l'Aérophile, Février 1932 43
"POOL" MAIS NON SOCIÉTÉ INTERNATIONALE
La nouvelle s'est répandue au début de jan-
vier, propagée par divers journaux français,
qu'une collaboration franco-allemande avait été
envisagée à Berlin pour l'organisation et l'ex-
ploitation de lignes aériennes mondiales et plus
particulièrement d'une liaison Europe-Amé-
rique du Sud par « Zeppelin ».
Des démentis du ministère de l'Air et de
M. Latecoère ont montré ensuite que toute ten-
tative d'accord ne pouvait tenir à l'écart l'Angle-
terre, l'Italie et l'Espagne.
Une société franco-allemande d'ailleurs ne
pourrait faire circuler ses aéronefs puisqu'aux
termes des conventions internationales qui ou-
vrent à la circulation aérienne l'atmosphère des
pays étrangers, un aéronef doit pour pouvoir y
circuler posséder une nationalité, condition
que ne rempliraient pas les appareils de la so-
ciété franco-allemande, car celle-ci ne ressor-
tirait à aucun état. Seule, serait pratiquement
possible cette sorte de collaboration dénommée
« pool » dans laquelle chaque société en com-
munauté d'intérêts conserve sa nationalité
propre et, demeurant propriétaire de ses
avions,, leur communique sa propre nationalité.
Il semble bien, enfin, que le « pool » d'ail-
leurs, ne soit que la forme élémentaire des col-
laborations internationales, indispensables à la
navigation aérienne au long cours. Il semble
aussi que toute collaboration plus étroite que le
« pool » se heurtera à bien des susceptibilités
et intérêts nationaux, mais on a trop dit que
l'aviation rapprocherait les peuples et ce serait,
s'ajoutant à ceux qu'elle a acquis, un trop beau
titre il son actif pour que tous les espoirs ne
soient pas permis, même dans notre vieille Eu-
rope, en dépit des difficultés à vaincre.
Deux photographies
de Franck S. Lahm
L'aéronaute Frank S. Lahm, décédé à Paris le
29 décembre dernier et dont nous avons publié la
photographie dans notre numéro du mois de jan-
vier, pratiquait à un âge fort avancé l'avion et le
sport aérostatique. La deuxième photoqraphie le
I iesente en nacelle lors de sa dernière ascen-
Slon en compagnie de M. Georges Blanchet et de
M. Harper, avocat américain.
En cette occasion Lahm pilota pendant une par-
tie du voyage. Le voici encore dans la carlingue
d'un avion aux côtés de son fils, le général Lahm
et du commandant Ocker, pilote aviateur fort
connu aux Etats-Unis.
La disparition de Franck S. Lahm a attristé ses
nombreux amis de l'aviation et du ballon. L'œuvre
du vieux pilote utile à la cause aérienne restera
en exemple aux jeunes générations qui verront
l'aviation universellement vulgarisée.
Edmond Louis Régy
Edmond-Louis Régy est décédé à Paris le 29 jan-
VIer dernier. Ses amis, en foule considérable, l'ac-
companèrent à sa demeure dernière.
Né à Paris en 1886, il était issu d'une famille
d'industriels. Ayant suivi pendant six ans les cours
des Arts et Métiers de Châlons, il en sortit ingé-
nieur en 1907. Un des premiers, il construisit des
hélices d'aéroplane, puis réalisa, pour des inven-
teurs, nombre d'appareils. Ce faisant, il eut la
grande satisfaction professionnelle de construire,
pour Blériot, son monoplan de la traversée de la
Manche. Ces succès de construction lui valurent
d'être participant de tous les meetings d'aviation de
l'époque héroïque. En 1914, au moment où le pays
eut besoin de toutes les compétences pour cons-
truire les miftfërs d'appareils destinés à la défense
nationale, il créa, à Lyon, une usine d'où sortirent
nombre de Caudron, Nieuport et Spad; ceci en
plus des hélices de sa marque. Récemment, sur les
assises de la très ancienne marque Bord, dont il
était propriétaire, il fonda une ultra-moderne
usine de pianos, dont la luxueuse production ho-
nore le nom de son créateur.
Edmond Régy reste le typique représentant de
cette laborieuse bourgeoisie française, honneur de
notre pays, qui, en collaborant à la prospérité de la
nation, propage à l'étranger le renom du génie
français. G. BL.
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