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deaux partageait sa vie entre les devoirs de sa charge et
les heures consacrées au travail dans la bibliothèque du
château de la Brède, où il préparait le livre de l'Esprit
des Lois.
C'était aussi un ancien élève de Juilly.
Peut-être ce souvenir commun fut-il la première rai-
son de se chercher et de se connaître.
Malgré la différence d'âge qui les séparait, l'amitié la
plus tendre ne tarda pas à les unir, nous en avons un
touchant témoignage dans l'éloge, malheureusement
inachevé, que Montesquieu a laissé de son illustre ami.
Permettez-moi d'en extraire un portrait qui, mieux
que tout, fera connaître le maréchal à la fin de sa carrière.
et Son air froid, un peu sévère, faisait que quelque-
fois il aurait semblé déplacé dans notre nation, si les
grandes âmes et le mérite personnel avaient un pays.
Il était impossible de le voir et de ne pas aimer la vertu,
tant on voyait de tranquillité et de félicité dans son
cœur. J'ai vu de loin dans Plutarque ce qu'étaient les
grands hommes; j'ai vu en lui de plus près ce qu'ils
sont. Je ne connais que sa vie privée, je n'ai pas vu le
héros mais l'homme dont le héros est parti. Il aimait
ses amis, sa manière était de rendre des services sans
vous rien dire. C'était une main invisible qui vous ser-
vait. Il avait un grand fond de religion, jamais homme
n'a mieux servi ces lois de « l'Evangile qui coûtent le
plus aux gens du monde ; enfin, jamais homme n'a tant
pratiqué la religion et n'en a si peu parlé. » A ces
traits il faut joindre le mot de Brolingbroke, qui les ré-
sume si bien : « C'était le meilleur grand homme qui
ait jamais existé. »
En 1733, il vivait paisible et heureux dans la terre de
Fitz-James, entouré de sa femme, de ses enfants, de ses
amis, dont il était adoré, quand on l'appela pour com-
mander l'armée qu'on rassemblait sur le Rhin. Les
opérations militaires commençèrent par le siège de
Philipsbourg. Le 12 juin 1734, il se rendit à la tranchée,
et voulant, suivant son usage, tout observer par lui-
deaux partageait sa vie entre les devoirs de sa charge et
les heures consacrées au travail dans la bibliothèque du
château de la Brède, où il préparait le livre de l'Esprit
des Lois.
C'était aussi un ancien élève de Juilly.
Peut-être ce souvenir commun fut-il la première rai-
son de se chercher et de se connaître.
Malgré la différence d'âge qui les séparait, l'amitié la
plus tendre ne tarda pas à les unir, nous en avons un
touchant témoignage dans l'éloge, malheureusement
inachevé, que Montesquieu a laissé de son illustre ami.
Permettez-moi d'en extraire un portrait qui, mieux
que tout, fera connaître le maréchal à la fin de sa carrière.
et Son air froid, un peu sévère, faisait que quelque-
fois il aurait semblé déplacé dans notre nation, si les
grandes âmes et le mérite personnel avaient un pays.
Il était impossible de le voir et de ne pas aimer la vertu,
tant on voyait de tranquillité et de félicité dans son
cœur. J'ai vu de loin dans Plutarque ce qu'étaient les
grands hommes; j'ai vu en lui de plus près ce qu'ils
sont. Je ne connais que sa vie privée, je n'ai pas vu le
héros mais l'homme dont le héros est parti. Il aimait
ses amis, sa manière était de rendre des services sans
vous rien dire. C'était une main invisible qui vous ser-
vait. Il avait un grand fond de religion, jamais homme
n'a mieux servi ces lois de « l'Evangile qui coûtent le
plus aux gens du monde ; enfin, jamais homme n'a tant
pratiqué la religion et n'en a si peu parlé. » A ces
traits il faut joindre le mot de Brolingbroke, qui les ré-
sume si bien : « C'était le meilleur grand homme qui
ait jamais existé. »
En 1733, il vivait paisible et heureux dans la terre de
Fitz-James, entouré de sa femme, de ses enfants, de ses
amis, dont il était adoré, quand on l'appela pour com-
mander l'armée qu'on rassemblait sur le Rhin. Les
opérations militaires commençèrent par le siège de
Philipsbourg. Le 12 juin 1734, il se rendit à la tranchée,
et voulant, suivant son usage, tout observer par lui-
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