Titre : L'Aérophile
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-05-15
Contributeur : Besançon, Georges (1866-1934). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344143803
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 25059 Nombre total de vues : 25059
Description : 15 mai 1912 15 mai 1912
Description : 1912/05/15 (A20,N10). 1912/05/15 (A20,N10).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6551975x
Source : Musée Air France, 2013-273394
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2013
i5 Mai 1912 225
L'AVIATION DANS L'AFRIQUE FRANÇAISE
L'aéroplane au Sahara. -.Il y a quelques semai-
nes, une section d'aviation composée de sous-officiers et
de sapeurs commandée par les lieutenants de Lafargue
e.t Reimbert fut envoyée à Biskra en vue d'amorcer la
ligne iranssaharienne Bîskra-Tombouctoù. Cette section
a déjà effectué le trajet aérien jusqu'à Touggourt. Bien
que nous ayons sommairement relaté dans le dernier
numéro ce beau raid par-dessus des régions désertiques
nous croyons devoir y revenir avec plus de détails et
donner des renseignements précis sur ce qu'a déjà su
faire la section d'aéroplanes sahariens dont le port d'at-
tache est à Biskra.
L'AVIATION EN AFRIQUE
Carte du parcours accompli par les lieutenants Reimbert
et de Lafargue, Au bas, et à gauche, carte générale des
pays que les officiers se proposent de reconnaître.
Les 250 kilomètres qui séparent Biskra de Touggourt
soigneusement reconnus au préalable sont repérés de
la façon suivante : tous les 25 kilomètres existent
des puits appelés Bir ; au 100° kilomètre à partir de
Biskra, à M'raïer se trouvent des approvisionnements
d'huile et d'essence et des abris de fortune construits
par les sapeurs. A Touggourt ont été élevés- deux han-
gars établis en matériaux du pays, bois de palmier et
toub (briques-de terre sèche), car il est impossible de
transporter à dos de chameaux les fermes des hangars
démontables à cause du poids et surtout de la longueur
de certaines pièces,
Comme points de repères on trouve les bordis, cara-
vansérails construits en toub et blanchis à la chaux,
près desquels existe un puits, et qui s'aperçoivent de
très loin grâce à la transparence de l'air ; à 150 mètres
de hauteur les lieutenants de Lafargue et Reimbert les
distinguaient de plus de 25 kilomètres de distance. Cette
transparence de l'air cause d'ailleurs, parfois, de grosses
ereurs d'apprécia Lion : c'est ainsi que le lieutenant
Reimbert volant un jour à 800 mètres au-dessus de Bis-
kra se croyait à 150 mètres de haut tellement les dé-
tails étaient nets.
Comme autres points de repères, on doit citer aussi
les chotts : chott Melghir, chott Merouane. Les chotts
sont les lits de lacs salés, formés de boue recouverte
d'une couche de sel brillant au soleil ; ils occasionnent
dans l'atmophère des remous gênants et sont dange-
reux pour l'atterissage à cause de la fluidité de leur
sol ; il n'est pas rare que des cavaliers ou des animaux
périssent enlizés dans cette boue salée. A partir de
l'oasis de M'raïer, la route est rendue facile à reconnaî-
tre par la présence de ces chotts dont les aviateurs
suivirent le bord pour s'orienter.
De plus, des terrains d'atterrissage ont été amé-
nagés dans les régions de dunes ou reg. Le reg est
un terrain d'affluence plat et surmonté de dunes de
sable (erg) hautes de 0 m. 50 à 1 mètre. Ces dunes sont
couronnées d'une touffe d'herbe appelée belbcl ou
(c chou-fleur saharien » et sont dangereuses pour les
trains d'atterrissage.
Sur chaque Farman, outre l'essence (90 litres), l'huile
(30 litres) et la trousse, les deux officiers emportaient
18 heures d'eau (2 litres) des conserves de viande, du
pain, une pharmacie de poche, un pistolet à fusées lu-
mineuses pour signaux de nuit, un poste téléphonique
pouvant se brancher sur la ligne télégraphique de Bis-
kra à El-Goléah. Les aviateurs n'emportaient ni car-
tes, ni boussole, le lieutenant de Laîargue ayant re-
connu la route soit à cheval, soit en auto. Le 22 mars,
les deux officiers aviateurs quittaient Biskra ayant res-
pectivement comme passagers le caporal Cros et l'ad-
judant Allemand à 5 h. 55 du matin, ils atterrissaient
à M'raïer à 7 h. 20 pour faire le plein d'essence et ré-
gler le moteur du lieutenant Reimbert, puis ils repar-
taient pour Touggourt, mais, assaillis par une tempête
de sable, ils descendaient à quelques centaines de mè-
tres de Touggourt. Ils sont rentrés à Biskra le 27 mars,
ayant accompli 560 kilomètres au-dessus du désert;
leurs appareils Farman sont restés six -jours dehors
dans des - campements de fortune, sans aucun dom-
mage. A Touggourt, ils furent reçus avec enthou-
siasme par la garnison et les notables indigènes. Ceux-
ci désirent offrir à l'année un aéroplane qui porterait
le nom d'Aigle de Touggourt. L'impression produite
par les deux aéroplanes sur la population indigène fut
considérable et fera beaucoup pour le prestige du nom
français dans le sud algérien.
Les deux officiers se proposent d'effectuer prochaine-
ment la deuxième section du parcours de Touggourt à
In-Salah, assurant toujours méthodiquement leurs gî-
tes d'étapes et leurs dépôts de ravitaillement.
Il sera possible ensuite de pousser plus avant et de
tenter la dernière partie du parcours, la plus difficile,
jusqu'à Tombouctou.
Au Maroc. — Dans un pays neuf comme le Maroc, où
les voies de communications sont à peu près inexistan-
tes, l'aéroplane est appelé à rendre des services signalés
même en temps normal. L'occupation militaire du pays
donne à l'appareil aérien une utilité plus grande en
core. Il peut, notamment, assure- la liaison rapide en-
tre les divers postes échelonnés sur la route de Casa-
blanca à Fez, transmettre des ordres, faire un service
d'estafette et même un service postal, explorer rapi-
dement les régions presque inconnues de ce vaste ter-
ritoire, surveiller les n ouvements des tribus toujours
prêtes à la révolte contre le joug que nous allons leur
imposer, produire par sa seule présence au haut des.
airs, dans les centres troublés, un effet moral salutaire,
renseigner nos colonnes au cours des expéditions qu'el-
les auront à faire vraisemblablement assez souvent
avant que lu pacification du pays soit définitivement
assurée.
L'AVIATION DANS L'AFRIQUE FRANÇAISE
L'aéroplane au Sahara. -.Il y a quelques semai-
nes, une section d'aviation composée de sous-officiers et
de sapeurs commandée par les lieutenants de Lafargue
e.t Reimbert fut envoyée à Biskra en vue d'amorcer la
ligne iranssaharienne Bîskra-Tombouctoù. Cette section
a déjà effectué le trajet aérien jusqu'à Touggourt. Bien
que nous ayons sommairement relaté dans le dernier
numéro ce beau raid par-dessus des régions désertiques
nous croyons devoir y revenir avec plus de détails et
donner des renseignements précis sur ce qu'a déjà su
faire la section d'aéroplanes sahariens dont le port d'at-
tache est à Biskra.
L'AVIATION EN AFRIQUE
Carte du parcours accompli par les lieutenants Reimbert
et de Lafargue, Au bas, et à gauche, carte générale des
pays que les officiers se proposent de reconnaître.
Les 250 kilomètres qui séparent Biskra de Touggourt
soigneusement reconnus au préalable sont repérés de
la façon suivante : tous les 25 kilomètres existent
des puits appelés Bir ; au 100° kilomètre à partir de
Biskra, à M'raïer se trouvent des approvisionnements
d'huile et d'essence et des abris de fortune construits
par les sapeurs. A Touggourt ont été élevés- deux han-
gars établis en matériaux du pays, bois de palmier et
toub (briques-de terre sèche), car il est impossible de
transporter à dos de chameaux les fermes des hangars
démontables à cause du poids et surtout de la longueur
de certaines pièces,
Comme points de repères on trouve les bordis, cara-
vansérails construits en toub et blanchis à la chaux,
près desquels existe un puits, et qui s'aperçoivent de
très loin grâce à la transparence de l'air ; à 150 mètres
de hauteur les lieutenants de Lafargue et Reimbert les
distinguaient de plus de 25 kilomètres de distance. Cette
transparence de l'air cause d'ailleurs, parfois, de grosses
ereurs d'apprécia Lion : c'est ainsi que le lieutenant
Reimbert volant un jour à 800 mètres au-dessus de Bis-
kra se croyait à 150 mètres de haut tellement les dé-
tails étaient nets.
Comme autres points de repères, on doit citer aussi
les chotts : chott Melghir, chott Merouane. Les chotts
sont les lits de lacs salés, formés de boue recouverte
d'une couche de sel brillant au soleil ; ils occasionnent
dans l'atmophère des remous gênants et sont dange-
reux pour l'atterissage à cause de la fluidité de leur
sol ; il n'est pas rare que des cavaliers ou des animaux
périssent enlizés dans cette boue salée. A partir de
l'oasis de M'raïer, la route est rendue facile à reconnaî-
tre par la présence de ces chotts dont les aviateurs
suivirent le bord pour s'orienter.
De plus, des terrains d'atterrissage ont été amé-
nagés dans les régions de dunes ou reg. Le reg est
un terrain d'affluence plat et surmonté de dunes de
sable (erg) hautes de 0 m. 50 à 1 mètre. Ces dunes sont
couronnées d'une touffe d'herbe appelée belbcl ou
(c chou-fleur saharien » et sont dangereuses pour les
trains d'atterrissage.
Sur chaque Farman, outre l'essence (90 litres), l'huile
(30 litres) et la trousse, les deux officiers emportaient
18 heures d'eau (2 litres) des conserves de viande, du
pain, une pharmacie de poche, un pistolet à fusées lu-
mineuses pour signaux de nuit, un poste téléphonique
pouvant se brancher sur la ligne télégraphique de Bis-
kra à El-Goléah. Les aviateurs n'emportaient ni car-
tes, ni boussole, le lieutenant de Laîargue ayant re-
connu la route soit à cheval, soit en auto. Le 22 mars,
les deux officiers aviateurs quittaient Biskra ayant res-
pectivement comme passagers le caporal Cros et l'ad-
judant Allemand à 5 h. 55 du matin, ils atterrissaient
à M'raïer à 7 h. 20 pour faire le plein d'essence et ré-
gler le moteur du lieutenant Reimbert, puis ils repar-
taient pour Touggourt, mais, assaillis par une tempête
de sable, ils descendaient à quelques centaines de mè-
tres de Touggourt. Ils sont rentrés à Biskra le 27 mars,
ayant accompli 560 kilomètres au-dessus du désert;
leurs appareils Farman sont restés six -jours dehors
dans des - campements de fortune, sans aucun dom-
mage. A Touggourt, ils furent reçus avec enthou-
siasme par la garnison et les notables indigènes. Ceux-
ci désirent offrir à l'année un aéroplane qui porterait
le nom d'Aigle de Touggourt. L'impression produite
par les deux aéroplanes sur la population indigène fut
considérable et fera beaucoup pour le prestige du nom
français dans le sud algérien.
Les deux officiers se proposent d'effectuer prochaine-
ment la deuxième section du parcours de Touggourt à
In-Salah, assurant toujours méthodiquement leurs gî-
tes d'étapes et leurs dépôts de ravitaillement.
Il sera possible ensuite de pousser plus avant et de
tenter la dernière partie du parcours, la plus difficile,
jusqu'à Tombouctou.
Au Maroc. — Dans un pays neuf comme le Maroc, où
les voies de communications sont à peu près inexistan-
tes, l'aéroplane est appelé à rendre des services signalés
même en temps normal. L'occupation militaire du pays
donne à l'appareil aérien une utilité plus grande en
core. Il peut, notamment, assure- la liaison rapide en-
tre les divers postes échelonnés sur la route de Casa-
blanca à Fez, transmettre des ordres, faire un service
d'estafette et même un service postal, explorer rapi-
dement les régions presque inconnues de ce vaste ter-
ritoire, surveiller les n ouvements des tribus toujours
prêtes à la révolte contre le joug que nous allons leur
imposer, produire par sa seule présence au haut des.
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