Titre : Le Républicain de Toulouse et du Midi : Grand régional quotidien. Organe de la démocratie et des intérêts économiques du Midi
Éditeur : [s.n.] (Toulouse)
Date d'édition : 1912-05-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32852507b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 mai 1912 25 mai 1912
Description : 1912/05/25 (N955). 1912/05/25 (N955).
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89022
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/04/2022
SAMEDI 25 MAI 1912
ont transmis Tardent amour de la Républi-
que le culte invincible de la légalité, de
la liberté politique et du droit. » (Applau-
dssements à gauche et au centre.)
1 C’est ensuite un noble hommage à la
mémoire du président Henri Brisson:
« L’homme illustre dont la Chambre et
le parti républicain portent le deuil, qui
dirigea si longtemps nos travaux avec une
expérience consommée, et dont mon émi
nent ami M. Etienne, qui a montré lui aus.
,si à ce fauteuil de si rares qualités, faisait
1 autre jour, avec tout son cœur, un émou
vant éloge, Henri Brisson, dès sa jeunesse,
sous l Empire, s’était voué à la noble cau
se vaincue. Une haute et fière conscience
sûre d'elle-même comme de son devoir, la
finesse berrichonne avec la pureté de’ la
morale stoïcienne, l’honneur dans la plei
ne acception du mot, honneur politique et
honneur privé, il donna tout avec une ar-
deur passionnée, sans une heure de lassi
tude, à son parti et à la France. (Applaudis,
sements à gauche.)
» Dire qu'Henri Brisson fut seulement hom
me de parti serait diminuer son rôle : il fut
un fervent patriote ; il aimait la France com
me la République; il les confondait dans un
meme amour. Mais c’est parler de lui, je
crois, comme il l’eût souhaité, de dire qu’il
eut de l’homme de parti toutes les gran-
deurs, toutes les passions, toutes les vertus
exclusives. « Oui, s’écriait-il un jour ici mê.
"me ces forts partis pris, je les ai ! »
» Hélas ! c’est la misère de notre dur mé-
tier, à nous autres politiques, que la com
plexité des situations et des problèmes crée
à certaines heures des manières de voir dif
férentes, dont il est impossible à des cons.
ciences délicates de ne point souffrir.
.Tout récemment, dans les derniers tempe
de sa vie, M. le président Brisson me fit
l’honneur de me convier; il me retint long-
temps auprès de lui. Et là, dans un intime
•«entretien où les souvenirs de sa jeunesse
vaillante et de la femme supérieure qu’il
avait perdue se mêlaient sus ses lèvres à nos
communs souvenirs de famille, il me parla
avec une gravité émue des devoirs qui, dans
la situation présente du monde, s’imposent
a tous les Français ; il me parla des ques
tions qui nous rapprochaient et aussi de cel-
les qui, à certains moments, nous avaient
divisés. Je lui dis avec une respectueuse
franchise les raisons profondes de nos an
ciennes divergences. Il m’écouta et me ré
pondit avec bonté. Et je sentis alors que si
dans la grande famille républicaine il y a
parfois — et comment en serait-il autre
ment? — des divergences de vues sur la
route à suivre, tout de même c'est toujours
la famille. (Applaudissements à gauche.) Et
je sentis que, comme dans les combats d’Ho
mère, à l’heure où nous luttons encore dans
la plaine obscure, l’aube naissante éclaire
déjà les cimes. Et c’est là sur les sommets,
près des sources pures, que se rejoignent les
vrais amants de la raison, de la justice et
de la. patrie. (Applaudissements au centre ef
sur divers bancs à gauche.) Oui, c'est H
qu’il faut tremper nos cœurs pour accom
plir les grandes œuvres qui noùs pressent
au dedans et au dehors. »
» Puis voici un programme de travaux et
aussi des conseils :
, « Mes chers collègues, vous avez entrepris
un grand débat sur l’origine du pouvoir po-
litique. Vous avez émis une série de votes
touchant la réforme électorale. (Ah ! ah I) Je
manquerais au premier de mes devoirs si,
me rappelant ici nos controverses d’hier, je
laissais paraître une préférence. Mais je crois
répondre au sentiment de tous en disant
que, quelle que soit la solution, il faut
aboutir. (Applaudissements prolongés. Bra-
vos.) Parce que si le régime électoral doit
être changé, il faut que les partis aient le
temps de s’organiser pour les consultations
futures. (Très bien ! très bien ! à gauche, au
centre et à l’extrême gauche.)
. » Une autre tâche s’offre à nous : l’examen
du budget de 1913. Grâce à la diligence du
'gouvernement et de la commission, la beso-
gne est prête. Oserai-je dire qu’on a pris
"peu à peu l'habitude d'introduire dans la
discussion du budget toutes sortes de choses
qui n’ont rien de commun avec la fixation
des dépenses et des recettes. (Très bien!
Applaudissements.) Questions, interpella
tions déguisées, motions, projets de résolu
tion, ordres du jour, propositions et pro
jets de loi sont venus se glisser dans la dis
cussion des chapitres du budget des dépen
ses. Le budget des recettes est devenu une
véritable encyclopédie, et la Chambre à cer
taines heures paraît transformée en une
sorte de grande commission, qui tend à mo
difier les lois organiques au moyen de la loi
de finances. (Très bien 1 très bien 1)
» Si nous passions moins de temps à dis
cuter le budget, nous en donnerions plus aux
réformes : rénover un système fiscal vieilli,
donner aux fonctionnaires un statut pour les
mettre à l’abri du favoritisme (très bien I
applaudissements), agrandir- le champ de
l'école nationale, de l’école laïque (interrup
tions à droite, vifs applaudissements à gau
che et au centre), respectueuse de la liberté
des consciences (vifs applaudissements au
centre, à gauche et à l’extrême gauche) et
pénétrée de ses devoirs envers la patrie
(très bien ! très bien ! applaudissements au
centre et à gauche, enfin, par une politi
que sociale généreuse et hardie comme le
génie même de notre race, étancher la soif
de justice qui dévore son grand cœur.
» Les lois sociales et ouvrières doivent te
nir une place toujours croissante dans nos
préoccupations, parce que de plus en plus
nous voulons faire de la République une per
pétuelle victoire sur le vice, l’ignorance et
la misère (très bien !) le plus haut dé
veloppement de la personne humaine, la
République du travail, du travail fraternel.
(Très bien !)
» Au dehors, par une action diplomatique
ferme, active et suivie, éviter les écarts, les
dispersions d’efforts, mettre au service
d’une politique coordonnée et pacifique une
armée et une marine puissantes (exclama
tions à l’extrême gauche) et des armes di
gnes des héros qui les portent. (Applaudis
sements au centre et à gauche.) Assurer à
la France, dans l’Europe de demain, le
rang que lui assignent quinze siècles de
labeur, de vaillance et de gloire.
» Tâche incomparable, mes chers collè
gues, une des plus belles qui aient été of
fertes à l’activité d’une génération, et à la
quelle, en aucun temps, en aucun pays, au
cune Assemblée n’aurait pu consacrer plus
d’expérience et de talents.
» On se plaît, en certains milieux, à déni
grer le Parlement, à l’accuser de stérilité.
La France n’a rien à envier à personne. La
République a plus fait pour le peuple en
trente ans que n’avaient fait les autres ré
gimes en plusieurs siècles. (Applaudisse
ments et bravos à gauche et à l’extrême
gauche.) Qu’il s’agisse de politique inté
rieure ou étrangère, tous les partis ont en
voyé à cette tribune des hommes dont l’élo
quence et le caractère sont l’honneur de la
Francs, et qui ne le cèdent en rien à leurs
illustres devanciers.
» Pour remplir toute notre destinée, il
faut, en même temps que l’application exac
te des lois constitutionnelles et l’observa-
tion des véritables règles du gouvernement
parlementaire, l’ordre et la méthode dans
nos débats. (Très bien ! sur divers bancs.)
L'essentiel, c’est que chacun de vous ait la
conviction intime que celui que vous avez
appelé à ce -fauteuil dépouille l’homme de
parti pour devenir l’homme de l’Assemblée
entière. (Applaudissements sur divers
banc:..) Le jour où cette noble magistrature,
au peu de rester la protectrice des droits
de tous, serait mise au service d’une opi-
nie , ce jour-là le gouvernement de dis-
cession recevrait une atteinte mortelle, et
la liberté de,la tribune ne serait plus qu’u
ne apparence. L’impartialité, à cette place,
c’est l’honneur..(Très bien! ut applaudisse
ments.)
» .Mais le président ne peut rien sans l’As
semblée. L’exercice du gouvernement de
contrôle — de ce gouvernement parfois si
injustement décrié et auquel nous demeu
rons immuablement attachés, parce que
nous ne voyons en dehors de lui qu’aven-
turcs et périls ( applaudissements au cen
tre’, implique de la part de chacun de
nous une forte discipline morale.- la maî
trise de soi. l.a dignité de 103 débats est
une pari de la force et du bon renom de
la France.
» Au surplus, conciut M. Deschanel, que
dans l’orage se dresse devant nous l’image
de cette France H grande, mais qui a tant
souffert, aussitôt; comme dans une crise '
récente dont le monde se souvient, nous ne |
serons plus- qu'une seule âme et un seul |
cœur. En nzus donnant sans réservé à la
plus adorable patrie qui ait jamais brillé
sous le ciel, nous répandrons parmi tous
les hommes plus de lumière et de beauté. »
(Applaudissements répétés à droite, au cen
tre et à gauche.)
L'Ordre des Travaux de la Chambre
On .aborde ensuite une tâche qui n’est pas
mince : le règlement de l’ordre des travaux
de la Chambre. La commission du budget
demande de tenir séance le mardi, te jeudi,
le vendredi matin pour discuter le budget,
dont Le rapport général sera distribué de
main. Il en est ainsi décidé.
La commission du suffrage universel de;
mande qu’on discute les lundi et mardi
après-midi la réforme électorale; les séan
ces du jeudi devraient être consacrées aux
lois sociales, et celles du vendredi aux in
terpellations.
M. Jousselin demande que toutes les séan
ces, sauf celles consacrées au budget, soient
employées à la discussion de la réforme
électorale.
Cette proposition provoque des exclama
tions, du bruit et une agitation prolongée.
M. Poincaré, président du conseil, répond
que le gouvernement ne veut interrompre
aucune discussion en cours. Quelque hâte
qu’il ait de voir aboutir la réforme électo-
raie, il nense que l'on doit aussi entrepren-
dre la discussion du budget, afin que le Sé
nat prisse l’examiner en temps utile. Mais
pour que ce programme de travail soit réa-
lisé, il faut qu’aucune discussion nouvelle
ne soit abordée. Il réclame donc le maintien
de l’ordre du jour. (Applaudissements.)
A mains levées, le maintien de Tordre du
jour est décidé. Jeudi prochain 30 mai doit
avoir lieu la nomination de diverses com
missions.
A ce propos, M. Millevoye propose de nom
mer une commission de onze membres char
gée de rapporter la proposition d'établir une
fête nationale de Jeanne d’Arc, conformé
ment au vote du Sénat en 1894.
Le président du conseil : Puisqu'un cer
tain nombre de députés ont déposé une pro
position à ce sujet, c’est devant cette com-
mission que le gouvernement s’expliquera.
Mais dès maintenant je puis dire que l’avis
du gouvernement sera favorable. Il estime
que La mémoire de Jeanne d'Arc appartient
à tous les partis. (Vifs applaudissements au
centre, A droite et dans une partie de la gau
che. Exclamations à l’extrême gauche.)
M. d’Elissagaray réclame le maintien à
l’ordre du jour du projet sûr les appella
tions d’origine des produits agricoles et les
délimitations.
Depuis un an, dit-il, la question est en sus
pens : les commerçants et les viticulteurs de
la Gironde attendent cette discussion.
M. Clémental, président de la commission
de l’agriculture, répond que la question est
complexe et que le rapport n'a pu être encore
déposé.
M. Borderie s’associe aux réclamations de
son collègue M. d’Elissagaray. Il faut que
le rapport soit promptement déposé : on ne
raisonne pas avec la misère !
M. Dariao, rapporteur de la commission,
dit qu'il continde son enquête. Il en est à
la Marne; il en sera bientôt à la Gironde.
Dès qu’il pourra, il saisira la commission
de l’agriculture, de façon que la discussion
vienne avant les grandes vacances.
Le président du conseil : Le gouvernement
a déposé un projet de loi sur cette matière,
pour laquelle il a été entendu les observa
tions, parfois contradictoires, des régions
délimitées II ne lui appartient pas de faire
déposer un rapport lorsque le rapporteur
vient d'être récemment saisi. (Très bien !)
Le gouvernement entend néanmoins activer
cette discussion.
Le maintien de l’ordre du jour est voté
à mains levées.
LeS interpellations
Le président donne ensuite lecture à la
Chambre de la longue liste des interpella
tions déposées pendant les vacances parle
mentaires. Certaines provoquent les excla
mations ou les rires de la Chambre.
Avec l’assentiment du président du con
seil, la priorité est accordée aux interpella
tions de M. Lauche et de M. Berry sur la
hausse du prix du blé.
M. Dumesnil demande que dans quinze
jours au plus tard soit discutée son inter
pellation aui les causes des massacres de
Fez et l'organisation du Maroc
Le présidant du sonsei! demande que la
discussion en soit jointe a celle sur le traité,
ce qui est accepte par M Dumesnil.
La Chambre décide ensuite, par 295 voix
contre 220 de siéger mardi prochain, à deux
heures.
*
AU SÉNAT
La Liquidation des Congrégations
Le Sénat poursuit la discussion des con-
closions de la commission chargée d’enquê
ter sur la liquidation des congrégations.
M. de Lamarzelle, sénateur du Morbihan,
s’attaque aux liquidateurs, que M. Vieu avait
hier défendus. S’appuyant sur un passage
du discours de M. Combes, président de la
commission, qui demandait qu’on se mon
trât impitoyable pour les liquidateurs peu
scrupuleux, le sénateur réactionnaire s’é
tonne que seul Duez ait été frappé. N’y avait-
il pas d’autres coupables? Plus de 350 mil
lions se sont volatilisés : qui en a profité ?
Les Liquidateurs.
Ils ont commis deux espèces de dépréda
tions : des déprédations politiques en livrant
à l’Etat et aux communes à des prix infimes
les biens congréganistes; des déprédations
privées en absorbant à l'aide de procès im-
plaidables le fameux milliard des congré
gations.
Les responsables ? Ce sont tout d'abord les
ministres qui ont imposé les liquidateurs
aux tribunaux; ce sont les tribunaux, qui
n’ont exercé sur les liquidateurs aucune sur-
ve il lance.
Or, conclut l'orateur, pour ceux qui ont
violé la loi, aucun républicain ne s’est levé
pour demander le châtiment. La loi n’est im
pitoyable que pour les congréganistes, con
damnés à la misère.
La Droite applaudit bruyamment M. de La-
marzelle.
M. Delahaye, sénateur réactionnaire de
Maine-et-Loire, revient encore sur la ques
tion du milliard des congrégations, ce qui
lui permet de mettre en cause le Grand-
Orient. Il montre en effet une carte de Fran
ce dressée- par les Loges et envoyée à tous
les instituteurs, où des taches noires et gri
ses indiquent les biens appartenant au cler
gé. Dans la notice qui accompagne cette car
te, ces biens sont évalués à 10 milliards:
« Combien, Waldeck-Rousseau, vous étiez
modéré dans votre évaluation ! » s’écrie M.
Delahaye. (Rires. 1
M. Paul Morel, sous-secrétaire d’Etat à
l’intérieur, a la parole.
VârHcIe'2, voté, a prescrit de diviser en
plusieurs circonscriptions les departements
dont le nombre des députés à élire serait
supérieur à sept. Ces départements, au
nombre de quatorze, sont les suivants;
Bouches-du-Rhône, Finistère, Gironde, Isè
re, Loire, Loire-Inférieure, Nord, Pas-de-
Calais, Puy-de-Dôme, Rhône, Saône-et Loi
re, Seine, Seine-Inférieure et Seine-et-Oise.
La commission les a divisés autant que
possible en parties égales, en évitant le
découpage des arrondissements. Chacun de
ces départements formera deux circonscrip
tions, sauf le département de la Seine, qui
sera divise en cinq circonscriptions. Le
nombre des circonscriptions sera ainsi de
104 pour la métropole et de 10 pour l’Algé
rie et les colonies, soit au total 114.
Le nombre des députés par circonscrip
tions est déterminé par la règle de l’arti
cle 3. Les 104 circonscriptions de la métro
pole se répartiront ainsi : 1 à 12 députés,
2 à 10, 2 à 9, 12 à 7, 10 à 6, 28 à 5, 32 à 4,
13 à 3, 2 à 2, 2 à 1.
Deux députés sont maintenus aux colo
nies de la Martinique et de la Kéunioi. Les
autres colonies auront droit à un député.
Il en résulte que pour l Algérie et les colo
nies, il y aura : 5 circonscriptions à 2 dé
putés, 5 "à 1 député.
Le nombre total des députés se trouvera
être ainsi de 522, soit une réduction de 75 sur
le nombre actuel, qui est de 597.
Les régions sont organisées en vertu de
: l’article 3 bis, précédemment voté. La com
mission s’est efforcée d’organiser ces régions
en groupant environ quatre circonscriptions
ayant à élire ensemble une moyenne de
vingt députés, en tenant compte autant que
possible des affinités économiques, des faci
lités de communications et, dans une moin
dre mesure, des liens historiques.
La métropole comprendra 25 régions, ta
Corse exceptée. Ces régions se répartissent
ainsi d'après le nombre de circonscriptions
qui les composent : 3 régions de 6 circons
criptions, 3 de 5, 14 de 4, 4 de 3, 1 de 2. Leur
répartition d’après le nombre des députés
on’elles ont à élire est la suivante : 1 région
de 40 députés, 1 de 27, 2 de 24, 2 de 22, 2 de 21,
4 de 20, 2 de 19, 2 de 18, 6 de 17,1 de JG. 2 de 15.
La Corse constituera à elle seule une cir
conscription. Les trois départements d’Algé-
rie formeront une circonscrintion ayant cinq
députés à élire.
La commission n’a pas cru devoir former
des groupes de colonies, en conséquence
chacun constitue une région distincte.
SENAT
L’Outillage national
La commission sénatoriale de l'outilla
ge national, réunie sous la présidence de
M. de Freycinet, a entendu M. Jean Du-
puy, ministre des travaux publics, sur la
proposition de M. Audiffred relative à l’a
chèvement des ports et voies navigables.
Le ministre a exposé que des travaux im
portants, tant pour l’amélioration des ports
que des voies d'eau actuellement- existan
tes, étaient déjà en cours d’exécution où
allaient être entrepris avec les ressources
normales du budget calculées sur la durée
de quinze ans.
Il a reconnu qu’il était nécessaire de
prévoir l’exécution, dans un délai assez
rapproché, d’autres travaux plus considé
rables encore, et auxquels_il ne serait pas
possible de faire face avec les crédits bud
gétaires.
Le ministre a apporté à la commission
l’adhésion de principe du gouvernement et
quant à la préparation d’un programme de
travaux et quant à la recherché d'un sys
tème financier qui permettrait de le réa
liser. Une commission sera 'nommée à bref
délai pour une étude d’ensemble,
—
Les Congrès
Le Syndicat national des Débitants
L’assemblée plénière du Congrès du Syn
dicat national des débitants s'est ouverte
jeudi, à neuf heures, sous la présidence de
| M. Forsans, président honoraire.
Après s’être occupée notamment de la ques
tion des délimitations, l’assemblée a exa
miné l’application de la loi sur les fraudes,
demandant qu'aucune perquisition, saisie de
comptabilité chez un commerçant. etc., ne
puissent avoir lieu sans qu’une présomption
grave de fraude n'ait été établie à sa charge.
L’assemblée s’est ensuite arrêtée longue-
ment sur la reprise des manipulations des
vins etrangers en entrepôt réel, demandant
l’autorisation du vinage en douane des vins
de pre enance étrangère, vins surtout des-
tinés à l'approvisionnement des avires fai
sant escale.
Au sujet des alcools et spiritueux, le Con
grès a émis le vœu que la tolérance de 5 0.0
pour manquants de distillation devienne un
droit pour tous les distillateurs et a protes
té contre l’application de la loi du 25 lévrier
1901, qui a exclu le commerce français des
alcools de toute exportation, et cela an pro-
fit de quelques gros distill:. uni.
Dans la séance de Tapres m r ; : lxa-
men de diverses proposé: ns 1 re inté.
rieur, le Congrès, touchant les questions de
régie, demande : 1° la suppression du dos
sier en matière de régie ; 2° l'obligation de
communiquer les fiches individuelles à ceux
qui les désirent; et 3° la modification du
modo d’appréciation des éléments.
Divers vœux des années précédentes ont
été renouvelés, notamment ceux concernant
non-limitation des débits de boissons etc
Avant de se séparer, I? Congres a adopté
par acclamations un ordre du jour de clo-
ture assurant le bureau de son entière con
fiance.
ç—.
Les Agents des Coniribiions in directes
Dijon, 23 mai. — Le Congrès des agents
des contributions indirectes a tenu aujour
d’hui deux séances.
Dans la première, on a décidé de laisser
au conseil d’administration son action dans
les rapports futurs entre l'union et le mi,
nistre des finances, et Ton a adopté des
vœux tendant à la suppression du recru,
tement civil des préposés et du surnuméra
riat avec période transitoire appointée à
1,200 fr., à la flxation du cadre des rece
veurs en trois classes appointées à 3,400,
3,700 et 4,000 fr., à l’avancement des employés
supérieurs, à un emploi effectif et judi
cieux de tous les crédits affectés annuelle
ment au chapitre du personnel.
Dans la séance de l’après-midi, on s’est
occupé de la question de la révision de la
loi des retraites.
•
La Conscription en Algérie
Oran, 2 mai. — A Nedroma, l’agitation re
double chez les indigènes opposés à la cons
cription. Hier, ils ont envahi tout un quar
tier de cette ville et ont lancé des pierres
dans les habitations. Plusieurs coups de re
volver ont été également tirés. Il a fallu un
escadron de chasseurs d’Afrique et la gen
darmerie pour ramener le calme. Le sous-
préfet de Tlemcen est sur les lieux. On craint
de nouveaux incidents. Les habitants aban-
donnent la ville.
Nouvelles de la Marine.
Rochefort, 24 mai.
Le « Bruix » est entré en armement à Bi
zerte le 13 mai.
Le « Montcalm » entrera en armement à
Brest le 1er octobre, en vue de son départ
à la date du 2 novembre, pour les mers de
Chine, où il remplacera le «Dupleix».
La « Drôme » est arrivée le 21 mai à
Rochefort. De ce port, ce transport se ren
dra à Lorient, où il sera caréné et réparé;
Brest, Cherbourg, Brest, Lorient, Roche
fort, Bizerte et Toulon.
M. l’agent technique de 2e classe Geor
ges Goupil, des constructions navales, en
congé de convalescence après retour de
l'arsenal de Saigon, est décédé à l’hôpital
maritime le 23 mai.
Au Maroc
Renforts pour le Maroc
La «Liberté» se dit en mesure d’annon
cer qu’en plus des 4,000 hommes précédem
ment expédiés, de nouveaux “contingents,
s'élevant à environ 5,000 hommes, vont être
dirigés sur le Maroc. Ces renforts sont des
tinés aux opérations de déblaiement des li
gnes' d'étapes et des. zones d'occupation en-
tre Fez, Méquinez, Marrakech et la côte
de l’Atlantique.
Les troupes d’occupation des confins ora-
nais seront ultérieurement renforcées à me
sure que se développeront leurs opérations.
Moulal-Hafid est résolu
à abdiquer
Le oorrespondant du « Matin » à Fez rap
porte un entretien qu'il a eu avec le sultan.
Moulaï-Hafid a déclaré formellement être dé-
cidé à .abdiquer, et il a en ce sens dicté cette
déclaration au journaliste français:
«J’ai fait mon droit musulman, mais ce
n’est nullement une raison pour prétendre
que ce sont les principes religieux qui m’in-
citent à âbdiquer. Si j’étais animé de senti
ments fanatiques, comme on voudrait le fai
re croire, je n’aurais pas appelé la France
pour délivrer mon pays. Par conséquent, il
convient d’écarter les raisons de religion et
de fanatisme qui me pousseraient à aban-
donner le pouvoir, pour ne retenir qu’une
question de besoin personnel de repos.
» J’avais déjà manifesté mon désir d’abdi-
' quer avant la conclusion de l’accord franco-
। allemand. Je m’en vais, je vous l’ai déjà dit,
I pour continuer à vivre en bons rapports avec
la France, et précisément pour éviter des
froissements que je sens inévitables avec le
nouveau régime.
» Mais pourquoi faire tant de bruit autour
de mon départ ? Les hommes passent, sans
que les institutions changent. N’en est-il pas
de même chez vous ? Et depuis trois ans seu-
lement que je suis sultan, n’ai-je pas eu
affaire à quatre ministres différents des af
faires étrangères: M. Pichon, M. Cruppi,
M. de Selves et M. Poincaré ? Il ne faut donc
pas s’étonner que les hommes au Maroc pas
sent comme en France. »
Le correspondant ayant demandé à Mou-
laï-Hafid si sa détermination d’abdiquer est
irrévocable :
• —Absolument, a répondu le sultan: j’ai
besoin de me reposer.
— Et ton successeur, quel sera-t-il
— Ce sera là une question très simple, au
sujet de laquelle je m’entendrai avec le gou-
vennement français. En me retirant, j’aurai
'la satisfaction d’avoir répondu à toutes les
demandes de la France, d’avoir tenu tous
ms engagements avec elle, et réglé toutes
les affaires pendantes Aussi est-ce avec con-
fiance que jattends son verdict définitif.
Moulaï-Hafid a déclaré, en outre, qu’il al
lait écrire un livre dans lequel il remontera
Cns l’histoire du peuple marocain jusqu’à
Moulaï-Ismaël, non pour faire l’historique
général des sultans qui l’ont précédé, en re
traçant tout leur règne ou en racontant tou
tes leurs victoires, mais simplement pour
étudier le rôle qu’ils ont joué au point de
vue diplomatique et leurs relations avec l’é-
tranger.
«Je veux démontrer que ce n’est pas par
moi que le Maroc a été démembré. Je tiens
à expliquer l’attitude e j’ai eue de tout
t nps envers la Franc la nature de mes
stiments à son égard, et les raisons qui
m’obligent à me retirer après avoir assuré
1 avenir du Maroc. »
Les Renforts nécessaires
Dès son arrivée a Fez, après en avoir con
féré avec les généraux Moinier et Brulard,
le général Lyautey doit faire connaître au
j gouvernement le chiffre exact des renforts
qu'il juge nécessaires pour assurer la sécu-
j rité de la route Rabat-Méquinez-Fez.
Dans un télégramme reçu ce matin, le
’ général Lyautey indique à son passage à
Méquinez qu’il a été amené à constater que
la région qu'il vient de traverser est beau-
j coup moins sûre que la Chaouia, et que des
i opérations militaires y seront nécessaires.
! Dans un télégramme précédent, le général
| Lyautey avait indiqué que d’ores et déjà
; le besoin de renforts était évident, et qu’il
i en estimait « a priori » le chiffre entre 3.000
| et 4,000 hommes, mais qu’il attendrait d’être
i arrivé à Fez pour donner une précision. ’
: Lecture de ce télégramme a été faite hier
| au conseil des ministres. Le conseil est
i tombé d’accord pour assurer satisfaction aux.
1 vœux du général Lyautey dès qu’ils seraient
définitivement formulés. Mais jusqu'ici au-
j cun ordre de départ n’a été donné, puis-
; qu’on attend le télégramme que le haut com
missaire enverra prochainement de Fez à
ce sujet.
A sa secor de réunion, a NTr tes, en 191
elle comprenait 129 Caisses ayant 1 million
500,000 clients et gérant pour 750 millions
de francs d’epargne
Cette année, c’est la ville d’Angouleme
qui a été choisie comme lu de la troi
sième réunion, et cela tant en raison de l'im
portance de la Caisse d'épargne dAngou-
lême (la cinquième avec 47,000 déposants
et 26 millions de dépôts), de la situation
centrale de cette ville, qu'en raison de l’i-
nauguraticn officielle du nouvel et splen
dide- hôtel de notre Caisse
Cette réunion aura lieu les 9 et 10 juin
prochain Durant ces deux journées, les
hommes éminents et dévoués qui. dans no
tre région de l’Ouest et du Sud-Ouest diri
gent avec autant de compétence que de dé-
sintéressement les institutions si utiles et
si bienfaisantes que sont les Caisses depar
gne, seront les hôtes de notre belle et anti
que cité Nous croyons savoir qu’ils seront
officiellement reçus par la municipalité de
notre ville, qui tient à l’honneur de les fê
ter comme iis le méritent.
Nous entretiendrons sous peu. à nouveau,
nos lecteurs de ce Congrès si intéressant
et dont les résultats paraissent devoir être
si féconds et si heureux.
Ajoutons que le bureau de la Conférence
des Caisses d’épargne de l’Ouest et du Sud-
Ouest est composé comme suit :
Président: M. H. Derivaud, négociant,
membre de la commission supérieure des
Caisses d’épargne, président, de la Caisse
d'épargne de Bordeaux. *
Vice-présidents : MM. G. Maublanc, avo
cat, ancien bâtonnier de l'Ordre, directeur
de l’Ecole libre de droit et de l'Ecole de no»
tariat, président de la Caisse d’épargne de
Nantes; J. Fabre, notaire, président de 1»
Chambre des notaires, vice-président de la
Caisse d’épargne de Toulouse; Pasquier,
ancien président du tribunal de commerce,
vice-président de la Caisse d'épargne de
Tours; le lieutenant-colonel La Prairie, pré
sident de la Caisse d’épargne de Brest.
Secrétaire: M. C. Capeyron, agent géné
ral de la Caisse d’épargne de Bordeaux.
Le Cas du Procureur général Loubat
Dans une circulaire adressée aux magis
trats de son ressort, puis dans une commu
nication à la Société des prisons. M. Loubat,
procureur général à Lyon, s’était plaint de
l'insuffisance de la répression pénale. Dans
sa circulaire, il avait notamment annoncé
qu’il ne proposerait plus pour l'avancement
aucun magistrat qui se serait fait remarquer
par sa faiblesse. Dans sa communication, il
avait critiqué en termes fort vifs certaines
lois et préconisé le rétablissement des châ
timents corporels.
La chancellerie a estimé que le procureur
général Loubat avait dépassé la mesure de
la critique permise, et le garde des sceaux a
décidé d’envoyer un blâme à M. Loubat.
Les Espagnols au Maroc
LA RESISTANCE DES TRIBUS
Tétouan, 24 mai. — Les chefs des Beni-
Hassan, des Ghmara et des Khmes se sont
réunis au marabout de Mouley-Abdesselam.
Ils ont pris connaissance des lettres des tri-;
bus du Riff les engageant'à s’opposer à 'a
pénétration espagnole. Les délégués ont ré
pondu dans ce sens.
•
Un Nouvel Incident franco-allemand
LES FRÈRES MANNESMANN
ENFERMÉS A TAROUDANT (?)
Berlin 24 mai. — Les milieux officiels de
Berlin sont informés que deux Allemands
1 sont enfermés à Taroudant, mais ils igno
rent encore de qui il s’agit exactement. Des
recherches sont faites pour savoir s’il ne
s’agit pas des frères Mannesmann.
Si l’information se confirmait, il est pro
bable que l’Allemagne attirerait l’attention
du gouvernement français sur les inconvé
nients résultant pour les sujets allemands
d'incidents de ce genre. On fait d'ailleurs
ressortir que les gouvernements français et
allemand ont maintenant, grâce à l’accord
de novembre dernier et aux stipulations qu’il
contient, toute possibilité de régler dans un
esprit s’inspirant de celui du traité, les diffi
cultés analogues. (Havas.)
La police, dans l’espoir de ramener le cal
me dans la population, avait avisé les théâ
tres qu’Ils ne devtalent Pas fermer, et exigé,
qe les représentations eussent lieu. Le p-
Siie cependant s abstint d'v venir, une pro
clamation du préfet de police ayant interdit
de circuler à partir de sept heures du soir,
a pied, dans les ru", Colles-ci. du reste,
étaient plongées dans l’obscurité la plus
complète, un grand nombre de réverbères
ayant été brisés.
morey”uFEOWY"FaTSXSypovsm, u
a tué de deux. C Mme Lecomte, trente-
derF-enspalun“ferusan * u vle
commune. I
A chevieville, près de Sonis, 1
~ A“tai municipal, battu aux der-
ancien conseinep “est suicidé après avoir
firé à sa mère qu’il ne pouvait Sup-
porter son échec-
Sentis,
M. Morel. — Nous veillons à ce que les
adjudications de biens congréganistes
aient lieu avec toutes les garanties légales.
L’Etat acquéreur n’a jamais payé les biens
à un prix inférieur à celui fixé par les ex
perts. Bientôt un fonds comumn .sera, cons
titué, grâce auquel les congrégations riches
secourent les congrégations pauvres. (Ap
plaudissements.)
M. Morel vient rappeler que le ministère
de l’intérieur exerce un contrôle sur les li
quidations, pour empêcher la reconstitu
tion des congrégations dissoutes.
M. Jenouvrier voudrait que la loi de 1841
sur l’expropriation fût appliquée honnête
ment.
M. Régismanset, rapporteur, déposé ‘ en
son nom et au nom de M. Combes le pro
jet de résolution suivant :
« Le Sénat, approuvant les conclusions
de l’enquête faite par la commission char
gée d’examiner la liquidation, des congré-
gâtions supprimées, donne acte au gouver
nement de ses déclarations et compte sur
lui pour poursuivre et assurer l’application
stricte des lois. »
M. Paul Morel déclare accepter ce texte
au nom du gouvernement.
Le projet de résolution est adopté par
206 voix contre 53. .
La prochaine séance est fixée à jeudi.
La séance est levée à six heures.
Gromipes et Commissions
CHIAMIBRE
I < a Réfo rin eélect ora î e
M. Groussier a saisi aujourd’hui la Cham-
bre, au nom de la commission du suffrage
universel, d’un nouveau rapport upple-
mentaire sur le projet de réforme élictorale
en discussion. Ce rapport cbutrent le ta
bleau' des circonscriptions et des régions
électorales telles qu’elles seraient insti
tuées pour tenir compte des votes actucile-
ment émis.
Armée et Marine
ETAT-MAJOR GENERAL
Le général de division Brun d'Aubignose,
commandant la 24e division a ’ infan te rie (T’e
corps d’armée), et qui n’a pas rejoint, a été
nommé au commandement de la 35e division
Ce la meme arme au 18e corps d'armée à
Bordeaux, en remplacement de M. le géné
ral de division F rater, placé dans la'posi
tion de disponibilité.
Le général de brigade Lucas, président de
la commission d’expériences de tir et do la
commission de réception des poudres de
gu ET2, a Versailles, est plasa à dater du 24
mai 1912 dans la deuxième section (réserve)
du cadre de l’état-major général de Palmée.
ne general de brigade Kreitmann, dispo
nible, est place sur sa demande, par antici-
potion, pour convenances personnelles, dans
la deuxième section (réserve) du cadre de
l’état-major général de l’armée
LES TABLES D’OFFICIERS
L’ARMEE COLONIALE
La réunion hebdomadaire du chef et des
sous-chefs de l’état-major général de l’ar
mée et des directeurs du ministère de la
guerre, présidée par M. Millerand, s’est oc
cupée vendredi matin de la question des ta
bles d’officiers. Le ministre a décidé de ré
tablir le système des tables en commun pour
les lieutenants d’un même régiment, ou tout
au moins d’un même baaillon, en laissant
comme autrefois les chefs,, de corps libres
d'accorder les licences qu’ils jugeront à pro-
pos.
La réunion a commencé ensuite lexamen
de la question ces rapports ce l’armée eolo-
male avec l'armée métropolitaine, et du pro
jet Raiberti, dont l'auteur d mande l'inser-
ton à la loi de finances, q '•qui permettrait
entre les officiers des deux armées des per-
mutations temporaires.
Le conseil a estimé que la situation ac-
tuelle ne pouvait durer, et, en principe, s’est
rallié à la solution préconisée par M. Rai
berti, à condition toutefois d'une expérimen
tation préalable, une pareille réforme ne
pouvant être mise en vigueur sans de sé
rieuses expériences préliminaires. •
Conférence des Caisses d’Epargne
de l’Ouest et du Sud-Ouest
Inauguration du nouvel Hôtel
de la Caisse d’Epargne d’Angoulâme
’ Depuis quelques années, comme nous
j avons eu déjà l’occasion de le signaler, les
j Caisses d’épargne françaises se sont réunies
en des groupements régionaux qui ont pris
le nom de «Conférences». Ce mouvement,
ébauché vers la fin de 1907, est aujourd’hui
complètement terminé; les Caisses françai
ses sont en totalité réparties entre six
grandes Conférences régionales : 1° Confé-
renée de la région du Nord et de l’Est; 2®
Conférence de la région de l’Ouest et du
Sud-Ouest; 3° Conférence de la région du
Centre; 4° Conférence de la région du Cen
tre-Est; 5° Conférence de la région du Nord-
Ouest; 6° Conférence de la région du Midi
et du Sud-Est. Ces Conférences régionales
se sont elles-mêmes fédérées au mois d’oc-
tobre 1911 en une Conférence générale des
Caisses d'épargne de France.
L’utilité de ces groupements .n’a pas De-
soin, croyons-nous, d’être longuement dé
montrée. Dégager, par l’étude en commun,
les aspirations et les besoins communs des
dix millions de clients des Caisses d’épar-
gne françaises, coordonner les efforts et
centupler par l’union la force des revendi
cations adressées aux pouvoirs publics, voi
là, en quelques mots, le but et l’utilité des
Conférences régionales.
La Conférence des Caisses d’épargne de
l’Ouest et du Sud-Ouest, la première -par
son importance territoriale et financière,
groupe près de 159 Caisses, appartenant
aux 28 départements suivants Ariege, Bas
ses-Pyrénées, Charente, ′ Charente-Inférieu
re, Côtes-du-Nord, Corrèze, Creuse, Deux-
Sèvres, Dordogne, Finistère. Gers, Gironde,
Hautes-Pyrénées, Haute-Vienne, Haute-Ga
ronne. Ille-et-Vilaine, Indre, Indre-et-Loire,
Landes, Loire-Inférieure, Lot, Lot-et-Garon-
ne, Maine-et-Loire. Morbihan, Tarn, Tarn-
et-Garonne, Vendée, Vienne
Lors de sa première réunion, tenue à Bor
deaux en 1910 elle comptait déjà 84 Caisses
représentant 1 million 200.600 déposants et
670 millions de.francs d épargne.
Les tissus à mailles ont l’inconvénient de
coller au corps et de le refroidir. Les tissus
de laine "ne collent pas au corps et absor
bent l’humidité. Les sportsmen savent que
la FLANELLE DE SANTÉ DE REIMS est le
meilleur des sous-vêtements.
La Grève Générale
de Eudapest
Des troubles graves ont ensanglanté pen
dant toute la journée d’hier la ville de Bu
dapest. Ils ont, dans la soirée, dégénéré en
une véritable émeute, et ont repris ce ma
tin avec une nouvelle violence. La cause
immédiate de ces troubles est une grève; la
cause réelle, la politique. La*population ou
vrière reproche au gouvernement de donner
le pas à la réorganisation militaire sur la
réforme électorale. Elle veut le suffrage uni
versel : les ouvriers font grève pour le ré
clamer.
L’origine immédiate du mouvement fut
l’interdiction d’un meeting en plein air,
organisé hier par le parti socialiste, qui,
de plus, avait prescrit pour cette journée
une grève générale de vingt-quatre heures;
meeting et grève devaient fournir l’occasion
aux socialistes de montrer leur méconten
tement contre le gouvernement et de récla
mer le suffrage universel. Mais le mouve
ment a échappé à la direction de ses orga
nisateurs et a déjoué les calculs du groupe
Justh qui comptait sur le bruit de la rue
pour corser l’effet de son obstruction au
Parlement.
La manifestation est devenue une émeute,
dont le tragique bilan, connu aujourd’hui,
est, d’après les chiffres de la police, —
qu’on ne saurait taxer d’exagération, — de
six morts et de cent soixante blessés.
Les milieux gouvernementaux se décla
rent indignés et décidés à poursuivre avec
énergie la répression des désordres. Les
groupes d’opposition repoussent toute soli
darité avec les socialistes, et ces derniers
ne veulent pas non plus assumer la respon
sabilité des sanglants événements, soute-,
nant que les ouvriers syndiqués ne com
mirent presque nul excès, et prétendant
que si les autorités avaient permis la tenue
du meeting en plein air, même après les
premières échauffourées, lesmanifestations
auraient cessé instantanément.
Quoi qu’il en soit, l’agitation ne paraît
guère se calmer, puisque ce matin les trou
bles ont repris et que les scènes de violence
ont recommencé, plus violentes peut-être,
encore que la veille.
Incidents à la Chambre hongroise
Budapest, 24 mai. — Pendant que l’émeute
grondait dans les rues de la ville, la Cham
bre des députés hongroise siégeait sous la
présidence du comte Tisza. A dix heures et
demie, le président ouvre la séance au mi
lieu d’un silence profond. A peine les dé
bats eurent-ils commencé qu’un membre de
l’ opposition fait irruption dans la salle et
s’écrie : « Le sang coule dans les rues. On
s’assassine ! Dans ces conditions, le Parle
ment ne peut continuer à siéger. »
Le président répond: « La séance conti
nue! Monsieur Lovaszy, vous avez toujours
la parole. »
Le député de l’opposition Rath insiste pour
qu’on suspende la séance. Le président ré
pond : « La Chambre n’est pas un Comité de
salut public ! »
Le député Egry s’écrie : « Il y a 168 bles
sés ! » Le président réplique : « Je vous re
tire La parole ! La séance continue, et elle
continuerait même si dans cette salle cin
quante personnes devaient être tuées. Je ne
suspendrai pas la séance.
A la demande de l’opposition, la Chambre
siégea toutefois à huis clos.
Protestations à la Chambre
autrichienne
Vienne, 24 mai. — M. Nemec, socialiste
tchèque, a demandé au Reichsrath qu’en rai
son des événements de Hongrie la Chambre
interrompît ses travaux pendant une. demi-
heure pour témoigner sa solidarité avec ceux
qui luttent pour le suffrage •universel et
pour protester contre la. façon abusive dont
on s’est servi de l’armée.
La proposition de M. Nemec a été rejetée. 1
A la fin de la séance. M. Adler, député so- |
cial-démocrate allemand, et chef du parti,
a parlé de nouveau des incidents de Buda-
pest. Il a déclaré que la lutté pour la réfor
me militaire n’était qu’une tentative de la
coterie des magnats pour étouffer le droit
du peuple de Hongrie au suffrage universel,
qui lui a été promis par la couronne. L’ora
teur a protesté énergiquement contre l’inter-
vention de l’armée dans les rues de Buda
pest.
Les Troubles de
la Soirée de Jeudi
Budapest, 24 mai. — Vers six heures, un
calme relatif avait succédé aux si graves
incidents de la journée. A sept heures du
soir, les troubles, cependant, reprenaient
plus importants encore.
Les rédactions de plusieurs journaux gow-
vernementaux étaient prises d’assaut par les
manifestants. Les bureaux du « Magyar Hir-
lap » subissaient une véritable attaque.
Un agent tombait frappé d’une balle en
plein cœur.
A huit heures et demie, de nouveaux con
flits s’engageaient sur d’autres points. Dans
la rue Golgnez, une patrouille voulant aine
circuler les manifestants, l’un de ceux ci ar
racha son fusil à un soldat. L’officier com-
mandant la patrouille ordonna de IzGre feu
Un jeune homme fut tué, plusieu person-
nes grièvement blessées.
Dans la Feldgasse, une bagarre se produi-
sait également, au cours de laquelle il y eut
plusieurs morts et blessés. Au Karlsring, un
bureau du Mont-de-Piété fut pillé et saccagé
par la foule. !
Sanglantes Collisions
Budapest, 24 mai. — Les collisions entre la
troupe et les manifestants se sont, multipliées
vers la fin de la journée et dans la soiree.
Dans certains quartiers, la foule était à ce
point ivre de fureur que les gens saisissaient
à pleines mains les baïonnettes. Les offi
ciers donnèrent alors l’ordre de faire feu.
Sur le pont Elisabeth, une autre collision
violente se produisit, au cours de laquelle
deux personnes furent blessées grièvement
et un grand nombre légèrement. Un homme
qui se penchait sur le pont reçut un tel coup
de sabre sur la tête qu'il tomba dans l’eau.
A la Wait.zenstra.sse, la situation était par
ticulièrement critique. La plupart des ré
voltes étaient armés de revolvers, les balles
tombaient dru sur la police et la troupe.
Sur la, place Gargay, une foule se montant
à plusieurs milliers de personnes démolis-
sait tout ce qui lui tombait sous la main.
La troupe fit encore feu. Deux personnes
tombèrent mortes. Dans la rue Tœkcli, plu
sieurs magasins furent pillés. Pendant les
troubles, un enfant de huit ans fut frappé
d’une balle et blessé mortellement. Il fut
transporté à l’nopital.
Assaut d’une Barricade
Budapest, 24 mai. — Dans la rue Szandy,
après une lutte .acharnée, il fallut prendre à
l’assaut une barricade. De nombreux ou
vriers furent blessés à coups de baïonnette.
On remarqua beaucoup que les cris poussés
étaient ceux de : « Vive la Révolution ! A bas
la monarchie ! A bas l’Etat bourgeois ! »
Une jeune fille fut tuée d’une balle.
A Coups de Mitrailleuses
Budapest, 24 mai. — Les scènes les plus
violentes semblent s’être passées dans les
fabriques des environs d’Angylahof, où les
ouvriers, très bien armés, engagèrent um
véritable combat avec les soldats, au point
qu’on dut faire venir des mitrailleuses, qui
produisirent un épouvantable ravage dans
les rangs des révolutionnaires. Vingt d’en
tre eux furent tués, et environ cent furent
blessés grièvement.
Un Couvent attaqué
Budapest, 24 mai. — Une bande de gré
vistes essaient de s’emparer du couvent des
nonnes de Saint - François-d’Assise. Ils sont
sont repoussés par la police.
On lance des Bombes
Budapest, 24 mai. — Une bombe chargée
se clous, lancée dans la maison habitée par
le chef du parti gouvernemental, a fait ex-
plosion sans cependant causer de dégâts sé-
rieux.
Une au,tre bombe lancée contre le bâtiment
de la douane n'a pas explosé.
Fusillade sur la Voie ferrée
Budapest, 24 mai. — Craignant un mouve-
ment des cheminots, le gouvernement a fait
occuper les gares et garder les voies ferrées.
Vers dix heures du soir, les grévistes se sont
portés sur la gare et ont tenté d’arracher les
rails pour empêcher les mouvements des
trains militaires. La troupe a fait feu. Il y a
eu de nombreux blessés.
Maisons incendiées
Budapest, 24 mai. — La foule a envahi une
fabrique d’asphalte et a traîné dans la rue
les tonneaux de goudron, qui ont été allu
més. Le mobilier de la maison a été brûlé.
A huit heures et demie, dans le cirque Be-
kentoff, des flammes surgirent brusquement.
Une panique formidable s’ensuivit. Tout la
monde s’enfuyait en hurlant.
Des dépôts de bois situés sur les quais du
Danube ont été incendiée par les manifes
tants. Dans un faubourg, les émeutiers, très
surexcités, ont encore incendié une fabrique
de parquets. Plusieurs d'entre eux ont été
tués.
Budapest, 24 mai. — Des manifestations
ont eu lieu devant la maison du comte Tisza,
président de la Chambre hongroise. Des
coups de feu ont été tirés sur elle. Personne
n’a cependant été blessé. Les troupes ont
dû balayer la rue.
On a mis le feu à trente maisons. Trois
. d’entre elles ont brûlé. Dans la nuit, une
fabrique d’armes a été attaquée par la foule.
Cependant, la troupe a pu empêcher qu’elle
fût pillée.
Le Bilan de l’Emeute
Budapest, 24 mai. — On annonce offi
ciellement que le nombre des ouvriers
ayant pris part hier à la grève est d’envi-
ron 50,000, soit la moitié de ceux qui sont
employés dans les usines. *
Le nombre des morts est de six, et les
blessés de cent soixante, dont cent griève
ment.
Le nombre total des personnes amenées
au poste de police est de 380. Une quaran
taine seront mises en jugement.
La Journée de Vendredi
Les Troubles reprennent
Budapest, 24 mai. — La grève générale
devait prendre fin ce matin, mais une par
tie des ouvriers n’a pas oDéi à l’invitation
qui était faite par les chefs du parti socia
liste de reprendre le travail. Ce sont sur
tout les ouvriers métallurgistes, frappés de
lock-out, qui, voyant qu’on ne les laissait
pas pénétrer dans les usines, se sont livrés
à de graves désordres, ont renversé des
tramways et ont causé des dégâts à l’église
du Calvaire.
Les collisions entre les manifestants et la
police ont été des plus vives.
Un aubergiste qui cachait des manifes
tants a été arrêté.
Les ouvriers des chantiers de construc
tion de bateaux et ceux des entreprises de
transports se sont joints aux ouvriers mé
tallurgistes.
Les ouvriers soumis au lock-out voulant
tenir une réunion, la police s’est empres
sée de les v autoriser, parce qu’elle espère
pouvoir ainsi calmer les esprits.
Dans Le voisinage d’une fabrique de vis,
il s’est produit une vive collision entre les
grévistes et les ouvriers se rendant à l’ate-
lier; de nombreux coups de feu ont été
tirés, et il y a eu beaucoup de blessés. Les
manifestants ont renversé un chariot char
gé de farine et ont construit une barricade.
Ils ont mis le feu à une fabrique après
avoir enduit la clôture de pétrole, et ils
ont empêché les pompiers d’éteindre l’in
cendie. Ils ont reçu à coups de pierres et à
coup d efeu les troupes accourues sur les
lieux.
Le Parlement est entouré de forts déta
chements de troupes. Une grande agitation
règne dans les couloirs.
A midi, les désordres continuaient dans
le quartier des fabriques, bien qu’un grand
nombre de manifestants se fussent rendus
à la réunion populaire autorisée par la
police. Le gaz continue de brûler aux en
droits où les réverbères ont été renversés.
Les manifestants se mettent en embusca
de pour tirer des coups de revolver. Un
grand nombre de personnes sont déjà bles
sées plus ou moins grièvement. Les affai
res sont arrêtées. 500 manifestants ont as
sailli les bureaux de la Compagnie d’élec
tricité.
Le troupes et la gendarmerie luttent con
tre les manifestants et les repoussent petit
à petit.
Un groupe nombreux a attaqué à coups
de pierres le Jardin anglais, lieu de diver
tissement. La police est intervenue, et des
coups de de feu ont été tirés des deux cô
tés. Il y a eu beaucoup de blessés. Les ma
nifestants ont attaqué à midi la fabrique
d’asphalte. Pour la quatrième fois, la gen
darmerie est venue les repousser. Des pa
trouilles de soldats parcourent les rues “de
la capitale
Appel au Calme
Budapest, 24 mai. — La réunion popu
laire a engagé les ouvriers à reprendre le
travail et de calmer ceux qui ne sont pas
soumis au lock-out. Les chefs de parti ont
exhorté les ouvriers à éviter tout désordre,
mais les troubles continuent.
Un Cuirassier
fusillé à Amiens
Une Scène émouvante
La Dégradation - Feu de Peloton
Amiens, 24 mai. — Les cavaliers Alfred
Auffray et Justin Moreau, cu 9° cuirassiers,
caserne à Noyon, condamnes le premier à
mort, le second aux travaux forcés à perpé
tuité et à la dégradation milifeire pour ten
tative d'assassinat sur le mar'échal des lo
gis Chéradame, ont subi leuis peines ce
matin dans la cour de la c.tdelle d'A-
miens.
Le Crime
On se rappelle que le 23 octobre 1911,
vers onze’ heures et demie du soir, comme
il passait dans une rue déserte de Noyon,
le maréchal des logis Chéadame rencon
tre 1 les cavaliers Auffray et Moreau, qui
venaient de sauter le mur. Il leur enjoigiit
assAt de rentrer à la caserne, ce que les
soldats firent, non sans protester. Mais
comme tous trois amriy aient dans un en
droit écart 4 et fort somore, Auffray s'arm
d'un coutoan-poignard, et par trois fois en
frappa le ra réch al des logis.
Très griev cm.ent blesse, le sous-officier
s’affaissa, cepeucant que le meurtrier et son
compagnon prenaient la fuite. , ,
Linfortuné marial des logis réussit à
se traîner jusqu’à Ja caserne. Transporté
aussitôt à ihopital, il y subit lopération
de la laparotomie, et pendant de longs Jours
on éprouva à son sujet les plus vives in-
Tuses"denix agresseurs ne tardèrent pas à
être retrouvés, et ils furent immédiatement
écroués en prévention de coledde 8Uer-
re. C’étaient l’un et l’autre de cort mauvais
sujets. Ils étaient arrivés au rég, ment an.
tis déjà d’un casier judiciaire tort cne-
et s'étaient montrés déplorables solats. On
les avait envoyés au 9° cuirassiers aui-
fra de Lyon et Moreau de Paris - PAT
mesure disciplinaire.
Au Conseil de Guerre
Devant le conseil de guerre d'Amiens,
Auffray déclara avoir frappé Je marécnaf
des logis sous l'influence de la colère et de
l'ivresse. Moreau prétendit avoir passé : ou
couteau à Auffray pour ne pas avoir m- ten-
tation de s’en servir. Le conseil de guerre
rendit un arrêt affirmatif, nis mitige de
circonstances atténuantes en faveur de
reau. La: peine capitale fut prononcée con
tre Auffray. Le recours en grâce lut roler,
malgré là. démarche instante du dtleni"F
du condamné auprès du chef de -a
Le crime ayant été perpétré 4 Koconrcm
du service, les dispositions législatives nio1-
vellement mises en vigueur D étaient 1 as
applicables au cavalier Auffray. C est DoUT.
quoi il n'a pas été remis à exécuteur “eS
hautes œuvres. Le lieu de T’exécution cj.oi-
si fut la cour de la citadelle d .Amiens.
Déjà, dans la soirée, une foule considé
rable vint se masser autour de la caserne;
mais on l’empêcha absolument d’approcner
dé la prison militaire, afin qile les ruine s
des assistants ne parvinssent Pas jusqu au
condamné.
Réveil d’Auffray
Dès deux heures et demie, dans la grande
cour de la citadelle d’Amiens, on met la
dernière main aux préparatifs de l’e.vécu-
lion du cuirassier Auffray Le poteau se
dresse contre un rideau en terre, et les
officiens repèrent l’emplacement que de-
vront occuper les troupes. A trois heures
quinze, ceux auxquels incombe la mission
d’aller réveiller le condamné sont réuni
Il y a là le commissaire du gouvernement
le major de la garnison, un membre du
conseil et le greffier, les avocats, Mes 1
nard et Ledlercq, et l’aumômier, l’abbé
Un, surveillant de la prison ouvre la p
te de la cellule. Auffray dort, d’un sommiell
profond. Le commandant Briseorgueil, com-
missaime du gouvernement, le secoue éntr
giquement. Auffray se dresse sur son séant,
mal éveillé. L’officier lui annonce que le
Président de la République a repoussé son
recours en grâce.
Auffray, qui avait toujours été convaincu!
que la clémence présidentielle s’exercerait
pour lui, ne comprend pas. Il faut le lui ré
péter plusieurs fois. Quand il a saisi, le
commissaire du gouvernement lui dit:
« Maintenant, il ne vous reste qu’à avoir
du courage. Soyez ferme. »
Auffray’ répond: «Tout de même, c’est
cher ! Quel malheur ! Enfin, puisqu’il le faut,
allons-y ! »
Il demande du papier, écrit une lettre a
l’adresse de ses parents, qui habitent Lan-
vellec, dans l’arrondissement de Lannion;
il remet le pli à son avocat, Me Renard, et
le remercie de tout ce qu’il a fait pour lui ;
puis, à l’aumonier, qui l’encourage, il dit
qu'il désire entendre la messe et commu-
nier.
En se rendant à la chapelle de la prison,
Auffray passe devant la cellule de son com
plice, Moreau. Il tient à lui faire savoir
quel est son sort, et d’une voix forte lui!
crie : « Au revoir, Moreau ! » Son camarade
dort, et ne l’entend pas. La messe dure une
demi-heure. Auffray revient s’entretenir
avec l’aumônier et ses avocats. Il boit une
tasse de café et fume une cigarette, puis
se laisse lier les mains.
NOUVELLES DIVERSES
A Mrs Walter Russel Hall, une veuve
dont le mari avait fait fortune dans les mines
d’or d’Australie, vient de faire un don de,
25 millions de francs aux Etats de la Nouvel
le-Galles di Sud, de Victoria et de Queens-
land. Le revenu de cette somme doit être em
ployé à secourir les indigents et à fonder
des écoles. 4 .
~ A Francfort, pris de vertige, M. Frank
Hill, consul général des Etats-Unis, est tombé
dans la cage d’escalier d’un grand hôtel et
s’est tué net.
~ Un grave accident d'automobile
s’est produit à Authumes, village de la
Bresse louhannaise. M. Rebouillat, boucher
à Poligny (Jura), a été tué. Trois autres ’
personnes portent des blessures graves. I
12 Dégradation de Moreau
Déjà, dans la cour de la chadelle, les
troupes sont massées. C'est le 72e de ligne,
le 8 e bataillon de chasseurs, le 2 e escadron
< train, les sections de commis et ouvriers
d'état-major et d’indirmiers, un détachement
du 19° chasseurs à cheval. Ces troupes sort
sous le commandement du colonel Toulor-
ge, du 72 e .
Le général Coquet, commandant la 3 e di-
visiczi d’infanterie, est présent. Seuls barmi
• les civils les journalistes ont été autorisés
à assister à l’exécution.
C'est Moreau qui paraît le premier, au
milieu d’un piquet de chasseurs. Le greffier
lui dit la sentence, et le colonel Toulorge
prononce la formule habituelle : « Moreau,
vous êtes indigne de porter les armes ! Au
nom du peuple français, nous vous dégra
dons ! » Un sos-officier arrache alors les
boutons et tous les insignes, puis Moreau,
calme et impassible, défile devant le front
des troupes. Deux gendarmes s’en emparent,
lui passent les menottes et le conduisent à
la prison civile.
Quelques minutes après, un nouveau com-
mandement : « Présentez armes ! » Les clai
rons sonnent aux champs. Tous les civils
se découvrent. Un piquet de chasseurs des
cend, venant de la prison militaire. Auffray
est au milieu. Il fume encore sa cigarette,
dont il lance la fumée en l’air. Il marche
1 résolument aux côtés de l’aumônier. Le pi
quet s’arrête devant le poteau.
Auffray crache sa cigarette, se laisse em
mener par deux hommes qui le placent à
l’endroit désigné. Là, l’aumônier l’abadon-
ne, après lui avoir fait baiser le crucifix.
Le condamné se laisse attacher sans résis.
tance ; mais quand un homme vient lui
bander les yeux, il résiste et dit à haute
voix : « Non, je ne veux pas ! » On est obli
gé de lui faire violence.
Ces préparatifs durent quatre minutes. Le
peloton d’exécution sort d’un bâtiment où il
était dissimulé. Il se compose de quatre ser
gents, quatre caporaux et quatre soldats,
les plus anciens du 8 e , chasseurs à pied.
L’adjudant qui le commande lève son sa
bre, les hommes mettent en joue; le sabre
s’abaisse et les douze coups partent. AuL
fray chancelle et s’affaisse sur lui-même.
Le plus ancien sous-officier s’avance en
suite et lui tire dans l’oreille le coup de
grâce. Puis c’est au tour du médecin-major,
oui constate le décès. Presque tous les hom
mes ont visé la tête, qui est criblée de bal
les. Le tout est fini à quatre heures quinze.
Puis c’est une enlevante fanfare qui se
fait entendre, et le 8 e dragons qui défile de
vant le corps. La musique du 72 e attaque
ensuite la marche «Sambre-et-Meuse», et
toutes les troupes continuent à défiler. Les
soldats et officiers semblent visiblement
émus. La lugubre cérémonie est terminée,
et les régiments regagnent les casernes.
Des soldats s’avancent ensuite et enlèvent
le cadavre d’Auffray, qu’ils déposent dans
un cercueil!' contenant de l’ouate ; puis un
fourgon du train l’emmène à THCtel-Dieu,
où a lieu la toilette funèbre. Tout est ter-
miné à cinq heures.
Moreau sera prochainement dirigé sur
Saint-Martin-de-lié, où il attendre le départ
d’un convoi de forçats pour Cayenne.
ont transmis Tardent amour de la Républi-
que le culte invincible de la légalité, de
la liberté politique et du droit. » (Applau-
dssements à gauche et au centre.)
1 C’est ensuite un noble hommage à la
mémoire du président Henri Brisson:
« L’homme illustre dont la Chambre et
le parti républicain portent le deuil, qui
dirigea si longtemps nos travaux avec une
expérience consommée, et dont mon émi
nent ami M. Etienne, qui a montré lui aus.
,si à ce fauteuil de si rares qualités, faisait
1 autre jour, avec tout son cœur, un émou
vant éloge, Henri Brisson, dès sa jeunesse,
sous l Empire, s’était voué à la noble cau
se vaincue. Une haute et fière conscience
sûre d'elle-même comme de son devoir, la
finesse berrichonne avec la pureté de’ la
morale stoïcienne, l’honneur dans la plei
ne acception du mot, honneur politique et
honneur privé, il donna tout avec une ar-
deur passionnée, sans une heure de lassi
tude, à son parti et à la France. (Applaudis,
sements à gauche.)
» Dire qu'Henri Brisson fut seulement hom
me de parti serait diminuer son rôle : il fut
un fervent patriote ; il aimait la France com
me la République; il les confondait dans un
meme amour. Mais c’est parler de lui, je
crois, comme il l’eût souhaité, de dire qu’il
eut de l’homme de parti toutes les gran-
deurs, toutes les passions, toutes les vertus
exclusives. « Oui, s’écriait-il un jour ici mê.
"me ces forts partis pris, je les ai ! »
» Hélas ! c’est la misère de notre dur mé-
tier, à nous autres politiques, que la com
plexité des situations et des problèmes crée
à certaines heures des manières de voir dif
férentes, dont il est impossible à des cons.
ciences délicates de ne point souffrir.
.Tout récemment, dans les derniers tempe
de sa vie, M. le président Brisson me fit
l’honneur de me convier; il me retint long-
temps auprès de lui. Et là, dans un intime
•«entretien où les souvenirs de sa jeunesse
vaillante et de la femme supérieure qu’il
avait perdue se mêlaient sus ses lèvres à nos
communs souvenirs de famille, il me parla
avec une gravité émue des devoirs qui, dans
la situation présente du monde, s’imposent
a tous les Français ; il me parla des ques
tions qui nous rapprochaient et aussi de cel-
les qui, à certains moments, nous avaient
divisés. Je lui dis avec une respectueuse
franchise les raisons profondes de nos an
ciennes divergences. Il m’écouta et me ré
pondit avec bonté. Et je sentis alors que si
dans la grande famille républicaine il y a
parfois — et comment en serait-il autre
ment? — des divergences de vues sur la
route à suivre, tout de même c'est toujours
la famille. (Applaudissements à gauche.) Et
je sentis que, comme dans les combats d’Ho
mère, à l’heure où nous luttons encore dans
la plaine obscure, l’aube naissante éclaire
déjà les cimes. Et c’est là sur les sommets,
près des sources pures, que se rejoignent les
vrais amants de la raison, de la justice et
de la. patrie. (Applaudissements au centre ef
sur divers bancs à gauche.) Oui, c'est H
qu’il faut tremper nos cœurs pour accom
plir les grandes œuvres qui noùs pressent
au dedans et au dehors. »
» Puis voici un programme de travaux et
aussi des conseils :
, « Mes chers collègues, vous avez entrepris
un grand débat sur l’origine du pouvoir po-
litique. Vous avez émis une série de votes
touchant la réforme électorale. (Ah ! ah I) Je
manquerais au premier de mes devoirs si,
me rappelant ici nos controverses d’hier, je
laissais paraître une préférence. Mais je crois
répondre au sentiment de tous en disant
que, quelle que soit la solution, il faut
aboutir. (Applaudissements prolongés. Bra-
vos.) Parce que si le régime électoral doit
être changé, il faut que les partis aient le
temps de s’organiser pour les consultations
futures. (Très bien ! très bien ! à gauche, au
centre et à l’extrême gauche.)
. » Une autre tâche s’offre à nous : l’examen
du budget de 1913. Grâce à la diligence du
'gouvernement et de la commission, la beso-
gne est prête. Oserai-je dire qu’on a pris
"peu à peu l'habitude d'introduire dans la
discussion du budget toutes sortes de choses
qui n’ont rien de commun avec la fixation
des dépenses et des recettes. (Très bien!
Applaudissements.) Questions, interpella
tions déguisées, motions, projets de résolu
tion, ordres du jour, propositions et pro
jets de loi sont venus se glisser dans la dis
cussion des chapitres du budget des dépen
ses. Le budget des recettes est devenu une
véritable encyclopédie, et la Chambre à cer
taines heures paraît transformée en une
sorte de grande commission, qui tend à mo
difier les lois organiques au moyen de la loi
de finances. (Très bien 1 très bien 1)
» Si nous passions moins de temps à dis
cuter le budget, nous en donnerions plus aux
réformes : rénover un système fiscal vieilli,
donner aux fonctionnaires un statut pour les
mettre à l’abri du favoritisme (très bien I
applaudissements), agrandir- le champ de
l'école nationale, de l’école laïque (interrup
tions à droite, vifs applaudissements à gau
che et au centre), respectueuse de la liberté
des consciences (vifs applaudissements au
centre, à gauche et à l’extrême gauche) et
pénétrée de ses devoirs envers la patrie
(très bien ! très bien ! applaudissements au
centre et à gauche, enfin, par une politi
que sociale généreuse et hardie comme le
génie même de notre race, étancher la soif
de justice qui dévore son grand cœur.
» Les lois sociales et ouvrières doivent te
nir une place toujours croissante dans nos
préoccupations, parce que de plus en plus
nous voulons faire de la République une per
pétuelle victoire sur le vice, l’ignorance et
la misère (très bien !) le plus haut dé
veloppement de la personne humaine, la
République du travail, du travail fraternel.
(Très bien !)
» Au dehors, par une action diplomatique
ferme, active et suivie, éviter les écarts, les
dispersions d’efforts, mettre au service
d’une politique coordonnée et pacifique une
armée et une marine puissantes (exclama
tions à l’extrême gauche) et des armes di
gnes des héros qui les portent. (Applaudis
sements au centre et à gauche.) Assurer à
la France, dans l’Europe de demain, le
rang que lui assignent quinze siècles de
labeur, de vaillance et de gloire.
» Tâche incomparable, mes chers collè
gues, une des plus belles qui aient été of
fertes à l’activité d’une génération, et à la
quelle, en aucun temps, en aucun pays, au
cune Assemblée n’aurait pu consacrer plus
d’expérience et de talents.
» On se plaît, en certains milieux, à déni
grer le Parlement, à l’accuser de stérilité.
La France n’a rien à envier à personne. La
République a plus fait pour le peuple en
trente ans que n’avaient fait les autres ré
gimes en plusieurs siècles. (Applaudisse
ments et bravos à gauche et à l’extrême
gauche.) Qu’il s’agisse de politique inté
rieure ou étrangère, tous les partis ont en
voyé à cette tribune des hommes dont l’élo
quence et le caractère sont l’honneur de la
Francs, et qui ne le cèdent en rien à leurs
illustres devanciers.
» Pour remplir toute notre destinée, il
faut, en même temps que l’application exac
te des lois constitutionnelles et l’observa-
tion des véritables règles du gouvernement
parlementaire, l’ordre et la méthode dans
nos débats. (Très bien ! sur divers bancs.)
L'essentiel, c’est que chacun de vous ait la
conviction intime que celui que vous avez
appelé à ce -fauteuil dépouille l’homme de
parti pour devenir l’homme de l’Assemblée
entière. (Applaudissements sur divers
banc:..) Le jour où cette noble magistrature,
au peu de rester la protectrice des droits
de tous, serait mise au service d’une opi-
nie , ce jour-là le gouvernement de dis-
cession recevrait une atteinte mortelle, et
la liberté de,la tribune ne serait plus qu’u
ne apparence. L’impartialité, à cette place,
c’est l’honneur..(Très bien! ut applaudisse
ments.)
» .Mais le président ne peut rien sans l’As
semblée. L’exercice du gouvernement de
contrôle — de ce gouvernement parfois si
injustement décrié et auquel nous demeu
rons immuablement attachés, parce que
nous ne voyons en dehors de lui qu’aven-
turcs et périls ( applaudissements au cen
tre’, implique de la part de chacun de
nous une forte discipline morale.- la maî
trise de soi. l.a dignité de 103 débats est
une pari de la force et du bon renom de
la France.
» Au surplus, conciut M. Deschanel, que
dans l’orage se dresse devant nous l’image
de cette France H grande, mais qui a tant
souffert, aussitôt; comme dans une crise '
récente dont le monde se souvient, nous ne |
serons plus- qu'une seule âme et un seul |
cœur. En nzus donnant sans réservé à la
plus adorable patrie qui ait jamais brillé
sous le ciel, nous répandrons parmi tous
les hommes plus de lumière et de beauté. »
(Applaudissements répétés à droite, au cen
tre et à gauche.)
L'Ordre des Travaux de la Chambre
On .aborde ensuite une tâche qui n’est pas
mince : le règlement de l’ordre des travaux
de la Chambre. La commission du budget
demande de tenir séance le mardi, te jeudi,
le vendredi matin pour discuter le budget,
dont Le rapport général sera distribué de
main. Il en est ainsi décidé.
La commission du suffrage universel de;
mande qu’on discute les lundi et mardi
après-midi la réforme électorale; les séan
ces du jeudi devraient être consacrées aux
lois sociales, et celles du vendredi aux in
terpellations.
M. Jousselin demande que toutes les séan
ces, sauf celles consacrées au budget, soient
employées à la discussion de la réforme
électorale.
Cette proposition provoque des exclama
tions, du bruit et une agitation prolongée.
M. Poincaré, président du conseil, répond
que le gouvernement ne veut interrompre
aucune discussion en cours. Quelque hâte
qu’il ait de voir aboutir la réforme électo-
raie, il nense que l'on doit aussi entrepren-
dre la discussion du budget, afin que le Sé
nat prisse l’examiner en temps utile. Mais
pour que ce programme de travail soit réa-
lisé, il faut qu’aucune discussion nouvelle
ne soit abordée. Il réclame donc le maintien
de l’ordre du jour. (Applaudissements.)
A mains levées, le maintien de Tordre du
jour est décidé. Jeudi prochain 30 mai doit
avoir lieu la nomination de diverses com
missions.
A ce propos, M. Millevoye propose de nom
mer une commission de onze membres char
gée de rapporter la proposition d'établir une
fête nationale de Jeanne d’Arc, conformé
ment au vote du Sénat en 1894.
Le président du conseil : Puisqu'un cer
tain nombre de députés ont déposé une pro
position à ce sujet, c’est devant cette com-
mission que le gouvernement s’expliquera.
Mais dès maintenant je puis dire que l’avis
du gouvernement sera favorable. Il estime
que La mémoire de Jeanne d'Arc appartient
à tous les partis. (Vifs applaudissements au
centre, A droite et dans une partie de la gau
che. Exclamations à l’extrême gauche.)
M. d’Elissagaray réclame le maintien à
l’ordre du jour du projet sûr les appella
tions d’origine des produits agricoles et les
délimitations.
Depuis un an, dit-il, la question est en sus
pens : les commerçants et les viticulteurs de
la Gironde attendent cette discussion.
M. Clémental, président de la commission
de l’agriculture, répond que la question est
complexe et que le rapport n'a pu être encore
déposé.
M. Borderie s’associe aux réclamations de
son collègue M. d’Elissagaray. Il faut que
le rapport soit promptement déposé : on ne
raisonne pas avec la misère !
M. Dariao, rapporteur de la commission,
dit qu'il continde son enquête. Il en est à
la Marne; il en sera bientôt à la Gironde.
Dès qu’il pourra, il saisira la commission
de l’agriculture, de façon que la discussion
vienne avant les grandes vacances.
Le président du conseil : Le gouvernement
a déposé un projet de loi sur cette matière,
pour laquelle il a été entendu les observa
tions, parfois contradictoires, des régions
délimitées II ne lui appartient pas de faire
déposer un rapport lorsque le rapporteur
vient d'être récemment saisi. (Très bien !)
Le gouvernement entend néanmoins activer
cette discussion.
Le maintien de l’ordre du jour est voté
à mains levées.
LeS interpellations
Le président donne ensuite lecture à la
Chambre de la longue liste des interpella
tions déposées pendant les vacances parle
mentaires. Certaines provoquent les excla
mations ou les rires de la Chambre.
Avec l’assentiment du président du con
seil, la priorité est accordée aux interpella
tions de M. Lauche et de M. Berry sur la
hausse du prix du blé.
M. Dumesnil demande que dans quinze
jours au plus tard soit discutée son inter
pellation aui les causes des massacres de
Fez et l'organisation du Maroc
Le présidant du sonsei! demande que la
discussion en soit jointe a celle sur le traité,
ce qui est accepte par M Dumesnil.
La Chambre décide ensuite, par 295 voix
contre 220 de siéger mardi prochain, à deux
heures.
*
AU SÉNAT
La Liquidation des Congrégations
Le Sénat poursuit la discussion des con-
closions de la commission chargée d’enquê
ter sur la liquidation des congrégations.
M. de Lamarzelle, sénateur du Morbihan,
s’attaque aux liquidateurs, que M. Vieu avait
hier défendus. S’appuyant sur un passage
du discours de M. Combes, président de la
commission, qui demandait qu’on se mon
trât impitoyable pour les liquidateurs peu
scrupuleux, le sénateur réactionnaire s’é
tonne que seul Duez ait été frappé. N’y avait-
il pas d’autres coupables? Plus de 350 mil
lions se sont volatilisés : qui en a profité ?
Les Liquidateurs.
Ils ont commis deux espèces de dépréda
tions : des déprédations politiques en livrant
à l’Etat et aux communes à des prix infimes
les biens congréganistes; des déprédations
privées en absorbant à l'aide de procès im-
plaidables le fameux milliard des congré
gations.
Les responsables ? Ce sont tout d'abord les
ministres qui ont imposé les liquidateurs
aux tribunaux; ce sont les tribunaux, qui
n’ont exercé sur les liquidateurs aucune sur-
ve il lance.
Or, conclut l'orateur, pour ceux qui ont
violé la loi, aucun républicain ne s’est levé
pour demander le châtiment. La loi n’est im
pitoyable que pour les congréganistes, con
damnés à la misère.
La Droite applaudit bruyamment M. de La-
marzelle.
M. Delahaye, sénateur réactionnaire de
Maine-et-Loire, revient encore sur la ques
tion du milliard des congrégations, ce qui
lui permet de mettre en cause le Grand-
Orient. Il montre en effet une carte de Fran
ce dressée- par les Loges et envoyée à tous
les instituteurs, où des taches noires et gri
ses indiquent les biens appartenant au cler
gé. Dans la notice qui accompagne cette car
te, ces biens sont évalués à 10 milliards:
« Combien, Waldeck-Rousseau, vous étiez
modéré dans votre évaluation ! » s’écrie M.
Delahaye. (Rires. 1
M. Paul Morel, sous-secrétaire d’Etat à
l’intérieur, a la parole.
VârHcIe'2, voté, a prescrit de diviser en
plusieurs circonscriptions les departements
dont le nombre des députés à élire serait
supérieur à sept. Ces départements, au
nombre de quatorze, sont les suivants;
Bouches-du-Rhône, Finistère, Gironde, Isè
re, Loire, Loire-Inférieure, Nord, Pas-de-
Calais, Puy-de-Dôme, Rhône, Saône-et Loi
re, Seine, Seine-Inférieure et Seine-et-Oise.
La commission les a divisés autant que
possible en parties égales, en évitant le
découpage des arrondissements. Chacun de
ces départements formera deux circonscrip
tions, sauf le département de la Seine, qui
sera divise en cinq circonscriptions. Le
nombre des circonscriptions sera ainsi de
104 pour la métropole et de 10 pour l’Algé
rie et les colonies, soit au total 114.
Le nombre des députés par circonscrip
tions est déterminé par la règle de l’arti
cle 3. Les 104 circonscriptions de la métro
pole se répartiront ainsi : 1 à 12 députés,
2 à 10, 2 à 9, 12 à 7, 10 à 6, 28 à 5, 32 à 4,
13 à 3, 2 à 2, 2 à 1.
Deux députés sont maintenus aux colo
nies de la Martinique et de la Kéunioi. Les
autres colonies auront droit à un député.
Il en résulte que pour l Algérie et les colo
nies, il y aura : 5 circonscriptions à 2 dé
putés, 5 "à 1 député.
Le nombre total des députés se trouvera
être ainsi de 522, soit une réduction de 75 sur
le nombre actuel, qui est de 597.
Les régions sont organisées en vertu de
: l’article 3 bis, précédemment voté. La com
mission s’est efforcée d’organiser ces régions
en groupant environ quatre circonscriptions
ayant à élire ensemble une moyenne de
vingt députés, en tenant compte autant que
possible des affinités économiques, des faci
lités de communications et, dans une moin
dre mesure, des liens historiques.
La métropole comprendra 25 régions, ta
Corse exceptée. Ces régions se répartissent
ainsi d'après le nombre de circonscriptions
qui les composent : 3 régions de 6 circons
criptions, 3 de 5, 14 de 4, 4 de 3, 1 de 2. Leur
répartition d’après le nombre des députés
on’elles ont à élire est la suivante : 1 région
de 40 députés, 1 de 27, 2 de 24, 2 de 22, 2 de 21,
4 de 20, 2 de 19, 2 de 18, 6 de 17,1 de JG. 2 de 15.
La Corse constituera à elle seule une cir
conscription. Les trois départements d’Algé-
rie formeront une circonscrintion ayant cinq
députés à élire.
La commission n’a pas cru devoir former
des groupes de colonies, en conséquence
chacun constitue une région distincte.
SENAT
L’Outillage national
La commission sénatoriale de l'outilla
ge national, réunie sous la présidence de
M. de Freycinet, a entendu M. Jean Du-
puy, ministre des travaux publics, sur la
proposition de M. Audiffred relative à l’a
chèvement des ports et voies navigables.
Le ministre a exposé que des travaux im
portants, tant pour l’amélioration des ports
que des voies d'eau actuellement- existan
tes, étaient déjà en cours d’exécution où
allaient être entrepris avec les ressources
normales du budget calculées sur la durée
de quinze ans.
Il a reconnu qu’il était nécessaire de
prévoir l’exécution, dans un délai assez
rapproché, d’autres travaux plus considé
rables encore, et auxquels_il ne serait pas
possible de faire face avec les crédits bud
gétaires.
Le ministre a apporté à la commission
l’adhésion de principe du gouvernement et
quant à la préparation d’un programme de
travaux et quant à la recherché d'un sys
tème financier qui permettrait de le réa
liser. Une commission sera 'nommée à bref
délai pour une étude d’ensemble,
—
Les Congrès
Le Syndicat national des Débitants
L’assemblée plénière du Congrès du Syn
dicat national des débitants s'est ouverte
jeudi, à neuf heures, sous la présidence de
| M. Forsans, président honoraire.
Après s’être occupée notamment de la ques
tion des délimitations, l’assemblée a exa
miné l’application de la loi sur les fraudes,
demandant qu'aucune perquisition, saisie de
comptabilité chez un commerçant. etc., ne
puissent avoir lieu sans qu’une présomption
grave de fraude n'ait été établie à sa charge.
L’assemblée s’est ensuite arrêtée longue-
ment sur la reprise des manipulations des
vins etrangers en entrepôt réel, demandant
l’autorisation du vinage en douane des vins
de pre enance étrangère, vins surtout des-
tinés à l'approvisionnement des avires fai
sant escale.
Au sujet des alcools et spiritueux, le Con
grès a émis le vœu que la tolérance de 5 0.0
pour manquants de distillation devienne un
droit pour tous les distillateurs et a protes
té contre l’application de la loi du 25 lévrier
1901, qui a exclu le commerce français des
alcools de toute exportation, et cela an pro-
fit de quelques gros distill:. uni.
Dans la séance de Tapres m r ; : lxa-
men de diverses proposé: ns 1 re inté.
rieur, le Congrès, touchant les questions de
régie, demande : 1° la suppression du dos
sier en matière de régie ; 2° l'obligation de
communiquer les fiches individuelles à ceux
qui les désirent; et 3° la modification du
modo d’appréciation des éléments.
Divers vœux des années précédentes ont
été renouvelés, notamment ceux concernant
non-limitation des débits de boissons etc
Avant de se séparer, I? Congres a adopté
par acclamations un ordre du jour de clo-
ture assurant le bureau de son entière con
fiance.
ç—.
Les Agents des Coniribiions in directes
Dijon, 23 mai. — Le Congrès des agents
des contributions indirectes a tenu aujour
d’hui deux séances.
Dans la première, on a décidé de laisser
au conseil d’administration son action dans
les rapports futurs entre l'union et le mi,
nistre des finances, et Ton a adopté des
vœux tendant à la suppression du recru,
tement civil des préposés et du surnuméra
riat avec période transitoire appointée à
1,200 fr., à la flxation du cadre des rece
veurs en trois classes appointées à 3,400,
3,700 et 4,000 fr., à l’avancement des employés
supérieurs, à un emploi effectif et judi
cieux de tous les crédits affectés annuelle
ment au chapitre du personnel.
Dans la séance de l’après-midi, on s’est
occupé de la question de la révision de la
loi des retraites.
•
La Conscription en Algérie
Oran, 2 mai. — A Nedroma, l’agitation re
double chez les indigènes opposés à la cons
cription. Hier, ils ont envahi tout un quar
tier de cette ville et ont lancé des pierres
dans les habitations. Plusieurs coups de re
volver ont été également tirés. Il a fallu un
escadron de chasseurs d’Afrique et la gen
darmerie pour ramener le calme. Le sous-
préfet de Tlemcen est sur les lieux. On craint
de nouveaux incidents. Les habitants aban-
donnent la ville.
Nouvelles de la Marine.
Rochefort, 24 mai.
Le « Bruix » est entré en armement à Bi
zerte le 13 mai.
Le « Montcalm » entrera en armement à
Brest le 1er octobre, en vue de son départ
à la date du 2 novembre, pour les mers de
Chine, où il remplacera le «Dupleix».
La « Drôme » est arrivée le 21 mai à
Rochefort. De ce port, ce transport se ren
dra à Lorient, où il sera caréné et réparé;
Brest, Cherbourg, Brest, Lorient, Roche
fort, Bizerte et Toulon.
M. l’agent technique de 2e classe Geor
ges Goupil, des constructions navales, en
congé de convalescence après retour de
l'arsenal de Saigon, est décédé à l’hôpital
maritime le 23 mai.
Au Maroc
Renforts pour le Maroc
La «Liberté» se dit en mesure d’annon
cer qu’en plus des 4,000 hommes précédem
ment expédiés, de nouveaux “contingents,
s'élevant à environ 5,000 hommes, vont être
dirigés sur le Maroc. Ces renforts sont des
tinés aux opérations de déblaiement des li
gnes' d'étapes et des. zones d'occupation en-
tre Fez, Méquinez, Marrakech et la côte
de l’Atlantique.
Les troupes d’occupation des confins ora-
nais seront ultérieurement renforcées à me
sure que se développeront leurs opérations.
Moulal-Hafid est résolu
à abdiquer
Le oorrespondant du « Matin » à Fez rap
porte un entretien qu'il a eu avec le sultan.
Moulaï-Hafid a déclaré formellement être dé-
cidé à .abdiquer, et il a en ce sens dicté cette
déclaration au journaliste français:
«J’ai fait mon droit musulman, mais ce
n’est nullement une raison pour prétendre
que ce sont les principes religieux qui m’in-
citent à âbdiquer. Si j’étais animé de senti
ments fanatiques, comme on voudrait le fai
re croire, je n’aurais pas appelé la France
pour délivrer mon pays. Par conséquent, il
convient d’écarter les raisons de religion et
de fanatisme qui me pousseraient à aban-
donner le pouvoir, pour ne retenir qu’une
question de besoin personnel de repos.
» J’avais déjà manifesté mon désir d’abdi-
' quer avant la conclusion de l’accord franco-
। allemand. Je m’en vais, je vous l’ai déjà dit,
I pour continuer à vivre en bons rapports avec
la France, et précisément pour éviter des
froissements que je sens inévitables avec le
nouveau régime.
» Mais pourquoi faire tant de bruit autour
de mon départ ? Les hommes passent, sans
que les institutions changent. N’en est-il pas
de même chez vous ? Et depuis trois ans seu-
lement que je suis sultan, n’ai-je pas eu
affaire à quatre ministres différents des af
faires étrangères: M. Pichon, M. Cruppi,
M. de Selves et M. Poincaré ? Il ne faut donc
pas s’étonner que les hommes au Maroc pas
sent comme en France. »
Le correspondant ayant demandé à Mou-
laï-Hafid si sa détermination d’abdiquer est
irrévocable :
• —Absolument, a répondu le sultan: j’ai
besoin de me reposer.
— Et ton successeur, quel sera-t-il
— Ce sera là une question très simple, au
sujet de laquelle je m’entendrai avec le gou-
vennement français. En me retirant, j’aurai
'la satisfaction d’avoir répondu à toutes les
demandes de la France, d’avoir tenu tous
ms engagements avec elle, et réglé toutes
les affaires pendantes Aussi est-ce avec con-
fiance que jattends son verdict définitif.
Moulaï-Hafid a déclaré, en outre, qu’il al
lait écrire un livre dans lequel il remontera
Cns l’histoire du peuple marocain jusqu’à
Moulaï-Ismaël, non pour faire l’historique
général des sultans qui l’ont précédé, en re
traçant tout leur règne ou en racontant tou
tes leurs victoires, mais simplement pour
étudier le rôle qu’ils ont joué au point de
vue diplomatique et leurs relations avec l’é-
tranger.
«Je veux démontrer que ce n’est pas par
moi que le Maroc a été démembré. Je tiens
à expliquer l’attitude e j’ai eue de tout
t nps envers la Franc la nature de mes
stiments à son égard, et les raisons qui
m’obligent à me retirer après avoir assuré
1 avenir du Maroc. »
Les Renforts nécessaires
Dès son arrivée a Fez, après en avoir con
féré avec les généraux Moinier et Brulard,
le général Lyautey doit faire connaître au
j gouvernement le chiffre exact des renforts
qu'il juge nécessaires pour assurer la sécu-
j rité de la route Rabat-Méquinez-Fez.
Dans un télégramme reçu ce matin, le
’ général Lyautey indique à son passage à
Méquinez qu’il a été amené à constater que
la région qu'il vient de traverser est beau-
j coup moins sûre que la Chaouia, et que des
i opérations militaires y seront nécessaires.
! Dans un télégramme précédent, le général
| Lyautey avait indiqué que d’ores et déjà
; le besoin de renforts était évident, et qu’il
i en estimait « a priori » le chiffre entre 3.000
| et 4,000 hommes, mais qu’il attendrait d’être
i arrivé à Fez pour donner une précision. ’
: Lecture de ce télégramme a été faite hier
| au conseil des ministres. Le conseil est
i tombé d’accord pour assurer satisfaction aux.
1 vœux du général Lyautey dès qu’ils seraient
définitivement formulés. Mais jusqu'ici au-
j cun ordre de départ n’a été donné, puis-
; qu’on attend le télégramme que le haut com
missaire enverra prochainement de Fez à
ce sujet.
A sa secor de réunion, a NTr tes, en 191
elle comprenait 129 Caisses ayant 1 million
500,000 clients et gérant pour 750 millions
de francs d’epargne
Cette année, c’est la ville d’Angouleme
qui a été choisie comme lu de la troi
sième réunion, et cela tant en raison de l'im
portance de la Caisse d'épargne dAngou-
lême (la cinquième avec 47,000 déposants
et 26 millions de dépôts), de la situation
centrale de cette ville, qu'en raison de l’i-
nauguraticn officielle du nouvel et splen
dide- hôtel de notre Caisse
Cette réunion aura lieu les 9 et 10 juin
prochain Durant ces deux journées, les
hommes éminents et dévoués qui. dans no
tre région de l’Ouest et du Sud-Ouest diri
gent avec autant de compétence que de dé-
sintéressement les institutions si utiles et
si bienfaisantes que sont les Caisses depar
gne, seront les hôtes de notre belle et anti
que cité Nous croyons savoir qu’ils seront
officiellement reçus par la municipalité de
notre ville, qui tient à l’honneur de les fê
ter comme iis le méritent.
Nous entretiendrons sous peu. à nouveau,
nos lecteurs de ce Congrès si intéressant
et dont les résultats paraissent devoir être
si féconds et si heureux.
Ajoutons que le bureau de la Conférence
des Caisses d’épargne de l’Ouest et du Sud-
Ouest est composé comme suit :
Président: M. H. Derivaud, négociant,
membre de la commission supérieure des
Caisses d’épargne, président, de la Caisse
d'épargne de Bordeaux. *
Vice-présidents : MM. G. Maublanc, avo
cat, ancien bâtonnier de l'Ordre, directeur
de l’Ecole libre de droit et de l'Ecole de no»
tariat, président de la Caisse d’épargne de
Nantes; J. Fabre, notaire, président de 1»
Chambre des notaires, vice-président de la
Caisse d’épargne de Toulouse; Pasquier,
ancien président du tribunal de commerce,
vice-président de la Caisse d'épargne de
Tours; le lieutenant-colonel La Prairie, pré
sident de la Caisse d’épargne de Brest.
Secrétaire: M. C. Capeyron, agent géné
ral de la Caisse d’épargne de Bordeaux.
Le Cas du Procureur général Loubat
Dans une circulaire adressée aux magis
trats de son ressort, puis dans une commu
nication à la Société des prisons. M. Loubat,
procureur général à Lyon, s’était plaint de
l'insuffisance de la répression pénale. Dans
sa circulaire, il avait notamment annoncé
qu’il ne proposerait plus pour l'avancement
aucun magistrat qui se serait fait remarquer
par sa faiblesse. Dans sa communication, il
avait critiqué en termes fort vifs certaines
lois et préconisé le rétablissement des châ
timents corporels.
La chancellerie a estimé que le procureur
général Loubat avait dépassé la mesure de
la critique permise, et le garde des sceaux a
décidé d’envoyer un blâme à M. Loubat.
Les Espagnols au Maroc
LA RESISTANCE DES TRIBUS
Tétouan, 24 mai. — Les chefs des Beni-
Hassan, des Ghmara et des Khmes se sont
réunis au marabout de Mouley-Abdesselam.
Ils ont pris connaissance des lettres des tri-;
bus du Riff les engageant'à s’opposer à 'a
pénétration espagnole. Les délégués ont ré
pondu dans ce sens.
•
Un Nouvel Incident franco-allemand
LES FRÈRES MANNESMANN
ENFERMÉS A TAROUDANT (?)
Berlin 24 mai. — Les milieux officiels de
Berlin sont informés que deux Allemands
1 sont enfermés à Taroudant, mais ils igno
rent encore de qui il s’agit exactement. Des
recherches sont faites pour savoir s’il ne
s’agit pas des frères Mannesmann.
Si l’information se confirmait, il est pro
bable que l’Allemagne attirerait l’attention
du gouvernement français sur les inconvé
nients résultant pour les sujets allemands
d'incidents de ce genre. On fait d'ailleurs
ressortir que les gouvernements français et
allemand ont maintenant, grâce à l’accord
de novembre dernier et aux stipulations qu’il
contient, toute possibilité de régler dans un
esprit s’inspirant de celui du traité, les diffi
cultés analogues. (Havas.)
La police, dans l’espoir de ramener le cal
me dans la population, avait avisé les théâ
tres qu’Ils ne devtalent Pas fermer, et exigé,
qe les représentations eussent lieu. Le p-
Siie cependant s abstint d'v venir, une pro
clamation du préfet de police ayant interdit
de circuler à partir de sept heures du soir,
a pied, dans les ru", Colles-ci. du reste,
étaient plongées dans l’obscurité la plus
complète, un grand nombre de réverbères
ayant été brisés.
morey”uFEOWY"FaTSXSypovsm, u
a tué de deux. C Mme Lecomte, trente-
derF-enspalun“ferusan * u vle
commune. I
A chevieville, près de Sonis, 1
~ A“tai municipal, battu aux der-
ancien conseinep “est suicidé après avoir
firé à sa mère qu’il ne pouvait Sup-
porter son échec-
Sentis,
M. Morel. — Nous veillons à ce que les
adjudications de biens congréganistes
aient lieu avec toutes les garanties légales.
L’Etat acquéreur n’a jamais payé les biens
à un prix inférieur à celui fixé par les ex
perts. Bientôt un fonds comumn .sera, cons
titué, grâce auquel les congrégations riches
secourent les congrégations pauvres. (Ap
plaudissements.)
M. Morel vient rappeler que le ministère
de l’intérieur exerce un contrôle sur les li
quidations, pour empêcher la reconstitu
tion des congrégations dissoutes.
M. Jenouvrier voudrait que la loi de 1841
sur l’expropriation fût appliquée honnête
ment.
M. Régismanset, rapporteur, déposé ‘ en
son nom et au nom de M. Combes le pro
jet de résolution suivant :
« Le Sénat, approuvant les conclusions
de l’enquête faite par la commission char
gée d’examiner la liquidation, des congré-
gâtions supprimées, donne acte au gouver
nement de ses déclarations et compte sur
lui pour poursuivre et assurer l’application
stricte des lois. »
M. Paul Morel déclare accepter ce texte
au nom du gouvernement.
Le projet de résolution est adopté par
206 voix contre 53. .
La prochaine séance est fixée à jeudi.
La séance est levée à six heures.
Gromipes et Commissions
CHIAMIBRE
I < a Réfo rin eélect ora î e
M. Groussier a saisi aujourd’hui la Cham-
bre, au nom de la commission du suffrage
universel, d’un nouveau rapport upple-
mentaire sur le projet de réforme élictorale
en discussion. Ce rapport cbutrent le ta
bleau' des circonscriptions et des régions
électorales telles qu’elles seraient insti
tuées pour tenir compte des votes actucile-
ment émis.
Armée et Marine
ETAT-MAJOR GENERAL
Le général de division Brun d'Aubignose,
commandant la 24e division a ’ infan te rie (T’e
corps d’armée), et qui n’a pas rejoint, a été
nommé au commandement de la 35e division
Ce la meme arme au 18e corps d'armée à
Bordeaux, en remplacement de M. le géné
ral de division F rater, placé dans la'posi
tion de disponibilité.
Le général de brigade Lucas, président de
la commission d’expériences de tir et do la
commission de réception des poudres de
gu ET2, a Versailles, est plasa à dater du 24
mai 1912 dans la deuxième section (réserve)
du cadre de l’état-major général de Palmée.
ne general de brigade Kreitmann, dispo
nible, est place sur sa demande, par antici-
potion, pour convenances personnelles, dans
la deuxième section (réserve) du cadre de
l’état-major général de l’armée
LES TABLES D’OFFICIERS
L’ARMEE COLONIALE
La réunion hebdomadaire du chef et des
sous-chefs de l’état-major général de l’ar
mée et des directeurs du ministère de la
guerre, présidée par M. Millerand, s’est oc
cupée vendredi matin de la question des ta
bles d’officiers. Le ministre a décidé de ré
tablir le système des tables en commun pour
les lieutenants d’un même régiment, ou tout
au moins d’un même baaillon, en laissant
comme autrefois les chefs,, de corps libres
d'accorder les licences qu’ils jugeront à pro-
pos.
La réunion a commencé ensuite lexamen
de la question ces rapports ce l’armée eolo-
male avec l'armée métropolitaine, et du pro
jet Raiberti, dont l'auteur d mande l'inser-
ton à la loi de finances, q '•qui permettrait
entre les officiers des deux armées des per-
mutations temporaires.
Le conseil a estimé que la situation ac-
tuelle ne pouvait durer, et, en principe, s’est
rallié à la solution préconisée par M. Rai
berti, à condition toutefois d'une expérimen
tation préalable, une pareille réforme ne
pouvant être mise en vigueur sans de sé
rieuses expériences préliminaires. •
Conférence des Caisses d’Epargne
de l’Ouest et du Sud-Ouest
Inauguration du nouvel Hôtel
de la Caisse d’Epargne d’Angoulâme
’ Depuis quelques années, comme nous
j avons eu déjà l’occasion de le signaler, les
j Caisses d’épargne françaises se sont réunies
en des groupements régionaux qui ont pris
le nom de «Conférences». Ce mouvement,
ébauché vers la fin de 1907, est aujourd’hui
complètement terminé; les Caisses françai
ses sont en totalité réparties entre six
grandes Conférences régionales : 1° Confé-
renée de la région du Nord et de l’Est; 2®
Conférence de la région de l’Ouest et du
Sud-Ouest; 3° Conférence de la région du
Centre; 4° Conférence de la région du Cen
tre-Est; 5° Conférence de la région du Nord-
Ouest; 6° Conférence de la région du Midi
et du Sud-Est. Ces Conférences régionales
se sont elles-mêmes fédérées au mois d’oc-
tobre 1911 en une Conférence générale des
Caisses d'épargne de France.
L’utilité de ces groupements .n’a pas De-
soin, croyons-nous, d’être longuement dé
montrée. Dégager, par l’étude en commun,
les aspirations et les besoins communs des
dix millions de clients des Caisses d’épar-
gne françaises, coordonner les efforts et
centupler par l’union la force des revendi
cations adressées aux pouvoirs publics, voi
là, en quelques mots, le but et l’utilité des
Conférences régionales.
La Conférence des Caisses d’épargne de
l’Ouest et du Sud-Ouest, la première -par
son importance territoriale et financière,
groupe près de 159 Caisses, appartenant
aux 28 départements suivants Ariege, Bas
ses-Pyrénées, Charente, ′ Charente-Inférieu
re, Côtes-du-Nord, Corrèze, Creuse, Deux-
Sèvres, Dordogne, Finistère. Gers, Gironde,
Hautes-Pyrénées, Haute-Vienne, Haute-Ga
ronne. Ille-et-Vilaine, Indre, Indre-et-Loire,
Landes, Loire-Inférieure, Lot, Lot-et-Garon-
ne, Maine-et-Loire. Morbihan, Tarn, Tarn-
et-Garonne, Vendée, Vienne
Lors de sa première réunion, tenue à Bor
deaux en 1910 elle comptait déjà 84 Caisses
représentant 1 million 200.600 déposants et
670 millions de.francs d épargne.
Les tissus à mailles ont l’inconvénient de
coller au corps et de le refroidir. Les tissus
de laine "ne collent pas au corps et absor
bent l’humidité. Les sportsmen savent que
la FLANELLE DE SANTÉ DE REIMS est le
meilleur des sous-vêtements.
La Grève Générale
de Eudapest
Des troubles graves ont ensanglanté pen
dant toute la journée d’hier la ville de Bu
dapest. Ils ont, dans la soirée, dégénéré en
une véritable émeute, et ont repris ce ma
tin avec une nouvelle violence. La cause
immédiate de ces troubles est une grève; la
cause réelle, la politique. La*population ou
vrière reproche au gouvernement de donner
le pas à la réorganisation militaire sur la
réforme électorale. Elle veut le suffrage uni
versel : les ouvriers font grève pour le ré
clamer.
L’origine immédiate du mouvement fut
l’interdiction d’un meeting en plein air,
organisé hier par le parti socialiste, qui,
de plus, avait prescrit pour cette journée
une grève générale de vingt-quatre heures;
meeting et grève devaient fournir l’occasion
aux socialistes de montrer leur méconten
tement contre le gouvernement et de récla
mer le suffrage universel. Mais le mouve
ment a échappé à la direction de ses orga
nisateurs et a déjoué les calculs du groupe
Justh qui comptait sur le bruit de la rue
pour corser l’effet de son obstruction au
Parlement.
La manifestation est devenue une émeute,
dont le tragique bilan, connu aujourd’hui,
est, d’après les chiffres de la police, —
qu’on ne saurait taxer d’exagération, — de
six morts et de cent soixante blessés.
Les milieux gouvernementaux se décla
rent indignés et décidés à poursuivre avec
énergie la répression des désordres. Les
groupes d’opposition repoussent toute soli
darité avec les socialistes, et ces derniers
ne veulent pas non plus assumer la respon
sabilité des sanglants événements, soute-,
nant que les ouvriers syndiqués ne com
mirent presque nul excès, et prétendant
que si les autorités avaient permis la tenue
du meeting en plein air, même après les
premières échauffourées, lesmanifestations
auraient cessé instantanément.
Quoi qu’il en soit, l’agitation ne paraît
guère se calmer, puisque ce matin les trou
bles ont repris et que les scènes de violence
ont recommencé, plus violentes peut-être,
encore que la veille.
Incidents à la Chambre hongroise
Budapest, 24 mai. — Pendant que l’émeute
grondait dans les rues de la ville, la Cham
bre des députés hongroise siégeait sous la
présidence du comte Tisza. A dix heures et
demie, le président ouvre la séance au mi
lieu d’un silence profond. A peine les dé
bats eurent-ils commencé qu’un membre de
l’ opposition fait irruption dans la salle et
s’écrie : « Le sang coule dans les rues. On
s’assassine ! Dans ces conditions, le Parle
ment ne peut continuer à siéger. »
Le président répond: « La séance conti
nue! Monsieur Lovaszy, vous avez toujours
la parole. »
Le député de l’opposition Rath insiste pour
qu’on suspende la séance. Le président ré
pond : « La Chambre n’est pas un Comité de
salut public ! »
Le député Egry s’écrie : « Il y a 168 bles
sés ! » Le président réplique : « Je vous re
tire La parole ! La séance continue, et elle
continuerait même si dans cette salle cin
quante personnes devaient être tuées. Je ne
suspendrai pas la séance.
A la demande de l’opposition, la Chambre
siégea toutefois à huis clos.
Protestations à la Chambre
autrichienne
Vienne, 24 mai. — M. Nemec, socialiste
tchèque, a demandé au Reichsrath qu’en rai
son des événements de Hongrie la Chambre
interrompît ses travaux pendant une. demi-
heure pour témoigner sa solidarité avec ceux
qui luttent pour le suffrage •universel et
pour protester contre la. façon abusive dont
on s’est servi de l’armée.
La proposition de M. Nemec a été rejetée. 1
A la fin de la séance. M. Adler, député so- |
cial-démocrate allemand, et chef du parti,
a parlé de nouveau des incidents de Buda-
pest. Il a déclaré que la lutté pour la réfor
me militaire n’était qu’une tentative de la
coterie des magnats pour étouffer le droit
du peuple de Hongrie au suffrage universel,
qui lui a été promis par la couronne. L’ora
teur a protesté énergiquement contre l’inter-
vention de l’armée dans les rues de Buda
pest.
Les Troubles de
la Soirée de Jeudi
Budapest, 24 mai. — Vers six heures, un
calme relatif avait succédé aux si graves
incidents de la journée. A sept heures du
soir, les troubles, cependant, reprenaient
plus importants encore.
Les rédactions de plusieurs journaux gow-
vernementaux étaient prises d’assaut par les
manifestants. Les bureaux du « Magyar Hir-
lap » subissaient une véritable attaque.
Un agent tombait frappé d’une balle en
plein cœur.
A huit heures et demie, de nouveaux con
flits s’engageaient sur d’autres points. Dans
la rue Golgnez, une patrouille voulant aine
circuler les manifestants, l’un de ceux ci ar
racha son fusil à un soldat. L’officier com-
mandant la patrouille ordonna de IzGre feu
Un jeune homme fut tué, plusieu person-
nes grièvement blessées.
Dans la Feldgasse, une bagarre se produi-
sait également, au cours de laquelle il y eut
plusieurs morts et blessés. Au Karlsring, un
bureau du Mont-de-Piété fut pillé et saccagé
par la foule. !
Sanglantes Collisions
Budapest, 24 mai. — Les collisions entre la
troupe et les manifestants se sont, multipliées
vers la fin de la journée et dans la soiree.
Dans certains quartiers, la foule était à ce
point ivre de fureur que les gens saisissaient
à pleines mains les baïonnettes. Les offi
ciers donnèrent alors l’ordre de faire feu.
Sur le pont Elisabeth, une autre collision
violente se produisit, au cours de laquelle
deux personnes furent blessées grièvement
et un grand nombre légèrement. Un homme
qui se penchait sur le pont reçut un tel coup
de sabre sur la tête qu'il tomba dans l’eau.
A la Wait.zenstra.sse, la situation était par
ticulièrement critique. La plupart des ré
voltes étaient armés de revolvers, les balles
tombaient dru sur la police et la troupe.
Sur la, place Gargay, une foule se montant
à plusieurs milliers de personnes démolis-
sait tout ce qui lui tombait sous la main.
La troupe fit encore feu. Deux personnes
tombèrent mortes. Dans la rue Tœkcli, plu
sieurs magasins furent pillés. Pendant les
troubles, un enfant de huit ans fut frappé
d’une balle et blessé mortellement. Il fut
transporté à l’nopital.
Assaut d’une Barricade
Budapest, 24 mai. — Dans la rue Szandy,
après une lutte .acharnée, il fallut prendre à
l’assaut une barricade. De nombreux ou
vriers furent blessés à coups de baïonnette.
On remarqua beaucoup que les cris poussés
étaient ceux de : « Vive la Révolution ! A bas
la monarchie ! A bas l’Etat bourgeois ! »
Une jeune fille fut tuée d’une balle.
A Coups de Mitrailleuses
Budapest, 24 mai. — Les scènes les plus
violentes semblent s’être passées dans les
fabriques des environs d’Angylahof, où les
ouvriers, très bien armés, engagèrent um
véritable combat avec les soldats, au point
qu’on dut faire venir des mitrailleuses, qui
produisirent un épouvantable ravage dans
les rangs des révolutionnaires. Vingt d’en
tre eux furent tués, et environ cent furent
blessés grièvement.
Un Couvent attaqué
Budapest, 24 mai. — Une bande de gré
vistes essaient de s’emparer du couvent des
nonnes de Saint - François-d’Assise. Ils sont
sont repoussés par la police.
On lance des Bombes
Budapest, 24 mai. — Une bombe chargée
se clous, lancée dans la maison habitée par
le chef du parti gouvernemental, a fait ex-
plosion sans cependant causer de dégâts sé-
rieux.
Une au,tre bombe lancée contre le bâtiment
de la douane n'a pas explosé.
Fusillade sur la Voie ferrée
Budapest, 24 mai. — Craignant un mouve-
ment des cheminots, le gouvernement a fait
occuper les gares et garder les voies ferrées.
Vers dix heures du soir, les grévistes se sont
portés sur la gare et ont tenté d’arracher les
rails pour empêcher les mouvements des
trains militaires. La troupe a fait feu. Il y a
eu de nombreux blessés.
Maisons incendiées
Budapest, 24 mai. — La foule a envahi une
fabrique d’asphalte et a traîné dans la rue
les tonneaux de goudron, qui ont été allu
més. Le mobilier de la maison a été brûlé.
A huit heures et demie, dans le cirque Be-
kentoff, des flammes surgirent brusquement.
Une panique formidable s’ensuivit. Tout la
monde s’enfuyait en hurlant.
Des dépôts de bois situés sur les quais du
Danube ont été incendiée par les manifes
tants. Dans un faubourg, les émeutiers, très
surexcités, ont encore incendié une fabrique
de parquets. Plusieurs d'entre eux ont été
tués.
Budapest, 24 mai. — Des manifestations
ont eu lieu devant la maison du comte Tisza,
président de la Chambre hongroise. Des
coups de feu ont été tirés sur elle. Personne
n’a cependant été blessé. Les troupes ont
dû balayer la rue.
On a mis le feu à trente maisons. Trois
. d’entre elles ont brûlé. Dans la nuit, une
fabrique d’armes a été attaquée par la foule.
Cependant, la troupe a pu empêcher qu’elle
fût pillée.
Le Bilan de l’Emeute
Budapest, 24 mai. — On annonce offi
ciellement que le nombre des ouvriers
ayant pris part hier à la grève est d’envi-
ron 50,000, soit la moitié de ceux qui sont
employés dans les usines. *
Le nombre des morts est de six, et les
blessés de cent soixante, dont cent griève
ment.
Le nombre total des personnes amenées
au poste de police est de 380. Une quaran
taine seront mises en jugement.
La Journée de Vendredi
Les Troubles reprennent
Budapest, 24 mai. — La grève générale
devait prendre fin ce matin, mais une par
tie des ouvriers n’a pas oDéi à l’invitation
qui était faite par les chefs du parti socia
liste de reprendre le travail. Ce sont sur
tout les ouvriers métallurgistes, frappés de
lock-out, qui, voyant qu’on ne les laissait
pas pénétrer dans les usines, se sont livrés
à de graves désordres, ont renversé des
tramways et ont causé des dégâts à l’église
du Calvaire.
Les collisions entre les manifestants et la
police ont été des plus vives.
Un aubergiste qui cachait des manifes
tants a été arrêté.
Les ouvriers des chantiers de construc
tion de bateaux et ceux des entreprises de
transports se sont joints aux ouvriers mé
tallurgistes.
Les ouvriers soumis au lock-out voulant
tenir une réunion, la police s’est empres
sée de les v autoriser, parce qu’elle espère
pouvoir ainsi calmer les esprits.
Dans Le voisinage d’une fabrique de vis,
il s’est produit une vive collision entre les
grévistes et les ouvriers se rendant à l’ate-
lier; de nombreux coups de feu ont été
tirés, et il y a eu beaucoup de blessés. Les
manifestants ont renversé un chariot char
gé de farine et ont construit une barricade.
Ils ont mis le feu à une fabrique après
avoir enduit la clôture de pétrole, et ils
ont empêché les pompiers d’éteindre l’in
cendie. Ils ont reçu à coups de pierres et à
coup d efeu les troupes accourues sur les
lieux.
Le Parlement est entouré de forts déta
chements de troupes. Une grande agitation
règne dans les couloirs.
A midi, les désordres continuaient dans
le quartier des fabriques, bien qu’un grand
nombre de manifestants se fussent rendus
à la réunion populaire autorisée par la
police. Le gaz continue de brûler aux en
droits où les réverbères ont été renversés.
Les manifestants se mettent en embusca
de pour tirer des coups de revolver. Un
grand nombre de personnes sont déjà bles
sées plus ou moins grièvement. Les affai
res sont arrêtées. 500 manifestants ont as
sailli les bureaux de la Compagnie d’élec
tricité.
Le troupes et la gendarmerie luttent con
tre les manifestants et les repoussent petit
à petit.
Un groupe nombreux a attaqué à coups
de pierres le Jardin anglais, lieu de diver
tissement. La police est intervenue, et des
coups de de feu ont été tirés des deux cô
tés. Il y a eu beaucoup de blessés. Les ma
nifestants ont attaqué à midi la fabrique
d’asphalte. Pour la quatrième fois, la gen
darmerie est venue les repousser. Des pa
trouilles de soldats parcourent les rues “de
la capitale
Appel au Calme
Budapest, 24 mai. — La réunion popu
laire a engagé les ouvriers à reprendre le
travail et de calmer ceux qui ne sont pas
soumis au lock-out. Les chefs de parti ont
exhorté les ouvriers à éviter tout désordre,
mais les troubles continuent.
Un Cuirassier
fusillé à Amiens
Une Scène émouvante
La Dégradation - Feu de Peloton
Amiens, 24 mai. — Les cavaliers Alfred
Auffray et Justin Moreau, cu 9° cuirassiers,
caserne à Noyon, condamnes le premier à
mort, le second aux travaux forcés à perpé
tuité et à la dégradation milifeire pour ten
tative d'assassinat sur le mar'échal des lo
gis Chéradame, ont subi leuis peines ce
matin dans la cour de la c.tdelle d'A-
miens.
Le Crime
On se rappelle que le 23 octobre 1911,
vers onze’ heures et demie du soir, comme
il passait dans une rue déserte de Noyon,
le maréchal des logis Chéadame rencon
tre 1 les cavaliers Auffray et Moreau, qui
venaient de sauter le mur. Il leur enjoigiit
assAt de rentrer à la caserne, ce que les
soldats firent, non sans protester. Mais
comme tous trois amriy aient dans un en
droit écart 4 et fort somore, Auffray s'arm
d'un coutoan-poignard, et par trois fois en
frappa le ra réch al des logis.
Très griev cm.ent blesse, le sous-officier
s’affaissa, cepeucant que le meurtrier et son
compagnon prenaient la fuite. , ,
Linfortuné marial des logis réussit à
se traîner jusqu’à Ja caserne. Transporté
aussitôt à ihopital, il y subit lopération
de la laparotomie, et pendant de longs Jours
on éprouva à son sujet les plus vives in-
Tuses"denix agresseurs ne tardèrent pas à
être retrouvés, et ils furent immédiatement
écroués en prévention de coledde 8Uer-
re. C’étaient l’un et l’autre de cort mauvais
sujets. Ils étaient arrivés au rég, ment an.
tis déjà d’un casier judiciaire tort cne-
et s'étaient montrés déplorables solats. On
les avait envoyés au 9° cuirassiers aui-
fra de Lyon et Moreau de Paris - PAT
mesure disciplinaire.
Au Conseil de Guerre
Devant le conseil de guerre d'Amiens,
Auffray déclara avoir frappé Je marécnaf
des logis sous l'influence de la colère et de
l'ivresse. Moreau prétendit avoir passé : ou
couteau à Auffray pour ne pas avoir m- ten-
tation de s’en servir. Le conseil de guerre
rendit un arrêt affirmatif, nis mitige de
circonstances atténuantes en faveur de
reau. La: peine capitale fut prononcée con
tre Auffray. Le recours en grâce lut roler,
malgré là. démarche instante du dtleni"F
du condamné auprès du chef de -a
Le crime ayant été perpétré 4 Koconrcm
du service, les dispositions législatives nio1-
vellement mises en vigueur D étaient 1 as
applicables au cavalier Auffray. C est DoUT.
quoi il n'a pas été remis à exécuteur “eS
hautes œuvres. Le lieu de T’exécution cj.oi-
si fut la cour de la citadelle d .Amiens.
Déjà, dans la soirée, une foule considé
rable vint se masser autour de la caserne;
mais on l’empêcha absolument d’approcner
dé la prison militaire, afin qile les ruine s
des assistants ne parvinssent Pas jusqu au
condamné.
Réveil d’Auffray
Dès deux heures et demie, dans la grande
cour de la citadelle d’Amiens, on met la
dernière main aux préparatifs de l’e.vécu-
lion du cuirassier Auffray Le poteau se
dresse contre un rideau en terre, et les
officiens repèrent l’emplacement que de-
vront occuper les troupes. A trois heures
quinze, ceux auxquels incombe la mission
d’aller réveiller le condamné sont réuni
Il y a là le commissaire du gouvernement
le major de la garnison, un membre du
conseil et le greffier, les avocats, Mes 1
nard et Ledlercq, et l’aumômier, l’abbé
Un, surveillant de la prison ouvre la p
te de la cellule. Auffray dort, d’un sommiell
profond. Le commandant Briseorgueil, com-
missaime du gouvernement, le secoue éntr
giquement. Auffray se dresse sur son séant,
mal éveillé. L’officier lui annonce que le
Président de la République a repoussé son
recours en grâce.
Auffray, qui avait toujours été convaincu!
que la clémence présidentielle s’exercerait
pour lui, ne comprend pas. Il faut le lui ré
péter plusieurs fois. Quand il a saisi, le
commissaire du gouvernement lui dit:
« Maintenant, il ne vous reste qu’à avoir
du courage. Soyez ferme. »
Auffray’ répond: «Tout de même, c’est
cher ! Quel malheur ! Enfin, puisqu’il le faut,
allons-y ! »
Il demande du papier, écrit une lettre a
l’adresse de ses parents, qui habitent Lan-
vellec, dans l’arrondissement de Lannion;
il remet le pli à son avocat, Me Renard, et
le remercie de tout ce qu’il a fait pour lui ;
puis, à l’aumonier, qui l’encourage, il dit
qu'il désire entendre la messe et commu-
nier.
En se rendant à la chapelle de la prison,
Auffray passe devant la cellule de son com
plice, Moreau. Il tient à lui faire savoir
quel est son sort, et d’une voix forte lui!
crie : « Au revoir, Moreau ! » Son camarade
dort, et ne l’entend pas. La messe dure une
demi-heure. Auffray revient s’entretenir
avec l’aumônier et ses avocats. Il boit une
tasse de café et fume une cigarette, puis
se laisse lier les mains.
NOUVELLES DIVERSES
A Mrs Walter Russel Hall, une veuve
dont le mari avait fait fortune dans les mines
d’or d’Australie, vient de faire un don de,
25 millions de francs aux Etats de la Nouvel
le-Galles di Sud, de Victoria et de Queens-
land. Le revenu de cette somme doit être em
ployé à secourir les indigents et à fonder
des écoles. 4 .
~ A Francfort, pris de vertige, M. Frank
Hill, consul général des Etats-Unis, est tombé
dans la cage d’escalier d’un grand hôtel et
s’est tué net.
~ Un grave accident d'automobile
s’est produit à Authumes, village de la
Bresse louhannaise. M. Rebouillat, boucher
à Poligny (Jura), a été tué. Trois autres ’
personnes portent des blessures graves. I
12 Dégradation de Moreau
Déjà, dans la cour de la chadelle, les
troupes sont massées. C'est le 72e de ligne,
le 8 e bataillon de chasseurs, le 2 e escadron
< train, les sections de commis et ouvriers
d'état-major et d’indirmiers, un détachement
du 19° chasseurs à cheval. Ces troupes sort
sous le commandement du colonel Toulor-
ge, du 72 e .
Le général Coquet, commandant la 3 e di-
visiczi d’infanterie, est présent. Seuls barmi
• les civils les journalistes ont été autorisés
à assister à l’exécution.
C'est Moreau qui paraît le premier, au
milieu d’un piquet de chasseurs. Le greffier
lui dit la sentence, et le colonel Toulorge
prononce la formule habituelle : « Moreau,
vous êtes indigne de porter les armes ! Au
nom du peuple français, nous vous dégra
dons ! » Un sos-officier arrache alors les
boutons et tous les insignes, puis Moreau,
calme et impassible, défile devant le front
des troupes. Deux gendarmes s’en emparent,
lui passent les menottes et le conduisent à
la prison civile.
Quelques minutes après, un nouveau com-
mandement : « Présentez armes ! » Les clai
rons sonnent aux champs. Tous les civils
se découvrent. Un piquet de chasseurs des
cend, venant de la prison militaire. Auffray
est au milieu. Il fume encore sa cigarette,
dont il lance la fumée en l’air. Il marche
1 résolument aux côtés de l’aumônier. Le pi
quet s’arrête devant le poteau.
Auffray crache sa cigarette, se laisse em
mener par deux hommes qui le placent à
l’endroit désigné. Là, l’aumônier l’abadon-
ne, après lui avoir fait baiser le crucifix.
Le condamné se laisse attacher sans résis.
tance ; mais quand un homme vient lui
bander les yeux, il résiste et dit à haute
voix : « Non, je ne veux pas ! » On est obli
gé de lui faire violence.
Ces préparatifs durent quatre minutes. Le
peloton d’exécution sort d’un bâtiment où il
était dissimulé. Il se compose de quatre ser
gents, quatre caporaux et quatre soldats,
les plus anciens du 8 e , chasseurs à pied.
L’adjudant qui le commande lève son sa
bre, les hommes mettent en joue; le sabre
s’abaisse et les douze coups partent. AuL
fray chancelle et s’affaisse sur lui-même.
Le plus ancien sous-officier s’avance en
suite et lui tire dans l’oreille le coup de
grâce. Puis c’est au tour du médecin-major,
oui constate le décès. Presque tous les hom
mes ont visé la tête, qui est criblée de bal
les. Le tout est fini à quatre heures quinze.
Puis c’est une enlevante fanfare qui se
fait entendre, et le 8 e dragons qui défile de
vant le corps. La musique du 72 e attaque
ensuite la marche «Sambre-et-Meuse», et
toutes les troupes continuent à défiler. Les
soldats et officiers semblent visiblement
émus. La lugubre cérémonie est terminée,
et les régiments regagnent les casernes.
Des soldats s’avancent ensuite et enlèvent
le cadavre d’Auffray, qu’ils déposent dans
un cercueil!' contenant de l’ouate ; puis un
fourgon du train l’emmène à THCtel-Dieu,
où a lieu la toilette funèbre. Tout est ter-
miné à cinq heures.
Moreau sera prochainement dirigé sur
Saint-Martin-de-lié, où il attendre le départ
d’un convoi de forçats pour Cayenne.
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