Titre : Journal officiel de la République française. Débats parlementaires. Chambre des députés : compte rendu in-extenso
Éditeur : Impr. du Journal officiel (Paris)
Date d'édition : 1931-03-02
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328020951
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 208532 Nombre total de vues : 208532
Description : 02 mars 1931 02 mars 1931
Description : 1931/03/02 (A1931,N35). 1931/03/02 (A1931,N35).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Ministères des Affaires... Collection numérique : Ministères des Affaires étrangères
Description : Collection numérique : Traités, accords et... Collection numérique : Traités, accords et conventions
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IVe République (1946-1958)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64703464
Source : Bibliothèque et Archives de l'Assemblée nationale, 2012-7516
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
1402
CHAMBRE DES DEPUTES — ira SEANCE DU 1er MARS 1931
tnent d'argent. Mais, par économie, elle
n"a pas touché à sa gare de Paris-Nord, où
eai peut dire que la circulation des trains
jfest un défi permanent aux accidents. Sans
l'expérience consommée des aiguilleurs et
ides mécaniciens, sans leur attention de
four et de nuit, que d'accidents terribles
n'aurai t-on pas à enregistrer!
La catastrophe du pont Doudeauville, au
tnois de mars 1928, n'a pas eu d'autre
eause que ces conditions redoutables de
iTculation.
On avait confié au mécanicien Herblay
tne sortie de train pour la première fois,
sans entourer cette première sortie des
précautions nécessaires.
La responsabilité de la compagnie était
Ividente. Il eût été logique et juste de
mettre en cause et de livrer aux juges,
bon un mécanicien innocent, mais les ad-
ministrateurs qui, par incurie, ont préparé
ks véritables causes de, l'accident.
Je lis, dans un Traité des sociétés ano-
nymes, ces lignes d'un jurisconsulte que je
irous soumets :
« Si, par exemple, il était démontré
iqu'un grave accident de chemin de fer
avait pour cause la défectuosité de cer-
Jains appareils, une mauvaise volonté ap-
¡Wrtée, pour des raisons d'économie, au
remplacement d'appareils anciens par des
Appareils nouveaux, coûteux peut-être,
fcnâis mieux appropriés aux exigences d'un
jtrafic devenu incomparablement plus in-
tense et plus rapide, aloVs la responsabilité
pé nale de l'homicide ipar imprudence
jgu'auraient à relever les autorités judi-
ciaires dépasserait l'aiguilleur ou le mo-
deste mécanicien, généralement pris
icomme victimes expiatoires en ces sortes
accidents; c' es t l'être moral qui serait
fresponsaible, et uniquement responsable,
iparce que c'est l'être moral qui a défendu
jpa caisse, qui a voulu une économie, et
qui, par conséquent, a voulu un risque;
c'est donc la société anonyme qui doit être
{tenue comme théoriquement responsable
tdii délit qui a été commis. »
Voilà qui est précis, net et juridique-
ftnent irréfutable. Le jour où un juge d'ins-
truction, après une catastrophe où la res-
ponsabilité pénale de la compagnie inté-
ressée pourrait être présumée autant que
elle du malheureux mécanicien ou aiguil-
àe.UT, décernerait un mandat d'amener con-
leur, l'administrateur délégué ou le pcé-si-
jure
ent du conseil d'administration de ladite
mpagni8, et les ferait impitoyablement
ft;érouer à îa Santé, ce serait un avertisse-
jnent salutaire en même temps qu'une sa-
tisfaction légitime donnée à l'opinion pu-
blique.
M. Maxence Bibié. Quel est ce juriste ?
M. Marcel Cachin. Ce serait un avertis-
sement salutaire et un apaisement pour
l'opinion publique si, après une catastro-
phe où la responsabilité pénale de la com-
pagnie est, au moins, aussi probable que
telle du malheureux mécanicien ou aiguil-
leur, le juge d'instruction décernait un
leur, d'amener contre l'administrateur
ilétégué ou le président du conseil de la-
dite compagnie et le faisait impitoyable-
ment écrouer à la Santé. (Mouvements di-
vers.) *
Mais comment penser que M. le baron
Edouard de Rothschild entre jamais à la
Santé dans la cellule que nous occupions
récemment! Nous sommes encore loin de
cette véritable distribution de la justice.
IAfouvem,ents divers.)
Il me faut évoquer un autre accident,
également effroyable, celui de Montereau
survenu au mois de mai dernier. La presse
prétendit alors que le déraillement était
(fü à un attentat criminel des communis-
tes de la région. yous vous rappelez l'S)r-
.i&estraiigu.
M. Jules Moch. Elle a été arrêtée du jour
au lendemain par une demande d'interpel-
lation, qui n'avait pas été déposée par vo-
tre groupe.
M. Marcel Cachin. Vous croyez donc que
vous jouez un grand rôle dans la Répu-
blique ? Ce n'est pas parce que M. Moch
a interpellé que la campagne de presse
contre les communistes s'est arrêtée. Elle
ne cesse jamais ses attaques contre les
communistes.
M. Jules Moch. En tout cas, cette cam-
pagne a été arrêtée net de la manière que
je viens de dire. C'est un fait que vous ne
pouvez pas sérieusement contester.
M. Marcel Cachin. La campagne dura
plusieurs semaines. Elle fut arrêtée, non
pas par l'intervention de M. Moch, mais
par la série des actions qu'accomplirent
a ce moment nos camarades.
Nous allâmes à Montereau et tous les
cheminots de la compagnie du Paris-Lyon-
MéditeITanée protestèrent contre lVbomi-
nable accusation dont on essayait d'acca-
bler quelques-uns des leurs.
Qu'avait-on reproché aux cheminots com-
munistes de Montereau ? Qu'est-ce que
leur avaient reproché non pas seulement
les journaux, les fonctionnaires de la ré-
gion, les rédacteurs des grandes revues,
tout le monde, et le Gouvernement lui-
même? M. Tardieu laissait dire que cet
attentat avait été commis parce qu'il était
dans un train allant à Dijon ce jour-là, etc.
L on lut unanime contre ces pauvres gens
on les accusa d'avoir placé un loris sur la
voie et on dit : « C'est le tamponnement
du loris par le train qui a causé la ca-
tastrophe. »
M. Pierre Amidieu du Clos. Ce n'est pas
le baron de Rothschild qui avait placé ce
loris!
M. Marcel Cachin. Non, ce n'est pas lui
qui écrit les articles, mais c'est souvent
lui qui les paye et qui les inspire.
Une campagne ignoble de tous les jour-
naux tente d'impressionner l'opinion et
de détourner l'attention des véritables res-
ponsables.
Mais les cheminots de Montereau et du
P. L. M. n'eurent aucune peine à établir
que le réseau seul était en cause.
Personne ne parle plus de la responsa-
bilité de cet accident effroyable et cepen-
dant il y a un fait indéniable, c'est que
la direction avait donné l'ordre, ce jour-
là, au mécanicien, de franchir à la vitesse
de 100 kilomètres à l'heure une courbe
très accentuée que, jusqu'à ce moment,
les trains attaquaient à la vitesse de 25 à
30 kilomètres.
Je me suis rendu sur place pour me
rendre compte du danger que constitue
cette courbe. Celle-ci est très accentuée.
Jusqu'à ce jour, on recommandait au
mécanicien de ne pas dépasser, à cet en-
droit, la vitesse de 30 kilomètres à l'heure.
Ce jour-là, il reçoit l'ordre de passer à
la vitesse de 100 kilomètres à l'heure
et c'est à cet endroit même que la ma-
chine sort des rails.
M. Jules Moch. La compagnie a voulu
assassiner M. Tardieu!
M. Marcel Cachin. Je ne m'arrête pas
à des plaisanteries qui ne méritent pas
d'être relevées.
M. Jules Moch. C'est vous qui dites des
plaisanteries en ce moment.
M. Marcel Cachin. La responsabilité de
la compagnie est parfaitement évidente.
On a essayé de la détourner sur la tête
de braves gens qui se sont, heureuse-
ment, bien défendus, sans attendre que
M. Moch accoure à leur secours.
La compagnie était donc directement
coupable. Mais, pour se sauver, elle ne
recula pas devant la tentative honteuse
de 4és
d'honnêtes travailleurs du réseau et de
la région suspects de communisme.
A la fin du mois de novembre der-
nier, autre accident au virage tragique
des Folies-Sinait, bien connu et redouté
des cheminots de l'Orléans. Le mécani-
cien Jean Kamps y laissa la vie, à deux
ans de sa retraite. Et sans le dévoue-
ment héroïque du cantonnier Auguste Vis-
satier, combien aurait-on dû déplorer de
victimes? Là encore, le passage était très
dangereux et il s'y était déjà produit un
accident par éhoulement. Nulle précaution
sérieuse n'avait été prise, puisque le mé-
canicien avait ordre de passer à la vitesse
de 75 kilomètres à l'heure.
La responsabilité directe de la compa-
gnie est donc, dans ce cas encore, nette-
ment engagée.
Je pourrais poursuivre cette revue lu-
gubre en relatant la récente catastrophe
de Périgueux, la troisième au même en-
droit, si je suis bien renseigné,.
M. Georges Bonnet. C'est exact.
M. Marcel Cachin.sans que la com-
pagnie d'Orléans prenne aucune mesure et
sans que les journaux fassent contre la
compagnie responsable la campagne qu'ils
ont entreprise contre les cheminots com-
nïunistes innocents.
Nous pourrions rappeler la catastrophe
récente d'Angoulême et d'autres encore.
Pour celle de Périgueux, on ose poursui-
vre le mécanicien et le chef de train du
rapide de Genève qui avait précédé le train
qui a déraillé, comme si fatalement ils
avaient ressenti la secousse au passage,
comme si un rapport d'ingénieurs n'avait
pas indiqué préalablement le danger.
C'est pour y parer que les cheminots
unitaires réclament d'urgence l'institution
de délégués à la sécurité, complètement
indépendants des réseaux pendant la durée
de leurs mandats. Ces délégués seraient
nommés par des élections auxquelles par-
ticiperaient tous les cheminots. Ils se-
raient sous le contrôle incessant de leurs
mandants. Ils devraient avoir la liberté
absolue, sans aucune contrainte dans
l'exercice de leurs fonctions ils devraient
répondre à l'appel des cheminots sur tous
les points intéressant la sécurité.
Pour les travailleurs des réseaux secon-
daires, qui travaillent douze et quatorze
heures par jour pour des salaires de 7.000
à 8.000 fr. par an après vingt ans de ser-
vice, nous réclamonsj'assimiïation à ceux
des grands réseaux, avec les avantages
acquis, tant pour les salaires que pour la
retraite.
Je veux parler maintenant des reven-
dications des employés des wagons-lits et
wagons-restaurants.
La riche compagnie des wagons-lits iût-
grands express européens a réalisé 80 mil-
lions de bénéfices au cours de son dernier
exercice. Elle exploite durement ses em-
ployés.
J'ai sous les yeux une note d'un employé
plongeur, du service roulant, qui se plaint
d'être resté sur le rapide Strasbourg-Lyon,
pendant 24 heures Hi', à la disposition
complète de la compagnie et qui, pour ces
deux jours, a reçu un salaire de 36 fr. gri
fait, pour ces employés, la journée de
8 heures s'étend à 12 heures 48; en pé-
riode de vacances, jusqu'à 16 heures 1/2.
Pour les agents du service de salle et
de cuisine, la journée de travail est pra-
tiquement d'une amplitude illimitée.
Les serveurs-receveurs reçoivent 10 p.
100 de la recette, pris sur les pourboires,
car la compagnie ne débourse rien. Ce
sont les pourboires des voyageurs qui
rétribuent les agents de la richissime com-
Davùe.
CHAMBRE DES DEPUTES — ira SEANCE DU 1er MARS 1931
tnent d'argent. Mais, par économie, elle
n"a pas touché à sa gare de Paris-Nord, où
eai peut dire que la circulation des trains
jfest un défi permanent aux accidents. Sans
l'expérience consommée des aiguilleurs et
ides mécaniciens, sans leur attention de
four et de nuit, que d'accidents terribles
n'aurai t-on pas à enregistrer!
La catastrophe du pont Doudeauville, au
tnois de mars 1928, n'a pas eu d'autre
eause que ces conditions redoutables de
iTculation.
On avait confié au mécanicien Herblay
tne sortie de train pour la première fois,
sans entourer cette première sortie des
précautions nécessaires.
La responsabilité de la compagnie était
Ividente. Il eût été logique et juste de
mettre en cause et de livrer aux juges,
bon un mécanicien innocent, mais les ad-
ministrateurs qui, par incurie, ont préparé
ks véritables causes de, l'accident.
Je lis, dans un Traité des sociétés ano-
nymes, ces lignes d'un jurisconsulte que je
irous soumets :
« Si, par exemple, il était démontré
iqu'un grave accident de chemin de fer
avait pour cause la défectuosité de cer-
Jains appareils, une mauvaise volonté ap-
¡Wrtée, pour des raisons d'économie, au
remplacement d'appareils anciens par des
Appareils nouveaux, coûteux peut-être,
fcnâis mieux appropriés aux exigences d'un
jtrafic devenu incomparablement plus in-
tense et plus rapide, aloVs la responsabilité
pé nale de l'homicide ipar imprudence
jgu'auraient à relever les autorités judi-
ciaires dépasserait l'aiguilleur ou le mo-
deste mécanicien, généralement pris
icomme victimes expiatoires en ces sortes
accidents; c' es t l'être moral qui serait
fresponsaible, et uniquement responsable,
iparce que c'est l'être moral qui a défendu
jpa caisse, qui a voulu une économie, et
qui, par conséquent, a voulu un risque;
c'est donc la société anonyme qui doit être
{tenue comme théoriquement responsable
tdii délit qui a été commis. »
Voilà qui est précis, net et juridique-
ftnent irréfutable. Le jour où un juge d'ins-
truction, après une catastrophe où la res-
ponsabilité pénale de la compagnie inté-
ressée pourrait être présumée autant que
elle du malheureux mécanicien ou aiguil-
àe.UT, décernerait un mandat d'amener con-
leur, l'administrateur délégué ou le pcé-si-
jure
ent du conseil d'administration de ladite
mpagni8, et les ferait impitoyablement
ft;érouer à îa Santé, ce serait un avertisse-
jnent salutaire en même temps qu'une sa-
tisfaction légitime donnée à l'opinion pu-
blique.
M. Maxence Bibié. Quel est ce juriste ?
M. Marcel Cachin. Ce serait un avertis-
sement salutaire et un apaisement pour
l'opinion publique si, après une catastro-
phe où la responsabilité pénale de la com-
pagnie est, au moins, aussi probable que
telle du malheureux mécanicien ou aiguil-
leur, le juge d'instruction décernait un
leur, d'amener contre l'administrateur
ilétégué ou le président du conseil de la-
dite compagnie et le faisait impitoyable-
ment écrouer à la Santé. (Mouvements di-
vers.) *
Mais comment penser que M. le baron
Edouard de Rothschild entre jamais à la
Santé dans la cellule que nous occupions
récemment! Nous sommes encore loin de
cette véritable distribution de la justice.
IAfouvem,ents divers.)
Il me faut évoquer un autre accident,
également effroyable, celui de Montereau
survenu au mois de mai dernier. La presse
prétendit alors que le déraillement était
(fü à un attentat criminel des communis-
tes de la région. yous vous rappelez l'S)r-
.i&estraiigu.
M. Jules Moch. Elle a été arrêtée du jour
au lendemain par une demande d'interpel-
lation, qui n'avait pas été déposée par vo-
tre groupe.
M. Marcel Cachin. Vous croyez donc que
vous jouez un grand rôle dans la Répu-
blique ? Ce n'est pas parce que M. Moch
a interpellé que la campagne de presse
contre les communistes s'est arrêtée. Elle
ne cesse jamais ses attaques contre les
communistes.
M. Jules Moch. En tout cas, cette cam-
pagne a été arrêtée net de la manière que
je viens de dire. C'est un fait que vous ne
pouvez pas sérieusement contester.
M. Marcel Cachin. La campagne dura
plusieurs semaines. Elle fut arrêtée, non
pas par l'intervention de M. Moch, mais
par la série des actions qu'accomplirent
a ce moment nos camarades.
Nous allâmes à Montereau et tous les
cheminots de la compagnie du Paris-Lyon-
MéditeITanée protestèrent contre lVbomi-
nable accusation dont on essayait d'acca-
bler quelques-uns des leurs.
Qu'avait-on reproché aux cheminots com-
munistes de Montereau ? Qu'est-ce que
leur avaient reproché non pas seulement
les journaux, les fonctionnaires de la ré-
gion, les rédacteurs des grandes revues,
tout le monde, et le Gouvernement lui-
même? M. Tardieu laissait dire que cet
attentat avait été commis parce qu'il était
dans un train allant à Dijon ce jour-là, etc.
L on lut unanime contre ces pauvres gens
on les accusa d'avoir placé un loris sur la
voie et on dit : « C'est le tamponnement
du loris par le train qui a causé la ca-
tastrophe. »
M. Pierre Amidieu du Clos. Ce n'est pas
le baron de Rothschild qui avait placé ce
loris!
M. Marcel Cachin. Non, ce n'est pas lui
qui écrit les articles, mais c'est souvent
lui qui les paye et qui les inspire.
Une campagne ignoble de tous les jour-
naux tente d'impressionner l'opinion et
de détourner l'attention des véritables res-
ponsables.
Mais les cheminots de Montereau et du
P. L. M. n'eurent aucune peine à établir
que le réseau seul était en cause.
Personne ne parle plus de la responsa-
bilité de cet accident effroyable et cepen-
dant il y a un fait indéniable, c'est que
la direction avait donné l'ordre, ce jour-
là, au mécanicien, de franchir à la vitesse
de 100 kilomètres à l'heure une courbe
très accentuée que, jusqu'à ce moment,
les trains attaquaient à la vitesse de 25 à
30 kilomètres.
Je me suis rendu sur place pour me
rendre compte du danger que constitue
cette courbe. Celle-ci est très accentuée.
Jusqu'à ce jour, on recommandait au
mécanicien de ne pas dépasser, à cet en-
droit, la vitesse de 30 kilomètres à l'heure.
Ce jour-là, il reçoit l'ordre de passer à
la vitesse de 100 kilomètres à l'heure
et c'est à cet endroit même que la ma-
chine sort des rails.
M. Jules Moch. La compagnie a voulu
assassiner M. Tardieu!
M. Marcel Cachin. Je ne m'arrête pas
à des plaisanteries qui ne méritent pas
d'être relevées.
M. Jules Moch. C'est vous qui dites des
plaisanteries en ce moment.
M. Marcel Cachin. La responsabilité de
la compagnie est parfaitement évidente.
On a essayé de la détourner sur la tête
de braves gens qui se sont, heureuse-
ment, bien défendus, sans attendre que
M. Moch accoure à leur secours.
La compagnie était donc directement
coupable. Mais, pour se sauver, elle ne
recula pas devant la tentative honteuse
de 4és
d'honnêtes travailleurs du réseau et de
la région suspects de communisme.
A la fin du mois de novembre der-
nier, autre accident au virage tragique
des Folies-Sinait, bien connu et redouté
des cheminots de l'Orléans. Le mécani-
cien Jean Kamps y laissa la vie, à deux
ans de sa retraite. Et sans le dévoue-
ment héroïque du cantonnier Auguste Vis-
satier, combien aurait-on dû déplorer de
victimes? Là encore, le passage était très
dangereux et il s'y était déjà produit un
accident par éhoulement. Nulle précaution
sérieuse n'avait été prise, puisque le mé-
canicien avait ordre de passer à la vitesse
de 75 kilomètres à l'heure.
La responsabilité directe de la compa-
gnie est donc, dans ce cas encore, nette-
ment engagée.
Je pourrais poursuivre cette revue lu-
gubre en relatant la récente catastrophe
de Périgueux, la troisième au même en-
droit, si je suis bien renseigné,.
M. Georges Bonnet. C'est exact.
M. Marcel Cachin.sans que la com-
pagnie d'Orléans prenne aucune mesure et
sans que les journaux fassent contre la
compagnie responsable la campagne qu'ils
ont entreprise contre les cheminots com-
nïunistes innocents.
Nous pourrions rappeler la catastrophe
récente d'Angoulême et d'autres encore.
Pour celle de Périgueux, on ose poursui-
vre le mécanicien et le chef de train du
rapide de Genève qui avait précédé le train
qui a déraillé, comme si fatalement ils
avaient ressenti la secousse au passage,
comme si un rapport d'ingénieurs n'avait
pas indiqué préalablement le danger.
C'est pour y parer que les cheminots
unitaires réclament d'urgence l'institution
de délégués à la sécurité, complètement
indépendants des réseaux pendant la durée
de leurs mandats. Ces délégués seraient
nommés par des élections auxquelles par-
ticiperaient tous les cheminots. Ils se-
raient sous le contrôle incessant de leurs
mandants. Ils devraient avoir la liberté
absolue, sans aucune contrainte dans
l'exercice de leurs fonctions ils devraient
répondre à l'appel des cheminots sur tous
les points intéressant la sécurité.
Pour les travailleurs des réseaux secon-
daires, qui travaillent douze et quatorze
heures par jour pour des salaires de 7.000
à 8.000 fr. par an après vingt ans de ser-
vice, nous réclamonsj'assimiïation à ceux
des grands réseaux, avec les avantages
acquis, tant pour les salaires que pour la
retraite.
Je veux parler maintenant des reven-
dications des employés des wagons-lits et
wagons-restaurants.
La riche compagnie des wagons-lits iût-
grands express européens a réalisé 80 mil-
lions de bénéfices au cours de son dernier
exercice. Elle exploite durement ses em-
ployés.
J'ai sous les yeux une note d'un employé
plongeur, du service roulant, qui se plaint
d'être resté sur le rapide Strasbourg-Lyon,
pendant 24 heures Hi', à la disposition
complète de la compagnie et qui, pour ces
deux jours, a reçu un salaire de 36 fr. gri
fait, pour ces employés, la journée de
8 heures s'étend à 12 heures 48; en pé-
riode de vacances, jusqu'à 16 heures 1/2.
Pour les agents du service de salle et
de cuisine, la journée de travail est pra-
tiquement d'une amplitude illimitée.
Les serveurs-receveurs reçoivent 10 p.
100 de la recette, pris sur les pourboires,
car la compagnie ne débourse rien. Ce
sont les pourboires des voyageurs qui
rétribuent les agents de la richissime com-
Davùe.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.32%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.32%.
- Collections numériques similaires Bibliothèque Diplomatique Numérique Bibliothèque Diplomatique Numérique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MAEDIGen0"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 16/52
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k64703464/f16.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k64703464/f16.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k64703464/f16.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k64703464/f16.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k64703464
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k64703464
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k64703464/f16.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest