Titre : Bulletin de la Société historique d'Auteuil et de Passy
Auteur : Société historique d'Auteuil et de Passy. Auteur du texte
Éditeur : Société historique d'Auteuil et de Passy (Paris)
Date d'édition : 1909-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34424416g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 3717 Nombre total de vues : 3717
Description : 01 janvier 1909 01 janvier 1909
Description : 1909/01/01 (A1909,N9,T6)-1909/03/31. 1909/01/01 (A1909,N9,T6)-1909/03/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6509798b
Source : Société historique d'Auteuil et de Passy, 2012-362885
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/11/2013
246 VISITE A LA MAISON DE BALZAC
« Telle est la dernière et la seule des demeures du grand
écrivain que le temps et les hommes aient laissée debout,
intacte, toute imprégnée encore de sa présence après
soixante ans. La conserver ainsi n'est-il pas un devoir pour
la France d'aujourd'hui, qui est plus à même d'apprécier
son génie que ne le furent ses contemporains ? Cette opi-
nion a été unanimement manifestée quand, au printemps
de l'année dernière, au jour anniversaire de la naissance
de Balzac, je signais avec Mme Vve Barbier (la fille même
de M. Grandemain, dont il est parlé plus haut) le bail qui
me donnait la jouissance de cette petite maison chère aux
Lettres françaises, et quand je réunissais sous les lilas qui
l'entourent un groupe de fidèles Balzaciens pour leur
dire : « Cette maison doit être la vôtre, la nôtre ! »
« La pensée de conserver ce coin de terre et cette maison-
nette ne m'était pas nouvelle. Elle date d'une quinzaine
d'années. J'avais été fort ému de la destruction du petit
hôtel de la rue Fortunée (aujourd'hui rue Balzac), où le
romancier mourut le 18 août i85o. Quelques protestations
timides mais sans échos et sans résultats, s'étaient fait en-
tendre, notamment un article du Figaro du 26 décembre 1888
signé de Mme Pauline Savari et auquel je nefus pas étranger.
Je n'avais pas réussi davantage les négociations avec le
prince de Lusignan pour la conservation de la maison de
Victor Hugo, avenue d'Eylau, et je voyais avec douleur
venir la fin du petit châlet de Lamartine, avenue Henri-
Martin.
« C'est dans cet état d'esprit que je découvris, rue Ray-
nouard ou plutôt rue Berton, la maison que Balzac y avait
habitée de 1840 à 1847. On la croyait disparue comme
LE PAVILLON DE BALZAC
(Vue prise du jardin.)
tant d'autres et sa situation quasi-mystérieuse l'avait pré-
servée de toute notoriété, mais elle était intacte. Après son
illustre mais fantasque locataire (pendant l'hiver 1847-
1848), M. Grandemain avait occupé lui-même ce pavillon.
Puis ce furent sa fille et son gendre, M. et Mme Barbier.
J'y retrouvais maintenant Mme Barbier, seule survivante de
ces temps lointains, seule gardienne de ces précieux sou-
venirs.
« Avec sa permission, je pris les notes et les vues néces-
saires pour fixer l'état de la maison et je fis un article
(c'était mon métier autant que mon devoir) qui me fut re-
fusé partout, je dois le dire, et ne trouva d'accueil qu'au
« Telle est la dernière et la seule des demeures du grand
écrivain que le temps et les hommes aient laissée debout,
intacte, toute imprégnée encore de sa présence après
soixante ans. La conserver ainsi n'est-il pas un devoir pour
la France d'aujourd'hui, qui est plus à même d'apprécier
son génie que ne le furent ses contemporains ? Cette opi-
nion a été unanimement manifestée quand, au printemps
de l'année dernière, au jour anniversaire de la naissance
de Balzac, je signais avec Mme Vve Barbier (la fille même
de M. Grandemain, dont il est parlé plus haut) le bail qui
me donnait la jouissance de cette petite maison chère aux
Lettres françaises, et quand je réunissais sous les lilas qui
l'entourent un groupe de fidèles Balzaciens pour leur
dire : « Cette maison doit être la vôtre, la nôtre ! »
« La pensée de conserver ce coin de terre et cette maison-
nette ne m'était pas nouvelle. Elle date d'une quinzaine
d'années. J'avais été fort ému de la destruction du petit
hôtel de la rue Fortunée (aujourd'hui rue Balzac), où le
romancier mourut le 18 août i85o. Quelques protestations
timides mais sans échos et sans résultats, s'étaient fait en-
tendre, notamment un article du Figaro du 26 décembre 1888
signé de Mme Pauline Savari et auquel je nefus pas étranger.
Je n'avais pas réussi davantage les négociations avec le
prince de Lusignan pour la conservation de la maison de
Victor Hugo, avenue d'Eylau, et je voyais avec douleur
venir la fin du petit châlet de Lamartine, avenue Henri-
Martin.
« C'est dans cet état d'esprit que je découvris, rue Ray-
nouard ou plutôt rue Berton, la maison que Balzac y avait
habitée de 1840 à 1847. On la croyait disparue comme
LE PAVILLON DE BALZAC
(Vue prise du jardin.)
tant d'autres et sa situation quasi-mystérieuse l'avait pré-
servée de toute notoriété, mais elle était intacte. Après son
illustre mais fantasque locataire (pendant l'hiver 1847-
1848), M. Grandemain avait occupé lui-même ce pavillon.
Puis ce furent sa fille et son gendre, M. et Mme Barbier.
J'y retrouvais maintenant Mme Barbier, seule survivante de
ces temps lointains, seule gardienne de ces précieux sou-
venirs.
« Avec sa permission, je pris les notes et les vues néces-
saires pour fixer l'état de la maison et je fis un article
(c'était mon métier autant que mon devoir) qui me fut re-
fusé partout, je dois le dire, et ne trouva d'accueil qu'au
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