Titre : Les Ailes : journal hebdomadaire de la locomotion aérienne / directeur, rédacteur en chef, Georges Houard
Éditeur : [s.n. ?] (Paris)
Date d'édition : 1935-09-26
Contributeur : Houard, Georges (1893-1964). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326846379
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 septembre 1935 26 septembre 1935
Description : 1935/09/26 (A15,N745). 1935/09/26 (A15,N745).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6553900t
Source : Musée Air France, 2013-273367
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2013
LES A;.ILES
lN« 745 — 26-9-35 — PAGE 11
EN GRANDE-BRETAGNE
L'attaque de Portsmouth et Southampton
Sa conclusion : les moyens de défense ne cadrent plus avec la vitesse
considérablement accrue des nouveaux avions
Les exercices de Portsmouth, s'ils n'ont pas mis en jeu des forces aériennes aussi nombreuses que celles qui
prirent part à la bataille de Londres, ont eu une « importance impériale » plus considérable encore; car il ne
s'agissait pas, cette fois, de la seule défense d'une ville, fut-elle la première de la Grande-Bretagne, mais bien de
la mise à l'épreuve de principes stratégiques et tactiques qui forment la base même du système de défense
impérial britannique. C'est une leçon pleine d'enseignements que nous apporte cette démonstration. -
(Du correspondant des Ailes en Grande-
Bretagne)
Londres, septembre 1935.
A
u centre même de la Manche, en com-
mandant aussi bien- l'accès occidental
que l'accès oriental, se trouve une
concentration de nos moyens maritimes et
navals : l'ensemble Portsmouth-Southamp-
ton. Pour le grand public, Portsmouth
c'est seulement le port de guerre; Sout-
hampton. la tête de ligne des grands trans-
atlantiques britanniques et étrangers. Pour
le spécialiste, l'expérience séculaire a
conduit à ériger les deux ports jumeaux,
qui ne se concurrencent pas, mais qui se
complètent, au fond d'un renfoncement de
la côte, dans lequel l'île de Wight vient
s'encastrer laissant deux chenaux d'accès,
l'un à l'Ouest, l'autre à l'Est. Les deux
ports, le port de commerce et le port mili-
taire, se trouvent ainsi à l'abri du canon
ennemi. La distance de la haute mer aux
bassins de l'un et de l'autre est, en effet,
trop grande pour laisser les canons, même
les pièces à longue portée d'aujourd'hui,
exécuter un tir efficace. Il sont également
à l'abri de toute facétie de torpilleur ou
de sous-marin. Les hauts fonds entre les-
quels il faut naviguer exigent qu'on voie
clair; or, le torpilleur, de nuit, ne pourrait
compter sur aucun feu allumé et le sous-
marin, de jour, ne pourrait sortir de la
surface de l'eau son périscope, en raison
des patrouilles de surface ou aériennes.
Bref, jusqu'à l'arrivée de l'Aviation, nous
pouvions considérer que l'accès de Ports-
mouth-Southampton était réservé à nos
navires en toute quiétude, et qu'une fois
mouillés ou amarres, ils pouvaient y atten-
dre en paix l'heure de l'appareillage.
L'Aviation a changé tout cela, et notre
Imperial Defense College a dû chercher à
établir une nouvelle doctrine. Ce que notre
suprématie sur mer nous avait garanti
pendant des siècles, la position qu'elle nous
permettait de tenir vis-à-vis de l'Europe
Continentale, intervenant quand bon nous
plaisait, nous abstenant lorsque nous le
jugions plus utile à nos intérêts, tout cela
a été mis en péril le jour où l'Aviation s'est
révélée la première arme mobile, laissant
loin derrière elle notre Marine, tout au
moins en ce qui concerne nos îles.
Notre pays n'a que sept semaines de
vivres. Pour assurer l'importation, et des
matières premières et des denrées dont
nous avons besoin pour simplement subsis-
ter, il faut que nos ports restent libres
d'accès; la menace sous-marine de la der-
nière guerre n'est rien à côté de la menace
aérienne d'une guerre future; nous avions
sous-estimé la puissance du sous-marin,
nous ne recommettrons pas une erreur sem-
blable quand il s'agit de l'Aviation.
Il y a plus : notre puissance maritime et
navale, garée dans nos ports protégés,
peut-elle ainsi être à la merci de l'Avia-
tion? C'est pour étudier ce cas, que les
exercices de Portsmouth ont été conçus.
Le point de vue technique
Ces exercices avaient également un but
technique.
En effet, ils ne peuvent être exécutés
régulièrement, puisque le personnel qui y
prend part n'est pas permanent dans son
ensemble, et qu'il ne peut être réuni
qu'oc cassionnellement.
Aussi sera eHtraiiiemçflt se fait-il d'une
façon irrégulière, et, en outre, l'Aviation
subit, au cours de l'année, de profondes
modifications. Il arrive ainsi que les appa-
reils contre lesquels les défenses aériennes
ont quelque habitude de s'entraîner devien-
nent démodés, ou tout au moins sont rem-
placés par des appareils de plus en plus
rapides.
Il y a donc lieu d'expérimenter à inter-
valles réguliers nos méthodes de tir et de
recherches anti-aériennes, pour voir si
elles s'appliquent encore dans les condi-
tions nouvelles.
C'est à cette préoccupation technique
que correspondaient donc, en partie, les
exercices de Portsmouth, et nous verrons
bientôt que leur exécution, et les leçons
tirées de cette expérience nouvelle justi-
fient pleinement leur conception.
La détection
C'est notre «Territorial Army » qui
devait ainsi être mise à l'épreuve, dans des
manœuvres, que nous avons cherché à
rendre aussi proches de la réàlité que pos-
sible, en utilisant des avions plus moder-
nes, et en étendant ces manœuvres sur
plusieurs nuits successives.
Elles se différenciaient des manœuvres
exécutées sur Londres; car il ne s'agissait
pas de défendre effectivement une grande
superficie de territoire, telle que celle de
notre capitale, mais deux points restreints
d'étendue, Portsmouth et Southampton,
d'importance vitale, puisque c'est là que
sont concentrés, sur quelques milles carrés,
les moyens de communication et de défense
les plus puissants de la nation.
Dans les deux cas cependant, une même
nécessité s'imposait, celle de découvrir le
plus tôt possible l'ennemi dans son appro-
che, et de le gêner dans ses opérations, si
on ne pouvait les empêcher.
Tandis que, pour la bataille de Londres,
on avait disposé surtout de détecteurs so-
nores, et de patrouilles aériennes, en ne
faisant appel qu'au minimum de projec-
teurs, dans les exercices de Portsmouth, au
contraire, on a voulu étudier le fonction-
nement de ces projecteurs en liaison avec
les autres services.
Les projecteurs
Cinquante projecteurs ont été ainsi ar-
més; ils étaient répartis entre le continent
et l'île de Wight. Sur la terre ferme, on les
rencontrait d'abord sur la ligne Fawley-
Southampton - Swaythling ainsi qu'aux
points suivants : Fareham, Gosport,
Cosham, Portsmouth, Hayling Island. Trois
postes étaient installés dans l'île de Wight :
à Cowes, Ryde et Sandown.
On voit donc que les centres à protéger
étaient gardés du côté de la mer aussi bien
que du côté de la terre; les avions ne pou-
vaienLvenir du Sud sans être justiciables
des projecteurs de l'île de Wight ou du
Nord, de l'Ouest ou de l'Est sans entrer
dans les faisceaux de projecteurs des com-
tés anglais.
D'autre part, l'« Observer Corps », qui
est spécialement chargé de la détection
sonore, avait établi ses postés aussi loin
que possible, d'un côté, jusqu'à Winchester,
de l'autre, jusqu'aux Three Needles.
L'artillerie anti-aérienne était celle qui
entoure immédiatement Portsmouth et
Southampton, qu'il s'agissait d'interdire
aux escadrilles ennemies.
Enfin, le P.C. de la défense, où devaient
être traités tous les renseignements arri-
vant, qu'ils provinssent des indicateurs
sonores, ou des projecteurs eux-mêmes,
pour tracer les routes des assaillants, était
établi à Governement House, à Port-
smouth même.
Les forces d'Aviation
Le - parti ennemi chargé d'attaquer le
port militaire de Portsmouth et le port
marchand de Southampton, ne comprenait
au total que vingt et un avions, dont dix
étaient des avions modernes Handley-Page
du type « Heyford ». Les autres consti-
tuaient une collection disparate. Parmi
ceux-là, on comptait un certain nombre
d'appareils monomoteurs, qui devaient
être, en réalité, les plus inquiétants pour
les défenseurs. -
En effet, bien que tous les avions pre-
nant part à l'attaque dussent pratiquer la
manœuvre classique de stopper les moteurs
par intervalle pour gêner le repérage, ceux
qui n'avaient qu'un moteur étaient les plus
petits et, de ce fait, offraient aux faisceaux
des projecteurs ne but bien mince; en
outre, en général, ils faisaient moins de
bruit, et étaient plus difficiles à repérer
au son.
L'attaque
Les exercices ont duré quatre jours,
ceux-ci ne commençant d'ailleurs qu'une
heure avant que l'obscurité fût faite.
Mais durant les deux derniers jours, ils
n'ont eu d'autre but que l'entraînement in-
dividuel des projecteurs. Ceux des deux
premières nuits, seuls, nous, intéressent du
point de vue stratégique et tactique.
Illlllllllllllllllllllllllllllllllllillilllllllliil"li""f l'i'lllllllllll'lil"'ll"i'i'l""l""
Cet avion de bombardement léger à longue distance, aux cocardes britanniques, a été acheté par l'Air Ministry au constructeur
américain Northrop. L'appareil a été longuement expérimenté à Martlesham où les avionneurs d'Outre-Manche ont été invités
à venir l'examiner. Avec un moteur Wright « Cyclone » développant 715 CV. à 2.000 m., la vitesse contrôlée a été de 354 km.-h.;
la charge des projectiles pouvant être répartie sur des lance-bombes fixés entre les jambes de l'atterrisseur, est de 500 kg.
Le jour J, un peu avant l'obscurité, neuf
« Heyford » volant à haute altitude et en
formation, se dirigeaient sur l'arsenal de
Portsmouth, et à partir de ce moment, les
raids se succédaient à intervalles de moins
de vingt minutes; les avions partaient de la
plaine de Salisbury, et à ce moment même,
il y eut quatre raids qui se succédèrent à
cinq minutes d'intervalle.
Bien que les jours aient déjà beaucoup
diminué depuis le début de l'été, la latitude
déjà élevée de l'Angleterre a fait que jus-
qu'à 23 heures environ, nos avions venant
de l'Ouest, se sont présentés dans un ciel
encore parsemé de lueurs demi-claires, qui
rendaient les projecteurs difficiles à poin-
ter et à manœuvrer, tandis que les avions
venant du Sud se présentaient dans un
clair de lune brillant, qui, s'il ne facilitait
pas non plus la tâche des projecteurs, pro-
fitait par contre aux avions, en éclairant la
ligne des côtes.
Les avions prirent soin de se. maintenir
à des altitudes élevées et s'abstinrent d'ar-
river en dessous de 2.500 mètres.
C'est, tout d'abord, pour l'ensemble de
ces raisons que l'on peut expliquer en
partie l'échec des projecteurs à saisir et
suivre leur but.
Plusieurs fois, les avions allumèrent les
feux Ferey verts, signal de convention,
signifiant qu'ils venaient de lancer leurs
bombes, avant que les projecteurs, même
avertis, n'aient pu diriger sur eux leurs
faisceaux.
D'autres fois, un avion ayant été aperçu
au moment même où il venait de lancer un
signal vert sur Portsmouth, échappait aus-
sitôt au corps d'observateurs et n'était re-
pris que lorsqu'il était déjà sur Porchester.
Cette première nuit d'exercices, une
large nappe nuageuse — ce que nous appe-
lons « mist » et que j'ai déjà décrit dans
un de mes précédents articles — se tenait,
à une hauteur de 2.000 mètres, et, malgré
leur puissance, les projecteurs n'arrivaient
pas à la percer aisement.
Ainsi, leur efficacité déjà partiellement
détruite, soit par la brume légère, soit par
le clair de lune, les projecteurs furent en-
core handicapés par les nouvelles vitesses
atteintes par les avions, et la liaison de la
recherche sonore au projecteur, compte
tenu du temps que le son met à se rendre
de l'avion qui le produit à l'observateur à
l'écoute, se montra beaucoup trop lente
pour les nouvelles vitesses; la différence
de 60 kilomètres de vitesse horaire en plus
a donc mis en défaut un dispositif qui
avait primitivement bien fonctionné.
Comme il faut s'attendre à ce que la vitesse
des avions fasse d'ici la fin de l'année un
nouveau bond de 60 kilomètres, nous ne
pouvons cacher le désappointement que
nous cause l'installation de la défense anti-
aérienne de la zone Portsmouth-Sou-
thampton. ,
Les exercices de la nuit suivante n'ont
fait que confirmer ceux de la première nuit.
Bien que les canons anti-aériens fussent
armés dans les environs de Portsmouth et
de Southampton, bien que de Tangmere,
près de Chichester, ou de Gosport, pussent
s'envoler les avions de combat, les uns et
les autres destinés à s'opposer aux raiders,
si ceux-ci étaient éclairés par les projec-
teurs, on peut estimer que, sur dix raids,
huit purent passer sans obstacle.
Conclusion
Comme conclusion de ces exercices, nous
sommes amenés à envisager de profondes
modifications dans notre dispositif d'ob-
servation sonore, de projecteurs, et de ca-
nons anti-aériens. Avant tout, il nous faut
rapidement détecter les avions de raid en-
nemis, et pour cela, nous nous demandons
si la dtéection des rayons infra-rouges,
détection qui a déjà été mise à l'essai au
War Office, et qui est à la fois infiniment
plus vite et plus souple que la détection des
ondes sonores, ne devra pas être adoptée
sur une vaste échelle.
J.-K. AIRCRAFT.
lN« 745 — 26-9-35 — PAGE 11
EN GRANDE-BRETAGNE
L'attaque de Portsmouth et Southampton
Sa conclusion : les moyens de défense ne cadrent plus avec la vitesse
considérablement accrue des nouveaux avions
Les exercices de Portsmouth, s'ils n'ont pas mis en jeu des forces aériennes aussi nombreuses que celles qui
prirent part à la bataille de Londres, ont eu une « importance impériale » plus considérable encore; car il ne
s'agissait pas, cette fois, de la seule défense d'une ville, fut-elle la première de la Grande-Bretagne, mais bien de
la mise à l'épreuve de principes stratégiques et tactiques qui forment la base même du système de défense
impérial britannique. C'est une leçon pleine d'enseignements que nous apporte cette démonstration. -
(Du correspondant des Ailes en Grande-
Bretagne)
Londres, septembre 1935.
A
u centre même de la Manche, en com-
mandant aussi bien- l'accès occidental
que l'accès oriental, se trouve une
concentration de nos moyens maritimes et
navals : l'ensemble Portsmouth-Southamp-
ton. Pour le grand public, Portsmouth
c'est seulement le port de guerre; Sout-
hampton. la tête de ligne des grands trans-
atlantiques britanniques et étrangers. Pour
le spécialiste, l'expérience séculaire a
conduit à ériger les deux ports jumeaux,
qui ne se concurrencent pas, mais qui se
complètent, au fond d'un renfoncement de
la côte, dans lequel l'île de Wight vient
s'encastrer laissant deux chenaux d'accès,
l'un à l'Ouest, l'autre à l'Est. Les deux
ports, le port de commerce et le port mili-
taire, se trouvent ainsi à l'abri du canon
ennemi. La distance de la haute mer aux
bassins de l'un et de l'autre est, en effet,
trop grande pour laisser les canons, même
les pièces à longue portée d'aujourd'hui,
exécuter un tir efficace. Il sont également
à l'abri de toute facétie de torpilleur ou
de sous-marin. Les hauts fonds entre les-
quels il faut naviguer exigent qu'on voie
clair; or, le torpilleur, de nuit, ne pourrait
compter sur aucun feu allumé et le sous-
marin, de jour, ne pourrait sortir de la
surface de l'eau son périscope, en raison
des patrouilles de surface ou aériennes.
Bref, jusqu'à l'arrivée de l'Aviation, nous
pouvions considérer que l'accès de Ports-
mouth-Southampton était réservé à nos
navires en toute quiétude, et qu'une fois
mouillés ou amarres, ils pouvaient y atten-
dre en paix l'heure de l'appareillage.
L'Aviation a changé tout cela, et notre
Imperial Defense College a dû chercher à
établir une nouvelle doctrine. Ce que notre
suprématie sur mer nous avait garanti
pendant des siècles, la position qu'elle nous
permettait de tenir vis-à-vis de l'Europe
Continentale, intervenant quand bon nous
plaisait, nous abstenant lorsque nous le
jugions plus utile à nos intérêts, tout cela
a été mis en péril le jour où l'Aviation s'est
révélée la première arme mobile, laissant
loin derrière elle notre Marine, tout au
moins en ce qui concerne nos îles.
Notre pays n'a que sept semaines de
vivres. Pour assurer l'importation, et des
matières premières et des denrées dont
nous avons besoin pour simplement subsis-
ter, il faut que nos ports restent libres
d'accès; la menace sous-marine de la der-
nière guerre n'est rien à côté de la menace
aérienne d'une guerre future; nous avions
sous-estimé la puissance du sous-marin,
nous ne recommettrons pas une erreur sem-
blable quand il s'agit de l'Aviation.
Il y a plus : notre puissance maritime et
navale, garée dans nos ports protégés,
peut-elle ainsi être à la merci de l'Avia-
tion? C'est pour étudier ce cas, que les
exercices de Portsmouth ont été conçus.
Le point de vue technique
Ces exercices avaient également un but
technique.
En effet, ils ne peuvent être exécutés
régulièrement, puisque le personnel qui y
prend part n'est pas permanent dans son
ensemble, et qu'il ne peut être réuni
qu'oc cassionnellement.
Aussi sera eHtraiiiemçflt se fait-il d'une
façon irrégulière, et, en outre, l'Aviation
subit, au cours de l'année, de profondes
modifications. Il arrive ainsi que les appa-
reils contre lesquels les défenses aériennes
ont quelque habitude de s'entraîner devien-
nent démodés, ou tout au moins sont rem-
placés par des appareils de plus en plus
rapides.
Il y a donc lieu d'expérimenter à inter-
valles réguliers nos méthodes de tir et de
recherches anti-aériennes, pour voir si
elles s'appliquent encore dans les condi-
tions nouvelles.
C'est à cette préoccupation technique
que correspondaient donc, en partie, les
exercices de Portsmouth, et nous verrons
bientôt que leur exécution, et les leçons
tirées de cette expérience nouvelle justi-
fient pleinement leur conception.
La détection
C'est notre «Territorial Army » qui
devait ainsi être mise à l'épreuve, dans des
manœuvres, que nous avons cherché à
rendre aussi proches de la réàlité que pos-
sible, en utilisant des avions plus moder-
nes, et en étendant ces manœuvres sur
plusieurs nuits successives.
Elles se différenciaient des manœuvres
exécutées sur Londres; car il ne s'agissait
pas de défendre effectivement une grande
superficie de territoire, telle que celle de
notre capitale, mais deux points restreints
d'étendue, Portsmouth et Southampton,
d'importance vitale, puisque c'est là que
sont concentrés, sur quelques milles carrés,
les moyens de communication et de défense
les plus puissants de la nation.
Dans les deux cas cependant, une même
nécessité s'imposait, celle de découvrir le
plus tôt possible l'ennemi dans son appro-
che, et de le gêner dans ses opérations, si
on ne pouvait les empêcher.
Tandis que, pour la bataille de Londres,
on avait disposé surtout de détecteurs so-
nores, et de patrouilles aériennes, en ne
faisant appel qu'au minimum de projec-
teurs, dans les exercices de Portsmouth, au
contraire, on a voulu étudier le fonction-
nement de ces projecteurs en liaison avec
les autres services.
Les projecteurs
Cinquante projecteurs ont été ainsi ar-
més; ils étaient répartis entre le continent
et l'île de Wight. Sur la terre ferme, on les
rencontrait d'abord sur la ligne Fawley-
Southampton - Swaythling ainsi qu'aux
points suivants : Fareham, Gosport,
Cosham, Portsmouth, Hayling Island. Trois
postes étaient installés dans l'île de Wight :
à Cowes, Ryde et Sandown.
On voit donc que les centres à protéger
étaient gardés du côté de la mer aussi bien
que du côté de la terre; les avions ne pou-
vaienLvenir du Sud sans être justiciables
des projecteurs de l'île de Wight ou du
Nord, de l'Ouest ou de l'Est sans entrer
dans les faisceaux de projecteurs des com-
tés anglais.
D'autre part, l'« Observer Corps », qui
est spécialement chargé de la détection
sonore, avait établi ses postés aussi loin
que possible, d'un côté, jusqu'à Winchester,
de l'autre, jusqu'aux Three Needles.
L'artillerie anti-aérienne était celle qui
entoure immédiatement Portsmouth et
Southampton, qu'il s'agissait d'interdire
aux escadrilles ennemies.
Enfin, le P.C. de la défense, où devaient
être traités tous les renseignements arri-
vant, qu'ils provinssent des indicateurs
sonores, ou des projecteurs eux-mêmes,
pour tracer les routes des assaillants, était
établi à Governement House, à Port-
smouth même.
Les forces d'Aviation
Le - parti ennemi chargé d'attaquer le
port militaire de Portsmouth et le port
marchand de Southampton, ne comprenait
au total que vingt et un avions, dont dix
étaient des avions modernes Handley-Page
du type « Heyford ». Les autres consti-
tuaient une collection disparate. Parmi
ceux-là, on comptait un certain nombre
d'appareils monomoteurs, qui devaient
être, en réalité, les plus inquiétants pour
les défenseurs. -
En effet, bien que tous les avions pre-
nant part à l'attaque dussent pratiquer la
manœuvre classique de stopper les moteurs
par intervalle pour gêner le repérage, ceux
qui n'avaient qu'un moteur étaient les plus
petits et, de ce fait, offraient aux faisceaux
des projecteurs ne but bien mince; en
outre, en général, ils faisaient moins de
bruit, et étaient plus difficiles à repérer
au son.
L'attaque
Les exercices ont duré quatre jours,
ceux-ci ne commençant d'ailleurs qu'une
heure avant que l'obscurité fût faite.
Mais durant les deux derniers jours, ils
n'ont eu d'autre but que l'entraînement in-
dividuel des projecteurs. Ceux des deux
premières nuits, seuls, nous, intéressent du
point de vue stratégique et tactique.
Illlllllllllllllllllllllllllllllllllillilllllllliil"li""f l'i'lllllllllll'lil"'ll"i'i'l""l""
Cet avion de bombardement léger à longue distance, aux cocardes britanniques, a été acheté par l'Air Ministry au constructeur
américain Northrop. L'appareil a été longuement expérimenté à Martlesham où les avionneurs d'Outre-Manche ont été invités
à venir l'examiner. Avec un moteur Wright « Cyclone » développant 715 CV. à 2.000 m., la vitesse contrôlée a été de 354 km.-h.;
la charge des projectiles pouvant être répartie sur des lance-bombes fixés entre les jambes de l'atterrisseur, est de 500 kg.
Le jour J, un peu avant l'obscurité, neuf
« Heyford » volant à haute altitude et en
formation, se dirigeaient sur l'arsenal de
Portsmouth, et à partir de ce moment, les
raids se succédaient à intervalles de moins
de vingt minutes; les avions partaient de la
plaine de Salisbury, et à ce moment même,
il y eut quatre raids qui se succédèrent à
cinq minutes d'intervalle.
Bien que les jours aient déjà beaucoup
diminué depuis le début de l'été, la latitude
déjà élevée de l'Angleterre a fait que jus-
qu'à 23 heures environ, nos avions venant
de l'Ouest, se sont présentés dans un ciel
encore parsemé de lueurs demi-claires, qui
rendaient les projecteurs difficiles à poin-
ter et à manœuvrer, tandis que les avions
venant du Sud se présentaient dans un
clair de lune brillant, qui, s'il ne facilitait
pas non plus la tâche des projecteurs, pro-
fitait par contre aux avions, en éclairant la
ligne des côtes.
Les avions prirent soin de se. maintenir
à des altitudes élevées et s'abstinrent d'ar-
river en dessous de 2.500 mètres.
C'est, tout d'abord, pour l'ensemble de
ces raisons que l'on peut expliquer en
partie l'échec des projecteurs à saisir et
suivre leur but.
Plusieurs fois, les avions allumèrent les
feux Ferey verts, signal de convention,
signifiant qu'ils venaient de lancer leurs
bombes, avant que les projecteurs, même
avertis, n'aient pu diriger sur eux leurs
faisceaux.
D'autres fois, un avion ayant été aperçu
au moment même où il venait de lancer un
signal vert sur Portsmouth, échappait aus-
sitôt au corps d'observateurs et n'était re-
pris que lorsqu'il était déjà sur Porchester.
Cette première nuit d'exercices, une
large nappe nuageuse — ce que nous appe-
lons « mist » et que j'ai déjà décrit dans
un de mes précédents articles — se tenait,
à une hauteur de 2.000 mètres, et, malgré
leur puissance, les projecteurs n'arrivaient
pas à la percer aisement.
Ainsi, leur efficacité déjà partiellement
détruite, soit par la brume légère, soit par
le clair de lune, les projecteurs furent en-
core handicapés par les nouvelles vitesses
atteintes par les avions, et la liaison de la
recherche sonore au projecteur, compte
tenu du temps que le son met à se rendre
de l'avion qui le produit à l'observateur à
l'écoute, se montra beaucoup trop lente
pour les nouvelles vitesses; la différence
de 60 kilomètres de vitesse horaire en plus
a donc mis en défaut un dispositif qui
avait primitivement bien fonctionné.
Comme il faut s'attendre à ce que la vitesse
des avions fasse d'ici la fin de l'année un
nouveau bond de 60 kilomètres, nous ne
pouvons cacher le désappointement que
nous cause l'installation de la défense anti-
aérienne de la zone Portsmouth-Sou-
thampton. ,
Les exercices de la nuit suivante n'ont
fait que confirmer ceux de la première nuit.
Bien que les canons anti-aériens fussent
armés dans les environs de Portsmouth et
de Southampton, bien que de Tangmere,
près de Chichester, ou de Gosport, pussent
s'envoler les avions de combat, les uns et
les autres destinés à s'opposer aux raiders,
si ceux-ci étaient éclairés par les projec-
teurs, on peut estimer que, sur dix raids,
huit purent passer sans obstacle.
Conclusion
Comme conclusion de ces exercices, nous
sommes amenés à envisager de profondes
modifications dans notre dispositif d'ob-
servation sonore, de projecteurs, et de ca-
nons anti-aériens. Avant tout, il nous faut
rapidement détecter les avions de raid en-
nemis, et pour cela, nous nous demandons
si la dtéection des rayons infra-rouges,
détection qui a déjà été mise à l'essai au
War Office, et qui est à la fois infiniment
plus vite et plus souple que la détection des
ondes sonores, ne devra pas être adoptée
sur une vaste échelle.
J.-K. AIRCRAFT.
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