Titre : Bulletin de la Société historique d'Auteuil et de Passy
Auteur : Société historique d'Auteuil et de Passy. Auteur du texte
Éditeur : Société historique d'Auteuil et de Passy (Paris)
Date d'édition : 1907-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34424416g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 3717 Nombre total de vues : 3717
Description : 01 avril 1907 01 avril 1907
Description : 1907/04/01 (A1907,N2,T6)-1907/09/30 (A1907,N3,T6). 1907/04/01 (A1907,N2,T6)-1907/09/30 (A1907,N3,T6).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6509792v
Source : Société historique d'Auteuil et de Passy, 2012-362885
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/11/2013
46 M. GOJARD
des de renseignements. Se doutant bien de l'aventure en me
voyant entrer ainsi escorté, les braves employés ne purent
s'empêcher de se livrer à une douce et communicative
hilarité lorsque, gravement, mon brave gardien, tenant à
la main le corps du délit, c'est-à-dire mon carnet, et de
l'autre sa casquette, exposa le motif de mon arrestation.
— « C'est bon, dit à l'homme un de ces messieurs, don-
nez-moi le carnet » ; puis, se tournant vers moi, il ajouta
simplement : « C'est un nouveau, il a voulu se distinguer
par un zèle intempestif. » J'étais libre ; je retournai aussi-
tôt continuer mes investigations.
J'ai dit et je répète que ces promenades m'ont généra-
lement mis sur des pistes intéressantes. Les plus scep-
tiques souriront : un nouvel exemple devrait cependant
les ramener à de meilleurs sentiments.
Il y a quelques années, un officier de la Légion étran-
gère, chargé par son colonel d'organiser la salle d'honneur
du régiment, m'écrivit de Sidi-bel-Abbès, pour l'aider à
retrouver les portraits de cinq colonels ayant commandé le
ier régiment étranger. Ces officiers étaient très difficiles à
identifier, puisque, de guerre lasse, le capitaine avait recours
à moi. La famille d'un de ces colonels, nommé de Hulsen,
tué en Algérie en 1840, paraissait impossible à retrouver.
D'origine allemande et ancien officier d'une petite prin-
cipauté, M. de Hulsen avait passé au service de Napo-
léon Ier dans un des quatre régiments étrangers. Par la suite,
il compta à la légion puis au régiment de Hohenloë et fut
investi d'un commandement supérieur lors de la forma-
tion de la Légion Étrangère. Avait-il laissé postérité en
France ? Des recherches dans l'annuaire militaire alle-
mand amenèrent à s'adresser à plusieurs officiers, en acti-
vité de service, portant le même nom. Tous protestèrent
avec indignation — la Légion Étrangère n'est point en
odeur de sainteté, et pour cause, au-delà du Rhin, — affir-
mant n'avoir jamais eu d'ascendants au service français.
Nous désespérions, le capitaine et moi, lorsque le hasard
d'une de mes pérégrinations à Montmartre me mit en pré-
sence de la tombe du brave, tombé au Champ d'honneur.
Quelques minutes après, j'apprenais au bureau de la Con-
servation, grâce au monogramme de la pierre tombale, le
nom du marbrier chargé de l'entretien. Les registres de
ce dernier me fournirent à leur tour le nom et l'adresse
cherchée, que je m'empressai de transmettre à Sidi-bel-
Abbès. Quelque temps après, j'eus la satisfaction d'ap-
prendre qu'une bonne reproduction du portrait du colo-
nel de Hulsen, donné par un des descendants, figurait en
bonne place dans la salle d'honneur du Ier régiment étran-
ger.
GEORGES BERTIN.
M. GOJARD
PREMIER COMMIS DES FINANCES
Habitant de Passy
C'est en faisant nos recherches pour notre Histoire du
Bois de Boulogne et de ses Châteaux que nous avons
trouvé pour la première fois le nom de M. Gojard, pre-
mier commis des finances.
Dans le carton des Archives nationales 01 i582, on
trouve une note (1) qui peut se résumer ainsi : M. Gojard
supplie M. le comte d'Angiviliers de vouloir bien lui accor-
der une clef des jardins de la Muette dont il est voisin à
Passy et de lui permettre d'envoyer prendre de la glace
aux glacières de la Muette ou aux glacières d'Auteuil.
Nous avons alors cherché ce qu'était M. Gojard, et c'est
le Journal des Débats qui nous a renseigné. Le Journal des
Débats, qui, au commencement du dix-neuvième siècle,
s'intitulait Journal des Débats et des lois du pouvoir
législatif et des actes du gouvernement (2), donnait dans
son numéro du i5 mai 18o5 (25 floréal an XIII) une no-
tice nécrologique sur M. Gojard, que nous reproduisons
ci-après :
« M. Gojard est mort à Passy le 14 de ce mois, âgé de
soixante-cinq ans. Avant la Révolution, il occupa la place,
alors très importante, de premier commis des finances,
depuis le ministère de M. Joly de Fleury (3) jusqu'au
ministère-de M. Necker. Il y mérita l'estime et l'affection
générale, par sa droiture, sa bonté, sa modestie, sa dou-
ceur et son affabilité. Il eut cela de remarquable que six
ministres lui accordèrent successivement la même con-
fiance. Sa fortune, fruit de ses économies, eût été beau-
coup plus considérable si, par son désintéressement, il n'eût
lui-même mis des bornes à la munificence du gouverne-
ment à son égard. Pourvu d'une place de receveur général
en même temps qu'il était premier commis des finances,
il refusa ce double traitement. On peut citer encore, qu'il
renonça à une gratification de 24.000 francs faisant partie
des attributions ordinaires de sa place, pour éviter une
réduction de traitement aux employés de ses bureaux. Ses
mœurs pures, simples et presque patriarcales ne furent pas
altérées par la prospérité. Elles résistèrent aussi à l'adver-
sité. La Révolution lui enleva la plus grande partie de sa
(1) Vers le mois d'août 1782.
(2) Rue des Prêtres-Saint-Germain-l'Auxerrois, n° 42 (an-
cienne adresse).
(3) Si tristement célèbre par l'affaire du chevalier de la Barre.
des de renseignements. Se doutant bien de l'aventure en me
voyant entrer ainsi escorté, les braves employés ne purent
s'empêcher de se livrer à une douce et communicative
hilarité lorsque, gravement, mon brave gardien, tenant à
la main le corps du délit, c'est-à-dire mon carnet, et de
l'autre sa casquette, exposa le motif de mon arrestation.
— « C'est bon, dit à l'homme un de ces messieurs, don-
nez-moi le carnet » ; puis, se tournant vers moi, il ajouta
simplement : « C'est un nouveau, il a voulu se distinguer
par un zèle intempestif. » J'étais libre ; je retournai aussi-
tôt continuer mes investigations.
J'ai dit et je répète que ces promenades m'ont généra-
lement mis sur des pistes intéressantes. Les plus scep-
tiques souriront : un nouvel exemple devrait cependant
les ramener à de meilleurs sentiments.
Il y a quelques années, un officier de la Légion étran-
gère, chargé par son colonel d'organiser la salle d'honneur
du régiment, m'écrivit de Sidi-bel-Abbès, pour l'aider à
retrouver les portraits de cinq colonels ayant commandé le
ier régiment étranger. Ces officiers étaient très difficiles à
identifier, puisque, de guerre lasse, le capitaine avait recours
à moi. La famille d'un de ces colonels, nommé de Hulsen,
tué en Algérie en 1840, paraissait impossible à retrouver.
D'origine allemande et ancien officier d'une petite prin-
cipauté, M. de Hulsen avait passé au service de Napo-
léon Ier dans un des quatre régiments étrangers. Par la suite,
il compta à la légion puis au régiment de Hohenloë et fut
investi d'un commandement supérieur lors de la forma-
tion de la Légion Étrangère. Avait-il laissé postérité en
France ? Des recherches dans l'annuaire militaire alle-
mand amenèrent à s'adresser à plusieurs officiers, en acti-
vité de service, portant le même nom. Tous protestèrent
avec indignation — la Légion Étrangère n'est point en
odeur de sainteté, et pour cause, au-delà du Rhin, — affir-
mant n'avoir jamais eu d'ascendants au service français.
Nous désespérions, le capitaine et moi, lorsque le hasard
d'une de mes pérégrinations à Montmartre me mit en pré-
sence de la tombe du brave, tombé au Champ d'honneur.
Quelques minutes après, j'apprenais au bureau de la Con-
servation, grâce au monogramme de la pierre tombale, le
nom du marbrier chargé de l'entretien. Les registres de
ce dernier me fournirent à leur tour le nom et l'adresse
cherchée, que je m'empressai de transmettre à Sidi-bel-
Abbès. Quelque temps après, j'eus la satisfaction d'ap-
prendre qu'une bonne reproduction du portrait du colo-
nel de Hulsen, donné par un des descendants, figurait en
bonne place dans la salle d'honneur du Ier régiment étran-
ger.
GEORGES BERTIN.
M. GOJARD
PREMIER COMMIS DES FINANCES
Habitant de Passy
C'est en faisant nos recherches pour notre Histoire du
Bois de Boulogne et de ses Châteaux que nous avons
trouvé pour la première fois le nom de M. Gojard, pre-
mier commis des finances.
Dans le carton des Archives nationales 01 i582, on
trouve une note (1) qui peut se résumer ainsi : M. Gojard
supplie M. le comte d'Angiviliers de vouloir bien lui accor-
der une clef des jardins de la Muette dont il est voisin à
Passy et de lui permettre d'envoyer prendre de la glace
aux glacières de la Muette ou aux glacières d'Auteuil.
Nous avons alors cherché ce qu'était M. Gojard, et c'est
le Journal des Débats qui nous a renseigné. Le Journal des
Débats, qui, au commencement du dix-neuvième siècle,
s'intitulait Journal des Débats et des lois du pouvoir
législatif et des actes du gouvernement (2), donnait dans
son numéro du i5 mai 18o5 (25 floréal an XIII) une no-
tice nécrologique sur M. Gojard, que nous reproduisons
ci-après :
« M. Gojard est mort à Passy le 14 de ce mois, âgé de
soixante-cinq ans. Avant la Révolution, il occupa la place,
alors très importante, de premier commis des finances,
depuis le ministère de M. Joly de Fleury (3) jusqu'au
ministère-de M. Necker. Il y mérita l'estime et l'affection
générale, par sa droiture, sa bonté, sa modestie, sa dou-
ceur et son affabilité. Il eut cela de remarquable que six
ministres lui accordèrent successivement la même con-
fiance. Sa fortune, fruit de ses économies, eût été beau-
coup plus considérable si, par son désintéressement, il n'eût
lui-même mis des bornes à la munificence du gouverne-
ment à son égard. Pourvu d'une place de receveur général
en même temps qu'il était premier commis des finances,
il refusa ce double traitement. On peut citer encore, qu'il
renonça à une gratification de 24.000 francs faisant partie
des attributions ordinaires de sa place, pour éviter une
réduction de traitement aux employés de ses bureaux. Ses
mœurs pures, simples et presque patriarcales ne furent pas
altérées par la prospérité. Elles résistèrent aussi à l'adver-
sité. La Révolution lui enleva la plus grande partie de sa
(1) Vers le mois d'août 1782.
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