Titre : L'Ouest-Éclair : journal quotidien d'informations, politique, littéraire, commercial
Éditeur : [s.n.] (Rennes)
Date d'édition : 1929-05-20
Contributeur : Desgrées du Lou, Emmanuel (1867-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32830550k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 135307 Nombre total de vues : 135307
Description : 20 mai 1929 20 mai 1929
Description : 1929/05/20 (Numéro 10066). 1929/05/20 (Numéro 10066).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG14 Collection numérique : BIPFPIG14
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Description : Collection numérique : Fonds régional : Bretagne Collection numérique : Fonds régional : Bretagne
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k657823n
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/12/2008
29 Li 1929
5 i
UNE SEANCE MEMORABLE AU CONSEIL MUNICIPAL
^1. JEAN LEMAISTRE EST ÉLU MAIRE DE REIVNES,
MAIS SA MUNICIPALITÉ COMPTE DÉJÀ
DEUX ADJOINTS DÉMISSIONNAIRES.
Et les socialistes, pour venger l'échec infligé à M. Quessot,
manif estent, soutenus par leurs amis,
leur intention d'entrer dans une opposition violente.
Il y a, certes, bien longtemps qu'une
Mince publique du Conseil municipal
n'avait été aussi houleuse et en même
temps aussi Instructive que le fut celle
de dimanche matin, au cours de la-
quelle les élus du scrutin de ballot-
tage devaient procéder à l'élection de
leur municipalité.
Un publlc empressé attendait, bien
avant l'heure' de la séance. l'ouverture
des portes. On parle, on se livre au
uetit jeu des pronostics.
(Photo Ouest-Eclair,')
M. Jean Lemaistre,
le nouveau maire de Rennes
Neuf heures M. Bahon, dont ce
sera le dernier acte ofllciel, attend
dam la salle des séances l'arrivée des
nouveaux élus. Calme d'apparence.
impassible, souriant méme aux amis
qui viennent lui serrer la main, M.
Bahon semble supporter gaillardement
le sort que lui-ont fait les électeurs et
quelques-uns de ses amis. Mais, tout-
à-l'heure, lorsqu'ayant procédé à l'ins-
tallation du Conseil municipal, il ex-
primera ses adieux et ses voeux, sa
voix laissera percer l'émotion qu'il
restent. N'anticipons pas.
Neuf heures dix. Les portes sont ou-
vertes au public. Une ruée. En quel-
ques secondes la salle est bondée et
l'on s'écrase encore dans les couloirs.
Par les fenêtres ouvertes, les bruits
divers de la foule massée sous les bal-
cons parviennent jusqu'à nos oreilles.
Voilà une réunion qui fait recette.
Les adieux de M. Bahon
M. Bahon se lève. Uu silence lourd
plane sur les tables en fer à cheval
les conseillers se sont placés dans l'or-
dre décroissant des voix qu'ils ont ob-
tenues au scrutin. M. Lemaistre est en
tête M. Deleusme-Betln ferme le
cortège.
La voix de M. Bahon sonne nette et
ferme elle fait l'appel nominal des
conseillers élus. Et les c présent se
succèdent, rapides et étouffés. On a
l'impression qu'une atmosphère trop
lourde, une atmosphère dorage pèse
sur tous ceux qui sont dans cette salle.
Le Conseil est au complet les
trente-six élus de dimanche dernier
sont là. Et cela encore est bien fait
pour nous étonner.
De la même voix calme et sereine,
M. Bahon proclame les résultat* du
scrutin. Et les noms et les chiffres se
succèdent. sans Intérêt. Ce n'est pas
cela que le public et les conseillers
sont venus entendre. Mais voilà que la
voix de M. Bahon se fait plus sourde
les mots semblent arriver plus diffici-
lement sur ses lèvres
« Messieurs, dit-il, je déclare installé
le nouveau Conseil municipal. Vous
allez élire votre maire. Je vous rappelle
qu'aux termes de la loi cette élection
doit être présidée par le doyen de
l'assemblée municipale, en l'occur-
rence par votre collègue M. Clément.
Je lui cède la place.
Et M. Bahon, abandonnant son fau-
teuil, fait un pas de côté. Il va partir.
mais avant de quitter la salle, 1 ancien
maire de Rennes adresse & tous ses
anciens collègues un émouvant appel
il n'a pas pour lui-même un mot de
regret. Il parle pour remercier ceux
qu'il quitte (ceux-là même qui l'ont
abandonné) du concours qu'ils lui ont
prêté pendant quatre ans. Sa voix
est sourde mais ferme ses paroles
sont des paroles d'apaisement. M.
Bahon n'a pas de rancune, mais l'on
devine à l'entendre combien il est
touché par le coup qui lui a été porté
par ses amis. En terminant il émet le
vœu de voir le Conseil actuel travail-
ler hardiment et courageusement à la
prospérité de la ville de Rennes. Et
il se retire, vigoureusement applaudi
par le public et par tous les conseil-
lers.
M. Clément est au fauteuil au
scrutin secret, deux secrétaires de
séance sont élus. Ce sont MM. Tro-
meur et Saulais. Dans le bref. discours
qu'il prononce, M. Clément rend hom-
mage celui qui vient de quitter la
salle, à M. Bahon. Puis l'on passe au
«•rutln pour l'election du maire.
Depuis la veille les Jeux sont faits
et la majorité obtenue vendredi der-
nier en séance privée par M. Quessot
ne sera d'aucune utilité. Chacun mur-
mure le nom du nouveau maire, c'est
M. Jean Lemaistre, adjoint sortant.
directeur de l'Asile d'aliénés, membre
de la vieille Union Républicaine.
L'union des radicaux, des radicaux-
socialistes et des républicains socia-
listes français s'est faite sur le nom
de M. Lemaistre.
Pourtant, dans le camp socialiste,
il semble qu'on ait gardé quelque
espoir nerveusement, chacun suit
le dépouillument du scrutin. C'est M.
Tromeur qui lit les bulletins, en pon-
tifiant quelque peu. Ecoutons-le
C'est le nom de M. Quessot qui sort
le premier de l'urne. Sera-ce pour le
conseiller général socialiste de Ben-
nes d'un bon présage ? Non, car im-
médiatement après M. Lemaistre
prend de l'avance.
La voix de M. Tromeur annonce
« Lemaistre. Lemaistre. Quessot
Lemaistre. Quessot. Quessot. Le-
maistre. »
Courbés sur les tables, tous les cou- j
seillers fo-.t un pointage particulier.
Et la voix du secrétaire poursuit ses
Lemaistre. Quessot.. Lemaistre..
Quessot. Quessot. »
Au vingtième bulletin dépouillé, les
deux concurrents sont dead-heat
C'est une véritable course. Au 28* bul-
letin ils ne se sont pas encore dépar
tagés. Ils ont obtenu 14 voix chacun.
Mais voilà que M. Lemaistre prend
de l'avance. Consécutivement. cinq
(Photo ouest-£clair.)
.A la sortie de l'Hôtel de Ville, U* élu* socialistes ont quand
même le sourire. On reconnaît de gauche à droite MM. Raymond
André, Quttiot, Le Clainche, Rébillon. Leprince, Fritz et Rougi,
qui n'est pas inscrit au parti, mais qui manifeste à se* amis une
grande sympathie. fc
(Photo Ouest-Eclair,
Les deux ad joints démissionnaire*
Le docteur Porée, ton fil* et M' Tromeur s'entretiennent
1 cependant que MM. Muerez et Lemoux sourient devant l'objectif.
bulletins sortent qui portent son nom.
Cela lui fait 19 voix la majorité
absolue. Il est élu.
« Quessot. Lemaistre. Lemaistre ».
C'est fini. Par 31 voix contre 15 à
M. Quessot, M. Jean Lemaistre est élu
maire de Bennes.
Au milieu d'un silence glacial, M
Lemaistre prend place au fauteuil.
Ses premières paroles seront des
mots d'apaisement. Ayant remercié
ceux qui lui ont donné leur suffrage,
M- Lemaistre déclare qu'il est con-
vaincu que les 15 voix qui lui ont été
refusées ne l'ont pas été dans un but
{ de manifestation contre sa personne
mais qu'elles ont été la manifestation
d'une idée devant laquelle il s'incline
Puis il fait appel à la collaboration de
tous pour travailler à la prospérité de
la ville.
« Ma tâche ne me sera possible, dit-
il. surtout à moi qui prends derrière
notre brillant ami Bahon une lourde
succession, qu'autant que vous m'ap-
porteriez tous votre concours e.
Pas plus maintenant qu'au moment
de l'élection, personne n'applaudit.
L'omet' «ronde. il ne va pas tarder
à se déchaîner.
L'ÉLECTION DES ADJOINTS
La première numifeatatlon
des socialistes
On vote maintenant pour l'élection
d'un premier adjoint. M. Tromeur an-
nonce le résultat
« Bulletin blanc. Leroux. Leroux.
bulletin blanc. bulletin blanc. bul-
letin blanc. »
On commence à deviner l'attitude
de¡¡ socialistes. Ayant perdu la mairie,
la municipalité ne les intéresse plus.
Par voix et 14 bulletins blancs M.
Leroux est réélu premier adjoint.
Nous ne sommes pas du reste au
bout de nos surprises.
On procède à l'élection du deuxième
adjoint c'est le nom de M. Bougot
qui sort de l'urne. Et, invariablement
M. Tromeur poursuit
c Bougot. blanc. blanc. Bougot.
Bougot.
Par 33 voix et 14 bulletins blancs.
I M. Bougot est. Mais non, NI. Boulot
ne sera pas élu, car avant que M. Le-
maistre ait proclamé son élection,
l'ancien adjoint aux Travaux publics
demande la parole
Je refuse, dit-il, d'accepter les
voix de ceux de mes collègues qui ont
voté pour moi. Parmi ceux-là, ü en
est qui ont manqué à la parole don-
née, je ne veux pas collaborer avec des
hommes « sans paroles ».
C'est le coup de tonnerre pressenti:
l'orage crève. En parlant, M. Bougot
a fait un geste de la main.
M. Leray s'e:il cru visé il il se lève
et cinglant
« Nous n'avons, dit-il, aucune leçon
I de moralité politique à recevoir de
I gens qui en pleine bataile ont aban-
] donné leur compagnon de lutte, le ci-
i toyen Bahon. »
Et c'est le tumulte M. Raymond
André s'est levé à son tour c Tai-
sez-vous, crie-t-il, vous n'avez pas le
droit de dire cela.'c'est votre maire
d'aujourd'hui qui est venu nous de-
mander de « débarquer Bahon. »
Les socialistes ont pour eux le pu-
blic de la salle qui les applaudit à
tout rompre et qui hue M. Leray avec
autant de vigueur.
Pendant quelques minutes, c'est un
vacarme effarant dans lequel les in-
terpellations se croisent, les injures
claquent. Une véritable séance de la
Chambre M. Lemaistre est obligé
de menacer de faire évacuer la salle
pour ramener un calme relatif.
M. David manifeste ses regrets de
voir que certains .conseillers qui
avaient promis de voter « Quesot se
sont déjugés aujourd'hui °t ont man-
qué à leur promesse.
M. Quessot prétend que des engage-
ments avaient été pris qui sont au-
jourd'hui lettre-morte. Vous m'avez
donné 18 voix vendredi -:lr. sur 2t vo-
tants. Quels sont les trois traîtres qui
m'ont abandonné aujourd'hui ?
Dans le public, l'émotion est à son
comble on crie. on hurle et, sur l'air
des lampions, on chante Démis-
sion., démission.
Mais M. Lemaistre tient bon. L'in-
cident est clos, pour l'instant du
moins.
M. Bougot ayant refusé le poste de
deuxième adjoint, on procède à un
second tour de scrutin. Cette fois,
M. le Dr Prudent Porée ayant obtenu
17 voix, est élu. Les socialistes ont
augmenté leur troupe on compte en
effet à ce scrutin 17 bulletins blancs.
cependant que MM. Quesaot et Bou-
got recueillent chacun une voix per-
due.
Nouveau scrutin pour éHre un troi-
sième adjoint. On compte cette fols,
15 bulletins blancs. Obtiennent en
outre. MM. Tromeur. 14 voix: Ques-
sot, 6 voix; Porée. 1 voix. M. Tromeur
serait élu s'il n'estimait insuffisante
la co-flance qui lui a été faite.
« Je suis candidat, dit-i): qu* cfux
qui me UxX con fiance voient pour
moL Je n'accepterai pas d'être élu
par une minorité. »
n obtient au second tour 21 voix
et l'on retrouve les 15 bulletins
blancs. Décidément, les socialistes sa-
vent appliquer la discipline.
Pour la place de quatrième adjoint,
M. Brevet ayant obtenu 15 voix est
élu. Les 15 bulletins blancs des so-
cialistes sont toujours là et MM. Ga-
lesne. Quessot et Le Guyon ont ob-
tenu chacun deux voix.
Suspension. Pour élire les deux ad-
joints supplémentaires, il faut faire
approuver la délibération du Conseil
par la Préfecture. C'est une demi-
heure de repos pour le public. Pas
pour les conseillers qui se réunissent
par groupes et qui discutent avec ar-
i Photo Ouest -Eclair,
M. Charles Bougot arrive
à l'Hôtel de Ville
{ et talue ses électeurs.
deur La plupart des socialistes res-
tent dans la salle des séances, grou-
pés autour de MM. Réblllon et Com-
meurec.
L'orage
A la rentrée, un premier incident
rallume les passions.- Le docteur Porée
demande la parole.
J'ai accepté d'être adjoint, dit-il,
parce que je pensais que le malen-
tendu » on sourit qui existe en-
tre les socialistes et nous aurait pu
être aplani durant la suspension. Ce
malentendu cette fois les sou-
rires s'accentuent subsiste je me
retire
Cette déclaration du docteur Porée
est accueillie par les applaudissements
vigoureux des socialistes et de leurs
nombreux amis, massés dans le pré-
toire.
Mais, M. Lemaistre observe
« Trop tard, mon cher collègue, vous
êtes élu. Seul le préfet peut désormais
accepter votre démission. Il y a là une
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question de forme que je suis obligé de
faire respecter. s
M. Quessot demande que les ad-
joints élus gagnent leur fauteuil. Seul,
le docteur Porée continue à bouder:
MM. Tromeur, Brevet et Lerouxpr en-
nent place sans éclat aux côtés de
M. Lemaistre. Et l'on scrutlne encore
pour l'élection des deux adjoints sup-
plémentaires.
17 bulletins blancs: 2 voix à M. Châ-
teau une à M. Bougot; le reste soit
seize à M. Grécet. M. Grécet est (lu
cinquième adjoint.
18 bulletins blancs encore trois
ou quatre scrutins et l'on en comptera
36 une voix à M. Vasseur qui re-
mercie d'un sourire; 17 à M. Château:
M. Château est élu sixième adjoint
Dans le public et sur les bancs so-
cialistes, on s'amuse fort. Les mem-
bres de la majorité ont conservé le
sourire. Tout va bien. Est-ce fini ?
t La séance est. » prononce M. Le-
maistre.
Ah mais, pardon, s'écrie M. Com-
meurec. bondissant sur son siège, tel
un diablotin jaillissant d'une boite. je
demande la parole
t Il est nécessaire, poursuit M.
Commeurec, que la population sache
le pourquoi de notre attitude. Il
Un accusateur public
M. Commeurec a dû se laisser In-
fluencer par la reconstitution des
scènes de la Convention que le film
de Napoléon déroule en ce moment
au théâtre. Prenant soudain figure
d'accusateur public, il apparaît comme
le porte-parole d'un Comité de Salut
Public reconstitué. Et en décrétant
d'accusation les citoyens Leray. Tro-
meur. Leroux et Lemaistre, Il s'en
faut de bien peu qu'il ne demande
leur tête.
Ecoutons-le
c Au moment de la constitution de
la liste, lors du premier tour, Il était
entendu entre tous les candidats que
la place de maire serait réservée à un
socialiste. Dans toutes les séances qui
suivirent, et même durant la semaine
qui s'intercala entre les deux tours,
les mêmes engagements furent pris.
Leroux, vous avez dit ces mots
C'est une question d'honnêteté et de
moralité. x
c Leray, vous avez assuré que la
question ne se poserait même pas et
que le maire ne pouvait être qu'un
socialiste.
Malgré les dénégations de MM. Le-
roux et Leray, M. Commeurec pour-
suit
c Vendredi dernier. er. séance pri-
vée, notre camarade Quessot a été élu
par 18 voix sur 28 votants. Pourquoi
ce changement d'attitude aujour-
d'hui ? Je vais vous le dire; les rai-
sons de votre trahison, nous les con-
naissons. a
Et M. Commeurec accuse MM. Le-
roux, Tromeur et T^emalstre d'avoir
été à la Préfecture prendre les ordres
du Préfet et du Gouvernement.
«t Le Gouvernement ne veut pas des
maires socialistes; le Préfet vous l'a
dit; vous avez obéi.. et je vous mets
au défi de contredire les afnrmatlot»
que j'apporte ici. Vous savez mainte-
nant pourquoi nous ne voulons plus
collaborer avec vous. Nous sommes
entrés aujourd'hui dana l'opposition;
nous y demeurerons et nous entraîne-
rons derrière nous la population
« tout entière à ?
Les deux cents auditeurs sympathi-
sants qui forment le public manlfea-
tent leur approbation en poussant i
l'adresse des conseillers vises une mê-
me clameur c Démission, démis-
sion
La défense
Mais personne ne démissionne, du
moins pour l'instant. Et le docteur
Porée ayant demandé aux conseillers
interpellés de se Justifier. M Tromeur
prend la parole.
Oui, je suis allé à la préfecture.
dit-il, mais je n'étais pas convoqué.
J'y suis allé pour y exercer ma pro-
fession d'avocat, quatre candidats
contestant les élections m'ayant char-
gé de les représenter ».
Quant à M. Leroux c'est pour dé-
fendre l'oeuvre des Colonies de Va-
cances qu'il a franchi les degrés de
l'escalier préfectoral.
Les socialistes ne veulent pas. la
croire et Ils l'interrompent bruyam-
ment. Par trois fois M. Bougot lui
répète cette phrase qui doit être ins-
crite au procès-verbal et dont nous
lui laissons la responsabilité Al-
lons, Leroux, dis la vérité. Sois dont
honnête une fois dans ta vie P.
M. Leroux sourit.
Les engagements, ils n'étaient vala-
bles que pour la personnalité de M.
Bahon. Lui parti, la majorité du Con-
seil avait le droit de choisir soa
maire.
Le chœur des socialistes. C'est
faux Vous aviez donné votre parole.
Hou !.A hou les traîtres
Le docteur Porée se déclare édifié
il démissionnera. Et M. Tromeur l'imi-
tera. Voilà la municipalité privée de
deux adjoints.
Bah tout cela s'arrangera, semble
penser M. Lemaistre qui, souriant et
calme, profite d'une accalmie pour le-
ver la séance.
La foule s'écoule dans l'escalier ea
labyrinthe. Quelques cris encore. puis.
le calme. Devant l'Hôtel de Ville, plu-
sieurs milliers de personnes sont mas-
sées. M. Lemaistre, maire de Rennes
malgré les socialistes, sort. son éter-
nel sourire aux lèvres. Des têtes se dé-
couvrent, des mains se tendent. La.
au milieu de la place, dans la rue. le
nouveau maire de Rennes n'est-11 pas
en droit d'estimer un peu sa véritable
majorité.
Chez M. le Maire
Nous avons rencontré M. Lemaistre.
quelques heures après ces événements
passionnés, dans son jardin. La ciga-
rette aux lèvres, les pieds dans des
pantoufles, il devisait avec un ami.
« Nos respects, M. le Maire. Nous
direz-vous vos Impressions ?
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5 i
UNE SEANCE MEMORABLE AU CONSEIL MUNICIPAL
^1. JEAN LEMAISTRE EST ÉLU MAIRE DE REIVNES,
MAIS SA MUNICIPALITÉ COMPTE DÉJÀ
DEUX ADJOINTS DÉMISSIONNAIRES.
Et les socialistes, pour venger l'échec infligé à M. Quessot,
manif estent, soutenus par leurs amis,
leur intention d'entrer dans une opposition violente.
Il y a, certes, bien longtemps qu'une
Mince publique du Conseil municipal
n'avait été aussi houleuse et en même
temps aussi Instructive que le fut celle
de dimanche matin, au cours de la-
quelle les élus du scrutin de ballot-
tage devaient procéder à l'élection de
leur municipalité.
Un publlc empressé attendait, bien
avant l'heure' de la séance. l'ouverture
des portes. On parle, on se livre au
uetit jeu des pronostics.
(Photo Ouest-Eclair,')
M. Jean Lemaistre,
le nouveau maire de Rennes
Neuf heures M. Bahon, dont ce
sera le dernier acte ofllciel, attend
dam la salle des séances l'arrivée des
nouveaux élus. Calme d'apparence.
impassible, souriant méme aux amis
qui viennent lui serrer la main, M.
Bahon semble supporter gaillardement
le sort que lui-ont fait les électeurs et
quelques-uns de ses amis. Mais, tout-
à-l'heure, lorsqu'ayant procédé à l'ins-
tallation du Conseil municipal, il ex-
primera ses adieux et ses voeux, sa
voix laissera percer l'émotion qu'il
restent. N'anticipons pas.
Neuf heures dix. Les portes sont ou-
vertes au public. Une ruée. En quel-
ques secondes la salle est bondée et
l'on s'écrase encore dans les couloirs.
Par les fenêtres ouvertes, les bruits
divers de la foule massée sous les bal-
cons parviennent jusqu'à nos oreilles.
Voilà une réunion qui fait recette.
Les adieux de M. Bahon
M. Bahon se lève. Uu silence lourd
plane sur les tables en fer à cheval
les conseillers se sont placés dans l'or-
dre décroissant des voix qu'ils ont ob-
tenues au scrutin. M. Lemaistre est en
tête M. Deleusme-Betln ferme le
cortège.
La voix de M. Bahon sonne nette et
ferme elle fait l'appel nominal des
conseillers élus. Et les c présent se
succèdent, rapides et étouffés. On a
l'impression qu'une atmosphère trop
lourde, une atmosphère dorage pèse
sur tous ceux qui sont dans cette salle.
Le Conseil est au complet les
trente-six élus de dimanche dernier
sont là. Et cela encore est bien fait
pour nous étonner.
De la même voix calme et sereine,
M. Bahon proclame les résultat* du
scrutin. Et les noms et les chiffres se
succèdent. sans Intérêt. Ce n'est pas
cela que le public et les conseillers
sont venus entendre. Mais voilà que la
voix de M. Bahon se fait plus sourde
les mots semblent arriver plus diffici-
lement sur ses lèvres
« Messieurs, dit-il, je déclare installé
le nouveau Conseil municipal. Vous
allez élire votre maire. Je vous rappelle
qu'aux termes de la loi cette élection
doit être présidée par le doyen de
l'assemblée municipale, en l'occur-
rence par votre collègue M. Clément.
Je lui cède la place.
Et M. Bahon, abandonnant son fau-
teuil, fait un pas de côté. Il va partir.
mais avant de quitter la salle, 1 ancien
maire de Rennes adresse & tous ses
anciens collègues un émouvant appel
il n'a pas pour lui-même un mot de
regret. Il parle pour remercier ceux
qu'il quitte (ceux-là même qui l'ont
abandonné) du concours qu'ils lui ont
prêté pendant quatre ans. Sa voix
est sourde mais ferme ses paroles
sont des paroles d'apaisement. M.
Bahon n'a pas de rancune, mais l'on
devine à l'entendre combien il est
touché par le coup qui lui a été porté
par ses amis. En terminant il émet le
vœu de voir le Conseil actuel travail-
ler hardiment et courageusement à la
prospérité de la ville de Rennes. Et
il se retire, vigoureusement applaudi
par le public et par tous les conseil-
lers.
M. Clément est au fauteuil au
scrutin secret, deux secrétaires de
séance sont élus. Ce sont MM. Tro-
meur et Saulais. Dans le bref. discours
qu'il prononce, M. Clément rend hom-
mage celui qui vient de quitter la
salle, à M. Bahon. Puis l'on passe au
«•rutln pour l'election du maire.
Depuis la veille les Jeux sont faits
et la majorité obtenue vendredi der-
nier en séance privée par M. Quessot
ne sera d'aucune utilité. Chacun mur-
mure le nom du nouveau maire, c'est
M. Jean Lemaistre, adjoint sortant.
directeur de l'Asile d'aliénés, membre
de la vieille Union Républicaine.
L'union des radicaux, des radicaux-
socialistes et des républicains socia-
listes français s'est faite sur le nom
de M. Lemaistre.
Pourtant, dans le camp socialiste,
il semble qu'on ait gardé quelque
espoir nerveusement, chacun suit
le dépouillument du scrutin. C'est M.
Tromeur qui lit les bulletins, en pon-
tifiant quelque peu. Ecoutons-le
C'est le nom de M. Quessot qui sort
le premier de l'urne. Sera-ce pour le
conseiller général socialiste de Ben-
nes d'un bon présage ? Non, car im-
médiatement après M. Lemaistre
prend de l'avance.
La voix de M. Tromeur annonce
« Lemaistre. Lemaistre. Quessot
Lemaistre. Quessot. Quessot. Le-
maistre. »
Courbés sur les tables, tous les cou- j
seillers fo-.t un pointage particulier.
Et la voix du secrétaire poursuit ses
Lemaistre. Quessot.. Lemaistre..
Quessot. Quessot. »
Au vingtième bulletin dépouillé, les
deux concurrents sont dead-heat
C'est une véritable course. Au 28* bul-
letin ils ne se sont pas encore dépar
tagés. Ils ont obtenu 14 voix chacun.
Mais voilà que M. Lemaistre prend
de l'avance. Consécutivement. cinq
(Photo ouest-£clair.)
.A la sortie de l'Hôtel de Ville, U* élu* socialistes ont quand
même le sourire. On reconnaît de gauche à droite MM. Raymond
André, Quttiot, Le Clainche, Rébillon. Leprince, Fritz et Rougi,
qui n'est pas inscrit au parti, mais qui manifeste à se* amis une
grande sympathie. fc
(Photo Ouest-Eclair,
Les deux ad joints démissionnaire*
Le docteur Porée, ton fil* et M' Tromeur s'entretiennent
1 cependant que MM. Muerez et Lemoux sourient devant l'objectif.
bulletins sortent qui portent son nom.
Cela lui fait 19 voix la majorité
absolue. Il est élu.
« Quessot. Lemaistre. Lemaistre ».
C'est fini. Par 31 voix contre 15 à
M. Quessot, M. Jean Lemaistre est élu
maire de Bennes.
Au milieu d'un silence glacial, M
Lemaistre prend place au fauteuil.
Ses premières paroles seront des
mots d'apaisement. Ayant remercié
ceux qui lui ont donné leur suffrage,
M- Lemaistre déclare qu'il est con-
vaincu que les 15 voix qui lui ont été
refusées ne l'ont pas été dans un but
{ de manifestation contre sa personne
mais qu'elles ont été la manifestation
d'une idée devant laquelle il s'incline
Puis il fait appel à la collaboration de
tous pour travailler à la prospérité de
la ville.
« Ma tâche ne me sera possible, dit-
il. surtout à moi qui prends derrière
notre brillant ami Bahon une lourde
succession, qu'autant que vous m'ap-
porteriez tous votre concours e.
Pas plus maintenant qu'au moment
de l'élection, personne n'applaudit.
L'omet' «ronde. il ne va pas tarder
à se déchaîner.
L'ÉLECTION DES ADJOINTS
La première numifeatatlon
des socialistes
On vote maintenant pour l'élection
d'un premier adjoint. M. Tromeur an-
nonce le résultat
« Bulletin blanc. Leroux. Leroux.
bulletin blanc. bulletin blanc. bul-
letin blanc. »
On commence à deviner l'attitude
de¡¡ socialistes. Ayant perdu la mairie,
la municipalité ne les intéresse plus.
Par voix et 14 bulletins blancs M.
Leroux est réélu premier adjoint.
Nous ne sommes pas du reste au
bout de nos surprises.
On procède à l'élection du deuxième
adjoint c'est le nom de M. Bougot
qui sort de l'urne. Et, invariablement
M. Tromeur poursuit
c Bougot. blanc. blanc. Bougot.
Bougot.
Par 33 voix et 14 bulletins blancs.
I M. Bougot est. Mais non, NI. Boulot
ne sera pas élu, car avant que M. Le-
maistre ait proclamé son élection,
l'ancien adjoint aux Travaux publics
demande la parole
Je refuse, dit-il, d'accepter les
voix de ceux de mes collègues qui ont
voté pour moi. Parmi ceux-là, ü en
est qui ont manqué à la parole don-
née, je ne veux pas collaborer avec des
hommes « sans paroles ».
C'est le coup de tonnerre pressenti:
l'orage crève. En parlant, M. Bougot
a fait un geste de la main.
M. Leray s'e:il cru visé il il se lève
et cinglant
« Nous n'avons, dit-il, aucune leçon
I de moralité politique à recevoir de
I gens qui en pleine bataile ont aban-
] donné leur compagnon de lutte, le ci-
i toyen Bahon. »
Et c'est le tumulte M. Raymond
André s'est levé à son tour c Tai-
sez-vous, crie-t-il, vous n'avez pas le
droit de dire cela.'c'est votre maire
d'aujourd'hui qui est venu nous de-
mander de « débarquer Bahon. »
Les socialistes ont pour eux le pu-
blic de la salle qui les applaudit à
tout rompre et qui hue M. Leray avec
autant de vigueur.
Pendant quelques minutes, c'est un
vacarme effarant dans lequel les in-
terpellations se croisent, les injures
claquent. Une véritable séance de la
Chambre M. Lemaistre est obligé
de menacer de faire évacuer la salle
pour ramener un calme relatif.
M. David manifeste ses regrets de
voir que certains .conseillers qui
avaient promis de voter « Quesot se
sont déjugés aujourd'hui °t ont man-
qué à leur promesse.
M. Quessot prétend que des engage-
ments avaient été pris qui sont au-
jourd'hui lettre-morte. Vous m'avez
donné 18 voix vendredi -:lr. sur 2t vo-
tants. Quels sont les trois traîtres qui
m'ont abandonné aujourd'hui ?
Dans le public, l'émotion est à son
comble on crie. on hurle et, sur l'air
des lampions, on chante Démis-
sion., démission.
Mais M. Lemaistre tient bon. L'in-
cident est clos, pour l'instant du
moins.
M. Bougot ayant refusé le poste de
deuxième adjoint, on procède à un
second tour de scrutin. Cette fois,
M. le Dr Prudent Porée ayant obtenu
17 voix, est élu. Les socialistes ont
augmenté leur troupe on compte en
effet à ce scrutin 17 bulletins blancs.
cependant que MM. Quesaot et Bou-
got recueillent chacun une voix per-
due.
Nouveau scrutin pour éHre un troi-
sième adjoint. On compte cette fols,
15 bulletins blancs. Obtiennent en
outre. MM. Tromeur. 14 voix: Ques-
sot, 6 voix; Porée. 1 voix. M. Tromeur
serait élu s'il n'estimait insuffisante
la co-flance qui lui a été faite.
« Je suis candidat, dit-i): qu* cfux
qui me UxX con fiance voient pour
moL Je n'accepterai pas d'être élu
par une minorité. »
n obtient au second tour 21 voix
et l'on retrouve les 15 bulletins
blancs. Décidément, les socialistes sa-
vent appliquer la discipline.
Pour la place de quatrième adjoint,
M. Brevet ayant obtenu 15 voix est
élu. Les 15 bulletins blancs des so-
cialistes sont toujours là et MM. Ga-
lesne. Quessot et Le Guyon ont ob-
tenu chacun deux voix.
Suspension. Pour élire les deux ad-
joints supplémentaires, il faut faire
approuver la délibération du Conseil
par la Préfecture. C'est une demi-
heure de repos pour le public. Pas
pour les conseillers qui se réunissent
par groupes et qui discutent avec ar-
i Photo Ouest -Eclair,
M. Charles Bougot arrive
à l'Hôtel de Ville
{ et talue ses électeurs.
deur La plupart des socialistes res-
tent dans la salle des séances, grou-
pés autour de MM. Réblllon et Com-
meurec.
L'orage
A la rentrée, un premier incident
rallume les passions.- Le docteur Porée
demande la parole.
J'ai accepté d'être adjoint, dit-il,
parce que je pensais que le malen-
tendu » on sourit qui existe en-
tre les socialistes et nous aurait pu
être aplani durant la suspension. Ce
malentendu cette fois les sou-
rires s'accentuent subsiste je me
retire
Cette déclaration du docteur Porée
est accueillie par les applaudissements
vigoureux des socialistes et de leurs
nombreux amis, massés dans le pré-
toire.
Mais, M. Lemaistre observe
« Trop tard, mon cher collègue, vous
êtes élu. Seul le préfet peut désormais
accepter votre démission. Il y a là une
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question de forme que je suis obligé de
faire respecter. s
M. Quessot demande que les ad-
joints élus gagnent leur fauteuil. Seul,
le docteur Porée continue à bouder:
MM. Tromeur, Brevet et Lerouxpr en-
nent place sans éclat aux côtés de
M. Lemaistre. Et l'on scrutlne encore
pour l'élection des deux adjoints sup-
plémentaires.
17 bulletins blancs: 2 voix à M. Châ-
teau une à M. Bougot; le reste soit
seize à M. Grécet. M. Grécet est (lu
cinquième adjoint.
18 bulletins blancs encore trois
ou quatre scrutins et l'on en comptera
36 une voix à M. Vasseur qui re-
mercie d'un sourire; 17 à M. Château:
M. Château est élu sixième adjoint
Dans le public et sur les bancs so-
cialistes, on s'amuse fort. Les mem-
bres de la majorité ont conservé le
sourire. Tout va bien. Est-ce fini ?
t La séance est. » prononce M. Le-
maistre.
Ah mais, pardon, s'écrie M. Com-
meurec. bondissant sur son siège, tel
un diablotin jaillissant d'une boite. je
demande la parole
t Il est nécessaire, poursuit M.
Commeurec, que la population sache
le pourquoi de notre attitude. Il
Un accusateur public
M. Commeurec a dû se laisser In-
fluencer par la reconstitution des
scènes de la Convention que le film
de Napoléon déroule en ce moment
au théâtre. Prenant soudain figure
d'accusateur public, il apparaît comme
le porte-parole d'un Comité de Salut
Public reconstitué. Et en décrétant
d'accusation les citoyens Leray. Tro-
meur. Leroux et Lemaistre, Il s'en
faut de bien peu qu'il ne demande
leur tête.
Ecoutons-le
c Au moment de la constitution de
la liste, lors du premier tour, Il était
entendu entre tous les candidats que
la place de maire serait réservée à un
socialiste. Dans toutes les séances qui
suivirent, et même durant la semaine
qui s'intercala entre les deux tours,
les mêmes engagements furent pris.
Leroux, vous avez dit ces mots
C'est une question d'honnêteté et de
moralité. x
c Leray, vous avez assuré que la
question ne se poserait même pas et
que le maire ne pouvait être qu'un
socialiste.
Malgré les dénégations de MM. Le-
roux et Leray, M. Commeurec pour-
suit
c Vendredi dernier. er. séance pri-
vée, notre camarade Quessot a été élu
par 18 voix sur 28 votants. Pourquoi
ce changement d'attitude aujour-
d'hui ? Je vais vous le dire; les rai-
sons de votre trahison, nous les con-
naissons. a
Et M. Commeurec accuse MM. Le-
roux, Tromeur et T^emalstre d'avoir
été à la Préfecture prendre les ordres
du Préfet et du Gouvernement.
«t Le Gouvernement ne veut pas des
maires socialistes; le Préfet vous l'a
dit; vous avez obéi.. et je vous mets
au défi de contredire les afnrmatlot»
que j'apporte ici. Vous savez mainte-
nant pourquoi nous ne voulons plus
collaborer avec vous. Nous sommes
entrés aujourd'hui dana l'opposition;
nous y demeurerons et nous entraîne-
rons derrière nous la population
« tout entière à ?
Les deux cents auditeurs sympathi-
sants qui forment le public manlfea-
tent leur approbation en poussant i
l'adresse des conseillers vises une mê-
me clameur c Démission, démis-
sion
La défense
Mais personne ne démissionne, du
moins pour l'instant. Et le docteur
Porée ayant demandé aux conseillers
interpellés de se Justifier. M Tromeur
prend la parole.
Oui, je suis allé à la préfecture.
dit-il, mais je n'étais pas convoqué.
J'y suis allé pour y exercer ma pro-
fession d'avocat, quatre candidats
contestant les élections m'ayant char-
gé de les représenter ».
Quant à M. Leroux c'est pour dé-
fendre l'oeuvre des Colonies de Va-
cances qu'il a franchi les degrés de
l'escalier préfectoral.
Les socialistes ne veulent pas. la
croire et Ils l'interrompent bruyam-
ment. Par trois fois M. Bougot lui
répète cette phrase qui doit être ins-
crite au procès-verbal et dont nous
lui laissons la responsabilité Al-
lons, Leroux, dis la vérité. Sois dont
honnête une fois dans ta vie P.
M. Leroux sourit.
Les engagements, ils n'étaient vala-
bles que pour la personnalité de M.
Bahon. Lui parti, la majorité du Con-
seil avait le droit de choisir soa
maire.
Le chœur des socialistes. C'est
faux Vous aviez donné votre parole.
Hou !.A hou les traîtres
Le docteur Porée se déclare édifié
il démissionnera. Et M. Tromeur l'imi-
tera. Voilà la municipalité privée de
deux adjoints.
Bah tout cela s'arrangera, semble
penser M. Lemaistre qui, souriant et
calme, profite d'une accalmie pour le-
ver la séance.
La foule s'écoule dans l'escalier ea
labyrinthe. Quelques cris encore. puis.
le calme. Devant l'Hôtel de Ville, plu-
sieurs milliers de personnes sont mas-
sées. M. Lemaistre, maire de Rennes
malgré les socialistes, sort. son éter-
nel sourire aux lèvres. Des têtes se dé-
couvrent, des mains se tendent. La.
au milieu de la place, dans la rue. le
nouveau maire de Rennes n'est-11 pas
en droit d'estimer un peu sa véritable
majorité.
Chez M. le Maire
Nous avons rencontré M. Lemaistre.
quelques heures après ces événements
passionnés, dans son jardin. La ciga-
rette aux lèvres, les pieds dans des
pantoufles, il devisait avec un ami.
« Nos respects, M. le Maire. Nous
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