Titre : L'Aérophile
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1946-03-01
Contributeur : Besançon, Georges (1866-1934). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344143803
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 25059 Nombre total de vues : 25059
Description : 01 mars 1946 01 mars 1946
Description : 1946/03/01 (A53,N6)-1946/03/31. 1946/03/01 (A53,N6)-1946/03/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6553587c
Source : Musée Air France, 2013-273394
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/11/2013
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AU PASSAGE DE LA CORDILLÈRE
l'esprit m'a tendu la m
1 nous dit Adrienne BOLLflND
L
e i" avril 1921 — il y aura vingt-
cinq ans bientôt — Mlle Adrienne BOLLAND
accomplissait l'exploit qui devait la
rendre célèbre à tout jamais : la traversée de
la Cordillère des Andes à bord d'un petit
Caudron de 80 CV. Sans doute, Adrienne
BOLLAND aimait-elle passionnément l'aviation,
car on ne se lance pas dans une pareille
aventure sans y être poussée par un senti-
ment profond. Pourtant la jeune aviatrice
était déjà fort détachée des satisfactions
classiques de ce monde et ce n'était ni
l'amour du risque, ni le besoin de gloire, ni
l'intérêt qui l'animait.
— « Je croyais, en volant, pouvoir m'iso-
ler, fuir la terre et ses bassesses. »
Et l'on ne peut s'empêcher de penser à
MERMQZ qui, lui aussi, fuyait la ville pour
retrouver sur les terrains éloignés, des com-
pagnons fidèles, et donner libre cours, dans
le ciel pur, à ses pures pensées.
Jean MERMOZ, çomme Adrienne BOLLAND, et
sur les mêmes montagnes a forcé le dstin.
Et comme elle, pour fuir la terre et ses bas-
sesses.
*
★ ★
L
aissons la parole à Adrienne BOLLAND.
— « La Cordillère des Andes avait alors
une terrible réputation. Cinq aviateurs
sud-américains avaient trouvé la mort en
essayant de la franchir et son inviolabilité
tournait à la légende. Pourquoi ai-je vaulu
réussir là où ces malheureux avaient échoué?
Pas par esprit de compétition, croyez-le bien.
Par amour-propre national ? Je n'en suis pas
sûre. Pour le plaisir de sillonner un ciel neuf,
de survoler des contrées inviolées? C'est plus
probable.
Et j'ai réussi. Là, est l'invraisemblable.
Pourquoi? Tenez-vous bien. Vous allez lire
ce que très peu de gens savent.
J'ai réussi grâce à M™ Marie IGNARTE,
membre de la Société Spirite « Jeanne-d'Arc »
de Buenos-Ayres qui, un beau matin, réussit
à forcer la porte de mon appartement pour-
tant bien défendue contre la multitude, de
curieux qui inventaient mille raisons pour
« voir de près », la femme venue de France
qui allait tenter l'impossible liaison aérienne
avec le Chili, par-dessus la monstrueuse
Cordillère.
Pourquoi n'ai-je pas éconduit Marie
IGNARTE dès son entrée avant même de l'avoir
entendue? Peut-être en raison de la flamme
qui brillait dans ses yeux. Peut-être parce
que, entre elle et moi, un courant déjà s'était
établi. Je l'écoutai donc.
Et j'appris que la « Jeanne-d'Arc » l'avait
mandatée pour me transmettre les conseils
que l' « Esprit » avait bien voulu donner aux
membres de la Société avec mission de me
les faire parvenir. L' « Esprit » m'indiquait
la route à suivre ; une route totalement
inconnue, bien entendu ? Il me fallait, après
avoir survolé un lac en forme d'huître et de
couleur verte, renoncer à suivre ce qui
paraissait être le chemin normal et attaquer
la montagne de front. Certes, elle était, et de
beaucoup, plus élevée que le plafond de
avion et tout pouvait laisser supposer que
j'allais m'écraser contre elle. Je ne devais
pas hésiter cependant, car le message de l'au-
delà était formel : je trouverais, à l'instant
même où le choc paraitrait inévitable, une
faille cachée par un pic et qui me conduirait
tout droit vers la plaine chilienne.
J'ai suivi aveuglément les conseils : j'ai
trouvé le lac en forme d'huttre et de couleur
verte, j'ai renoncé au passage qui semblait
logique, j'ai foncé sur le mur que constituait
la montagne abrupte, j'ai frémi d'angoisse,
mais ma main n'a pas failli. et j'ai décou-
vert, au long du pic indiqué, la faille promise
qui me conduisit au Chili.
En somme, l' « Esprit » m'avait pris par
la main pour me conduire au but. Sans lui
je serais allée rejoindre dans la mort les cinq
malheureux aviateurs qui m'avaient précédé
sur la route tragique. »
par Robert MARCHAND
s
i, grâce à l' « Esprit », le voyage fut sans
histoire il n'en fut pas de même du
voyage de retour accompli cependant sur
un itinéraire moins scabreux. Attaquée par des
oiseaux aux envergures impressionnantes —
des aigles, pense-t-elle — Adrienne BOLLAND
dut se poser en mer, son appareil désentoilé
et son hélice brisée. Heureusement la côte
était proche. Sauvée par des indigènes, elle
se réveilla le lendemain dans une hutte de
terre et de branchages.
—« Dix-huit jours, je vécus parmi eux. Peut-
être y serais-je restée dix-huit mois si un
bateau de forçats brésiliens n'était venu à
passer. C'est dans cet équipage que. j'effectuais
mon retour vers le monde civilisé. »
Le monde civilisé qu'Adrienne EOLUND
rêvait de fuir. Le monde civilisé a^pc lequel
elle dut reprendre contact parce ;¡!,Ùl fauf
bien, n'est-ce pas, gagner sa vie. Et l'amou-
reuse de la solitude donna des baptêmes,
participa à des meetings, le plus souvent sur
des terrains de fortune.
(¡US,lr'
— « Ainsi, en Corse, en avait laiss* y atle'
une haie au milieu du terrain. Il falll pareil
rir sur la première partie, freiner * V Sltr
tout en gardant assez de vitesse 2'0,i?
ter » l'obstacle et se ponrr de l aut,e
Et quelque part dans le .lIrd de la dl)
— « Le maire me demanda au in0^^ d"
départ si je possédais le permis délt: sut'
chaque maire des communes que ï
voler et si j'avais « avec moi » Ie cct^qiI
deux tonnes à pneus non jumelés quy
tait de faire OFFICIELLEMENT l'essai d>e
tance du terrain. SOI)
Adrienne BOLLAND, cette fois, PeT
calme. Elle entra dans une violente c ^rc(t
le maire, subitement intimidé, fin
avouer
— Si je fais tant de difficultés c'i eSwjr('
..s
que je tiens à ce que vous ne paTy
J'ai ici des juments poulinières et Ie
que le bruit du moteur les effraie et I. e
mette le succès de leur « maternité /1,
*
★ it
L
■ if>
'aviation, en vingt-cinq ans, a s
progrès que l'on sait. Mais ce ne le.,
hélas ! que des progrès mécanique ; , d:
prit aéronautique n'a pas suivi levw"
la machine et trop d'hommes encore, .ei
le propriétaire des juments pou nl d's
usent des prérogatives que leur dl ogjolitJCS
fonctions officielles pour entraver les e lloris
d'une poignée d'enthousiastes.
52 L'AEROPHILE - MARS 1946
l'esprit m'a tendu la m
1 nous dit Adrienne BOLLflND
L
e i" avril 1921 — il y aura vingt-
cinq ans bientôt — Mlle Adrienne BOLLAND
accomplissait l'exploit qui devait la
rendre célèbre à tout jamais : la traversée de
la Cordillère des Andes à bord d'un petit
Caudron de 80 CV. Sans doute, Adrienne
BOLLAND aimait-elle passionnément l'aviation,
car on ne se lance pas dans une pareille
aventure sans y être poussée par un senti-
ment profond. Pourtant la jeune aviatrice
était déjà fort détachée des satisfactions
classiques de ce monde et ce n'était ni
l'amour du risque, ni le besoin de gloire, ni
l'intérêt qui l'animait.
— « Je croyais, en volant, pouvoir m'iso-
ler, fuir la terre et ses bassesses. »
Et l'on ne peut s'empêcher de penser à
MERMQZ qui, lui aussi, fuyait la ville pour
retrouver sur les terrains éloignés, des com-
pagnons fidèles, et donner libre cours, dans
le ciel pur, à ses pures pensées.
Jean MERMOZ, çomme Adrienne BOLLAND, et
sur les mêmes montagnes a forcé le dstin.
Et comme elle, pour fuir la terre et ses bas-
sesses.
*
★ ★
L
aissons la parole à Adrienne BOLLAND.
— « La Cordillère des Andes avait alors
une terrible réputation. Cinq aviateurs
sud-américains avaient trouvé la mort en
essayant de la franchir et son inviolabilité
tournait à la légende. Pourquoi ai-je vaulu
réussir là où ces malheureux avaient échoué?
Pas par esprit de compétition, croyez-le bien.
Par amour-propre national ? Je n'en suis pas
sûre. Pour le plaisir de sillonner un ciel neuf,
de survoler des contrées inviolées? C'est plus
probable.
Et j'ai réussi. Là, est l'invraisemblable.
Pourquoi? Tenez-vous bien. Vous allez lire
ce que très peu de gens savent.
J'ai réussi grâce à M™ Marie IGNARTE,
membre de la Société Spirite « Jeanne-d'Arc »
de Buenos-Ayres qui, un beau matin, réussit
à forcer la porte de mon appartement pour-
tant bien défendue contre la multitude, de
curieux qui inventaient mille raisons pour
« voir de près », la femme venue de France
qui allait tenter l'impossible liaison aérienne
avec le Chili, par-dessus la monstrueuse
Cordillère.
Pourquoi n'ai-je pas éconduit Marie
IGNARTE dès son entrée avant même de l'avoir
entendue? Peut-être en raison de la flamme
qui brillait dans ses yeux. Peut-être parce
que, entre elle et moi, un courant déjà s'était
établi. Je l'écoutai donc.
Et j'appris que la « Jeanne-d'Arc » l'avait
mandatée pour me transmettre les conseils
que l' « Esprit » avait bien voulu donner aux
membres de la Société avec mission de me
les faire parvenir. L' « Esprit » m'indiquait
la route à suivre ; une route totalement
inconnue, bien entendu ? Il me fallait, après
avoir survolé un lac en forme d'huître et de
couleur verte, renoncer à suivre ce qui
paraissait être le chemin normal et attaquer
la montagne de front. Certes, elle était, et de
beaucoup, plus élevée que le plafond de
avion et tout pouvait laisser supposer que
j'allais m'écraser contre elle. Je ne devais
pas hésiter cependant, car le message de l'au-
delà était formel : je trouverais, à l'instant
même où le choc paraitrait inévitable, une
faille cachée par un pic et qui me conduirait
tout droit vers la plaine chilienne.
J'ai suivi aveuglément les conseils : j'ai
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verte, j'ai renoncé au passage qui semblait
logique, j'ai foncé sur le mur que constituait
la montagne abrupte, j'ai frémi d'angoisse,
mais ma main n'a pas failli. et j'ai décou-
vert, au long du pic indiqué, la faille promise
qui me conduisit au Chili.
En somme, l' « Esprit » m'avait pris par
la main pour me conduire au but. Sans lui
je serais allée rejoindre dans la mort les cinq
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sur la route tragique. »
par Robert MARCHAND
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i, grâce à l' « Esprit », le voyage fut sans
histoire il n'en fut pas de même du
voyage de retour accompli cependant sur
un itinéraire moins scabreux. Attaquée par des
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des aigles, pense-t-elle — Adrienne BOLLAND
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et son hélice brisée. Heureusement la côte
était proche. Sauvée par des indigènes, elle
se réveilla le lendemain dans une hutte de
terre et de branchages.
—« Dix-huit jours, je vécus parmi eux. Peut-
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— « Ainsi, en Corse, en avait laiss* y atle'
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chaque maire des communes que ï
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le propriétaire des juments pou nl d's
usent des prérogatives que leur dl ogjolitJCS
fonctions officielles pour entraver les e lloris
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