Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1852-01-11
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 janvier 1852 11 janvier 1852
Description : 1852/01/11 (Numéro 11). 1852/01/11 (Numéro 11).
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Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
NUMERO 11.
PRIX jJS L'&BOr^KEïSiEîîï
pour Paris eï les départemens :
TROIS JHOIS. 12. F.. | SlX MO^S.. 22 F,.
UN A*.... 4® ».
BUIÊEA5JX : rue du, &,-& février (ci-devant Val«Is;, ; f ®.
18S2. -DIMANCHE 11 JANVIER.
j>our les pays ÊraiNfiE^s, se reporter
au' tableau qui sera publié daps le journal,
les 10 et, 25 de chaque mois. -
Ces aàonnemeas datent des l ot «-16
: Vde chaque mois.
S'adresser, franco, pour la rêdaç-i n, à M, DoSi
■ Les articles déposés ne sont pas rendus:
On s'abozne, dans les
dêptrtemens, aux Messageries et.aux Directions, été poste'.—A Londres, chez MM. Co\MleJ fus. S
— A Strasbourg, chez -M^AlJKUNDBS,* jwur l'AHemâgne. .. " !■
S'adresser, franco, pour VcdmitiiUraiion, à M. Dskair, . directeur* '
Les annonces sont reçues au bureau du journal; et chez- M. PANIS, régisseur, 10, placede la Bonne;
iïARIS, 10 janvier ;.''
On parlait; -depuis quelques jours d'une
grande,mesure dé sûreté générale que devait
prendre le gouvernement. Le Moniteur exr
plique aujourd'hui en ces termes les résolu
tions qui viennent d'être arrêtées -: "
• « Le' ÇsQuverneinent, fermement déterminé
à. prévenir; toute cause de troubles, a dû
prendra ;df& mesures contre certaines per
sonnes dont la,présence en France pourrait
eu-pêchir le cahiie de se rétablir.
.» Ces mesures s'appliquent 'à trois caté
gories:' V ' . "' . ; ' '
> Dans lalpijemière figurent les individus
convaincus; d'avoir pris part aux insurrec
tions récentes ;. ils seront, suivant leur degré
de culpabilité, déportés à la Guyane fran
çaise ou en Algérie. .
» Dans la seconde's® trouvent les chefs re
connus,du socialisme;leur séjour enFrànce
serait dé naturé à fomenter la guerre civile;
iLs seront expulsés du territoire de la Répu
blique, et ils seront transportés s'ils venaient
à y rentrer,.
» Daçs la troisième sont compris les hom
mes politiques qui se sont fait remarquer
par lëi^r violente hostilité au gouvernement,
etjdoat la présence serait une cause d'agita-
tidn ; îls seront ihomentanément éloignés dé
France. .
.« /Dans les circonstances actuelles, le de
voir du gouvernement est la férmeté; mais
il saura maintenir la répression dans' de jus
tes. limites,
» Les divers décretsqui procèdent concer
nent seulement les anciens représentans.
», Les sieurs Marc Dufraisse, Greppo, Miot,
Matlié et Richardet seront transportés à la
Guyane française. »
le Moniteur publie en outre, dans sa par
tie officielle, les deux ■ décrets suivans, qui
donnent les noms des anciens représentans
eoinpris dqps la deuxième et la troisième ca
tégorie : •
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
Louis-Napoléon, Président de la République,
Dicrète :
Soat expulsés du territoire français, de celui de
l'Algérie et de celui des colonies, pour cause de sû
reté générale, les anciens représentans à l'Assem
blée législative dont les noms suivent :
• Ait. 1". Sont momentanément éloignés du ter
ritoire fran£ais £yg ^Mjl .frri i lgciiQ^,-F «'ur causii -l^lus de*dix mille -individus. -Le gouverne
;dëtùretô générale,les anciens représentans à l'As- - - - ■ •
semblée législative dont les noms suivent : -
Duvcr^'ier de Hauranne, De Rémusat,
»Crçtoi), • * ■ Jules.d.e Lasteyrie,
iGéneraf de Lanjoricière, Emile de Girardin,
Général Cliangarnier,
Bazc,
Général Le Flô,
Général Bedeau,
Thiers,
Chambolle,
Généra! Laidet,
Pascal Duprat,
Edgar Quinet,
Antony Thourct,
Victor Chauffeur,
Versigny.
Art. 2. Ils ne pourront rentrer en France ou en
Algérie, qu'en vertu d'une autorisation spéciale du
Président de la République.
Fait au palais des Tuileries, le conseil -des minis
tres entendu, le 9 janvier 1852.
LOUIS-NAPOLÉON.
Le ministre de l'intérieur,
Ai DE MORNV.
Edmond Valenlin.
Paul Racouchot. -
Agricol Perdiguier.
Eugène Cholat.
Louis Latradc.
..Michel .Renaud.
Joseph llenott (Rliône).
Joseph Durgard.
Jean Culfavru. "
Joseph Faure (Rhône).
Pierre-Charles Gambon. Bàncel.
Joigjieaux.
L^boulaye.
Bruys.
• Esqùiros.-
Maîlier-Montjaa.
Noël Parfait.
Emile Péaiv
Pelletier.'
llaspail.
Théodore Bac:
Charles Lagrange. '
.Martin Nadaud.
Barthélémy Terri îr.
Victor Hugo.
Cassai.
Signant.-
Bclin (Drôme). 1
Besse. '.. . ' • '
Bourzat.
Brivçsv
Chavoii.
Duke.
Dupont (de Bussac).
Gaston ilussdùbs.'
Guiter. ; • . ■
Lafoa. • .
Lamarque.
Pierre Le liane. . . . .. .
Jules Leroux.,
Francisque Maigue.
Malardier:
Mathieu ( Millottç. , ' • • :
Iîoselli-Mpliet.
CliiuTa's.
Suint-Ferréo!.
Sommier. ; ;
Teitelifi (Nord).
Art. 2. Dans le cas où, contrairement au présent
décret, l'un des individus désignés en l'art. l'' r ren
trerait sur les territoires'qui lui sont interdits, il
leurra titre dépoité' par mesure de tùrcté géné-
lale. " -Jr
Fait au palais des Tuileries, le conseil des mi
nistres entendu, le 0 janvier 1852.
, V-,- LOUIS-NAPOLÉON.
lie-ministre dè l'intérieur,' .
.A.DEîIORNY.
Viguier.
Charrassin.
Bandsept. .,
Savoy e..
Joly.
Combler. '
Boyssôt.
Duché.
Eunery.
Gu-ilgot.
lluçhstuhl.
" Siichot-liout-1.
Baûne.
Bcrtholou.
Sdiœleher.
De Flotte.
, . - AU NOM DU PBIJP1J8 FRA]VfeyS, j i
Louis-Napoléon, Président de la République,
Dccrète'.;
La politique qui a pour but de sauver les
Etats profondément trouiléspar les passions
révolutionnaires, doit forcément recourir à
des sévérités douloureuses, mais nécessaires.
IJn*chef de gouvernement, vraiment digiie
de sa mission,, doit accepter avec fermeté
la responsabilité, de ce rigoureux devoir. Il
ne doit pas consulter les inclinations de son
ame , mais les' eiigënces ti.u sahjt public.
C« qu'il donnerait à des hommes dange
reux en miséricordes prématurées, il l'ôte-
rait en garanties de tranquillité à la na-,
tion, qui a droit à son dévoûment-en retour
de la confiance qu'elle place en.lui.
Quand la révolution de 1848 est venue met
tre les agitations d'une république par. dessus
les agitations déjà inséparables du régime
parlementaire, implanté dans un sol peu
propre à le porter, la révolution de 1848 a
mis la France en état de guerre civile. Nous
n'en avons que trop vu les suites et les effets,
dans la guerre sociale de j uin, dans la guerre
déclarée un an plus tard par la minorité de
l'Assemblée contre la majorité, dans la guer
re. sourde préparée avec une impitoyable
persévérance par le socialisme pour la date
fatale de mai 1852; et enfia dans la guerre
parlementaire incessamment dirigée contre
le pouvoir exécutif ; toutes guerres qui ont
produit l'effusion de tant de sang, la con
damnation de tant d'accusés, la proclamation
de tant d'états de siège, et la trausportation
par décrets.
Louis-Napoléon a fait l'acle du2 décembre
pour mettre un terme à ce régime de la lutte
orgauisée, et on comprend qu'il est impos
sible d'y mettre un terme sans recourir Iran-
sitoirement à quelques-unes de ces înesures
extraordinaires, qui tendaient à en devenir
la condition permanente.
Le gôuvernçment de Louis-Napoléon était
en face de deux espèces d'ennem'is : ceux qui
faisaient la guerre à la société, et ceux qui,
tout en aidant les autres sans le vouloir, ne
faisaient cependant la guerre qu'au pouvoir
exécutif. Le gouvernement prend à l'égard
des premiers des mesures proportionnées à
la grandeur du mal qu'ils voulaient faire à
la société'; il ne prend à l'égard des seconds
que des précautions temporaires destinées à
cesser avec l'état transitoire qui les motive.
Nous ferons remarquer, en outre, que ces
mesures, loin de porter le cachet' d'une pré
cipitation aveugle, n'ont été prises qu'après
une langue-et scrupuleuse information, qui
a permis de n'y pas comprendre un certain
nombre d'individus signalés d'abord comme
dangereux.
Parmi les chefs du socialisme et leurs sol
dats, le gouvernement .'fait une distinction
entre ceux qui ont pris les armes dans les
dernières luttes, et ceux qui , sans avoir com
battu de leur personne, sont connus pour
avoir préparé la guerre civile et qu'on sa
vait résolus à la fomenter encore.
. "Aux individus de la première catégorie, le
gouvcrnaRfcnt.HiS'^P^yatj ^ u r- le précédent
de juin -1848,' appliquera transportà-
tion administrative. Mais, après juin, on
avait ' prodigué, d'urgence les rigueurs sur £i
4»lus de*dix mille -individus.-Le gouverne- '
ment, en rendant la transportation plus sé-,
vère, veut en restreindre l'application aux'
plus coupables ; il renij le châtiment exem
plaire, en diminuant le nombre de ceux,qui
auront-à le subir; et,dans cette catégorie mê
me, il veut que la peine soit graduée selon.
la criminalité. Il établit deux lieux de dépor
tation, la Guyane c-t l'Algérie.
La seconde catégorie n'e'st frappée que de.
l'expulsion. Les individus qu'elle atteint no :
seraient déportés que dans le cas où ils ren
treraient sur les territoires interdits.
Le décret relatif à ceux de la troisième ca-.
tégorie a un caractère tout différent. Cette
catégorie comprend des hommes dont quel
ques-uns ont occupé des positions impor
tantes dans l'administration et dans l'armée,
et ont même rendu d'anciens services au
paya. Entraînés par les passions des luttes
parlementaires, ils ont mis la France en pé
ril» Leur irritation survit naturellement en
core à leur,défaite. Leur éloignementestuno
mesure de sûreté, "prise dans l'intérêt de la
paix publique,»et nous pourrions même
ajouter destinée à les prémunir contre eux-,
mêmes. Plusieurs d'entre eux , lorsque ce
décret leur a été notifié, en ont compris la né
cessité. On remarquera d'ailleurs que la claù-:-;
se pénale dirigée contre les expulsés de la se
conde catégorie qui violeraient l'interdic
tion dont ils sont frappés, n'est pas appli
quée à ces hommes sur qui pèse la mesure •
d'un éloignement temporaire. f. boilat.
On nous écrit ce matin d'Orléans, que les
commissions militaires instituées dans le
département dû Loiret .pour examiner les
dossiers des individus arrêtés en raison de
leur participation aux troubles de la premiè-
re quinzaine du mois dernier, viennent de
terminer leuf tâché en ce qui concerne l'ar
rondissement d'Orléans. Ces individus, au
nombre de soixante-et-onze, dont quelques-
uns seulement ne sont pas encore placés sous
la main de la justice, ont été désignés comme
transportables par les commissions; et, eu
conséquence, ordre' a été immédiatement
donné par l'autorité militaire d'en opérer le.
transfèrement à Paris.
L'é départ d'Orléans a eu lieu hier malin 9,
à dix heures, par le chemin de fer. L'at
titude parfaitement calme et indifférente des
curieux qui se sont portés à l'embarcadère,-
a rendu inutiles les précautions qu'on avait
cru devoir prendre, en même temps qu'el
le a prouvé combien les firuleurs de dé
sordre sont devenus antipathiques à ces
masses populaires qu'ils considéraient, il y a
moins de deux mois encore, .comme des ihs-
truinens dociles de leurs projets anarcliiques.
Ces 71 individus ont. été divisés, par les
commissions, en deux catégories : 21 figu
rent dans la première catégorie, qui com •
prend ceux contre lesquels s'accumulent le
plus de charges ; les 50 autres.forment une
deuxième catégorie ; tuais tous, ainsi que
no us-l'avons dit plus haut, sontclassés par
mi les trans'portables. Voici les noms des in
dividus compris dans la première catégorie':
Louis Gassot, 1 marchand de,vin; Henri lîlot, :
agent d'assurances (en faite); Michel Edouard,
Campagnet (en fuite), Louis-Eugène Cheva
lier, Jacques-François Clôutier, Pascal-Ma-
gloire Cointepas. Auguste Cosson, Abel-Hya-.
cintho. Dailly, Adolphe Desjardins, Frédéric-
Michel Deslandes, Louis-Alexandre Huttiu
(en fuite), Pierre Jourdain (en fuite), Louis-
Alexandre Martin, Jules-François Michot,
Charles-Pierre Nolland-, Alfred Pereira, Louis
Santerre, Louis-Antoine Siroteau, Auguste
ïavernier, Etienne Colombe, Edouard Thi
baut, Joseph Viou. :
Quant aux individus compris dans l'ins
truction de l'arrondissement de Montargis,
treize d'entre .eux avaient été déjà transférés
dans les prisons d'Orléans par mesure de sû
reté. Ils ont été dirigés sur Paris hier matin,
par le convoi de sept heures. Les autres dé
tenus de Montargis doivent arriver dans la
journée à Orléans. lis seront également, dit-
on, transportés à Paris. ' j,. bonifa.ce.
: Mgr Pévêqhe de Fréj us îvient de publier .un
mandement à l'occasion du nouveau jubilé;
ce mandement renfermé" un tableau raplcfo*!#
de la profonde démoralisation qui s'était laite
^d^ns ce^nialiieui'eux départementdu Var, où
" ki r ;rép'ubiiquc "rouge corïi'ptàH ÛQ' si'grand
nombfe d'adhérens.
Appréciant ensuite la part de chacun, la
part dès chefs et celle des soldats obscurs,
dans les ; mouvemens' insurrectionnels qui
viennent, d'avoir lieu,. Mgr Wicart adresse
aux premiers ces énergiques apostrophes :
« Je vous demande compte, malheureux, du
sang que vous avez fait répandre à si grands flots.
11 n'était'point, hélas! innocent comme celui d'A-
bel, maïs il n'en crié pas moins, comme le sang
versé tle .ee premier juste. Détestables entrepie-
neurs 4c-boulcversemens sans fin, brochuricr?,
journalistes grands,et petits, de la capitale et des
provinces, qui prêchiez le crime, et le couvriez des
noms de la vertu ; discoureurs de tribune et d'as
sociations impies; fabricateurs de mensonges et
promoteurs de tous les-genres de scandales ; me
neurs publics et agens secrets, qui promettiez,
comme chases simples, naturelles et justes, le vol,
le'brigandage et le meurtre, 5 des imaginations fa
natisées par vos sophismes audacieux ; ennemis
de Dieu et des hommes, qui' demandiez des ser
mons et confériez à. vos adeptes une sorte de sa-
cremen3 d'abomination sur des poignards : c 'est
vous ^ùe ce sang accuse. Les ames qui s'en sont
détachées, gi l'illusion de leur ignorance a pu
les faire absoudre devant la justice éternelle, c'est
sur vous qu'elles ont dû secouer la responsabilité
de leurs égaremens. Si au contraire la justice di-
vine- n'a- jm je's excuser; et ne les a pas trouvées
- rèpehtantes à leur dernier soupir, elles yous mau---
dissent au fond des enfers. Ecrivains, chefs, de sec
tes, .excitateurs publics^ séducteurs occultes, vous
tous, organisateurs et conseillers du crime, vos
victime» vous ajournent au tribunal de Dieu! »
Trente-six fabricans de machines soit à
Londrès, soit à Manchester, ont dû fermer
aujourd'hui'leurs ateliers. Aucun arrange
ment,- en effet, n'a été conclu entre les ou
vriers et les fabricans, et les démarches conci
liantes tentées par quelques membres de l'aris
tocratie anglaise sont demeurées sans résul
tat. Le%omité directeur qui s'est mis à la tête
du mouvement n'épargne rien pour fanatiser,
les malheureux ouvriers qu'il- condamne à
de dures souffrances ; et les efforts qu'il ten
te, les espérances qu'il laisse percer font soup
çonner qu'il n'elt lui-même qu'un instru
ment; il se pourrait bien .que la grève des
machinistes ne fût que le prélude d'une agi
tation qui - embrasserait la classe ouvrière
tout entière.
, ' Des démarches ont ' été laites auprès de
plusieurs corps de-métiers. Dans la dernière
assemblée des machinistes, tenue à Londres
.dans la taverne du Phénix, un certain New
ton,.'qui est a la fois l'orateur,"."l'écrivain
e-t le chef véritable du comité directeur, a
déclaré avoir reçu d'un corps de métier,
qu'il n'a pas nommé, l'avis que deux mille ,
membres de cet état-avaient consenti à une
retenue ' cle cinq shillings par semaine sur
leurs gages, afin de soutenir les machinistes.
Les ouvriers modeleurs, qui étaient en_ de
hors de la société combinée dés machinistes,
ont adressé à plusieurs fabricans l'avis
que, s'ils venaient à se trouver sans- travail,
par suite de la clôture des ateliers, ils feraient*
cause commune avec les machinistes. Enfin,
pour désarmer l'opposition que le mouve
ment rencontre dans une partie de la classe
, laborieuse, M. Newton a fortement conseillé
à la société de venir en aide aux journaliers,
aux manœuvres, aux forgerons qui se trou
veraient privés, d'emploi, pendant }a lutte.
Il est ai; é de voir qu'on cherche à former
Un faisceau de tous les-corps d'états, afin
d'empêcher les machinistes de se présenter
isolément dans l'arène. Dans la réunion
dont-nous parlons, M. Newton a dénon
cé la perfidie de " plusieurs fabri'cïms qui se
proposaientdegarderleursmeilleursouvriers
en les envoyant faire des réparations à do
micile eteii leur donnant de l'ouvrage sur
place ; et il a adjuré tous les ouvriers de dé
jouer ce manège, en se refusant à tout tra
vail. Singulière perfidie, en effet, que celle
de/abricans qy-rcherchent à épargner à leurs
^^meiHeurs ouvriers les souffrances d'un chô
mage, f
Oirn'a point de nouvelles de l'usine qui
•doit être- créé'^'faide du fonds commun de
la société; mais des tentatives sont faites
.pour fonder des établissemeûs sociétaires
sur le modèle des associations françaises, A
Surrey, environ quarante ouvriers ont formé
ùn capital en souscrivant 125 fr-. chacun;
ils ont eirprunté un outillage et pris à bail
un local pour commencer leurs travaux ; ils
Sont entrés en pourparlers avec un contre
maître pour conduire leurs opérations. M.
Newton a assuré qu'ils avaient déjà reçu
une commande pour une machine à va
peur de. seize chevaux; Une portion des
ouvriers de la maison Easton et. Amos
se sont également concertés pour former
un capital-et louer des ate)iei«, avec l'in
tention-de s'établir dans les derniers jours
du mois. M. Newton, qui voit dans ces efforts
le germe de l'émancipation des ouvriers ma
chinistes, a émis l'avis que, dès qu'un certain
nombre d'établissemens sociétaires seraient
fondés, il faudrait les subordonner tousà une
direction centrale, afin que certains ateliers
ne fussent pas exposés à chômer tandis que
d'autres seraient en pleint activité. On voit
ici le socialisme dans toute sa pureté ; M.
Newton demande à réglementer et à régu
lariser la production : il veut soumettre l'in
dustrie des ■ machines au régime que M.
Louis Blanc avait rêvé, pour toutes les in
dustries dans son.livre sur" l'Organisation du
travail. Seulement, le rôle de contrôleur et de
distributeur du travail que M. Louis Blanc as
signait à l'Etat, M. Newton l'attribue à un co
mité spécial, parce qu'il ne s'occupe que d'une
industrie isolée, et que M. Louis Blanc les
embrassait toutes dans son organisation.
Avions-nous -tort de signaler l'agitation des
ouvriers machinistes comme l'avènement du
socialisme en Angleterre?
CUCIIEVAL-CLARIGNY.
Les deux ou trois journaux anglais qui
ont, dès le premier jour, poursuivi le gou
vernement français des attaques les plus in
justes et les plu.s grossières, et qui ont pro
nostiqué sa chute immédiate, ont changé de
tactique depuis le scrutin du 20 décembre.
C'est ala nation française qu'ils s'en prennent
inain tenant, et il n'esisorle.d'insultes qu'ilsne
lui adressent. En même temps qu'ils ne nous
épargnent ni les outrages, ni les provoca
tions, ils jouent l'effroi, afin d'efi'rayer le
public anglais, et de faire ratifier; par
la peur, une polémique que la vérité et
le bon sens désavouent. ' Le Times a pris
occasion de la guerre du Cap pour déplo-
r la'Tiranvaise" OTgmisatio -i et le déplo
rable état de l'année anglaise, ei pour pro
clamer que l'Angleterre était à la merci du
premier corps de cinq mille hommes qui dé-
barqueraitsur ses côtes. Il semble, à entendre
le Times, que les soldai--.i ;.uis ne sont boas
que pour la parade, qu'ils n'ont pas un
mousquet en étht de servir, et qu'il n'y a
dans ioutc l'armée britannique, ni un fusi
lier ni un artilleur qui s:iche viser. Le
Daily-News s'est fait l'écho de toutes ces
lamentations. Comme le 'lunes, il croit l'An
gleterre menacée d'une prochaine invasion ;
il déplore qu'on dégarnisse- les trois royau
mes pour envoyer des troupes au Cap; il
voudrait voir rappeler .toutes les flottes;
il voudrait mettre en défuiise tous les arse
naux, et la seule chose qui le rassure, c'est
que le duc de Wellington a commencé de
puis quelques jours à étudier un plan de
défense pour mettre Londres à l'abri d'un
coup de main.
Nous ne nous serions pa? doutés que la
France. dût devenir un objet d'effroi pour
l'Angleterre.par cela seul qu'elle serait arra
chée à un avenir de ruines et qu'elle se
rait enfin gouvernée. Ces protestations d'a
mitié et de sympathie qu'on prodiguait à la
France à propos de la dernière exposition, et
jusque dans-les salons de l'Hôtel-de-Ville,
n'étaient-elles donc, dans la. pensée des An
glais, qu'une oraison funèbre anticipée? On
était bienveillant lorsqu'on nous croyait des
tinés à périr ; on s'àlarmo iorsqu'on nous
voit revenir à la vie.
Nous ne prenons pas au sérieux les frayeurs
de deux ou trois journaux anglais, pas" plus
que nous ne faisons à leurs, insultes I'Ikwi*
neur de les relever. Nous les faisons connaî
tre pour que le ridicule et le mépris lassent
•justice, des unes comme des autres.
' - ' CUCHEVAL-CLAItreNT. .
On lit dans le Daiiy-News du. 9 janvier :
« Woolwich, 8 janvier.
» Le duc de Wellington est depuis quelque temps •
en conférences journalières avec sir John F. Bur-
goyne, inspecteur-général des foi tificalions. Ils ont '
traité la question importante de laproteetionde Lon
dres en cas d'invasion. Le résultat de leurs délibé-
rotioiis a étéqnc plusieurs camps militairesdevaieut-
être formés autour de Londres. On choisira des posi- ;
lions avantageuses, principalement sur les rives (le '
ICent et d'Essex, de -la Tamise et sur les • bords du '•
iledway, pour en faire des camps fortifiés perma-\
jiiens. L'ordre a été donné de mettre Slieerness en.-
bon état de défense et d'avoir de considérables
approvisionnemens de munitions de guerre sous •
peu dans les fortifications déjà achevées de ce
. port-naval.. Depuis quelques jours aussi, l'on a
fourni aux autorités militaires des listes d'officiers
en non-activité, dans le but de renforcer le service '
de l'artillerie royale. On avait eu l'idée d'abord d'à-,
jouter trois bataillons aux douze déjà formés; mais
on-préfère ajouter deux compagnies à chacun des
douze bataillons déjà existans. Ce serait un renfort
de 2,400 hommes pour l'artillerie royale,sans accroî
tre la dépense de l'état-major. On dit aussi que les :
troiipes de ligne vont être renforcées de dix mille <
hommes, comparativement au chiffre de l'année -
dernière. La marine royale sera aussi renforcée, :
dans les armes de l'artillerie de la marine royale
et des compagnies de divisions. Les recrues ont '
ordre de se rendre, dans le plus bref délai possi
ble, aux dépôts des régi mens , afin de recevoir
D 'instruction convenables»
On lit dans le même jpurnal :
« Il nous semlile que- le gouvernement, avant
de l'aire de nouvelles demandes de fonds, pour ob
jets militaires, devrait donner son attention à la
régularisation des dépenses déjà existantes. Et d'a
bord nous ferons cette simple question au Times :
Si les côtes d'Angleterre sont en danger, pourquoi
■ne. pas ramener dans le canal ou la Tamise la
flotte du Tage? Ce qui nous paraît mériter sur
tout une sérieuse attention, c'est-la situation
de nos arsenaux militaires et de nos dépôts
de poudre, et surtout de Woolvviclu Ancien- '
nemetil, lorsque le canal était une défense in- -
surin on table j:our une escadre de'bâtimens à
voiles, Woolwich était peut-être en aussi bon
état que possible ; mais aujourd'hui qu'il -suffi
rait de quelques gros bateaux à vapeur pour lancer- -
en une nuit contre nous un corps d'armée' destiné
ravager nos côtés;, nous ne trouvons pas que
Woolwich soit une position assez sûre pour y con
centrer d-.'s munitions de guerre de la plus grande
valeur. C'est dans des positions centrales et non
dans line seule position concentrée, que ces mu
nitions devraient être gardées. Weedon , par •
exemple, serait bien approprié à ce service, et
il n'en coûterait pas beaucoup pour y transport
ter les munitions de guerre de Woo ,vich. Notro
dépôt de poudre est trop rapproché de la Ta^
mise, et l'on pourrait faite aisement sauter cin-»
q.uante mille barih de poudre , coûtant une
somme énorme Puifleet est une mauvaise position •
de tous points. Nos gauler-côtes suffisent à peine
pour les batteries des côtes et leurs stations
respectives. Pour défendre les forts, ce sont des
artilleurs qu'il faut. Il faut donc augmenter con-
hi lérablement l 'arme de l'artillerie et taire de gran
des économies dans la direction de ce département.
«Notre pensée est qu 'en faisant Yeitir la-flotte qui
t dans le Tage, et en dépensant utilement l 'ar
gent déjà voté p.ir la chambre des communes,
pourrait garantir suilisammeul l'Angleterre cor
toute invasion étrangère, de quelque côté qu'elle
pùt venir
on
contre
On lit dans YAdoertiser, du 9 jaavier :•
Nous sommes de nouveau en position de faire
encore d'importantes révélations sur les circons
tances qui ont amené le renvoi de lord Palmers-'
ton, et l'on va voir que ces documens placent la
conduite du premier ministre dans un jour plus
défavorable encore qu'elle n'avait été jusqu'à pré
sent.
Nous poserons d'abord au noble lord, chef du
gouveruement, une ou deux* questions, afin d'é
clairer un ou deux faits fort extraordinaires. Se- .
r*k-il vrai (car la cho?3 parait incroyable) que lord
Js-lsri Husseir, iaiiuedialemei.t après-avoir informé
lord Palmer^toii que son manque de jugement
et do discrétion ne -lui permettait pas de con
server son poste des affaires étrangères; .«prait-i
il vrai que, dans le d. sir de désarme? l'hos
tilité future du noble vicomte, il lui aurait of
fert un autre poste important, et de l'éleyer im
médiatement à la pairie? Cela, nous le répétons,
parait si étonnant, si saisissant, que nous n'en par-:
Ions que tous la l'orme interrogative. Scrait-il vrai
aussi qu'en refusant ce double honneur,, lord Pal-
merston au rail écrit à lord J. Hussell une lettre con
çue en termes si pleins de mépris et d'indignation,
que le premier ministre a dû pâlir à sa lecture? Pe,
plus, dans eette lettre, q-ii sera communiquée au :
parlement dès sa rentrée, lord Palmerstoiu aurait-il
hautement îeproché au premier ministre l'in
conséquence. qu'il y avait à lui faire de pareilles* ;
oll'res ; ajoutant, avec une force écrasante dp
logique, que, s'il était, comme le disait lo'rd
J. Russell, dépourvu de jugement et le discrétion,
-U était hors d'élat d'occuper aucun autre poste im-
"poptant? Tout cela est-il vrai?.-;Ges faits irous pa«>
raissent tellement incroyables,que nous avons peine
à y ajouter foi, et cependant, ils nous sont com- •
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 11JANV.
LES COUPEURS D'ACAJOU.
' Bans nos villes, où l'on fait une si grande
consommation de pain,, on ignore générale
ment ce.que c'est que le blé. Demandez à un
Parisien quelle est la différence entre le grain
;d'orgeou de seigle et celui qui donne le fro-
jmçnt, et il j-y a cent à parier contre un que
'«vous le mettrez dans la nécessité de confesser
son ignorance! '
lin'est pas de pays o ù l'usage de.l'acaj ou soit
pluscoqnmm qu'en France: Du premier étage
u lu mansarde; du grenier à.la loge des con
cierges; chez le riche et chez le pauvre, il y
& partout de l'acajou. Mais- combien peu de
gens pourraient dire de quel pays en parti
culier on exporte ce bois; quel est l'aspect de
l'arbre qui le produit ; quelle en est la dimen
sion -ordinaire. et. par quels travaux pittorcs-
ques ou parvient à le tirer des anfractuosités
dejrpclieroùil croit communément! La fécon
de imagination de Cooper, le romancier .amé
ricain , au rai t facilement trouvé dans les di ver-
«es-péripélies de bette exploitation les élé-
mwis d'un récit plein d'intérêt. L'idée que
.cela puisse êUre, s'est-elle jamais présentée à
•l'esprit d'aucun habitant de la bonne ville
«de- Paris, au moment où il a fait l'achat
d'un bois de lit ou de ce meuble, aujour
d'hui proscrit, qu'on appelle une commode ?-
Qu'importé d'où vienne l'acajou et com
ment on le coupe, dira 1 t-on, pourvu qu'on
«n fasse de bons- meublés et que l'acheteur
ne soit.pàs trompé sur la t valeur de la mar-
•chaudiseV Oh 1 candide bourgeois parisien !
Savez-voias seulement quelle est l'espèce d'a
cajou dont est revêtu votre mobilier ? Est-il-
uni, veiné, moiré ; chenillé, moucheté ou j
bien r'onceux ? Etes-vous certain même que
ce soit de l'acajou? Ne serait-ce pas du syco- 1
more rougi au moyen dp la potasse .et du
rocou; de l'acacia infusé de garance; du
châtaignier préparéavecdusafran,del'érable
traité avec une décoction de bois de Campê-
clie? SW-votro mobilier est d'un ton rouge
clair avec un faux reflet doré, ou bien s'il
est très sombre et presque noir, quoiq'u'en-
core dans la nouveauté, apprenez qu'ou s'est
joué de votre crédulité. Vos meubles îont
peut-être en simple noyer dissimulé dans
une infusion de teinture de brésil. "
Mais, au contraire, si le tissu -du placage
est ferme, compaote et d'une belle couleur
rougeàtre, s'il est -uni , c'est-à-dire d'une
nuance partout égale ; s'il est veiné, ou dia-
pré-de nuances longitudinales, alternative
ment claires et obscures ; moiré, ou orné
d'ondes transversales; chmillé , e'est-à-dire
coupé par ds lignes blanchâtres semblables
a des barres de vermeil v moucheté, par des
nœuds ovales; ranceux, enfin, ou festonné
par un mélange de nuances claires et obscu
res, alors félicitez-vous, car, en dépit de la
mode, cette capricieuse qui se lasse d'enten
dre toujours appeler Aristide le Juste , et qui
ne veut plus d'acajou, vous avez un meuble
du bois.Je plus beau et le plus riche qui
existe.
'L'acajouI fFdonc! c'est bourgeois, c'est
épicier. Passe pour la fille du portier qui est
élève du ' Conservatoire et qui a son piano
dans la niche de* 1 ses parens. Mais quel
homme de goût laisserait pénétrer l'a - r
cajou dans son appartement! Parlez de ce
bois rouge à tel aspirant de lettres, roman
tique et chevelu, qui n'a dans sa mansarde
d'homme que deux cliaisus boiteuses, et "
vous Terrez quel superbe dédain se pendra
«ur ses traits. Eh! pourtant, l'on n'est pas
encore parvenu à remplacer l'acajou dans
l'ébénisterie. Par la variété des dessins, par
la richesse des nuances, par la dureté et la
finesse du grain, il continue à l'emporter
sur tous les bois connus. Ni : l'ébène, ni le
pali:sandre ? ni le citronnier, ni le bois de
®jse ne lui sont comparables. L'ébène est
sombre, Ie palissandre est lourd et résineux,
le citronnier est pâle , le bois de rose y
dury-pesarit, contourné, est très rare. L'ex^
périence d'ailleurs a prononcé entre eux g
et la vogue de l'acajou- n'a pas diminué^
Quant aux ouvrages de marqueterie, on n'eg;
a point encore fait qui égalent les meubles"
de François Boule, et ce sont des fantaisies
interdites à la petite propriété. La laque de
Chine est très- chère ; l'imitation qu'on en.
fait en France n'est pas en état de lutter avec'
les produits du travail et de la patience des
ouvriers du Céleste-Empire. . _ .
Faut-il mentionner les bois d'iine valeur
tout-à-fait secondaire qu'emploie l'ébéniste
rie? "Le noyer, par exemple, lera-t-il concur
rence à l f acajou? U y a quelques'années,
a une époque d'engouement pour le moyen-
àge, on s'est avisé d'introduire dans l'a-
mèublement de lourds-et incommodes ou
vrages' en bois de cliène ; c'étaient ^ des
chaises à pieds tordus, à " dossiers élevés et
surmontés d'un écusSon naturellement vi
de ; c'étaient des buffets imités des anciens
dressoirs, à figures de saints et de diables,
si pesans, qu'ils mettaient à une épreu
ve dangereuse- la solidité des planchers;
et qu'ils étaient un objet perpétuel d'inquié
tudes pour lpsliabitans des étages inférieurs.
G'est-surtout daus cette période qu'un ébé-
liiste aurait pu inscrire sur sa boutique cette
enseigne célèbre: « Ici l'on fait des meubles an
ciens dans le goût le plusmoderne. » Leridicule
a l'ait justice de - ces meubles si lourds. La
belle mode, en vérité, que'celle d'avoir des
chaises qu'une, dame ne pouvait approcher
du feu sans l'aide d'un domestique! La beauté
des ornemens ne rachetait pas la grossièreté
de lamalière, .et l'acajou,: comme le cliène,
admet de riches sculptures.
L'acajou* triomphe donc malgré ses dé
, tracteurs, et dans beaucoup de salons opu-
lens, il figure encore ; modestement rang
doute, mais avec utilité ot noblesse, parmi
■ les nombreux meubles.d'art. Il ne dépendra
pas de nous que «a< popularité" ne grandisse
. encore par l'exposé des travaux périlleux qui
précèdent son importation en Europe.
'Ce n'est pas un arbre vulgaire, de ceux
: qu'|n rencontre à-chaque pas, qu'un seul
i bûcheron peut abattre et emporter. Il croit
majestueusement au sein des forêts améri-
: caines; aucun des végétaux connus ne le sur
passe en magnificence, et le plus grand des
chêries-n'est qu'un nain «n comparaison. Les
.^ dimensions énormes du tronc, son élévation
| prodigieuse, ledéveloppementconsidérablede
wse^branches; l'étendue de ses puissantes ra-
. |ciues, tout, en lui, offre l'idée d'une création
[destinée"pnr'la nature à l'usage d'une race de
"géans. 11 grandit lentement en comparaison
/de.la rapidité avec laquelle s'écoule notre
: . courte existence ; sa ; croissance est à peine
sensible dans le cours de la vie de l'homme,
et il doit sé passer plus d© deux cents ans
avant qu'il ait atteint sa maturité. Il s'élève
; «u eœlr de la forêt;, tantôt isolé, tantôt par
' bouqifels composés d'un petit nombre d'ar-
i = bres de son espèce. Ainsi les grands animaux
>: Yont seuls ou par troupes peu nombreuses;
* ainsi ils aiment à vivre bien loin dans le dé-
■ sert; laissant la vile multitude qui compose
nies races inférieures se presser autour des
j: demeures dè l'homme pour se nourrir de
) ses restes. ■ - - . - '
? L'emploi de l'acajou est dû.au liasard, et,
cfabord, on en a fait un usage ignoble; mais
.-l'abaissement auquel il avait, été réduit n'a
V 'fait que lui prêter un nouvel éclat, et du der-
• pieï rang de l'ébénisterie tfù son mérite avait
i
été ravalé, il a passé'd'un.geu) trait ai pre
mier, qu'il occupe encore. Voici-ce que la tra
dition rapporte à ce sujet. Un médecin célèbre
de Londres, appelé Gibbons, avait pour frère
un capitaine de navire. Au retour d'un, voya
ge .dans les Indes-Occidentales , ce marin
rapporta quelques poutres d'acajou qu'il
avait placées sur son bâtiment pour servir
de lest. Le docteur Gibbons faisait bâtir
une maison dans King-street, Covent-Gar-
den; et son frère, pensant que ces poutres
pourraient être utilisées dans cette construc
tion, les fit porter chez le docteur ; mais les
charpentiers essayèrent inutilement de s'en
servir; leurs outils s'ébréchaicnt sur ce bois
si dur, et ils finirent par le laisser de côté.
Ce fut un caprice de mistress Gibbons qui
le tirade l'obscurité. Il parait qu'à celte épo
que on faisait usage de chandelles dans les
maisons décentes, et qu'on renfermait les
chandelles en des boîtes.de bois : du moins
c'est ainsi que les chosessepassaient chez ledoc*
teur Gibbons, dans King-street, Covent-Gar-
den. En ménagère économe mistress Gibbons
voulututiliserlespoutresqui gisaient dans un
coin de sa cour, etelle jugea, dans sa sagesse,
que si ce bois ne pouvait pas servir à la construc
tion d'un édifice; il serait toujours assez bon
pour faire uneboîte.à cliandeiles. Unébénisto
au temps, dontl'industrio a canservélenom,
Wollaston, fut appelé chez le docteur,'et il se
mit en devoirde fabriquer la boîte demandée.
Mais ses instrumens mal trempés ne mor
daient que faiblement sur les fibres ser-
rées et compactes de l'acajou. Le docteur,
à qui il alla raconter soft embarras, lui fît
o"b3erver judicieusement qu'il.n'avait qu'à se
procurer de meilleurs outils. La boîte fut
faite, et, par le seul frottement des mains,
elle acquiLun si beau poli, et un coloris si
éclatant, que tout lé monde en fut émerveillé.
La duchesse de Buckinçham se fit donnerpar
le docteur un morceau du. meme bois ; et
Wollaston fabriqua pour Sa Grâce un bureau
qui mit à la mode l'acajou et l'ébéniste. Et
voilà comment une boite à chandelles a donv
né naissance à une industrie des plus im
portantes, à un commerce des plus étendus^
Les principaux centres d'exportation dé
l'acajou sont Haïti, Cuba et Honduras; rian S
l'Amérique .centrale» Le bois d'acajou qui
provient de ce dernier Etat n'est pas le plu.»
estimé, mais Honduras est le pays o> %
arbre atteint communément les f ct
proportions. Sur ce territoire^■ ■
bu d-rnte qu-oa UPKV.C ta MoZiS"
L Angleterre leur .o- Veconnu des droits à l a '
propnete du sol qu'ils pjrcouraienï el el£
«e les est fai t ceder en échange d'un 1 eer
tain nombre de couvertures ct de C"
tel les de rhum. Les. Ibndemens dW
ville ont ensuite etu posés; Balise comme
dix ou douae mille habitans, et so i i S ,?'
son, qui est surmonté d'un acajou ir\r US '" .
lo gonre d'iaduslvio a,,,uel s? ^
doit la prospérité dont elle jo^u-,?"™
le gouvernement britannif-J s- cnn w i?'
cemrnent à l'égard du oiu&tfn S '
Grande-Bretagne'ient la souveraineté SfaS
gleaéteifsurceriÉe territoire.Eli
1 entretient dans 1 oisiveté à Balise même On
je voit traîner ses haillons par la ville âvS
la- phptonoratc et les allures d'un homSe
doiit le viai lôle serait de cirer les bottes
Les forets qui couvrent le pays tout entier*
comrnencent aux portes mêmes de Balise A"
1 exception de certains espaces deTrrainî
qu ont achètes de riches habitans, les bois an
parliennent a tout le monde, ctleprèmlr
qui rencontre un arbre précieux a le Et
de l'abattre. Tous les. mis, on organise rhn=
la vihe des bandes d'ouvriers pour I'exploi-
tation de l'acajou.. Chacune d'elles réunit
trente individus en moyenne, elesldiria-ée D^r
un contre-maître qui a le titre de carSe
Mais W e -importante opération précède soâ
PRIX jJS L'&BOr^KEïSiEîîï
pour Paris eï les départemens :
TROIS JHOIS. 12. F.. | SlX MO^S.. 22 F,.
UN A*.... 4® ».
BUIÊEA5JX : rue du, &,-& février (ci-devant Val«Is;, ; f ®.
18S2. -DIMANCHE 11 JANVIER.
j>our les pays ÊraiNfiE^s, se reporter
au' tableau qui sera publié daps le journal,
les 10 et, 25 de chaque mois. -
Ces aàonnemeas datent des l ot «-16
: Vde chaque mois.
S'adresser, franco, pour la rêdaç-i n, à M, DoSi
■ Les articles déposés ne sont pas rendus:
On s'abozne, dans les
dêptrtemens, aux Messageries et.aux Directions, été poste'.—A Londres, chez MM. Co\MleJ fus. S
— A Strasbourg, chez -M^AlJKUNDBS,* jwur l'AHemâgne. .. " !■
S'adresser, franco, pour VcdmitiiUraiion, à M. Dskair, . directeur* '
Les annonces sont reçues au bureau du journal; et chez- M. PANIS, régisseur, 10, placede la Bonne;
iïARIS, 10 janvier ;.''
On parlait; -depuis quelques jours d'une
grande,mesure dé sûreté générale que devait
prendre le gouvernement. Le Moniteur exr
plique aujourd'hui en ces termes les résolu
tions qui viennent d'être arrêtées -: "
• « Le' ÇsQuverneinent, fermement déterminé
à. prévenir; toute cause de troubles, a dû
prendra ;df& mesures contre certaines per
sonnes dont la,présence en France pourrait
eu-pêchir le cahiie de se rétablir.
.» Ces mesures s'appliquent 'à trois caté
gories:' V ' . "' . ; ' '
> Dans lalpijemière figurent les individus
convaincus; d'avoir pris part aux insurrec
tions récentes ;. ils seront, suivant leur degré
de culpabilité, déportés à la Guyane fran
çaise ou en Algérie. .
» Dans la seconde's® trouvent les chefs re
connus,du socialisme;leur séjour enFrànce
serait dé naturé à fomenter la guerre civile;
iLs seront expulsés du territoire de la Répu
blique, et ils seront transportés s'ils venaient
à y rentrer,.
» Daçs la troisième sont compris les hom
mes politiques qui se sont fait remarquer
par lëi^r violente hostilité au gouvernement,
etjdoat la présence serait une cause d'agita-
tidn ; îls seront ihomentanément éloignés dé
France. .
.« /Dans les circonstances actuelles, le de
voir du gouvernement est la férmeté; mais
il saura maintenir la répression dans' de jus
tes. limites,
» Les divers décretsqui procèdent concer
nent seulement les anciens représentans.
», Les sieurs Marc Dufraisse, Greppo, Miot,
Matlié et Richardet seront transportés à la
Guyane française. »
le Moniteur publie en outre, dans sa par
tie officielle, les deux ■ décrets suivans, qui
donnent les noms des anciens représentans
eoinpris dqps la deuxième et la troisième ca
tégorie : •
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
Louis-Napoléon, Président de la République,
Dicrète :
Soat expulsés du territoire français, de celui de
l'Algérie et de celui des colonies, pour cause de sû
reté générale, les anciens représentans à l'Assem
blée législative dont les noms suivent :
• Ait. 1". Sont momentanément éloignés du ter
ritoire fran£ais £yg ^Mjl .frri i lgciiQ^,-F «'ur causii -l^lus de*dix mille -individus. -Le gouverne
;dëtùretô générale,les anciens représentans à l'As- - - - ■ •
semblée législative dont les noms suivent : -
Duvcr^'ier de Hauranne, De Rémusat,
»Crçtoi), • * ■ Jules.d.e Lasteyrie,
iGéneraf de Lanjoricière, Emile de Girardin,
Général Cliangarnier,
Bazc,
Général Le Flô,
Général Bedeau,
Thiers,
Chambolle,
Généra! Laidet,
Pascal Duprat,
Edgar Quinet,
Antony Thourct,
Victor Chauffeur,
Versigny.
Art. 2. Ils ne pourront rentrer en France ou en
Algérie, qu'en vertu d'une autorisation spéciale du
Président de la République.
Fait au palais des Tuileries, le conseil -des minis
tres entendu, le 9 janvier 1852.
LOUIS-NAPOLÉON.
Le ministre de l'intérieur,
Ai DE MORNV.
Edmond Valenlin.
Paul Racouchot. -
Agricol Perdiguier.
Eugène Cholat.
Louis Latradc.
..Michel .Renaud.
Joseph llenott (Rliône).
Joseph Durgard.
Jean Culfavru. "
Joseph Faure (Rhône).
Pierre-Charles Gambon. Bàncel.
Joigjieaux.
L^boulaye.
Bruys.
• Esqùiros.-
Maîlier-Montjaa.
Noël Parfait.
Emile Péaiv
Pelletier.'
llaspail.
Théodore Bac:
Charles Lagrange. '
.Martin Nadaud.
Barthélémy Terri îr.
Victor Hugo.
Cassai.
Signant.-
Bclin (Drôme). 1
Besse. '.. . ' • '
Bourzat.
Brivçsv
Chavoii.
Duke.
Dupont (de Bussac).
Gaston ilussdùbs.'
Guiter. ; • . ■
Lafoa. • .
Lamarque.
Pierre Le liane. . . . .. .
Jules Leroux.,
Francisque Maigue.
Malardier:
Mathieu (
Iîoselli-Mpliet.
CliiuTa's.
Suint-Ferréo!.
Sommier. ; ;
Teitelifi (Nord).
Art. 2. Dans le cas où, contrairement au présent
décret, l'un des individus désignés en l'art. l'' r ren
trerait sur les territoires'qui lui sont interdits, il
leurra titre dépoité' par mesure de tùrcté géné-
lale. " -Jr
Fait au palais des Tuileries, le conseil des mi
nistres entendu, le 0 janvier 1852.
, V-,- LOUIS-NAPOLÉON.
lie-ministre dè l'intérieur,' .
.A.DEîIORNY.
Viguier.
Charrassin.
Bandsept. .,
Savoy e..
Joly.
Combler. '
Boyssôt.
Duché.
Eunery.
Gu-ilgot.
lluçhstuhl.
" Siichot-liout-1.
Baûne.
Bcrtholou.
Sdiœleher.
De Flotte.
, . - AU NOM DU PBIJP1J8 FRA]VfeyS, j i
Louis-Napoléon, Président de la République,
Dccrète'.;
La politique qui a pour but de sauver les
Etats profondément trouiléspar les passions
révolutionnaires, doit forcément recourir à
des sévérités douloureuses, mais nécessaires.
IJn*chef de gouvernement, vraiment digiie
de sa mission,, doit accepter avec fermeté
la responsabilité, de ce rigoureux devoir. Il
ne doit pas consulter les inclinations de son
ame , mais les' eiigënces ti.u sahjt public.
C« qu'il donnerait à des hommes dange
reux en miséricordes prématurées, il l'ôte-
rait en garanties de tranquillité à la na-,
tion, qui a droit à son dévoûment-en retour
de la confiance qu'elle place en.lui.
Quand la révolution de 1848 est venue met
tre les agitations d'une république par. dessus
les agitations déjà inséparables du régime
parlementaire, implanté dans un sol peu
propre à le porter, la révolution de 1848 a
mis la France en état de guerre civile. Nous
n'en avons que trop vu les suites et les effets,
dans la guerre sociale de j uin, dans la guerre
déclarée un an plus tard par la minorité de
l'Assemblée contre la majorité, dans la guer
re. sourde préparée avec une impitoyable
persévérance par le socialisme pour la date
fatale de mai 1852; et enfia dans la guerre
parlementaire incessamment dirigée contre
le pouvoir exécutif ; toutes guerres qui ont
produit l'effusion de tant de sang, la con
damnation de tant d'accusés, la proclamation
de tant d'états de siège, et la trausportation
par décrets.
Louis-Napoléon a fait l'acle du2 décembre
pour mettre un terme à ce régime de la lutte
orgauisée, et on comprend qu'il est impos
sible d'y mettre un terme sans recourir Iran-
sitoirement à quelques-unes de ces înesures
extraordinaires, qui tendaient à en devenir
la condition permanente.
Le gôuvernçment de Louis-Napoléon était
en face de deux espèces d'ennem'is : ceux qui
faisaient la guerre à la société, et ceux qui,
tout en aidant les autres sans le vouloir, ne
faisaient cependant la guerre qu'au pouvoir
exécutif. Le gouvernement prend à l'égard
des premiers des mesures proportionnées à
la grandeur du mal qu'ils voulaient faire à
la société'; il ne prend à l'égard des seconds
que des précautions temporaires destinées à
cesser avec l'état transitoire qui les motive.
Nous ferons remarquer, en outre, que ces
mesures, loin de porter le cachet' d'une pré
cipitation aveugle, n'ont été prises qu'après
une langue-et scrupuleuse information, qui
a permis de n'y pas comprendre un certain
nombre d'individus signalés d'abord comme
dangereux.
Parmi les chefs du socialisme et leurs sol
dats, le gouvernement .'fait une distinction
entre ceux qui ont pris les armes dans les
dernières luttes, et ceux qui , sans avoir com
battu de leur personne, sont connus pour
avoir préparé la guerre civile et qu'on sa
vait résolus à la fomenter encore.
. "Aux individus de la première catégorie, le
gouvcrnaRfcnt.HiS'^P^yatj ^ u r- le précédent
de juin -1848,' appliquera transportà-
tion administrative. Mais, après juin, on
avait ' prodigué, d'urgence les rigueurs sur £i
4»lus de*dix mille -individus.-Le gouverne- '
ment, en rendant la transportation plus sé-,
vère, veut en restreindre l'application aux'
plus coupables ; il renij le châtiment exem
plaire, en diminuant le nombre de ceux,qui
auront-à le subir; et,dans cette catégorie mê
me, il veut que la peine soit graduée selon.
la criminalité. Il établit deux lieux de dépor
tation, la Guyane c-t l'Algérie.
La seconde catégorie n'e'st frappée que de.
l'expulsion. Les individus qu'elle atteint no :
seraient déportés que dans le cas où ils ren
treraient sur les territoires interdits.
Le décret relatif à ceux de la troisième ca-.
tégorie a un caractère tout différent. Cette
catégorie comprend des hommes dont quel
ques-uns ont occupé des positions impor
tantes dans l'administration et dans l'armée,
et ont même rendu d'anciens services au
paya. Entraînés par les passions des luttes
parlementaires, ils ont mis la France en pé
ril» Leur irritation survit naturellement en
core à leur,défaite. Leur éloignementestuno
mesure de sûreté, "prise dans l'intérêt de la
paix publique,»et nous pourrions même
ajouter destinée à les prémunir contre eux-,
mêmes. Plusieurs d'entre eux , lorsque ce
décret leur a été notifié, en ont compris la né
cessité. On remarquera d'ailleurs que la claù-:-;
se pénale dirigée contre les expulsés de la se
conde catégorie qui violeraient l'interdic
tion dont ils sont frappés, n'est pas appli
quée à ces hommes sur qui pèse la mesure •
d'un éloignement temporaire. f. boilat.
On nous écrit ce matin d'Orléans, que les
commissions militaires instituées dans le
département dû Loiret .pour examiner les
dossiers des individus arrêtés en raison de
leur participation aux troubles de la premiè-
re quinzaine du mois dernier, viennent de
terminer leuf tâché en ce qui concerne l'ar
rondissement d'Orléans. Ces individus, au
nombre de soixante-et-onze, dont quelques-
uns seulement ne sont pas encore placés sous
la main de la justice, ont été désignés comme
transportables par les commissions; et, eu
conséquence, ordre' a été immédiatement
donné par l'autorité militaire d'en opérer le.
transfèrement à Paris.
L'é départ d'Orléans a eu lieu hier malin 9,
à dix heures, par le chemin de fer. L'at
titude parfaitement calme et indifférente des
curieux qui se sont portés à l'embarcadère,-
a rendu inutiles les précautions qu'on avait
cru devoir prendre, en même temps qu'el
le a prouvé combien les firuleurs de dé
sordre sont devenus antipathiques à ces
masses populaires qu'ils considéraient, il y a
moins de deux mois encore, .comme des ihs-
truinens dociles de leurs projets anarcliiques.
Ces 71 individus ont. été divisés, par les
commissions, en deux catégories : 21 figu
rent dans la première catégorie, qui com •
prend ceux contre lesquels s'accumulent le
plus de charges ; les 50 autres.forment une
deuxième catégorie ; tuais tous, ainsi que
no us-l'avons dit plus haut, sontclassés par
mi les trans'portables. Voici les noms des in
dividus compris dans la première catégorie':
Louis Gassot, 1 marchand de,vin; Henri lîlot, :
agent d'assurances (en faite); Michel Edouard,
Campagnet (en fuite), Louis-Eugène Cheva
lier, Jacques-François Clôutier, Pascal-Ma-
gloire Cointepas. Auguste Cosson, Abel-Hya-.
cintho. Dailly, Adolphe Desjardins, Frédéric-
Michel Deslandes, Louis-Alexandre Huttiu
(en fuite), Pierre Jourdain (en fuite), Louis-
Alexandre Martin, Jules-François Michot,
Charles-Pierre Nolland-, Alfred Pereira, Louis
Santerre, Louis-Antoine Siroteau, Auguste
ïavernier, Etienne Colombe, Edouard Thi
baut, Joseph Viou. :
Quant aux individus compris dans l'ins
truction de l'arrondissement de Montargis,
treize d'entre .eux avaient été déjà transférés
dans les prisons d'Orléans par mesure de sû
reté. Ils ont été dirigés sur Paris hier matin,
par le convoi de sept heures. Les autres dé
tenus de Montargis doivent arriver dans la
journée à Orléans. lis seront également, dit-
on, transportés à Paris. ' j,. bonifa.ce.
: Mgr Pévêqhe de Fréj us îvient de publier .un
mandement à l'occasion du nouveau jubilé;
ce mandement renfermé" un tableau raplcfo*!#
de la profonde démoralisation qui s'était laite
^d^ns ce^nialiieui'eux départementdu Var, où
" ki r ;rép'ubiiquc "rouge corïi'ptàH ÛQ' si'grand
nombfe d'adhérens.
Appréciant ensuite la part de chacun, la
part dès chefs et celle des soldats obscurs,
dans les ; mouvemens' insurrectionnels qui
viennent, d'avoir lieu,. Mgr Wicart adresse
aux premiers ces énergiques apostrophes :
« Je vous demande compte, malheureux, du
sang que vous avez fait répandre à si grands flots.
11 n'était'point, hélas! innocent comme celui d'A-
bel, maïs il n'en crié pas moins, comme le sang
versé tle .ee premier juste. Détestables entrepie-
neurs 4c-boulcversemens sans fin, brochuricr?,
journalistes grands,et petits, de la capitale et des
provinces, qui prêchiez le crime, et le couvriez des
noms de la vertu ; discoureurs de tribune et d'as
sociations impies; fabricateurs de mensonges et
promoteurs de tous les-genres de scandales ; me
neurs publics et agens secrets, qui promettiez,
comme chases simples, naturelles et justes, le vol,
le'brigandage et le meurtre, 5 des imaginations fa
natisées par vos sophismes audacieux ; ennemis
de Dieu et des hommes, qui' demandiez des ser
mons et confériez à. vos adeptes une sorte de sa-
cremen3 d'abomination sur des poignards : c 'est
vous ^ùe ce sang accuse. Les ames qui s'en sont
détachées, gi l'illusion de leur ignorance a pu
les faire absoudre devant la justice éternelle, c'est
sur vous qu'elles ont dû secouer la responsabilité
de leurs égaremens. Si au contraire la justice di-
vine- n'a- jm je's excuser; et ne les a pas trouvées
- rèpehtantes à leur dernier soupir, elles yous mau---
dissent au fond des enfers. Ecrivains, chefs, de sec
tes, .excitateurs publics^ séducteurs occultes, vous
tous, organisateurs et conseillers du crime, vos
victime» vous ajournent au tribunal de Dieu! »
Trente-six fabricans de machines soit à
Londrès, soit à Manchester, ont dû fermer
aujourd'hui'leurs ateliers. Aucun arrange
ment,- en effet, n'a été conclu entre les ou
vriers et les fabricans, et les démarches conci
liantes tentées par quelques membres de l'aris
tocratie anglaise sont demeurées sans résul
tat. Le%omité directeur qui s'est mis à la tête
du mouvement n'épargne rien pour fanatiser,
les malheureux ouvriers qu'il- condamne à
de dures souffrances ; et les efforts qu'il ten
te, les espérances qu'il laisse percer font soup
çonner qu'il n'elt lui-même qu'un instru
ment; il se pourrait bien .que la grève des
machinistes ne fût que le prélude d'une agi
tation qui - embrasserait la classe ouvrière
tout entière.
, ' Des démarches ont ' été laites auprès de
plusieurs corps de-métiers. Dans la dernière
assemblée des machinistes, tenue à Londres
.dans la taverne du Phénix, un certain New
ton,.'qui est a la fois l'orateur,"."l'écrivain
e-t le chef véritable du comité directeur, a
déclaré avoir reçu d'un corps de métier,
qu'il n'a pas nommé, l'avis que deux mille ,
membres de cet état-avaient consenti à une
retenue ' cle cinq shillings par semaine sur
leurs gages, afin de soutenir les machinistes.
Les ouvriers modeleurs, qui étaient en_ de
hors de la société combinée dés machinistes,
ont adressé à plusieurs fabricans l'avis
que, s'ils venaient à se trouver sans- travail,
par suite de la clôture des ateliers, ils feraient*
cause commune avec les machinistes. Enfin,
pour désarmer l'opposition que le mouve
ment rencontre dans une partie de la classe
, laborieuse, M. Newton a fortement conseillé
à la société de venir en aide aux journaliers,
aux manœuvres, aux forgerons qui se trou
veraient privés, d'emploi, pendant }a lutte.
Il est ai; é de voir qu'on cherche à former
Un faisceau de tous les-corps d'états, afin
d'empêcher les machinistes de se présenter
isolément dans l'arène. Dans la réunion
dont-nous parlons, M. Newton a dénon
cé la perfidie de " plusieurs fabri'cïms qui se
proposaientdegarderleursmeilleursouvriers
en les envoyant faire des réparations à do
micile eteii leur donnant de l'ouvrage sur
place ; et il a adjuré tous les ouvriers de dé
jouer ce manège, en se refusant à tout tra
vail. Singulière perfidie, en effet, que celle
de/abricans qy-rcherchent à épargner à leurs
^^meiHeurs ouvriers les souffrances d'un chô
mage, f
Oirn'a point de nouvelles de l'usine qui
•doit être- créé'^'faide du fonds commun de
la société; mais des tentatives sont faites
.pour fonder des établissemeûs sociétaires
sur le modèle des associations françaises, A
Surrey, environ quarante ouvriers ont formé
ùn capital en souscrivant 125 fr-. chacun;
ils ont eirprunté un outillage et pris à bail
un local pour commencer leurs travaux ; ils
Sont entrés en pourparlers avec un contre
maître pour conduire leurs opérations. M.
Newton a assuré qu'ils avaient déjà reçu
une commande pour une machine à va
peur de. seize chevaux; Une portion des
ouvriers de la maison Easton et. Amos
se sont également concertés pour former
un capital-et louer des ate)iei«, avec l'in
tention-de s'établir dans les derniers jours
du mois. M. Newton, qui voit dans ces efforts
le germe de l'émancipation des ouvriers ma
chinistes, a émis l'avis que, dès qu'un certain
nombre d'établissemens sociétaires seraient
fondés, il faudrait les subordonner tousà une
direction centrale, afin que certains ateliers
ne fussent pas exposés à chômer tandis que
d'autres seraient en pleint activité. On voit
ici le socialisme dans toute sa pureté ; M.
Newton demande à réglementer et à régu
lariser la production : il veut soumettre l'in
dustrie des ■ machines au régime que M.
Louis Blanc avait rêvé, pour toutes les in
dustries dans son.livre sur" l'Organisation du
travail. Seulement, le rôle de contrôleur et de
distributeur du travail que M. Louis Blanc as
signait à l'Etat, M. Newton l'attribue à un co
mité spécial, parce qu'il ne s'occupe que d'une
industrie isolée, et que M. Louis Blanc les
embrassait toutes dans son organisation.
Avions-nous -tort de signaler l'agitation des
ouvriers machinistes comme l'avènement du
socialisme en Angleterre?
CUCIIEVAL-CLARIGNY.
Les deux ou trois journaux anglais qui
ont, dès le premier jour, poursuivi le gou
vernement français des attaques les plus in
justes et les plu.s grossières, et qui ont pro
nostiqué sa chute immédiate, ont changé de
tactique depuis le scrutin du 20 décembre.
C'est ala nation française qu'ils s'en prennent
inain tenant, et il n'esisorle.d'insultes qu'ilsne
lui adressent. En même temps qu'ils ne nous
épargnent ni les outrages, ni les provoca
tions, ils jouent l'effroi, afin d'efi'rayer le
public anglais, et de faire ratifier; par
la peur, une polémique que la vérité et
le bon sens désavouent. ' Le Times a pris
occasion de la guerre du Cap pour déplo-
r la'Tiranvaise" OTgmisatio -i et le déplo
rable état de l'année anglaise, ei pour pro
clamer que l'Angleterre était à la merci du
premier corps de cinq mille hommes qui dé-
barqueraitsur ses côtes. Il semble, à entendre
le Times, que les soldai--.i ;.uis ne sont boas
que pour la parade, qu'ils n'ont pas un
mousquet en étht de servir, et qu'il n'y a
dans ioutc l'armée britannique, ni un fusi
lier ni un artilleur qui s:iche viser. Le
Daily-News s'est fait l'écho de toutes ces
lamentations. Comme le 'lunes, il croit l'An
gleterre menacée d'une prochaine invasion ;
il déplore qu'on dégarnisse- les trois royau
mes pour envoyer des troupes au Cap; il
voudrait voir rappeler .toutes les flottes;
il voudrait mettre en défuiise tous les arse
naux, et la seule chose qui le rassure, c'est
que le duc de Wellington a commencé de
puis quelques jours à étudier un plan de
défense pour mettre Londres à l'abri d'un
coup de main.
Nous ne nous serions pa? doutés que la
France. dût devenir un objet d'effroi pour
l'Angleterre.par cela seul qu'elle serait arra
chée à un avenir de ruines et qu'elle se
rait enfin gouvernée. Ces protestations d'a
mitié et de sympathie qu'on prodiguait à la
France à propos de la dernière exposition, et
jusque dans-les salons de l'Hôtel-de-Ville,
n'étaient-elles donc, dans la. pensée des An
glais, qu'une oraison funèbre anticipée? On
était bienveillant lorsqu'on nous croyait des
tinés à périr ; on s'àlarmo iorsqu'on nous
voit revenir à la vie.
Nous ne prenons pas au sérieux les frayeurs
de deux ou trois journaux anglais, pas" plus
que nous ne faisons à leurs, insultes I'Ikwi*
neur de les relever. Nous les faisons connaî
tre pour que le ridicule et le mépris lassent
•justice, des unes comme des autres.
' - ' CUCHEVAL-CLAItreNT. .
On lit dans le Daiiy-News du. 9 janvier :
« Woolwich, 8 janvier.
» Le duc de Wellington est depuis quelque temps •
en conférences journalières avec sir John F. Bur-
goyne, inspecteur-général des foi tificalions. Ils ont '
traité la question importante de laproteetionde Lon
dres en cas d'invasion. Le résultat de leurs délibé-
rotioiis a étéqnc plusieurs camps militairesdevaieut-
être formés autour de Londres. On choisira des posi- ;
lions avantageuses, principalement sur les rives (le '
ICent et d'Essex, de -la Tamise et sur les • bords du '•
iledway, pour en faire des camps fortifiés perma-\
jiiens. L'ordre a été donné de mettre Slieerness en.-
bon état de défense et d'avoir de considérables
approvisionnemens de munitions de guerre sous •
peu dans les fortifications déjà achevées de ce
. port-naval.. Depuis quelques jours aussi, l'on a
fourni aux autorités militaires des listes d'officiers
en non-activité, dans le but de renforcer le service '
de l'artillerie royale. On avait eu l'idée d'abord d'à-,
jouter trois bataillons aux douze déjà formés; mais
on-préfère ajouter deux compagnies à chacun des
douze bataillons déjà existans. Ce serait un renfort
de 2,400 hommes pour l'artillerie royale,sans accroî
tre la dépense de l'état-major. On dit aussi que les :
troiipes de ligne vont être renforcées de dix mille <
hommes, comparativement au chiffre de l'année -
dernière. La marine royale sera aussi renforcée, :
dans les armes de l'artillerie de la marine royale
et des compagnies de divisions. Les recrues ont '
ordre de se rendre, dans le plus bref délai possi
ble, aux dépôts des régi mens , afin de recevoir
D 'instruction convenables»
On lit dans le même jpurnal :
« Il nous semlile que- le gouvernement, avant
de l'aire de nouvelles demandes de fonds, pour ob
jets militaires, devrait donner son attention à la
régularisation des dépenses déjà existantes. Et d'a
bord nous ferons cette simple question au Times :
Si les côtes d'Angleterre sont en danger, pourquoi
■ne. pas ramener dans le canal ou la Tamise la
flotte du Tage? Ce qui nous paraît mériter sur
tout une sérieuse attention, c'est-la situation
de nos arsenaux militaires et de nos dépôts
de poudre, et surtout de Woolvviclu Ancien- '
nemetil, lorsque le canal était une défense in- -
surin on table j:our une escadre de'bâtimens à
voiles, Woolwich était peut-être en aussi bon
état que possible ; mais aujourd'hui qu'il -suffi
rait de quelques gros bateaux à vapeur pour lancer- -
en une nuit contre nous un corps d'armée' destiné
ravager nos côtés;, nous ne trouvons pas que
Woolwich soit une position assez sûre pour y con
centrer d-.'s munitions de guerre de la plus grande
valeur. C'est dans des positions centrales et non
dans line seule position concentrée, que ces mu
nitions devraient être gardées. Weedon , par •
exemple, serait bien approprié à ce service, et
il n'en coûterait pas beaucoup pour y transport
ter les munitions de guerre de Woo ,vich. Notro
dépôt de poudre est trop rapproché de la Ta^
mise, et l'on pourrait faite aisement sauter cin-»
q.uante mille barih de poudre , coûtant une
somme énorme Puifleet est une mauvaise position •
de tous points. Nos gauler-côtes suffisent à peine
pour les batteries des côtes et leurs stations
respectives. Pour défendre les forts, ce sont des
artilleurs qu'il faut. Il faut donc augmenter con-
hi lérablement l 'arme de l'artillerie et taire de gran
des économies dans la direction de ce département.
«Notre pensée est qu 'en faisant Yeitir la-flotte qui
t dans le Tage, et en dépensant utilement l 'ar
gent déjà voté p.ir la chambre des communes,
pourrait garantir suilisammeul l'Angleterre cor
toute invasion étrangère, de quelque côté qu'elle
pùt venir
on
contre
On lit dans YAdoertiser, du 9 jaavier :•
Nous sommes de nouveau en position de faire
encore d'importantes révélations sur les circons
tances qui ont amené le renvoi de lord Palmers-'
ton, et l'on va voir que ces documens placent la
conduite du premier ministre dans un jour plus
défavorable encore qu'elle n'avait été jusqu'à pré
sent.
Nous poserons d'abord au noble lord, chef du
gouveruement, une ou deux* questions, afin d'é
clairer un ou deux faits fort extraordinaires. Se- .
r*k-il vrai (car la cho?3 parait incroyable) que lord
Js-lsri Husseir, iaiiuedialemei.t après-avoir informé
lord Palmer^toii que son manque de jugement
et do discrétion ne -lui permettait pas de con
server son poste des affaires étrangères; .«prait-i
il vrai que, dans le d. sir de désarme? l'hos
tilité future du noble vicomte, il lui aurait of
fert un autre poste important, et de l'éleyer im
médiatement à la pairie? Cela, nous le répétons,
parait si étonnant, si saisissant, que nous n'en par-:
Ions que tous la l'orme interrogative. Scrait-il vrai
aussi qu'en refusant ce double honneur,, lord Pal-
merston au rail écrit à lord J. Hussell une lettre con
çue en termes si pleins de mépris et d'indignation,
que le premier ministre a dû pâlir à sa lecture? Pe,
plus, dans eette lettre, q-ii sera communiquée au :
parlement dès sa rentrée, lord Palmerstoiu aurait-il
hautement îeproché au premier ministre l'in
conséquence. qu'il y avait à lui faire de pareilles* ;
oll'res ; ajoutant, avec une force écrasante dp
logique, que, s'il était, comme le disait lo'rd
J. Russell, dépourvu de jugement et le discrétion,
-U était hors d'élat d'occuper aucun autre poste im-
"poptant? Tout cela est-il vrai?.-;Ges faits irous pa«>
raissent tellement incroyables,que nous avons peine
à y ajouter foi, et cependant, ils nous sont com- •
FEUILLETON DU CONSTITUTIONNEL, 11JANV.
LES COUPEURS D'ACAJOU.
' Bans nos villes, où l'on fait une si grande
consommation de pain,, on ignore générale
ment ce.que c'est que le blé. Demandez à un
Parisien quelle est la différence entre le grain
;d'orgeou de seigle et celui qui donne le fro-
jmçnt, et il j-y a cent à parier contre un que
'«vous le mettrez dans la nécessité de confesser
son ignorance! '
lin'est pas de pays o ù l'usage de.l'acaj ou soit
pluscoqnmm qu'en France: Du premier étage
u lu mansarde; du grenier à.la loge des con
cierges; chez le riche et chez le pauvre, il y
& partout de l'acajou. Mais- combien peu de
gens pourraient dire de quel pays en parti
culier on exporte ce bois; quel est l'aspect de
l'arbre qui le produit ; quelle en est la dimen
sion -ordinaire. et. par quels travaux pittorcs-
ques ou parvient à le tirer des anfractuosités
dejrpclieroùil croit communément! La fécon
de imagination de Cooper, le romancier .amé
ricain , au rai t facilement trouvé dans les di ver-
«es-péripélies de bette exploitation les élé-
mwis d'un récit plein d'intérêt. L'idée que
.cela puisse êUre, s'est-elle jamais présentée à
•l'esprit d'aucun habitant de la bonne ville
«de- Paris, au moment où il a fait l'achat
d'un bois de lit ou de ce meuble, aujour
d'hui proscrit, qu'on appelle une commode ?-
Qu'importé d'où vienne l'acajou et com
ment on le coupe, dira 1 t-on, pourvu qu'on
«n fasse de bons- meublés et que l'acheteur
ne soit.pàs trompé sur la t valeur de la mar-
•chaudiseV Oh 1 candide bourgeois parisien !
Savez-voias seulement quelle est l'espèce d'a
cajou dont est revêtu votre mobilier ? Est-il-
uni, veiné, moiré ; chenillé, moucheté ou j
bien r'onceux ? Etes-vous certain même que
ce soit de l'acajou? Ne serait-ce pas du syco- 1
more rougi au moyen dp la potasse .et du
rocou; de l'acacia infusé de garance; du
châtaignier préparéavecdusafran,del'érable
traité avec une décoction de bois de Campê-
clie? SW-votro mobilier est d'un ton rouge
clair avec un faux reflet doré, ou bien s'il
est très sombre et presque noir, quoiq'u'en-
core dans la nouveauté, apprenez qu'ou s'est
joué de votre crédulité. Vos meubles îont
peut-être en simple noyer dissimulé dans
une infusion de teinture de brésil. "
Mais, au contraire, si le tissu -du placage
est ferme, compaote et d'une belle couleur
rougeàtre, s'il est -uni , c'est-à-dire d'une
nuance partout égale ; s'il est veiné, ou dia-
pré-de nuances longitudinales, alternative
ment claires et obscures ; moiré, ou orné
d'ondes transversales; chmillé , e'est-à-dire
coupé par d
a des barres de vermeil v moucheté, par des
nœuds ovales; ranceux, enfin, ou festonné
par un mélange de nuances claires et obscu
res, alors félicitez-vous, car, en dépit de la
mode, cette capricieuse qui se lasse d'enten
dre toujours appeler Aristide le Juste , et qui
ne veut plus d'acajou, vous avez un meuble
du bois.Je plus beau et le plus riche qui
existe.
'L'acajouI fFdonc! c'est bourgeois, c'est
épicier. Passe pour la fille du portier qui est
élève du ' Conservatoire et qui a son piano
dans la niche de* 1 ses parens. Mais quel
homme de goût laisserait pénétrer l'a - r
cajou dans son appartement! Parlez de ce
bois rouge à tel aspirant de lettres, roman
tique et chevelu, qui n'a dans sa mansarde
d'homme que deux cliaisus boiteuses, et "
vous Terrez quel superbe dédain se pendra
«ur ses traits. Eh! pourtant, l'on n'est pas
encore parvenu à remplacer l'acajou dans
l'ébénisterie. Par la variété des dessins, par
la richesse des nuances, par la dureté et la
finesse du grain, il continue à l'emporter
sur tous les bois connus. Ni : l'ébène, ni le
pali:sandre ? ni le citronnier, ni le bois de
®jse ne lui sont comparables. L'ébène est
sombre, Ie palissandre est lourd et résineux,
le citronnier est pâle , le bois de rose y
dury-pesarit, contourné, est très rare. L'ex^
périence d'ailleurs a prononcé entre eux g
et la vogue de l'acajou- n'a pas diminué^
Quant aux ouvrages de marqueterie, on n'eg;
a point encore fait qui égalent les meubles"
de François Boule, et ce sont des fantaisies
interdites à la petite propriété. La laque de
Chine est très- chère ; l'imitation qu'on en.
fait en France n'est pas en état de lutter avec'
les produits du travail et de la patience des
ouvriers du Céleste-Empire. . _ .
Faut-il mentionner les bois d'iine valeur
tout-à-fait secondaire qu'emploie l'ébéniste
rie? "Le noyer, par exemple, lera-t-il concur
rence à l f acajou? U y a quelques'années,
a une époque d'engouement pour le moyen-
àge, on s'est avisé d'introduire dans l'a-
mèublement de lourds-et incommodes ou
vrages' en bois de cliène ; c'étaient ^ des
chaises à pieds tordus, à " dossiers élevés et
surmontés d'un écusSon naturellement vi
de ; c'étaient des buffets imités des anciens
dressoirs, à figures de saints et de diables,
si pesans, qu'ils mettaient à une épreu
ve dangereuse- la solidité des planchers;
et qu'ils étaient un objet perpétuel d'inquié
tudes pour lpsliabitans des étages inférieurs.
G'est-surtout daus cette période qu'un ébé-
liiste aurait pu inscrire sur sa boutique cette
enseigne célèbre: « Ici l'on fait des meubles an
ciens dans le goût le plusmoderne. » Leridicule
a l'ait justice de - ces meubles si lourds. La
belle mode, en vérité, que'celle d'avoir des
chaises qu'une, dame ne pouvait approcher
du feu sans l'aide d'un domestique! La beauté
des ornemens ne rachetait pas la grossièreté
de lamalière, .et l'acajou,: comme le cliène,
admet de riches sculptures.
L'acajou* triomphe donc malgré ses dé
, tracteurs, et dans beaucoup de salons opu-
lens, il figure encore ; modestement rang
doute, mais avec utilité ot noblesse, parmi
■ les nombreux meubles.d'art. Il ne dépendra
pas de nous que «a< popularité" ne grandisse
. encore par l'exposé des travaux périlleux qui
précèdent son importation en Europe.
'Ce n'est pas un arbre vulgaire, de ceux
: qu'|n rencontre à-chaque pas, qu'un seul
i bûcheron peut abattre et emporter. Il croit
majestueusement au sein des forêts améri-
: caines; aucun des végétaux connus ne le sur
passe en magnificence, et le plus grand des
chêries-n'est qu'un nain «n comparaison. Les
.^ dimensions énormes du tronc, son élévation
| prodigieuse, ledéveloppementconsidérablede
wse^branches; l'étendue de ses puissantes ra-
. |ciues, tout, en lui, offre l'idée d'une création
[destinée"pnr'la nature à l'usage d'une race de
"géans. 11 grandit lentement en comparaison
/de.la rapidité avec laquelle s'écoule notre
: . courte existence ; sa ; croissance est à peine
sensible dans le cours de la vie de l'homme,
et il doit sé passer plus d© deux cents ans
avant qu'il ait atteint sa maturité. Il s'élève
; «u eœlr de la forêt;, tantôt isolé, tantôt par
' bouqifels composés d'un petit nombre d'ar-
i = bres de son espèce. Ainsi les grands animaux
>: Yont seuls ou par troupes peu nombreuses;
* ainsi ils aiment à vivre bien loin dans le dé-
■ sert; laissant la vile multitude qui compose
nies races inférieures se presser autour des
j: demeures dè l'homme pour se nourrir de
) ses restes. ■ - - . - '
? L'emploi de l'acajou est dû.au liasard, et,
cfabord, on en a fait un usage ignoble; mais
.-l'abaissement auquel il avait, été réduit n'a
V 'fait que lui prêter un nouvel éclat, et du der-
• pieï rang de l'ébénisterie tfù son mérite avait
i
été ravalé, il a passé'd'un.geu) trait ai pre
mier, qu'il occupe encore. Voici-ce que la tra
dition rapporte à ce sujet. Un médecin célèbre
de Londres, appelé Gibbons, avait pour frère
un capitaine de navire. Au retour d'un, voya
ge .dans les Indes-Occidentales , ce marin
rapporta quelques poutres d'acajou qu'il
avait placées sur son bâtiment pour servir
de lest. Le docteur Gibbons faisait bâtir
une maison dans King-street, Covent-Gar-
den; et son frère, pensant que ces poutres
pourraient être utilisées dans cette construc
tion, les fit porter chez le docteur ; mais les
charpentiers essayèrent inutilement de s'en
servir; leurs outils s'ébréchaicnt sur ce bois
si dur, et ils finirent par le laisser de côté.
Ce fut un caprice de mistress Gibbons qui
le tirade l'obscurité. Il parait qu'à celte épo
que on faisait usage de chandelles dans les
maisons décentes, et qu'on renfermait les
chandelles en des boîtes.de bois : du moins
c'est ainsi que les chosessepassaient chez ledoc*
teur Gibbons, dans King-street, Covent-Gar-
den. En ménagère économe mistress Gibbons
voulututiliserlespoutresqui gisaient dans un
coin de sa cour, etelle jugea, dans sa sagesse,
que si ce bois ne pouvait pas servir à la construc
tion d'un édifice; il serait toujours assez bon
pour faire uneboîte.à cliandeiles. Unébénisto
au temps, dontl'industrio a canservélenom,
Wollaston, fut appelé chez le docteur,'et il se
mit en devoirde fabriquer la boîte demandée.
Mais ses instrumens mal trempés ne mor
daient que faiblement sur les fibres ser-
rées et compactes de l'acajou. Le docteur,
à qui il alla raconter soft embarras, lui fît
o"b3erver judicieusement qu'il.n'avait qu'à se
procurer de meilleurs outils. La boîte fut
faite, et, par le seul frottement des mains,
elle acquiLun si beau poli, et un coloris si
éclatant, que tout lé monde en fut émerveillé.
La duchesse de Buckinçham se fit donnerpar
le docteur un morceau du. meme bois ; et
Wollaston fabriqua pour Sa Grâce un bureau
qui mit à la mode l'acajou et l'ébéniste. Et
voilà comment une boite à chandelles a donv
né naissance à une industrie des plus im
portantes, à un commerce des plus étendus^
Les principaux centres d'exportation dé
l'acajou sont Haïti, Cuba et Honduras; rian S
l'Amérique .centrale» Le bois d'acajou qui
provient de ce dernier Etat n'est pas le plu.»
estimé, mais Honduras est le pays o> %
arbre atteint communément les f ct
proportions. Sur ce territoire^■ ■
bu d-rnte qu-oa UPKV.C ta MoZiS"
L Angleterre leur .o- Veconnu des droits à l a '
propnete du sol qu'ils pjrcouraienï el el£
«e les est fai t ceder en échange d'un 1 eer
tain nombre de couvertures ct de C"
tel les de rhum. Les. Ibndemens dW
ville ont ensuite etu posés; Balise comme
dix ou douae mille habitans, et so i i S ,?'
son, qui est surmonté d'un acajou ir\r US '" .
lo gonre d'iaduslvio a,,,uel s? ^
doit la prospérité dont elle jo^u-,?"™
le gouvernement britannif-J s- cnn w i?'
cemrnent à l'égard du oiu&tfn S '
Grande-Bretagne'ient la souveraineté SfaS
gleaéteifsurceriÉe territoire.Eli
1 entretient dans 1 oisiveté à Balise même On
je voit traîner ses haillons par la ville âvS
la- phptonoratc et les allures d'un homSe
doiit le viai lôle serait de cirer les bottes
Les forets qui couvrent le pays tout entier*
comrnencent aux portes mêmes de Balise A"
1 exception de certains espaces deTrrainî
qu ont achètes de riches habitans, les bois an
parliennent a tout le monde, ctleprèmlr
qui rencontre un arbre précieux a le Et
de l'abattre. Tous les. mis, on organise rhn=
la vihe des bandes d'ouvriers pour I'exploi-
tation de l'acajou.. Chacune d'elles réunit
trente individus en moyenne, elesldiria-ée D^r
un contre-maître qui a le titre de carSe
Mais W e -importante opération précède soâ
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