80 l'Aérophile, Mars 1932
l e v o l s a n s moteur
LE VOL REMORQUÉ ET LE LANCEMENT PAR TREUIL
Le vol remorqué date du début de l'aviation
et, sans doute, Jean-Marie Le Bris, à Brest, en
1857, fut le premier à l'utiliser quand il s'éleva
sur un planeur attaché derrière une charrette;
l'Anglais Pilcher, en 1899, utilisa aussi ce
moyen : il se faisait tirer par des chevaux dont
il tenait les rênes et qu'il lançait au galop.
Caudron, un de nos grands constructeurs
d'avions, fit, lui aussi, ses débuts en essayant
un planeur tiré par un cheval. D'une manière
générale, dès 1905, les vols remorqués étaient
couramment effectués avec des canots auto-
mobiles, des automobiles et des treuils. Leyat,
dans la Côte-d'Or, utilisait un treuil et un
câble de 800 m. Fernand Scrive, à Lille, avec
quelques amis parmi lesquels se trouvait A. de
Montigny, qui pilote toujours et possède un
avion personnel, se faisait lancer par un treuil
dans la cour d'une usine; son planeur était
du genre Chanute. En 1914, Scrive avait même
mis au point un planeur démontable et une
auto-treuil très perfectionnés. Le moteur de
l'auto pouvait être embrayé soit sur les roues,
soit sur le treuil, le câble était attaché au
planeur et pouvait être libéré; après un acci-
dent avec Van Dame qui, pour la première
fois, dépassa le treuil avec le planeur, Scrive
pensa à décrocher le planeur en l'air.
Leyat reprit ses expériences après la guerre,
à Saint-Cyr, au terrain de bois d'Arcy, où
volent aujourd'hui le C. A. U. et l'Air. Leyat
employait, comme treuil, un tambour en bois
qu'il entraînait avec les roues d'une auto-
mobile. Son planeur était biplace et à double
commande. Ce faisant, Leyat pensait à une
méthode d'apprentissage des pilotes, méthode
économique et peu dangereuse. Hemmerdinger
pilotait ce planeur; il atteignit, avec Frachet
comme passager, une altitude de 150 m.
A peu près à la même époque, à la Wasser-
kuppe, Fokker, au cours d'expériences de vol
à voile, partait remorqué par sa voiture, une
puissante Cadillac. Mais c'est surtout depuis
1929 que le vol remorqué a pris une rapide et
grande extension et, au cours de 1931, il a été
adopté dans tous les pays.
Quels services le remorquage automobile
peut-il rendre à l'aviation et particulièrement
au vol sans moteur, et comment l'utiliser? C'est
ce que nous allons définir.
Objet de controverses nombreuses, il a eu
des partisans et des adversaires qui, défen-
Le treuil du C. A. u.
Un tambour est monté
à la place d'une roue
A. R.
dant leur point de vue avec une ardeur par-
fois trop vive, ont déformé une question que
les expériences américaines, françaises et al-
lemandes permettent aujourd'hui de bien si-
tuer et de comprendre.
Le remorquage par automobile répond à
deux fins :
1° Au début de l'aviation, les hommes ne
disposant pas de moteurs légers, ont laissé
leur moteur au sol et se sont fait remorquer.
Actuellement semblable méthode peut être em-
ployée, car moins onéreuse et moins dange-
reuse que l'apprentissage des pilotes d'avion.
Mais alors il ne s'agit plus de vol à voile et
le pilote ainsi formé ne présente pas les avan-
tages d'un pilote de vol à voile.
2° Le but du vol sans moteur étant de voler
en utilisant exclusivement les énergies natu-
relles de l'atmosphère, le remorquage des pla-
neurs n'est, en vol sans moteur, qu'une mé-
thode de lancement, méthode qui permet l'en-
traînement des élèves et, dans certaines cir-
constances, les vols de performance.
Les avantages du départ remorqué sont les
suivants :
Réduction du nombre d'aides;
Cadence plus rapide pour les vols;
Possibilité d'entraîner les élèves en terrain
plat et de leur faire passer les brevets A et B.
Et ses inconvénients sont :
D'être plus onéreux que le lancement au san-
dow;
De nécessiter des terrains de 800 à 1.000 m.;
D'employer une voiture d'assez grosse puis-
sance (15 CV).
Pour pratiquer le lancement par automobile
dans un club, deux méthodes sont possibles.
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