Trente-unième année. — Tome LIX. — N° 24. Na 1531. Samedi 14 Octobre 1911.
LE GËNIE CIVIL
REVUE GÉNÉRALE HEBDOMADAIRE DES INDUSTRIES FRANÇAISES ET ÉTRANGÈRES
Prix de l'abonnement par an. — Paris : 36 francs; — Départements : 38 francs; — Étranger et Colonies : 45 francs. — Le numéro : 1 franc.
Administration et Rédaction : 6, rue de la Chaussée-d'Antin, Paris.
SO'I\JAIRE. - Art militaire : L'explosion du cuirassé Liberté en rade
de Toulon (a5 septembre 1911), p. 1.81; Philippe TRESSAIS. — Travaux
les L'assainissement de la région de Ferrare (Italie). L'usine élé-
vatoire de Codigoro (planche XXVII), p. 488. — Chimie industrielle :
rogres réalisés récemment dans la récupération et le traitement des
sous-produits de la distillation de la houille (suite), p. 489; A. GnEnEL.
- Aéronautique : Le dirigeable militaire Adjudant-Réau, p. 492. —
Variétés : Nouveau dispositif de télévision, système Rosing, p. 4q3 ; —
"')..-,
Le phare de la Jument d'Ouessant (Finistère), p. ; - Nouveau moteur
sans soupapes, système CoUin, à balayage des gaz brûlés, p. 494; -
Dispositif de calage et d'alignement des extrémités du pont tournant du
Great Northern Railwav, à Duluth (Minnesota, États-Unis), p. 495.
SOCIÉTÉS SAVANTES ET INDUSTRIELLES : Académie des Sciences (2 octobre
1911), p. 496. — BIBLIOGRAPHIE : Revue des principales publications
techniques, p. 496 ; - Ouvrages récemment parus, p. 5oo.
Planche XXVII : L'usine élévatoire de Codigoro (Italie).
ART MILITAIRE
L'EXPLOSION DU CUIRASSÉ « LIBERTÉ » EN RADE DE TOULON
(25 septembre 1911).
Quoique la Commission qui a été chargée de rechercher les causes
de l'explosion de la Liberté n'ait pas encore terminé ses travaux, il
nous paraît utile de donner ici quelques détails sur cette épouvan-
table catastrophe et d'indiquer les causes auxquelles elle paraît
FIG. 1. — LE CUIRASSÉ « LIBERTÉ », EN RADE DE TOULON, LA VEILLE DE SON EXPLOSION.
(Dans le fond, les cuirassés République, Démocratie, Justice, rérile, etc.)
devoir être attribuée. Dès maintenant, on est à peu près d'accord
pour admettre que la cause principale est une inflammation spon-
tanée j. une partie des poudres qui se trouvaient à bord, mais les
aVIS ont très partagés sur la cause déterminante de ce phénomène
et SUr la façon dont il a pu se produire. C'est surtout sur ce fait
que, nous croyons avoir des explications intéressantes à donner,
après avoir exposé les circonstances dans lesquelles s'est manifestée
l'e - P 1 0sion et les terribles effets qu'elle a produits.
A l'issue des dernières grandes manœuvres navales françaises, la
seconde escadre, comprenant, outre le cuirassé Patrie battant pavillon
du vice-amiral Bellue, cinq bâtiments du même type : Liberté,
Justice, Démocratie, Vérité, République, prenait son mouillage dans
la rade de Toulon, le 17 septembre. Huit jours après, le 25 sep -
tembre, à l'aube, une formidable explosion détruisait la Liberté,
tuant environ 260 hommes, en blessant 200; les débris, projetés par
l'explosion, endommageaient gravement la .République, et causaient
d'importantes avaries à la Démocratie, à la Vérité et à la Justice.
Rappelons tout d'abord que la Liberté, qui a été décrite dans le
Génie Civil du Ier décembre 1906 en même temps que la Patrie,
avait été construite sur les plans de M. Berlin, en 1905-1906, par
les Chantiers de la Loire, à Saint-Nazaire. C'était un cuirassé d'es-
cadre de 14868 tonnes, pourvu de trois machines alternatives,
ayant chacune son hélice et capables de développer ensemble 20 000
chevaux à toute puissance. Sa longueur était de 133m 80, sa lar-
geur de 24m 25, son tirant d'eau arrière de 8m 38. Il était armé,
ainsi qu'on le voit sur la figure 2, de 4 canons de 3o5 millimètres,
placés en 2 tourelles doubles; de 10 canons de 194 millimètres dont
0 placés chacun dans une tourelle et 4 dans des réduits blindés;
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