Titre : Le Sport universel illustré
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32871962r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 27398 Nombre total de vues : 27398
Description : 01 janvier 1926 01 janvier 1926
Description : 1926/01/01 (T1,N1192)-1926/07/30 (T1,N1222). 1926/01/01 (T1,N1192)-1926/07/30 (T1,N1222).
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65806547
Source : Institut français du cheval et de l'équitation, 2013-97801
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/03/2014
le Sport Universel illustré 415
ce qui fut considéré comme magnifique, 'étant donné que ne ûg -
raient dans ce chiffre ni les abonnements ni les nornbreuses invi-
tations lancées par la Société, les pouvoirs publics et la Ville de
Paris.
La foule était si considérable et les équipages si nombreux que
les commissaires durent retarder la première course de plus d'une
demi-heure.
La mode était alors, pour le public mondain, d'assister aux courses
de la pelouse, dans les calèches, ou d'y venir à cheval. Aussi comp-
ta-t-on 700 voitures, II four-in-hands (on ne disait pas encore
mail-coaches ni drags) et près de 300 cavaliers.
On enregistra plus de 3.000 entrées au pesage, dont les honneurs
étaient faits aux dames par MM. Mackenzie-Grieves, comte de
Lauriston, comte de Juigné, comte Greffulhe et vicomte de Marcy,
que le Comité avait délégués à cet effet.
Plus galant qu'au temps de Louis XVI, on n'emprisonnait plus
les « impures » qui faisaient étalage de leur luxe, et que l'on appelait
les « filles de marbre ». de la pièce célèbre de Théodore Barrière.
LONGCHAMP lithographie de G. David (Collection Le Goupy).
Mais on sait que jusqu'à la fin de l'Empire, le Jockey-Club, gar-
dien sévère de l'étiquette, leur interdit l'entrée du pesage.
Inutile de dire que leurs voitures n'étaient pas les moins entou-
rées de celles de la pelouse.
Au milieu de la foule élégante du pesage circulait, pimpante et
fraîche avec son éventaire de fleurs, la bouquetière Isabelle qui
jouissait du monopole d'exercer son industrie dans le vestibule du
Jockey-Club et aux courses, à l'exclusion de toute autre fleuriste.
L'usage voulait que, chaque année, le propriétaire gragnant du Der-
by de Chantilly l'habillât à ses couleurs, qu'elle portait jusqu'au
Derby suivant.
La création de hippodrome de Longchamp fut, pour le dévelop-
pement des courses en France, ce qu'avait été la fondation de la
Société d'Encouragement pour la cause du pur sang.
Un fait capital-la création du Grand Prix de Paris - allait
d'ailleurs contribuer à ce prodigieux essor.
Ce fut encore le duc de Morny qui pensa que rien ne serait mieux
de nature à stimuler l'émulation de nos éleveurs et à assurer la
prospérité du turf que la création d'une grande épreuve interna-
tionale, dotée d'une allocation monstre, sans compter la source de
profits qu'elle représentait pour Paris, par les nombreux étrangers
et provinciaux qu'elle ne pouvait manquer d'attirer.
Mais, comme la Société d'Encouragement se trouvait dans l'im-
possibilité d'assurer l'allocation — ses statuts lui faisant une obli-
gation absolue de réserver l'intégralité de ses prix aux chevaux in-
digènes — le duc fit tant et si bien qu'il obtint de la Ville de Paris
et des cinq grandes compagnies de chemin de fer qu'elles offrissent
cette allocation de 100.000 francs, la plus élevée qu'on connût encore.
On se mit ensuite facilement d'accord avec le Jockey-Club
anglais pour fixer cette épreuve sensationnelle à une quinzaine de
jours après les Derbys d'Epsom et de Chantilly, afin de permettre
aux vainqueurs de s'y rencontrer. Mais le choix du Dimanche faillit
tout gâter, les journaux anglais nous accusant de « vouloir reprendre
d'une main ce que nous offrions de l'autre», car aucun Anglais res-
pectueux de sa religion ne consentirait à rompre le repos dominical.
Les résultats ont répondu à ces critiques.
Le premier Grand Prix se courut le Dimanche 31 Mai 1863, en
présence de l'empereur et de l'impératrice, entourés du roi de Por-
tugal, du duc de Brabant, du prince d'Orange, du corps diploma-
tique et des grands dignitaires de la cour.
Une émotion considérable s'était emparée de toutes les classes
de la société à l'approche de ce grand événement, et littéralement
pendant un mois à l'avance on ne parlait pas d'autre chose. Nos
champions seraient-ils de taille à lutter victorieusement ? On en
douta tout d'abord, puis le double succès de La Toucques, dans le
prix de Diane et le prix du Jockey-Club, éveilla tous les espoirs,
et, malgré la coalition formidable de quatre concurrents anglais,
la foule — cocardière, comme toujours — mit toute sa confiance
dans la pouliche française. Elle courut fort bien et jusqu'à la dis-
tance, on put croire à son succès, mais elle fut alors débordée par
The Ranger, qui la battit d'une longueur.
Ce fut un moment de profonde consternation. Puis la courtoisie
l'emportant, le propriétaire anglais, M. Savile, fut chaudement
félicité. Ce parfait gentleman eut le joli geste, pour fêter le succès
de son cheval, d'offrir 10.000 francs pour les pauvres de Paris.
La Toucques, The Ranger. puis Vermout, Blair Athol et Fille de
l'Air. puis Gladiateur. la cour impériale. des sportsmen à cheval.
la bouquetière Isabelle. les jolies filles exilées à la pelouse. les
membres du Jockey-Club faisant les honneurs du pesage aux femmes
du monde. C'est là tout un passé de grand sport, d'élégance, de
courtoisie, de bonne compagnie, que ne comprendrait sans doute
plus la cohue brutale, en chapeaux mous, qui se bouscule aujour-
d'hui aux guichets du pari mutuel.
Henry LEE.
ce qui fut considéré comme magnifique, 'étant donné que ne ûg -
raient dans ce chiffre ni les abonnements ni les nornbreuses invi-
tations lancées par la Société, les pouvoirs publics et la Ville de
Paris.
La foule était si considérable et les équipages si nombreux que
les commissaires durent retarder la première course de plus d'une
demi-heure.
La mode était alors, pour le public mondain, d'assister aux courses
de la pelouse, dans les calèches, ou d'y venir à cheval. Aussi comp-
ta-t-on 700 voitures, II four-in-hands (on ne disait pas encore
mail-coaches ni drags) et près de 300 cavaliers.
On enregistra plus de 3.000 entrées au pesage, dont les honneurs
étaient faits aux dames par MM. Mackenzie-Grieves, comte de
Lauriston, comte de Juigné, comte Greffulhe et vicomte de Marcy,
que le Comité avait délégués à cet effet.
Plus galant qu'au temps de Louis XVI, on n'emprisonnait plus
les « impures » qui faisaient étalage de leur luxe, et que l'on appelait
les « filles de marbre ». de la pièce célèbre de Théodore Barrière.
LONGCHAMP lithographie de G. David (Collection Le Goupy).
Mais on sait que jusqu'à la fin de l'Empire, le Jockey-Club, gar-
dien sévère de l'étiquette, leur interdit l'entrée du pesage.
Inutile de dire que leurs voitures n'étaient pas les moins entou-
rées de celles de la pelouse.
Au milieu de la foule élégante du pesage circulait, pimpante et
fraîche avec son éventaire de fleurs, la bouquetière Isabelle qui
jouissait du monopole d'exercer son industrie dans le vestibule du
Jockey-Club et aux courses, à l'exclusion de toute autre fleuriste.
L'usage voulait que, chaque année, le propriétaire gragnant du Der-
by de Chantilly l'habillât à ses couleurs, qu'elle portait jusqu'au
Derby suivant.
La création de hippodrome de Longchamp fut, pour le dévelop-
pement des courses en France, ce qu'avait été la fondation de la
Société d'Encouragement pour la cause du pur sang.
Un fait capital-la création du Grand Prix de Paris - allait
d'ailleurs contribuer à ce prodigieux essor.
Ce fut encore le duc de Morny qui pensa que rien ne serait mieux
de nature à stimuler l'émulation de nos éleveurs et à assurer la
prospérité du turf que la création d'une grande épreuve interna-
tionale, dotée d'une allocation monstre, sans compter la source de
profits qu'elle représentait pour Paris, par les nombreux étrangers
et provinciaux qu'elle ne pouvait manquer d'attirer.
Mais, comme la Société d'Encouragement se trouvait dans l'im-
possibilité d'assurer l'allocation — ses statuts lui faisant une obli-
gation absolue de réserver l'intégralité de ses prix aux chevaux in-
digènes — le duc fit tant et si bien qu'il obtint de la Ville de Paris
et des cinq grandes compagnies de chemin de fer qu'elles offrissent
cette allocation de 100.000 francs, la plus élevée qu'on connût encore.
On se mit ensuite facilement d'accord avec le Jockey-Club
anglais pour fixer cette épreuve sensationnelle à une quinzaine de
jours après les Derbys d'Epsom et de Chantilly, afin de permettre
aux vainqueurs de s'y rencontrer. Mais le choix du Dimanche faillit
tout gâter, les journaux anglais nous accusant de « vouloir reprendre
d'une main ce que nous offrions de l'autre», car aucun Anglais res-
pectueux de sa religion ne consentirait à rompre le repos dominical.
Les résultats ont répondu à ces critiques.
Le premier Grand Prix se courut le Dimanche 31 Mai 1863, en
présence de l'empereur et de l'impératrice, entourés du roi de Por-
tugal, du duc de Brabant, du prince d'Orange, du corps diploma-
tique et des grands dignitaires de la cour.
Une émotion considérable s'était emparée de toutes les classes
de la société à l'approche de ce grand événement, et littéralement
pendant un mois à l'avance on ne parlait pas d'autre chose. Nos
champions seraient-ils de taille à lutter victorieusement ? On en
douta tout d'abord, puis le double succès de La Toucques, dans le
prix de Diane et le prix du Jockey-Club, éveilla tous les espoirs,
et, malgré la coalition formidable de quatre concurrents anglais,
la foule — cocardière, comme toujours — mit toute sa confiance
dans la pouliche française. Elle courut fort bien et jusqu'à la dis-
tance, on put croire à son succès, mais elle fut alors débordée par
The Ranger, qui la battit d'une longueur.
Ce fut un moment de profonde consternation. Puis la courtoisie
l'emportant, le propriétaire anglais, M. Savile, fut chaudement
félicité. Ce parfait gentleman eut le joli geste, pour fêter le succès
de son cheval, d'offrir 10.000 francs pour les pauvres de Paris.
La Toucques, The Ranger. puis Vermout, Blair Athol et Fille de
l'Air. puis Gladiateur. la cour impériale. des sportsmen à cheval.
la bouquetière Isabelle. les jolies filles exilées à la pelouse. les
membres du Jockey-Club faisant les honneurs du pesage aux femmes
du monde. C'est là tout un passé de grand sport, d'élégance, de
courtoisie, de bonne compagnie, que ne comprendrait sans doute
plus la cohue brutale, en chapeaux mous, qui se bouscule aujour-
d'hui aux guichets du pari mutuel.
Henry LEE.
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