Presse et revues
28 pages
Titre : L'Aérophile
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-11-01
Contributeur : Besançon, Georges (1866-1934). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344143803
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 25059 Nombre total de vues : 25059
Description : 01 novembre 1906 01 novembre 1906
Description : 1906/11/01 (A14,N11)-1906/11/30. 1906/11/01 (A14,N11)-1906/11/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6551291m
Source : Musée Air France, 2013-273394
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/10/2013
214 NOVEMBRE 1906
La Coupe Gordon=Bennett et la météorologie
Nous sommes heureux de donner sur la Coupe Gordon-
Bennett l'avis d'un météorologiste éminent, M. Angot, di-
recteur du Bureau central météorologique, que nous ne sau-
rions trop remercier ici. M. Angot avait indiqué d'avance
les conditions dans lesquelles se disputerait l'épreuve.
Le temps, quoique très beau encore, présentait cepen-
dant déjà, le 30 septembre, des signes manifestes d'un chan-
gement prochain. Depuis douze jours, la situation avait
été caractérisée par la permanence, sur le nord ou le nord-
ouest de l'Europe, d'un centre de hautes pressions, déter-
minant sur la France un régime de vents d'entre nord et
est, avec temps superbe et très sec. Du 26 au 28, le baro-
mètre s'était tenu à Paris au-dessus de 775 ( au niveau de
la mer) ; mais, dès le.28, la pression avait commencé à di-
minuer et à s'égaliser sur l'Europe. Le 30 au matin, le
baromètre dépassait encore 765 sur toute l'Europe cen-
trale, de Christiania à Florence, et de la Bretagne à la
mer Noire avec un petit maximum (769) sur la Belgique,
du Pas-de-Calais au Rhin.
Malgré l'absence forcée de renseignements venant de
l'Atlantique, il était donc manifeste que l'on se trouvait,
le 30, dans une période de transition; aussi, avais-je pu
annoncer que le vent passerait de l'est à l'ouest par le sud,
tout en reconnaissant qu'il était impossible de préciser en
combien de temps, un jour, deux, trois ou quatre, s'effec-
tuerait cette modification.
Cette prévision se trouvait confirmée, une heure à
peine avant le départ du premier ballon, par l'apparition,
à l'horizon ouest, d'un léger banc de cirrus, à marche très
lente, mais dirigé nettement de l'ouest à l'est, montrant
que des courants d'ouest s'établissaient déjà dans les
hautes régions de l'atmosphère. Ces nuages étaient, en
effet, l'indice d'une dépression qui, passant sur l'Atlan-
tique du sud-ouest au nord-est, bien loin au large de nos
côtes, arrivait à l'entrée de la Manche le 2 octobre au ma-
tin et la traversait dans la nuit du 2 au 3. Sous l'influence
de cette dépression, le vent passait au sud dès le soir du
30 septembre, faible d'abord, puis devenant violent dans
la soirée du 1er octobre; une tempête sévissait sur la
Manche le 2 et 3 et le vent tournait du sud à l'ouest après
le passage du centre de la dépression.
Dans ces conditions, tous les ballons, partis d'abord
franchement dans la direction de l'ouest, ont été très
promptement ramenés vers le nord par les vents de sud,
très faibles du reste, qui s'étaient établis dès le soir du 30
septembre ; ils ont été poussés ainsi sur l'Angleterre et
ont dû, par prudence, s'arrêter aux approches de la mer du
Nord. On peut se demander s'il aurait été possible d'aller
plus loin et de gagner la Norvège. L'examen des cartes du
1er et du 2 octobre ne permet pas de répondre d'une façon
absolument catégorique à cette question, puisqu'on n'a de
renseignements sur la direction du vent que dans le voisi-
nage des côtes et non sur la mer du Nord elle-même. Mais
on remarque que les vents, après avoir été, dans la soirée
du 1er octobre, de sud-ouest en moyenne et modérés sur la
côte de Norvège, y étaient forts d'entre sud et sud-est,
dans la matinée du 2. Il est donc très vraisemblable qu'une
fois engagés sur la mer du Nord, les ballons y auraient
été entraînés sans pouvoir atteindre la côte orientale.
Quelques-uns, peut-être, auraient abordé très loin dans le
nord, en Laponie ; mais le plus grand nombre auraient
probablement disparu dans l'océan arctique.
Les considérations qui précèdent sont déduites exclusi-
vement de l'étude des vents qui régnaient dans le voisi-
nage immédiat du sol; les conclusions que nous en avons
La Coupe Gordon=Bennett et la météorologie
Nous sommes heureux de donner sur la Coupe Gordon-
Bennett l'avis d'un météorologiste éminent, M. Angot, di-
recteur du Bureau central météorologique, que nous ne sau-
rions trop remercier ici. M. Angot avait indiqué d'avance
les conditions dans lesquelles se disputerait l'épreuve.
Le temps, quoique très beau encore, présentait cepen-
dant déjà, le 30 septembre, des signes manifestes d'un chan-
gement prochain. Depuis douze jours, la situation avait
été caractérisée par la permanence, sur le nord ou le nord-
ouest de l'Europe, d'un centre de hautes pressions, déter-
minant sur la France un régime de vents d'entre nord et
est, avec temps superbe et très sec. Du 26 au 28, le baro-
mètre s'était tenu à Paris au-dessus de 775 ( au niveau de
la mer) ; mais, dès le.28, la pression avait commencé à di-
minuer et à s'égaliser sur l'Europe. Le 30 au matin, le
baromètre dépassait encore 765 sur toute l'Europe cen-
trale, de Christiania à Florence, et de la Bretagne à la
mer Noire avec un petit maximum (769) sur la Belgique,
du Pas-de-Calais au Rhin.
Malgré l'absence forcée de renseignements venant de
l'Atlantique, il était donc manifeste que l'on se trouvait,
le 30, dans une période de transition; aussi, avais-je pu
annoncer que le vent passerait de l'est à l'ouest par le sud,
tout en reconnaissant qu'il était impossible de préciser en
combien de temps, un jour, deux, trois ou quatre, s'effec-
tuerait cette modification.
Cette prévision se trouvait confirmée, une heure à
peine avant le départ du premier ballon, par l'apparition,
à l'horizon ouest, d'un léger banc de cirrus, à marche très
lente, mais dirigé nettement de l'ouest à l'est, montrant
que des courants d'ouest s'établissaient déjà dans les
hautes régions de l'atmosphère. Ces nuages étaient, en
effet, l'indice d'une dépression qui, passant sur l'Atlan-
tique du sud-ouest au nord-est, bien loin au large de nos
côtes, arrivait à l'entrée de la Manche le 2 octobre au ma-
tin et la traversait dans la nuit du 2 au 3. Sous l'influence
de cette dépression, le vent passait au sud dès le soir du
30 septembre, faible d'abord, puis devenant violent dans
la soirée du 1er octobre; une tempête sévissait sur la
Manche le 2 et 3 et le vent tournait du sud à l'ouest après
le passage du centre de la dépression.
Dans ces conditions, tous les ballons, partis d'abord
franchement dans la direction de l'ouest, ont été très
promptement ramenés vers le nord par les vents de sud,
très faibles du reste, qui s'étaient établis dès le soir du 30
septembre ; ils ont été poussés ainsi sur l'Angleterre et
ont dû, par prudence, s'arrêter aux approches de la mer du
Nord. On peut se demander s'il aurait été possible d'aller
plus loin et de gagner la Norvège. L'examen des cartes du
1er et du 2 octobre ne permet pas de répondre d'une façon
absolument catégorique à cette question, puisqu'on n'a de
renseignements sur la direction du vent que dans le voisi-
nage des côtes et non sur la mer du Nord elle-même. Mais
on remarque que les vents, après avoir été, dans la soirée
du 1er octobre, de sud-ouest en moyenne et modérés sur la
côte de Norvège, y étaient forts d'entre sud et sud-est,
dans la matinée du 2. Il est donc très vraisemblable qu'une
fois engagés sur la mer du Nord, les ballons y auraient
été entraînés sans pouvoir atteindre la côte orientale.
Quelques-uns, peut-être, auraient abordé très loin dans le
nord, en Laponie ; mais le plus grand nombre auraient
probablement disparu dans l'océan arctique.
Les considérations qui précèdent sont déduites exclusi-
vement de l'étude des vents qui régnaient dans le voisi-
nage immédiat du sol; les conclusions que nous en avons
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