Le château de Châtigny René-Charles GUILBAUD
Résumé : Élevé à la fin du XVe siècle, sans doute par Jean Quétier, notaire de
Tours, cet édifice est intéressant par ses parties en damier de brique et de pierre
de taille. En dépit des restaurations très radicales menées au XIXe siècle, il
conserve plusieurs baies médiévales.
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e château de Châtigny, sis commune de
Fondettes, à 9 km à l'ouest de Tours, est
bâti sur la rive droite de la Loire, à flanc
de coteau. Il s'agit d'un site très ancien,
comme en témoignent les vestiges d'une villa gallo-
romaine mis au jour en 1890 par le comte Charles
de Beaumont, s'étendant à l'ouest de la cour, ainsi
que les importants pans de mur en petit appareil
réutilisés pour asseoir les murailles extérieures du
château, à l'est et au sud. Ce château fort, qui a
conservé l'essentiel de ses dispositions anciennes, a
été construit à la fin du XVe siècle, à en juger par
l'appareil des murs et le décor de ses baies. Il se
compose de deux ailes en retour d'équerre, de
même hauteur, cantonnées de tours rondes, et d'une
courtine fermant la cour au nord, où se trouve
l'entrée. Cet édifice est remarquable par l'homo-
généité de sa construction et la qualité de son
appareil en pierre de taille, qui dans les parties
hautes est agrémenté d'un décor en damier de
brique et pierre, très en vogue à cette époque en
Touraine royale et particulièrement prisé par les
notables et officiers. Au cours du XIXe siècle, plu-
sieurs baies ont été refaites dans le style du gothi-
que flamboyant, notamment sur la cour. La cour-
tine nord a été pourvue d'un crénelage et son por-
tail reconstruit. A la suite de l'aile est a été élevée
une cuisine formant terrasse. A l'ouest de la cour
s'étendent des terrasses, sur deux niveaux, créées à
l'époque classique, qui dominaient les jardins
s'étendant au sud. Sur le coteau règne le parc, dont
certains cèdres ont été plantés au XIXe siècle.
Ce château n'ayant pas jusqu'alors été étudié de
manière approfondie, le but de cette étude archéo-
logique est de préciser les campagnes de construc-
tion, de délimiter les interventions du XIXe siècle
et de retracer la succession des propriétaires.
La villa gallo-romaine
Description
Aucune mention n'a été conservée de la villa gallo-
romaine paraissant remonter au IIIe siècle, dont les
bâtiments s'étendaient surtout le site occupé actuel-
lement par le château. Ces vestiges sont répartis en
trois emplacements : cour, soubassements du châ-
teau, et parc. Charles de Beaumont a découvert et
fouillé les vestiges de la cour de 1890 à 1901, qui
ont par la suite été étudiés par des archéologues.
Quatorze pièces ont ainsi été dégagées, les murs
sont bâtis en petit appareil de moellons de tuffeau
et de cailloux locaux, alternant avec des arases de
brique, lié par un mortier de tuileaux à joints
beurrés réglés au fer. Le plan de cette villa, dessiné
par A. Benoît du Rey et publié par Boussard en
1960, est précieux pour comprendre sa distribution,
les vestiges étant actuellement très dégradés par les
intempéries.
A quelque 50 mètres à l'est de la villa, en contre-
bas, s'étendait un vaste bâtiment, dont les murs sud
et est sont pour partie conservés en soubassement
du château.
Les fouilles de 1890
Le compte rendu détaillé des fouilles de la villa,
présenté en 1892 par le comte de Beaumont à la
Société Archéologique de Touraine, comporte de
nombreuses indications sur les éléments de décor
restés en place. Dans la salle 1, les fragments de
marbre débité en plaques sont les vestiges d'un
décor mural polychrome : sarrancolin des Pyrénées,
porphyre vert et rouge et marbre blanc. Dans la
salle II, les murs étaient ornés d'un enduit de faux
marbre gris-bleu, veiné de jaune, avec une plinthe
de bandes horizontales rouges et bleu foncé. Au
centre de la pièce se trouve un bassin octogonal
contenant des fragments d'enduit coloré en rouge et
bleu, incrusté de coquilles marines, provenant sans
doute du décor du plafond. Le sol est orné d'une
mosaïque à décor de figures géométriques, de
fleurs et de feuilles, de fruits de couleurs en cubes
de pâte de verre, et de poissons. Une grande piscine
circulaire est dégagée en 1896 au nord des
précédentes salles.
Bulletin de la Société Archéologique de Touraine - Année 2001.
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