Titre : Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques : hebdomadaire d'information, de critique et de bibliographie / direction : Jacques Guenne et Maurice Martin du Gard
Éditeur : Larousse (Paris)
Date d'édition : 1928-04-28
Contributeur : Guenne, Jacques (1896-1945). Directeur de publication
Contributeur : Martin Du Gard, Maurice (1896-1970). Directeur de publication
Contributeur : Gillon, André (1880-1969). Directeur de publication
Contributeur : Charles, Gilbert (18..-19.. ; poète). Directeur de publication
Contributeur : Lefèvre, Frédéric (1889-1949). Directeur de publication
Contributeur : Charensol, Georges (1899-1995). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 avril 1928 28 avril 1928
Description : 1928/04/28 (A7,N289). 1928/04/28 (A7,N289).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64504710
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-Z-133
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/10/2013
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LES NOUVELLES LITTERAIRES
L'ACTUALITÉ LITTÉRAIRE
A L'ÉTRANGER
CtMque. Catholicisme et littérature. La Bancarella delle Novita.
Tous les ouvrages de critique, croyons-
noua, devraient être précédés d'une sorte
-de préface dans laquelle l'auteur exposerait
sa notion personnelle de la critique, et les
positions qu'il prend pour juger une œuvre
littéraire. Nous éviterions ainsi bien des
malentendus, car en dehors des deux gran-
des cluses : critique objective et critique
subjective - qui auraient d'ailleurs grand
besoin d'être définies et subdivisées il I
existe autant de nuances que d attitudes
possibles de l'esprit. Les auteurs nous pré-
viendraient, loyalement, que pour eux les
;. livres ne sont que des prétextes 1 remar-
ques générales ou à confessions personnel-
les, ou, au contraire, que leur but est d'at-
teindre la « moelle » de l'œuvre. D'autres
nous diraient qu'ils ne peuvent juger qu en
aimant, et d'autres encore qu'ils .éliminent
de leurs verdicts toutes passions indivi-
dUeJles.
Là préface que J. M. Capdevila place au
'-seuil de son livre Poetes i Critics (Libre-
ïia Catalonia, Barcelona) nous informe des
intentions et des méthodes qu'il a em-
ployées dans cet ouvrage. Il pose en axiome
l' « unanimité de la bonne critique », en
d'autres termes, il veut dire que « d'une
seule œuvre, la critique ne peut pas dire
deux choses opposées sans que l'une des
deux soit une erreur ». Il est amené ainsi
à découvrir « que les œuvres littéraires ont
- !I__Jl.-_.6._- -. 1
des lignes individuelles oistinctea, mu- &..
£ critique doit savoir discerner et, dans une
," certàine mesure, reproduire ». Et lorsque
>¡-commc. corollaire de cette affirmation, il
dit que le critique est parfois semblable à
'-; un peintre, il nous semble dégager très jus-
tement le caractère essentiel de 1 œuvre
critique : donner un portrait critique.
Il est périlleux d'exposer ainsi les de-
voirs d'un bon critique, car le lecteur sef-
forcera de distinguer s'ils se trouvent rem-
plis dans le livre qu'engage une pareille
-- - -.. -"-- ,--
préface. Mais J. M. Capdevila, aans JC::)
chapitres qu'il consacre à Verdaguer. AI-
cover, Costa, etc., nous paraît appliqua
d'une façon parfaite ses théories, et nous
constatons qu'ainsi qu'il le recommande,
-le caractère vital des œuvres est préservé
et mis en lumière par des commentaires in-
telligenti. Et dans son étude sur Francesco
de Sanctio, il reconnaît au grand critique
italien le talent d'avoir, souvent, pris les
oeuvres qu'il jugeait, comme le sujet d in-
terprétations larges, détachées quelque peu
de leurs thèmes, mais aboutissant ainsi a
une œuvre nouvelle douée d'une valeur
idéologique propre.
La plus grande partie de cet ouvrage ap-
partient aux écrivains catalans. Ajoutons
aux noms que nous avons déjà cités ceux
de Josef Carner, de Llorens Riber, de Joa-
quim Ruyra, de Janme Bofill i Mates, de
Joaquim Folguera, de Clementina Arderin,
de Josef Maria de Sagarra. Notons aussi
une très pénétrante étude sur Joubert, et
des commentaires en marge de la Pivwe
Comédie. Négligeant les gloses tradition-
nelles sur la scolastique. les symboles,
J'idéololie de la « Comédie », J. M. Cap-
- ..,j - ,- ---
devila souligne l'accent ironique ae i* 1 U-
contre entre les deux poètes pèlerins de
l'Enfer, et le Florentin Bellacqua, cons-
tructeur d'instruments de musique et que
Dante raillait souvent pour son caractère
peureux, et il insiste sur le côté « visuel »
de 1'czunc qui, à son avis, place Dante
parmi les « artistes plastiques ». C'est
la raison pour laquelle le poème tenta tous
les illustrateurs depuis Botticelli et Mi-
chel Ange jusqu'à Gustave Dore, en pas-
sant par William Blake et qu'aucun d'en-
tre eux. croyons-nous, n'a pu en donner une
traduction plastique égale au texte, en in-
tensité suggestive et expressive. Très judi-
cieusement, J. M. Capdevila fait observer
la valeur sculpturale de certaines descrip-
tions dantesques, et il prouve ainsi qu au-
tant qu'une œuvre didactique le poète vou-
lait iaire une œuvre artistique. L'apparence
des choses suggérait les vérités éternelles
et conduisait vers elles. Et l'opinion de
Dante trouvait sa justification dans la
somme : l'art' est une imitation de la na-
ure" mais la nature imite les idées divines.
*
•* *
:- A l'occasion des fêtes de Pâques, la
, C méro spécial au sujet « Catholicisme et
littérature ». Sujet d'actualité et particuliè-
rement important à une époque où l'intelli-
gence catholique manifeste dans tous les
pays une activité puissante et féconde. Les
- rapports du catholicisme et de la littéra-
ture ont été examinés sous leurs divers
aspects en Espagne par José Bergamin, An-
; gel Ossorio, Pedro Sainz, Rodriguez (qui
'; donne un excellent tableau d'ensemble de
la mystique espagnole). En France, par
., Luis Aranjo Casta qui étudie particulie-
rement la pensée catholique dans la philo-
sophie, Antonio Marichalar qui analyse le
« Gant de Crin » de Reverdy, Juan Chabas
sur Claudel, et un entretien avec Jacques
Maritain. La littérature moderne catholi-
que en Italie, est exposée en quelques traits
essentiels par Arrigo Leventi qui souligne
l'apport très significatif de Giovanni Papini.
Belloc représente seul le catholicisme an-
alaiL Maeztu trace du brillant essayiste
un beau portrait qu'accompagne un parallèle
entre Chesterton et Belloc par Jaime Ha-
'.ra. Citons enfin une étude de Georges
Goyau sur le catholicisme en Allemagne, eA.
- -- -. "II
une admirable page de Max Scneier sur « ie
Prêtre D.
La Gaceta Literaria, en outre, a interrogé
certaines personnalités espagnoles sur dif-
férentes questions relatives à la situation
actuelle du catholicisme en Espagne, à son
avenir. Cette enquête nous permet de lire
de très intéressantes réponses, celles de
If. Salvador Minguijou, P. Bruno Ibeas, M.
Arboleya Martinez, Condé de Rodriguez,
San Pedro.
*
v; ♦♦
« Maxime Gorki est en vérité le premier
grand écrivain du prolétariat », écrit M.
JKurt Kersten dans Die Neue Bucberschau
(J. M. Spaeth Verlag, Berlin). « Gorki,
ajouts-t-ilj est venu des profondeurs de la
8um, il a vécu le destin des prolétaires
;-.: il est toujours resté le camarade des
liasses. » et M. Kersten rattache directe-
jnent le développement littéraire de Gorki
l'influence de Tourgueniev qui, selon lui,
.,çm,ait mieux compris que Dostoïewski et
Tolstoï l'avènement d'une classe nouvelle.
Mais c'est surtout lorsqu'il le relie aux poè-
tes populaires inconnus de la Russie, que
H. Kenten me paraît - atteindre le côté te
intime de Gorki, conteur spontané
l'étaient les compositeurs de byli-
gM». Il leur emprunte leur réalisme et leur
(Moitié, le sentiment profond du YIllale, des
restâtes gens, et aussi l'élan des grands ri.
jfcfrfrt, Et cette « profonde mélancolie »
emmobeme, M. Kersten, elle existe chez tous
rjll neiimnuffn de ses romans, ces hommes
et tendres chez lesquels la vie a meflr-
|tri ém inaes. d'eacfsnts.
(V, ', .>,' i :.'
Eg.1 Ivico Piéeni «st un des jeunes cri-
'IfettM itdifns les mica* avertis de la litté-
mttnde soo peys, lés plus attentifs à sûi-
'lèi 'M- ÉAifnMSt des idées et des formes
faillir» I r.,.. Il a xéuni dans un
,
très bon volume La Bancarella delle Novita
(Casa éditrice Alpes, Milan) un grand nom.
bre d'essais sur les. romanciers italiens d'au.
jourd'hui. Mais au lieu de nous donner cette
impression un peu confuse que présentent
souvent des ouvrages de cet ordre, le li-
vre de Piceni compose une vue d'ensemble,
juste, pénétrante, de la littérature contem-
poraine. Ecrits au jour le jour, au courant
de l'actualité, ces articles s ordonnent tout
naturellement en volumes, tant ils montrent
un souci de dégager les valeurs générales,
d'atteindre en même temps la signification
la plus personnelle d'une œuvre ou d'un
écrivain, et de le « situer » dans la produc-
tion actuelle. A cet égard, la Bancarella
delJe Novita joint - à l'intérêt qu'offre mr
groupe de monographies, une sorte de syn-
thèse, et nous étudions aussi aisément le
« roman italien » que les romanciers. Cette
critique faite d'intelligence et de sympa-
thie, est sévère sans méchanceté, elle ex-
prime en quelques traits l'originalité d'un
livre, elle excelle à reconnaître aussi bien
les caractères les plus particuliers, que les
tendances générales des lettres italiennes
d'aujourd'hui. Son livre est un excellent
ouvrage d'information que tous consulte-
ront avec profit, un ouvrage vivant et pit-
toresque, et il contient en outre chose
précieuse ! des jugements de valeur qui
témoignent d'un esprit critique très temar-
quable.
M. Piceni s'est fait connaître aussi par
des traductions d'ouvrages angfais et fran-
çais, qui attestent une connaissance par-
faite des langues, des littératures étrangè-
res et de leur esprit. Et nous lisions récem-
ment dans YAtmanacco letterario Manda-
dori le très bel article qu'il consacrait à la
production littéraire française de l'année
écoulée.
Marcel BRION.
Il WVWVHV -
Illltàw
lu jMB àriwii ifflia i toii
Vingt-cinq ans, des cheveux blondss des
lunettes d'écaille. un visage carré M. Lea
F errer o est le fils de Mme .-Gina Lom-
broso, raideur de l'Ame de la femme, et
de - M. -- Guqlielmo Ferrero, le grand histo-
rien italien. Il a écrit trois picccs dont
Les camoasmes. sans madone, qui a, été
jouée un veu partout en Italie ; et il va
publier une interprétation esthétique de
Léonard de Vinci. Il est également l'au-
teur, en collaboration avec M. Guglielmo
Ferrero, de la Palingénésie de Rome, et
d'une Vie de Jules César, à paraître en
Allemagne. Ce jeune historien est un
poète et un amoureux de Paris : il re-
vient d'Angleterre, oit il déclare avoir
passé six mois délicieux, et il rentre à - la
-- - -- -
villa de l blivello. en Toscane, ou M. Gu-
glielmo Ferrero travaille, dans l'un des
plus beaux pays du monde ; et pourtant
il avoue que Paris demeure pour lui la
ville essentielle. Il en parle avec un en-
thousiasme qui n'exclut pas la clair-
voyance.
« Admirer Paris, je dois l'arouer, est une
tradition dans notre famille. Mon père
n'est attaché nulle part peut-être par des
liens aussi forts et aussi doux que ceux
qui le rattachent à Paris, la ville où, je
crois, il se sent le plus à son aise. La
première fois que je vins a Paris, u
y a sept ans, j'étais donc bien disposé ;
mais Paris a surpassé mon attente. Pour
apprécier Paris. il faut comparer. La plu-
part des Parisiens ne se doutent pas de
leur bonheur ; c'est qu'ils se fondent sur
ce que 'l'on ignore par définition : des
sous-entendus. Les sociétés de l'Europe se
divisent aujourd'hui en deux catégories :
celles oui se basent sur des principes cla-
més, et celles qui ne se basent sur rien. Pa-
ris échappe à ce dilemme : l'or due de sa
vie intellectuelle est établi sur des sous-en-
tendus, c'est-à-dire sur des principes que
l'on ne discute plus, je voudrais presque
dire que l'on ignore. Le premier avantage
des sous-entendus est que les hommes
peuvent causer parce qu'ils ont entre eux
une base commune. Mais causer n'est pas
tout. Les sous-entendus me semblent aussi
importants pour une autre raison : ils
font créer. Comment ? En donnant à
l'homme des limites sans lui imposer des
règles. La liberté est enivrante et dange-
reuse : la règle, reposante et désagréa-
ble. C'est pourquoi l'homme a en même
temps la terreur de la liberté et celle des
chaines ; il s'est noyé dans l'illimité et les
fers l'ont blessé. Aussi passe-t-il d'un ex-
trême à fautrc, lassé tour à tour par l'il.
limité et par la servitude, cherchant des
limUes, mais fuyant les grandes lois qui
les lui offrent.
« Etudier la balançoire des civilisations :
l'homme n'est heureux ni quand il est
futuriste, ni quand il est néo-classique.
Parce que le manque absolu de limites et
de résistance le vide de force ; et la ser-
vitude à des lois théoriques dessèche son
inspiration. Très souvent, en effet, il a
passé d'un état à l'autre sans transition,
cherchant - le bonheur dans le contraire
de sa souffrance. Mais ni la liberté ni la
rigueur n'ont jamais fait une civilisation,
qui est avant'tout une atmosphère univer.
selle de bien-être, L'homme n'est malheu-
reux que parce qu'il doit toujours choisir
entre deux biens qui s'excluent. Le but su-
prême d'une civilisation est donc de con-
cilier des besoins contradictoires. Satis-
faisant en même temps dans l'homme la
nostalaie des Umitcs et Vhorreur des rè-
gles, Paris a résolu la plus profonde des
contradictions humaines ; il nous a offert,
unique au monde, le spectacle d'une gran-
deur réalée par des lois' qu'on ignore.
« Une règle, un principe sont nets, af-
firmatifs, indifférents. Ils se dressent de-
vant les veux des hommes comme des mo-
numents de marbre On neut les tourner,
les discuter ou les maudira ; mais il faut
en tenir compte. s'en souvenir tout le
temps. Et il suffit que l'on sente dans une
œuvre d'art le souvenir d'une règle :
l'émotion s'évanouit. Voilà pourquoi l'ar-
tiste, après quelque temps, se libère de la
règle cf la hait. Les sous-entendus aussi
sont des règles, mais ils me semblent
d'autant plus puissants qu'ils sont. va-
ques, souples, bienveillants et invisibles.
Ils ont deux avantages immenses : on ne
doit vas s'en souvenir, on ne veut pas les
critiquer. Mais ils guident mystérieuse-
ment les hommes, sans leur imposer là
dureté importune. des règles. Ils tracent
des limites que tout te monde ignore et
que personne ne viole. le crois qu'on a là
une explication du charme et de la gran-
de ur intellectuelle de Paris.
M. Leo Ferrero nous parle ensuite de
son pève,. qui est en train de parachever
son arand roman social. dont les deux
volumes de - la première partie ont déjà
parû. Adna ; et Per Crucem ad lucem, les
deux volumes de la deuxième partie qui
forment la conclusion du roman et de Vex-
périence italienne'de'M. GugHelmo Ferre-
rot seront.publîés-bientât. La pure lumière
toscane "et.; ta vie soUtahe au 'JM1,Y'- du
ChiOrfiti VZTm&tlSBt Û ViUuttlâ. historien
Keyserling en Amérique
U"" éditî'm
Du temps que l'on prépare une édition
française du JournalJic vôyagc d'un phi-
losophe et de Figures sumboliques, -le
conte Keyserling est en train de faire,
aux Etats-Unis, une tournée de conféren-
ces.
On a raconté comment une rencontre
entre le célèbre philosophe et le non moins
célèbre essayiste allemand Emil Ludwig,
que Mrs William Randolph Hearst, femme
du magnat de la presse américaine, avait
tentée dans un dîner de gala avait été im-
possible, les deux écrivains ayant refusé
de se voir : en effet, le comte Keyserling,
allié à la famille Bismarck, n'a pas « en-
caissé » certaines allégations de Ludwig
sur l'homme d'Etat prussien. Mrs Hearst
n a pas encore parfaitement compris cette
répulsion des deux écrivains allemands
l'un pour l'autre, car, vues de New-York,
ces divergences historiques apparaissent
comme de simples babioles et des disputes
de fourmis.
Le comte Keyserling, par ses habitudes
de vie, qui sont celles d'un penseur, n'a
pas été sans troubler les jouiiialistes-amé-
ricains. L'tfn d'eux, agissant avec ce par-
fait sang-froid dans l'information qui ca-
ractérise les reporters de là-has, a cru
devoir rédiger une sorte de mémorandum
à l'usage de ses confrères, dans lequel il
fixe avec une impitoyable précision les
habitudes et les tics du philosophe alle-
mand. Nous croyons devoir donner ici une
traduction de cet écrit anonyme, qui nous
édifié sur l'humour involontaire dont font
preuve parfois les journalistes américains
REGLES DE VIE
DU COMTE HERMAXN» KEYSERLING
Le comte est un hôte charmant et sé-
ducteur aussi longtemps que l'on prête la
plus grande attention à ses désirs, mais
lorsqu'il n'en est pas tenu compte, il de.
vient terriblement nerrcux, et cet état de
nerfs réagit immédiatement sur ses dons
oratoires ; « toutes personnes qui auraient
à recevoir le comte et qui désireraient des
renseignements qJlus intimes, il sera ré-
pondu avec plaisir et sans détour ; mais
voici toujours ceux de ses goûts qui sont
les plus aisés à connaître :
Le comte a horreur de toute curiosité.
Il ne peut pas supporter un appartement
trop chauffé. Il ne va jamais au théâtre,
au concert, ou à toute manifestation de
ce genre. Il ne fait aucune visite l'après-
midi. Il aime marcher, de deux d quatre
heures chaque jour, loin du centre de la
ville.
Il ne reçoit jamais personne dans les
six heures qui précèdent une de ses con-
férences, Il tient à avoir, pour y poser ses
documents, un pupitre sur Vcstradc où
i. parle. Il ne mange pas avant une con-
férence. Cependant, une dani-henre avant
de commencer à parler, il faut lui servir
une tasse de café très fort et un sandwich
ait rmstbccf ou ait blanc de poulet.
Le comte ne veut voir personne immé-
diatement après avoir achevé sa confé-
rence : il désire quitter l'estrade et sor-
tir de la salle et retourner immédiatement
chez la personne où il est descendu, ou à
l'endroit où tm souper régulier sera servi,
s'il doit y avoir une réunion plus tard dans
la soirée.
Le comte est, nerveusement et physique-
ment, épuisé ti la fin d'une conférence.
S'il doit rencontrer des admirateurs après
sa conférence, il aime que les conditions
suivantes soient observées : le comte tient
à avoir le temps de charnger de vêtements ;
deuxièmement, il a faim et doit manger
aussitôt. C'est pourquoi il ne désire ren-
contrer personne, saut s'il peut avoir un
réel repas auquel seront servis des vins
de table français ou du champagne. Cham-
pagne ou vins doivent lui être servis avec
son repas dans sa chambre d'hôtel s'ils ne
peuvent pas être servis dans un d'iner or-
donné.
S'il n'a pas à parler à des admirateurs
après sa conférence, le comte n'a pas be-
soin de vins ou de Champagne, mais il
doit avoir son diner. Nous citerons ici un
fragment d'une lettre du comte Keyser-
ling, dans laquelle il dit : « Le Champagne
est ce qui me remet le mieux de l'effort
nerveux que j'ai à fournir pendant une
conférence. Mais si l'on ne peut pas s'en
procurer, du bon bordeaux peut en tenir
lieu. Je ne puis pas supporter les vins
allemands, ni les alcools, whisky, cognac,
ou liqueurs. »
Le comte est enchanté de prendre part
à des diners et à des déjeuners pour ren-
contrer des personnes intéressantes. Le
comte refuse de se rendre à des diners
réservés seulement d des convives du sexe
masculin.
Le comte ne mange -pas de fruits crus,
de salade ni de légumes, sauf des pommes
de terre bouillies ou en purée. Il ne prend
pas de glace ni d'entremets, et rien de
lourd ni d epice : u se nourrit principa-
lement de jjoissons et d'huîtres, celles-ci
par douzaines, et de bœuf, de mouton et
de viande blanche.
Le comte aime la promenade en auto
découverte. Il adore l'air frais et ne craint
pas lç froid.
Le comte Keyserling est haut de six
pieds quatre pouces.
Le comte n'a absolument aucun sens
géographique. Il est capable de se perdre
dans sa propre maison. Il devient extrê-
mement nerveux lorsqu'il pense qu'il pour-
rait ne pas être attendu à la gare à son
arrivée dans une vttle. Il doit être rac-
compagné à son train et conduit à sa cou-
chette ou à son fauteuil dans le wagon. Le
contrôleur du train et celui du wagon-lit
doivent être mis au courant des habitudes
du comte Keyserling : ne se confier à au-
cun subalterne à ce sujet, mais faire soi-
même des recommandations extrêmement
précises aux deux conducteurs.
Le comte est incapable de s'occuper de
prendre un billet ni de l'enregistrement
de ses bagages, et en général de tous les
détails du voyage.
Le comte Keyserling se plaît beaucoup
en compagnie de la jeunesse, à condition
que jeunes filles et jeunes femmes compo-
sent la majorité de l'asselltblée.
Voici le menu que l'on suggère pour le
comte a ses repas après conférence : rien
de frit ; bœuf, agneau ou autres viandes,
froides ou chaudes, en quantité. Si possi-
ble, une douzaine d'huîtres, mais très frai-
ches. Purée de ,pommes de terre: Froma-
ges, en particulier du camembert.
Dès l'arrivée du comte dans une ville,
s'occuper de son linge, et prendre soin
que le linge propre 'et repassé lui soit l,
rendu. à temps, car le philosophe, au bout
de quelques jours, se trouverait sans cltc.
mise.
Ces régies pratiques seront certainement
d'une grande utilité pour les admirateurs
français du philosophe allemand, lorsqu'il
viendra faire une tournée de conférences
en France. - •
de jouir d'un calme que son intervention
dans les affaires politiques italiennes lui
avait enlevé. Nous brûlons d'interroger
M. Léo Ferrero hfrdessus/ mais nous ne
pouvons qu'enregiitrer sa réserves-absolu-
ment, iurtifiée. Néanmoins, nous ne pou-
vons nous .empêcher de souhaiter que
M. Guglielwio Ferrero aussi, cet ami fidèle,
de Paris, puisse avoit bientôt le droit-de
rctoumcr dani H laiViUs^eiscntielle ».
, Fs
EN FRANCE
ET HORS DE FRANCE
A Agen.
Le Jasmin d'argent. - Ce tournoi poétique,
que fonda M" Amblard, bâtonnier de l'Ordre
des avocats, il sied que les amis des lettres le
respectent et l'admirent; un grand amour de
la petite patrie a présidé à sa naissance.
M* Amblard fut le bon sourcier: sous le
coup de sa Une baguette de coudrier, naqui-
rent aussitôt les plus gracieux poèmes. Un B.
de Ventadbur. un Scaliger, un Du Bartas, un
do Magny, ici, n'étaient point des oubliés: et
l'on gardait encore souvenance des écrits d'un
Montluc. d'un Montaigne ou d'un Brantôme: il
en est, la chose est certaine, qui feuilletaient
nos vieux auteurs et modulaient, en secret,
leurs chansons. Mais ils vivaient iolllés, incon-
nus, trop jeunes pour se risquer dans la ba-
taille. Ma Amblard les convia, il leur olïrit le
Jasmin d'argent, autour duquel tout aussitôt ils
se groupèrent. On flt, en effet, conlianee à cet
homme, sa probité intellectuelle, son éloquence
sobrtf et ehàtiée étaient d'ailleurs connues de
tous. Marcol Provqst, J. de Pcsquidollx. II. de
Lacaze, A. Praviel, G. Laffont remarquèrent des
premiers les efforts et les mérites de cette
jeune école et de son inailre. Ils voulurent bien
être les parrains de l'œuvre nouvelle. Puis, G.
Locomtc, P. de Nolhac, Joseph Bédier apportè-
rent à leur tour aux poètes occitans un témoi-
gnage d'estime de l'Académie Française.
Il' a 1 en effet, parmi nous. des disciples de
Mistral, de Jasmin et de Perbosc. La langue
d'Oc, cela va de soi, est à l'honneur dans notre
pays. Set; titres de. noblçsse valent d'ailleurs
ceux de la langue française, et puis elle a des
expressions savoureuses, au parler comme aux
lèvres, qui sont de pures petites merveilles.
Nos écrivains, - les Léon Lafage, les Lamandé
ou les Pesquidoux, qui d'aventure en truffent
leurs ouvrages, le savent bien. Nous possédons
enlin des continuateurs de de Magny, de du
Barlas ou de Th. de Yiau, pour ne citer que
les plus anciens, ou ceux qui vécurent dans
l'ombre doréo de la Pléiade. Ceux-là savent
nous charmer par leur sensibilité exquise ou
l'harmonie de leurs ehants; ils disent de fort
jolies choses: ils savent les dire toujours avec
art, tact et mesure. Il me souvient, à ce pro-
pos, que A. Bailly écrivit naguère": « Il existe
un sentiment commun à beaucoup d'écrivains
5 be; -oitl)
des bords de la Garonne, qui les pousse à
chanter, en une langue claire et nombreuse,
les multiples formes d'une beauté purement
latine. -- » - On ne pouvait mieux dire, ni -- mieux
caractériser notre école. Et cette beauté, que
nos poètes occitans célèbrcnt, n'est-ce point
leur petite palrie,. la Gascogne aux Jeux doux,
toujours splendidement parce par la mère na-
ture, dont ils sont passionnément amoureux?
Certes, notre France est belle, mais, par son
harmonieuse diversité, elle doit une reconnais-
sance particulière à chaque province qui lui
prèle ses atours, à chaque poète qui maintient
pieusement pour elle les vieilles coutumes ou
les croyances du passe. A tous ceux qui, en
Occitanic, renouent la tradition, un temps mé-
connue, à J. Amblard, dont 1>3 tournoi stimule
les poètes li oiieli.,i tarit s, - zioti,,, tenons donc à
adresser ici l'hommage de notre sincère admi-
rai ion. Qu'ils sachent que leurs efforts ne se-
ront point perdus; nous tenons trop à ce vieil
esprit, pétillant comme le vin nouveau, fusant
de malice, qleun rien réjouit, pour le laisser
périr. Plus nombreux que les ans passés, nos
poètes auront tenu, cette année, à confier à. J.
Amblard, ce maître modeste et sage, leurs ger-
bes de poèmes. Bientôt, dans un même flori-
lège, dans une anthologie des écrivains occi-
tans, seront réunis tous ceux qui, maîtres ou
débutants, chantent, avec ferveur leur terroir
chéri. Louis G. Voursiae.
En Avignon.
La Revue Comladine vient de paraitrr. Tou-
jours impatiemment attendue, cette revue ex-
clusivement française est très recherchée des
poètes du iMidi, que la langue provençale, sans
avenir, incapable d'exprimer l'âmo modeme,
détourage. Elle compte parmi ses collabora-
teurs dM professeurs et des instituteurs dont
les poèmes sout déjà remarqués.
Voici quelques noms à retenir: Raymond
Christoflour, Viau, Pouzol, Rolland et Claire Bé-
rand-Biscarel, une Musc de Sicile égarée dans
notre Comtat.
A Beauvais.
La saison d'art, fondée en 1919 par Jean
Ajalbert, de l'Académie Goncourt, ouvrira ses
expositions annuelles samedi, t8 avril.
A l'occasion de ce dixième anniversaire. les
Gobelins, Sèvrcs, le Mobilier national, Aubus-
son ont prêté leur concours à la Manufacture
nationale de Beauvais, qui, à côtf des œu-
vres en cours de-Caippiello, Raoul Dufy, Kar-
bûwskr, Bellaigue, Widliopff, montre des mo-
biliers de J.-Ch. Duval, avec les bois de Ruhl-
mann, de René Piot, avec les bois de Rateau,
les Contes de fées de J. Veber, mobilier de
Beauvaie, tentures des Gobelins, des tableaux
de Pierre Roche, des tapis de la Manufacture
française Laine, des tentures de llodier, tis-
sus d'Hélène Henry et-les dernières' cérami-
ques d'Auguste Dclahcrchc.
♦ ♦ ♦
En Lithuanie.
Cet été doit paraître à Paris, et en langue
française, une Anthologie de la Littérature
lithuanienne, où seront réunies les biogra-
phies et les œuvres choisies de cinquante
poètes, écrivains et historiens lithuaniens.
Ce livre a été réuni et traduit en russe par
les soins de M. Eugène Chkliar, On a l'inten.
tion de proposer la traduction française de
l'ouvrage à M. Dumesnil de Gramniont et a
notre collaborateur Vladimir Poz-ner.
A Lyon
Jf. Edouard llcrriot inaugure le busle de
Félix Desvernay. Le buste de Félix Desver-
nay, dû au scu'lptcur Maspoii, vient d'être
'inauguré à l'hôtel de Gadagne, où se trouve
le musée istoriquc du Vieux-Lyon.
Après une .allocution de M. Eugène Vial,
conservateur du musée historique, M. Edouard
Hcrriot, maire de Lyon, ministre de l'Instruc-
tion publique, a prononcé un discours, dont
voici quelques extraits :
« Je sui6 venu avec empressement célébrer,
au milieu de sa familie et de ses aUli: la mé-
moire d'un homme que j'ai connu et aimé, com-
me l'aimèront tous ceux qui furent admis au
chanme de sa fréquentation.
« Vous venez, monsieur le conservateur, de
rappeler -la carrière bienfaisante et féconde
de Félix Des-\"crnay. Personne ne pouvait le
faire plus excellemment que vous, et je vous
remercie de ce que vous avez dit si sincère-
ment, si alertement, en Ilhonneur do cet hom-
me qu: ù si bien mérité lé titre de bon Lyon-
naIS,
« Il y a quelque trente ans, un jeune pro-
fesseur élaborant sa thèse, gravissait l'esca-
lier roide pour agner cette grande sable de la
bibliothèque de la ville, qui avait sa noblesse,
sa beauté. Au premier vestibule, il était sou-
vent an-été par Desvernay, et il parvenait ra-
rement à franchir 1ac barrage que son affec-
tion lui opiposait. L'on pénét-rait dane; son cabi-
net il vout; faisait asseoir près de son bureau,
surchargé de livres et de papiers. Et tout
aussitôt, c'était la convcrsation, ou plutôt le
monologue souligné des rajustements inces-
sants d'un binocle rebelle, et du rejet de la
chevelure impétueuse, il parlait de son Vicux-
Lvon, et il nous en révélait les secrètes beau-
tés avec une dévotion infinie. L'on avait l'im-
pression de ces guides qui, à chaque carre-
tour, vous engagent dans un nouveau sentier
pour vous faire épuiser toutes les merveilles
uu pays.
« Le jeune professeur perdait ainsi sou-
vent sa matinée, mais il y gagnait d'appren-
dre, de rcvivre, sous le flot d'une verve, pas-
sionnée, le passé prestigieux de cette ville.
u Ainsi, j'accomplis ici mon devoir de maire
et mon devoir d'ami envers cet homme, que
ni les amertumes, ni les déceptions qui ne
lui furent point ménagées ne détournèrent
Jamais de son labeur souriant ni de son ci-
visme.
« Son dernier ouvrage fut l'organisation
des collections historiques à l'exposition de
1911. C'était l'ébauche de ce musée qui était
sa pensée constante. Les lourdes préoccupa-
tions ; de la guerre nous firent ajourner le
culte du passe. Desvecnay est mort sans avoir
pu réaliser son réve. Nous sommes restés fidè-
les à la promesse que nous lui avions .faite, et
la. meilleure manière de célébrer sa mémoire,
c'est main-tenant de développer cette maison.
« Nous n'avons point fait encore assez pour
l'honneur de Lyon, pour son histoire, et, no-
Jammeûtt pour, rappelsr lc. rôle ébîouissaat
qui en fit, aq xvi* siècle, une véritable capitale
tfe l'intelligence.
« Que ce musée grandisse, s'agrandisse à
la mesure de tant de richesses du passé !
Pourquoi, à l'omvre de Félix Desveruay, ne
fonderiez-vous pas, entre bons Lyonnais, une
société des amis de Gadagne. qui veillerait à
l'enriehiseement de ce musée et inciterait les
jeunes Lyonnais à voir, à l'aire toujours plus
grand ?
, « J'adresse à la mémoire de Desvernav le
salut amical d'un homme qui aimait à le ren-
contrer et qui est heureux de lui apporter de
nouveau aujourd'hui le témoignage de la re-
connaissance publique. Que sa présence spiri-
tuelle soit dans ces salles l'encouragement
permanent à l'aire mieux et à donner à ce
musée une ampleur digne de notre vieiEe et
vitroureusc cilé, »
M. Edouard Iierriot décide ensuite de f j Ire
don au musée du journal de guerre qu'il a
lenu à l'hôtel de viHe, ouvr.ige considérable
qui rassemble, à l'intention des historiens de
Lyon, toutes lçs répercussions des hustiiités
sur la ville de Lyon et les Lyonnais.
La galerie "des Archers présente en ce
moment une très intéressante exposition dVeu-
vres de Gombet-Deseombe.s et de Treseli,
d'émaux et grès de Beyev. - i'. G.
♦ ♦ ♦
A New=York.
Vient de paraître, chez Mac Miilan et Oie,
la traduclion d'un roman de Charles silccslre:
«:H.11ée VU tard, fille de Franc e ». Félicilons
les traductrices,Mrs Marjorie llcnry IIs!t'y et
Mlle ltenée Jardin, avocat du Barreau de Ver-
sa ni os, toutes deux anciens professeurs à
Wûlloslcy Collège (V. S. A.\ d'avoir su choi-
sir une œuvre probe et noble, qui apportera
au oublie américain une idée exacte dû la
paysanne française si peu connue là-bas.
En Norvège.
M. Lorontz Eclhofr est un fidèle ami des
lettres françaises et on lui doit, outre de nom-
breuses études sur la littérature française
d'hier et. d'aujourd'hui, d'excellentes tlâdllc-
tions d'André Gide, de Maurice Barrés, etc.
Il vient maintenant de donner un ouvrage :
« Les chefs de la littérature française contem-
poraine » (Foererne i vaar tids franslce lUtx-
ratur, Ascliohou^, Oslo), qui constitue un
guide parfait à travers les œuvres des mai.
tres français du vingtième siècle.
Il s'applique à résumer avec line louable
impartialité les idées de France, Gide, Bar-
rés, Maurras, Valéry t't Proust. Et pour
mieux se faire comprendre de ses lecteurs
norvégiens qui le plus souvent, sont dans
l'impossibilité de lire les œuvres analysées,
il esquisse avec beaucoup d'habileté lin ta-
bleau social. politique et littéraire de la
France d'après 1870.
Il aborde ces œuvres ave-e une sympatîiie
qui, quelquefois, peut paraître aveugle, mais
qui, seule, lui permet d'en lircr toute la
beauté. France, pourtant, ne bénéficie pas
toujours de son indulgence et il lui reproche
non seulement d'être Je seul écrivain de va-
leur (Je la fin du dix-ncuvième siècle qui ait
été en parlait accord avec son temps "(il ne
dit pas avec la foule, mais cela semble pres.
que sous-entendu), mais aussi d'ignorer la
pitié. Comme l'amour est chez France fuu-
jours exclusivement physique, dit M. Eck-
lioff, ainsi la pitié est toujours corporelle Ce
qui revient à dire qu'Anatole France est phy-
siquement incommodé dans la souffrance des
autres, mais que son cœur ignore la pitié.
Le critique accorde malgré tout son admMa-
non à l'auteur de Thaï* s'il la refus- .fu.*:-
quefois à celui du Jardin d'Lpicure. Maurice
Barrés est traité avec bien plus de respect,
mais l'étude sur son œuvre ainsi que celle
sur Maurras nie parait un peu confuse. Dar-
rés et Maurras eont bien trop éloignés do
l'esprit nordique, sont bien trop méridionaux
pour se faire comprendre par un Nordique
Ce n'est pas que M. Eclihoff afanalvs.' point
avec beaucoup d'intelligence le nationalisme
de Barrés ou le royalisme de Maurras, il leq
explique même si bien qu'il les approuve par-
fois sans réserve, mais ie jurerais nue rares
sont les Norvégiens qui, après avoir lu ces
études, auraient envie de lire du Maurra*
ou du Barrés !
André Gide, que M. Eckhoff a traduit en
norvégien d'ailleurs, est analysé avec cha-
leur et conviction. Cetie étude contribuer:»
A augmenter le nombre des innombrables ad-
mirateurs do Gide dans les p::\'o; Scandinaves,
mai? pourquoi ces termes voilés en parlant
de Corydon ? On dirait presque que ht. cen-
sure fonctionne à Oslo 1 Paul Valéry reçGit
la couronne, car il est pour M. EckhofI le
plus grand esprit, avec Bergson, dans la
France contemporaine. Voilà qui est heu-
reux; jusqu'ici la critique Scandinave rc
méfiait un peu de 1.1 jujésie de Vai--ry. L'étude
de M. Eckhoff annonce-t-pHc lin changement
dans i'opinion ou il est-eilo ou'un phénomène
isolé ?
EnJin, cet ouvrage est un guide excellent,
répétons-le. Et formons le voeu (¡U" M. Eck-
hoff se consacre aussi à la jeune littérature
française, vt surtout, qu'il réussisse ii con-
vaincre les éditeurs norvégiens de !'eu/*-
tenee d'une jeune, littérature f¡:lIlI:be. Ils
semblent l'ignorer. Victor Viiule.
En Ukraine.
I.a P'vue I.a Vin rt la néirilulion vi pn-
blior prochainement une «< Bibliographie c«»m-
(le-, g. i
plèlo des livres éirangers traduits en ukr.ii-
nien >̃. par M. M. Mi-gouko et Yacaak.
La Dwu. Edition d'Elat d t'kraine, va
nflirv on v-Mil-1 Tanniut des nouvelles de Do>-
wilnyj, La en rsiar/jins. de Kliwylowv;.
La 1 ir: d'un Tartare, de O:;I"p Wychnia/ ï'crcr-'
de a('unHa. de Podzaianskyj.
- Lu û" Congrès des Littérateurs ukrainiens,
groupés ;jii .sein d-- l'Association l'ioug (L.i
Charrue:, vient de s'ouvrir à Kharkoff.
- Li- Rcve, de l'écrivain Kolziubinjky; vient
d'être Iraduil en rJ'<'héeo.->lovaquii\
Les Kdiiions Knyhospilka viennent de pu-
blier La 1 /̃. do M'. Pidmohylnyj: Cent Jour*
('II. nnc heme. de K. Kotko: La Terre nonne, d-
M. Iwlelienke.
-- WufKn, Cenlrjle rinénKifOffraphiquo
d'Ukraine, va tourner Lr* Ail,:,.. du ¡,¡l'n', nu
documentaire sur la propag' ande sciontiliquj
dans h;.:i villages. Lan vue Desbixe.
A Wiesbaden.
M. Fi'U'drieii Ei-c-nluin- apparti-jiu à ces in-
tellectuels allemand» (lui. dans le Paris
d'avant-guerre avaient trouvé, je ne dis pas
leur sce'jiide, mais leur uniquo pairie. Lalin
pas son u^eendanee maternelle. Allemand au
fUIlIl rI, l'âme. d-'Ut: «l'un talent u'observ--
lion peu commun, il s'est fait le cîivonlquo-ur «i1
Fa pre.piv v:e • orai^e-iM.-. j-fon rêe!!'. l):is q1,:-
.in :-' < -
st'i'uc Mt-lz 'f.o l'.lei. de verre', l'orme : pen-
dant aux îiv» os de MM. Frank, Latzku, v.
I.'nruh.^ArnoJil Zweig, v. d. Vring, Roth, aire
cris de rage de tome nue génération sacrifiée
Ct
parerait à MM. liuh.'Mïiel. IJorgeBarbuss
Girard, c..-yjn t. il finirait par découvrir dans
cet ouvr.tge i'inl':Uenee souveraine de. Bey!'
<'Vsi à Stendhal (pic M. Eisenlohr viei ;
d'emprunter 1" sujet d'une pièe lionmit-
ti-nehe lkisc ,'y,,';¡g Bornantique'. repi"-
semée ;1\" t..: grand succès au Stautstbouter do
Wiesbaden. Elle s'inspire d'un marivaudage
à dénouement tratrique. Barboy d'Aurevilly ;,
tiré de ce >ujet le magistral ljonheue dait*
k Crihtr. M. l'iseiilobr 'I?t donné bit-n
de la peine p->ur approfondir la pSydl".
'ogie factice d'une œuvre manquée. Il a.
tiansrwii-ié parmi n-ms l'action qui, dans
lit, aux protesta-
tions de noue raison offensée. Le public u' :.
pas compris Ja sattre du romantisme qui se
cache sous les dehors d'un mélodrame popu-
laire. A bon s'Uis-entc-ndenr. salut! T'ne sal ••
en délits a admiré le savoir-faire théâtral du
dramaturge ; e;ie a chaudement appiaudi Mme
Ferrât, actrice charmante rL tendre, aux al -
cents liaTiaues inoubliables. Yoiià qui est.
juste. Mais les spectateurs ont étendu fi l'en-
semble d'S acteurs, fort niédiof,"e, leur • -
lliousi.'isme. Ces», regret table, lis ont pr -
au sérieux une affabulation mal convenue (":
un dialogue intentionnellement, apparente au
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LES NOUVELLES LITTERAIRES
L'ACTUALITÉ LITTÉRAIRE
A L'ÉTRANGER
CtMque. Catholicisme et littérature. La Bancarella delle Novita.
Tous les ouvrages de critique, croyons-
noua, devraient être précédés d'une sorte
-de préface dans laquelle l'auteur exposerait
sa notion personnelle de la critique, et les
positions qu'il prend pour juger une œuvre
littéraire. Nous éviterions ainsi bien des
malentendus, car en dehors des deux gran-
des cluses : critique objective et critique
subjective - qui auraient d'ailleurs grand
besoin d'être définies et subdivisées il I
existe autant de nuances que d attitudes
possibles de l'esprit. Les auteurs nous pré-
viendraient, loyalement, que pour eux les
;. livres ne sont que des prétextes 1 remar-
ques générales ou à confessions personnel-
les, ou, au contraire, que leur but est d'at-
teindre la « moelle » de l'œuvre. D'autres
nous diraient qu'ils ne peuvent juger qu en
aimant, et d'autres encore qu'ils .éliminent
de leurs verdicts toutes passions indivi-
dUeJles.
Là préface que J. M. Capdevila place au
'-seuil de son livre Poetes i Critics (Libre-
ïia Catalonia, Barcelona) nous informe des
intentions et des méthodes qu'il a em-
ployées dans cet ouvrage. Il pose en axiome
l' « unanimité de la bonne critique », en
d'autres termes, il veut dire que « d'une
seule œuvre, la critique ne peut pas dire
deux choses opposées sans que l'une des
deux soit une erreur ». Il est amené ainsi
à découvrir « que les œuvres littéraires ont
- !I__Jl.-_.6._- -. 1
des lignes individuelles oistinctea, mu- &..
£ critique doit savoir discerner et, dans une
," certàine mesure, reproduire ». Et lorsque
>¡-commc. corollaire de cette affirmation, il
dit que le critique est parfois semblable à
'-; un peintre, il nous semble dégager très jus-
tement le caractère essentiel de 1 œuvre
critique : donner un portrait critique.
Il est périlleux d'exposer ainsi les de-
voirs d'un bon critique, car le lecteur sef-
forcera de distinguer s'ils se trouvent rem-
plis dans le livre qu'engage une pareille
-- - -.. -"-- ,--
préface. Mais J. M. Capdevila, aans JC::)
chapitres qu'il consacre à Verdaguer. AI-
cover, Costa, etc., nous paraît appliqua
d'une façon parfaite ses théories, et nous
constatons qu'ainsi qu'il le recommande,
-le caractère vital des œuvres est préservé
et mis en lumière par des commentaires in-
telligenti. Et dans son étude sur Francesco
de Sanctio, il reconnaît au grand critique
italien le talent d'avoir, souvent, pris les
oeuvres qu'il jugeait, comme le sujet d in-
terprétations larges, détachées quelque peu
de leurs thèmes, mais aboutissant ainsi a
une œuvre nouvelle douée d'une valeur
idéologique propre.
La plus grande partie de cet ouvrage ap-
partient aux écrivains catalans. Ajoutons
aux noms que nous avons déjà cités ceux
de Josef Carner, de Llorens Riber, de Joa-
quim Ruyra, de Janme Bofill i Mates, de
Joaquim Folguera, de Clementina Arderin,
de Josef Maria de Sagarra. Notons aussi
une très pénétrante étude sur Joubert, et
des commentaires en marge de la Pivwe
Comédie. Négligeant les gloses tradition-
nelles sur la scolastique. les symboles,
J'idéololie de la « Comédie », J. M. Cap-
- ..,j - ,- ---
devila souligne l'accent ironique ae i* 1 U-
contre entre les deux poètes pèlerins de
l'Enfer, et le Florentin Bellacqua, cons-
tructeur d'instruments de musique et que
Dante raillait souvent pour son caractère
peureux, et il insiste sur le côté « visuel »
de 1'czunc qui, à son avis, place Dante
parmi les « artistes plastiques ». C'est
la raison pour laquelle le poème tenta tous
les illustrateurs depuis Botticelli et Mi-
chel Ange jusqu'à Gustave Dore, en pas-
sant par William Blake et qu'aucun d'en-
tre eux. croyons-nous, n'a pu en donner une
traduction plastique égale au texte, en in-
tensité suggestive et expressive. Très judi-
cieusement, J. M. Capdevila fait observer
la valeur sculpturale de certaines descrip-
tions dantesques, et il prouve ainsi qu au-
tant qu'une œuvre didactique le poète vou-
lait iaire une œuvre artistique. L'apparence
des choses suggérait les vérités éternelles
et conduisait vers elles. Et l'opinion de
Dante trouvait sa justification dans la
somme : l'art' est une imitation de la na-
ure" mais la nature imite les idées divines.
*
•* *
:- A l'occasion des fêtes de Pâques, la
, C
littérature ». Sujet d'actualité et particuliè-
rement important à une époque où l'intelli-
gence catholique manifeste dans tous les
pays une activité puissante et féconde. Les
- rapports du catholicisme et de la littéra-
ture ont été examinés sous leurs divers
aspects en Espagne par José Bergamin, An-
; gel Ossorio, Pedro Sainz, Rodriguez (qui
'; donne un excellent tableau d'ensemble de
la mystique espagnole). En France, par
., Luis Aranjo Casta qui étudie particulie-
rement la pensée catholique dans la philo-
sophie, Antonio Marichalar qui analyse le
« Gant de Crin » de Reverdy, Juan Chabas
sur Claudel, et un entretien avec Jacques
Maritain. La littérature moderne catholi-
que en Italie, est exposée en quelques traits
essentiels par Arrigo Leventi qui souligne
l'apport très significatif de Giovanni Papini.
Belloc représente seul le catholicisme an-
alaiL Maeztu trace du brillant essayiste
un beau portrait qu'accompagne un parallèle
entre Chesterton et Belloc par Jaime Ha-
'.ra. Citons enfin une étude de Georges
Goyau sur le catholicisme en Allemagne, eA.
- -- -. "II
une admirable page de Max Scneier sur « ie
Prêtre D.
La Gaceta Literaria, en outre, a interrogé
certaines personnalités espagnoles sur dif-
férentes questions relatives à la situation
actuelle du catholicisme en Espagne, à son
avenir. Cette enquête nous permet de lire
de très intéressantes réponses, celles de
If. Salvador Minguijou, P. Bruno Ibeas, M.
Arboleya Martinez, Condé de Rodriguez,
San Pedro.
*
v; ♦♦
« Maxime Gorki est en vérité le premier
grand écrivain du prolétariat », écrit M.
JKurt Kersten dans Die Neue Bucberschau
(J. M. Spaeth Verlag, Berlin). « Gorki,
ajouts-t-ilj est venu des profondeurs de la
8um, il a vécu le destin des prolétaires
;-.: il est toujours resté le camarade des
liasses. » et M. Kersten rattache directe-
jnent le développement littéraire de Gorki
l'influence de Tourgueniev qui, selon lui,
.,çm,ait mieux compris que Dostoïewski et
Tolstoï l'avènement d'une classe nouvelle.
Mais c'est surtout lorsqu'il le relie aux poè-
tes populaires inconnus de la Russie, que
H. Kenten me paraît - atteindre le côté te
intime de Gorki, conteur spontané
l'étaient les compositeurs de byli-
gM». Il leur emprunte leur réalisme et leur
(Moitié, le sentiment profond du YIllale, des
restâtes gens, et aussi l'élan des grands ri.
jfcfrfrt, Et cette « profonde mélancolie »
emmobeme, M. Kersten, elle existe chez tous
rjll neiimnuffn de ses romans, ces hommes
et tendres chez lesquels la vie a meflr-
|tri ém inaes. d'eacfsnts.
(V, ', .>,' i :.'
Eg.1 Ivico Piéeni «st un des jeunes cri-
'IfettM itdifns les mica* avertis de la litté-
mttnde soo peys, lés plus attentifs à sûi-
'lèi 'M- ÉAifnMSt des idées et des formes
faillir» I r.,.. Il a xéuni dans un
,
très bon volume La Bancarella delle Novita
(Casa éditrice Alpes, Milan) un grand nom.
bre d'essais sur les. romanciers italiens d'au.
jourd'hui. Mais au lieu de nous donner cette
impression un peu confuse que présentent
souvent des ouvrages de cet ordre, le li-
vre de Piceni compose une vue d'ensemble,
juste, pénétrante, de la littérature contem-
poraine. Ecrits au jour le jour, au courant
de l'actualité, ces articles s ordonnent tout
naturellement en volumes, tant ils montrent
un souci de dégager les valeurs générales,
d'atteindre en même temps la signification
la plus personnelle d'une œuvre ou d'un
écrivain, et de le « situer » dans la produc-
tion actuelle. A cet égard, la Bancarella
delJe Novita joint - à l'intérêt qu'offre mr
groupe de monographies, une sorte de syn-
thèse, et nous étudions aussi aisément le
« roman italien » que les romanciers. Cette
critique faite d'intelligence et de sympa-
thie, est sévère sans méchanceté, elle ex-
prime en quelques traits l'originalité d'un
livre, elle excelle à reconnaître aussi bien
les caractères les plus particuliers, que les
tendances générales des lettres italiennes
d'aujourd'hui. Son livre est un excellent
ouvrage d'information que tous consulte-
ront avec profit, un ouvrage vivant et pit-
toresque, et il contient en outre chose
précieuse ! des jugements de valeur qui
témoignent d'un esprit critique très temar-
quable.
M. Piceni s'est fait connaître aussi par
des traductions d'ouvrages angfais et fran-
çais, qui attestent une connaissance par-
faite des langues, des littératures étrangè-
res et de leur esprit. Et nous lisions récem-
ment dans YAtmanacco letterario Manda-
dori le très bel article qu'il consacrait à la
production littéraire française de l'année
écoulée.
Marcel BRION.
Il WVWVHV -
Illltàw
lu jMB àriwii ifflia i toii
Vingt-cinq ans, des cheveux blondss des
lunettes d'écaille. un visage carré M. Lea
F errer o est le fils de Mme .-Gina Lom-
broso, raideur de l'Ame de la femme, et
de - M. -- Guqlielmo Ferrero, le grand histo-
rien italien. Il a écrit trois picccs dont
Les camoasmes. sans madone, qui a, été
jouée un veu partout en Italie ; et il va
publier une interprétation esthétique de
Léonard de Vinci. Il est également l'au-
teur, en collaboration avec M. Guglielmo
Ferrero, de la Palingénésie de Rome, et
d'une Vie de Jules César, à paraître en
Allemagne. Ce jeune historien est un
poète et un amoureux de Paris : il re-
vient d'Angleterre, oit il déclare avoir
passé six mois délicieux, et il rentre à - la
-- - -- -
villa de l blivello. en Toscane, ou M. Gu-
glielmo Ferrero travaille, dans l'un des
plus beaux pays du monde ; et pourtant
il avoue que Paris demeure pour lui la
ville essentielle. Il en parle avec un en-
thousiasme qui n'exclut pas la clair-
voyance.
« Admirer Paris, je dois l'arouer, est une
tradition dans notre famille. Mon père
n'est attaché nulle part peut-être par des
liens aussi forts et aussi doux que ceux
qui le rattachent à Paris, la ville où, je
crois, il se sent le plus à son aise. La
première fois que je vins a Paris, u
y a sept ans, j'étais donc bien disposé ;
mais Paris a surpassé mon attente. Pour
apprécier Paris. il faut comparer. La plu-
part des Parisiens ne se doutent pas de
leur bonheur ; c'est qu'ils se fondent sur
ce que 'l'on ignore par définition : des
sous-entendus. Les sociétés de l'Europe se
divisent aujourd'hui en deux catégories :
celles oui se basent sur des principes cla-
més, et celles qui ne se basent sur rien. Pa-
ris échappe à ce dilemme : l'or due de sa
vie intellectuelle est établi sur des sous-en-
tendus, c'est-à-dire sur des principes que
l'on ne discute plus, je voudrais presque
dire que l'on ignore. Le premier avantage
des sous-entendus est que les hommes
peuvent causer parce qu'ils ont entre eux
une base commune. Mais causer n'est pas
tout. Les sous-entendus me semblent aussi
importants pour une autre raison : ils
font créer. Comment ? En donnant à
l'homme des limites sans lui imposer des
règles. La liberté est enivrante et dange-
reuse : la règle, reposante et désagréa-
ble. C'est pourquoi l'homme a en même
temps la terreur de la liberté et celle des
chaines ; il s'est noyé dans l'illimité et les
fers l'ont blessé. Aussi passe-t-il d'un ex-
trême à fautrc, lassé tour à tour par l'il.
limité et par la servitude, cherchant des
limUes, mais fuyant les grandes lois qui
les lui offrent.
« Etudier la balançoire des civilisations :
l'homme n'est heureux ni quand il est
futuriste, ni quand il est néo-classique.
Parce que le manque absolu de limites et
de résistance le vide de force ; et la ser-
vitude à des lois théoriques dessèche son
inspiration. Très souvent, en effet, il a
passé d'un état à l'autre sans transition,
cherchant - le bonheur dans le contraire
de sa souffrance. Mais ni la liberté ni la
rigueur n'ont jamais fait une civilisation,
qui est avant'tout une atmosphère univer.
selle de bien-être, L'homme n'est malheu-
reux que parce qu'il doit toujours choisir
entre deux biens qui s'excluent. Le but su-
prême d'une civilisation est donc de con-
cilier des besoins contradictoires. Satis-
faisant en même temps dans l'homme la
nostalaie des Umitcs et Vhorreur des rè-
gles, Paris a résolu la plus profonde des
contradictions humaines ; il nous a offert,
unique au monde, le spectacle d'une gran-
deur réalée par des lois' qu'on ignore.
« Une règle, un principe sont nets, af-
firmatifs, indifférents. Ils se dressent de-
vant les veux des hommes comme des mo-
numents de marbre On neut les tourner,
les discuter ou les maudira ; mais il faut
en tenir compte. s'en souvenir tout le
temps. Et il suffit que l'on sente dans une
œuvre d'art le souvenir d'une règle :
l'émotion s'évanouit. Voilà pourquoi l'ar-
tiste, après quelque temps, se libère de la
règle cf la hait. Les sous-entendus aussi
sont des règles, mais ils me semblent
d'autant plus puissants qu'ils sont. va-
ques, souples, bienveillants et invisibles.
Ils ont deux avantages immenses : on ne
doit vas s'en souvenir, on ne veut pas les
critiquer. Mais ils guident mystérieuse-
ment les hommes, sans leur imposer là
dureté importune. des règles. Ils tracent
des limites que tout te monde ignore et
que personne ne viole. le crois qu'on a là
une explication du charme et de la gran-
de ur intellectuelle de Paris.
M. Leo Ferrero nous parle ensuite de
son pève,. qui est en train de parachever
son arand roman social. dont les deux
volumes de - la première partie ont déjà
parû. Adna ; et Per Crucem ad lucem, les
deux volumes de la deuxième partie qui
forment la conclusion du roman et de Vex-
périence italienne'de'M. GugHelmo Ferre-
rot seront.publîés-bientât. La pure lumière
toscane "et.; ta vie soUtahe au 'JM1,Y'- du
ChiOrfiti VZTm&tlSBt Û ViUuttlâ. historien
Keyserling en Amérique
U"" éditî'm
Du temps que l'on prépare une édition
française du JournalJic vôyagc d'un phi-
losophe et de Figures sumboliques, -le
conte Keyserling est en train de faire,
aux Etats-Unis, une tournée de conféren-
ces.
On a raconté comment une rencontre
entre le célèbre philosophe et le non moins
célèbre essayiste allemand Emil Ludwig,
que Mrs William Randolph Hearst, femme
du magnat de la presse américaine, avait
tentée dans un dîner de gala avait été im-
possible, les deux écrivains ayant refusé
de se voir : en effet, le comte Keyserling,
allié à la famille Bismarck, n'a pas « en-
caissé » certaines allégations de Ludwig
sur l'homme d'Etat prussien. Mrs Hearst
n a pas encore parfaitement compris cette
répulsion des deux écrivains allemands
l'un pour l'autre, car, vues de New-York,
ces divergences historiques apparaissent
comme de simples babioles et des disputes
de fourmis.
Le comte Keyserling, par ses habitudes
de vie, qui sont celles d'un penseur, n'a
pas été sans troubler les jouiiialistes-amé-
ricains. L'tfn d'eux, agissant avec ce par-
fait sang-froid dans l'information qui ca-
ractérise les reporters de là-has, a cru
devoir rédiger une sorte de mémorandum
à l'usage de ses confrères, dans lequel il
fixe avec une impitoyable précision les
habitudes et les tics du philosophe alle-
mand. Nous croyons devoir donner ici une
traduction de cet écrit anonyme, qui nous
édifié sur l'humour involontaire dont font
preuve parfois les journalistes américains
REGLES DE VIE
DU COMTE HERMAXN» KEYSERLING
Le comte est un hôte charmant et sé-
ducteur aussi longtemps que l'on prête la
plus grande attention à ses désirs, mais
lorsqu'il n'en est pas tenu compte, il de.
vient terriblement nerrcux, et cet état de
nerfs réagit immédiatement sur ses dons
oratoires ; « toutes personnes qui auraient
à recevoir le comte et qui désireraient des
renseignements qJlus intimes, il sera ré-
pondu avec plaisir et sans détour ; mais
voici toujours ceux de ses goûts qui sont
les plus aisés à connaître :
Le comte a horreur de toute curiosité.
Il ne peut pas supporter un appartement
trop chauffé. Il ne va jamais au théâtre,
au concert, ou à toute manifestation de
ce genre. Il ne fait aucune visite l'après-
midi. Il aime marcher, de deux d quatre
heures chaque jour, loin du centre de la
ville.
Il ne reçoit jamais personne dans les
six heures qui précèdent une de ses con-
férences, Il tient à avoir, pour y poser ses
documents, un pupitre sur Vcstradc où
i. parle. Il ne mange pas avant une con-
férence. Cependant, une dani-henre avant
de commencer à parler, il faut lui servir
une tasse de café très fort et un sandwich
ait rmstbccf ou ait blanc de poulet.
Le comte ne veut voir personne immé-
diatement après avoir achevé sa confé-
rence : il désire quitter l'estrade et sor-
tir de la salle et retourner immédiatement
chez la personne où il est descendu, ou à
l'endroit où tm souper régulier sera servi,
s'il doit y avoir une réunion plus tard dans
la soirée.
Le comte est, nerveusement et physique-
ment, épuisé ti la fin d'une conférence.
S'il doit rencontrer des admirateurs après
sa conférence, il aime que les conditions
suivantes soient observées : le comte tient
à avoir le temps de charnger de vêtements ;
deuxièmement, il a faim et doit manger
aussitôt. C'est pourquoi il ne désire ren-
contrer personne, saut s'il peut avoir un
réel repas auquel seront servis des vins
de table français ou du champagne. Cham-
pagne ou vins doivent lui être servis avec
son repas dans sa chambre d'hôtel s'ils ne
peuvent pas être servis dans un d'iner or-
donné.
S'il n'a pas à parler à des admirateurs
après sa conférence, le comte n'a pas be-
soin de vins ou de Champagne, mais il
doit avoir son diner. Nous citerons ici un
fragment d'une lettre du comte Keyser-
ling, dans laquelle il dit : « Le Champagne
est ce qui me remet le mieux de l'effort
nerveux que j'ai à fournir pendant une
conférence. Mais si l'on ne peut pas s'en
procurer, du bon bordeaux peut en tenir
lieu. Je ne puis pas supporter les vins
allemands, ni les alcools, whisky, cognac,
ou liqueurs. »
Le comte est enchanté de prendre part
à des diners et à des déjeuners pour ren-
contrer des personnes intéressantes. Le
comte refuse de se rendre à des diners
réservés seulement d des convives du sexe
masculin.
Le comte ne mange -pas de fruits crus,
de salade ni de légumes, sauf des pommes
de terre bouillies ou en purée. Il ne prend
pas de glace ni d'entremets, et rien de
lourd ni d epice : u se nourrit principa-
lement de jjoissons et d'huîtres, celles-ci
par douzaines, et de bœuf, de mouton et
de viande blanche.
Le comte aime la promenade en auto
découverte. Il adore l'air frais et ne craint
pas lç froid.
Le comte Keyserling est haut de six
pieds quatre pouces.
Le comte n'a absolument aucun sens
géographique. Il est capable de se perdre
dans sa propre maison. Il devient extrê-
mement nerveux lorsqu'il pense qu'il pour-
rait ne pas être attendu à la gare à son
arrivée dans une vttle. Il doit être rac-
compagné à son train et conduit à sa cou-
chette ou à son fauteuil dans le wagon. Le
contrôleur du train et celui du wagon-lit
doivent être mis au courant des habitudes
du comte Keyserling : ne se confier à au-
cun subalterne à ce sujet, mais faire soi-
même des recommandations extrêmement
précises aux deux conducteurs.
Le comte est incapable de s'occuper de
prendre un billet ni de l'enregistrement
de ses bagages, et en général de tous les
détails du voyage.
Le comte Keyserling se plaît beaucoup
en compagnie de la jeunesse, à condition
que jeunes filles et jeunes femmes compo-
sent la majorité de l'asselltblée.
Voici le menu que l'on suggère pour le
comte a ses repas après conférence : rien
de frit ; bœuf, agneau ou autres viandes,
froides ou chaudes, en quantité. Si possi-
ble, une douzaine d'huîtres, mais très frai-
ches. Purée de ,pommes de terre: Froma-
ges, en particulier du camembert.
Dès l'arrivée du comte dans une ville,
s'occuper de son linge, et prendre soin
que le linge propre 'et repassé lui soit l,
rendu. à temps, car le philosophe, au bout
de quelques jours, se trouverait sans cltc.
mise.
Ces régies pratiques seront certainement
d'une grande utilité pour les admirateurs
français du philosophe allemand, lorsqu'il
viendra faire une tournée de conférences
en France. - •
de jouir d'un calme que son intervention
dans les affaires politiques italiennes lui
avait enlevé. Nous brûlons d'interroger
M. Léo Ferrero hfrdessus/ mais nous ne
pouvons qu'enregiitrer sa réserves-absolu-
ment, iurtifiée. Néanmoins, nous ne pou-
vons nous .empêcher de souhaiter que
M. Guglielwio Ferrero aussi, cet ami fidèle,
de Paris, puisse avoit bientôt le droit-de
rctoumcr dani H laiViUs^eiscntielle ».
, Fs
EN FRANCE
ET HORS DE FRANCE
A Agen.
Le Jasmin d'argent. - Ce tournoi poétique,
que fonda M" Amblard, bâtonnier de l'Ordre
des avocats, il sied que les amis des lettres le
respectent et l'admirent; un grand amour de
la petite patrie a présidé à sa naissance.
M* Amblard fut le bon sourcier: sous le
coup de sa Une baguette de coudrier, naqui-
rent aussitôt les plus gracieux poèmes. Un B.
de Ventadbur. un Scaliger, un Du Bartas, un
do Magny, ici, n'étaient point des oubliés: et
l'on gardait encore souvenance des écrits d'un
Montluc. d'un Montaigne ou d'un Brantôme: il
en est, la chose est certaine, qui feuilletaient
nos vieux auteurs et modulaient, en secret,
leurs chansons. Mais ils vivaient iolllés, incon-
nus, trop jeunes pour se risquer dans la ba-
taille. Ma Amblard les convia, il leur olïrit le
Jasmin d'argent, autour duquel tout aussitôt ils
se groupèrent. On flt, en effet, conlianee à cet
homme, sa probité intellectuelle, son éloquence
sobrtf et ehàtiée étaient d'ailleurs connues de
tous. Marcol Provqst, J. de Pcsquidollx. II. de
Lacaze, A. Praviel, G. Laffont remarquèrent des
premiers les efforts et les mérites de cette
jeune école et de son inailre. Ils voulurent bien
être les parrains de l'œuvre nouvelle. Puis, G.
Locomtc, P. de Nolhac, Joseph Bédier apportè-
rent à leur tour aux poètes occitans un témoi-
gnage d'estime de l'Académie Française.
Il' a 1 en effet, parmi nous. des disciples de
Mistral, de Jasmin et de Perbosc. La langue
d'Oc, cela va de soi, est à l'honneur dans notre
pays. Set; titres de. noblçsse valent d'ailleurs
ceux de la langue française, et puis elle a des
expressions savoureuses, au parler comme aux
lèvres, qui sont de pures petites merveilles.
Nos écrivains, - les Léon Lafage, les Lamandé
ou les Pesquidoux, qui d'aventure en truffent
leurs ouvrages, le savent bien. Nous possédons
enlin des continuateurs de de Magny, de du
Barlas ou de Th. de Yiau, pour ne citer que
les plus anciens, ou ceux qui vécurent dans
l'ombre doréo de la Pléiade. Ceux-là savent
nous charmer par leur sensibilité exquise ou
l'harmonie de leurs ehants; ils disent de fort
jolies choses: ils savent les dire toujours avec
art, tact et mesure. Il me souvient, à ce pro-
pos, que A. Bailly écrivit naguère": « Il existe
un sentiment commun à beaucoup d'écrivains
5 be; -oitl)
des bords de la Garonne, qui les pousse à
chanter, en une langue claire et nombreuse,
les multiples formes d'une beauté purement
latine. -- » - On ne pouvait mieux dire, ni -- mieux
caractériser notre école. Et cette beauté, que
nos poètes occitans célèbrcnt, n'est-ce point
leur petite palrie,. la Gascogne aux Jeux doux,
toujours splendidement parce par la mère na-
ture, dont ils sont passionnément amoureux?
Certes, notre France est belle, mais, par son
harmonieuse diversité, elle doit une reconnais-
sance particulière à chaque province qui lui
prèle ses atours, à chaque poète qui maintient
pieusement pour elle les vieilles coutumes ou
les croyances du passe. A tous ceux qui, en
Occitanic, renouent la tradition, un temps mé-
connue, à J. Amblard, dont 1>3 tournoi stimule
les poètes li oiieli.,i tarit s, - zioti,,, tenons donc à
adresser ici l'hommage de notre sincère admi-
rai ion. Qu'ils sachent que leurs efforts ne se-
ront point perdus; nous tenons trop à ce vieil
esprit, pétillant comme le vin nouveau, fusant
de malice, qleun rien réjouit, pour le laisser
périr. Plus nombreux que les ans passés, nos
poètes auront tenu, cette année, à confier à. J.
Amblard, ce maître modeste et sage, leurs ger-
bes de poèmes. Bientôt, dans un même flori-
lège, dans une anthologie des écrivains occi-
tans, seront réunis tous ceux qui, maîtres ou
débutants, chantent, avec ferveur leur terroir
chéri. Louis G. Voursiae.
En Avignon.
La Revue Comladine vient de paraitrr. Tou-
jours impatiemment attendue, cette revue ex-
clusivement française est très recherchée des
poètes du iMidi, que la langue provençale, sans
avenir, incapable d'exprimer l'âmo modeme,
détourage. Elle compte parmi ses collabora-
teurs dM professeurs et des instituteurs dont
les poèmes sout déjà remarqués.
Voici quelques noms à retenir: Raymond
Christoflour, Viau, Pouzol, Rolland et Claire Bé-
rand-Biscarel, une Musc de Sicile égarée dans
notre Comtat.
A Beauvais.
La saison d'art, fondée en 1919 par Jean
Ajalbert, de l'Académie Goncourt, ouvrira ses
expositions annuelles samedi, t8 avril.
A l'occasion de ce dixième anniversaire. les
Gobelins, Sèvrcs, le Mobilier national, Aubus-
son ont prêté leur concours à la Manufacture
nationale de Beauvais, qui, à côtf des œu-
vres en cours de-Caippiello, Raoul Dufy, Kar-
bûwskr, Bellaigue, Widliopff, montre des mo-
biliers de J.-Ch. Duval, avec les bois de Ruhl-
mann, de René Piot, avec les bois de Rateau,
les Contes de fées de J. Veber, mobilier de
Beauvaie, tentures des Gobelins, des tableaux
de Pierre Roche, des tapis de la Manufacture
française Laine, des tentures de llodier, tis-
sus d'Hélène Henry et-les dernières' cérami-
ques d'Auguste Dclahcrchc.
♦ ♦ ♦
En Lithuanie.
Cet été doit paraître à Paris, et en langue
française, une Anthologie de la Littérature
lithuanienne, où seront réunies les biogra-
phies et les œuvres choisies de cinquante
poètes, écrivains et historiens lithuaniens.
Ce livre a été réuni et traduit en russe par
les soins de M. Eugène Chkliar, On a l'inten.
tion de proposer la traduction française de
l'ouvrage à M. Dumesnil de Gramniont et a
notre collaborateur Vladimir Poz-ner.
A Lyon
Jf. Edouard llcrriot inaugure le busle de
Félix Desvernay. Le buste de Félix Desver-
nay, dû au scu'lptcur Maspoii, vient d'être
'inauguré à l'hôtel de Gadagne, où se trouve
le musée istoriquc du Vieux-Lyon.
Après une .allocution de M. Eugène Vial,
conservateur du musée historique, M. Edouard
Hcrriot, maire de Lyon, ministre de l'Instruc-
tion publique, a prononcé un discours, dont
voici quelques extraits :
« Je sui6 venu avec empressement célébrer,
au milieu de sa familie et de ses aUli: la mé-
moire d'un homme que j'ai connu et aimé, com-
me l'aimèront tous ceux qui furent admis au
chanme de sa fréquentation.
« Vous venez, monsieur le conservateur, de
rappeler -la carrière bienfaisante et féconde
de Félix Des-\"crnay. Personne ne pouvait le
faire plus excellemment que vous, et je vous
remercie de ce que vous avez dit si sincère-
ment, si alertement, en Ilhonneur do cet hom-
me qu: ù si bien mérité lé titre de bon Lyon-
naIS,
« Il y a quelque trente ans, un jeune pro-
fesseur élaborant sa thèse, gravissait l'esca-
lier roide pour agner cette grande sable de la
bibliothèque de la ville, qui avait sa noblesse,
sa beauté. Au premier vestibule, il était sou-
vent an-été par Desvernay, et il parvenait ra-
rement à franchir 1ac barrage que son affec-
tion lui opiposait. L'on pénét-rait dane; son cabi-
net il vout; faisait asseoir près de son bureau,
surchargé de livres et de papiers. Et tout
aussitôt, c'était la convcrsation, ou plutôt le
monologue souligné des rajustements inces-
sants d'un binocle rebelle, et du rejet de la
chevelure impétueuse, il parlait de son Vicux-
Lvon, et il nous en révélait les secrètes beau-
tés avec une dévotion infinie. L'on avait l'im-
pression de ces guides qui, à chaque carre-
tour, vous engagent dans un nouveau sentier
pour vous faire épuiser toutes les merveilles
uu pays.
« Le jeune professeur perdait ainsi sou-
vent sa matinée, mais il y gagnait d'appren-
dre, de rcvivre, sous le flot d'une verve, pas-
sionnée, le passé prestigieux de cette ville.
u Ainsi, j'accomplis ici mon devoir de maire
et mon devoir d'ami envers cet homme, que
ni les amertumes, ni les déceptions qui ne
lui furent point ménagées ne détournèrent
Jamais de son labeur souriant ni de son ci-
visme.
« Son dernier ouvrage fut l'organisation
des collections historiques à l'exposition de
1911. C'était l'ébauche de ce musée qui était
sa pensée constante. Les lourdes préoccupa-
tions ; de la guerre nous firent ajourner le
culte du passe. Desvecnay est mort sans avoir
pu réaliser son réve. Nous sommes restés fidè-
les à la promesse que nous lui avions .faite, et
la. meilleure manière de célébrer sa mémoire,
c'est main-tenant de développer cette maison.
« Nous n'avons point fait encore assez pour
l'honneur de Lyon, pour son histoire, et, no-
Jammeûtt pour, rappelsr lc. rôle ébîouissaat
qui en fit, aq xvi* siècle, une véritable capitale
tfe l'intelligence.
« Que ce musée grandisse, s'agrandisse à
la mesure de tant de richesses du passé !
Pourquoi, à l'omvre de Félix Desveruay, ne
fonderiez-vous pas, entre bons Lyonnais, une
société des amis de Gadagne. qui veillerait à
l'enriehiseement de ce musée et inciterait les
jeunes Lyonnais à voir, à l'aire toujours plus
grand ?
, « J'adresse à la mémoire de Desvernav le
salut amical d'un homme qui aimait à le ren-
contrer et qui est heureux de lui apporter de
nouveau aujourd'hui le témoignage de la re-
connaissance publique. Que sa présence spiri-
tuelle soit dans ces salles l'encouragement
permanent à l'aire mieux et à donner à ce
musée une ampleur digne de notre vieiEe et
vitroureusc cilé, »
M. Edouard Iierriot décide ensuite de f j Ire
don au musée du journal de guerre qu'il a
lenu à l'hôtel de viHe, ouvr.ige considérable
qui rassemble, à l'intention des historiens de
Lyon, toutes lçs répercussions des hustiiités
sur la ville de Lyon et les Lyonnais.
La galerie "des Archers présente en ce
moment une très intéressante exposition dVeu-
vres de Gombet-Deseombe.s et de Treseli,
d'émaux et grès de Beyev. - i'. G.
♦ ♦ ♦
A New=York.
Vient de paraître, chez Mac Miilan et Oie,
la traduclion d'un roman de Charles silccslre:
«:H.11ée VU tard, fille de Franc e ». Félicilons
les traductrices,Mrs Marjorie llcnry IIs!t'y et
Mlle ltenée Jardin, avocat du Barreau de Ver-
sa ni os, toutes deux anciens professeurs à
Wûlloslcy Collège (V. S. A.\ d'avoir su choi-
sir une œuvre probe et noble, qui apportera
au oublie américain une idée exacte dû la
paysanne française si peu connue là-bas.
En Norvège.
M. Lorontz Eclhofr est un fidèle ami des
lettres françaises et on lui doit, outre de nom-
breuses études sur la littérature française
d'hier et. d'aujourd'hui, d'excellentes tlâdllc-
tions d'André Gide, de Maurice Barrés, etc.
Il vient maintenant de donner un ouvrage :
« Les chefs de la littérature française contem-
poraine » (Foererne i vaar tids franslce lUtx-
ratur, Ascliohou^, Oslo), qui constitue un
guide parfait à travers les œuvres des mai.
tres français du vingtième siècle.
Il s'applique à résumer avec line louable
impartialité les idées de France, Gide, Bar-
rés, Maurras, Valéry t't Proust. Et pour
mieux se faire comprendre de ses lecteurs
norvégiens qui le plus souvent, sont dans
l'impossibilité de lire les œuvres analysées,
il esquisse avec beaucoup d'habileté lin ta-
bleau social. politique et littéraire de la
France d'après 1870.
Il aborde ces œuvres ave-e une sympatîiie
qui, quelquefois, peut paraître aveugle, mais
qui, seule, lui permet d'en lircr toute la
beauté. France, pourtant, ne bénéficie pas
toujours de son indulgence et il lui reproche
non seulement d'être Je seul écrivain de va-
leur (Je la fin du dix-ncuvième siècle qui ait
été en parlait accord avec son temps "(il ne
dit pas avec la foule, mais cela semble pres.
que sous-entendu), mais aussi d'ignorer la
pitié. Comme l'amour est chez France fuu-
jours exclusivement physique, dit M. Eck-
lioff, ainsi la pitié est toujours corporelle Ce
qui revient à dire qu'Anatole France est phy-
siquement incommodé dans la souffrance des
autres, mais que son cœur ignore la pitié.
Le critique accorde malgré tout son admMa-
non à l'auteur de Thaï* s'il la refus- .fu.*:-
quefois à celui du Jardin d'Lpicure. Maurice
Barrés est traité avec bien plus de respect,
mais l'étude sur son œuvre ainsi que celle
sur Maurras nie parait un peu confuse. Dar-
rés et Maurras eont bien trop éloignés do
l'esprit nordique, sont bien trop méridionaux
pour se faire comprendre par un Nordique
Ce n'est pas que M. Eclihoff afanalvs.' point
avec beaucoup d'intelligence le nationalisme
de Barrés ou le royalisme de Maurras, il leq
explique même si bien qu'il les approuve par-
fois sans réserve, mais ie jurerais nue rares
sont les Norvégiens qui, après avoir lu ces
études, auraient envie de lire du Maurra*
ou du Barrés !
André Gide, que M. Eckhoff a traduit en
norvégien d'ailleurs, est analysé avec cha-
leur et conviction. Cetie étude contribuer:»
A augmenter le nombre des innombrables ad-
mirateurs do Gide dans les p::\'o; Scandinaves,
mai? pourquoi ces termes voilés en parlant
de Corydon ? On dirait presque que ht. cen-
sure fonctionne à Oslo 1 Paul Valéry reçGit
la couronne, car il est pour M. EckhofI le
plus grand esprit, avec Bergson, dans la
France contemporaine. Voilà qui est heu-
reux; jusqu'ici la critique Scandinave rc
méfiait un peu de 1.1 jujésie de Vai--ry. L'étude
de M. Eckhoff annonce-t-pHc lin changement
dans i'opinion ou il est-eilo ou'un phénomène
isolé ?
EnJin, cet ouvrage est un guide excellent,
répétons-le. Et formons le voeu (¡U" M. Eck-
hoff se consacre aussi à la jeune littérature
française, vt surtout, qu'il réussisse ii con-
vaincre les éditeurs norvégiens de !'eu/*-
tenee d'une jeune, littérature f¡:lIlI:be. Ils
semblent l'ignorer. Victor Viiule.
En Ukraine.
I.a P'vue I.a Vin rt la néirilulion vi pn-
blior prochainement une «< Bibliographie c«»m-
(le-, g. i
plèlo des livres éirangers traduits en ukr.ii-
nien >̃. par M. M. Mi-gouko et Yacaak.
La Dwu. Edition d'Elat d t'kraine, va
nflirv on v-Mil-1 Tanniut des nouvelles de Do>-
wilnyj, La en rsiar/jins. de Kliwylowv;.
La 1 ir: d'un Tartare, de O:;I"p Wychnia/ ï'crcr-'
de a('unHa. de Podzaianskyj.
- Lu û" Congrès des Littérateurs ukrainiens,
groupés ;jii .sein d-- l'Association l'ioug (L.i
Charrue:, vient de s'ouvrir à Kharkoff.
- Li- Rcve, de l'écrivain Kolziubinjky; vient
d'être Iraduil en rJ'<'héeo.->lovaquii\
Les Kdiiions Knyhospilka viennent de pu-
blier La 1 /̃. do M'. Pidmohylnyj: Cent Jour*
('II. nnc heme. de K. Kotko: La Terre nonne, d-
M. Iwlelienke.
-- WufKn, Cenlrjle rinénKifOffraphiquo
d'Ukraine, va tourner Lr* Ail,:,.. du ¡,¡l'n', nu
documentaire sur la propag' ande sciontiliquj
dans h;.:i villages. Lan vue Desbixe.
A Wiesbaden.
M. Fi'U'drieii Ei-c-nluin- apparti-jiu à ces in-
tellectuels allemand» (lui. dans le Paris
d'avant-guerre avaient trouvé, je ne dis pas
leur sce'jiide, mais leur uniquo pairie. Lalin
pas son u^eendanee maternelle. Allemand au
fUIlIl rI, l'âme. d-'Ut: «l'un talent u'observ--
lion peu commun, il s'est fait le cîivonlquo-ur «i1
Fa pre.piv v:e • orai^e-iM.-. j-fon rêe!!'. l):is q1,:-
.in :-' < -
st'i'uc Mt-lz 'f.o l'.lei. de verre', l'orme : pen-
dant aux îiv» os de MM. Frank, Latzku, v.
I.'nruh.^ArnoJil Zweig, v. d. Vring, Roth, aire
cris de rage de tome nue génération sacrifiée
Ct
parerait à MM. liuh.'Mïiel. IJorgeBarbuss
Girard, c..-yjn t. il finirait par découvrir dans
cet ouvr.tge i'inl':Uenee souveraine de. Bey!'
<'Vsi à Stendhal (pic M. Eisenlohr viei ;
d'emprunter 1" sujet d'une pièe lionmit-
ti-nehe lkisc ,'y,,';¡g Bornantique'. repi"-
semée ;1\" t..: grand succès au Stautstbouter do
Wiesbaden. Elle s'inspire d'un marivaudage
à dénouement tratrique. Barboy d'Aurevilly ;,
tiré de ce >ujet le magistral ljonheue dait*
k Crihtr. M. l'iseiilobr 'I?t donné bit-n
de la peine p->ur approfondir la pSydl".
'ogie factice d'une œuvre manquée. Il a.
tiansrwii-ié parmi n-ms l'action qui, dans
lit, aux protesta-
tions de noue raison offensée. Le public u' :.
pas compris Ja sattre du romantisme qui se
cache sous les dehors d'un mélodrame popu-
laire. A bon s'Uis-entc-ndenr. salut! T'ne sal ••
en délits a admiré le savoir-faire théâtral du
dramaturge ; e;ie a chaudement appiaudi Mme
Ferrât, actrice charmante rL tendre, aux al -
cents liaTiaues inoubliables. Yoiià qui est.
juste. Mais les spectateurs ont étendu fi l'en-
semble d'S acteurs, fort niédiof,"e, leur • -
lliousi.'isme. Ces», regret table, lis ont pr -
au sérieux une affabulation mal convenue (":
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