Titre : L'Aérophile
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-04-01
Contributeur : Besançon, Georges (1866-1934). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344143803
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 25059 Nombre total de vues : 25059
Description : 01 avril 1937 01 avril 1937
Description : 1937/04/01 (A45,N4)-1937/04/30. 1937/04/01 (A45,N4)-1937/04/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6554372j
Source : Musée Air France, 2013-273394
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/11/2013
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QUE LE SOUVENIR DE JEAN MERMOZ
VIVE SANS CESSE PARMIS NOUS
Depuis que l'aviation me passionne - il
y a quelques lustres ! — jamais je n'ai
constaté un tel élan mystique qu'après la
mort du grand Jean Mermoz. Même l'immor-
tel Roland Garros, même le preux Georges
Guynemer, même l'incroyable Nungesser,
même la radieuse Hélène Boucher, ne con-
nurent pareille ferveur.
J'ai reçu des centaines de lettres de jeunes
gens, de jeunes filles me suppliant de leur
donner un « rien » ayant appartenu ou ayant
été touché par Mermoz. Selon mes corres-
pondants, cette relique devait devenir un
talisman contre « les heures dures de la
vie ».
Je n'ai pu répondre à ceux qui me firent
l'honneur de leur confiance qu'en leur con-
seillant de prendre la vie de Jean Mermoz
comme exemple. La meilleure façon de prier
les apôtres n'est-elle pas de se rendre digne
d'eux ?
J'ai distribué ainsi maintes cartes postales
qui n'avaient jamais été mises dans le com-
merce et qui furent éditées après la première
traversée de « l'Arc-en-Ciel ». J'ai fait des
heureux, j'en suis ravi. Mais ce souvenir
était bien peu de chose.
Jean Mermoz méritait d'avoir son portrait
traité par un maître. La chose est réali-
sée. Henry Cheffer, Prix de Rome, médaille
d'honneur, a exécuté une œuvre où le
héros revit d'une façon parfaite, frappante,
beaucoup mieux que n'ont pu le faire les
photographies — plutôt rares — où jamais
on ne retrouvait le visage exact du héros,
trop mobile pour la plaque sensible (1).
Le vrai Jean Mermoz existe maintenant.
Il faut que dans toutes les familles; que
dans toutes les chambres de jeunes gens,
que dans tous les établissements scolaires
ou aériens, on trouve ce portrait du grand
Français, du magnifique héros qui fait
honneur non seulement à la France, mais
à l'humanité.
Des hommes comme Jean Mermoz sont
rares, très rares. Des générations se succè-
dent avant qu'on en retrouve un de cette
essence ! Depuis les débuts de l'aviation,
je n'en ai connu qu'un possédant la même
valeur, la même âme, le même cerveau :
c'était Roland Garros, le premier qui tra-
versa la Méditerranée sans escale en 19.13.
Tous deux étaient des pilotes admirables;
pourtant leur science du pilotage passait
après, bien après les qualités de leur cœur,
les ressources de leur intelligence.
Lorsqu'on parlait avec eux, dans l'inti-
mité, on se sentait meilleur, on devenait
plus noble, les problèmes en apparence les
plus obscurs prenaient une luminosité in-
croyable. Tous deux vivaient d'anticipations :
ils constituaient l'avant-garde du progrès,
Et tous deux étaient animés des mêmes
sentiments d'altruisme et de patriotisme.
C'étaient des aviateurs — et quels avia-
teurs ! — mais c'étaient avant tout des
génies. Que d'erreurs n'auraient pas été
commises si on les avait écoutés! Que
de sacrifices eussent été évités !
Ils étaient trop jeunes pour imposer leurs
conceptions aux routiniers, qui ne pouvaient
accorder quelque crédit aux visions de
l'avenir qui les dépassaient.
On a tendance à oublier Roland Garros.
Les morts vont si vite. Rares, trop rares,
sont les spécialistes capables de rappeler les
exploits de cet admirable précurseur et de
montrer les beautés de son caractère.
Que Jean Mermoz ne soit pas victime de
cette injustice, mélange d'ingratitude et
d'ignorance. Il faut que chaque enfant de
France connaisse sa vie, plus belle que
n'importe quel roman d'aventures, et pos-
sède devant soi le portrait de ce chevalier
de l'air.
Sachons honorer les disparus autrement
que pendant les huit jours qui suivent leur
trépas. Conservons leur souvenir en les
vénérant, en les aimant, en pensant à eux
avant d'agir pour nous inspirer de leurs
actes afin d'avoir une vie droite et belle,
toujours pure, et, en cas de succès, toujours
simple, toujours modeste.
« Soyez simple, écrivait Mermoz, la veille
de son dernier départ, à son jeune ami'
Pierre de Verneilh : on ne peut être grand
qu'en restant simple. Il
L'existence' d'un Mermoz est un exemple,
un magnifique exemple. Le conquérant avait
subi tous les incidents et accidents pouvant
accabler un aviateur. Chaque fois, le mira
cle s'était produit qui l'avait sauvé, ju-
qu'au 7 décembre 1936, matinée fatale où 1
s'évada de la vie dans le mystère.
Cette fin, il l'avait prévue, il l'attendait
Les apôtres ne meurent pas de vieillesse.
On ne pouvait concevoir un Mermoz rendant
le dernier soupir dans un lit, des satteS
d'une maladie.. Il ne devait tomber qu'au
champ d'honneur, victime d'une traîtrise
de la mort à laquelle il avait si souvent
échappé et qu'il avait toujours méprisée.
Sa vie avait été un film aux cent acteS
divers : il avait été prisonnier du dés&
par trois fois, il avait failli être englouti1
dans les mers à deux reprises, il avait man-
qué être écrasé par les montagnes; souvent
au cours d'essais, il avait cru entendre SOI¡,
ner sa dernière heure, chaque fois il avait
triomphé au moment où tout semblait perdu.
Dans les derniers mois de son existence,
il rencontra d'autres périls. Il fut soupÇ°nil e,
pour ses opinions politiques. Soupçonner
Mermoz ? De quoi, mon Dieu ? Il avait
une âme de cristal. « Je ne suis ni i de
'e
droite, ni de gauche, m'avait-il écrit, et je
hais le sectarisme sous toutes ses formes. ,';
Il n'était pas un homme politique, il était
un grand Français. Il vivait dans l'esp
d'obtenir un jour la réconciliation de 10:
les Français, la vraie, celle du cœur et
l'âme, et non celle qui consiste à déclarer.
« Si tu ne te réconcilies pas et si ta 11
penses pas comme m'oi, je te casse
figure. »
A moins de le trahir, efforçons-nous de
- continuer sa noble mission: redevenons t
des frères loyaux et sincères, seul secret
de la puissance de notre Patrie. vj
Jacques Mortane-
(1) La reproduction de l'œuvre de Henry Cheffer figure sur la couverture de ce numéro.
L'AÉROPHILE — AVRIL ;
VIVE SANS CESSE PARMIS NOUS
Depuis que l'aviation me passionne - il
y a quelques lustres ! — jamais je n'ai
constaté un tel élan mystique qu'après la
mort du grand Jean Mermoz. Même l'immor-
tel Roland Garros, même le preux Georges
Guynemer, même l'incroyable Nungesser,
même la radieuse Hélène Boucher, ne con-
nurent pareille ferveur.
J'ai reçu des centaines de lettres de jeunes
gens, de jeunes filles me suppliant de leur
donner un « rien » ayant appartenu ou ayant
été touché par Mermoz. Selon mes corres-
pondants, cette relique devait devenir un
talisman contre « les heures dures de la
vie ».
Je n'ai pu répondre à ceux qui me firent
l'honneur de leur confiance qu'en leur con-
seillant de prendre la vie de Jean Mermoz
comme exemple. La meilleure façon de prier
les apôtres n'est-elle pas de se rendre digne
d'eux ?
J'ai distribué ainsi maintes cartes postales
qui n'avaient jamais été mises dans le com-
merce et qui furent éditées après la première
traversée de « l'Arc-en-Ciel ». J'ai fait des
heureux, j'en suis ravi. Mais ce souvenir
était bien peu de chose.
Jean Mermoz méritait d'avoir son portrait
traité par un maître. La chose est réali-
sée. Henry Cheffer, Prix de Rome, médaille
d'honneur, a exécuté une œuvre où le
héros revit d'une façon parfaite, frappante,
beaucoup mieux que n'ont pu le faire les
photographies — plutôt rares — où jamais
on ne retrouvait le visage exact du héros,
trop mobile pour la plaque sensible (1).
Le vrai Jean Mermoz existe maintenant.
Il faut que dans toutes les familles; que
dans toutes les chambres de jeunes gens,
que dans tous les établissements scolaires
ou aériens, on trouve ce portrait du grand
Français, du magnifique héros qui fait
honneur non seulement à la France, mais
à l'humanité.
Des hommes comme Jean Mermoz sont
rares, très rares. Des générations se succè-
dent avant qu'on en retrouve un de cette
essence ! Depuis les débuts de l'aviation,
je n'en ai connu qu'un possédant la même
valeur, la même âme, le même cerveau :
c'était Roland Garros, le premier qui tra-
versa la Méditerranée sans escale en 19.13.
Tous deux étaient des pilotes admirables;
pourtant leur science du pilotage passait
après, bien après les qualités de leur cœur,
les ressources de leur intelligence.
Lorsqu'on parlait avec eux, dans l'inti-
mité, on se sentait meilleur, on devenait
plus noble, les problèmes en apparence les
plus obscurs prenaient une luminosité in-
croyable. Tous deux vivaient d'anticipations :
ils constituaient l'avant-garde du progrès,
Et tous deux étaient animés des mêmes
sentiments d'altruisme et de patriotisme.
C'étaient des aviateurs — et quels avia-
teurs ! — mais c'étaient avant tout des
génies. Que d'erreurs n'auraient pas été
commises si on les avait écoutés! Que
de sacrifices eussent été évités !
Ils étaient trop jeunes pour imposer leurs
conceptions aux routiniers, qui ne pouvaient
accorder quelque crédit aux visions de
l'avenir qui les dépassaient.
On a tendance à oublier Roland Garros.
Les morts vont si vite. Rares, trop rares,
sont les spécialistes capables de rappeler les
exploits de cet admirable précurseur et de
montrer les beautés de son caractère.
Que Jean Mermoz ne soit pas victime de
cette injustice, mélange d'ingratitude et
d'ignorance. Il faut que chaque enfant de
France connaisse sa vie, plus belle que
n'importe quel roman d'aventures, et pos-
sède devant soi le portrait de ce chevalier
de l'air.
Sachons honorer les disparus autrement
que pendant les huit jours qui suivent leur
trépas. Conservons leur souvenir en les
vénérant, en les aimant, en pensant à eux
avant d'agir pour nous inspirer de leurs
actes afin d'avoir une vie droite et belle,
toujours pure, et, en cas de succès, toujours
simple, toujours modeste.
« Soyez simple, écrivait Mermoz, la veille
de son dernier départ, à son jeune ami'
Pierre de Verneilh : on ne peut être grand
qu'en restant simple. Il
L'existence' d'un Mermoz est un exemple,
un magnifique exemple. Le conquérant avait
subi tous les incidents et accidents pouvant
accabler un aviateur. Chaque fois, le mira
cle s'était produit qui l'avait sauvé, ju-
qu'au 7 décembre 1936, matinée fatale où 1
s'évada de la vie dans le mystère.
Cette fin, il l'avait prévue, il l'attendait
Les apôtres ne meurent pas de vieillesse.
On ne pouvait concevoir un Mermoz rendant
le dernier soupir dans un lit, des satteS
d'une maladie.. Il ne devait tomber qu'au
champ d'honneur, victime d'une traîtrise
de la mort à laquelle il avait si souvent
échappé et qu'il avait toujours méprisée.
Sa vie avait été un film aux cent acteS
divers : il avait été prisonnier du dés&
par trois fois, il avait failli être englouti1
dans les mers à deux reprises, il avait man-
qué être écrasé par les montagnes; souvent
au cours d'essais, il avait cru entendre SOI¡,
ner sa dernière heure, chaque fois il avait
triomphé au moment où tout semblait perdu.
Dans les derniers mois de son existence,
il rencontra d'autres périls. Il fut soupÇ°nil e,
pour ses opinions politiques. Soupçonner
Mermoz ? De quoi, mon Dieu ? Il avait
une âme de cristal. « Je ne suis ni i de
'e
droite, ni de gauche, m'avait-il écrit, et je
hais le sectarisme sous toutes ses formes. ,';
Il n'était pas un homme politique, il était
un grand Français. Il vivait dans l'esp
d'obtenir un jour la réconciliation de 10:
les Français, la vraie, celle du cœur et
l'âme, et non celle qui consiste à déclarer.
« Si tu ne te réconcilies pas et si ta 11
penses pas comme m'oi, je te casse
figure. »
A moins de le trahir, efforçons-nous de
- continuer sa noble mission: redevenons t
des frères loyaux et sincères, seul secret
de la puissance de notre Patrie. vj
Jacques Mortane-
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