LE PALAIS SOUBISE
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le médaillon de droite, tandis que celui de gauche renferme l'écusson du
connétable? Jules Quicherat a donné la seule explication plausible de cette
lettre mystérieuse sur laquelle on a disserté à perte de vue. Il faudrait y
voir une allusion discrète à quelque aventure galante, une sorte de chiffre
d'amour dont le sens échappait même aux contemporains. Ce qui paraît
certain, c'est que le connétable avait adopté de bonne heure cette lettre
énigmatique. On la trouve plusieurs fois répétée sur un signet apposé à un
acte de 1370. Clisson se plut à reproduire dans toutes les décorations de
son hôtel l'emblème mystérieux. Il décorait des carreaux émaillés en terre
cuite, retrouvés sous la cage de l'ancien escalier des Soubise. Une lucarne
pratiquée dans le comble de la tourelle de gauche portait une M couronnée
et dorée, qui a fourni le dessin de celle qui est gravée au-dessus de la porte.
La même lettre se retrouvait encore dans une frise entremêlée de feuillages,
découverte jadis sous la peinture, dans un coin de la vieille chapelle.
Les deux écussons réunis dans le tympan de la porte sur un manteau
ducal, se détachant sur un champ bleu semé de chiffres enlacés et de dou-
bles croix de Lorraine, appartiennent à des époques distinctes. Une étude
attentive de ces peintures, lors de la restauration de 1847, a conduit à cette
conclusion que l'écusson de gauche, renfermant les armes de la maison de
Guise, est d'une date antérieure à celui de droite. Il remonterait à Henri le
Balafré, peut-être à son père, François de Guise, le grand homme de guerre
de la famille. Seulement, l'ancre qui traverse derrière l'écusson ne peut
appartenir qu'à Charles de Lorraine, le fils du Balafré, amiral des mers du
Levant. Ce serait ce prince qui aurait fait ajouter les deux colliers des ordres
du Roi entourant l'écusson. Les armoiries de droite, encadrées d'une corde-
lière féminine formant d'élégants méandres, sont plus chargées de couleur
que le reste de la décoration; d'où l'on a conclu que cet écusson a recouvert
d'autres armoiries plus anciennes. Celui que nous voyons aujourd'hui est
l'écusson de Henriette-Catherine de Joyeuse, mariée à Charles de Guise dans
les premiers jours de l'année 1611. Le chiffre enlacé du fond rappelle les
initiales célèbres de Henri II et de Catherine de Médicis. Il pourrait convenir
aussi bien à Charles de Guise et à Henriette de Joyeuse qu'à Henri le Bala-
fré et à sa femme Catherine de Clèves. Des juges compétents seraient dis-
posés à attribuer ces chiffres enlacés plutôt au Balafré qu'à son fils. Ces
armoiries conserveraient ainsi la trace et le souvenir des trois premiers
princes de la maison de Guise ayant habité l'hôtel. Les armes des princes
lorrains seraient du temps de François ; les chiffres enlacés sur le fond
auraient été ajoutés par son fils Henri ; enfin, l'ancre et l'écusson féminin
rappelleraient la dignité et le mariage de Charles de Lorraine, duc de Guise.
Il n'était pas indifférent, on le voit, d'examiner cette vénérable peinture
avec un soin minutieux. C'est un des vestiges les plus intéressants du vieux
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le médaillon de droite, tandis que celui de gauche renferme l'écusson du
connétable? Jules Quicherat a donné la seule explication plausible de cette
lettre mystérieuse sur laquelle on a disserté à perte de vue. Il faudrait y
voir une allusion discrète à quelque aventure galante, une sorte de chiffre
d'amour dont le sens échappait même aux contemporains. Ce qui paraît
certain, c'est que le connétable avait adopté de bonne heure cette lettre
énigmatique. On la trouve plusieurs fois répétée sur un signet apposé à un
acte de 1370. Clisson se plut à reproduire dans toutes les décorations de
son hôtel l'emblème mystérieux. Il décorait des carreaux émaillés en terre
cuite, retrouvés sous la cage de l'ancien escalier des Soubise. Une lucarne
pratiquée dans le comble de la tourelle de gauche portait une M couronnée
et dorée, qui a fourni le dessin de celle qui est gravée au-dessus de la porte.
La même lettre se retrouvait encore dans une frise entremêlée de feuillages,
découverte jadis sous la peinture, dans un coin de la vieille chapelle.
Les deux écussons réunis dans le tympan de la porte sur un manteau
ducal, se détachant sur un champ bleu semé de chiffres enlacés et de dou-
bles croix de Lorraine, appartiennent à des époques distinctes. Une étude
attentive de ces peintures, lors de la restauration de 1847, a conduit à cette
conclusion que l'écusson de gauche, renfermant les armes de la maison de
Guise, est d'une date antérieure à celui de droite. Il remonterait à Henri le
Balafré, peut-être à son père, François de Guise, le grand homme de guerre
de la famille. Seulement, l'ancre qui traverse derrière l'écusson ne peut
appartenir qu'à Charles de Lorraine, le fils du Balafré, amiral des mers du
Levant. Ce serait ce prince qui aurait fait ajouter les deux colliers des ordres
du Roi entourant l'écusson. Les armoiries de droite, encadrées d'une corde-
lière féminine formant d'élégants méandres, sont plus chargées de couleur
que le reste de la décoration; d'où l'on a conclu que cet écusson a recouvert
d'autres armoiries plus anciennes. Celui que nous voyons aujourd'hui est
l'écusson de Henriette-Catherine de Joyeuse, mariée à Charles de Guise dans
les premiers jours de l'année 1611. Le chiffre enlacé du fond rappelle les
initiales célèbres de Henri II et de Catherine de Médicis. Il pourrait convenir
aussi bien à Charles de Guise et à Henriette de Joyeuse qu'à Henri le Bala-
fré et à sa femme Catherine de Clèves. Des juges compétents seraient dis-
posés à attribuer ces chiffres enlacés plutôt au Balafré qu'à son fils. Ces
armoiries conserveraient ainsi la trace et le souvenir des trois premiers
princes de la maison de Guise ayant habité l'hôtel. Les armes des princes
lorrains seraient du temps de François ; les chiffres enlacés sur le fond
auraient été ajoutés par son fils Henri ; enfin, l'ancre et l'écusson féminin
rappelleraient la dignité et le mariage de Charles de Lorraine, duc de Guise.
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