Titre : L'Athlétisme : organe officiel de la Fédération française d'athlétisme
Auteur : Fédération française d'athlétisme. Auteur du texte
Éditeur : Fédération française d'athlétisme (Paris)
Date d'édition : 1950-09-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344216180
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 21454 Nombre total de vues : 21454
Description : 01 septembre 1950 01 septembre 1950
Description : 1950/09/01 (N84)-1950/09/30. 1950/09/01 (N84)-1950/09/30.
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6458769f
Source : Fédération Française d'Athlétisme, 2012-247438
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2013
Les Championnats d'Europe d' Athléti
NOS JOIES ET NOS PEINES AU STADE DU HEYSEL
Par Roger DEBAYE
Malgré nos quatre victoires et nos huit places de second avons-
nous lieu d'être entièrement satisfaits des résultats des 4* Cham-
pionnats d'Europe d'Athlétisme.
Bien entendu, il n'est pas question ici, dans ces colonnes, de faire
la petite bouche. Notre journal n'est pas destiné au grand public,
il s'en faut même de beaucoup, par conséquent personne ne pourra
nous accuser de jouer systématiquement les mécontents ou les dé-
sabusés pour plaire au lecteur.
En effet, le journalisme en est arrivé à un tel degré. « d'inter-
prétation » dirons-nous, de la vérité, que chacun, du plus petit jus-
qu'aux plus grands (au pluriel pour laisser à tous le bénéfice du
doute) se croit obligé, sous peine de se sentir déshonoré, de ne pas
être satisfait.
En écrivant cela, je pense à une phrase de René DORIN, « pour
avoir du succès il faut être c contre ».
— Contre quoi ?
— Contre tout. Si vous êtes c contre » on vous prend au sérieux.
Si vous êtes d'accord avec tout le monde on vous prend pour un
foutriquet.
Ce n'est donc pas pour être « contre » et avoir du succès que je
pose la question, au début de mon propos, de savoir s'il y a .lieu
d'être entièrement satisfaits des résultats de Bruxelles.
Sur les quatre victoires deux étaient attendues : Bally en sprint
et Marie sur les haies hautes. Des deux autres, celle de Mlle Ben
Hamo fut une surprise totale et celle d'Ignace Heinrich fut un pro-
dige de volonté après avoir été une certitude quasi-absolue un an plus
tôt. Malheureusement, cette certitude s'était estompée dès juillet
comme un feu qui s'éteint et qui ne peut pas reprendre.
Chacun soufflait de son mieux pour le faire reprendre. Les uns
s'y prenaient si bien qu'ils l'éteignaient un peu plus à chaque fois.
Les autres s'y prenaient mieux mais n'avaient pas de souffle.
Il fallut la grande tempête de la bataille pour le titre pour que
la flamme puisse briller à nouveau et monter dans le ciel plus belle
et plus fière que jamais.
A dire vrai nous comptions fermement — maintenant on peut le
dire — sur les victoires de Faucher en longueur et de Damitio en
hauteur. Hélas ! on a déjà dit ce qui était arrivé à Paul Faucher :
La fosse de réception était labourée si profondément que notre sau-
teur s'enfonça dans le sable jusqu'aux genoux et y resta coincé. Son
corps, encore faiblement animé par l'élan continua vers l'avant, au
grand dam des ligaments articulaires des genoux qui se trouvèrent
tirés en porte-à-faux.
On sait également que l'après-midi, Paul Faucher ressentait tou-
jours une vive douleur aux genoux, notamment au gauche, et qu'il
ne put rien faire. Comme quoi, en faisant preuve d'une trop grande
bonne volonté en labourant le sable à 40 cms de profondeur, les
organisateurs ont provoqué un accident très inattendu et très rare.
Accident qu'il faudrait être insensé de leur imputer comme certains
n'ont pas hésité à le faire.
Quant à Georges Damitio, il fut victime. du programme. Autant
il avait été brillant et maître de lui aux Jeux Olympiques, où le saut
en hauteur était l'épreuve d'ouverture, autant, à Bruxelles, il fut
trahi par ses nerfs car le saut en hauteur était l'épreuve de clôture.
Il avait, inconsciemment, subi de nombreuses ponctions d'influx ner-
veux avec les victoires et les défaites de ses .meilleurs camarades de
l'Equipe de France.
Bally aussi était donné gagnant ainsi que nous l'avons dit plus
haut, mais davantage sur 200 que sur 100. Après la longue attente
de l'annonce du résultat du 100 mètres et par conséquent la grosse
tension nerveuse qu'elle occasionna, nous étions beaucoup moins
certains de son succès sur 200.
Néanmoins, son échec passa sans laisser d'amertume puisqu'il
était déjà couronné.
En ce qui concerne les autres secondes places, c'est-à-dire celles
de Mimoun (2 fois), Lunis, Hansenne. El Mabrouk, l'équipe de
4 x 100 et Maggi, il n'y a guère que celle de Lunis qui n'a pas pro-
voqué les signes extérieurs de satisfaction que le titre de second
coureur de 400 d'Europe devait normalement déclencher.
Pourquoi ? Tout simplement parce que nous ne nous méfiions pas
de l'Anglais Pugh, et ce diable de Britannique n'avait fait figure de
vainqueur possible qu'à partir des demi-finales seulement. Jacques
Lunis battu par Siddi ou même par Wolfbrand ça passait somme
une lettre à la poste parce qu'on les craignait. Mais battu par Pugh
cela n'a pas digéré tout de suite : nous n'avions pas eu le temps
de nous y faire.
Quant à l'intéressé lui-même, Lunis, qui est une véritable pile
électrique montée sur une bonne paire de jambes, il ne savait plus
sur quel pôle danser, si j'ose m'exprimer ainsi.
En plus de cela, à peu près 60 0/0 des gens qui le connaissaient
lui demandaient, lorsqu'il passait à portée de voix, avec beaucoup
d'originalité et d'à-propos, si « ça allait » et « s'il allait battre le
record ». De sorte qu'entre sa demi-finale et la finale, toute son
existence ne fut plus qu'un immense 400 mètres. Un lit, une table,
un lavabo, une assiette, un escalier, une promenade, n'étaient plus
qu'un 400 mètres, tout se transformait en 400 mètres. Et le jour
de la finale, le vrai 400 mètres s'est transformé en calvaire. C'était
trop pour lui, il était saturé. Il y a eu un 400 mètres de trop dans
sa vie, c'est précisément celui-là qu'il lui a fallu courir. -
En 1946, il était tombé sur le Danois Holst-Sorensen que l'on n'at-
tendait pas tellement ; cette année il tombe sur un Pugh trans-
formé et qui fait la course de sa vie. Décidément, le 400 des Cham-
pionnats d'Europe est une course à révélations et il était écrit que
Jacques Lunis devait en faire les frais.
En ce qui concerne les deux secondes places de Mimoun, on peut
dire que ce furent deux secondes places à émotions.
Dans le 10.000 les organisateurs, troublés par la ronde ahurissante
de Zatopeck, s'étaient un tantinet mélangés dans le décompte des
tours — c'est la seule erreur qu'ils commirent de toutes les épreu-
ves, aussi bien courses que concours — et en voyant Alain sprinter
en entendant la cloche qui sonnait pour le dernier tour du tchèque,
nous avons tous pâlis car il était incontestable qu'il se trompait
d'un tour. <
En le voyant repartir allègrement (mais oui !) pour un dernier
tour qu'il pensait avoir déjà fait, nous avons tous poussé un soupir
de soulagement accompagné d'une mimique admirative, car il don-
nait là une preuve éclatante de son immense classe et de sa volonté
indomptable.
L'arrivée du 5.000 nous valut une émotion d'un autre ordre : il
vin coiffer Reiff à bout de vaillance, battu par K.O. par Zato-
pek, presque, non pas surhumain, mais inhumain.
En Athlétisme, c'est le meilleur qui gagne ou tout au moins celui
qui s'est montré le meilleur comptable de ses forces. Mimoun con-
duit ses courses à la perfection, il est donc juste qu'il obtienne des
résultats, quelquefois inattendus, certes, mais toujours confirmés.
Une autre seconde place émouvante, ce fut bien celle de Marcel
Hansenne aux 800 mètres. »
— Aurait-il pu gagner ? -
— Probablement, mais ce n'est pas la bonne question.
La bonne question est la suivante : Aurait-il pu être dernier ?
La réponse serait cette fois nette et impitoyable : oui, Marcel
Hansenne aurait pu être moins bien classé.
— Alors ?
— Alors, si Marcel Hansenne s'est classé second, c'est parce qu'il
s'est battu avec un cran et une volonté extraordinaires. Jamais peut-
être, de toute sa carrière, il n'a lutté aussi farouchement. Peinant
du premier au dernier mètre, mais ne renonçant pas un centième
de seconde. -
H ne faut pas perdre de vue qu'à 200 mètres de l'arrivée, il était
encore avant-dernier et rien n'est plus drôle que l'entendre racon-
ter lui-même ce qu'il ressentait à ce moment-là :
— Te voilà bien, mon pauvre vieux, se disait-il. Tu as encore
voulu courir cette année, eh bien ! tu as bonne mine !!
Et ça allait vite, et çà allait vite, et pas moyen de faire une fou-
lée plus vite que l'autre.
Tout à coup dans la ligne droite, tout s'est éclairci : les autres
ont ralenti et moi j'allais toujours à la même vitesse. J'avais l'air
de leur sauter dessus ; en réalité, c'était eux qui ne pouvaient plus
lever les genoux.
S'il y avait eu dix mètres de plus à courir je gagnais. A quoi
tiennent les choses tout de même.
Quoi qu'il en soit, le « vieux champion » comme l'appelle main-
tenant Gaston Meyer, est en train de nous faire une de ces fins de
carrière absolument unique dans les annales.
sur les trois autres secondes places, il n'y a pas tellement à dire:
El Mabrouk fut battu le plus régulièrement du monde par un Slij-
kuis qui court plus à l'anglaise que n'aurait pu le faire John Bun
lui-même. Maggi lui, a dû sa seconde place à son style parfaite-
ment correct, puisque de tous ceux qui le précédaient, il n'y eut que
le Suisse Schwabb qui sut éviter de se faire remarquer par lés ju-
ges.
Quel dommage que les deux Anglais n'aient pas pu lui résister
davantage (c'est tellement fatigant de courir en faisant semblant
de marcher !) sans cela, emporté par son désir de vaincre, il n'au-
rait pas été tellement loin du style de Zatopek. Un demi-tour de
plus et il était disqualifié à son tour.
Reste le 4X100. Tout bien pesé, il faut davantage se réjouir de
cette seconde place que regretter la première : les Russes étaient
très forts, les Italiens aussi, les Anglais aussi, alors n'être battus
que par les Russes, et encore sur méforme de Guillon, n'est pas en-
dessous des prévisions, même les plus optimistes.
En réumé, ces 4er Championnats d'Europe d'Athlétisme ne pour-
ront nous laisser que de bons souvenirs, peu de regrets et pas du
tout d'amertume. L'Equipe de France a montré aux étrangers que
son homogénéité aussi bien sur le stade qu'en dehors du stade,
n'était pas un mythe. Grâces en soient rendues à ceux qui savent
si bien créer une ambiance favorable à une bonne entente. Je veux
parler des fameux patriarches du conseil des anciens et du grand
prêtre René Valmy.
La saison va se poursuivre normalement par les matches classi-
ques. Nous gagnerons ou nous serons battus, c'est le sport. Mais
ce qui est certain, c'est que tous. sans la moindre exception, donne-
ront le meilleur d'eux-mêmes comme ils l'ont fait à Bruxelles, gen-
timent, sans chiqué, à la française.
2
NOS JOIES ET NOS PEINES AU STADE DU HEYSEL
Par Roger DEBAYE
Malgré nos quatre victoires et nos huit places de second avons-
nous lieu d'être entièrement satisfaits des résultats des 4* Cham-
pionnats d'Europe d'Athlétisme.
Bien entendu, il n'est pas question ici, dans ces colonnes, de faire
la petite bouche. Notre journal n'est pas destiné au grand public,
il s'en faut même de beaucoup, par conséquent personne ne pourra
nous accuser de jouer systématiquement les mécontents ou les dé-
sabusés pour plaire au lecteur.
En effet, le journalisme en est arrivé à un tel degré. « d'inter-
prétation » dirons-nous, de la vérité, que chacun, du plus petit jus-
qu'aux plus grands (au pluriel pour laisser à tous le bénéfice du
doute) se croit obligé, sous peine de se sentir déshonoré, de ne pas
être satisfait.
En écrivant cela, je pense à une phrase de René DORIN, « pour
avoir du succès il faut être c contre ».
— Contre quoi ?
— Contre tout. Si vous êtes c contre » on vous prend au sérieux.
Si vous êtes d'accord avec tout le monde on vous prend pour un
foutriquet.
Ce n'est donc pas pour être « contre » et avoir du succès que je
pose la question, au début de mon propos, de savoir s'il y a .lieu
d'être entièrement satisfaits des résultats de Bruxelles.
Sur les quatre victoires deux étaient attendues : Bally en sprint
et Marie sur les haies hautes. Des deux autres, celle de Mlle Ben
Hamo fut une surprise totale et celle d'Ignace Heinrich fut un pro-
dige de volonté après avoir été une certitude quasi-absolue un an plus
tôt. Malheureusement, cette certitude s'était estompée dès juillet
comme un feu qui s'éteint et qui ne peut pas reprendre.
Chacun soufflait de son mieux pour le faire reprendre. Les uns
s'y prenaient si bien qu'ils l'éteignaient un peu plus à chaque fois.
Les autres s'y prenaient mieux mais n'avaient pas de souffle.
Il fallut la grande tempête de la bataille pour le titre pour que
la flamme puisse briller à nouveau et monter dans le ciel plus belle
et plus fière que jamais.
A dire vrai nous comptions fermement — maintenant on peut le
dire — sur les victoires de Faucher en longueur et de Damitio en
hauteur. Hélas ! on a déjà dit ce qui était arrivé à Paul Faucher :
La fosse de réception était labourée si profondément que notre sau-
teur s'enfonça dans le sable jusqu'aux genoux et y resta coincé. Son
corps, encore faiblement animé par l'élan continua vers l'avant, au
grand dam des ligaments articulaires des genoux qui se trouvèrent
tirés en porte-à-faux.
On sait également que l'après-midi, Paul Faucher ressentait tou-
jours une vive douleur aux genoux, notamment au gauche, et qu'il
ne put rien faire. Comme quoi, en faisant preuve d'une trop grande
bonne volonté en labourant le sable à 40 cms de profondeur, les
organisateurs ont provoqué un accident très inattendu et très rare.
Accident qu'il faudrait être insensé de leur imputer comme certains
n'ont pas hésité à le faire.
Quant à Georges Damitio, il fut victime. du programme. Autant
il avait été brillant et maître de lui aux Jeux Olympiques, où le saut
en hauteur était l'épreuve d'ouverture, autant, à Bruxelles, il fut
trahi par ses nerfs car le saut en hauteur était l'épreuve de clôture.
Il avait, inconsciemment, subi de nombreuses ponctions d'influx ner-
veux avec les victoires et les défaites de ses .meilleurs camarades de
l'Equipe de France.
Bally aussi était donné gagnant ainsi que nous l'avons dit plus
haut, mais davantage sur 200 que sur 100. Après la longue attente
de l'annonce du résultat du 100 mètres et par conséquent la grosse
tension nerveuse qu'elle occasionna, nous étions beaucoup moins
certains de son succès sur 200.
Néanmoins, son échec passa sans laisser d'amertume puisqu'il
était déjà couronné.
En ce qui concerne les autres secondes places, c'est-à-dire celles
de Mimoun (2 fois), Lunis, Hansenne. El Mabrouk, l'équipe de
4 x 100 et Maggi, il n'y a guère que celle de Lunis qui n'a pas pro-
voqué les signes extérieurs de satisfaction que le titre de second
coureur de 400 d'Europe devait normalement déclencher.
Pourquoi ? Tout simplement parce que nous ne nous méfiions pas
de l'Anglais Pugh, et ce diable de Britannique n'avait fait figure de
vainqueur possible qu'à partir des demi-finales seulement. Jacques
Lunis battu par Siddi ou même par Wolfbrand ça passait somme
une lettre à la poste parce qu'on les craignait. Mais battu par Pugh
cela n'a pas digéré tout de suite : nous n'avions pas eu le temps
de nous y faire.
Quant à l'intéressé lui-même, Lunis, qui est une véritable pile
électrique montée sur une bonne paire de jambes, il ne savait plus
sur quel pôle danser, si j'ose m'exprimer ainsi.
En plus de cela, à peu près 60 0/0 des gens qui le connaissaient
lui demandaient, lorsqu'il passait à portée de voix, avec beaucoup
d'originalité et d'à-propos, si « ça allait » et « s'il allait battre le
record ». De sorte qu'entre sa demi-finale et la finale, toute son
existence ne fut plus qu'un immense 400 mètres. Un lit, une table,
un lavabo, une assiette, un escalier, une promenade, n'étaient plus
qu'un 400 mètres, tout se transformait en 400 mètres. Et le jour
de la finale, le vrai 400 mètres s'est transformé en calvaire. C'était
trop pour lui, il était saturé. Il y a eu un 400 mètres de trop dans
sa vie, c'est précisément celui-là qu'il lui a fallu courir. -
En 1946, il était tombé sur le Danois Holst-Sorensen que l'on n'at-
tendait pas tellement ; cette année il tombe sur un Pugh trans-
formé et qui fait la course de sa vie. Décidément, le 400 des Cham-
pionnats d'Europe est une course à révélations et il était écrit que
Jacques Lunis devait en faire les frais.
En ce qui concerne les deux secondes places de Mimoun, on peut
dire que ce furent deux secondes places à émotions.
Dans le 10.000 les organisateurs, troublés par la ronde ahurissante
de Zatopeck, s'étaient un tantinet mélangés dans le décompte des
tours — c'est la seule erreur qu'ils commirent de toutes les épreu-
ves, aussi bien courses que concours — et en voyant Alain sprinter
en entendant la cloche qui sonnait pour le dernier tour du tchèque,
nous avons tous pâlis car il était incontestable qu'il se trompait
d'un tour. <
En le voyant repartir allègrement (mais oui !) pour un dernier
tour qu'il pensait avoir déjà fait, nous avons tous poussé un soupir
de soulagement accompagné d'une mimique admirative, car il don-
nait là une preuve éclatante de son immense classe et de sa volonté
indomptable.
L'arrivée du 5.000 nous valut une émotion d'un autre ordre : il
vin coiffer Reiff à bout de vaillance, battu par K.O. par Zato-
pek, presque, non pas surhumain, mais inhumain.
En Athlétisme, c'est le meilleur qui gagne ou tout au moins celui
qui s'est montré le meilleur comptable de ses forces. Mimoun con-
duit ses courses à la perfection, il est donc juste qu'il obtienne des
résultats, quelquefois inattendus, certes, mais toujours confirmés.
Une autre seconde place émouvante, ce fut bien celle de Marcel
Hansenne aux 800 mètres. »
— Aurait-il pu gagner ? -
— Probablement, mais ce n'est pas la bonne question.
La bonne question est la suivante : Aurait-il pu être dernier ?
La réponse serait cette fois nette et impitoyable : oui, Marcel
Hansenne aurait pu être moins bien classé.
— Alors ?
— Alors, si Marcel Hansenne s'est classé second, c'est parce qu'il
s'est battu avec un cran et une volonté extraordinaires. Jamais peut-
être, de toute sa carrière, il n'a lutté aussi farouchement. Peinant
du premier au dernier mètre, mais ne renonçant pas un centième
de seconde. -
H ne faut pas perdre de vue qu'à 200 mètres de l'arrivée, il était
encore avant-dernier et rien n'est plus drôle que l'entendre racon-
ter lui-même ce qu'il ressentait à ce moment-là :
— Te voilà bien, mon pauvre vieux, se disait-il. Tu as encore
voulu courir cette année, eh bien ! tu as bonne mine !!
Et ça allait vite, et çà allait vite, et pas moyen de faire une fou-
lée plus vite que l'autre.
Tout à coup dans la ligne droite, tout s'est éclairci : les autres
ont ralenti et moi j'allais toujours à la même vitesse. J'avais l'air
de leur sauter dessus ; en réalité, c'était eux qui ne pouvaient plus
lever les genoux.
S'il y avait eu dix mètres de plus à courir je gagnais. A quoi
tiennent les choses tout de même.
Quoi qu'il en soit, le « vieux champion » comme l'appelle main-
tenant Gaston Meyer, est en train de nous faire une de ces fins de
carrière absolument unique dans les annales.
sur les trois autres secondes places, il n'y a pas tellement à dire:
El Mabrouk fut battu le plus régulièrement du monde par un Slij-
kuis qui court plus à l'anglaise que n'aurait pu le faire John Bun
lui-même. Maggi lui, a dû sa seconde place à son style parfaite-
ment correct, puisque de tous ceux qui le précédaient, il n'y eut que
le Suisse Schwabb qui sut éviter de se faire remarquer par lés ju-
ges.
Quel dommage que les deux Anglais n'aient pas pu lui résister
davantage (c'est tellement fatigant de courir en faisant semblant
de marcher !) sans cela, emporté par son désir de vaincre, il n'au-
rait pas été tellement loin du style de Zatopek. Un demi-tour de
plus et il était disqualifié à son tour.
Reste le 4X100. Tout bien pesé, il faut davantage se réjouir de
cette seconde place que regretter la première : les Russes étaient
très forts, les Italiens aussi, les Anglais aussi, alors n'être battus
que par les Russes, et encore sur méforme de Guillon, n'est pas en-
dessous des prévisions, même les plus optimistes.
En réumé, ces 4er Championnats d'Europe d'Athlétisme ne pour-
ront nous laisser que de bons souvenirs, peu de regrets et pas du
tout d'amertume. L'Equipe de France a montré aux étrangers que
son homogénéité aussi bien sur le stade qu'en dehors du stade,
n'était pas un mythe. Grâces en soient rendues à ceux qui savent
si bien créer une ambiance favorable à une bonne entente. Je veux
parler des fameux patriarches du conseil des anciens et du grand
prêtre René Valmy.
La saison va se poursuivre normalement par les matches classi-
ques. Nous gagnerons ou nous serons battus, c'est le sport. Mais
ce qui est certain, c'est que tous. sans la moindre exception, donne-
ront le meilleur d'eux-mêmes comme ils l'ont fait à Bruxelles, gen-
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