Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1846-12-09
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Description : 09 décembre 1846 09 décembre 1846
Description : 1846/12/09 (Numéro 343). 1846/12/09 (Numéro 343).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
a
IiE CCMSTîTOOTORNEIi, MERCREDI 9 DECEMBRE 1810.
(pie le conseil de discipline de Fois a fait de celle
justice exceptionnelle.
Douze accusés comparaissaient devanPla ccur
d'assises de Cahors, à la suite des trou iles qu'a
expités danslacomiïiuijedeSâint-Céréla nouvelle
de l'élection de M. Calmon ïifs, à Martel. L'un dels
défenseurs, M e Beral, avocat distingué du barreau,
crut devoir exprimer celte idée que, d'après lui.
les élections avaient eu lieu sous l'influence cor
ruptrice du gouvernement. M. le président l'inier-
.rompit- en lui disant qu'il avoit -outrepassé les
droits de la défense, et que s'il ne se rétractait
pas, il inviterait le ministère publ c à prendre des
réquisitions. : ; , - ■
_ L'avocat déclara qu'il persistait dans son opi
nion; mais il pria la cour de lui permettre d'-en ré
férer, séance tenante, au conseil de discipline; La
cour accueillit cette demande. L'audience fut sus
pendue pour deux heures. A la repri e , M" Beral
se présenta, assisté du bâtonnier de l'ordre,-M 0
Emile Leroux qui, dans une allocution pleine de
convenance et de dignité ,' revendiquait pour son
confrère, au. nom du barreau .tout entier, l'exer
cice de la liberté de discussion et les droits sacrés
de la défense. "
, M® Beral a été condamni par la cour à la peine
de l'avertissement. Tous les accusés ont été ac=*
quittés par le jury. -
On écrit d'Alger, le 1 er décembre :
« Le bateau à. vapeur le Caméléon, arrivé à
Oran, le 28 novembre, après avoir touché à Té-
nès, où.il s'était rendu à la disposition'de M. Ifc
maréchal gouverneur-général, avait à son bord
MM. de Tocqueville, Lavergne et Bé:hameil, dé
putés. M. lç'maréchal avait continué par terre son
voyage vers la province d'Oran. Les trois honora
bles députés ont profité du courrier pour revenir
à-Alger,- où ils sont arrivés hier .dans l'après-
midi. M. le maréchal duc de l'Ysly était attendu à
Oran h 4ou le 2 décembre. » • j .
TJn supplément du. Moniteuralgérien fait con
naître la délivrance de M. de Cognord et de ses
compagnons d'infortune, et publie sur ce sujet
des détails qui seront encore lus avec intérêt,
après ceux que nous avons publiés.
C'est- bien par une lettre reçue du gouverneur
du préside espagnol de Melilla*, et au moment où
Ton négociait l'échange, que J'ou a appris la pos
sibilité d'obtenir la liberté de nos compatriotes au
moyen d'un, sacrifice d'argent. M. Durande, en
seigne de vaisseau, fut chargé, comme nous l'a
vons dit, de la négociation.
« M. Durande , arrivé à Melilla le 23 novembre , à
dix heures'du soir, y trouva une lettre de M. de Co
gnord, datée du 4 5,"et d'après laquelle on pouvait se
- flatlen què, d'un moment à l'autre, les prisonniers ap
paraîtraient ans enviroi\s de !a place. Cependant, que
1 de doutes encore et comment croire, lorsqu'on connaît
le dévoûment absolu de certains serviteurs de l'émir , x
' que toute cette conspiration pût ôtre conduite-à son
insu? D'un, autre côtéj comment admettre que'cet
homme, entouré'de tant de prestige, et qui avait re
cherché avec tant d'opiniâtreté un échange public et
officiel, abandonnâtes amis captifs qu'il avait récla
més avec une certaine'hauteur, pour vendre honteu
sement ses prisonniers, gage unique de leur déli
vrance?
» C'est cependant ce^-qui vient d'avoir lieu t au
grand détriment de fa cause et de sa renommée.
t Nous avons raconté dans .ce journal comment'le
sultan exilé, après avoir échoué dans ses "tentatives de
soulèvement en Algérie, trouvant notre frontière trop
bien gardée pour entreprendre, à portée de nos co
lonnes, quelqu'une des razzias qui l'ont fait vivre jus
qu'ici, s'était rabattu sans scrupule sur les tribus du
Sahara marocain. — Nous avons ditque cette course
. avait été peu productive--, pous ne savions que la moitié
de la vérité : ii paraît certain que le khafifa Bou-Ham-
med', chargé de ramener les prises, avait été attaqué
en chemin par les Alafs, avait tout perdu, tt s'était
péniblement réfugié' à la deïra, en hissant Une ving
taine de morts sur son chemin. C'est à la suitejde cet
échec que l'émir aux abois, compromis vis-à-vis-d'une
fraction importante.de3 populations marocaines,- a tout
à coup délaissé la négociation officielle et pris le. parti
de faire argent de ses prisonniers.
• Le 25 novembre, à la pointe du jour; le taleb Si-
Moktar au service de l'émir , apporta une lettre par
laquelle M. de Cggnord faisait connaître que les pri
sonniers avaient passé la nuit à quatre heures do
marche de Melilla , et que, danB la matinée , un grand
' feu allumé sur le bord de' la mer désignerait le point
ou il faudrait se diriger,
» Le feu fut aperçu à sept heures du matin, à qua
tre lieues environ dans l'est de la place. Une forte
chaloupe bien armée et dans laquelle montèrent MM.
dou"Louis de Copa, adjudant de la 4>lace dé Melilla ,
et Durande, ce dernier, déguisé, courut san» perdre
de_ tompâ sur le signal. A midi et demi, un premier
troupe de cavaliers, bientôt suivis d'une centaine
'autres, fut aperçu ; une troupe d'environ deux cent
cinquante fantassins réguliers parut ensuite; on dis
tinguait au moyen d'une longue vue quelques unifor
mes français. Il n l y avait dcfac plusde doute, etM. Du
rande,; au milieu d'une émotion vivement partagée par
l 'équipage espagnol, s'occupa des .'dernières, mesures à
prendre. . < '
» Une barque légère, apportée sur la grande cha- -
loupe, servi'» à entreren communication avec la troupe
aiabo. Il fut convenu qu'au préalable, l'un-des prison
niers et un personnage désigné'par le chef, se ren
draient à bord de - ia chaloupe r-eslée au large, afind'y
constater la présence do l'argent promis.
» Cet envoyé s 'acquitta minutieusement de sa mis-:
sion, il -fut ensuite. reconduit à terre et la baïqoo ra
mena à bord neuf (les prisonniers, dus Cufia-beii-Os-
marn, sga de la CA-.-fclewe d'Ab-el Kader, un koija et
un domestiq-ue. Ces derniers. chargés d une mission do
leur m?ît s, servaient momentanément d'otages pour
MM. le lieutenant colonel de Cognord tt un ol'ficior
restés aux ma.r.s de l i troupe jusqu'à ce que l'argent
tût été livré. " :
» Aprè3 d'assez. longs retards, qui prolongèrent
jusqu'à la nuit l'anxiété de cette scène, tout fut enfin
accompli. M. de Cognord, remplissant jusqu'au bout
sa tâche d'honneur et de dévouaient,.soïtit. le dernier
de sa cruelle captivité et rejoignit la chaloupe, qui ne
put aborder à.Melilla qu'à dix heures du soir. »
Le Moniteur Algérien, après avoir cité diver
ses circonstances déjà connues, termine ainsi :
« Ainsi sont rortis do captivité ces prisonniers,
dont le sort inspirait' à toute la France une sollici
tude bien justifiée. Nous avons échappé à la né
cessité pénible que l'humanité seule pouvait nous
faire subir, do traiter de leur échange avec un adver
saire barbare, couvert du sang de trois cents de nos
•soldats lâchement assassinés, cet adversaire a été ré
duit à les vendre à un gouverneur étrangèr, et à lais
ser dans nos prisons ses plus fidèles amis Sa conduite,
déjà pub'iée dans une grandef partie de la province
d'Oran, y soulève l'indignation de tous les musulmans;
nul doute que ce honteux marché fie contribue" plus
que la' longue série de ses défaites à lui faire perdre
l'affection des populations qui se sont si longtemps
sacrifiées à sa cause, _.
i » On fait beaucoup de suppositions relativement à
la mission dont est chargé l'agha Cada-ben-Oàmann.
.Nous ne savons rien qui nous parmette de deviser ce
qu'elle peut ôtre. II.ne pourra rejoindre M. le maré
chal avant son arrivée à Oran, qui n'aura lieu que
dans plusieurs jours. » ■
Intérieur.
' PARIS, 8 DÉCEMBRE.
Une mesure qu'on ne^ saurait qu'approuver,
dans les circonstances actuelles, vient d'être prise
sur le rapport de M. le ministre du commerce.
Le traité de commerce et de navigation conclu,
le 26 janvier \826, entre la France et la Grande-
Bretagne, dispose que les produits de l'Asie, de
l'Afrique et de l'Amérique' importés sar navires
des deux pays, de France en Angleterre.et vice
versâ, n'y seront adnys que pour l'entrepôt ou la
réexportation. • . ■
Cette mesure, qui exclut de la consommation
française les grains apportés d'Amérique dans
les entrepôts anglais, par navires américains,
pourrait mettre obstacle à nos approvisionnemens
en céréales. Le ministre a donc pensé qu'il y avait
lieu à la suspendre provisoirement, et une ordon
nance royale du 7 décembré, rendue sur son rap
port, dispose qu'il partir de Ja promulgation ae
cette ordonnance, les grains e^ farines provenant
d'Amérique, qui seront importés soit par : navire9
français, soit par navires Dritanniques. des ports
du Royaume -Uni, pourront être admis, jusqu'à
nouvel ordre, en France, pour la consommation.
—"Une ordonnance royale da 30 décembre por
te le corpsroyal de génie maritime à l'eflectif ci-'
après : . ~
\ inspecteur général.,
■ . 6 directeurs des constructions navales,
,.'48 ingénieurs de 4" clause,
18 ingénieurs de 2° classe, '
22 sous-ingénieurs deM " classe.,
. . 22 sous-ingénieurs de 2 e classs,
42 souS-ingéûieu/s de 3 e classe.
Total. .99 - ' . >
; Le nombre des élèves à recevoir ^ l'école d'ap J
plication du génie- maritime sèù réglé chaque
année par le ministre de la marine et des co
lonies, d'après les besoins du servjce.
—MM. les élèves de l'Ecole Polytechniquedont
les noms sui vent ont été admis danst le service
des lignes télégraphiques,-k la date du 1" novem~
bre 4846, en qualité d'élèves inspecteurs du lélér
graphe : Pradmes , Blavier , Jolv, Raybaud) et
Bourdon. " ' > " -
— D'après les dernières nouvelles de Vienne,
le prince de Metlernich se trouve depuis quelques
semaines dans uû état de santé très critique; une
exçitalion fiévreuse;' qui succède à une grande
atonie, empêche le prmee de se mettre au lit et
le force de passer les'nuits assis-dans un fauteuil ;
dans ces momens, on l'entend dire qu'il" ne quit
tera plus le lit une fois qu'il s : y sera'mfë. Le comte
de Munch-Bellinghausen, qui jouit de toute la
confiance du' prince, passe non-seulement une
grande partie du jour, mais aussi une partie delà
nuit près de l'illustre malade. (Gaz. ae Cologne.)
— Sous la date de Berlin, le 3 décembre, la.
Gazette des Postes, de Francfort, publie les obser
vations suivantes
« Les journaux français disent que, par l'événe
ment de Cracovie, la France ne sera plus liée far leî-
s'ipulations du congrès de Vienne, et qu'elle pourra,
en conséquence, relever les fortifications do Hunin-
gue; mais, on oublie que 1 iMpuvrages de Uuningue
avaiett été rasés au mois de septembre. 1815. Ainsi "
h Fiance ne pouvait s ; ergager envers le congrès de '
Vienno à ne pas les rétablir. Cela n'a eii lieu qu'à la
seconderais de Paris, le 20 novembre 4845. Cette
seconda paix de Paris n'a rien de commun avec l'acte
du congrès de Viervne, et est toat-à-fait étrangère ,
aux allai! es de Cracovie. » >. ;
— Ce n'est point sur,M." de Peyron ,, mais sur le
comte de Ilorn,- qu'a fait feu l'insensé qui s'était'
introduit dacs le palais duroi de Suède. La feuille
du soir, publiée le 27 novembre à Stockhplm, pu
blie le récit suivant de celte affaire : - ,
,« Avant de. se rendra à la résidence royale , Platen;
passa une deai-heure dans un café, .où-il se fit servir
des rafraîchifcemens. Au moment où il tira le pistolet;
contre M. de Ilorn , il s'écria d'une voix de stentor :
< Je suisle prince Gustave de Bourbon I » M. de Ilorn
a eu la figure noircie par la.poudre ; et une partie âa
ses cheveux ont été brûlés. Immédiatement après avoir
iâché le coup , Platen jeta à terre son pistolet et tira
de sa poche un grand couteau. Dans ce moment m£me <
le roi, qui avait entendu la détonation du pistolet,
Êarut à la porte de son appartement, tenarçt son sa-'
re'à la main. S. M. ordonna sux soldats de la garde .
d'arrêter Platen. Trois, de ces militaires's'approchè
rent de cet individu , qui. se mit en devoir de se dé- ,
fendre avec le couteau ;'mais un quatrième soldat le
frappa sur le bras avec la baguette de son fusil ,'cn
qui fit que Platen laissa tomber le couteau, et il fut
• aussitôt arrêté. ■ . : .
» Platen fut conduit dans le cabinet du directeur de
s la police do Stockholm, et là on le fouilla. On trouva ;
■ dans ses poches une boîte de poudre de : guerre très !
fine,.unel)oîte-de capsules, une boîte de-menu plomb,
un couteau pliant, une lorgnette" d'opéra, un pjtitsac
en peau, contenant quatre cachets en cire rouge, porr
tant chacun l'.empreinte d'une aigle à deux têtes, et qui
semblait avoir été faite avec une monnaie de cuivre \
russe de deux copeks, puis plusieurs autres, objets,,
tels qu'un étui à aiguilles,-un dé à coudre, une paire
de petits ciseaux, des bouts de rubans, un cornet de
bonbons, etc., etc: ■: * .
• » Dans , son logement, oft n'a trouvé d'autres pa
piers quo son passeport, délivré à Westeras, ..d'où il
était venu directement à Stockholm ; une espèce do
protestation-contre sa détention ^dans l'hospice des '.
aliénés à Danwick, pièce écrite par lui-même partie
en français et partie en suédois, et commençant ainsi : -
* Nous, Gustave, prince pour Bourbon (sic), prince
du Saint-Empire d'Allemagne, etc.»; un petit diction-.
naire suédois-français, pareillement écrit da sa main,
et où il y a des fautes d'orthographe dans la plupart
des mois des deux langues, enfin le portrait lithogra-
phié de Charles -X, dont il croyait, pu du moins ss
disait avoir été le proche parent. > - '
» Platen est né en '4822, etilest par conséquent
âgé de vingt-quatre ans. Pendant qu'il était au ser
vice militaire; et jusqu'à,ce,qu'il se manifestât-che/
lui des symptômes d'alicnation mentalo, il amené une
vie exemplaire, et il remplissait tous.ses devoirs avec..
une rigoureuse exactitude.' •
. - «,11a été transféré à l'hôpital des fous de Stock-'
liolm.» ■ , ' '
— Les jeux publics viennent d'être supprimés
aux bains de Lucques et aux bains de merde
Viareggio, par un décret récent-du due de Lucques.
— Lé hussard Testard, qui vient d'être délivré-
des mains des Arabes, est ce cavalier qui, dans la
, mêlée de Sidi-Brahim, donna son cheval : à son
commandant démonté. lia dû trouver à Tlemcen
la croix qui l'attend. ' • . ».
— Nous avons parlé d'un double assassinat
commis à Alby sur la personne de deux filles pu
bliques. L'assassin a été découvert et arrêté ; mais*
il a mis fin à ses jours par le suicide. Voici les '
détails donnés à. ce sujet par la Gazette des Tri~
bunaux :
« Le meurtrier avait laissé dans la chambre où le
crime avait été commis une chemise d'homme cou-
' verte de sang. M. le procureur da Roi remarqua:que -
cette chemise était neuve et n'avait jamais été lavée. :
Celte chemise avait donc, suivant toute probabilité,
été achetée à Alby peu de temps avant l'assassinat.
Aussitôt il fait comparaître au parquet tous les mar
chands de' chemises confectionnées. Une marchande,
fort brave femme et très intelligente, en voyant.cette <
chemise, commence à diro : «C'est la coupe.et la lon
gueur des chemises que je confectionne; je pourrais
cependant me tromper ; mais je me rappelle que,' le :
23 novembre, j'ai vendu à un militaire. qni était tam.»
bour qu musicien, une chemise avec quelques défauts '-
que je vais yous signaler"; et si celle que.vous me pré- t.-
sentez porte cesdéfauts, évidemment c'estelle.,» Aussitôt ' ;
elle dit'qu'une couture de la manche a été faite au re
bours par une jeune ouvrière ; qu'il y a à cette même
manche un ajouté fait avec de la toile 'différente ; et
qu'enfin la" jeune ouvrière n'ayant fait qu'une bou
tonnière au devant de la chemise, elle a été obligée
d'en ajouter-une autre faite par elle-même, et mieux
confectionnée que celle de l'ouvrière. Aprè3 ces indi
cations données, on examine la chemise ensanglantée,
et tout ce qu'avait annoncé la marchande ee vérifie
parfaitement. C'est donc celui qui avait acheté.la che
mise qui était l'assassin. La marchande ajoute que'CÔ
\ tambour ou musicien lui avait dit é.re logé chez Gesse,
aubergiste.Ce dernier, mandé au parqcot, dépose que,
le 23 novembre, un tamboïr, qu'il ne connaît pas par
son nom, re;irédu service, était arrivé chez lui; qu-'il
y était resté jusqu'au 27 au matin; que cojour il était
sorti, et n'était rentré à l'auberge qu'à onze heures
dufôir; qu'il avait b-J un coup; s'était retiré! annon-
çani qu'il repartait. C'est dans cette xuit que fut com
mis l'assagsiuat. Quel était ce tambour? Uu honnête
ouvrier se présente, et' dit à M. le procureur du Koi
' qu'il connaît cet homme poi:r avoir-servi dans le 9 e
léger; qu'il se nommait .Carcasses, et qu'il résidait
habituellement à Puylaurens, chef-iieu de canton da,
département'du Tarn. .
> Une autre preuve a é é fournie à la justice. Un
..clairon du 2I« léger, en garnison à Alby, encourant
le risque d'être puni par ses chefs, est' venu dire que
dans la nuit de l'assassinat il s'était échappé, do la ca
serne à une heure et demi-^ peur alîer voir une des
filles assassinées, qu'arrivé à leur domicile on lui ou
vrit la porte, et qu'une d'elles lui dit qu'il ng-pouvait
'pas entrer;'que le tambour qu'il avait vu l'autre jour
était avec elles deux et devait passer la nuit dans leur
chambre.. Sur cette observation, le clairon se retire; le
lendcfmain on trouvait ces deux malheureuses assas-
tinées.,
» M. le procureur du Roi envoie aussitôt une com
mission rogatoire au juge d'instruction dp Lavaur
pour se transporter de suite, à Puylaurens et arrêter
Carcassès, visiter ses habits et sa personne, et lui faire
subir un- interrogatoire pour,qu'il eût à rendre cçmpte
de l'emploi de son-temps pendant la nuit du 27 au 28 "
novembre;-, le.mardi, 1" décembre, le juge d instruc-
tion de Lavaur se transporte à Puylaurens et parvient
à faire opérer l'arrestation de Carcassès.'On constate
que l'une de ses bottes est tachée de sang, il est en
possession d'une somme de 345 francs èt de quelques
foulard* à; la marque des victimes ; il refuse de répon
dre à l'interrogatoire. Jamais preuve plus complète
d'un grand crime ne" fut acquise à la justice. Les gen-
, darmesenferment seus clé Carcassès; mais ils com
mettent l'imprudence de le laisser seul, au lieu de Je
garder â vue comme l'avait recommandé M. le procu
reur du. Roi. Dans la : nuit, le coupable, bien qu'il
eût les menottes aux mains, s'est pendu avec un fou
lard. »
' ; — M. le régisseur-général des mines d'Anzin
vient de mettre à la disposition de M. le maire de
Valenciennes 4,000 hectolitres de charbon, pour
être distribués aux pauvres.
, —Un meurtre , auquel on assigne une cause
bien bizarre, vient d'être commis aux environs de
Carpentras. Le nommé Bremond, cultivateur, de
meurant dans la commune de Mazan, a été assas
siné en plein jour , au moyen de deux coups de
fusil, tires à bout portant, au milieu d'un cnàmp.
L'assassin, après son crime, s'est emparé du fusil
à deux coups de sa victime et des munitions de
châsse qu'elle avait dans ses poches, laissant au-
Erès d'elle, déchargé, le fusil dont il s'était servi.
l 'auteur de cet attentat est un jeuce homme
âgé dé quatorze ans au plus, assez mauvais sujet,
qui se livre Marchasse avec passion; êt d'après le
bruit général, son crime n'a eu pour motif que de'
s'emparèr du fusil et des munitions de chasse du
malheureux Brémond. Le fusil laissé auprès du
cadavre a été reconnu appartenirau jeune homme
que l'on accuse du meurtre. Un mandat de jus
tice a'été décerné contre lui. .
-^•Aujourd'hui a eu lieu, à l'Ecole Militaire,
l'exécution des iugémens rendus devant les con-
seils'dë guerre delà première division. Parmi les
condamnés conduits à là parade, se trouvait le
nommé Cordonnierj soldat au 45 e de ligne, contre
lequel le deuxième conseil de; guerre a prononcé
la peine de mort, pour désertion après grâce. Cette
peine a été commuée par le Roi en deux années
de la .peine des travaux publics. Cordonnier por
tait l'uniforme des ateliers où il doit subir sa
peine. ■ ;
— Les obsèques de M. le lieutenant-général
comte Roguet", pair de France, grand'eroix de la
Légion-d'Honneur, auront lieu en l'église de la
Madeleine, aujourd'hui mercredi .9 du .courant, à
onze heures du matin. Les personnes qui n'ont pas
reçu de lettres défaire part, sont priées déconsi
dérer le présent avis comme une invitation. On se
réunira a la maison mortuaire, rue Tronchet, 4.—
v —La représentation au bénéfice des"inoncTés de
là Loire donnée au théâtre Italien à été très-bril
lante, et la recette s'est éleyée îi 12,350 fr. •
L'administration des hospices prétend considé-
i rer cette soirée comme un côntfert èt'veut préle-
; ver un huitième sur la recette -, la-direction, pre-
nant en main la défense de^ malheureux qu'elle
! a voula soulager, croit ne devoir qu'un onzième
comme pour les représentations ordinaires du
théâtre . Les tribunaux seront appelés, U trancher
cette difficulté. v ,
— Demain jeudi, le Vaudeville'donnera une
brillante représentation au bénéfice de Mme Do-
che. —Programme : l'Homme qui se cherche, avec
Félix ; Un Duel au pavé, Scène comique par Hya-
cinte, Alcidé-Tousez et Ravel ; Capitaine de Vo
leurs, avecArnal, Leclère, Amant et Mme Doche;
les Epoux Gluau, quereller chorégraphique en
deux tableaux, jouée par .Grassot, Bardou, Le-
clère et Mlle Juliette. Une grande soirée d'artis
tes, composée de chant, de musique et de danse,
et dans- laquelle paraîtront tous les comiques'de
Paris. Chansonnettes; par A. Hoffmann et Mlle,
Berlhault; la Garde.~Maldde, par les-artistes du'
Pa'àis-Royal ; solo de violon, par Montaubry ; solo
de flûte, par llémusat ; ét la Vendetta, par les a--
tistes des Variétés'. — ' . ■ t -
— Le libraire Furne dont le catalogue s'accioît
et s'illustre chaque'année voit tous des jours s'aug
menter encore la réputation que lt}i a acqiîftjja
publication de ses beaux et bons livres. Les histo
riens, les littérateurs, les poètes les plus illustres
de la France y ont droit de çité, et v de célèbres
hôtes étrangers y ont trouvé'un- glorieux asile. Les
merveilleuses gravures de la Sainte-Bible, éditée
par M. Fume, ont eu un tél retentissement, qu'il
es! inutile d'insister sur leur rare mérite, et l'on
peut affirmer qu'a jeun livre ne saurait recevoir
une illustration plus splendide. La perfection des
gravures est, du reste, chose ordinaire à la mai
son Furne, et si l'on y ajoiite la haute valeùr des
ouvrages, leur luxe matériel et cependant la mo
dicité de leur prix, on comprendra la réputation
populaire et européenne de cette librairie et l'em-'
E ressentent dont elle est l'objet de la part du pu-
lic. Toutes les gloires, toutes les grandeurs y ont
leur place. La Bible avec ses saintes et grandes
épopées; YImitation de Jésus-Christ et ses divi
nes consolations \Bossuet, l'ardente éloquence;
Thiers, avec sa Révolution si précise, si 'claire;
Norvins e t nos gloires ; le Mémorial de Sainte-
Hélène et la longue agonie du géant du siècle; les
fouilles ingénieuses d'Augustin Thierry dans les
entrailles de notre histoire ; les drames attachais
.et colorés de Barante; Voltaire et Rousseau, les
deux grandes figures du XVIII 0 ,siècle, les splen
deurs sans rivales de notre scène : CorneiUe, Ra
cine, Molière ; Buffon, l'élégant écrivain, l'ingé
nieux et intéressant naturaliste, et puis nos deux
grands poètes modernes, Victor Hugo et Lamar
tine-, un romancier qui ne périra pas, Balzac vt sa
grande œuvre; le hardi Byron; lValter Scott -, le
conteur et l'entrai liant Cooper. Voilà ce que nous
apercevons dans ce coup (Tœil rapide, jeté à vol
d'oiseau, sur ce riche catalogue..—, •
; . : . ■ •UBt ; 0-8 g-- i ' ' .
COUR D'ASSISES "DE LA SEINE.
Audience du 8 décepibre.
vofc domestique. — détails curieux. — inci-
. dent. ■
L'accusé Etienne Dubois, qui comparaît aujourd'hui
sur lo banc de la cour d'assises, est inculpé de nom
breux vols domestiques. Yoici dans quelles circons
tances il a été dénoncé et arrêté. -
Le 4 juillet dernier, Dubois quittait la'maison des»,
époux Dolléans, commissionnaires. en marchandises à
■Bercy, étil arrivait avec armes et bagages chez un de
ses compatriotes, le nommé Ducom, cocher à Bellevil-
le. Si nous disons avec armes et bagages, c'est qu'au
milieu des nombreui effets mobiliers qui remplissaient
les malles de Dubois, se trouvaient, une paire de- pisr»
tolets et un poignard. Il déballa ses malles devant les
épcfUx'Ducom, étonnés de toutes les richesses dont
Dubois se plaisait'à faite un pompeux étalage.
■Le» honnêtes époux Dûcom écarqtiillaie'nt les yeux,
mais bientôt leur figure' se rembrunit et leur, regard
devint plus sérieux. « Ceci, disait Dubois, est.la clé de
la cave de mes anciens maîtres, excellente cave....
croyez-moi, car je suis un-connaisseur ! Voici encore
la clé de la porte cochère, qui me donne la facilité de
pouvoir entrer,k toute heure, dans leur maison. Et
quant à celle'- ci, ajouta-t-il à voix basse, en montrant
une plus petite clé, c'est la clé delà chambre du com
mis-caissier... Voilà aussi des pistolets et un poignard.
Duncom; mon ami, nous ea reparlerons plus tard en-,
semble. > _
l Et le;soir même, en effet, Dubois prenait Ducom a
part et lui proposait de commettre avec lui un vol au
préjudice de ses ancien*maîtres.
'Le cocher de'fiacre est-le type de la .fidélité et de
la probité,- aussi Ducom.nV point faibli à l'honneur
Eroverbial de sa. profession. Il refasa la proposition ;
ien plus, ils'empressa d'en prévenir le commissaire de
■ police. ; - '■' -
. : -Une souricière fut établie; mais Dubois ne parut
pas ^néanmoins on l'arrêta et l'on fit une perquisition'
'dans ses effets. Ses explications sur. l'origine de tous
les objets qu'on découvrit dans ses malles,furent em
barrassées etl'on eut bientôt-là conviction quo la plu
part de ces/objets avait-été dérobés soit chez M. Du-
brunfaut, soit chez M. Chastain, soit chez M. Dolléans,
tous ses anciens maîtres. ".
! C'est , au sujet de-ces vols qu'il a été traduit de
vant là cour d assises.
iD. -Indépendamment des objets qui appartiennent
aux époux' Dolléans, et sur lesquels vous entendrez
tout-à-l'heure'les témoins, dit M. le président à l'ac
cusé,on a trouvé en votre possession différens ouvra
ges classiques : une Mythologie, une ' Géographie,
une Géométrie, etc. — R. C'est vrai, Monsieur, je les
avais achetés sur le quai. - ; ■
D. Mais une Géométrie, à quel usage ? On compren
drait que vous achetiez un livre d'arithmétique.-r- R.
Dam...-Monsieur, j'aime àm'instruite.
D. Et la Mythologid, c'est aussi dans le même but?
— R. Oui, Monsieur ; moi j'aime les sciencfs , c'est
pour cela que je l'ai achetée.
- D. Ce,qui rend encore plus inadmissible votre pré-.
tention,- c'est que le nom ou le surnom de l'élève do la
pension de M. Chastaing.pù vous étiez domestique, se
trouve inscrit sur le premier feuillet.
En effet, sur ce livre quelque.peu maculé d'encre,
on lit très distinctement écrits, ces mots : Ex libris.
Casfe-Mojou junior.
• L'accusé.—Il est très possible quo l'élève l'ait ven
du au bouquiniste à qui'je l'ai acheté. -
D. Expliquez-nous, maintenant l'origine des produits
chimiques que-la perquisition a constatés parmi vos
effets. Nd les avez-vous pas dérobés à l'époque où
vous étiez domestique chez M.Debrunfaut?—R. Non,
Monsieur. Le prussiate de potasse "coûte 46 sous le li
tre, vous comprenez que çà n'aurait pas valu la peine
d'être volé ; quant aux cristaux de soude,' jevoulais les
proposer comme échantillons et arriver ensuite a obte
nir de l'ouvrage dans la partie.
D. EU'aréomètre, et le thermomètre, et la cornue ?
— R. Je veulais faire des expériences physiques ;
j'aime'la science! -,
D. Ainsi, vous iiiez tous ces vols. Niez-vous aussi
les vols àu préjudice des époux Dolléans?— R. Je suis
innocent.
M. le président.— Eh bien!- vous allez entendre les
témoins.
Mme Dolléans s'approche.
D. Quel était le caractère dp l'accusé? — R. Il était
un peu ivrogne; mais surtout menteur, épouranlable-
ment menteur (on rit). Il était aussi pas mal voleur I
.D. Saviez-vous qu'il eût,de doubles clés de votre
,cave et de votre caisse?—R. Oh! bien certainement
non, nous n'en savions rien. '
D-Quels sont les objets, qui sont ici déposés, que
vous reconnaissez -comme vous ayant, appartenu ?
Le-témoin.—Oh! d'abord mon album, c'est un sou
venir de jeunesse; j'y tenais beaucoup.
, L 'accusé, r— Ah I bien ! joliment... je l'ai trouvé au
grenier, dans une vieille corbeille avec de3 feuille
tons. ■ . *
Le témoin. —Ah! par exemple, mes feuilletons et
mon album relégués,au grenier... jamais!
M. le président. — Quo reconnaissez-vous encore?
— R. Cette épingle en brillans, ces deux volumes de
Racine,-les œuvres d'Homère, les Aventures de Robin-
son Crusoé; ces ouvrages appartenaient à ma mère,' et'
puis encore cet autre ouvrage que vous connaissez,
vous, Messieurs, le Code civil.*. (On rit.) '
M. l'avocat général Jallon, à l'accusé. —yous eus
siez mieux fait de prendre un Code pénal ! (Hilarité.) -
Mme Dolléans se retire.
Le témoin Ducom s'avance à son tour.
Il-déclare que l'accusé est arrivé chez lui avec ses
malles pleines d'objets de toute sorte; il a vu les pis
tolets et le. poignard. .
M. i'avocat-général Jallon. — Voyons ces pistolets.
• M. le président. — Ils sont, je crois, "chargés à
balle.
M. I'avocat-général: —Je ne le pensa pas; le com
missaire de police a dû les débourrer.
Le garçon les cherche au milieu des paquets de
linge qui se trouvenj sur la table." « Ahl les voici, en
veloppés-dans ce mouchoir de coton. »
Un des jurés. — Du coton!... Prenez garde! ( Moût
vement.) 1 -
Néanmoins, -M. I'avocat-général les prend et • lej
examine avec intrépidité. >
Ducom continuait sa déposition. — Quand Dubois
m'eut montré les clés, il me dit : « Le commis-caissier
a.dans ce moment 7, à 8,000 fr., si tu veux, nous fe
rons le coup ensemble. »
M. le président, -r- Qu'avez-vous à dire à cela?
-L'accusé. —Monsieur, c'est faux. A quoi d'ailleurs
m'aurait servi la clé de la chambre du commis ; ce
lui-ci n'avait son argent dans sa chambre quo lors
qu'il y était ; le reste du temps l'argent était dans la
caisse. 1 •
. Un des jurés. — C'eût été alors le cas de se servir
de ce bon couteau... . - , -
Le défenseur se levant précipitamment. — 1 Je de
mande acte à la cour des paroles qui viennent d'être,
prononcées .par un de MM. les jurés, et qui contien
nent une manifestation évidemment-hostile à la dé
fense. (Mouvement au banc des jurés.)
M. le président.'— Quels sont ces paroles ? Voyons,
M. le juré a-t-jl voulu faire unç question au témoin,
ou a-t-il en éffef prononcé une observation contraire
aux intérêts de la défense ?
Le juré, se levant c — On m'a, jé crois , mal com
pris; c'est une question que j'adressaisau témoin; je
voulais demander si, après la proposition de vol, l'ac
cusé ne lui aurait pas pailé d'avoir recours à son poi
gnard ouà.ses pistolets en cas d'obstacle. -,
i M. le président. — Défenseur, persistez-vous dans
v03 conclusions, et voulez-vous demander le renvoi à
une autre session?
! Le-défenseur, .après avoir conféré un instant avec
j'accusâ. — Non, Monsieur le président, nous passe
rons outre. . '
i Après les dépositions, achevées, M. I'avocat-général
Jallon a la parola. Il soutient l'accusation, tout en dé
clarant ne pas s'opposer à l'admission des circonstan
ces atténuantes! . , ■ '*
M" Aubin présente la défense.
■ Après une courte délibération, le jury rend un ver
dict de culpabilité sur les vols-au -préjudice des époux
Dolléans ; il admet des circonstances atténuantes.
Dubois est condamhé à trois ans d'emprisonnement.
Nous donnerons demain un Supplément-qui
nous permet de publier deux N os de Bibliothèqae
Choisie, continuant le roman_deLATRÉAUMONT,
par Eugène Sue.
Le Gérant, eu. aierruau.
Imprimerie de boniface , rue des Bons-Enfans, M. 19.
— 270,—
EUGÈNE SUE.
une invincible répugnance à me vêtir des hàbils posés sur
mon lit,s habits volés, sans doute... Pourtant, que faire? La
seule pensée, de rester dans eette maison m'effrayait. J'es
sayai de retrouver mes haillons, en vain je les cherchai parmi
les objets dont la chambre était encombrée. Je vis là, une
réunion des objets les plus hétérogènes : des rideaux de soie,
des pendules, des chaussures, des morceaux d'étoffes, 'des
habits tout neufs, des châles de femme, des armes anciennes,
des douzaines de bas de soie en paquet, des bouteilles de vin.
ou de liqueur soigneusement cachetées, des statuettes d'i
voire ou dé bronze qui me parurent d'uji précieux travail,
du linge d£ toute espèce, et je ne sais combien de petites
caisses de cigares étiquetées d'une adresse en langue espa
gnole, tous objets entassés au hasard. Ce rapide inventaire
augmenta mes frayeurs; ces objets devaient être Je résultât
dë vols nombreux, dont le cul-de-jatte était complice- ou rece
leur, je voulais à tout prix fuir cette maison, au risque de
me couvrir d'habits d'emprunt. Malheureusement la porte
était solide et solidement fermée à double tour... <
Bientôt j'entendis ouvrir la porte.extérieure du corridor,
des pas pesans s'approchèrent, l'on frappa à la porte d'une
façon particulière.
Je restai muet, immobile.
On frappa de nouveau et de la même manière... puis, après
quelques minutes d'intervalle, je distinguai iin léger bruis
sement sous la plinthe de la porte, et du dehors l'on poussa
dans la chambre un petit papier à l'aide d'une lame de cou.-
teau longue et acérée; ■ après quoi les pas s'éloignèrent, la
porte du corridor se referma.
Je jetai les yeux sur le papier que l'on venait d'introduire
par .dessous la porte ; il était plié en deux,; je le.ramassai, je
l'ouvris, j'y lus seulement ces mots écrits au crayon, avec
cette orthographe :
— Demin; — 1 heure du matin — on atand... cai prai.
Après un moment d'hésitation, je remis le papier près du
seuil de la porte; il s'agissait sans doute de quelque coupa
ble rendez-vous. 4
Ce,nouvel incident redoublait encore mon désir.de fuir
cette demeure. Afin d'être prêt à tout événement, je revêtis,
malgré ma répugnance, ces habits qui ne m'appartenaient
pas; j'ouvris ensuite la fenêtre en la débarrassant des objets
qui l'obstruaient. Elle donnait, sur une cour, et était élevée
au-dessus du sol d'au moins vingt-qnq ou trente pieds. Au
cune fuite n'était, quant à cette heure, praticable dé ce côté.
. Après quelques momens de réflexion', je m'arrêtai à une
détermination violente : d&s que le, cul-de-jatte ouvrirait la
porte, je me précipiterais sur lui, , et, malgré les vives dou
leurs que-je ressentais encore, suites de la rixe de la veille, je
' comptais assez sur ma résolution et sur mon agilité pour sor
tir de cette chambre .de gré ou de force. ■
Acctînstantmême des p'as résonnèrent dans le corridor. ..
je m'armai de courage... prêt à m'élancer dès que le cul-de-
jatte ouvrirait la porte, mais quelle fut ma stupeur en enten
dant uné voix, un chant, des paroles trop connues de moi 1
Cette voix était^.celle de la Levrasse.
Il fredpnnait Jes paroles de la Belle Bourbonnaise, air que
le saltimbanque aimait de prédilection...
Tout en chantant, il frappa à la porte, absolument comme,
ayait.Séjà" frappé le visiteur précédent, avant de glisser sous;
lé porte le billet dont j'ai parlé. - .
N'obtenant aucune réponse, la"Levrasse suspendit un mo
ment sa chanson et frappa de nouveau... puis une autre
fois encore avec impatience... alors, convaincu sans doute
de f absence du cul-de-jatte, mon ancien maître s'éloigna en
répétant son refrain favori. ,
Cette reocontre inattendue me frappa de stupeur; mais je ne
fus nullement étonné des rapports qui pouvaient exister en
tre la Levrasse et le cul-d,e-jatte-, tous deux si bien faits pour
s'entendre; l 'aversioa que m'inspirait l'ancien bourreau
de mon enfance échappé sans doute à l'incendie de sa Toi
ture, allumé par Bamboche, m'était un nouveau^ motif de
fuir cette demeure, craignant à chaque instant une descente
de la police; dans ce cas, malgré mes protestations, je de
vais, aux yeux: les : moins prévenus, passer pour le complice
du cul-de-jattè et être jeté en prison comme voleur, quitte à
prouver plus tard mon innocence.., Cet avenir me paraissait
bien autrement redoutable que d'être arrêté pour fait de va-
gabondagé... .
. De pliîs en plus déterminé à user de la force pour si»rtir,
jé pris, à tout hasard, parmi les'armes anciennes, une espèce
de masse en fer damasquiné, moins pour en frapper le cul-
de-jàtte, que pour l 'intimi'der én cas de menaces ou de ré
sistance de sa part.
. J'étais encore baissé vers l'amas d'armes que je venais de
bruyamment déranger, pour y choisir la masse de fer, lors
que une main s'appuya sur mon épaulé; je tressaillis si vi
vement... (faisant presque facëàla porte, j'étais bien certain
qu'on" ne l'avait pas ouverte) qu'en mé retournàht, la massé
de fer me tomba des mains.. . ' ,
Je vis le cul-de-jatte debout derrière moi. Il venait d'en
trer, nôn par la porte donnant sur le corridor, mais par un
placarfi pratiqué dans une cloison,, dont je ne Soupçonnais
pas l'existence; la demeure du bandit avait deux issues.
— 271 —
MARTIN L'ENFANT TROUVÉ.
Ainsi échouait mon projet de fuite de vive force à la faveur
de la porte entre ouverte. * '
, — A la bonne heure~ — me dit le cul-de-jalte, en fesant
allusion à mes 1 habits,—te voilât mis comme un seigneur.
Après un moment de silence, je répondis : •
—^ Vous' nq voulez pas me rendre les vêtemens que je
portais? • -
Tu te plains peut-être de l'échange?
Oui. car ces vêtemens sont volés sans doute, comme
tous les objets qui sont dans cette chambre.
— As-tu déjeûné? — dit le bandit en regardant sur la
chaise; — non? allons, mange un morceau, nous cause
rons...; Je t'ai fait du feu, je t'ai préparé ton déjeùner.
Bamboche ne t'aurait pas mieux traité, -i
-r™ 1 Une dernière fpis, je vous démande de me rendre mes
habits et de me laisser sortir d'ici... de bon gré...
Au lieu de me répondre^ le cul-de-jatte se baissa, ramassa
le billet, le lut, le déchira et me dit : -
— Je savais ça. J'ai rencontre le camarade qui revenait
d'ici... Tu as lu ce billet?
— Je vous dis "que je veux mes habits, et que je Yeux sor-
tird'ici .. . -
— Calme-toi... et écoute-moi... Si tu veux être bon gar
çon, voilà ce que je te proposé. . . Je t'installerai dans deux
petites chambres gentiment meublées: Tu n'es déjà pas mal
vêtu. Je te nipperai complètement.'Un traiteur t'apportera,
tous les jolirs à manger; je iie veux pas que tu aies d'argent
eh poche dans les premier^ temps... Plus tard, si tu vas
bien... tu en auras. je .t'en réponds.
' —Et en échange, de ces bienfaits, — dis-je ■ au cul-de-
jatte avec un sourire amer, qu'attendez-vous de moi ?..
— Trois ou quatre heures de ton temps chaque jûur, pas
davantage ; le reste de la journée. .. tu flâneras. .. tu feras ce
que tu voudras... . - •
— Et ce temps? àquoi i'emploierai-je? -
— Je t'ai dit' que-j'avais besoin'd'un commis ? tu seras
mon commis.
— Votre commis?
<— Ecoute : jouons cartes sur table... depuis une huitaine,
je vais sur le port et ailleurs... afin de trouver quelqu'un qui
me convienae, je n'ai pas de chance... toutes figures, qui,
rien qu'à la mine, mettraient en arrêt les limiers àe police...
et puis des manières 11 Toi, au contraire, tu arrives de province,
tu n'es pas connu, tu as l'air honnête,aubesoin tu es crâne... et
tu tapes dur... lu me vas donc comme un gant, pourquoi faire?
voilà : Je suis, comme tu vois, encombré de -marchandises,
j"ai des raisons.;, pour ne pas les vendre moi-même
c'est pas par fierté, parole d'honneur! je voudrais donc ve n
dre ceci, mettre cela aii Mont-de-Piété, troquer autre cho
se, etc., etc. ; mais, pour commerce^ ainsi, sans trop éveil—
.1er les soupçons, il faut avoir un domicile , êlré bien vu dans
son quartier, vivre un peu de ses rentes, voilà pourquoi je te
logerai bien, je te nipperai bien, je te.nourrirai bien. . plus
tafd tu aiiras ta commission... sur la vente... Ce que tu vois
ici n'est rien... j'ai d'autres magasins:., et.:.
. — Ah?..: vous voulez vous sérvir de moi pour vendre le
fruit de vos vols? •
— Mes marchandises, jeune homme, mes marchandises...
tu t'en occuperas d'abdrd: ' . ■ : ■ ■ ■.■■■'. -
— J'aurai donc encore d'autres fonctions?
— Plus tard<, tu iras dans certaines bonnes maisons que je
t'indiquerai, présenter des échantillons de cigares de .contre
bande... et, sous ce prétexte...
—r Sous ce prétexte? . v
t - Ah I ah 1 voilà qiie ça mord ; tu fesais le dégoûté, pour
tant. .. Eh bien I sous ce prétexte, tu me rendras de petits
services ; je te dirai lesquels.
— Voilà tout ce que vous exigerez de moi ?
■ — Pour le quart-d'jieure, oui. Quant aux garanties des
offres et des promesses que je te fais, la confiance dont je
t'honore te prouve que c'est sérieux.
: — Ecoulez-moi bien. à votre tour. Je vous connais ; vous
êtes un misérable... vous avez autrefois perdu Bamboche, et
par-mi bien dès crimes encore impunis, sans doute, vous en
avez commis un,affreux... vous avez violé une tombe il.: , *
— Ce portefeuille. . . c'est donc cela? J'avais comme une
idée,de la chose, — s'écria le bandit avec iin sourire farou
che et contraint. — Ahl tu connais celui qui m'a fait man
quer ce b~eau coup ? •
,— Celui-là, c'est moi. .. ..
, — Toi ! ' ' *' ,
— Otii, moi. J'étais enfant, alors. Je vous dis cela pour
que.vous sachiez que je ne vous crains pas, car si, étant en
fant,-je vous ai à peu près cassé la tête avec une pelle, étant
hmasse de fér. Comprenez-vous? '
— Ah! c'était toi, —murmura le bandit; rr nous parle
rons dé cela plus tard. . ' -
: —• Quand vous voudrez. ^Én attendant, yous ne me retien
drez pas de force ici. Quant à vos offres... Je mourrai de mi
sère plutôt qué de. les accepter.
— Tu sens bien, mon garçon, que je ne t'ai pas amené
dans.mon magasin sans prendre mes sûretés; à l'heure
qu'il est, tu es aussi compromis que moi : les hafôfts que tu
IiE CCMSTîTOOTORNEIi, MERCREDI 9 DECEMBRE 1810.
(pie le conseil de discipline de Fois a fait de celle
justice exceptionnelle.
Douze accusés comparaissaient devanPla ccur
d'assises de Cahors, à la suite des trou iles qu'a
expités danslacomiïiuijedeSâint-Céréla nouvelle
de l'élection de M. Calmon ïifs, à Martel. L'un dels
défenseurs, M e Beral, avocat distingué du barreau,
crut devoir exprimer celte idée que, d'après lui.
les élections avaient eu lieu sous l'influence cor
ruptrice du gouvernement. M. le président l'inier-
.rompit- en lui disant qu'il avoit -outrepassé les
droits de la défense, et que s'il ne se rétractait
pas, il inviterait le ministère publ c à prendre des
réquisitions. : ; , - ■
_ L'avocat déclara qu'il persistait dans son opi
nion; mais il pria la cour de lui permettre d'-en ré
férer, séance tenante, au conseil de discipline; La
cour accueillit cette demande. L'audience fut sus
pendue pour deux heures. A la repri e , M" Beral
se présenta, assisté du bâtonnier de l'ordre,-M 0
Emile Leroux qui, dans une allocution pleine de
convenance et de dignité ,' revendiquait pour son
confrère, au. nom du barreau .tout entier, l'exer
cice de la liberté de discussion et les droits sacrés
de la défense. "
, M® Beral a été condamni par la cour à la peine
de l'avertissement. Tous les accusés ont été ac=*
quittés par le jury. -
On écrit d'Alger, le 1 er décembre :
« Le bateau à. vapeur le Caméléon, arrivé à
Oran, le 28 novembre, après avoir touché à Té-
nès, où.il s'était rendu à la disposition'de M. Ifc
maréchal gouverneur-général, avait à son bord
MM. de Tocqueville, Lavergne et Bé:hameil, dé
putés. M. lç'maréchal avait continué par terre son
voyage vers la province d'Oran. Les trois honora
bles députés ont profité du courrier pour revenir
à-Alger,- où ils sont arrivés hier .dans l'après-
midi. M. le maréchal duc de l'Ysly était attendu à
Oran h 4ou le 2 décembre. » • j .
TJn supplément du. Moniteuralgérien fait con
naître la délivrance de M. de Cognord et de ses
compagnons d'infortune, et publie sur ce sujet
des détails qui seront encore lus avec intérêt,
après ceux que nous avons publiés.
C'est- bien par une lettre reçue du gouverneur
du préside espagnol de Melilla*, et au moment où
Ton négociait l'échange, que J'ou a appris la pos
sibilité d'obtenir la liberté de nos compatriotes au
moyen d'un, sacrifice d'argent. M. Durande, en
seigne de vaisseau, fut chargé, comme nous l'a
vons dit, de la négociation.
« M. Durande , arrivé à Melilla le 23 novembre , à
dix heures'du soir, y trouva une lettre de M. de Co
gnord, datée du 4 5,"et d'après laquelle on pouvait se
- flatlen què, d'un moment à l'autre, les prisonniers ap
paraîtraient ans enviroi\s de !a place. Cependant, que
1 de doutes encore et comment croire, lorsqu'on connaît
le dévoûment absolu de certains serviteurs de l'émir , x
' que toute cette conspiration pût ôtre conduite-à son
insu? D'un, autre côtéj comment admettre que'cet
homme, entouré'de tant de prestige, et qui avait re
cherché avec tant d'opiniâtreté un échange public et
officiel, abandonnâtes amis captifs qu'il avait récla
més avec une certaine'hauteur, pour vendre honteu
sement ses prisonniers, gage unique de leur déli
vrance?
» C'est cependant ce^-qui vient d'avoir lieu t au
grand détriment de fa cause et de sa renommée.
t Nous avons raconté dans .ce journal comment'le
sultan exilé, après avoir échoué dans ses "tentatives de
soulèvement en Algérie, trouvant notre frontière trop
bien gardée pour entreprendre, à portée de nos co
lonnes, quelqu'une des razzias qui l'ont fait vivre jus
qu'ici, s'était rabattu sans scrupule sur les tribus du
Sahara marocain. — Nous avons ditque cette course
. avait été peu productive--, pous ne savions que la moitié
de la vérité : ii paraît certain que le khafifa Bou-Ham-
med', chargé de ramener les prises, avait été attaqué
en chemin par les Alafs, avait tout perdu, tt s'était
péniblement réfugié' à la deïra, en hissant Une ving
taine de morts sur son chemin. C'est à la suitejde cet
échec que l'émir aux abois, compromis vis-à-vis-d'une
fraction importante.de3 populations marocaines,- a tout
à coup délaissé la négociation officielle et pris le. parti
de faire argent de ses prisonniers.
• Le 25 novembre, à la pointe du jour; le taleb Si-
Moktar au service de l'émir , apporta une lettre par
laquelle M. de Cggnord faisait connaître que les pri
sonniers avaient passé la nuit à quatre heures do
marche de Melilla , et que, danB la matinée , un grand
' feu allumé sur le bord de' la mer désignerait le point
ou il faudrait se diriger,
» Le feu fut aperçu à sept heures du matin, à qua
tre lieues environ dans l'est de la place. Une forte
chaloupe bien armée et dans laquelle montèrent MM.
dou"Louis de Copa, adjudant de la 4>lace dé Melilla ,
et Durande, ce dernier, déguisé, courut san» perdre
de_ tompâ sur le signal. A midi et demi, un premier
troupe de cavaliers, bientôt suivis d'une centaine
'autres, fut aperçu ; une troupe d'environ deux cent
cinquante fantassins réguliers parut ensuite; on dis
tinguait au moyen d'une longue vue quelques unifor
mes français. Il n l y avait dcfac plusde doute, etM. Du
rande,; au milieu d'une émotion vivement partagée par
l 'équipage espagnol, s'occupa des .'dernières, mesures à
prendre. . < '
» Une barque légère, apportée sur la grande cha- -
loupe, servi'» à entreren communication avec la troupe
aiabo. Il fut convenu qu'au préalable, l'un-des prison
niers et un personnage désigné'par le chef, se ren
draient à bord de - ia chaloupe r-eslée au large, afind'y
constater la présence do l'argent promis.
» Cet envoyé s 'acquitta minutieusement de sa mis-:
sion, il -fut ensuite. reconduit à terre et la baïqoo ra
mena à bord neuf (les prisonniers, dus Cufia-beii-Os-
marn, sga de la CA-.-fclewe d'Ab-el Kader, un koija et
un domestiq-ue. Ces derniers. chargés d une mission do
leur m?ît s, servaient momentanément d'otages pour
MM. le lieutenant colonel de Cognord tt un ol'ficior
restés aux ma.r.s de l i troupe jusqu'à ce que l'argent
tût été livré. " :
» Aprè3 d'assez. longs retards, qui prolongèrent
jusqu'à la nuit l'anxiété de cette scène, tout fut enfin
accompli. M. de Cognord, remplissant jusqu'au bout
sa tâche d'honneur et de dévouaient,.soïtit. le dernier
de sa cruelle captivité et rejoignit la chaloupe, qui ne
put aborder à.Melilla qu'à dix heures du soir. »
Le Moniteur Algérien, après avoir cité diver
ses circonstances déjà connues, termine ainsi :
« Ainsi sont rortis do captivité ces prisonniers,
dont le sort inspirait' à toute la France une sollici
tude bien justifiée. Nous avons échappé à la né
cessité pénible que l'humanité seule pouvait nous
faire subir, do traiter de leur échange avec un adver
saire barbare, couvert du sang de trois cents de nos
•soldats lâchement assassinés, cet adversaire a été ré
duit à les vendre à un gouverneur étrangèr, et à lais
ser dans nos prisons ses plus fidèles amis Sa conduite,
déjà pub'iée dans une grandef partie de la province
d'Oran, y soulève l'indignation de tous les musulmans;
nul doute que ce honteux marché fie contribue" plus
que la' longue série de ses défaites à lui faire perdre
l'affection des populations qui se sont si longtemps
sacrifiées à sa cause, _.
i » On fait beaucoup de suppositions relativement à
la mission dont est chargé l'agha Cada-ben-Oàmann.
.Nous ne savons rien qui nous parmette de deviser ce
qu'elle peut ôtre. II.ne pourra rejoindre M. le maré
chal avant son arrivée à Oran, qui n'aura lieu que
dans plusieurs jours. » ■
Intérieur.
' PARIS, 8 DÉCEMBRE.
Une mesure qu'on ne^ saurait qu'approuver,
dans les circonstances actuelles, vient d'être prise
sur le rapport de M. le ministre du commerce.
Le traité de commerce et de navigation conclu,
le 26 janvier \826, entre la France et la Grande-
Bretagne, dispose que les produits de l'Asie, de
l'Afrique et de l'Amérique' importés sar navires
des deux pays, de France en Angleterre.et vice
versâ, n'y seront adnys que pour l'entrepôt ou la
réexportation. • . ■
Cette mesure, qui exclut de la consommation
française les grains apportés d'Amérique dans
les entrepôts anglais, par navires américains,
pourrait mettre obstacle à nos approvisionnemens
en céréales. Le ministre a donc pensé qu'il y avait
lieu à la suspendre provisoirement, et une ordon
nance royale du 7 décembré, rendue sur son rap
port, dispose qu'il partir de Ja promulgation ae
cette ordonnance, les grains e^ farines provenant
d'Amérique, qui seront importés soit par : navire9
français, soit par navires Dritanniques. des ports
du Royaume -Uni, pourront être admis, jusqu'à
nouvel ordre, en France, pour la consommation.
—"Une ordonnance royale da 30 décembre por
te le corpsroyal de génie maritime à l'eflectif ci-'
après : . ~
\ inspecteur général.,
■ . 6 directeurs des constructions navales,
,.'48 ingénieurs de 4" clause,
18 ingénieurs de 2° classe, '
22 sous-ingénieurs deM " classe.,
. . 22 sous-ingénieurs de 2 e classs,
42 souS-ingéûieu/s de 3 e classe.
Total. .99 - ' . >
; Le nombre des élèves à recevoir ^ l'école d'ap J
plication du génie- maritime sèù réglé chaque
année par le ministre de la marine et des co
lonies, d'après les besoins du servjce.
—MM. les élèves de l'Ecole Polytechniquedont
les noms sui vent ont été admis danst le service
des lignes télégraphiques,-k la date du 1" novem~
bre 4846, en qualité d'élèves inspecteurs du lélér
graphe : Pradmes , Blavier , Jolv, Raybaud) et
Bourdon. " ' > " -
— D'après les dernières nouvelles de Vienne,
le prince de Metlernich se trouve depuis quelques
semaines dans uû état de santé très critique; une
exçitalion fiévreuse;' qui succède à une grande
atonie, empêche le prmee de se mettre au lit et
le force de passer les'nuits assis-dans un fauteuil ;
dans ces momens, on l'entend dire qu'il" ne quit
tera plus le lit une fois qu'il s : y sera'mfë. Le comte
de Munch-Bellinghausen, qui jouit de toute la
confiance du' prince, passe non-seulement une
grande partie du jour, mais aussi une partie delà
nuit près de l'illustre malade. (Gaz. ae Cologne.)
— Sous la date de Berlin, le 3 décembre, la.
Gazette des Postes, de Francfort, publie les obser
vations suivantes
« Les journaux français disent que, par l'événe
ment de Cracovie, la France ne sera plus liée far leî-
s'ipulations du congrès de Vienne, et qu'elle pourra,
en conséquence, relever les fortifications do Hunin-
gue; mais, on oublie que 1 iMpuvrages de Uuningue
avaiett été rasés au mois de septembre. 1815. Ainsi "
h Fiance ne pouvait s ; ergager envers le congrès de '
Vienno à ne pas les rétablir. Cela n'a eii lieu qu'à la
seconderais de Paris, le 20 novembre 4845. Cette
seconda paix de Paris n'a rien de commun avec l'acte
du congrès de Viervne, et est toat-à-fait étrangère ,
aux allai! es de Cracovie. » >. ;
— Ce n'est point sur,M." de Peyron ,, mais sur le
comte de Ilorn,- qu'a fait feu l'insensé qui s'était'
introduit dacs le palais duroi de Suède. La feuille
du soir, publiée le 27 novembre à Stockhplm, pu
blie le récit suivant de celte affaire : - ,
,« Avant de. se rendra à la résidence royale , Platen;
passa une deai-heure dans un café, .où-il se fit servir
des rafraîchifcemens. Au moment où il tira le pistolet;
contre M. de Ilorn , il s'écria d'une voix de stentor :
< Je suisle prince Gustave de Bourbon I » M. de Ilorn
a eu la figure noircie par la.poudre ; et une partie âa
ses cheveux ont été brûlés. Immédiatement après avoir
iâché le coup , Platen jeta à terre son pistolet et tira
de sa poche un grand couteau. Dans ce moment m£me <
le roi, qui avait entendu la détonation du pistolet,
Êarut à la porte de son appartement, tenarçt son sa-'
re'à la main. S. M. ordonna sux soldats de la garde .
d'arrêter Platen. Trois, de ces militaires's'approchè
rent de cet individu , qui. se mit en devoir de se dé- ,
fendre avec le couteau ;'mais un quatrième soldat le
frappa sur le bras avec la baguette de son fusil ,'cn
qui fit que Platen laissa tomber le couteau, et il fut
• aussitôt arrêté. ■ . : .
» Platen fut conduit dans le cabinet du directeur de
s la police do Stockholm, et là on le fouilla. On trouva ;
■ dans ses poches une boîte de poudre de : guerre très !
fine,.unel)oîte-de capsules, une boîte de-menu plomb,
un couteau pliant, une lorgnette" d'opéra, un pjtitsac
en peau, contenant quatre cachets en cire rouge, porr
tant chacun l'.empreinte d'une aigle à deux têtes, et qui
semblait avoir été faite avec une monnaie de cuivre \
russe de deux copeks, puis plusieurs autres, objets,,
tels qu'un étui à aiguilles,-un dé à coudre, une paire
de petits ciseaux, des bouts de rubans, un cornet de
bonbons, etc., etc: ■: * .
• » Dans , son logement, oft n'a trouvé d'autres pa
piers quo son passeport, délivré à Westeras, ..d'où il
était venu directement à Stockholm ; une espèce do
protestation-contre sa détention ^dans l'hospice des '.
aliénés à Danwick, pièce écrite par lui-même partie
en français et partie en suédois, et commençant ainsi : -
* Nous, Gustave, prince pour Bourbon (sic), prince
du Saint-Empire d'Allemagne, etc.»; un petit diction-.
naire suédois-français, pareillement écrit da sa main,
et où il y a des fautes d'orthographe dans la plupart
des mois des deux langues, enfin le portrait lithogra-
phié de Charles -X, dont il croyait, pu du moins ss
disait avoir été le proche parent. > - '
» Platen est né en '4822, etilest par conséquent
âgé de vingt-quatre ans. Pendant qu'il était au ser
vice militaire; et jusqu'à,ce,qu'il se manifestât-che/
lui des symptômes d'alicnation mentalo, il amené une
vie exemplaire, et il remplissait tous.ses devoirs avec..
une rigoureuse exactitude.' •
. - «,11a été transféré à l'hôpital des fous de Stock-'
liolm.» ■ , ' '
— Les jeux publics viennent d'être supprimés
aux bains de Lucques et aux bains de merde
Viareggio, par un décret récent-du due de Lucques.
— Lé hussard Testard, qui vient d'être délivré-
des mains des Arabes, est ce cavalier qui, dans la
, mêlée de Sidi-Brahim, donna son cheval : à son
commandant démonté. lia dû trouver à Tlemcen
la croix qui l'attend. ' • . ».
— Nous avons parlé d'un double assassinat
commis à Alby sur la personne de deux filles pu
bliques. L'assassin a été découvert et arrêté ; mais*
il a mis fin à ses jours par le suicide. Voici les '
détails donnés à. ce sujet par la Gazette des Tri~
bunaux :
« Le meurtrier avait laissé dans la chambre où le
crime avait été commis une chemise d'homme cou-
' verte de sang. M. le procureur da Roi remarqua:que -
cette chemise était neuve et n'avait jamais été lavée. :
Celte chemise avait donc, suivant toute probabilité,
été achetée à Alby peu de temps avant l'assassinat.
Aussitôt il fait comparaître au parquet tous les mar
chands de' chemises confectionnées. Une marchande,
fort brave femme et très intelligente, en voyant.cette <
chemise, commence à diro : «C'est la coupe.et la lon
gueur des chemises que je confectionne; je pourrais
cependant me tromper ; mais je me rappelle que,' le :
23 novembre, j'ai vendu à un militaire. qni était tam.»
bour qu musicien, une chemise avec quelques défauts '-
que je vais yous signaler"; et si celle que.vous me pré- t.-
sentez porte cesdéfauts, évidemment c'estelle.,» Aussitôt ' ;
elle dit'qu'une couture de la manche a été faite au re
bours par une jeune ouvrière ; qu'il y a à cette même
manche un ajouté fait avec de la toile 'différente ; et
qu'enfin la" jeune ouvrière n'ayant fait qu'une bou
tonnière au devant de la chemise, elle a été obligée
d'en ajouter-une autre faite par elle-même, et mieux
confectionnée que celle de l'ouvrière. Aprè3 ces indi
cations données, on examine la chemise ensanglantée,
et tout ce qu'avait annoncé la marchande ee vérifie
parfaitement. C'est donc celui qui avait acheté.la che
mise qui était l'assassin. La marchande ajoute que'CÔ
\ tambour ou musicien lui avait dit é.re logé chez Gesse,
aubergiste.Ce dernier, mandé au parqcot, dépose que,
le 23 novembre, un tamboïr, qu'il ne connaît pas par
son nom, re;irédu service, était arrivé chez lui; qu-'il
y était resté jusqu'au 27 au matin; que cojour il était
sorti, et n'était rentré à l'auberge qu'à onze heures
dufôir; qu'il avait b-J un coup; s'était retiré! annon-
çani qu'il repartait. C'est dans cette xuit que fut com
mis l'assagsiuat. Quel était ce tambour? Uu honnête
ouvrier se présente, et' dit à M. le procureur du Koi
' qu'il connaît cet homme poi:r avoir-servi dans le 9 e
léger; qu'il se nommait .Carcasses, et qu'il résidait
habituellement à Puylaurens, chef-iieu de canton da,
département'du Tarn. .
> Une autre preuve a é é fournie à la justice. Un
..clairon du 2I« léger, en garnison à Alby, encourant
le risque d'être puni par ses chefs, est' venu dire que
dans la nuit de l'assassinat il s'était échappé, do la ca
serne à une heure et demi-^ peur alîer voir une des
filles assassinées, qu'arrivé à leur domicile on lui ou
vrit la porte, et qu'une d'elles lui dit qu'il ng-pouvait
'pas entrer;'que le tambour qu'il avait vu l'autre jour
était avec elles deux et devait passer la nuit dans leur
chambre.. Sur cette observation, le clairon se retire; le
lendcfmain on trouvait ces deux malheureuses assas-
tinées.,
» M. le procureur du Roi envoie aussitôt une com
mission rogatoire au juge d'instruction dp Lavaur
pour se transporter de suite, à Puylaurens et arrêter
Carcassès, visiter ses habits et sa personne, et lui faire
subir un- interrogatoire pour,qu'il eût à rendre cçmpte
de l'emploi de son-temps pendant la nuit du 27 au 28 "
novembre;-, le.mardi, 1" décembre, le juge d instruc-
tion de Lavaur se transporte à Puylaurens et parvient
à faire opérer l'arrestation de Carcassès.'On constate
que l'une de ses bottes est tachée de sang, il est en
possession d'une somme de 345 francs èt de quelques
foulard* à; la marque des victimes ; il refuse de répon
dre à l'interrogatoire. Jamais preuve plus complète
d'un grand crime ne" fut acquise à la justice. Les gen-
, darmesenferment seus clé Carcassès; mais ils com
mettent l'imprudence de le laisser seul, au lieu de Je
garder â vue comme l'avait recommandé M. le procu
reur du. Roi. Dans la : nuit, le coupable, bien qu'il
eût les menottes aux mains, s'est pendu avec un fou
lard. »
' ; — M. le régisseur-général des mines d'Anzin
vient de mettre à la disposition de M. le maire de
Valenciennes 4,000 hectolitres de charbon, pour
être distribués aux pauvres.
, —Un meurtre , auquel on assigne une cause
bien bizarre, vient d'être commis aux environs de
Carpentras. Le nommé Bremond, cultivateur, de
meurant dans la commune de Mazan, a été assas
siné en plein jour , au moyen de deux coups de
fusil, tires à bout portant, au milieu d'un cnàmp.
L'assassin, après son crime, s'est emparé du fusil
à deux coups de sa victime et des munitions de
châsse qu'elle avait dans ses poches, laissant au-
Erès d'elle, déchargé, le fusil dont il s'était servi.
l 'auteur de cet attentat est un jeuce homme
âgé dé quatorze ans au plus, assez mauvais sujet,
qui se livre Marchasse avec passion; êt d'après le
bruit général, son crime n'a eu pour motif que de'
s'emparèr du fusil et des munitions de chasse du
malheureux Brémond. Le fusil laissé auprès du
cadavre a été reconnu appartenirau jeune homme
que l'on accuse du meurtre. Un mandat de jus
tice a'été décerné contre lui. .
-^•Aujourd'hui a eu lieu, à l'Ecole Militaire,
l'exécution des iugémens rendus devant les con-
seils'dë guerre delà première division. Parmi les
condamnés conduits à là parade, se trouvait le
nommé Cordonnierj soldat au 45 e de ligne, contre
lequel le deuxième conseil de; guerre a prononcé
la peine de mort, pour désertion après grâce. Cette
peine a été commuée par le Roi en deux années
de la .peine des travaux publics. Cordonnier por
tait l'uniforme des ateliers où il doit subir sa
peine. ■ ;
— Les obsèques de M. le lieutenant-général
comte Roguet", pair de France, grand'eroix de la
Légion-d'Honneur, auront lieu en l'église de la
Madeleine, aujourd'hui mercredi .9 du .courant, à
onze heures du matin. Les personnes qui n'ont pas
reçu de lettres défaire part, sont priées déconsi
dérer le présent avis comme une invitation. On se
réunira a la maison mortuaire, rue Tronchet, 4.—
v —La représentation au bénéfice des"inoncTés de
là Loire donnée au théâtre Italien à été très-bril
lante, et la recette s'est éleyée îi 12,350 fr. •
L'administration des hospices prétend considé-
i rer cette soirée comme un côntfert èt'veut préle-
; ver un huitième sur la recette -, la-direction, pre-
nant en main la défense de^ malheureux qu'elle
! a voula soulager, croit ne devoir qu'un onzième
comme pour les représentations ordinaires du
théâtre . Les tribunaux seront appelés, U trancher
cette difficulté. v ,
— Demain jeudi, le Vaudeville'donnera une
brillante représentation au bénéfice de Mme Do-
che. —Programme : l'Homme qui se cherche, avec
Félix ; Un Duel au pavé, Scène comique par Hya-
cinte, Alcidé-Tousez et Ravel ; Capitaine de Vo
leurs, avecArnal, Leclère, Amant et Mme Doche;
les Epoux Gluau, quereller chorégraphique en
deux tableaux, jouée par .Grassot, Bardou, Le-
clère et Mlle Juliette. Une grande soirée d'artis
tes, composée de chant, de musique et de danse,
et dans- laquelle paraîtront tous les comiques'de
Paris. Chansonnettes; par A. Hoffmann et Mlle,
Berlhault; la Garde.~Maldde, par les-artistes du'
Pa'àis-Royal ; solo de violon, par Montaubry ; solo
de flûte, par llémusat ; ét la Vendetta, par les a--
tistes des Variétés'. — ' . ■ t -
— Le libraire Furne dont le catalogue s'accioît
et s'illustre chaque'année voit tous des jours s'aug
menter encore la réputation que lt}i a acqiîftjja
publication de ses beaux et bons livres. Les histo
riens, les littérateurs, les poètes les plus illustres
de la France y ont droit de çité, et v de célèbres
hôtes étrangers y ont trouvé'un- glorieux asile. Les
merveilleuses gravures de la Sainte-Bible, éditée
par M. Fume, ont eu un tél retentissement, qu'il
es! inutile d'insister sur leur rare mérite, et l'on
peut affirmer qu'a jeun livre ne saurait recevoir
une illustration plus splendide. La perfection des
gravures est, du reste, chose ordinaire à la mai
son Furne, et si l'on y ajoiite la haute valeùr des
ouvrages, leur luxe matériel et cependant la mo
dicité de leur prix, on comprendra la réputation
populaire et européenne de cette librairie et l'em-'
E ressentent dont elle est l'objet de la part du pu-
lic. Toutes les gloires, toutes les grandeurs y ont
leur place. La Bible avec ses saintes et grandes
épopées; YImitation de Jésus-Christ et ses divi
nes consolations \Bossuet, l'ardente éloquence;
Thiers, avec sa Révolution si précise, si 'claire;
Norvins e t nos gloires ; le Mémorial de Sainte-
Hélène et la longue agonie du géant du siècle; les
fouilles ingénieuses d'Augustin Thierry dans les
entrailles de notre histoire ; les drames attachais
.et colorés de Barante; Voltaire et Rousseau, les
deux grandes figures du XVIII 0 ,siècle, les splen
deurs sans rivales de notre scène : CorneiUe, Ra
cine, Molière ; Buffon, l'élégant écrivain, l'ingé
nieux et intéressant naturaliste, et puis nos deux
grands poètes modernes, Victor Hugo et Lamar
tine-, un romancier qui ne périra pas, Balzac vt sa
grande œuvre; le hardi Byron; lValter Scott -, le
conteur et l'entrai liant Cooper. Voilà ce que nous
apercevons dans ce coup (Tœil rapide, jeté à vol
d'oiseau, sur ce riche catalogue..—, •
; . : . ■ •UBt ; 0-8 g-- i ' ' .
COUR D'ASSISES "DE LA SEINE.
Audience du 8 décepibre.
vofc domestique. — détails curieux. — inci-
. dent. ■
L'accusé Etienne Dubois, qui comparaît aujourd'hui
sur lo banc de la cour d'assises, est inculpé de nom
breux vols domestiques. Yoici dans quelles circons
tances il a été dénoncé et arrêté. -
Le 4 juillet dernier, Dubois quittait la'maison des»,
époux Dolléans, commissionnaires. en marchandises à
■Bercy, étil arrivait avec armes et bagages chez un de
ses compatriotes, le nommé Ducom, cocher à Bellevil-
le. Si nous disons avec armes et bagages, c'est qu'au
milieu des nombreui effets mobiliers qui remplissaient
les malles de Dubois, se trouvaient, une paire de- pisr»
tolets et un poignard. Il déballa ses malles devant les
épcfUx'Ducom, étonnés de toutes les richesses dont
Dubois se plaisait'à faite un pompeux étalage.
■Le» honnêtes époux Dûcom écarqtiillaie'nt les yeux,
mais bientôt leur figure' se rembrunit et leur, regard
devint plus sérieux. « Ceci, disait Dubois, est.la clé de
la cave de mes anciens maîtres, excellente cave....
croyez-moi, car je suis un-connaisseur ! Voici encore
la clé de la porte cochère, qui me donne la facilité de
pouvoir entrer,k toute heure, dans leur maison. Et
quant à celle'- ci, ajouta-t-il à voix basse, en montrant
une plus petite clé, c'est la clé delà chambre du com
mis-caissier... Voilà aussi des pistolets et un poignard.
Duncom; mon ami, nous ea reparlerons plus tard en-,
semble. > _
l Et le;soir même, en effet, Dubois prenait Ducom a
part et lui proposait de commettre avec lui un vol au
préjudice de ses ancien*maîtres.
'Le cocher de'fiacre est-le type de la .fidélité et de
la probité,- aussi Ducom.nV point faibli à l'honneur
Eroverbial de sa. profession. Il refasa la proposition ;
ien plus, ils'empressa d'en prévenir le commissaire de
■ police. ; - '■' -
. : -Une souricière fut établie; mais Dubois ne parut
pas ^néanmoins on l'arrêta et l'on fit une perquisition'
'dans ses effets. Ses explications sur. l'origine de tous
les objets qu'on découvrit dans ses malles,furent em
barrassées etl'on eut bientôt-là conviction quo la plu
part de ces/objets avait-été dérobés soit chez M. Du-
brunfaut, soit chez M. Chastain, soit chez M. Dolléans,
tous ses anciens maîtres. ".
! C'est , au sujet de-ces vols qu'il a été traduit de
vant là cour d assises.
iD. -Indépendamment des objets qui appartiennent
aux époux' Dolléans, et sur lesquels vous entendrez
tout-à-l'heure'les témoins, dit M. le président à l'ac
cusé,on a trouvé en votre possession différens ouvra
ges classiques : une Mythologie, une ' Géographie,
une Géométrie, etc. — R. C'est vrai, Monsieur, je les
avais achetés sur le quai. - ; ■
D. Mais une Géométrie, à quel usage ? On compren
drait que vous achetiez un livre d'arithmétique.-r- R.
Dam...-Monsieur, j'aime àm'instruite.
D. Et la Mythologid, c'est aussi dans le même but?
— R. Oui, Monsieur ; moi j'aime les sciencfs , c'est
pour cela que je l'ai achetée.
- D. Ce,qui rend encore plus inadmissible votre pré-.
tention,- c'est que le nom ou le surnom de l'élève do la
pension de M. Chastaing.pù vous étiez domestique, se
trouve inscrit sur le premier feuillet.
En effet, sur ce livre quelque.peu maculé d'encre,
on lit très distinctement écrits, ces mots : Ex libris.
Casfe-Mojou junior.
• L'accusé.—Il est très possible quo l'élève l'ait ven
du au bouquiniste à qui'je l'ai acheté. -
D. Expliquez-nous, maintenant l'origine des produits
chimiques que-la perquisition a constatés parmi vos
effets. Nd les avez-vous pas dérobés à l'époque où
vous étiez domestique chez M.Debrunfaut?—R. Non,
Monsieur. Le prussiate de potasse "coûte 46 sous le li
tre, vous comprenez que çà n'aurait pas valu la peine
d'être volé ; quant aux cristaux de soude,' jevoulais les
proposer comme échantillons et arriver ensuite a obte
nir de l'ouvrage dans la partie.
D. EU'aréomètre, et le thermomètre, et la cornue ?
— R. Je veulais faire des expériences physiques ;
j'aime'la science! -,
D. Ainsi, vous iiiez tous ces vols. Niez-vous aussi
les vols àu préjudice des époux Dolléans?— R. Je suis
innocent.
M. le président.— Eh bien!- vous allez entendre les
témoins.
Mme Dolléans s'approche.
D. Quel était le caractère dp l'accusé? — R. Il était
un peu ivrogne; mais surtout menteur, épouranlable-
ment menteur (on rit). Il était aussi pas mal voleur I
.D. Saviez-vous qu'il eût,de doubles clés de votre
,cave et de votre caisse?—R. Oh! bien certainement
non, nous n'en savions rien. '
D-Quels sont les objets, qui sont ici déposés, que
vous reconnaissez -comme vous ayant, appartenu ?
Le-témoin.—Oh! d'abord mon album, c'est un sou
venir de jeunesse; j'y tenais beaucoup.
, L 'accusé, r— Ah I bien ! joliment... je l'ai trouvé au
grenier, dans une vieille corbeille avec de3 feuille
tons. ■ . *
Le témoin. —Ah! par exemple, mes feuilletons et
mon album relégués,au grenier... jamais!
M. le président. — Quo reconnaissez-vous encore?
— R. Cette épingle en brillans, ces deux volumes de
Racine,-les œuvres d'Homère, les Aventures de Robin-
son Crusoé; ces ouvrages appartenaient à ma mère,' et'
puis encore cet autre ouvrage que vous connaissez,
vous, Messieurs, le Code civil.*. (On rit.) '
M. l'avocat général Jallon, à l'accusé. —yous eus
siez mieux fait de prendre un Code pénal ! (Hilarité.) -
Mme Dolléans se retire.
Le témoin Ducom s'avance à son tour.
Il-déclare que l'accusé est arrivé chez lui avec ses
malles pleines d'objets de toute sorte; il a vu les pis
tolets et le. poignard. .
M. i'avocat-général Jallon. — Voyons ces pistolets.
• M. le président. — Ils sont, je crois, "chargés à
balle.
M. I'avocat-général: —Je ne le pensa pas; le com
missaire de police a dû les débourrer.
Le garçon les cherche au milieu des paquets de
linge qui se trouvenj sur la table." « Ahl les voici, en
veloppés-dans ce mouchoir de coton. »
Un des jurés. — Du coton!... Prenez garde! ( Moût
vement.) 1 -
Néanmoins, -M. I'avocat-général les prend et • lej
examine avec intrépidité. >
Ducom continuait sa déposition. — Quand Dubois
m'eut montré les clés, il me dit : « Le commis-caissier
a.dans ce moment 7, à 8,000 fr., si tu veux, nous fe
rons le coup ensemble. »
M. le président, -r- Qu'avez-vous à dire à cela?
-L'accusé. —Monsieur, c'est faux. A quoi d'ailleurs
m'aurait servi la clé de la chambre du commis ; ce
lui-ci n'avait son argent dans sa chambre quo lors
qu'il y était ; le reste du temps l'argent était dans la
caisse. 1 •
. Un des jurés. — C'eût été alors le cas de se servir
de ce bon couteau... . - , -
Le défenseur se levant précipitamment. — 1 Je de
mande acte à la cour des paroles qui viennent d'être,
prononcées .par un de MM. les jurés, et qui contien
nent une manifestation évidemment-hostile à la dé
fense. (Mouvement au banc des jurés.)
M. le président.'— Quels sont ces paroles ? Voyons,
M. le juré a-t-jl voulu faire unç question au témoin,
ou a-t-il en éffef prononcé une observation contraire
aux intérêts de la défense ?
Le juré, se levant c — On m'a, jé crois , mal com
pris; c'est une question que j'adressaisau témoin; je
voulais demander si, après la proposition de vol, l'ac
cusé ne lui aurait pas pailé d'avoir recours à son poi
gnard ouà.ses pistolets en cas d'obstacle. -,
i M. le président. — Défenseur, persistez-vous dans
v03 conclusions, et voulez-vous demander le renvoi à
une autre session?
! Le-défenseur, .après avoir conféré un instant avec
j'accusâ. — Non, Monsieur le président, nous passe
rons outre. . '
i Après les dépositions, achevées, M. I'avocat-général
Jallon a la parola. Il soutient l'accusation, tout en dé
clarant ne pas s'opposer à l'admission des circonstan
ces atténuantes! . , ■ '*
M" Aubin présente la défense.
■ Après une courte délibération, le jury rend un ver
dict de culpabilité sur les vols-au -préjudice des époux
Dolléans ; il admet des circonstances atténuantes.
Dubois est condamhé à trois ans d'emprisonnement.
Nous donnerons demain un Supplément-qui
nous permet de publier deux N os de Bibliothèqae
Choisie, continuant le roman_deLATRÉAUMONT,
par Eugène Sue.
Le Gérant, eu. aierruau.
Imprimerie de boniface , rue des Bons-Enfans, M. 19.
— 270,—
EUGÈNE SUE.
une invincible répugnance à me vêtir des hàbils posés sur
mon lit,s habits volés, sans doute... Pourtant, que faire? La
seule pensée, de rester dans eette maison m'effrayait. J'es
sayai de retrouver mes haillons, en vain je les cherchai parmi
les objets dont la chambre était encombrée. Je vis là, une
réunion des objets les plus hétérogènes : des rideaux de soie,
des pendules, des chaussures, des morceaux d'étoffes, 'des
habits tout neufs, des châles de femme, des armes anciennes,
des douzaines de bas de soie en paquet, des bouteilles de vin.
ou de liqueur soigneusement cachetées, des statuettes d'i
voire ou dé bronze qui me parurent d'uji précieux travail,
du linge d£ toute espèce, et je ne sais combien de petites
caisses de cigares étiquetées d'une adresse en langue espa
gnole, tous objets entassés au hasard. Ce rapide inventaire
augmenta mes frayeurs; ces objets devaient être Je résultât
dë vols nombreux, dont le cul-de-jatte était complice- ou rece
leur, je voulais à tout prix fuir cette maison, au risque de
me couvrir d'habits d'emprunt. Malheureusement la porte
était solide et solidement fermée à double tour... <
Bientôt j'entendis ouvrir la porte.extérieure du corridor,
des pas pesans s'approchèrent, l'on frappa à la porte d'une
façon particulière.
Je restai muet, immobile.
On frappa de nouveau et de la même manière... puis, après
quelques minutes d'intervalle, je distinguai iin léger bruis
sement sous la plinthe de la porte, et du dehors l'on poussa
dans la chambre un petit papier à l'aide d'une lame de cou.-
teau longue et acérée; ■ après quoi les pas s'éloignèrent, la
porte du corridor se referma.
Je jetai les yeux sur le papier que l'on venait d'introduire
par .dessous la porte ; il était plié en deux,; je le.ramassai, je
l'ouvris, j'y lus seulement ces mots écrits au crayon, avec
cette orthographe :
— Demin; — 1 heure du matin — on atand... cai prai.
Après un moment d'hésitation, je remis le papier près du
seuil de la porte; il s'agissait sans doute de quelque coupa
ble rendez-vous. 4
Ce,nouvel incident redoublait encore mon désir.de fuir
cette demeure. Afin d'être prêt à tout événement, je revêtis,
malgré ma répugnance, ces habits qui ne m'appartenaient
pas; j'ouvris ensuite la fenêtre en la débarrassant des objets
qui l'obstruaient. Elle donnait, sur une cour, et était élevée
au-dessus du sol d'au moins vingt-qnq ou trente pieds. Au
cune fuite n'était, quant à cette heure, praticable dé ce côté.
. Après quelques momens de réflexion', je m'arrêtai à une
détermination violente : d&s que le, cul-de-jatte ouvrirait la
porte, je me précipiterais sur lui, , et, malgré les vives dou
leurs que-je ressentais encore, suites de la rixe de la veille, je
' comptais assez sur ma résolution et sur mon agilité pour sor
tir de cette chambre .de gré ou de force. ■
Acctînstantmême des p'as résonnèrent dans le corridor. ..
je m'armai de courage... prêt à m'élancer dès que le cul-de-
jatte ouvrirait la porte, mais quelle fut ma stupeur en enten
dant uné voix, un chant, des paroles trop connues de moi 1
Cette voix était^.celle de la Levrasse.
Il fredpnnait Jes paroles de la Belle Bourbonnaise, air que
le saltimbanque aimait de prédilection...
Tout en chantant, il frappa à la porte, absolument comme,
ayait.Séjà" frappé le visiteur précédent, avant de glisser sous;
lé porte le billet dont j'ai parlé. - .
N'obtenant aucune réponse, la"Levrasse suspendit un mo
ment sa chanson et frappa de nouveau... puis une autre
fois encore avec impatience... alors, convaincu sans doute
de f absence du cul-de-jatte, mon ancien maître s'éloigna en
répétant son refrain favori. ,
Cette reocontre inattendue me frappa de stupeur; mais je ne
fus nullement étonné des rapports qui pouvaient exister en
tre la Levrasse et le cul-d,e-jatte-, tous deux si bien faits pour
s'entendre; l 'aversioa que m'inspirait l'ancien bourreau
de mon enfance échappé sans doute à l'incendie de sa Toi
ture, allumé par Bamboche, m'était un nouveau^ motif de
fuir cette demeure, craignant à chaque instant une descente
de la police; dans ce cas, malgré mes protestations, je de
vais, aux yeux: les : moins prévenus, passer pour le complice
du cul-de-jattè et être jeté en prison comme voleur, quitte à
prouver plus tard mon innocence.., Cet avenir me paraissait
bien autrement redoutable que d'être arrêté pour fait de va-
gabondagé... .
. De pliîs en plus déterminé à user de la force pour si»rtir,
jé pris, à tout hasard, parmi les'armes anciennes, une espèce
de masse en fer damasquiné, moins pour en frapper le cul-
de-jàtte, que pour l 'intimi'der én cas de menaces ou de ré
sistance de sa part.
. J'étais encore baissé vers l'amas d'armes que je venais de
bruyamment déranger, pour y choisir la masse de fer, lors
que une main s'appuya sur mon épaulé; je tressaillis si vi
vement... (faisant presque facëàla porte, j'étais bien certain
qu'on" ne l'avait pas ouverte) qu'en mé retournàht, la massé
de fer me tomba des mains.. . ' ,
Je vis le cul-de-jatte debout derrière moi. Il venait d'en
trer, nôn par la porte donnant sur le corridor, mais par un
placarfi pratiqué dans une cloison,, dont je ne Soupçonnais
pas l'existence; la demeure du bandit avait deux issues.
— 271 —
MARTIN L'ENFANT TROUVÉ.
Ainsi échouait mon projet de fuite de vive force à la faveur
de la porte entre ouverte. * '
, — A la bonne heure~ — me dit le cul-de-jalte, en fesant
allusion à mes 1 habits,—te voilât mis comme un seigneur.
Après un moment de silence, je répondis : •
—^ Vous' nq voulez pas me rendre les vêtemens que je
portais? • -
Tu te plains peut-être de l'échange?
Oui. car ces vêtemens sont volés sans doute, comme
tous les objets qui sont dans cette chambre.
— As-tu déjeûné? — dit le bandit en regardant sur la
chaise; — non? allons, mange un morceau, nous cause
rons...; Je t'ai fait du feu, je t'ai préparé ton déjeùner.
Bamboche ne t'aurait pas mieux traité, -i
-r™ 1 Une dernière fpis, je vous démande de me rendre mes
habits et de me laisser sortir d'ici... de bon gré...
Au lieu de me répondre^ le cul-de-jatte se baissa, ramassa
le billet, le lut, le déchira et me dit : -
— Je savais ça. J'ai rencontre le camarade qui revenait
d'ici... Tu as lu ce billet?
— Je vous dis "que je veux mes habits, et que je Yeux sor-
tird'ici .. . -
— Calme-toi... et écoute-moi... Si tu veux être bon gar
çon, voilà ce que je te proposé. . . Je t'installerai dans deux
petites chambres gentiment meublées: Tu n'es déjà pas mal
vêtu. Je te nipperai complètement.'Un traiteur t'apportera,
tous les jolirs à manger; je iie veux pas que tu aies d'argent
eh poche dans les premier^ temps... Plus tard, si tu vas
bien... tu en auras. je .t'en réponds.
' —Et en échange, de ces bienfaits, — dis-je ■ au cul-de-
jatte avec un sourire amer, qu'attendez-vous de moi ?..
— Trois ou quatre heures de ton temps chaque jûur, pas
davantage ; le reste de la journée. .. tu flâneras. .. tu feras ce
que tu voudras... . - •
— Et ce temps? àquoi i'emploierai-je? -
— Je t'ai dit' que-j'avais besoin'd'un commis ? tu seras
mon commis.
— Votre commis?
<— Ecoute : jouons cartes sur table... depuis une huitaine,
je vais sur le port et ailleurs... afin de trouver quelqu'un qui
me convienae, je n'ai pas de chance... toutes figures, qui,
rien qu'à la mine, mettraient en arrêt les limiers àe police...
et puis des manières 11 Toi, au contraire, tu arrives de province,
tu n'es pas connu, tu as l'air honnête,aubesoin tu es crâne... et
tu tapes dur... lu me vas donc comme un gant, pourquoi faire?
voilà : Je suis, comme tu vois, encombré de -marchandises,
j"ai des raisons.;, pour ne pas les vendre moi-même
c'est pas par fierté, parole d'honneur! je voudrais donc ve n
dre ceci, mettre cela aii Mont-de-Piété, troquer autre cho
se, etc., etc. ; mais, pour commerce^ ainsi, sans trop éveil—
.1er les soupçons, il faut avoir un domicile , êlré bien vu dans
son quartier, vivre un peu de ses rentes, voilà pourquoi je te
logerai bien, je te nipperai bien, je te.nourrirai bien. . plus
tafd tu aiiras ta commission... sur la vente... Ce que tu vois
ici n'est rien... j'ai d'autres magasins:., et.:.
. — Ah?..: vous voulez vous sérvir de moi pour vendre le
fruit de vos vols? •
— Mes marchandises, jeune homme, mes marchandises...
tu t'en occuperas d'abdrd: ' . ■ : ■ ■ ■.■■■'. -
— J'aurai donc encore d'autres fonctions?
— Plus tard<, tu iras dans certaines bonnes maisons que je
t'indiquerai, présenter des échantillons de cigares de .contre
bande... et, sous ce prétexte...
—r Sous ce prétexte? . v
t - Ah I ah 1 voilà qiie ça mord ; tu fesais le dégoûté, pour
tant. .. Eh bien I sous ce prétexte, tu me rendras de petits
services ; je te dirai lesquels.
— Voilà tout ce que vous exigerez de moi ?
■ — Pour le quart-d'jieure, oui. Quant aux garanties des
offres et des promesses que je te fais, la confiance dont je
t'honore te prouve que c'est sérieux.
: — Ecoulez-moi bien. à votre tour. Je vous connais ; vous
êtes un misérable... vous avez autrefois perdu Bamboche, et
par-mi bien dès crimes encore impunis, sans doute, vous en
avez commis un,affreux... vous avez violé une tombe il.: , *
— Ce portefeuille. . . c'est donc cela? J'avais comme une
idée,de la chose, — s'écria le bandit avec iin sourire farou
che et contraint. — Ahl tu connais celui qui m'a fait man
quer ce b~eau coup ? •
,— Celui-là, c'est moi. .. ..
, — Toi ! ' ' *' ,
— Otii, moi. J'étais enfant, alors. Je vous dis cela pour
que.vous sachiez que je ne vous crains pas, car si, étant en
fant,-je vous ai à peu près cassé la tête avec une pelle, étant
hmasse de fér. Comprenez-vous? '
— Ah! c'était toi, —murmura le bandit; rr nous parle
rons dé cela plus tard. . ' -
: —• Quand vous voudrez. ^Én attendant, yous ne me retien
drez pas de force ici. Quant à vos offres... Je mourrai de mi
sère plutôt qué de. les accepter.
— Tu sens bien, mon garçon, que je ne t'ai pas amené
dans.mon magasin sans prendre mes sûretés; à l'heure
qu'il est, tu es aussi compromis que moi : les hafôfts que tu
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