Titre : Bulletin de la Société historique d'Auteuil et de Passy
Auteur : Société historique d'Auteuil et de Passy. Auteur du texte
Éditeur : Société historique d'Auteuil et de Passy (Paris)
Date d'édition : 1908-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34424416g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 3717 Nombre total de vues : 3717
Description : 01 avril 1908 01 avril 1908
Description : 1908/04/01 (A1908,N6,T6)-1908/06/30. 1908/04/01 (A1908,N6,T6)-1908/06/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65097953
Source : Société historique d'Auteuil et de Passy, 2012-362885
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/11/2013
VARIÉTÉS - I75
ris, pouvait lui nuire auprès de son colonel, le prince
de Condé, aussitôt rentré chez lui, écrivit au maréchal
de Biron que, des raisons particulières ayant engagé
M. d'Agoult à donner sa démission de la place qu'il avait
auprès de lui, il le regrettait sincèrement et le recomman-
dait à ses bontés.
Nous voici maintenant en 1762. Le chevalier d'Erlach
et le comte de Salis servaient tous deux dans le corps des
gardes-suisses et étaient amis intimes. Se trouvant ensem-
ble au spectacle, mais dans des loges différentes, M. de
Salis alla chercher son camarade et le tira par son habit
pour le faire venir auprès de lui. D'Erlach, occupé sans
doute agréablement, répondit à cet appel d'un ton qui dut
sembler plus que brusque aux personnes présentes qui
ne connaissaient pas leur intimité. Des gens officieux cru-
rent faire acte de prudence en leur envoyant des gardes de
la connétablie pour éviter tout acte de violence. Dès le
lendemain matin, on les fit comparaître au tribunal des
maréchaux de France, institué en vue de connaître des
querelles entre officiers ou gentilshommes et les éteindre
autant que possible sans effusion de sang; il leur fut
ordonné de ne donner aucune suite à l'affaire, de se
réconcilier et de s'embrasser, ce qu'ils firent bien volontiers.
Mais les gardes-suisses avaient, en pareille occurrence,
une juridiction militaire toute spéciale et attachaient une
grande importance à cette prérogative. Les anciens offi-
ciers du régiments, froissés de l'intervention des maréchaux
de France et de leur décision, s'assemblèrent et arrêtèrent
par délibération formelie, que la réconciliation intervenue
de l'autorité d'un tribunal incompétent était nulle et que
les deux jeunes gens seraient obligés de se battre ensem-
ble, en présence de plusieurs de leurs camarades, sous
peine d'être renvoyés et dénoncés à leurs cantons, comme
ayant volontairement porté atteinte aux droits et préroga-
tives des corps militaires suisses au service de la France.
On leur signifia cet ordre et comme la dénonciation dont
ils étaient menacés pouvait avoir les suites les plus désa-
gréables pour leurs familles, ils se crurent obligés de s'y
conformer.
Les deux amis se rendirent chez le Suisse de la porte
Maillot, au bois de Boulogne, où ils avaient fait préparer
un grand déjeuner, auquel ils affectèrent d'inviter, avec
plusieurs de leurs camarades, quelques officiers aux gar-
des-françaises. Rien n'avait moins l'air du prélude d'une
affaire sérieuse et ils assaisonnèrent au contraire le repas
de toute la gaieté de leur âge. Mais au moment où les invi-
tés n'étaient occupés que des plaisirs de la table, ils se
dérobèrent avec quatre témoins, et les convives, un quart
d'heure après, virent rapporter le comte de Salis percé
d'un grand coup d'épée au côté et accompagné du cheva-
lier d'Erlach, qui manifestait la plus extrême douleur.
Heureusement la blessure de Salis ne fut pas mortelle,
mais elle le retint au lit pendant six semaines, durant
lesquelles le chevalier n'abandonna son ami ni jour, ni
nuit. Ils envoyèrent ensuite, d'un commun accord, leur
démission, mais on ne voulut pas l'accepter, et ils durent
céder devant les témoignages d'estime et d'amitié que tout
le corps des gardes-suisses leur prodigua.
Elles sont bien lointaines ces vieilles mœurs de cour-
toisie hiérarchique et de point d'honneur raffiné ; la Porte
Maillot d'aujourd'hui ne se souvient pas plus de ces
aventures que du jeu de mail qui lui a sans doute donné
son nom, et Neuilly ne se rappelle guère son nom primi-
tif de Luny, Lugny ou Lulli (Lugniacum, Lulliacum) dont
il a interverti les consonnes ; mais notre Société historique
ne sort pas de son rôle si elle réveille un instant ces vieux
échos.
TABARIÈS DE GRANDSAIGNES.
4
Dates exactes des plans Delagrf/e et Roussel
Notre Bulletin ayant donné des extraits des plans de
Delagrfve et de Roussel, avec la date de 1730 pour le pre-
mier et 1731 pour le second, et un membre de la Société
ayant reproduit ces indications dans une communication
faite par lui à la séance du 13 avril 1908, notre collègue,
M. Victor Perrot, a présenté les observations suivantes :
« Le plan de Roussel est de 1730 (Ire édition). Il y eut
des éditions successives datées de 1731, 1750, 1756, sans
grands changements, et de l'an IV (1795), par P. G. Chan-
laire, avec quelques corrections et de nombreux ana-
chronismes. Je possède une édition de 1841 : Logerot s'est
simplement servi de celle de 1795 pour y faire figurer les
fortifications.
« Le plan de Delagrtve est de 1740.
« Voir A. Bonnardot, les Anciens Plans, p. 196 et 204.
Appendice, p. 14. »
VARIÉTÉS
Un Bourbon, portefaix et notaire
Un des fils de Philippe-Égalité, le duc de Montpen-
sier, fut emprisonné à Marseille, en avril 1793. Sa capti-
vité s'adoucit beaucoup après la chute de Robespierre ; on
lui permit d'habiter un logement dont les fenêtres n'étaient
pas grillées, de se promener dans le jardinet de sa prison,
de recevoir des visites et de l'argent. En septembre 1795,
Montpensier et son frère Beaujolais engagent un valet et
une femme de chambre. Celle-ci, qui se nommait Fran-
çoise Barbaroux, était la femme d'un petit horloger,
Michel Dentend. Elle avait trente ans ; Montpensier, qui
était fort beau, vingt ans. Il leur naquit un fils le 7 juil-
ris, pouvait lui nuire auprès de son colonel, le prince
de Condé, aussitôt rentré chez lui, écrivit au maréchal
de Biron que, des raisons particulières ayant engagé
M. d'Agoult à donner sa démission de la place qu'il avait
auprès de lui, il le regrettait sincèrement et le recomman-
dait à ses bontés.
Nous voici maintenant en 1762. Le chevalier d'Erlach
et le comte de Salis servaient tous deux dans le corps des
gardes-suisses et étaient amis intimes. Se trouvant ensem-
ble au spectacle, mais dans des loges différentes, M. de
Salis alla chercher son camarade et le tira par son habit
pour le faire venir auprès de lui. D'Erlach, occupé sans
doute agréablement, répondit à cet appel d'un ton qui dut
sembler plus que brusque aux personnes présentes qui
ne connaissaient pas leur intimité. Des gens officieux cru-
rent faire acte de prudence en leur envoyant des gardes de
la connétablie pour éviter tout acte de violence. Dès le
lendemain matin, on les fit comparaître au tribunal des
maréchaux de France, institué en vue de connaître des
querelles entre officiers ou gentilshommes et les éteindre
autant que possible sans effusion de sang; il leur fut
ordonné de ne donner aucune suite à l'affaire, de se
réconcilier et de s'embrasser, ce qu'ils firent bien volontiers.
Mais les gardes-suisses avaient, en pareille occurrence,
une juridiction militaire toute spéciale et attachaient une
grande importance à cette prérogative. Les anciens offi-
ciers du régiments, froissés de l'intervention des maréchaux
de France et de leur décision, s'assemblèrent et arrêtèrent
par délibération formelie, que la réconciliation intervenue
de l'autorité d'un tribunal incompétent était nulle et que
les deux jeunes gens seraient obligés de se battre ensem-
ble, en présence de plusieurs de leurs camarades, sous
peine d'être renvoyés et dénoncés à leurs cantons, comme
ayant volontairement porté atteinte aux droits et préroga-
tives des corps militaires suisses au service de la France.
On leur signifia cet ordre et comme la dénonciation dont
ils étaient menacés pouvait avoir les suites les plus désa-
gréables pour leurs familles, ils se crurent obligés de s'y
conformer.
Les deux amis se rendirent chez le Suisse de la porte
Maillot, au bois de Boulogne, où ils avaient fait préparer
un grand déjeuner, auquel ils affectèrent d'inviter, avec
plusieurs de leurs camarades, quelques officiers aux gar-
des-françaises. Rien n'avait moins l'air du prélude d'une
affaire sérieuse et ils assaisonnèrent au contraire le repas
de toute la gaieté de leur âge. Mais au moment où les invi-
tés n'étaient occupés que des plaisirs de la table, ils se
dérobèrent avec quatre témoins, et les convives, un quart
d'heure après, virent rapporter le comte de Salis percé
d'un grand coup d'épée au côté et accompagné du cheva-
lier d'Erlach, qui manifestait la plus extrême douleur.
Heureusement la blessure de Salis ne fut pas mortelle,
mais elle le retint au lit pendant six semaines, durant
lesquelles le chevalier n'abandonna son ami ni jour, ni
nuit. Ils envoyèrent ensuite, d'un commun accord, leur
démission, mais on ne voulut pas l'accepter, et ils durent
céder devant les témoignages d'estime et d'amitié que tout
le corps des gardes-suisses leur prodigua.
Elles sont bien lointaines ces vieilles mœurs de cour-
toisie hiérarchique et de point d'honneur raffiné ; la Porte
Maillot d'aujourd'hui ne se souvient pas plus de ces
aventures que du jeu de mail qui lui a sans doute donné
son nom, et Neuilly ne se rappelle guère son nom primi-
tif de Luny, Lugny ou Lulli (Lugniacum, Lulliacum) dont
il a interverti les consonnes ; mais notre Société historique
ne sort pas de son rôle si elle réveille un instant ces vieux
échos.
TABARIÈS DE GRANDSAIGNES.
4
Dates exactes des plans Delagrf/e et Roussel
Notre Bulletin ayant donné des extraits des plans de
Delagrfve et de Roussel, avec la date de 1730 pour le pre-
mier et 1731 pour le second, et un membre de la Société
ayant reproduit ces indications dans une communication
faite par lui à la séance du 13 avril 1908, notre collègue,
M. Victor Perrot, a présenté les observations suivantes :
« Le plan de Roussel est de 1730 (Ire édition). Il y eut
des éditions successives datées de 1731, 1750, 1756, sans
grands changements, et de l'an IV (1795), par P. G. Chan-
laire, avec quelques corrections et de nombreux ana-
chronismes. Je possède une édition de 1841 : Logerot s'est
simplement servi de celle de 1795 pour y faire figurer les
fortifications.
« Le plan de Delagrtve est de 1740.
« Voir A. Bonnardot, les Anciens Plans, p. 196 et 204.
Appendice, p. 14. »
VARIÉTÉS
Un Bourbon, portefaix et notaire
Un des fils de Philippe-Égalité, le duc de Montpen-
sier, fut emprisonné à Marseille, en avril 1793. Sa capti-
vité s'adoucit beaucoup après la chute de Robespierre ; on
lui permit d'habiter un logement dont les fenêtres n'étaient
pas grillées, de se promener dans le jardinet de sa prison,
de recevoir des visites et de l'argent. En septembre 1795,
Montpensier et son frère Beaujolais engagent un valet et
une femme de chambre. Celle-ci, qui se nommait Fran-
çoise Barbaroux, était la femme d'un petit horloger,
Michel Dentend. Elle avait trente ans ; Montpensier, qui
était fort beau, vingt ans. Il leur naquit un fils le 7 juil-
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