Titre : L'Ouest-Éclair : journal quotidien d'informations, politique, littéraire, commercial
Éditeur : [s.n.] (Rennes)
Date d'édition : 1928-01-08
Contributeur : Desgrées du Lou, Emmanuel (1867-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32830550k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 135307 Nombre total de vues : 135307
Description : 08 janvier 1928 08 janvier 1928
Description : 1928/01/08 (Numéro 9571). 1928/01/08 (Numéro 9571).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG14 Collection numérique : BIPFPIG14
Description : Collection numérique : BIPFPIG29 Collection numérique : BIPFPIG29
Description : Collection numérique : BIPFPIG35 Collection numérique : BIPFPIG35
Description : Collection numérique : Fonds régional : Bretagne Collection numérique : Fonds régional : Bretagne
Description : Collection numérique : Yroise, bibliothèque... Collection numérique : Yroise, bibliothèque numérique de Brest
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k657325v
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/12/2008
DIRECTEUR POLITIQUE J O U R N A L D U MATIN
AKNEI No
ANNONCES: ABONNEMENTS:
Elle, .ont reçu.. DIMANCHE Dmu.. 75
A RENNES VlZ*ï; f
JetS.KuelsBastird JANVIER TELEPHONES
A PARIS JANVIER RENNEs
M.MHçttLt» SO5-M78-3877-3S7»
ttècmu poManx Ste Gu(""e lut. 07 39 01.83
CENTIMFS
Afrasu Téltgriptihm OUCLAIR-RENNES
PIL filiSlAPHlÇDI SPÉCIAL
j =':="lES IDÉES ET LES LIVRES =:=
d'après le livre de mémoires du prince Youssoupoff
M. Youssoupoîf est étranger et
slave. 11 est prince, de surcroît, appa
rente à la famille impérial* par sa
femme. Il est enfin l'homme qui
assassina ». Ce sont là, pour notre
époque, trois titres à la gloire litté-
rai.re, pour peu que l'on consente a
signer un livre, ou même à l'écrire
Le revolver et le stylo sont, de uoe
jours, les deux instruments de la
gloire. Associés, ils en disposent irré-
sistiblemem. Séparés, le revolver seul
est plus efficace. En tout cas. il est
recommandé de commencer par lu:.
Le stylo se trouve toujours, aisément.
par la suite.
De peur que la postérité fût mal
renseignée. M. Youssoupoff s'est donc
imposé la tâche a?stz penible, je
pense de nous expliquer lui-même
pourquoi et con.ment il a tué Ras-
poutine.
Le « pourquoi n'e&i pas très clair.
On s'attendrait, selon l'usage, qu'en
ce procès de grandes assises. plaidé
à la barre de l'opinion publique, on
achève la victime en lui arrachant
l'honneur après ia vie, ou la charge
de tous les péchés et de toutes
les iniquités, pour alléger le meur-
trier. Il n'en est rien. Le narrateur
qui, par ailleurs, pousse si loin la
sincérité presque révoltante de sa
confession publique, laisse ici, invo-
lontairement peut-être, percer le gen
tilhomme. A part quelques déclama-
tions. Raspoutine n'est accusé d'aucun
crime précis. Aucune accusation pré-
cise de forfaiture, de malversation,
d'hypocrisie même n'est portée contre
lui. Insinuée, tout au plus, mais mise
en pleine lumière, démontrée, non
pas. Nous n'avons pas devant les yeux
la figure du satyre puant et velu,
-lu sadique magicien de la steppe
qu'on a vulgarisée jadis. Les
• orgies» de Raspoutine sont traitées
par simple allusion, sans que l'au-
leur semble y attacher une importance
particulière, ni s'être soucié d'en
acquérir la certitude. Nous apprexjorie
seulement que le Sibérien goûtait
avec excès le charme de la musique
tzigane et la puissante saveur du vin
de Madère. Ce ne sont pas là des
crimes capitaux. Nous apprenons
encore que Raspoutine avait été jadu-
affilié à une secte hérétique, qui se
livre à d'étranges sabbats d'érotisme
Mais on ne nous dit pas qu'il y ait
personnellement participé, ni qu'il
fût resté fidèle à cette secte. Comme
l'on nous le montre épié jour et nuit
par une tourbe de policiers et d'agent;-
secrets, nous nous prenons même à
douter qu'il lui ait été possible de
dissimuler si longtemps 'tnfâme
secret d'une vie de débauches aux
souverains qui honoraient ses vertus
et que tant de gens avaient intérêt à
éclairer.
Que voyons-nous donc 1 Un moujik,
assez médiocrement installé dans un
appartement sans luxe. Nous l'enten-
dons parler du tsar et de la tsarine
avec une fidélité tendre, nuancée de
pitié Ils veulent le bien, ils ne
savent paè, ils sont si malheureux
Sans doute laisse-t-i] voir quelque
naïf orgueil du pouvoir qu'il exerce
sur ceux qne l'on appelle les maur-s s
du monde Mais il exprime, dans les
conversations qui nous sont rappor-
tées, un grand amour du pauvre
peuple, et une violente aversion pour
la guerre
Si j'avais été là, disait-il (en juillet
1914, Il la suite d'un attentat, il restait
alité en Sibérie), je n'eusse jamais
permis cette effusion de sang. Assez
de cette guerre, assez de sang versé!
Ainsi nous apparaît la figure assez
inattendue d'un Raspoutine tolstoï
sant, ardemment pacifiste.
Je suis une bêle traquée, ajou
tait-il, tous les aristocrates voudraieni
rne détruire parce que le leur barre
le chemin. En revanche. le peuple me
respecte parce que, vêtu d'un cafetan
et chausse de grosses bottes, je suis
parvenu à devenir le conseiller àes
souverains. C'est la volonté de Dieu.
qui m'a donné cette force. On me
prie toujours d'octroyer aux Juifs les
mêmes droits qu'aux autres sujets
russes. Pourquoi les en priver ? Ce
sont des tommes comme nous, des
créatures de Dieu. Tu vois donc
(poursuivait Raspoutine l'adressant à
celui qui devait se constituer son
bourreau) combien de choses il y a
il faire. Et moi qui n'ai personne pour
m'aider. Je dois tout arranger moi-
même. Toi, tu as du bon sens, tu
m'aideras. Cela te rapportera de
l'argent. Eh bien tu donneras cel
argent auz pauvres.
Etranges propos, inquiétants et tou-
chants dans leur incohérence. Ils
aident à comprendre l'aventure, plus
étrange encore, de celui qui les a
prononcés.
Le tsar, la tsarine, leurs petits, eux
aussi, dans le fond de leurs gKee
princiers, chassés de l'un à l'autre
par la terreur, ce sont des bêtes
traquées. Ecrasés sous l'impuissance
de leur toute-puissance, ils se sentent
responsables devant Dieu, et devant
leur peuple. lis ont pourtant la
volonté d'accomplir honnêtement leur
devoir, de mériter l'approbation de
Dieu, l'amour de le.urs peuples. Faire
le bien, être aimés, torturant et inac-
cessible désir d'-6 despotes dont le
coeur est resté honnète 1 Mais com-
ment savoir ce que ce Dieu et ce
peuple attendent d'tux 1 Ils en sont
séparés par une triple muraille d'ai-
rain. D'un côté, en'ire eux et Dieu,
l'Egli6e orthodoxe, ses prélats ambi-
tieux, jaloux, sans foi. De l'autre.
entre eux e; le peuple, les rangs
profonds des soldat* en armes, les
replis de la police, minisires, les
politicien, les puissants, tous ceux
qui, de leur notn, autorisent leurs
oppressions, leurs exactions, leurs
vengeances, Its prisons, les bagnes.
l'échafaud. Et partout, sur tout cela,
le voile du mensonge Ils ne .savent
rien, ils ne peuvent rien.
Survient on homme simple, intro-
duit par les issues secrètes avec
l'aurait du mystère, vêtu de sa tou-
loupe et chaussé de gros souliers à
clous. Il leur parle au nom de Dieu,
il prétend aussi leur parler au nom
du peuple. Sa parole est rude, brutale,
directe. Ils croient voir en lui l'image
même de ce peuple immense, qui
crie vers eux, la-bas, si loin, ce peuple
qu'ils aiment, et dont ils ont si peur.
lis s'humilient devant cet envoyé de
Dieu et du peuple, et dans cet aban-
don confiant, ils croient trouver la
paix du cœur.
Mais lui, le pauvre diable de
staretz sans culture, sans appui
d'aucune ég^.ist, qui n'a en lui que
son obscur instinct, le message incer-
tain qu'il crut entendre à certaines
heures, il se sent â son tour écrasé
sous cette toute-puissance dont le
fardeau lui est abandonné. cherche
l'appui dans quelques femmes qui ont
foi en lui, l'oubli peut-être dans
quelques basses faiblesses. Il va cher-
cher aux sources impures des forces
d'emprunt la magie, les sciences
occultes, le tanatisme démoniaque.
Bientôt, un parti se fo:me amour de
lui, et il devient un instrument entre
des mains plus habiles.
Sur cette route de l'abîme, on ne
s'arrête plus. Il faut marcher, ou
rouler au gouffre. Il n'est pas si naïf,
ce rusé et ingénu moujik, que de ne
pas savoir qu'il a mis en jeu sa vie.
Il va tonc, il va. sans trop savoir
vers quoi. Crut-i'l à sa mission î
Etait-il un illuminé, un Mussolini
sibérien, doué d'une intuition et d'une
volonté nature" hors du commun.
ou un simple simulateur î C'est ce
que nous ne saurons jamais.
Ce qui apparaît bien, c'est qu'en
l'abattant, ses meurtriers n'ont pré-
tendu à venger ni la morale outragée.
ni même uniquement l'honneur de
la Russie •. Il s'agit d'un attentat
politique, d'une sanglante opération
de paru. Au profit de qui Il est
difficile de le discerner. Des aristo-
craies que Raipoutine génait 1 Des
partisans de la guerre à outrance qui
craignaient sa volonté de paix à tout
prix 7
Comme je le disaie en commençant,
le pourquoi de cette exécution
demeure obscur, même dans le livre
de M. Youssoupoff.
Mais le comment la manière
dont elle fut accompli,, est horrible.
L'auteur principal qui y tint le princi-
pal rôle, ne fait vraiment rien pour
s'y donner le beau rôle. Son récit est
sinistre, déroulé comme à mi-voix,
d'un ton indifférent, monotone sans,
éclais, sans timbre. On croirait enten-
dre un somnambule décrire une vision
d'enfer qu':l aurait eue en état d'in-
conscience, et dont il aurait gardé un
souvenir lucide.
On a vu que « l'homme de Dieu »,
le staretz on l'appelait ainsi
bien qu'il ne fût ni prêtre, n: moine,
et ne se donnât pas pour tel avait
proposé au prince de l'associer à son
action politique. Youssoupoff feignit
d s'y pr&er, et la confiance de Ris-
poutine fut si bien gagnée, qu'il
accepia de se rendre seul, un soir, au
palais Youssoupoff, pour prendre le
thé et écou' r de la musique. Cepen-
dant, le ministère de l'intérieur l'aver-
tit le jour même de ne pas sortir,
sous peine d'être assa oiné.
De grands préparatifs avaient trans-
formé ks caves du palai; rn salons,
afin qu'aucun bruit ne fût entendu de
la rue. es c -jurés se réunirent dans
une pièce du rez-de-chaussée poux
être il port -Je d'un appel de You5sou-
poff qui avait accepté d'être l'unique
exécutant de la scène capitale. Le
souper de Ferrare assaisonné au
plus terrible vS poisons, s'offrit tout
disposé sur la table, et abondamment
servi gâteaux au cyanure, madère
au cyanure.
Raspo· tine mangea les gâteaux, but
deux verres d- madère, et trouva le
tout excellent. Ce fut son hôte,
auquel on avait assuré que l'effet
du poison serait foudroyant, qui
manqua de s'évanouir d'effroi.
« Ayant aperçu ma guitare que
j'avais laissée sur une chaise, Raspou-
tine me dit « Joue-moi quelque chose
de gai, j'aime à t'entendre.
.Quand j'eus terminé la romance,
il rouvrit les yeux, et me regarda tris-
tement.
Chante encore un peu. J'aime
beaucoup cette musique tu y mets
tant d'âme
Je me remis à chanter. »
Les conjurés, là-haut, s'agitent.
Youssoupoff, sous un prétexte, re-
monte vers eux et leur dit Le poi-
son n'a pas agi. La dose était pour-
tant énorme. I) emprunte le revolver
du grand duc Dimitri, et redescend.
Raspoutine a decouvert au mur un
très beau crucifix de cristal et reste
en contemplation devant lui, les yeux
hypnotisés, la tête inclinée à droite.
A ce moment, le noble prince lui,
tire à bout portant une balle dans le
coeur.
Au bruit de la détonation, les con-
jurés descendent, constatent que le
staretz est bien mort et remontent son
corps inanimé. De temps à autre, par
prudence, on va lui titer le pouls
Allons, il é^ait bien mort.
Tout à coup, le géant bondit sur ses
pieds, rugit, et saisit Youssoupoff à
la gorge. Les autres arrivent à la
rescousse Mais le mort vivant lâche
prise, et d'un pas lourd. traversant
la cour pleine de neige, se dirige vers
la porte de la rue. Alors, ils se pré
cipitent tous, à coups de revolver, de
matraques, de talons de bottes.
On rentru le cadavre, cette fois
défiguré, dans le palais et là le très
noble prince nous confesse, de sa voix
tranquille, indifférente. terne J'eu!!
une sorte d'accès. Je me précipitai sur
lui, et me mis à le trapper avec le
bâton de caoutchouc, comme si j'étais
atteint de tolie.. »
Les bolcheviks peuvent venir. Ils
ne feront pas mieux.
Ainsi mourut Grégoire Ephimovitch
Raspouiine, paysan sibérien, ancien
maquignon qui, peut-être, s'était cru
envoyé de Dieu pour guider le tsar
Nicolas II dans la voie du salut, paci-
fier la Russie, affranchir les Juifs et
soulager le peuple des moujiUs.
C:elui qui le mit à mort nie nous
dit pas qu'il eût sur la conscience la
tête d'un seul homme, ni qu'il eût
jamais usé de sa puissance pour
abattre un seul de ses ennemis.
Le sang a appelé le sang. La source.
une fois ouverte, est devenue torrent.
Le prince Youssoupoff, qui essaie par
instante de s'élever à des considéra-
tions générales, s'efforce en vain,
dans une pompeuse introduction, de
dénoncer à notre indignation les
récits monstrueux des atrocités du
régime soviétique Je ne me ôou-
viens pas d'avoir lu de récit plus
monstrueux que celui qu'il a écrit
lui-même, sous forme de mémoire.
.bans une autre cave. moins somp-
tueusement ornée, à Ekaterinbourg,
l'infortuné Nicolas Il a subi le même
sort que l'obscur conseiller dont il
avait espéré une révélation mysté-
rieuse. Il a été massacré par ordre,
ayant obtenu, du moins, pour su-
prême consolation, de tenir sur ses
genoux le fils qu'il avait tant aimé,
tt de lui cacher le visage horrible de
la mort. Maie est-il bien s.r, comme
l'affirmen; témérairement les meur-
triers de Raspoutine, que la res-
ponsabilité de ce massacre doive
retomber tout entière sur leur vic-
time T
Jean des COGNETS
SPORTIFS
qui prenez part
DES
Organisé par « L'Ouest-Eclair
n'oubliez pas que la
clôture du concours
e s t irrévocablement
fixée au 14 janvier et
que vous pouvez, dès
demain 9 janvier 1928,
nous envoyer vos
feuilles de réponses
à l'adresse suivante
Monsieur le Directeur
du Concours des Sportifs,
Ouest-Eclair
rue du Pré-Botté
RENNES (I.-et-V.)
Votr en Vie Sportive.
=:= SOURIRES =:=•
@
Nous lisons dans la presse américaine
l'information suivante que je traduis libre-
ment
n Le manager Joe Jacobs vient de faire
l'acquisition d'un pugiliste poids lourd
le Canadien Jack Delaney. L'acquéreur
a payé comptant à la livraison la somme
de un million 250.000 francs. D'après les
conditions du marché, le manager rece-
vra, en outre, un poids.léger de valeur. n
Maintenant, j'enregistre pour mémoire
les clameurs indignées de quelque Fran-
çais à l'âme ingénue
Où allons-nous, juste ciel ? Où
courons-nous ? Après la traite des blanches,
uoici la traite des noirs, car les boxeurs
du Nouveau-Monde sont voués, sembU-l-il,
à la triste couleur. Qu'on le veuille ou
non, c'est le retour à l'esclavage 1.
De fait, dans les foires américaines,
l'entrepreneur d'exhibitions achète pour
quelques dollars, sonnant comme un gong
et trébuchant comme un vaincu knock-oul,
un ou plusieurs athlètes à peu près com-
plets. Il garnit son écurie d'entraînement
de lutteurs de choix, comme d'autres
s'approvisionnent en boeufs et en moutons
de première qualité. Business is busi-
ness 1.
Mais, je vous en prie, messieurs les puri-
tains du Vieux-Monde, n'exagérez point
votre mépris pour les innovations commer-
ciales d'outre-Atlantique. Après tout, les
termes crus employés par la presse des
Etats-Unis nous signalant un achat sportif,
n'équivalent-ils pas, sensiblement, aux
tractations de nos impresarii engageant des
artistes ?
Et puis, quoi ? La vente ferme de deux
poings accompagnés de leurs phalanges vic-
torieuses est-elle plus immorale que la ces-
sion d'un cervcau ? En France, au royaume
barbare des Leltresi ne voyons-nous pas
des écrivains acquérants les « nègres i)
par douzaines? Et, par hasard, n'aunez-
vous jamais assisté à une enchère de déco-
rations ou de voix électorales ?
Avant de crier au scandale, regardez
donc autour de vous. Désirez-vau. une
conscience, un f aux témoignage, une re-
commandation, u.i tuyau de courses ? Met-
lez-y le prix et vous obtiendrez tout cela.
De rares petites choses, cependant, ne
se liquident pas encore à un tarif connu,
sans doute parce qu'elles ne trouvent pas
preneur.. L'autre jour un homme généreux
voulait me faire un cadeau
le vous donne ma parole d'honneur
Merci, lui dis-je. Gardez-la. Elle
ne vau! pas cher et.. i'oublierais de cous
la rendre I.
Le Petit Grégoire.
LE GRAND CONCOURS DES FLEURS
000
Nous allions terminer notre mise en pages lorsqu'à la toute
dernière minute le Chef de service qui s'occupe du dépouillement
DU CONCOURS DES FLEURS*
nous a annoncé que toutes les opérations seraient terminées dans
le courant de la semaine qui commence, et que nous pourrions,
par conséquent faire connaître le résultat à nos lecteurs dans
notre numéro de dimanche prochain
15 JANVIER
Il se confirme qu'en tête de la liste-type arrive une ROSE;
que le n° 4 pourrait être le CAMELIA; le n° 6 le LYS; le n° i
le MIMOSA, et le n° 14 la TULIPE.
Mais ne disons rien de plus pour l'instant.
Lecteurs, patience et. à
DIMANCHE PROCHAIN
LE, PI..USIHS DE UOMWC.SE
Un petil traîneau herceloiuiette ji""r ''t'bé '• en 1:0111 i>ay rue de ses pa-
rents, peut ainsi resp2rer l'air salubre de, rimes.
LE DUR HIVER
LES INONDATIONS CAUSENT
A LONDRES
UN VERITABLE DESASTRE
Dans le quartier de Westminster,
envahi par les eaux,
on compte vingt morts
Londres, 7 janvier. Les pluies
abondantes et la fonte des neige:-
ont cause un véritable désastre à
Londies dans le quartier de \\est
minster qüi a été envahi par les
eaux de la Tamise à l'heure du flux.
Le Parlement q été inondé; autoui
du palais du Parlement les eaux ai-
tetguaieut une hauteur de 30 centi-
mètres.
Au musée de la Tate Gallery, outre
des croquis de Turner, de nombreux
tableaux de valseur ont été détruits.
Ils se trouvaient dans le, sous-ols
où l'eau fit Irruption si soudainement
qu'il fut impossible de dfplac.?r ces
tableau. Le sauvetage ve put com-
mencer que quand le niviau de l'eau
eut baissé.
L'inondation de la station 01er-
trique a âèné lp du
métro. L'arsenal dc Woolwich a été
partic-lli'in-Piu inondé. 4
Le téléphone est ('Otite. Dans uu
garage à proximùé du ft>nve.)0 voi-
tures sont a domi-6ubiiier««ws, Dans
los faubourgs de Lundri-s, de nutn-
breuses maisons, situées sur les rives
de la Tamise, eowt submergées.
Les inondations n'ont pas cause
qve des dégâts matériels: elles ont
maHieurousonifini fait de nombreuses
victimes.
On dit que le nombre des morts
serait de vingt.
Parmi onze cadavres retrouvés
sous les décombres d'une maison
écroulée, se trouvent quatre enfants
appartenant Il une famille de huit
entants.
A Vutney, deux jeunes filles qui
dormaient dans le 60tw-60l d'une
maison et doux autres dans le quar-
tir d'Hammersmith ont été noyées.
Bien que. dans certaines rues, les
eaux se soient retirées, des précau-
tions ont été prises pouf éviter de
nouveaux accidents.
A Londres, la population est cons-
tentée:
LE TÉNOR GIFLE
LA PRIMA DONNA
Budapest, 7 janvier. Le ténor Ga-
voi et la prima-donna, Mme Anna
Zoeld!>egy, quoique obligés de chan-
ter presque tous les soirs ensemble
ne s'entendaient plus.
Une rivalité artistique profonde les
divisait à laquelle s'ajoutait aussi une
haine religieuse, Mme Zoeldhegy
étant juive et M. Gavoi antisémite.
Les deux adversaires se rencontrè-
rent nouveau hier soir sur la scène
de l'Opéra où ils chantaient ensem-
ble La Tosca.
M. Gavoi, au moment de la grande
scène du troisième acte 5P précipita
sur sa partenaire et la gifla à trois
reprises avec une telle violence qu'el-
le tomba évanouie à la renverse et ee
cassa un bras dans la chute.
Cet incident provoqua un tumulte
parmi les spectateurs et le rideau
dut être baissé au milieu de la confu-
sion générale.
FIANÇAILLES PRINCIERES
AU JAPON
Tokio 7 janvier. Lés flançaille:
du prince Ohichibu et de M11P Setsu
fille de l'ambassadeur dv Japon a
Washington, sont confirmées.
LA GUERRE HORS LA LOI
LA REPONSE DE- M. BRIAND
A M. KELLOGG
COMPORTE UNE RESTRICTION
♦♦♦♦♦♦
Elle spécifie que le pacte projeté
doit seulement
viser la guerre d'agression
Paris. 7 janvier La réponse du
lioiivertwiiieiit français la propo-
sition américaine visant à mettre la
guerre '.hors la loi » es." (l'une clarté
certainement le meilleur effet sur les
chancelleries Elle proclame oflicit-i-
UMiieni ix- que noii.t 'avions ileja 'u»
avant-hier, à savoir ijue la condam-
nation de la guerre • correspond à
l'opinion publique et au sentiment
populaire des diverses nations
Kll* n'ouvre la [Xirie ;t aucune dis-
cussion sur le principe ou sur le
fonctioiiiipinent du pacle de Genève.
Elle permet au Gouvernement fran-
çais et an Gnuvernenvent américain
de poursuivre lVritretiTi t'n tonte
ronlianro.
Le de n>liington
u'adme-t |>a» en iii'iiii'ipe que l'on
mette « hors la loi • uniquement la
guerre, d'agre.-sion c'est une diffi-
culté as;*z sêriiMise et nous aurions
tort rie la dissimuler niais les dis-
positions d'esprit de la diphnnati*
ainfiiïtaine sont telles, qu'avec !o
temps, il est tout à fait probaM»
qu'une (ormnlp d'accord ne.ra
(Wtde WorUl l'botofc
M. KELLOG
Le texte de la réponse
Paris 7 janvier. Voie-! le leite
de la lettre de M. Briand que
M. Claudel, ambassadeur de France
aux Etals-L'nis a remise a Ni. Kellogg,
secrétaire d'Etat des Etats-Uuis
Par sa lettre du décembre
dernier, Votre Excellence a bien vou-
lu me faire connaître le sentiment
du gouvernement des Etats-Unis sur
le projet d'acte propose par le gou-
vernement de la République au mois
de juin en vue de condamner
la guerre et de renoncer à la guerre
comme instrument de la politique
nationale réciproque de la France i-t
des Etats-Unis.
Selon Votre Excellence, les deux
gouvernements, au lieu de se borner
à un acte bilatéral, contribueraient
davantage à la paix du momie en
joignant leurs efforts pour obtenir
l'adhésion de toutes les principales
puissances du monde a une décla-
ration de renonciation la guerre
comme instrumeut de leur politiu.n»
nationale.
AKNEI No
ANNONCES: ABONNEMENTS:
Elle, .ont reçu.. DIMANCHE Dmu.. 75
A RENNES VlZ*ï; f
JetS.KuelsBastird JANVIER TELEPHONES
A PARIS JANVIER RENNEs
M.MHçttLt» SO5-M78-3877-3S7»
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CENTIMFS
Afrasu Téltgriptihm OUCLAIR-RENNES
PIL filiSlAPHlÇDI SPÉCIAL
j =':="lES IDÉES ET LES LIVRES =:=
d'après le livre de mémoires du prince Youssoupoff
M. Youssoupoîf est étranger et
slave. 11 est prince, de surcroît, appa
rente à la famille impérial* par sa
femme. Il est enfin l'homme qui
assassina ». Ce sont là, pour notre
époque, trois titres à la gloire litté-
rai.re, pour peu que l'on consente a
signer un livre, ou même à l'écrire
Le revolver et le stylo sont, de uoe
jours, les deux instruments de la
gloire. Associés, ils en disposent irré-
sistiblemem. Séparés, le revolver seul
est plus efficace. En tout cas. il est
recommandé de commencer par lu:.
Le stylo se trouve toujours, aisément.
par la suite.
De peur que la postérité fût mal
renseignée. M. Youssoupoff s'est donc
imposé la tâche a?stz penible, je
pense de nous expliquer lui-même
pourquoi et con.ment il a tué Ras-
poutine.
Le « pourquoi n'e&i pas très clair.
On s'attendrait, selon l'usage, qu'en
ce procès de grandes assises. plaidé
à la barre de l'opinion publique, on
achève la victime en lui arrachant
l'honneur après ia vie, ou la charge
de tous les péchés et de toutes
les iniquités, pour alléger le meur-
trier. Il n'en est rien. Le narrateur
qui, par ailleurs, pousse si loin la
sincérité presque révoltante de sa
confession publique, laisse ici, invo-
lontairement peut-être, percer le gen
tilhomme. A part quelques déclama-
tions. Raspoutine n'est accusé d'aucun
crime précis. Aucune accusation pré-
cise de forfaiture, de malversation,
d'hypocrisie même n'est portée contre
lui. Insinuée, tout au plus, mais mise
en pleine lumière, démontrée, non
pas. Nous n'avons pas devant les yeux
la figure du satyre puant et velu,
-lu sadique magicien de la steppe
qu'on a vulgarisée jadis. Les
• orgies» de Raspoutine sont traitées
par simple allusion, sans que l'au-
leur semble y attacher une importance
particulière, ni s'être soucié d'en
acquérir la certitude. Nous apprexjorie
seulement que le Sibérien goûtait
avec excès le charme de la musique
tzigane et la puissante saveur du vin
de Madère. Ce ne sont pas là des
crimes capitaux. Nous apprenons
encore que Raspoutine avait été jadu-
affilié à une secte hérétique, qui se
livre à d'étranges sabbats d'érotisme
Mais on ne nous dit pas qu'il y ait
personnellement participé, ni qu'il
fût resté fidèle à cette secte. Comme
l'on nous le montre épié jour et nuit
par une tourbe de policiers et d'agent;-
secrets, nous nous prenons même à
douter qu'il lui ait été possible de
dissimuler si longtemps 'tnfâme
secret d'une vie de débauches aux
souverains qui honoraient ses vertus
et que tant de gens avaient intérêt à
éclairer.
Que voyons-nous donc 1 Un moujik,
assez médiocrement installé dans un
appartement sans luxe. Nous l'enten-
dons parler du tsar et de la tsarine
avec une fidélité tendre, nuancée de
pitié Ils veulent le bien, ils ne
savent paè, ils sont si malheureux
Sans doute laisse-t-i] voir quelque
naïf orgueil du pouvoir qu'il exerce
sur ceux qne l'on appelle les maur-s s
du monde Mais il exprime, dans les
conversations qui nous sont rappor-
tées, un grand amour du pauvre
peuple, et une violente aversion pour
la guerre
Si j'avais été là, disait-il (en juillet
1914, Il la suite d'un attentat, il restait
alité en Sibérie), je n'eusse jamais
permis cette effusion de sang. Assez
de cette guerre, assez de sang versé!
Ainsi nous apparaît la figure assez
inattendue d'un Raspoutine tolstoï
sant, ardemment pacifiste.
Je suis une bêle traquée, ajou
tait-il, tous les aristocrates voudraieni
rne détruire parce que le leur barre
le chemin. En revanche. le peuple me
respecte parce que, vêtu d'un cafetan
et chausse de grosses bottes, je suis
parvenu à devenir le conseiller àes
souverains. C'est la volonté de Dieu.
qui m'a donné cette force. On me
prie toujours d'octroyer aux Juifs les
mêmes droits qu'aux autres sujets
russes. Pourquoi les en priver ? Ce
sont des tommes comme nous, des
créatures de Dieu. Tu vois donc
(poursuivait Raspoutine l'adressant à
celui qui devait se constituer son
bourreau) combien de choses il y a
il faire. Et moi qui n'ai personne pour
m'aider. Je dois tout arranger moi-
même. Toi, tu as du bon sens, tu
m'aideras. Cela te rapportera de
l'argent. Eh bien tu donneras cel
argent auz pauvres.
Etranges propos, inquiétants et tou-
chants dans leur incohérence. Ils
aident à comprendre l'aventure, plus
étrange encore, de celui qui les a
prononcés.
Le tsar, la tsarine, leurs petits, eux
aussi, dans le fond de leurs gKee
princiers, chassés de l'un à l'autre
par la terreur, ce sont des bêtes
traquées. Ecrasés sous l'impuissance
de leur toute-puissance, ils se sentent
responsables devant Dieu, et devant
leur peuple. lis ont pourtant la
volonté d'accomplir honnêtement leur
devoir, de mériter l'approbation de
Dieu, l'amour de le.urs peuples. Faire
le bien, être aimés, torturant et inac-
cessible désir d'-6 despotes dont le
coeur est resté honnète 1 Mais com-
ment savoir ce que ce Dieu et ce
peuple attendent d'tux 1 Ils en sont
séparés par une triple muraille d'ai-
rain. D'un côté, en'ire eux et Dieu,
l'Egli6e orthodoxe, ses prélats ambi-
tieux, jaloux, sans foi. De l'autre.
entre eux e; le peuple, les rangs
profonds des soldat* en armes, les
replis de la police, minisires, les
politicien, les puissants, tous ceux
qui, de leur notn, autorisent leurs
oppressions, leurs exactions, leurs
vengeances, Its prisons, les bagnes.
l'échafaud. Et partout, sur tout cela,
le voile du mensonge Ils ne .savent
rien, ils ne peuvent rien.
Survient on homme simple, intro-
duit par les issues secrètes avec
l'aurait du mystère, vêtu de sa tou-
loupe et chaussé de gros souliers à
clous. Il leur parle au nom de Dieu,
il prétend aussi leur parler au nom
du peuple. Sa parole est rude, brutale,
directe. Ils croient voir en lui l'image
même de ce peuple immense, qui
crie vers eux, la-bas, si loin, ce peuple
qu'ils aiment, et dont ils ont si peur.
lis s'humilient devant cet envoyé de
Dieu et du peuple, et dans cet aban-
don confiant, ils croient trouver la
paix du cœur.
Mais lui, le pauvre diable de
staretz sans culture, sans appui
d'aucune ég^.ist, qui n'a en lui que
son obscur instinct, le message incer-
tain qu'il crut entendre à certaines
heures, il se sent â son tour écrasé
sous cette toute-puissance dont le
fardeau lui est abandonné. cherche
l'appui dans quelques femmes qui ont
foi en lui, l'oubli peut-être dans
quelques basses faiblesses. Il va cher-
cher aux sources impures des forces
d'emprunt la magie, les sciences
occultes, le tanatisme démoniaque.
Bientôt, un parti se fo:me amour de
lui, et il devient un instrument entre
des mains plus habiles.
Sur cette route de l'abîme, on ne
s'arrête plus. Il faut marcher, ou
rouler au gouffre. Il n'est pas si naïf,
ce rusé et ingénu moujik, que de ne
pas savoir qu'il a mis en jeu sa vie.
Il va tonc, il va. sans trop savoir
vers quoi. Crut-i'l à sa mission î
Etait-il un illuminé, un Mussolini
sibérien, doué d'une intuition et d'une
volonté nature" hors du commun.
ou un simple simulateur î C'est ce
que nous ne saurons jamais.
Ce qui apparaît bien, c'est qu'en
l'abattant, ses meurtriers n'ont pré-
tendu à venger ni la morale outragée.
ni même uniquement l'honneur de
la Russie •. Il s'agit d'un attentat
politique, d'une sanglante opération
de paru. Au profit de qui Il est
difficile de le discerner. Des aristo-
craies que Raipoutine génait 1 Des
partisans de la guerre à outrance qui
craignaient sa volonté de paix à tout
prix 7
Comme je le disaie en commençant,
le pourquoi de cette exécution
demeure obscur, même dans le livre
de M. Youssoupoff.
Mais le comment la manière
dont elle fut accompli,, est horrible.
L'auteur principal qui y tint le princi-
pal rôle, ne fait vraiment rien pour
s'y donner le beau rôle. Son récit est
sinistre, déroulé comme à mi-voix,
d'un ton indifférent, monotone sans,
éclais, sans timbre. On croirait enten-
dre un somnambule décrire une vision
d'enfer qu':l aurait eue en état d'in-
conscience, et dont il aurait gardé un
souvenir lucide.
On a vu que « l'homme de Dieu »,
le staretz on l'appelait ainsi
bien qu'il ne fût ni prêtre, n: moine,
et ne se donnât pas pour tel avait
proposé au prince de l'associer à son
action politique. Youssoupoff feignit
d s'y pr&er, et la confiance de Ris-
poutine fut si bien gagnée, qu'il
accepia de se rendre seul, un soir, au
palais Youssoupoff, pour prendre le
thé et écou' r de la musique. Cepen-
dant, le ministère de l'intérieur l'aver-
tit le jour même de ne pas sortir,
sous peine d'être assa oiné.
De grands préparatifs avaient trans-
formé ks caves du palai; rn salons,
afin qu'aucun bruit ne fût entendu de
la rue. es c -jurés se réunirent dans
une pièce du rez-de-chaussée poux
être il port -Je d'un appel de You5sou-
poff qui avait accepté d'être l'unique
exécutant de la scène capitale. Le
souper de Ferrare assaisonné au
plus terrible vS poisons, s'offrit tout
disposé sur la table, et abondamment
servi gâteaux au cyanure, madère
au cyanure.
Raspo· tine mangea les gâteaux, but
deux verres d- madère, et trouva le
tout excellent. Ce fut son hôte,
auquel on avait assuré que l'effet
du poison serait foudroyant, qui
manqua de s'évanouir d'effroi.
« Ayant aperçu ma guitare que
j'avais laissée sur une chaise, Raspou-
tine me dit « Joue-moi quelque chose
de gai, j'aime à t'entendre.
.Quand j'eus terminé la romance,
il rouvrit les yeux, et me regarda tris-
tement.
Chante encore un peu. J'aime
beaucoup cette musique tu y mets
tant d'âme
Je me remis à chanter. »
Les conjurés, là-haut, s'agitent.
Youssoupoff, sous un prétexte, re-
monte vers eux et leur dit Le poi-
son n'a pas agi. La dose était pour-
tant énorme. I) emprunte le revolver
du grand duc Dimitri, et redescend.
Raspoutine a decouvert au mur un
très beau crucifix de cristal et reste
en contemplation devant lui, les yeux
hypnotisés, la tête inclinée à droite.
A ce moment, le noble prince lui,
tire à bout portant une balle dans le
coeur.
Au bruit de la détonation, les con-
jurés descendent, constatent que le
staretz est bien mort et remontent son
corps inanimé. De temps à autre, par
prudence, on va lui titer le pouls
Allons, il é^ait bien mort.
Tout à coup, le géant bondit sur ses
pieds, rugit, et saisit Youssoupoff à
la gorge. Les autres arrivent à la
rescousse Mais le mort vivant lâche
prise, et d'un pas lourd. traversant
la cour pleine de neige, se dirige vers
la porte de la rue. Alors, ils se pré
cipitent tous, à coups de revolver, de
matraques, de talons de bottes.
On rentru le cadavre, cette fois
défiguré, dans le palais et là le très
noble prince nous confesse, de sa voix
tranquille, indifférente. terne J'eu!!
une sorte d'accès. Je me précipitai sur
lui, et me mis à le trapper avec le
bâton de caoutchouc, comme si j'étais
atteint de tolie.. »
Les bolcheviks peuvent venir. Ils
ne feront pas mieux.
Ainsi mourut Grégoire Ephimovitch
Raspouiine, paysan sibérien, ancien
maquignon qui, peut-être, s'était cru
envoyé de Dieu pour guider le tsar
Nicolas II dans la voie du salut, paci-
fier la Russie, affranchir les Juifs et
soulager le peuple des moujiUs.
C:elui qui le mit à mort nie nous
dit pas qu'il eût sur la conscience la
tête d'un seul homme, ni qu'il eût
jamais usé de sa puissance pour
abattre un seul de ses ennemis.
Le sang a appelé le sang. La source.
une fois ouverte, est devenue torrent.
Le prince Youssoupoff, qui essaie par
instante de s'élever à des considéra-
tions générales, s'efforce en vain,
dans une pompeuse introduction, de
dénoncer à notre indignation les
récits monstrueux des atrocités du
régime soviétique Je ne me ôou-
viens pas d'avoir lu de récit plus
monstrueux que celui qu'il a écrit
lui-même, sous forme de mémoire.
.bans une autre cave. moins somp-
tueusement ornée, à Ekaterinbourg,
l'infortuné Nicolas Il a subi le même
sort que l'obscur conseiller dont il
avait espéré une révélation mysté-
rieuse. Il a été massacré par ordre,
ayant obtenu, du moins, pour su-
prême consolation, de tenir sur ses
genoux le fils qu'il avait tant aimé,
tt de lui cacher le visage horrible de
la mort. Maie est-il bien s.r, comme
l'affirmen; témérairement les meur-
triers de Raspoutine, que la res-
ponsabilité de ce massacre doive
retomber tout entière sur leur vic-
time T
Jean des COGNETS
SPORTIFS
qui prenez part
DES
Organisé par « L'Ouest-Eclair
n'oubliez pas que la
clôture du concours
e s t irrévocablement
fixée au 14 janvier et
que vous pouvez, dès
demain 9 janvier 1928,
nous envoyer vos
feuilles de réponses
à l'adresse suivante
Monsieur le Directeur
du Concours des Sportifs,
Ouest-Eclair
rue du Pré-Botté
RENNES (I.-et-V.)
Votr en Vie Sportive.
=:= SOURIRES =:=•
@
Nous lisons dans la presse américaine
l'information suivante que je traduis libre-
ment
n Le manager Joe Jacobs vient de faire
l'acquisition d'un pugiliste poids lourd
le Canadien Jack Delaney. L'acquéreur
a payé comptant à la livraison la somme
de un million 250.000 francs. D'après les
conditions du marché, le manager rece-
vra, en outre, un poids.léger de valeur. n
Maintenant, j'enregistre pour mémoire
les clameurs indignées de quelque Fran-
çais à l'âme ingénue
Où allons-nous, juste ciel ? Où
courons-nous ? Après la traite des blanches,
uoici la traite des noirs, car les boxeurs
du Nouveau-Monde sont voués, sembU-l-il,
à la triste couleur. Qu'on le veuille ou
non, c'est le retour à l'esclavage 1.
De fait, dans les foires américaines,
l'entrepreneur d'exhibitions achète pour
quelques dollars, sonnant comme un gong
et trébuchant comme un vaincu knock-oul,
un ou plusieurs athlètes à peu près com-
plets. Il garnit son écurie d'entraînement
de lutteurs de choix, comme d'autres
s'approvisionnent en boeufs et en moutons
de première qualité. Business is busi-
ness 1.
Mais, je vous en prie, messieurs les puri-
tains du Vieux-Monde, n'exagérez point
votre mépris pour les innovations commer-
ciales d'outre-Atlantique. Après tout, les
termes crus employés par la presse des
Etats-Unis nous signalant un achat sportif,
n'équivalent-ils pas, sensiblement, aux
tractations de nos impresarii engageant des
artistes ?
Et puis, quoi ? La vente ferme de deux
poings accompagnés de leurs phalanges vic-
torieuses est-elle plus immorale que la ces-
sion d'un cervcau ? En France, au royaume
barbare des Leltresi ne voyons-nous pas
des écrivains acquérants les « nègres i)
par douzaines? Et, par hasard, n'aunez-
vous jamais assisté à une enchère de déco-
rations ou de voix électorales ?
Avant de crier au scandale, regardez
donc autour de vous. Désirez-vau. une
conscience, un f aux témoignage, une re-
commandation, u.i tuyau de courses ? Met-
lez-y le prix et vous obtiendrez tout cela.
De rares petites choses, cependant, ne
se liquident pas encore à un tarif connu,
sans doute parce qu'elles ne trouvent pas
preneur.. L'autre jour un homme généreux
voulait me faire un cadeau
le vous donne ma parole d'honneur
Merci, lui dis-je. Gardez-la. Elle
ne vau! pas cher et.. i'oublierais de cous
la rendre I.
Le Petit Grégoire.
LE GRAND CONCOURS DES FLEURS
000
Nous allions terminer notre mise en pages lorsqu'à la toute
dernière minute le Chef de service qui s'occupe du dépouillement
DU CONCOURS DES FLEURS*
nous a annoncé que toutes les opérations seraient terminées dans
le courant de la semaine qui commence, et que nous pourrions,
par conséquent faire connaître le résultat à nos lecteurs dans
notre numéro de dimanche prochain
15 JANVIER
Il se confirme qu'en tête de la liste-type arrive une ROSE;
que le n° 4 pourrait être le CAMELIA; le n° 6 le LYS; le n° i
le MIMOSA, et le n° 14 la TULIPE.
Mais ne disons rien de plus pour l'instant.
Lecteurs, patience et. à
DIMANCHE PROCHAIN
LE, PI..USIHS DE UOMWC.SE
Un petil traîneau herceloiuiette ji""r ''t'bé '• en 1:0111 i>ay rue de ses pa-
rents, peut ainsi resp2rer l'air salubre de, rimes.
LE DUR HIVER
LES INONDATIONS CAUSENT
A LONDRES
UN VERITABLE DESASTRE
Dans le quartier de Westminster,
envahi par les eaux,
on compte vingt morts
Londres, 7 janvier. Les pluies
abondantes et la fonte des neige:-
ont cause un véritable désastre à
Londies dans le quartier de \\est
minster qüi a été envahi par les
eaux de la Tamise à l'heure du flux.
Le Parlement q été inondé; autoui
du palais du Parlement les eaux ai-
tetguaieut une hauteur de 30 centi-
mètres.
Au musée de la Tate Gallery, outre
des croquis de Turner, de nombreux
tableaux de valseur ont été détruits.
Ils se trouvaient dans le, sous-ols
où l'eau fit Irruption si soudainement
qu'il fut impossible de dfplac.?r ces
tableau. Le sauvetage ve put com-
mencer que quand le niviau de l'eau
eut baissé.
L'inondation de la station 01er-
trique a âèné lp du
métro. L'arsenal dc Woolwich a été
partic-lli'in-Piu inondé. 4
Le téléphone est ('Otite. Dans uu
garage à proximùé du ft>nve.)0 voi-
tures sont a domi-6ubiiier««ws, Dans
los faubourgs de Lundri-s, de nutn-
breuses maisons, situées sur les rives
de la Tamise, eowt submergées.
Les inondations n'ont pas cause
qve des dégâts matériels: elles ont
maHieurousonifini fait de nombreuses
victimes.
On dit que le nombre des morts
serait de vingt.
Parmi onze cadavres retrouvés
sous les décombres d'une maison
écroulée, se trouvent quatre enfants
appartenant Il une famille de huit
entants.
A Vutney, deux jeunes filles qui
dormaient dans le 60tw-60l d'une
maison et doux autres dans le quar-
tir d'Hammersmith ont été noyées.
Bien que. dans certaines rues, les
eaux se soient retirées, des précau-
tions ont été prises pouf éviter de
nouveaux accidents.
A Londres, la population est cons-
tentée:
LE TÉNOR GIFLE
LA PRIMA DONNA
Budapest, 7 janvier. Le ténor Ga-
voi et la prima-donna, Mme Anna
Zoeld!>egy, quoique obligés de chan-
ter presque tous les soirs ensemble
ne s'entendaient plus.
Une rivalité artistique profonde les
divisait à laquelle s'ajoutait aussi une
haine religieuse, Mme Zoeldhegy
étant juive et M. Gavoi antisémite.
Les deux adversaires se rencontrè-
rent nouveau hier soir sur la scène
de l'Opéra où ils chantaient ensem-
ble La Tosca.
M. Gavoi, au moment de la grande
scène du troisième acte 5P précipita
sur sa partenaire et la gifla à trois
reprises avec une telle violence qu'el-
le tomba évanouie à la renverse et ee
cassa un bras dans la chute.
Cet incident provoqua un tumulte
parmi les spectateurs et le rideau
dut être baissé au milieu de la confu-
sion générale.
FIANÇAILLES PRINCIERES
AU JAPON
Tokio 7 janvier. Lés flançaille:
du prince Ohichibu et de M11P Setsu
fille de l'ambassadeur dv Japon a
Washington, sont confirmées.
LA GUERRE HORS LA LOI
LA REPONSE DE- M. BRIAND
A M. KELLOGG
COMPORTE UNE RESTRICTION
♦♦♦♦♦♦
Elle spécifie que le pacte projeté
doit seulement
viser la guerre d'agression
Paris. 7 janvier La réponse du
lioiivertwiiieiit français la propo-
sition américaine visant à mettre la
guerre '.hors la loi » es." (l'une clarté
certainement le meilleur effet sur les
chancelleries Elle proclame oflicit-i-
UMiieni ix- que noii.t 'avions ileja 'u»
avant-hier, à savoir ijue la condam-
nation de la guerre • correspond à
l'opinion publique et au sentiment
populaire des diverses nations
Kll* n'ouvre la [Xirie ;t aucune dis-
cussion sur le principe ou sur le
fonctioiiiipinent du pacle de Genève.
Elle permet au Gouvernement fran-
çais et an Gnuvernenvent américain
de poursuivre lVritretiTi t'n tonte
ronlianro.
Le de n>liington
u'adme-t |>a» en iii'iiii'ipe que l'on
mette « hors la loi • uniquement la
guerre, d'agre.-sion c'est une diffi-
culté as;*z sêriiMise et nous aurions
tort rie la dissimuler niais les dis-
positions d'esprit de la diphnnati*
ainfiiïtaine sont telles, qu'avec !o
temps, il est tout à fait probaM»
qu'une (ormnlp d'accord ne.ra
(Wtde WorUl l'botofc
M. KELLOG
Le texte de la réponse
Paris 7 janvier. Voie-! le leite
de la lettre de M. Briand que
M. Claudel, ambassadeur de France
aux Etals-L'nis a remise a Ni. Kellogg,
secrétaire d'Etat des Etats-Uuis
Par sa lettre du décembre
dernier, Votre Excellence a bien vou-
lu me faire connaître le sentiment
du gouvernement des Etats-Unis sur
le projet d'acte propose par le gou-
vernement de la République au mois
de juin en vue de condamner
la guerre et de renoncer à la guerre
comme instrument de la politique
nationale réciproque de la France i-t
des Etats-Unis.
Selon Votre Excellence, les deux
gouvernements, au lieu de se borner
à un acte bilatéral, contribueraient
davantage à la paix du momie en
joignant leurs efforts pour obtenir
l'adhésion de toutes les principales
puissances du monde a une décla-
ration de renonciation la guerre
comme instrumeut de leur politiu.n»
nationale.
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