquante ans,
reconnus aptes à servir, aura deux services à
faire : l'un, le service ordinaire dans l'inté
rieur de la commune ; et l'autre, le service
de détachement hors du territoire de la com
mune. Elle sera placée sous l'autorité des mai
res, des sous-préfets, des préfets et du mi
nistre de l'intérieur. Les ordres ne pourront
être donnés aux gardes nationaux par leurs
chefs immédiats que sur une réquisition de
l'autorité civile. Le décret porte, d'ailleurs,
que, dans tous les cas où les gardes nationa
les sont de service avec des corps soldés, elles ; .
prennent le rang sur ceux-ci.
Le décret règle la composition des conseils
de recensement et la nomination des offi
ciers de tous grades. Nous renvoyons nos
lecteurs, quant au premier point, aux arti- 1
des 8, 9 et 10' de la nouvelle loi. Les officiers
de la garde nationale, pour tous les grades,
sont nommés par le Président de la Républi
que, qui sé-réserve le droit d'investiture, à
Paris sur la présentation du ministre de l'in
térieur, d'après les propositions du com
mandant supérieur, et dans les départemens
sur la présentation des préfets. Cette dispo
sition permettra de donner aux gardes na
tionaux un corps d'officiers homogène et
composé d'hommes sûrs et expérimentés.
On sait, en effet,, par les annales de nos dis
cordes civiles, que si la garde nationale a
souvent éprouvé des pertes douloureuses, il
faut surtout l'attribuer à l'irrésolution, à la
mollesse ou à l'impéritie des chefs.
La garde nationale de Paris sera sur-le-
champ organisée par bataillons, à la diligence
de son commandant supérieur, le général
Lawœstifie, qui sera secondé dans cette tâche
par M. Yieyra, nommé, par décret du 11
janvier, colonel chef d'état-major général.
Le décret déclare les communes responsa
bles des armes confiées aux gardes natio
naux de chaque localiîfe et qui restent la
propriété- de l'Etat. Une pénalité est établie
contre les gardes nationaux qui, lors des
inspections générales annuelles, ne pour
raient pas représenter leurs f usils en bon état
de conservation. Au terme du décret, les dé
penses principales des gardes nationales sont
à la charge des communes, et sont votées,
réglées et surveillées comme les autres dé
penses municipales. Le règlement relatif au
service ordinaire, est arrêté à Paris par le
ministre de l'intérieur, dans les départemens
par les, maires, sur la proposition du com
mandant de la garde nationale, et moyen
nant l'approbation du sous-préfet. Les dispo
sitions de la loi du 13 juin 1851, relative
ment à la discipline, sont maintenues.
Telles sont, sauf les questions de détail,
les innovations principales de la nouvelle loi
sur la garde nationale, qui, selon le langage
énergique deà considérans du décret, est
destinée, dans l'avenir, «non à être une ga
rantie contre le pouvoir, mais une garantie
contre l'insurrection.» Ajoutons que, comme
le dit aussi fort bien le décret, l'expérience dè
ces derniers événemens a prouvé que, pour
disperser on tenir en respect les bandes des
bandits et des pillards, il a suffi, dans nom
bre de localités, de la présence d'une troupe
choisie de bons citoyens décidés à maintenir
l'ordre et à seconder l'action de l'autorité.
H enby C au vain.
On annonce qu'il sera prochainement pu
blié une ordonnance d'amnistie applicable à
toutes les pèines disciplinaires prononcées
contre les gardes nationaux pour faits anté
rieurs à la réorganisation de la garde natio
nale.
L'administration des douanes vient de pu •
blier le tableau général des mouvemens du
cabotage pendant l'année 1850. Ce tableau
ne concerne, comme on voit, que des faits
déjà assez éloignés de n»us. Il serait-à dési
rer que l'administration des douanes, qui a
fail les plus louables efforts pour hâter la
publication des états du commerce exté
rieur, prît des mesures analogues en ce qui
touche les états du cabotage.
Le mouvement général des marchandises
. de toute nature, expédiées par cabotage, soit
dans la iflême.mer, soit d'une mer dans l'au
tre, représente une masse de 2,069,000 ton- :
nés pour l'année! 850; c'est une augmenta
tion de i O'O par rapport à l'année 1849, et,
au contraire, une diminution de 8 0/0 com
parativement à la iAoyenne des cinq années
antérieures. ' - '
' D'où vient cette diminution de 8 0/0 com
parativement à la moyenne quinquennale ?
On se demande d'abord s'il , ne faut pas en ,
chercher la cause dans la concurrence des
chemins de fer, qui, au fur et à mesure du
développement de notre réseau, tendent à at
tirer une partie du mouvement du cabotage.
Mais, en décomposant les tableaux, nous n'a
vons reconnu aucun fait de quelque impor
tance qui permît d'attribuer cette diminution
du cabotage a une influence sensible des
chemins de fer.
Est-ce à un ralentissement commercial
qu'on doit en imputer la cause? Mais nous
venons de voir que, si le mouvement de 1850
est inférieur à celui de la moyenne quin
quennale, il est cependant supérieur à celui
de l'année 1849, qui, de l'aveu de tous, a été
une année très prospère. Il est donc évident
que la diminution du cabotage, relativement
à la moyenne des cinq dernières années, ne
tient pas aune cause générale, mais provient
principalement d'une cause particulière.
En effet, ce qui a surtout affecté le mou
vement du cabotage dans ces deux dernières
années, c'est une chose «n réalité très satis- .
faisante : c'est, en un mot, l'aboùdance des. \
récoltes. Dans les années 1845,1846 et 1847, '
qui ont dônnélieu à des récoltes insuffisantes, :
le cabotage a dû transporter une grande ,
quantité de céréales pour venir en aide aux ■
localités où la pénurie se faisait le plus sen- j
tir. Ainsi les grains et farines expédiés par '
le cabotage, péndant ces trois années, sô sont .
élevés à 303,000, à 383*000, et à -506,000 j
tonnes. Elles n'ont été, au contraire, que de
"204,000 et de 202,000 en 1849 et en 1850,
parce que l'abondance générale des récoltes
a permis à chaque partie du territoire de
subvenir plus facilement à. son alimenta-,
tion.
Sur le chiffre de 2,069,000 tonnes,qui em
brasse le mouvement total du cabotage en
1850, le grand cabotage, c'est-à-dire celui
d une mer dans l'autre, en représente 194,000,
et le petit cabotage, c'est-a-dire celui qui ,
s'exerce entre ports de la même mer, en re
présente 1,875,000.
La part des ports de l'Océan dans les ex- ;
pédilions de grand cabotage a été de 60,000
tonnes, et celle des ports de la Méditer-
ranée de 134,000 tonnes. Pour les ports
de l'Océan", c'est une augmentation de
18 0/0 comparativement à 1849, et de
10 0/0 par rapport .à 1850. Pour les ports
delà Méditerranée, c'est au contraire une
diminution de 10 et de 2 0/0. D'où il résulte
que-les envois de l'Océan sur la Méditerra
née sont en progression, tandis que les en
vois de la Méditerranée sur l'Océan sont en
décroissance. •
Le petit cabotage de l'Océan s'e-t élevé à
1,418,000 tonnes, celui de la Méditerranée à
456,000 : ce qui équivaut, pour l'un et l'au
tre, à une augmentation de 3 et 9 0/0 par
rapport à 1849; et à une diminution de 7
et de 12 0/0 comparativement à la moyenne
quinquennale.
Si l'on examine la nature des principales
marchandises qui ont alimenté le cabotage
en 1850, on trouve que, sur la masse totale !
de 2,069,000 tonnes, les bois communs; en
ont fourni 16 0/0, les matériaux de construc
tion-11 .1/2 0/0, les vins 11 0/0, les grains et
farihes 10 0/0, le sel marin 9 0/0, la Houille
4 1/2 0/0, ete., etc. "
Les navires chargés, qui ont été expédiés
pour transporter cette masse de marchan
dises, sont au nombre de 7-1,700, jau
geant ensemble 2,447,000 tonneaux. Ce
chiffre de 71,700 indique, bien enteudu,
le nombre des voyages effectués, et non
pas le nombre des navires employés au
cabotage, chaque navire faisant plusieurs
voyages dans l'année, suivant l'étendue du
trajet. Mais il montre néanmoins que le ca
botage fournit une des ressources les plus
importantes pour la formation de nos mate
lots et pour le recrutement de notre flotte.
L. BONIFACK.
» Le commandantdelagendarmerie grand'ducale.
» Signé : de iienz , colonel. »
Voici le résultat officiel du vote sur le plé
biscite, dans le département des Basses-Al
pes, tel qu'il a été constaté par la commis
sion chargée du recensement :
Votans 34.912
Oui 34.213
Nôft. 614>
Niils ou réservés 81
De nouveaux détails nous parviennent sur
' l'instruction qui se poursuit dans le dépar
tement des Basses-Alpes. Les révélations re
cueillies attestent le degré de démoralisation
effrayant où était descendue une certaine
partie de la population de ce département,
sous la pression du parti démagogique. Il
n'y avait pas de commune, peut-être, qui
n'eût sa société secrète, et il y a des commu
nes du canton de Manosque dont tous les
liabitans, sans exception, avouent avoir été
affiliés ; il est vrai que le plus grand nombre
ne se doutaient pas des conséquences de l'en
gagement qû'on leur arrachait par le men
songe et par la'-mtgiace.
Le nombre des individus arrêtés s'élève
aujourd'hui, pour tout le département, à
992, qui se répartissent ainsi par arrondis-
semens : Forcalquier 600, Digne 204, Siste-
ron 140, Barcelonnette 40, Castellane 8.
Les commissions militaires procèdent à
l'examen des dossiers avec la plus grande
activité. Les individus qui leur sont ren
voyés sont divisés par elles en trois catégo
ries. La première comprend ceux qui doi
vent être mis en liberté immédiatement, la
seconde ceux qui sont déclarés transporta-
. bles, et la troisième ceux qui sont renvoyés
devant les conseils de guerre.
Au nombre des inculpés classés dans cette
dernière catégorie, par la commission mili
taire siégeant à Digne, figurent dix des prin
cipaux chefs du mouvement insurrectionnel,
entr'autres les nommés Cotte et Chemin,
qui se sont réfugiés en Piémont, à la suite de
la défaite de leurs bandes. Leur extradition
sera,, dit-on, demandée au gouvernement
piémontais.
Tout récemment un ordre du jour adressé
à la gendarmerie du royaume de Bavière par
le commandant supérieur de ce corps, lui
présentait la gendarmerie française comme
un admirable modèle à suivre. Nous trou
vons aujourd'hui le même hommage rendu
. à nos braves gendarmes par -un. ordre du
jour émanant du colonel co mm andant la
gendarmerie du grand-duché de Bade. Nous
reproduisons ce document,publié par l'Alsa
cien, et daté de Carlsruhe, 8 janvier 1852 :
■ «Le personnel du corps de,la gendarmerie doit
avoir connaissance dé la conduite glorieuse de la
gendarmerie française pendant les dernières in
surrections à Paris et dans d'autres parties de la
France.
» Ce corps si distingué a fait preuve de la mê
me" intrépidité, soit dans l'enlèvement par la force
des barricades, soit dans les divers combats contre
les insurgés rouges. -
» Elle a combattu/avec persévérance et héroïs
me dans toutes les'occasions et contre des masses
innombrables ; beaucoup sont tombés comme de
glorieuses victimes ; d'autres sont morts à la suitê
de leurs blessures ! .
» Ils n'avaient pas d'autre but que l'accomplis-
seinent de leurs devoirs ; l'honneur, le courage,
la persévérance et l'abnégation les ont conduits à
la victoire!
» La gendarmerie française, qui, du temps de
l'Empire, s'était déjà acquis un glorieux renom,
vient de se couvrir .d'une gloire nouvelle ; elle a
montré que la génération actuelle ne le cède pas à
sa devancière.
» Je crois accomplir un devoir en fixant l'at-
tention du corps de la gendarmerie badoise sur ce
qui .vient de~se passer en France.
» Le ■ souvenir de l'attitude si parfaite de ce
corps durant l'année 1849, me donne la ferme
confiance qu'il fera preuve dans toutes les cir
constances d'un dévoûment pareil, et que, stimulé
par de pareils exemples, il s'efforcera toujours d'ê
tre digne de se ranger aux côtés de la gendarme
rie française, par le même courage, par une même
persévérance, un même' dévoûment, tout aussi
comme par la sévère observation de la discipline,
qui est la base fondamentale de tout corps militaire.
SOUSCRIPTION NATIONALE
Pour les militaires blessés de toutes armes et
pour les familles des militaires tués dans les
événemens de décembre. ,
MM.
Firmin Didot frères , imprimeurs li
braires, 56, rue Jacob,
Penguilly Lharidon, capitaine d'ar
tillerie,
Mme Denain,
Clotilde Neveux,
Fournier Desormes,
Evignaine, ancien dragon de la garde
• impériale,
Simoneau, bandagiste, pl. de l'Odéon,
Durun, capitaine, 364, r. Saint-Denis,
Lepelletier, passageVivienne, ; ■
L. Lemaître, '
J. Lemaître, ,, -
Piet, avenue Saint-Ouen,
Anonyme,
Boucher, rue Blanche,
L.C.,
Mme L. C.,
Collecte de vingt ouvriers,
MM. Billiet etHuot,
Hector Bouruet,
Daviès, 27, rue Sainte-Anne,
Morier,
Marlier,
Société des lits militaires (Cham-
bry et C".), '
300 f.
10
10
5
10
5
8
20
15
20
5
3
20
23
25
25
10
25
500
10
25
3
r;- o
Journée du 13
Recette précédente
4,580
•570
•Total ' 2,150
Le journal anglais le Globe a annoncé que
le schooner russe le Robert avait été forcé de
jeter l'ancre dans le détroit du Pas-de-Calais,
lors du dernier ouragan. On a constaté que
cette ancre avait accroché le câble du télé
graphe sous-marin. Ce câble a donc résisté,
pendant onze heures, à la traction qu'exer
çait sur lui, par une tempête, un navire d'un
forttonnage.Le lendemain matin, le capitaine
du Robert n'a pu retirer son ancre, et il a dû
l'abandonner pour aller chercher un mouil
lage. Les secousses qu'a dû ressentir le câble
sous-marin ne l'ont point déplacé et n'ont
amené aucune interruption dans le service
du télégraphe.
ACTES OFFICIELS.
REPUBLIQUE FRANÇAISE.
au nom du peuple français.
Louis-Napoléon,
Président de la République,
Considérant que l'ordre est l'unique source du
travail et qu'il ne s'établit qu'en raison directe de
de la force et de l'autorité du gouvernement ;
Considérant que la garde nationale doit être non
une garantie contre le. pouvoir, mais une garantie
contre le désordre et l'insurrection ;
Considérant que les principes appliqués à l'or
ganisation de la garde nationale à la suite de nos
différentes révolutions, en armant indistinctement
tout le monde, n'ont été qu'une préparation à la
guerre civile ;
Qu'une composition de fa gar<}e nationale, faite
avec discernement, assure l'ordre public et, le sa r
lut du paysj .
Considéraut "que, dans les campagnes surtout,
où la farce publique est peu riorpbreuse, il impprte
de prévoir toute nouvelle tentative de désordre et
de pillage ; qu'une récente expérience a prouvé
qu'une seule compagnie de bons citoyens armés
pour la défense de leurs foyers, suffit pour conte
nir ou mettre en fuite des bandes de malfaiteurs ;
Sur le rapport du ministre de l'intérieur ;
Décrète:
Le3 gardes nationales sont dissoutes dans toute
l'étendue du territoire de la République.
Elles sont réorganisées sur les bases suivantes,
dans les localités où leur concours sera jugé né
cessaire pour la défense de l'ordre public.
Dans le département de la Seine, le général com
mandant supérieur est chargé de cette réorganisa
tion, qui aura lieu par bataillons.
Art. 1 er . Le service de la garde nationale consiste,
1° En service ordinaire dans l'intérieur de fa
commune ;
2° En service de détachement hors du territoire
de la commune.^
Art. 2. Le service de la garde nationale est obli
gatoire pour tous les Français? âgés de vingt-cinq
à cinquante ans, qui seront jugés aptes à ce ser
vice par le conseil de recensement.
Néanmoins, le gouvernement fixera, pour cha
que localité, le nombre de gardes nationaux.
- Art. 3. La garde nationale est organisée dans
toutes les communes où le gouvernement le juge
nécessaire : elle est dissoute et réorganisée suivant
que les circonstances l'exigent. Elle est formée en
compagnie, bataillon ou légion, selon les besoins
du service déterminés par l'autorité administrative,
qui pourra créer des corps de sapeurs-pompiers.
La création de corps spéciaux de cavalerie, ar
tillerie qu génie ne pourra avoir lieu que sur l'au
torisation du ministre dè l'intérieur.
Art. 4. Le Président de laRépublique nommera
un commandant supérieur, des colonels ou lieu-
tenans-colonels dans les localités où il le jugera
convenable.
Art. 5. La garde nationale est placée sous l'au
torité des maires, des sous-préfets, des préfets et
du ministre de l'intérieur.
Lorsque, d'après les ordres du préfet ou du sous-
préfet, la garde nationale de plusieurs communes
est réunie soit au chef-lieu du canton, soit dans
toute autre commune, elle est sous l'autorité du
maire de la commune où a lieu la réunion.
Sont exceptés les cas déterminés par les lois où
la garde nationale est appelée à faire un service
militaire et qu'elle est mise sous les ordres de l'au
torité militaire. «
Art. 6. Les citoyens ne peuvent ni prendre les
armes ni se rassembler, comme gardes nationaux,
avec ou sans uniforme, sans l'ordre des chefs im
médiats, et ceux-ci ne peuvent donner cet ordre
sans une réquisition de l'autorité civile.
Art. 7. Aucun chef de poste ne peut faire dis
tribuer de cartouches aux gardes nationaux pla
cés sous son commandement, si ce n'est en vertu
d'ordre précis, ou en cas d'attaque de vive force.
Art. 8- La garde nationale se compose de tous
les Français et des étrangers jouissant des droits
civils, qui sont admis' par' lé conseil de recense
ment, à la condition "/d'ivre habillés suivant l'uni
forme; qui est obligatoire.
Art. 9. Le conseil de recensement est composé
ainsi qu'il suit :
1 - Pour une compagnie : du capitaine, président,
et de deux membres désignés par le sous-préfet;
2° Pour un bataillon : du'chef de bataillon, pré
sident, et du capitaine dé chacune des compagnies
qui le composent : le capitaine peut se faire sup
pléer par son sergent-major.
Provisoirement, et jusqu'à nomination aux gra
des, il est composé de trois membres par compa
gnie, et de neuf membres par bataillon, désignés
par le prélet ou sous-préfet.
A Pari*, la désignation sera faite par le minis
tre de l'intérieur, sur la présentation du général
commandant supérieur.
Le conseil de recensement prononce sur les ad
missions et arrête le contrôle définitif.
Art. 10. Il y aura un jury de révision par cha
que canton. Il est présidé par le juge de paix et
composé de quatre membres nommés par le sous-
préfet.
A Paris, le jury de révision, institué à l'état-
major-général, est présidé par le chef d'état-ma
jor; à son défaut, par-un lieutenant-colonel d'état-
major, et composé de :
4 chefs de bataillon ; '
2 chefs d'escadron d'état-major ;
2 capitaines d'état-major ;
1 chef d'escadron, rapporteur;
1 capitaine, rapporteur adjoint ;
1 capitaine, secrétaire ;
1 lieutenant, secrétaire adjoint.
Art. 11. Le Président de la République nomme
les officiers de tous grades, sur la présentation du
ministre de l'intérieur, d'après les propositions du
commandant supérieur, dans le département de la
Seine, et d'après celles des préfets, d?.ns les autres
départemens.
Les adjudans sous-officiers sont nommés par le
chef de bataillon, qui nomme également à tous les
emplois de sous-officiers et de caporaux, sur la
présentation des commandans de compagnies.
Art. 12. Les communes sont responsables, sauf
leur recours contre les gardes nationaux, des ar
mes que le gouvernement à jugé nécessaire de
leur délivrer ; ces armes restent la propriété de
l'Etat. .
L'entretien de l'armement est à la charge du
garde national; les réparations, en cas d'accident
causé par le service, sont à la charge de la com
mune.
Les gardes nationaux détenteurs d'armes appar
tenant à l'Etat, qui ne présentent pas ou rie font
pas présenter, ces armes aux inspections générales-
annuelles prescrites par les règlemens, peuvent
être condamnés à une amende d'un franc au
moins et de cinq francs au plus, au profit de la
commune.
Cette amende est prononcée et recouvrée comme
en matière de police, municipale.
Art. 13. Dans tous les cas où les gardes nationa
les sont de service avec les;corps soldés, elles pren
nent le rang sur eux.
Art. 14. Les dépenses de la g.rde nationale sont
votées, réglées et surveillées cornue toutes les au
tres dépenses municipales.
FCE1LLET0N DUCO\STITLTIOV\tL 13 JMV.
REVUE MUSICALE.
opÉju-coMiQGE : Reprise de Nina ou la Folle par
amour ; débuts de M 11 " Andréa Favel. — opéra-
national : La Butte des Mou/im, opéra-comique
en trois actes, paroles de MM. Desforges et Gabriel,
musique de m. Adrien Boieldieu. — tiiéatre-
italien : Maria di Rohan ; débuts de m. Ferlotti.—
le paganini du piston. x
Cette Nina folk par amour a fait beaucoup
pleurer nos pères. On était alors plus tendre et
plus sensible que nous ne le sommes en gé
néral. Qn croyait au désespoir, à l'égarement,
à la perte absolue de la raison parsuite d'une
passion contrariée. Aujourd'hui, les cas de
cette maladie sont devenus plus rares. La fo
lie amoureuse est remplacée par d'autres fo
lies non moins dangereuses, mais plus ab
surdes. A la vérité, onapprend tous les jours,
que de pauvres grisettes. délaissées ; des
femmes de chambre ou des faiseuses de cor
sets se sont jetées dans la Seine ou ont péri
par le charbon. Mais la misère est pour
beaucoup dans ces suicides. Dans un monde
plus élevé, on se console aisément des cha
grins d'amour.
Mlle Nina est d'une famille honnête et ri
che ; elle a un beau château avec une grille
superbe. Ses paysans l'adorent, êes dômes-
tiques se feraient tuer pour elle. Mais un pè
re barbare l'a èmpêchee de se marier à M.
Cermeuil. Je conçois l'aversion du père pour
n nom aussi ridicule. Cet homme de bien,
i chérit sa fille et ne rêve que son bon-
ur; ne peut résister à l'idée de l'entendre
eler Mme Germeuil. Les pères ont de ces
es-là. Nina s'entête ; le mari qu'on lui
ine a toutes les qualités d'un gentilhom-
.accompli, il est beau, il est brave, il est
ne, mais il n'a qu'un petit défaut : il n'est
pas aimé ! Les deux rivaux se battent dans
une allée du parc, et Germeuil, qui n'est
point de première force à l'escrime , reçoit
un grand coup d'épée dans le flanc et roule
dans un fossé.
On le croit mort, et Nina, tout éperdue et
éplorée, devient folle. Le pauvre père, ne pou
vant supporter ce spectacle, ni les reproches
continuels de sa fille, promène sa douleur et
ses larmes dans les pays les plus éloignés.
Nina, entouré® de soins, comblée, de ten
dresse par des cœurs fidèles et dévoués, se
livre aux occupations favorites des fous. Elle
Cueille des fleurs» comme Ophélia, elle va
s'asseoir sur un banc, vis-à-vis la grande
avenue, et attend son fiancé. Un voyageur,
brisé de fatigue et vieilli par la souÏÏrancq,
erre autour du parc et n'ose point se pré--
S '-nter au château. C'est le» père de Nina,
qui ne peut vivre plus long-temps loin de
"sa fille. Je ne conilais point d'homme plus
malheureux et plus maltraité. C'est à qui
l'accablera d'injures, Les paysans, les laquais,
les valets de ferme, les palefreniers, tout le
mondeiui dit son fait, jusqu'aux polissons
du village. Peu s'en faut, qu'on ne lui jette
des pierres. Il me semble pourtant que ce
brave homme mérite quelque pitié. Il s'in
forme de, la santé de sa fille auprès de tous
les passans ; il en demande des nouvelles,
à l'intendant du*château, à là gouver
nante : Eh 1 de grâce, comment va ma fille?
Est-elle un peu remise, ma pauvre Nina? —
Eh ! Monsieur, elle va de plus en plus mal;
mais c'est aussi votre faute. Pourquoi lui
avez-vous refusé M. Germeuil? — J'ai eu
tort, n'en parlons plus; mais il faut tâcher
de la divertir. — Rien ne l'égaie tant que de
nous voir, moi et ma femme, lorsqu'elle nous
rencontre, dit l'intendant. — Eh bien! trou
vez-vous toujours sur son passage, répond
le père. Peut-on parler plus naïvement?
Pour moi, dans tout ceci) il n'y a que le père
qui me touche. Quant à M. Germeuil,- je l'ai
en horreur. Il revient, le petit fat, car il n'est
q>as mort le moins du monde, et il n'a rien
de plus pressé que de dire à son beau-père
les choses les plus désobligeantes, c'est vous
qui l'avez rendue folle, c'est vous qui êtes
cause du coup d'épée que j'ai reçu, c'est
vous qui avez voulu notre malheur. — J'en
conviens, dit le brave homme, mais tâchons,
de la guérir.
J'ai vu le moment où ce jeune impertinent
se faisait encore prier. On lui amène la pau
vre folle. Le père se retire à l'écart, les gens
du château font cerclé, Nina s'assied sur un
banc, Germeuil est auprès d'elle et on entame
une revue rétrospective qui tient l'assistance
en haleine. —Vous souvenez-vous, ma chère
Nina, de votre bien-aimé Germeuil?—Oh ! oui,
je m'en souviens ! — Que de tendres soupirs,
que d'élans, que de douces paroles ! — Oh 1
oui 1 bien douces. — Et vous rappelez-vous
quand je mettais ma main dans votre main?
— Je crois bien que je me le rappelle. — Et
quand je posais mes lèvres sur votre front?
— Ici Nina pousse un cri, se passe la main
sur'les yeux et recouvre la raison. Il est
temps. M. Germeuil, qui était assez libre à
ce qu'il paraît, avant la folie de sa maîtresse,
joint la démonstration aux paroles. Il em
brasse tendrement Nina,et cé" baiser est d'un
effet merveilleux.
J'ai de la peine à me rendre compte du
long succès de larmes qu'a obtenu autrefois
cet, ouvrage. La vogue ne s'étant pas épui
sée par un nombre infini de représentations,
on mit Nina en ballet, et on pleura îiu bal
let comme on avait pleuré à Feydeau. Ce qui
me paraît intolérable, c'est que la même si
tuation se prolonge depuis le commencement
jusqu'à la fin de la pièce. Rien n'est plus
commun que des scènes de folie au troisième
acte des obéras italiens; mais ce n'est jamais
qu'une scene. La prima donna défait un
dé' ses bandeaux (marque infaillible de fo
lie) et chante un air des plus at teudrissans. Mais
aussitôt le ténor arrive, et sa vue suffit pour
rappeler lamalheureuse à la raison et au rondo
final. J'avoue que Nina m'intéresserait beau
coup plus si je la voyais moins, si elle met
tait quelque variété dans ses plaintes, si elle
avait quelques intervalles lucides pour re
poser le spectateur. Cette folie tout d'une
pièce, unie,,monotone, irritante, finit par
porter sur les nerfs. Il y a cependant des
personnes qui ne sont pas .de mon avis. Une
femme 4 de beaucoup d'esprit m'a assuré
qu'avant-hier elle avait mouillé trois mou
choirs. - .
Je préfère de beaucoup la musique de Pae-
siello à celle de Dalayrac. Dans l'ouvrage de
.mon illustre compatriote, il y a des mor
ceaux d'une beauté et d'une jeunesse impé
rissables. Le quatuor est un chef-d'œuvre que,
tout le monde sait par cœur. La romance du
berger remplacée dans la partition française
par un solo de hautbois, est charmante. Ce
pendant la Nina dè Dalayrac n'est point sans
mérite. Il y a un joli chœur tout au commen
cement; l'air du ténor, qui ne manque ni
d'expression ni de vérité, et surtout la ro
mance de la folle, devenue célèbre, et qui
est, sans contredit, le morceau capital.
La pièae a été montée pour les débuts de
Mlle Andréa Favel, élève distinguée du Con--
servatoire, et dont j'ai parlé à l'occasion de
la dernière distribution des prix. Mlle Favel
était alors (il y a quatre ou cinq mois) une
grande et belle personne aux traits accentués,
aux cheveux blonds d'une opulence phéno
ménale. Le travail et l'appréhension natu
relle qu'elle avait de ce grand jour des dé
buts l'ont beaucoup changée. Elle a maigri
de moitié,et le désordre obligé deses cheveux,
sa robe étroite aux manches, étranglée à la
ceinture, d'une coupe disgracieuse et raide qui
rappelle la fin de l'epoque Louis XVI, ne sont
pas à son avantage. Ainsi affublée, la débu
tante a le défaut de Mme de Montespan, à
qui la maréchale de la Meilleraie trouvait le
dos bien plat. Mais ce sont là des détails très
faciles à corriger, et c'est pourquoi je les
indique. Mlle Favel aime, dit-on, son art
avec passion et s'y jette à corps perdu. Cela
doit être, car si j'ai des conseils à lui don
ner, c'est plutôt de modérer son ardeur que
de se laisser aller à ses premiers mouve
mens. Elle, joue avec beaucoup d'ame, de
chaleur et d'énergie, mais elle exagère
trop souvent le geste et la voix , et il
lui est arrivé, à deux ou trois reprises,
de pousser des cris d'un effet désagréable.
Dans ses meilleurs passages, elle rappelle par
l'organe Mme Rose Chéri, et paraît l'imiter
à dessein. Gela n'est pas un mal pour une
débutante; on copie toujours Quelqu'un
quand on commence; ce n'est qu'à force de
tàtonnemens, de recherches et d'études, que
le talent se forme et la personnalité se aé-
gage.Commecantatrice,MlleFavelabeaucoup
a apprendre ; mais, pour le moment, je lui
conseille de ne porter son attention que sur
un seul point: il faut qu'elle se défie de
ses intonations, qui ne sont pas bien justes.
C'est là une affaire capitale et à laquelle il
faut parer de bonne heure. Le reste ira de
soi; dans un théâtre tel que l'Opéra-Comi-
3ue, où tou't le monde rivalise de talent,-
'exactitude et de zèle, Mlle Favel, intelli
gente et studieuse comme elle est, ne peut
manquer de faire beaucoup de progrès. Elle
a été reçue avec toute sorte de bienveillance
et d'encourageméns. On a voulu la saluer,
selon l'usage, après la chute du rideau, et,
dans l'excès de sa reconnaissance, ellè a lan
cé des baisers à droite et à gauche, comme
Fanny Elssler à la fin de sa cachucha ; après
quoi elle s'est enfuie dans la coulisse, heu
reuse et troublée;
Le petit Jourdan vaut son pesant d'or
dïms l'ancien répertoire. U a fort bien dit son
air, et avec une triple salve d'applaudisse-
mens. Coulon. s'est acquitté en conscience de
ce malheureux rôle de père, je le félicite et
le plains de tout mon cœur. Je ne sais si le
bonhomme Lemaire a voulu faire rire ou
pleurer ; mais il a réussi dans tous les cas.
> Je n'ai pu m'empêcher de rire de ses gri
maces, tandis que mon voisin pleurait S
chaudes larmes.
~~ Maintenant, vous me demandez ce qu&
c'est que la Butte des Moulins, qu'on à iouô
mardi dernier à l'Opéra-National. C'est l'a-
potheose du porteur d'eau. J'ai toujours eu
la plus grande estime pour cette classe inté
ressante de citoyens; mais ce sentiment tout
spontané en moi, n'avait jamais trouvé dans
les faits une justification plus ample et plus
éclatante. Actuellement je tiens le porteur
d'eau pour le type de la probité, de la déli
catesse et du savoir-vivre. Il faut vous dira
que le père Brichard, le doyen des Auvergnats
du quartier, aune fille d'unebeauté singuliè*
re et d'une force peu commune. Personne
ne sait mieux qu'elle enflammer les cœurs"
dans un commerce ordinairement peuïnllam'
mable, m porter d'une main plus ferme et
d'un bras plus nerve'ux deux énormes seaux
remplis jusqu'aux bords sans en verser une
goutte. Dès qu'on la voit paraître accorte et
provocante, le pied léger, le nez au vent te
nant sa double charge en un si parfait équi
libre, les fabricans de filtres et de fontai
nes jurent qu'ils n'auront d'autre femm»
que cette aimable naïade , les garçons da
bains en raffolent, les marchands de robinet»
chantent ses louanges. Celui qu'elle honore
d un' regard nage dans la joie et dans l'allé
gresse , celui qu'elle dédaigne ou qu'elle
mortifie est à jamais abreuvé d 'amertume
On a vu des malheureux fondre comme Aré^*
thuse èt se changer en ruisseaux.
Le père Brichard, assez peu accessibîeè
ces simagrees de tendress», a promis sa fi lia
a un brave et honnête garçon de son pays '
qui rendra cette Marielle heureuse, si elle va
droit son chemin, et la corrigera rudement
si elle s'avise de s'en écarter. C'est un mariaea
moins brillant que solide, et c'est ce oui
charme le père-Brichard, que les grandeurs
n'ont pas encore ébloui. Mais voilà que il
fiancé de Marielle tire un mauvais numéro
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