Titre : Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques : hebdomadaire d'information, de critique et de bibliographie / direction : Jacques Guenne et Maurice Martin du Gard
Éditeur : Larousse (Paris)
Date d'édition : 1927-02-12
Contributeur : Guenne, Jacques (1896-1945). Directeur de publication
Contributeur : Martin Du Gard, Maurice (1896-1970). Directeur de publication
Contributeur : Gillon, André (1880-1969). Directeur de publication
Contributeur : Charles, Gilbert (18..-19.. ; poète). Directeur de publication
Contributeur : Lefèvre, Frédéric (1889-1949). Directeur de publication
Contributeur : Charensol, Georges (1899-1995). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328268096
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 février 1927 12 février 1927
Description : 1927/02/12 (A6,N226). 1927/02/12 (A6,N226).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64504087
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-Z-133
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/10/2013
LES NOUVELLES LITTÉRAIRES
ARTISTIQUES ET SCIENTIFIQUES
AnHJ!! M t
HEBDOMADAIRE D'INFORMATION, JE CRITIQUE ET DE BIBLIOGRAPHIE
., - -
DIRECTEURS-FONDATEURS : Jacques GUENNE et Maurice MARTIN DU GARD
SJM:0112 FEVRIER 1927
Sixième Année. - No 226
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Uieoue Postai n. 193-83; farn-
Louis Gillet, Péguy
et Saint François d'Assise
-– «taww w w
.l .i; :..»j<'iirs connu Louis Gillet sous je
tJdrn',' île l'esprit fianciseain. Ce n'est
rni.M d'i!iox qu'il a écrit retto magnifique
»:ut" .-ur l'art religieux en Europe du
s ; ,(II xvu" siècle ; i'nistoirc artistique
W' Qrdrt'S mendiants. Et au temps où
;I"'! éiions ensemble à l'école, je nie rap-
1't"¡.. avec quoi enthousiasme il me parlait
,jt> -a ut François. Dès qu'il avait quel-
que' jours df liberté, il s'en allait vers
i'I'.i'io et ne manquait jamais de réser-
ver dnns son itinéraire une visite à quel-
qu t':' dr- endroits où le saint avait passé.
Apres bientôt trente ans. nu printemps de
î'm inoo dernière. i! a voulu refaire tous
,-^s pèlerinages aux sanctuaires du Petit,
rouvre, et, je puis bien le dire, aux sane-
îusires de sa jeunesse. C'est tout ce passé-
la. l'es rêveries d'aujourd'hui et d'hier,
('t'::" amitié fidèle, cette longue tendresse,
;ju '̃ m retrouvera tout vive dans ces pages
:::cp;rE', Sur les pus d,7 saint François
'.-.,i,', qui ne sou? pa.r le moins du
ajvi'de une biograpnie impersonnelle,
mais ie journal des émotions que fait
eiwore jaillir dan?, un m-ur de notre
temps l'existence extraordinaire d'un
iioaiiop qui vivait il y n juste sept cents
f.-.
t a jour. r;.con:t'nt /<•>• fiur-ni, livre
MiU-tée. qui était taquin, se mit à éprou-
\:1 ie freiv Semphique et à lui répéter
pi i ::< ; Pouiquoi toi? Oui, expli-
quv-moi pourquoi lu ab ie monde A tes
îrausscs ?. l u n'est pas beau, tu ne sais
i i--::. i;V.- pas nobie. Alors, pourquoi
: ".:-q:¡,'i '1 F.t jr:>i, je rue demande à
'.:! 1'!J :-Ill!l,i Loui = Gillet. ai
..̃>- de notre uiinimmo jeunesse, s'atta-
.•aait-i: ai:.-i à saint Français piutOt qu'à
s i ; i: i.oai- n :.r cx« innle..:»il devait être.
j.ius tard.•' ,,-,j at prt-f été de Péyny ?
.i'v v>is bien uni: raison louîe simple.
0:. -c ntsso tre-s \i.e d1- plus beau pavage
m 'i ne lVïapli? j*;* d u:;- présence hu-
::..,::, Ave;• sain* François, on ~st sûr
,.:, ;.¡!J:;':I_ se l'aligner de b. nature oni-
; , ̃. un n epaise pas la poésie, J'hé-
ti ia saJ.'iîele dont ces lieux ffar-
iier:t ie secret. Quand il it, ir-tir,
fi'àct ne savait pas tr^s bien fi c'était
i nonneur dô 1 Italie ou pcir l'hon-
.1::,.[ de saint François. C'étau: !)()ur 'es
iisr«ix a i;; fois, c'était profond Ornent pour
jru-;J;c:me : pour satisfaire son goùt de la
freina j.t.aiieulL et. de la beauté mystique,
ileur da ces collines d'Ombrie.
Il ç avait en('ú:" autre eberse. Je me re-
porte en pensée à trente ans en arrière,
dans b-s couloirs de l'éc^e. 'I je nous
't je Jtous
'-OIS tous, en Le temps-la, , us nos arca-
\:':..; piiilossopùiques. préoccupés d'jdées so-
t-luic-5 et de reformer l'univers. Les uns
) muaient pouj le marxiijne, les autres pour
je sojalis-rrip chrétIen. lpJ que .'avait dé-
.ii Léon Mil da.ii!? sa fameuse encycli-
que Mais Louis Gille!. dès ce temps-là,
< ;'e.-:prit Je .tkviis po-Mficien, le moins
bvstéinatjque quf je cooinaissé. Il demeu-
rait imp.rméa.^e aux théories de XaM
,/:"rx. dont Péguy Miui. lui non pln,
•. » t c< : t pas un brillant économiste, mais
•ri, s en donna.it alors les allures) était le
",'aIlpi(Jn parmi rwu, Le Sillon de Marc
Sangnier qui représentait, dans ces jours
lirjù L.oint.anis, jt-s tendances S,)ja.;c de ja
dnJéSSI' oaiholique. ne l'attirait pas da-
"m :.¡e. car les idee-s l'iidéressaient seu-
lement lorsqu'elies prenaient la forme de
ia poésie ut de i art. Le socialisme de saint
François, si l'on peut employer ce mot,
{fi .sa i: oearoup mienx sem affaire. Ja-
inais il n'a pu lire ni moi non plus,
of J.;":pucQ - cette atroce littérature éco-
noriiiro-soeiale, si iI;cc-rta.inf' et si pédante,
tio-ii beaucoup de nos Ccimarade? se réga-
laient à l'école..Mais il comprenait très
].;;:.ft Jt' roman de saint François et de la
";i¡j,:' Pauvreté : il comprenait trè9 bien
"t': nrnour cnewilerc-sque d'une âme for
irée par la poé.-;.e courtoise, cette alliance
mystique qui t'r, exactement l'opposé du
socialisme moderne. Le socialisme mo-
'¡"me a ia pauvreté en horreur ; il rêve
«ie ia vol: disparaître et d'établir à sa
Jdace la médiocrité unjverseHe. Saint
François v> it tout le contraire. Son idéal,
;'L lui, ce t; ,.;;: V'::' une société où les hom-
LI'!,=- se p;:'L;;,'r:.LJPLÎ avec une «équité rnes-
'fUirie ;ui • ables biens ce la terre.
wair. im e*;.- spirituel où ils renonce-
iàien' • n ;.'zrl Les 'riches ne sont pas
rij°! - L' i.idi ne leur est. pas fermé.
, 11 ;,' ';.' ::e j-r* l'armthèrnc. On leur
it 5.rp" '.!, nt : soyez nôtres. En vous
'rnê::. ,:,: vr- rji'hesses. vous attein-
irez le : a.- j" >•.
ie {'':' - ,:,-!¡P conception-là qu'esi arrivé
J':',!!:J, , ̃̃ma so ~-\ Je remai-que, entre paren-
hse:" 'J j il j.. s'est jamais intéressé à
lT-;nçL'l.s. 1> n'était pas un saint, de
.aus. K Péguy, même au Paradis,
testai Origan: R "Et puis il n'avait paS'
tte qui VJ i ci i t la rrwcle,, et les esthètes
(1. aierlt iait do vûnt François une aimable
îrtvir ; p. ir li:.:':'; anglaises éprises de
3-lfc :i/i Ji savait f ic-n que le pauvre d'As-
,:y' ,,1 r lout ¡l.'t' : chose que cette figure
.,du ";:, et ci d 4i se présentait dans la
jfc-a. ; r :?c une rudesse qui touchait à
j'exi ras avance. Mais cette rudesse i.on
plus n'était pas i!r. son goût. Entre ces
Mintîr iie parle dt "aint François et de
Pl'ny, j. y ,1 un p.' £ i.' >nd désaccord. Sans
dou'" e!1-" !,-u,• esv ,'o::imiinc ït tous les
doux, i'ifhe qu»1 la pauvreté est la vraie
nobl?sdu 'J¡JOCH?, qa. lie est elie-rnême
1,'il vertu. In vertu par ncellence, et que
fl'Hie. nrnn 'l'une fontaine enchantée,
:(¡nnt ̃ >u t es ios aut'-e^. Mais dans la
i'^vret- de saint François il y a, je ne
Voudrai.' :-Jt. 'Ii ri' queinue chose d'ostenta-
t"ilre, m-is enfin une certaine mise en
s'-éae, u;.e r-^riame ̃ rnaîisation, qui
pétait pa" o.«j-éabi-'î ; ! '.:. 'ï":.. Pour celui-
'i, C-tre pauvre c était h-.. ̃̃̃ ^ip plus sini-
iir,, £ Il ne iii i î\ a j iuna' ̃ irlé, mais je
•! entends très bien rrie dire -.entre lui et,
? a:nt, France il v avait c-̃'< lmérence :
«'lue lui, Péçfiu-, "était et que
va;nt François fta.t. né - r: i-ï étajt
,tt:lvt:nu paavie. qu'il l i it PQU-
''re (ce qui, déjà, n'c;t q;,s , mal 1)
ïnai" enfin qu il n'élai' pte ',\r.:, Diffé-
rence < 5?.entWF\ qui c i :i\ïirte chez he
nouveau, pauvre, chez le p.oj-vre parvenu,
Un (":rtlin roanq"J' do nati. i*'!, r,n t "n,{'!
G en. faire plus, l' "n !Air!} ::.riJ'1b- d'c-A '¡..
viettre, un remords, une craixiLe de n'être
jamais un vrai pauvre, très visible chez
saint François (il l'avoue quelque pa.rt)
et qu'on no trouve aucunement chez Pé-
guy-
Mais j'en reviens à Lôuis GjJIet. On ne
sait qu'admirer le plus dans son ouvrage,
le récit de ses .promenades et les paysa-
ges de l'Ombrie, ou son portrait du saint
qui n'est nulle part, mais qui se dessine
partout, mystérieusement, par- éciaircic-9,
dans les -villes et. les hameaux, dans la
solitude deà sommets, le chaos des rochers
et jusque dam, les; nuages du ciel. Je
connais peu d'écrivains qui disposent des
formes et des mots -avec plus de maîtrise
que lui. Dans le monde fantastique du
langage, qui est peinture, poésie, musi-
que et idées claires, il se meut avec une
liberté que je lui ai toujours enviée. Et
cette f-is, on peut vraiment dire qu'il a
mis tous les trésors de notre langu-e aux
pieds de la sainte pauvreté.
Jérôme et Jean THARAUD.
-\WMVW- ̃ --
A L'ACADEMIE FRANÇAISE
|tf. Maurice Donnay
reçoit le due de la force
OZ]*
.*'ctinre tn'-.s traditionnellr, jeudi, sons
In COllf/ok : un auteur dramatique des
plus parisiens recevait un. représentant
tôt peu- respect pour son nom et pour la
tradition qu'il représente que pour l'im-
portance de son omvre d'historien qui
it'cbt cependant pas ncyligeablp.
tfone, it'fli, il. le dti>' /1,' Lu boree pro-
ii'oica devant les Quarante l'éloge de son
prédécesseur, le comte d'Haiissoninllc qui
fut comme lui un noble uentilhomme et un
h t a- t ori en d istinguê.
De la réponse de M. Maurice Donnay
nous ne dirons rien, finon qu'elle était
atian charmante, aussi fine, aussi spiri-
tuelle qu'on pouvait l'attendre de l'auteur
(l'Education de Prince qui excelle, on le
sait, Ú animer de sa verve légère les sujets
le g plus ingrats,..
A Fariis
-el aïïllleujrosgotoe
DOMAINE PUBLIC
Que cette expression est belle ! qu'elle
est saisissante ! Elle me ravit par sa pré-
cision et en même temps ce je ne sais quoi
d'immense qu'elle a, cette phosphores-
cence, si je puis dire, qui permet de lui
supposer toutes les dimensions. Domaine,
c'est déjà vaste. Mais si vous y ajoutez le
mot public, ne s,entez-vous pas que la chose
devient sans limites ?. Le « domaine pu-
blic » égale l'infini.
Cela signifie que les auteurs ne sont
rien et ne doivent jamais rien être; que ce
qu'ils écrivent appartient à tous à peine
l'encre séchée. Leut œuvre est faite pour
nous, et nous ne leur devons rien en
échange, que des compliments, si elle nous
a plu. Et encore! Les poètes sont nés pour
mourir à l'hôpital et les prosateurs dans
quelque autre sinécure un peu moins mal
rétribuée. Mais il est bien entendu que
c'est à titre d'indigents que ces faveurs
leur sont accordées. Ea tant qu"écrivains,
ils n'ont droit A rien du tout. Hommes pu-
blics, ils travaillent pour le domaine public, 1
et c'est par une sorte de tolérance inex-
plicable que (notez-le bien, pendant une
très courte période historique), on les
laisse profiter de leur vivant du fruit de
ce travaiiL Maiis, cinquante ans après, ce
scandale cesse et le cours naturel des cho-
ses reprend, qui exige que toute œuvre
devienne anonyme aussitôt qu'elle plaît
aux homes -et qu'elle dure.
Sur mille fidèles qm entrent dans la
cathédrale de Paris, lequel en nommerait
l'archiitecte? J'ai connu quelqu'un et qui
n'était point bête qui confondait dans
ses souvenirs les romans d'Alexandre Du-
mas, les contes de Voltaire et les nouvel-
les de Maupassant. Et quand on essayait
de lui expliquer les nuances qui séparaient
ces trois auteurs, il haussait, les épaules,
comme devant une subtilité par trop byzan-
tine. Il avait resprit du z public), et il se
promenait dans son « domaine », en cueil-
lant ici ou là tel ou tel livre. J'ai ri long-
temps de son ignorance. Mais, aujourd'hui,
ma foi! je n'ai plus du tout*envie de rire.
L'immémoriale coutume humaine lui donne
raison. La propriété littéraire est comme
une oasis. précaire, illogique et minuscule,
au milieu du désert du domaine public.
C'est une loi dure, mois c'est la loi.
Francis de MIOMANDRE.
A A A
Vidor tluo. et Courte me
jeux il est de bon
Si dans certains milieux il est de bon
ton de rabaisser Victor Hugo. ie grand ro-
mantique garde: cependant nombre d'admi-
rateurs passionnés. Georges Courteline est
de ceux-là. C'est ainsi que se trouvant à la
Comédie-F rançaise le soir de la reprise des
Trouvailles de Gallus il fut abordé par un
quidam qui commença à faire le procès de
la, pièce :
Comme c'est vieux, tout cela !
Courteline fronça légèrement le sourcil.
On aurait mieux fait, maître, de re-
fwendre quelque chose de vous. continua
le critique.
Alors ce fut une érosion :
Vdisant cela. Eh bien, sachez-le, vous êtes
un imbécile.
la fuite à la deuxième page,
Le plaisir de vivre
et les nouveautés de M. Eugène Marsan
–- fausse@
« Vitre qui ne vient pas souvent à Paris
ne sera jamais complètement élégant. a Est-
ce toujours vrai, pour ce qui est de l'élégance
du costume ? Balzac écrirait-il encore cette
phrasc-là ? Sous avons toujours la ressource
de lire Eugène Marsan 1 Il est notre Balzac ;
celui du Traité do la vie élégante, cr, à Dieu
ne plaise qu'U se jette, corps et (ime, dans une
nouvelle Comédie humaine. Son style, d'aburtl,
l'en empêche: U est brillant, mais tendu, avi-
de d'eliipses, féru d'un naturel qui ne doit
rien a celui du Neveu de Rameau • NZ phrase,
souvent, s'arrête en chemin, rue dans dea
brancards d'aluminium, saute dans une étoile
pour y chercher un verbe, l'oublie, 7,'Ûe,Ce,!là,'
crépit f, disparait : <>.•;/ d'un effet 'r,s joli,
hirv rj't'itv peu faligurit Mais ht n ': Mnrran
1
est incomparable, c'est lorsqu'il nous recom-
mande une damr, un. sentiment, un chapeau,
un cigare, ou les quatre du même coup.
H justifie ses choix en termes mesurés. on
peut se fier c lui ; parmi nos contemporains,
il est le mieux it formé de tout ce qui tvu.
che au plaisir de vivre. M. Paul Bourget
nous l'assure, notamment, ton" an long d'une
vrétace Quï¿ a mise à ses eannrs, si j'ose
dire, aux cannes de M Paul Bourget et au
bon choix de Pliilinte, un petit manuel que
Marsan publia il y a quelques années; indis-
pensable aux délicats, on le devine, et suivi
de portraits en référence, de. Barrés à Moréas
en passant par le roi d'Espagne.
Balzac ne lut pas un dandy dés son arrivée à
Paris. En quoi il se sépare de M. Marsan qui,
nous venant d'Espagne, d'Italie et de la rTO,
vence par son père, savait déjà s tiabillcr à cinq
ans. Lamartine a laissé un portrait de Balzac
qui montre celui-ci à ses débuts chez Sophie
Gay : Il Il portait un costume qui JUT/IU avec
toute élégance, habit étriqué sur un corps co-
lossal-, gilet débraillé, linge de gros chanvre,
bas bleus, souliers qui creusaient le tapis, etc. «
Quelle métamorphose, bientôt ! Tin de ses édi-
teurs le verra peu de temps après en habit
bleu barbeau à boutons d'or ciselés, panta-
Ion voir (Í. sous-pieds, bas de noie, gants
beurre frais, chapeau en ca * r-. Il porte
sa. fameuse canne, dont la pomme, sertie
de pierreries, contenait des cheveux de
ses belles. Il songe à écrite un Traité de la vie
éiégante, une Théorie d" la démarche. Médusée
par un tel appareil. Mine de Girardin ne voulut
point manquer fte foire un charmant ouvrage
sur la Cannn de M. de Balzac:, Comme iV. Paul
Bourget en possède d'admirables, M. Marsan
en fit le titre et le principal objet d'un vo-
lume. Aujourd'hui, il vulgarise. Ce n'est
plus dans vu livre à tirage restreint, il-
lustré, doublement, triplement précieux,
qu'il apporte ses nobles soins à nous montrer
le meilleur emploi de notre séjour ici-bas. Non
qu'il veuille faire notre salut ! R y est assez
peu question de la vie intérieure. Pourtant, ne
nous laissons pas prendre rt cet air de frivvtUé
qui sourit à travers les pages de Savoir vivre
en France que nous avons reçu ces dernières
semaines. Leflo lois de civilité qtiC Marsan nous
impose là le plus gimlimeiU fl.ii monde ne sont
point si vaines et ne donnent pas qu'un cjuirme
à l'existence: elles engagent la civilisation à
leur manière, car les lois, les usages -< protè-
gent la, (wb/ale. tiennent en bride la sottise
et la méchanceté ».
Revenons encore à ÛaJLsac, toujours prêt à
| Jouptir à. Marsan itriè fthiXe d'epigraphes ;
l ? i>é"cjuiifc, if r-fekîtïGn l-e.itt"!p,.pcr-
Tmr, l'homme élégant s'habille », c'est classi.
que. * Tout ce qui vise à l'effel est de mav-
vais goût comme tout ce qui est tumultueux
Et celle-là, qui met - l'accent sur les ambitions
de Marsan « La toilette est tour à tour une
science, un art, une hallitude, un sentiment. »
Savoir vivre en France, dont une grande
partie a déjà fait les délices des lecteurs de
l'Art Vivant, n'est pas écrit seulement en vue
de recevoir t'audience des nouveaux riches ;
il est aussi destiné aux anciens et à ces demi-
riches de l'après-guerre, Il convient à tous
ceux qui s'abandonnent et glissent dans une
muflerie plus ou moins inconsciente. Marsan
nous rappelle à l'ordre. Nous ne savions plus
nous pa-rlci, ni nous écrire, ni recevoir, ni
manger, ni boire ; nous avions oublié d'être
poils entre indifférents, comme entre amis et
entre amants. Renouons avec une tradition
qui ne poursuit, celle-là, que le bonheur des
humlllcs, Au demeurant, c'est si facile. Quant
aux petits tableaux où il nous dépeint ces
personnages aux lignes si. nettes, aux gestes
si simples, au roe7ir délicat, et qu'il ne tient
qu'à nous d'imiter ; ils sont tout à fait ravis-
sants.
Instruit par Marsan et digne enfin de 'le
suivre, ayant lu, après Savoir vivre, son petit
Eloge de la Paresse qui est plutôt l'éloge d'un
loisir nourri de méditations et de ces rêves
sans lesq-uels il n'est rien de fécond, gagnons
les Chambres du Plaisir. Nous avions dëjà lu
les Passantes, portraits et poèmes où la tem-
me. prend des poses évidemment charmantes
notis ufTfëaard aût se souvtent. C'en éàt-t-he
suite heureuse. Quand slarfètera4-il ? Oh !
ce n'est pas que nous ayons le moindre sujet
de nous en plaindre ! Ce panorama ne maiu
que point d'agrément ni de pittoresque. Voilà
un livre, par exemple, qui n'est point fdit
pour les impatients ni pour les. amateurs de
parfums. Que de dames, que de nudités, mais
toutes froides, du moins devant nous. On ne
peut toucher que des yeux. M. Marsan s'ap-
plique à faire jaillir des fées de sa mémoire.
Il mêle à. ce jeu beaucoup de tendresse et de
désespoir. Et ce désespoir est bien cOmpTé.
hensible, car on ne peut que souffrir de la
brutalité qui est aujourd'hui commune à
Vexercicc du sentiment et à la pratique de la
vie de société. M. Marsan s'emploie noblement
à redonner à l'un et à Vautre sa douéeur et
son prestige avec toutes ses nuances propre-
ment françaises.
MAURICE MARTIN DU GARD.
i
PHILOSOPHIE ET SOCIOLOGIE MÊLÊES
Une heure avec Lévy Brubl
par Frédéric LEFEVRE
tttt"**"*""*"
La grande conscience de Fustel de Coulanges. Kant et BoutrDux.
lin chef de gare Itttré. Où je remplace le Burdeau-Bou-
teiller tits U Déracinés Dans l'appartement d'Auguste
Comte. La malle mystérieuse : ma précieuse découverte.
Ce que je uois à M. CAr vannes, le grand sinologue. :. Hom-
mage à Durhheim, « Sir James Frazer et, le H Rameau
d'Or Les deux méthodes. La mentalité primttivir.
Les blancs et leur prétendue supériorité.
------. 1
M. L. Lévy-Bruhl, membre do l'Institut,
professeur honoraire (il vient juste de
prendre sa retraite) ù Ja Sorbunne, ost
né à Paris, le 10 avril 1857.
J'ai fait mes études, nous dit-il, au
lycée Charlemagne, où j'eus d'excellents,
maîtres. J'eiltrai en 1870 à l'Ecole .Normale,
où j'eus comme camarades, dans ma-pro-
inotioti. Lanson et Salomon Reinach., danH
celle qui snivit, Tbamln, Henry Michel,
Camille Jullian et Rébelliau (qui dirige
aujourd'hui la fondation Thiers). dans
celle d'après, Jaurès, lîergsoa et Paul
Desjardins.
Jaurès,' qni nous émerveillait par son
savoir et son éloquence, ne Hllvnit. pas un-
eoi-n qu'il ferair. de la politique. Pourtant,
le jeudi après-midi, jour de sortie, il lni
arrivait d'aller entendre les orateurs de
la Chambre ou du Sénat et de nous faire
ensuite la critique de leurs discours.
ri Les deux professeurs de ces années
d'école dont. j'ai ganM lu meilleur souve-
nir sont Fustel de Cuulanges et Boutroux.
Ce dernier m'a donné un goût profond
et duuable pour l'histoire de !a pllilcso-
phie, et des idées.
l, « Je me souviens qu'en première année,
favais fais pour Fustel un travail sur
l'Arehontat d'Athènes qui ne devait, pas
être }>'(ln fameux. Aussi ie fus stupéfait,
miand Fustel me le rendit, de voir qu'il
l'avait examiné de très près, allant jus.
rnj'it corriger minutieusement mes réfé-
rences.,. '•
« Fustel de Coulantes m'a donné l'im-
pression d'un grand esprit rt d'un maître
admirable.
Ti me fil rhonnt'ui' de me t/('lWl nder, <;.j
je voulais entrer dans 111 section d'histoire, i
Après avoir hésité quelque temps, j'optai
pour la philosophie.
cc Boutroux venait d'arriver à l'Ecole
Normale. C'était en 1877. Il nous fit un
cours sur la philosophie de Kant qui ..jus
bouleveisa à ce point que nouj ne parlions
plus que de la Critique de la Raison Pure.
Au réfectoire. nous assommions nos ca-
marades des autres sections avec nos dis-
cuss; r:s philosophiques.
La suite à la quatrième page
ANDRE GIDE
et ses dernières œuvres
PAR LEON PIERRE-QUINT
M. André Gide est un des grands écri-
vains de notre littérature et .un des plus
notables moralistes de l'heure actuelle.
Cependant il a pris une place de fait
comme' en marp du monde des lettres
officielles ; isolé, lointain, il paraît à la
fois méconnu et glorieux. Cette sorte de
malentendu, -qui pèse certainement sur lui
et qui trompe l'opinion à son égard, est dû
autant à l'indifférence foncière du public
pour toute œuvre littéraire difficile qu'à 1 at-
titude hautaine d'un auteur de caractère
farouche et tellement complexe. A propos
de la publication de son tout premier
ouvrage, les Cahiers d'André Waltcr.
M. André Gide s'explique à ce sujet avec
une entière bonne foi : tout jeune et sans
expérience, il escomptait de ce livre, qu'il
avait fait tirer 1 un grand nombre d'exem-
plaires, le succès immédiat le plus étendu
« Le succès fut nul JI, '.woue-t-il. Sans doute
l'auteur en ressentit du dépit, mais dès
lors par « morosité naturelle », par ;c or-
gueil )', par besoin de dérouter, il prit
la pitioIl; de, l'artiste pur et résolument
ennëmî de toute concession au lecteur à
l'éditeur, à la renommée, à l'argent et
même & la sympathie du vulgaire. C'est
ce qui explique, entre autres exemples, les
tir âgés strictement limités de presque
tous ses livres : Ivants (conséquence, d'ail-
leurs, discutable). Mais ce-que M. Gide ne
nous dit pas, c'est que, s'il fut déterminé
par réaction, à déserter la lutte sur la
place publique, à la suite d'un échec et
par l'humeur trop sauvage de son caractère,
il n'a pu maintenir cette attitude au long
de sa carrière que parce qu'il a cru en
sa valeur au point de vue artistique, qu'il
a eu foi en l'art et qu'il a pense, comme
beaucoup d'écrivains de tous les temps,
et, en particulier de sa génération, comme
Valéry à cette époque, comme Louys (1),
comme Proust, qu'il n'est pas de grand
artiste qui ne se soit imposé pour son œu-
vre une dure discipline personnelle. _,
Sans'doute M. Gide a-t-il accusé encore,
presque gratuitement, ou avec une sorte de
malin plaisir, les difficultés de rapproche-
ment .entre le monde c-t lui. Ainsi, JUS
dit-il, je me suis forcé.. « aussitôt délivré
d'un livre,, de bondir à l'autre extrémité
de -moL-même. et d'écrire précisément le
moins capable de plaire aux lecteurs que
le précédent m'avait acquis Il,. Besoin in-'
dispensable et général chez, l'artiste de se
protéger contre l'indiscrétion des foules.
p m cm d 1 iles foule-,.
Proust se croyait.l'abri, en nterposant
entre les autres et lui une politesse exagé-
rée qui prenait l'épaisseur de murs. Gide
écrit : «, J'aime à n'être pas où l'on me
croit ; c'est aussi pour être où il me plaît
et que l'on m'y laisse tranquille. Il u. im-
porte avant tout de pouvoir penser libre-
inent, à). Les uns se cachent ; celui-ci s'en-
fuit. C'est aussi l'extrême multiplicité de
ses tendances qui amène André Gide à vou-
loir échappe.' à autrui comme à lui-même.
Il semble presque systématiquement
craindre tout. système : à chaque époque,
lé ptibîic a toujours manifesté, un <"Ou
très vif pour -les vastes monuments de
l'esprit, construits avec rigidité, ou chaque
idée est solidement cimentée à la suiYfintl.
i Malheureusement les' tremblements de
terre', périodiques ou les révolutions de la
pensée jettent régulièrement, à bas ces labo-
rieux échafaudagps sans que se lasse ja-
mais la patience des hommes. M. Gide n'a
jamais senti la nécessité, de coordonner
ilin.':H logiquement, les notions contraires et
mouvantes qui' l'habitent. Tempérament
avant tout religieux, le choc d.) deux idées
opposées ne le géne pas gravement : la
contradiction intellectuelle en lui ne devient
pas une" intolérable souffrance, un a tirés
que l'intelligence, pour se développer saine-
ment, a besoin de faire crever, C est pour-
tant te' cas de. la plupart, des hommes - :
l'homme, étant un animal do raison, ni-
comprend pas, lorsqu'il l'aperçoil, une pen
sée contradictoire. Chez Gide, au contraire,
ses propres idées ne forment pas sa per-
sonnalité profonde - il ne, leur '-3(; pas atta-
ché. Comme tout vrai mystique, il n'a pas
*
le sens de la propriété. Dans l'existcncc
quotidienne, aucun' bien ne semble- lui
appartenir personnollcmonl. : r: chercha le
dépouillement : ses inslaîlations sont piovi-
soires : partout il campe. De même. les
idées, qui lui paraissent une auM e forme d,
propriété, il les considère d'assez loin ; il
passe des unes aux autres ; c'cst qu'une
vérité pius importante et .d'une autre na-
(1) - F. La publication actuelle de son
i Journal »
1 Nos lecteurs auront le plaisir de
l lire la semaine prochaine des -- /,
| POEMES INEDIT, '!
I dé MADAME DE NOAILLES 1:
'1 et r
Il UNE HEURE AVEC..-
M. JACQUES COPEAU, !
par, FREDERIC LEFEVRE j
», ; y - 1
ture 1 occupe et 1 attire. Les satisfaction^
qu'apporte la possession des choses' Im-
médiates ne le contentent pas ; pas plu!'J
que les syllogismes, bien déduits, qui pro-
curent les plaisirs de sécurité de cet orcre.
C'est une joie plus-haute, une' joie abtfdlue,
équilibrée, que veut André Gide ; il recher-
che le sentiment de i éternité dans l'instanl
par la communion avec le divin.
Aussi nest-il pas un philosophe, mais uni
moral is le religieux. Philosophe, son systè-
me aurait peul-éfr? vieilli d'-jà. L'ondoie-
ment. d'- sa i/ons;., an contraire, est un des
secrets de -.a jpuftcsp'? et de son influence
prolongée sur des groupes restreints, -mais
divers, pendant plusieurs générations. La
plupart des romanciers français, Balzac,
Flaubert, Stendhal, et les grandes œuvrès
d'imagination française se placent hors du
problèm» d'» Dieu Les pe^onna^es s» ba-
nmt. avec leurs passions, dans la société.
Il semble que pour eux la question de Dieu
'"oit résolue : ou bien la religion est admise
par eux et pratiquée docilement, ou elle
est écartée définitivement et n'apparaît ja-
mais. Le cas est très net chez Proust, où
Dieu est complètement absent. Et sans
doute cette absence correspond-elle à une
absence de préoccupations religieuses chez
la majorité des lecteurs, qui peuvent néan-
moins être des croyants, mais des croyants
A d C i l d
rassurés. André Gide, au contraire, ouvre
dans son œuvre tout le mvstère effrayant
des. espaces infinis. Le problème mélaphv-
sique entre avec lui dans la vie de tous les
jours. Les questions morales que rencon-
trent ses personnages, c'est en fonction
de Dieu, et jamais en fonction de la société,
que ceux-ci cherchent à les résoudre. Lu
débat est essentiellement entre l'individu-et,
l'éternité : ils sont constamment et cirec-
icment face A face, l'auteur inclinant, dans
certains de ses livres, à donner toute l'im-
portance à l'individu, par réaction contre
une orthodoxie reliaieuse mal - interprétée :.
dans d'autres livres, au contraiie, l'in-
dividu faisant le sacrifice de lui-même :j;', ["
atteindre une félicité hors du temps ; eh-in,
dans ses derniers ouvrages, le héros 're-
cherchant un équilibre qui ne se déroberait
plus. L'œuvre de Gide touche donc, avant
tout, l'àme inquiète, et. d'abord les jeiffies
gens, l'adolescence étant par excellence
l'âge «le l'inquiétude, où se posent dans leur
magnifique ampleur les grandes inter-
rogations et ou, par contre, les questions
sociales ne paraissent que de pelles de-
vinettes mesquines. L'adolescent, tout au
moins celui qui n'est pas dénué de tonte vie
intérieure, pense à sa situation sur la
terre et non pas à la situation d'avenir
dans la société que prépare pour lui sa. fa-
mille. A peine né à la vie, il est tout près
de l'idée de la mort ; ne possédant rien, il
se jette au cceur de la douleur : ou n'ambi-
tionnant, que la joie pure,. il ignore les
concessions au relativisme qu enseigne
l'expérience ; il est sans masque ;. ii est ne- ;
c'est, presque un monstre brutal dans un
milieu de politesse générale. Mais il reste
heureusemL-nt pendant cette dangereuse
période sous la tutelle des sages ascen-
dants ; le jour où on l'émancipé, i: est, d'or-
dinaire, conforme au modèle voulu ; il n'est
plus. Réciproquement, c'est l'adolescent
que Gide :L souvent choisi comme IIlodi'1.
dans ses livres ; il a mis en scène des jau-
Des gen. des collégiens, dos enfants mê-
me, parce que ce sont les êtres tourmentés
justement avec le plus de sincérité, 'ie
spontanéité.
1 Ainsi s'est creusé l'espèce de fossé qui
sépare l'oeuvre de Gide de tout un gi'and.
public. Elle est à l'opposé d'un rationa-
lisme traditionnel. Or, ces temps derniers,
Gide semble s'être plu à pOl!S(', son atti-
tude A l'extrême, si loin, qu'elle, peut scm.
bler, au premier moment, nettement pro-
vocant-e, C'est, d'abord qu'il est resté d'une
étonnante jeunesse : rot esprit, qui s'est -
formé au siècle dernier, eu plein symbo-
nsrne, a rejoint les écoles les plus avan-
cées, on les précédant., parfois, par la
création de {ci: étonnant personnage qu'est
Lafcadio.
On nous parle aujourd'hui sur tous les
tons de l'abîme créé par la guerre entre les
générations. Gide semble les avoir traver-
sées sans trop de mal. Pdindes et té.* Careg
du. Vatican, datés .avant 1914, n'ont' pas
vieilli : ce sont. des livres présents pour les
jeunes gens d'aujourd'hui. Depuis la.
guerre, l'activité intel 1-ect-uelle de M. Gide
sen.ble s'intenr-ifier. Il revient d'une expé-
dition an. Congo, voyage qui l'a amené à
s'intéresser à tout un domaine d'idées
nouvelles. Les Faux Movnayeurs, du point. 1
de vue moral, étudient la crise de puberfA
chez l'enfant, et, du point de vue artisti-
que, évoquent, tout.' la «question du roman.
N'oais manquons encore de recul pouir ju-
ger rie l'importance de cette vaste fresque ;
Vorydoll, composé antérieurement, mais
publié récemment, dialogue sous forme di-
dactique certainement très inférieur aux
autres ouvrages du même auteur, pose
gravement, les questions restées jusqu'alors
J,os plus secrètes. Avec Si le grain ne
meurt, qui vient de paraître, André Gide
n'hésite pas à choquer brutalement l'es-
prit. public acTtieL L'auteur cependant se
rend compte très nettement du caractère
extraoj Jinairement osé de son livre. 11
pense /ïire en avance de quelques dizaines
l'années sur l't -t présent de r ophion"
Le ()("s;vci'<(Tf'.u j-oivnl'hui loi semble
provisoire.
Le premier devoir de ia critique est d'es-
sayer de comprendre ce qu'est ce désac-
cord. Tâche difficile devant la vivacité
des réaction que provoque, dans un mi-
lieu très limité d'ailleurs, un ouvrage ici
que Si. le grain ne '/neuri. Si cet ouvrage
apparaît, en ce moment, comme scanda-
leux, il est pourtant certain que le but de
1 auteur n'a r:I, été h poursuite. d'un
scandale. Le dédain de Gide rfour Les
grands succès, son horreur de la foule,
toute son altitude, telle que jt> viens de la
montrer, dévouée à l'art pur, nous obli-
gent. immédiatement, à écarter cette inter-
prétation. Mais Gide est si rnal-Cûnnu, qu'il
est nécessaire dp. faire ressortir ùèS vérités
qui semblent, d'évidence pour ceux qui
l'ont, pratique. Celle-ci est, d'ailleurs telle-
ment exacte que, quoique l'ouvrage soit
sorU enlouré d'une légende- de scandaJp,
il n'a pas atteint d'autres koteua*. que
ARTISTIQUES ET SCIENTIFIQUES
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SJM:0112 FEVRIER 1927
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Uieoue Postai n. 193-83; farn-
Louis Gillet, Péguy
et Saint François d'Assise
-– «taww w w
.l .i; :..»j<'iirs connu Louis Gillet sous je
tJdrn',' île l'esprit fianciseain. Ce n'est
rni.M d'i!iox qu'il a écrit retto magnifique
»:ut" .-ur l'art religieux en Europe du
s ; ,(II xvu" siècle ; i'nistoirc artistique
W' Qrdrt'S mendiants. Et au temps où
;I"'! éiions ensemble à l'école, je nie rap-
1't"¡.. avec quoi enthousiasme il me parlait
,jt> -a ut François. Dès qu'il avait quel-
que' jours df liberté, il s'en allait vers
i'I'.i'io et ne manquait jamais de réser-
ver dnns son itinéraire une visite à quel-
qu t':' dr- endroits où le saint avait passé.
Apres bientôt trente ans. nu printemps de
î'm inoo dernière. i! a voulu refaire tous
,-^s pèlerinages aux sanctuaires du Petit,
rouvre, et, je puis bien le dire, aux sane-
îusires de sa jeunesse. C'est tout ce passé-
la. l'es rêveries d'aujourd'hui et d'hier,
('t'::" amitié fidèle, cette longue tendresse,
;ju '̃ m retrouvera tout vive dans ces pages
:::cp;rE', Sur les pus d,7 saint François
'.-.,i,', qui ne sou? pa.r le moins du
ajvi'de une biograpnie impersonnelle,
mais ie journal des émotions que fait
eiwore jaillir dan?, un m-ur de notre
temps l'existence extraordinaire d'un
iioaiiop qui vivait il y n juste sept cents
f.-.
t a jour. r;.con:t'nt /<•>• fiur-ni, livre
MiU-tée. qui était taquin, se mit à éprou-
\:1 ie freiv Semphique et à lui répéter
pi i ::< ; Pouiquoi toi? Oui, expli-
quv-moi pourquoi lu ab ie monde A tes
îrausscs ?. l u n'est pas beau, tu ne sais
i i--::. i;V.- pas nobie. Alors, pourquoi
: ".:-q:¡,'i '1 F.t jr:>i, je rue demande à
'.:! 1'!J :-Ill!l,i Loui = Gillet. ai
..̃>- de notre uiinimmo jeunesse, s'atta-
.•aait-i: ai:.-i à saint Français piutOt qu'à
s i ; i: i.oai- n :.r cx« innle..:»il devait être.
j.ius tard.•' ,,-,j at prt-f été de Péyny ?
.i'v v>is bien uni: raison louîe simple.
0:. -c ntsso tre-s \i.e d1- plus beau pavage
m 'i ne lVïapli? j*;* d u:;- présence hu-
::..,::, Ave;• sain* François, on ~st sûr
,.:, ;.¡!J:;':I_ se l'aligner de b. nature oni-
; , ̃. un n epaise pas la poésie, J'hé-
ti ia saJ.'iîele dont ces lieux ffar-
iier:t ie secret. Quand il it, ir-tir,
fi'àct ne savait pas tr^s bien fi c'était
i nonneur dô 1 Italie ou pcir l'hon-
.1::,.[ de saint François. C'étau: !)()ur 'es
iisr«ix a i;; fois, c'était profond Ornent pour
jru-;J;c:me : pour satisfaire son goùt de la
freina j.t.aiieulL et. de la beauté mystique,
ileur da ces collines d'Ombrie.
Il ç avait en('ú:" autre eberse. Je me re-
porte en pensée à trente ans en arrière,
dans b-s couloirs de l'éc^e. 'I je nous
't je Jtous
'-OIS tous, en Le temps-la, , us nos arca-
\:':..; piiilossopùiques. préoccupés d'jdées so-
t-luic-5 et de reformer l'univers. Les uns
) muaient pouj le marxiijne, les autres pour
je sojalis-rrip chrétIen. lpJ que .'avait dé-
.ii Léon Mil da.ii!? sa fameuse encycli-
que Mais Louis Gille!. dès ce temps-là,
< ;'e.-:prit Je .tkviis po-Mficien, le moins
bvstéinatjque quf je cooinaissé. Il demeu-
rait imp.rméa.^e aux théories de XaM
,/:"rx. dont Péguy Miui. lui non pln,
•. » t c< : t pas un brillant économiste, mais
•ri, s en donna.it alors les allures) était le
",'aIlpi(Jn parmi rwu, Le Sillon de Marc
Sangnier qui représentait, dans ces jours
lirjù L.oint.anis, jt-s tendances S,)ja.;c de ja
dnJéSSI' oaiholique. ne l'attirait pas da-
"m :.¡e. car les idee-s l'iidéressaient seu-
lement lorsqu'elies prenaient la forme de
ia poésie ut de i art. Le socialisme de saint
François, si l'on peut employer ce mot,
{fi .sa i: oearoup mienx sem affaire. Ja-
inais il n'a pu lire ni moi non plus,
of J.;":pucQ - cette atroce littérature éco-
noriiiro-soeiale, si iI;cc-rta.inf' et si pédante,
tio-ii beaucoup de nos Ccimarade? se réga-
laient à l'école..Mais il comprenait très
].;;:.ft Jt' roman de saint François et de la
";i¡j,:' Pauvreté : il comprenait trè9 bien
"t': nrnour cnewilerc-sque d'une âme for
irée par la poé.-;.e courtoise, cette alliance
mystique qui t'r, exactement l'opposé du
socialisme moderne. Le socialisme mo-
'¡"me a ia pauvreté en horreur ; il rêve
«ie ia vol: disparaître et d'établir à sa
Jdace la médiocrité unjverseHe. Saint
François v> it tout le contraire. Son idéal,
;'L lui, ce t; ,.;;: V'::' une société où les hom-
LI'!,=- se p;:'L;;,'r:.LJPLÎ avec une «équité rnes-
'fUirie ;ui • ables biens ce la terre.
wair. im e*;.- spirituel où ils renonce-
iàien' • n ;.'zrl Les 'riches ne sont pas
rij°! - L' i.idi ne leur est. pas fermé.
, 11 ;,' ';.' ::e j-r* l'armthèrnc. On leur
it 5.rp" '.!, nt : soyez nôtres. En vous
'rnê::. ,:,: vr- rji'hesses. vous attein-
irez le : a.- j" >•.
ie {'':' - ,:,-!¡P conception-là qu'esi arrivé
J':',!!:J, , ̃̃
hse:" 'J j il j.. s'est jamais intéressé à
lT-;nçL'l.s. 1> n'était pas un saint, de
.aus. K Péguy, même au Paradis,
testai Origan: R "Et puis il n'avait paS'
tte qui VJ i ci i t la rrwcle,, et les esthètes
(1. aierlt iait do vûnt François une aimable
îrtvir ; p. ir li:.:':'; anglaises éprises de
3-lfc :i/i Ji savait f ic-n que le pauvre d'As-
,:y' ,,1 r lout ¡l.'t' : chose que cette figure
.,du ";:, et ci d 4i se présentait dans la
jfc-a. ; r :?c une rudesse qui touchait à
j'exi ras avance. Mais cette rudesse i.on
plus n'était pas i!r. son goût. Entre ces
Mintîr iie parle dt "aint François et de
Pl'ny, j. y ,1 un p.' £ i.' >nd désaccord. Sans
dou'" e!1-" !,-u,• esv ,'o::imiinc ït tous les
doux, i'ifhe qu»1 la pauvreté est la vraie
nobl?sdu 'J¡JOCH?, qa. lie est elie-rnême
1,'il vertu. In vertu par ncellence, et que
fl'Hie. nrnn 'l'une fontaine enchantée,
:(¡nnt ̃ >u t es ios aut'-e^. Mais dans la
i'^vret- de saint François il y a, je ne
Voudrai.' :-Jt. 'Ii ri' queinue chose d'ostenta-
t"ilre, m-is enfin une certaine mise en
s'-éae, u;.e r-^riame ̃ rnaîisation, qui
pétait pa" o.«j-éabi-'î ; ! '.:. 'ï":.. Pour celui-
'i, C-tre pauvre c était h-.. ̃̃̃ ^ip plus sini-
iir,, £ Il ne iii i î\ a j iuna' ̃ irlé, mais je
•! entends très bien rrie dire -.entre lui et,
? a:nt, France il v avait c-̃'< lmérence :
«'lue lui, Péçfiu-, "était et que
va;nt François fta.t. né - r: i-ï étajt
,tt:lvt:nu paavie. qu'il l i it PQU-
''re (ce qui, déjà, n'c;t q;,s , mal 1)
ïnai" enfin qu il n'élai' pte ',\r.:, Diffé-
rence < 5?.entWF\ qui c i :i\ïirte chez he
nouveau, pauvre, chez le p.oj-vre parvenu,
Un (":rtlin roanq"J' do nati. i*'!, r,n t "n,{'!
G en. faire plus, l' "n !Air!} ::.riJ'1b- d'c-A '¡..
viettre, un remords, une craixiLe de n'être
jamais un vrai pauvre, très visible chez
saint François (il l'avoue quelque pa.rt)
et qu'on no trouve aucunement chez Pé-
guy-
Mais j'en reviens à Lôuis GjJIet. On ne
sait qu'admirer le plus dans son ouvrage,
le récit de ses .promenades et les paysa-
ges de l'Ombrie, ou son portrait du saint
qui n'est nulle part, mais qui se dessine
partout, mystérieusement, par- éciaircic-9,
dans les -villes et. les hameaux, dans la
solitude deà sommets, le chaos des rochers
et jusque dam, les; nuages du ciel. Je
connais peu d'écrivains qui disposent des
formes et des mots -avec plus de maîtrise
que lui. Dans le monde fantastique du
langage, qui est peinture, poésie, musi-
que et idées claires, il se meut avec une
liberté que je lui ai toujours enviée. Et
cette f-is, on peut vraiment dire qu'il a
mis tous les trésors de notre langu-e aux
pieds de la sainte pauvreté.
Jérôme et Jean THARAUD.
-\WMVW- ̃ --
A L'ACADEMIE FRANÇAISE
|tf. Maurice Donnay
reçoit le due de la force
OZ]*
.*'ctinre tn'-.s traditionnellr, jeudi, sons
In COllf/ok : un auteur dramatique des
plus parisiens recevait un. représentant
tradition qu'il représente que pour l'im-
portance de son omvre d'historien qui
it'cbt cependant pas ncyligeablp.
tfone, it'fli, il. le dti>' /1,' Lu boree pro-
ii'oica devant les Quarante l'éloge de son
prédécesseur, le comte d'Haiissoninllc qui
fut comme lui un noble uentilhomme et un
h t a- t ori en d istinguê.
De la réponse de M. Maurice Donnay
nous ne dirons rien, finon qu'elle était
atian charmante, aussi fine, aussi spiri-
tuelle qu'on pouvait l'attendre de l'auteur
(l'Education de Prince qui excelle, on le
sait, Ú animer de sa verve légère les sujets
le g plus ingrats,..
A Fariis
-el aïïllleujrosgotoe
DOMAINE PUBLIC
Que cette expression est belle ! qu'elle
est saisissante ! Elle me ravit par sa pré-
cision et en même temps ce je ne sais quoi
d'immense qu'elle a, cette phosphores-
cence, si je puis dire, qui permet de lui
supposer toutes les dimensions. Domaine,
c'est déjà vaste. Mais si vous y ajoutez le
mot public, ne s,entez-vous pas que la chose
devient sans limites ?. Le « domaine pu-
blic » égale l'infini.
Cela signifie que les auteurs ne sont
rien et ne doivent jamais rien être; que ce
qu'ils écrivent appartient à tous à peine
l'encre séchée. Leut œuvre est faite pour
nous, et nous ne leur devons rien en
échange, que des compliments, si elle nous
a plu. Et encore! Les poètes sont nés pour
mourir à l'hôpital et les prosateurs dans
quelque autre sinécure un peu moins mal
rétribuée. Mais il est bien entendu que
c'est à titre d'indigents que ces faveurs
leur sont accordées. Ea tant qu"écrivains,
ils n'ont droit A rien du tout. Hommes pu-
blics, ils travaillent pour le domaine public, 1
et c'est par une sorte de tolérance inex-
plicable que (notez-le bien, pendant une
très courte période historique), on les
laisse profiter de leur vivant du fruit de
ce travaiiL Maiis, cinquante ans après, ce
scandale cesse et le cours naturel des cho-
ses reprend, qui exige que toute œuvre
devienne anonyme aussitôt qu'elle plaît
aux homes -et qu'elle dure.
Sur mille fidèles qm entrent dans la
cathédrale de Paris, lequel en nommerait
l'archiitecte? J'ai connu quelqu'un et qui
n'était point bête qui confondait dans
ses souvenirs les romans d'Alexandre Du-
mas, les contes de Voltaire et les nouvel-
les de Maupassant. Et quand on essayait
de lui expliquer les nuances qui séparaient
ces trois auteurs, il haussait, les épaules,
comme devant une subtilité par trop byzan-
tine. Il avait resprit du z public), et il se
promenait dans son « domaine », en cueil-
lant ici ou là tel ou tel livre. J'ai ri long-
temps de son ignorance. Mais, aujourd'hui,
ma foi! je n'ai plus du tout*envie de rire.
L'immémoriale coutume humaine lui donne
raison. La propriété littéraire est comme
une oasis. précaire, illogique et minuscule,
au milieu du désert du domaine public.
C'est une loi dure, mois c'est la loi.
Francis de MIOMANDRE.
A A A
Vidor tluo. et Courte me
jeux il est de bon
Si dans certains milieux il est de bon
ton de rabaisser Victor Hugo. ie grand ro-
mantique garde: cependant nombre d'admi-
rateurs passionnés. Georges Courteline est
de ceux-là. C'est ainsi que se trouvant à la
Comédie-F rançaise le soir de la reprise des
Trouvailles de Gallus il fut abordé par un
quidam qui commença à faire le procès de
la, pièce :
Comme c'est vieux, tout cela !
Courteline fronça légèrement le sourcil.
On aurait mieux fait, maître, de re-
fwendre quelque chose de vous. continua
le critique.
Alors ce fut une érosion :
V
un imbécile.
la fuite à la deuxième page,
Le plaisir de vivre
et les nouveautés de M. Eugène Marsan
–- fausse@
« Vitre qui ne vient pas souvent à Paris
ne sera jamais complètement élégant. a Est-
ce toujours vrai, pour ce qui est de l'élégance
du costume ? Balzac écrirait-il encore cette
phrasc-là ? Sous avons toujours la ressource
de lire Eugène Marsan 1 Il est notre Balzac ;
celui du Traité do la vie élégante, cr, à Dieu
ne plaise qu'U se jette, corps et (ime, dans une
nouvelle Comédie humaine. Son style, d'aburtl,
l'en empêche: U est brillant, mais tendu, avi-
de d'eliipses, féru d'un naturel qui ne doit
rien a celui du Neveu de Rameau • NZ phrase,
souvent, s'arrête en chemin, rue dans dea
brancards d'aluminium, saute dans une étoile
pour y chercher un verbe, l'oublie, 7,'Ûe,Ce,!là,'
crépit f, disparait : <>.•;/ d'un effet 'r,s joli,
hirv rj't'itv peu faligurit Mais ht n ': Mnrran
1
est incomparable, c'est lorsqu'il nous recom-
mande une damr, un. sentiment, un chapeau,
un cigare, ou les quatre du même coup.
H justifie ses choix en termes mesurés. on
peut se fier c lui ; parmi nos contemporains,
il est le mieux it formé de tout ce qui tvu.
che au plaisir de vivre. M. Paul Bourget
nous l'assure, notamment, ton" an long d'une
vrétace Quï¿ a mise à ses eannrs, si j'ose
dire, aux cannes de M Paul Bourget et au
bon choix de Pliilinte, un petit manuel que
Marsan publia il y a quelques années; indis-
pensable aux délicats, on le devine, et suivi
de portraits en référence, de. Barrés à Moréas
en passant par le roi d'Espagne.
Balzac ne lut pas un dandy dés son arrivée à
Paris. En quoi il se sépare de M. Marsan qui,
nous venant d'Espagne, d'Italie et de la rTO,
vence par son père, savait déjà s tiabillcr à cinq
ans. Lamartine a laissé un portrait de Balzac
qui montre celui-ci à ses débuts chez Sophie
Gay : Il Il portait un costume qui JUT/IU avec
toute élégance, habit étriqué sur un corps co-
lossal-, gilet débraillé, linge de gros chanvre,
bas bleus, souliers qui creusaient le tapis, etc. «
Quelle métamorphose, bientôt ! Tin de ses édi-
teurs le verra peu de temps après en habit
bleu barbeau à boutons d'or ciselés, panta-
Ion voir (Í. sous-pieds, bas de noie, gants
beurre frais, chapeau en ca * r-. Il porte
sa. fameuse canne, dont la pomme, sertie
de pierreries, contenait des cheveux de
ses belles. Il songe à écrite un Traité de la vie
éiégante, une Théorie d" la démarche. Médusée
par un tel appareil. Mine de Girardin ne voulut
point manquer fte foire un charmant ouvrage
sur la Cannn de M. de Balzac:, Comme iV. Paul
Bourget en possède d'admirables, M. Marsan
en fit le titre et le principal objet d'un vo-
lume. Aujourd'hui, il vulgarise. Ce n'est
plus dans vu livre à tirage restreint, il-
lustré, doublement, triplement précieux,
qu'il apporte ses nobles soins à nous montrer
le meilleur emploi de notre séjour ici-bas. Non
qu'il veuille faire notre salut ! R y est assez
peu question de la vie intérieure. Pourtant, ne
nous laissons pas prendre rt cet air de frivvtUé
qui sourit à travers les pages de Savoir vivre
en France que nous avons reçu ces dernières
semaines. Leflo lois de civilité qtiC Marsan nous
impose là le plus gimlimeiU fl.ii monde ne sont
point si vaines et ne donnent pas qu'un cjuirme
à l'existence: elles engagent la civilisation à
leur manière, car les lois, les usages -< protè-
gent la, (wb/ale. tiennent en bride la sottise
et la méchanceté ».
Revenons encore à ÛaJLsac, toujours prêt à
| Jouptir à. Marsan itriè fthiXe d'epigraphes ;
l ? i>é"cjuiifc, if r-fekîtïGn l-e.itt"!p,.pcr-
Tmr, l'homme élégant s'habille », c'est classi.
que. * Tout ce qui vise à l'effel est de mav-
vais goût comme tout ce qui est tumultueux
Et celle-là, qui met - l'accent sur les ambitions
de Marsan « La toilette est tour à tour une
science, un art, une hallitude, un sentiment. »
Savoir vivre en France, dont une grande
partie a déjà fait les délices des lecteurs de
l'Art Vivant, n'est pas écrit seulement en vue
de recevoir t'audience des nouveaux riches ;
il est aussi destiné aux anciens et à ces demi-
riches de l'après-guerre, Il convient à tous
ceux qui s'abandonnent et glissent dans une
muflerie plus ou moins inconsciente. Marsan
nous rappelle à l'ordre. Nous ne savions plus
nous pa-rlci, ni nous écrire, ni recevoir, ni
manger, ni boire ; nous avions oublié d'être
poils entre indifférents, comme entre amis et
entre amants. Renouons avec une tradition
qui ne poursuit, celle-là, que le bonheur des
humlllcs, Au demeurant, c'est si facile. Quant
aux petits tableaux où il nous dépeint ces
personnages aux lignes si. nettes, aux gestes
si simples, au roe7ir délicat, et qu'il ne tient
qu'à nous d'imiter ; ils sont tout à fait ravis-
sants.
Instruit par Marsan et digne enfin de 'le
suivre, ayant lu, après Savoir vivre, son petit
Eloge de la Paresse qui est plutôt l'éloge d'un
loisir nourri de méditations et de ces rêves
sans lesq-uels il n'est rien de fécond, gagnons
les Chambres du Plaisir. Nous avions dëjà lu
les Passantes, portraits et poèmes où la tem-
me. prend des poses évidemment charmantes
notis ufTfëaard aût se souvtent. C'en éàt-t-he
suite heureuse. Quand slarfètera4-il ? Oh !
ce n'est pas que nous ayons le moindre sujet
de nous en plaindre ! Ce panorama ne maiu
que point d'agrément ni de pittoresque. Voilà
un livre, par exemple, qui n'est point fdit
pour les impatients ni pour les. amateurs de
parfums. Que de dames, que de nudités, mais
toutes froides, du moins devant nous. On ne
peut toucher que des yeux. M. Marsan s'ap-
plique à faire jaillir des fées de sa mémoire.
Il mêle à. ce jeu beaucoup de tendresse et de
désespoir. Et ce désespoir est bien cOmpTé.
hensible, car on ne peut que souffrir de la
brutalité qui est aujourd'hui commune à
Vexercicc du sentiment et à la pratique de la
vie de société. M. Marsan s'emploie noblement
à redonner à l'un et à Vautre sa douéeur et
son prestige avec toutes ses nuances propre-
ment françaises.
MAURICE MARTIN DU GARD.
i
PHILOSOPHIE ET SOCIOLOGIE MÊLÊES
Une heure avec Lévy Brubl
par Frédéric LEFEVRE
tttt"**"*""*"
La grande conscience de Fustel de Coulanges. Kant et BoutrDux.
lin chef de gare Itttré. Où je remplace le Burdeau-Bou-
teiller tits U Déracinés Dans l'appartement d'Auguste
Comte. La malle mystérieuse : ma précieuse découverte.
Ce que je uois à M. CAr vannes, le grand sinologue. :. Hom-
mage à Durhheim, « Sir James Frazer et, le H Rameau
d'Or Les deux méthodes. La mentalité primttivir.
Les blancs et leur prétendue supériorité.
------. 1
M. L. Lévy-Bruhl, membre do l'Institut,
professeur honoraire (il vient juste de
prendre sa retraite) ù Ja Sorbunne, ost
né à Paris, le 10 avril 1857.
J'ai fait mes études, nous dit-il, au
lycée Charlemagne, où j'eus d'excellents,
maîtres. J'eiltrai en 1870 à l'Ecole .Normale,
où j'eus comme camarades, dans ma-pro-
inotioti. Lanson et Salomon Reinach., danH
celle qui snivit, Tbamln, Henry Michel,
Camille Jullian et Rébelliau (qui dirige
aujourd'hui la fondation Thiers). dans
celle d'après, Jaurès, lîergsoa et Paul
Desjardins.
Jaurès,' qni nous émerveillait par son
savoir et son éloquence, ne Hllvnit. pas un-
eoi-n qu'il ferair. de la politique. Pourtant,
le jeudi après-midi, jour de sortie, il lni
arrivait d'aller entendre les orateurs de
la Chambre ou du Sénat et de nous faire
ensuite la critique de leurs discours.
ri Les deux professeurs de ces années
d'école dont. j'ai ganM lu meilleur souve-
nir sont Fustel de Cuulanges et Boutroux.
Ce dernier m'a donné un goût profond
et duuable pour l'histoire de !a pllilcso-
phie, et des idées.
l, « Je me souviens qu'en première année,
favais fais pour Fustel un travail sur
l'Arehontat d'Athènes qui ne devait, pas
être }>'(ln fameux. Aussi ie fus stupéfait,
miand Fustel me le rendit, de voir qu'il
l'avait examiné de très près, allant jus.
rnj'it corriger minutieusement mes réfé-
rences.,. '•
« Fustel de Coulantes m'a donné l'im-
pression d'un grand esprit rt d'un maître
admirable.
Ti me fil rhonnt'ui' de me t/('lWl nder, <;.j
je voulais entrer dans 111 section d'histoire, i
Après avoir hésité quelque temps, j'optai
pour la philosophie.
cc Boutroux venait d'arriver à l'Ecole
Normale. C'était en 1877. Il nous fit un
cours sur la philosophie de Kant qui ..jus
bouleveisa à ce point que nouj ne parlions
plus que de la Critique de la Raison Pure.
Au réfectoire. nous assommions nos ca-
marades des autres sections avec nos dis-
cuss; r:s philosophiques.
La suite à la quatrième page
ANDRE GIDE
et ses dernières œuvres
PAR LEON PIERRE-QUINT
M. André Gide est un des grands écri-
vains de notre littérature et .un des plus
notables moralistes de l'heure actuelle.
Cependant il a pris une place de fait
comme' en marp du monde des lettres
officielles ; isolé, lointain, il paraît à la
fois méconnu et glorieux. Cette sorte de
malentendu, -qui pèse certainement sur lui
et qui trompe l'opinion à son égard, est dû
autant à l'indifférence foncière du public
pour toute œuvre littéraire difficile qu'à 1 at-
titude hautaine d'un auteur de caractère
farouche et tellement complexe. A propos
de la publication de son tout premier
ouvrage, les Cahiers d'André Waltcr.
M. André Gide s'explique à ce sujet avec
une entière bonne foi : tout jeune et sans
expérience, il escomptait de ce livre, qu'il
avait fait tirer 1 un grand nombre d'exem-
plaires, le succès immédiat le plus étendu
« Le succès fut nul JI, '.woue-t-il. Sans doute
l'auteur en ressentit du dépit, mais dès
lors par « morosité naturelle », par ;c or-
gueil )', par besoin de dérouter, il prit
la pitioIl; de, l'artiste pur et résolument
ennëmî de toute concession au lecteur à
l'éditeur, à la renommée, à l'argent et
même & la sympathie du vulgaire. C'est
ce qui explique, entre autres exemples, les
tir âgés strictement limités de presque
tous ses livres : Ivants (conséquence, d'ail-
leurs, discutable). Mais ce-que M. Gide ne
nous dit pas, c'est que, s'il fut déterminé
par réaction, à déserter la lutte sur la
place publique, à la suite d'un échec et
par l'humeur trop sauvage de son caractère,
il n'a pu maintenir cette attitude au long
de sa carrière que parce qu'il a cru en
sa valeur au point de vue artistique, qu'il
a eu foi en l'art et qu'il a pense, comme
beaucoup d'écrivains de tous les temps,
et, en particulier de sa génération, comme
Valéry à cette époque, comme Louys (1),
comme Proust, qu'il n'est pas de grand
artiste qui ne se soit imposé pour son œu-
vre une dure discipline personnelle. _,
Sans'doute M. Gide a-t-il accusé encore,
presque gratuitement, ou avec une sorte de
malin plaisir, les difficultés de rapproche-
ment .entre le monde c-t lui. Ainsi, JUS
dit-il, je me suis forcé.. « aussitôt délivré
d'un livre,, de bondir à l'autre extrémité
de -moL-même. et d'écrire précisément le
moins capable de plaire aux lecteurs que
le précédent m'avait acquis Il,. Besoin in-'
dispensable et général chez, l'artiste de se
protéger contre l'indiscrétion des foules.
p m cm d 1 iles foule-,.
Proust se croyait.l'abri, en nterposant
entre les autres et lui une politesse exagé-
rée qui prenait l'épaisseur de murs. Gide
écrit : «, J'aime à n'être pas où l'on me
croit ; c'est aussi pour être où il me plaît
et que l'on m'y laisse tranquille. Il u. im-
porte avant tout de pouvoir penser libre-
inent, à). Les uns se cachent ; celui-ci s'en-
fuit. C'est aussi l'extrême multiplicité de
ses tendances qui amène André Gide à vou-
loir échappe.' à autrui comme à lui-même.
Il semble presque systématiquement
craindre tout. système : à chaque époque,
lé ptibîic a toujours manifesté, un <"Ou
très vif pour -les vastes monuments de
l'esprit, construits avec rigidité, ou chaque
idée est solidement cimentée à la suiYfintl.
i Malheureusement les' tremblements de
terre', périodiques ou les révolutions de la
pensée jettent régulièrement, à bas ces labo-
rieux échafaudagps sans que se lasse ja-
mais la patience des hommes. M. Gide n'a
jamais senti la nécessité, de coordonner
ilin.':H logiquement, les notions contraires et
mouvantes qui' l'habitent. Tempérament
avant tout religieux, le choc d.) deux idées
opposées ne le géne pas gravement : la
contradiction intellectuelle en lui ne devient
pas une" intolérable souffrance, un a tirés
que l'intelligence, pour se développer saine-
ment, a besoin de faire crever, C est pour-
tant te' cas de. la plupart, des hommes - :
l'homme, étant un animal do raison, ni-
comprend pas, lorsqu'il l'aperçoil, une pen
sée contradictoire. Chez Gide, au contraire,
ses propres idées ne forment pas sa per-
sonnalité profonde - il ne, leur '-3(; pas atta-
ché. Comme tout vrai mystique, il n'a pas
*
le sens de la propriété. Dans l'existcncc
quotidienne, aucun' bien ne semble- lui
appartenir personnollcmonl. : r: chercha le
dépouillement : ses inslaîlations sont piovi-
soires : partout il campe. De même. les
idées, qui lui paraissent une auM e forme d,
propriété, il les considère d'assez loin ; il
passe des unes aux autres ; c'cst qu'une
vérité pius importante et .d'une autre na-
(1) - F. La publication actuelle de son
i Journal »
1 Nos lecteurs auront le plaisir de
l lire la semaine prochaine des -- /,
| POEMES INEDIT, '!
I dé MADAME DE NOAILLES 1:
'1 et r
Il UNE HEURE AVEC..-
M. JACQUES COPEAU, !
par, FREDERIC LEFEVRE j
», ; y - 1
ture 1 occupe et 1 attire. Les satisfaction^
qu'apporte la possession des choses' Im-
médiates ne le contentent pas ; pas plu!'J
que les syllogismes, bien déduits, qui pro-
curent les plaisirs de sécurité de cet orcre.
C'est une joie plus-haute, une' joie abtfdlue,
équilibrée, que veut André Gide ; il recher-
che le sentiment de i éternité dans l'instanl
par la communion avec le divin.
Aussi nest-il pas un philosophe, mais uni
moral is le religieux. Philosophe, son systè-
me aurait peul-éfr? vieilli d'-jà. L'ondoie-
ment. d'- sa i/ons;., an contraire, est un des
secrets de -.a jpuftcsp'? et de son influence
prolongée sur des groupes restreints, -mais
divers, pendant plusieurs générations. La
plupart des romanciers français, Balzac,
Flaubert, Stendhal, et les grandes œuvrès
d'imagination française se placent hors du
problèm» d'» Dieu Les pe^onna^es s» ba-
nmt. avec leurs passions, dans la société.
Il semble que pour eux la question de Dieu
'"oit résolue : ou bien la religion est admise
par eux et pratiquée docilement, ou elle
est écartée définitivement et n'apparaît ja-
mais. Le cas est très net chez Proust, où
Dieu est complètement absent. Et sans
doute cette absence correspond-elle à une
absence de préoccupations religieuses chez
la majorité des lecteurs, qui peuvent néan-
moins être des croyants, mais des croyants
A d C i l d
rassurés. André Gide, au contraire, ouvre
dans son œuvre tout le mvstère effrayant
des. espaces infinis. Le problème mélaphv-
sique entre avec lui dans la vie de tous les
jours. Les questions morales que rencon-
trent ses personnages, c'est en fonction
de Dieu, et jamais en fonction de la société,
que ceux-ci cherchent à les résoudre. Lu
débat est essentiellement entre l'individu-et,
l'éternité : ils sont constamment et cirec-
icment face A face, l'auteur inclinant, dans
certains de ses livres, à donner toute l'im-
portance à l'individu, par réaction contre
une orthodoxie reliaieuse mal - interprétée :.
dans d'autres livres, au contraiie, l'in-
dividu faisant le sacrifice de lui-même :j;', ["
atteindre une félicité hors du temps ; eh-in,
dans ses derniers ouvrages, le héros 're-
cherchant un équilibre qui ne se déroberait
plus. L'œuvre de Gide touche donc, avant
tout, l'àme inquiète, et. d'abord les jeiffies
gens, l'adolescence étant par excellence
l'âge «le l'inquiétude, où se posent dans leur
magnifique ampleur les grandes inter-
rogations et ou, par contre, les questions
sociales ne paraissent que de pelles de-
vinettes mesquines. L'adolescent, tout au
moins celui qui n'est pas dénué de tonte vie
intérieure, pense à sa situation sur la
terre et non pas à la situation d'avenir
dans la société que prépare pour lui sa. fa-
mille. A peine né à la vie, il est tout près
de l'idée de la mort ; ne possédant rien, il
se jette au cceur de la douleur : ou n'ambi-
tionnant, que la joie pure,. il ignore les
concessions au relativisme qu enseigne
l'expérience ; il est sans masque ;. ii est ne- ;
c'est, presque un monstre brutal dans un
milieu de politesse générale. Mais il reste
heureusemL-nt pendant cette dangereuse
période sous la tutelle des sages ascen-
dants ; le jour où on l'émancipé, i: est, d'or-
dinaire, conforme au modèle voulu ; il n'est
plus. Réciproquement, c'est l'adolescent
que Gide :L souvent choisi comme IIlodi'1.
dans ses livres ; il a mis en scène des jau-
Des gen. des collégiens, dos enfants mê-
me, parce que ce sont les êtres tourmentés
justement avec le plus de sincérité, 'ie
spontanéité.
1 Ainsi s'est creusé l'espèce de fossé qui
sépare l'oeuvre de Gide de tout un gi'and.
public. Elle est à l'opposé d'un rationa-
lisme traditionnel. Or, ces temps derniers,
Gide semble s'être plu à pOl!S(', son atti-
tude A l'extrême, si loin, qu'elle, peut scm.
bler, au premier moment, nettement pro-
vocant-e, C'est, d'abord qu'il est resté d'une
étonnante jeunesse : rot esprit, qui s'est -
formé au siècle dernier, eu plein symbo-
nsrne, a rejoint les écoles les plus avan-
cées, on les précédant., parfois, par la
création de {ci: étonnant personnage qu'est
Lafcadio.
On nous parle aujourd'hui sur tous les
tons de l'abîme créé par la guerre entre les
générations. Gide semble les avoir traver-
sées sans trop de mal. Pdindes et té.* Careg
du. Vatican, datés .avant 1914, n'ont' pas
vieilli : ce sont. des livres présents pour les
jeunes gens d'aujourd'hui. Depuis la.
guerre, l'activité intel 1-ect-uelle de M. Gide
sen.ble s'intenr-ifier. Il revient d'une expé-
dition an. Congo, voyage qui l'a amené à
s'intéresser à tout un domaine d'idées
nouvelles. Les Faux Movnayeurs, du point. 1
de vue moral, étudient la crise de puberfA
chez l'enfant, et, du point de vue artisti-
que, évoquent, tout.' la «question du roman.
N'oais manquons encore de recul pouir ju-
ger rie l'importance de cette vaste fresque ;
Vorydoll, composé antérieurement, mais
publié récemment, dialogue sous forme di-
dactique certainement très inférieur aux
autres ouvrages du même auteur, pose
gravement, les questions restées jusqu'alors
J,os plus secrètes. Avec Si le grain ne
meurt, qui vient de paraître, André Gide
n'hésite pas à choquer brutalement l'es-
prit. public acTtieL L'auteur cependant se
rend compte très nettement du caractère
extraoj Jinairement osé de son livre. 11
pense /ïire en avance de quelques dizaines
l'années sur l't -t présent de r ophion"
Le ()("s;vci'<(Tf'.u j-oivnl'hui loi semble
provisoire.
Le premier devoir de ia critique est d'es-
sayer de comprendre ce qu'est ce désac-
cord. Tâche difficile devant la vivacité
des réaction que provoque, dans un mi-
lieu très limité d'ailleurs, un ouvrage ici
que Si. le grain ne '/neuri. Si cet ouvrage
apparaît, en ce moment, comme scanda-
leux, il est pourtant certain que le but de
1 auteur n'a r:I, été h poursuite. d'un
scandale. Le dédain de Gide rfour Les
grands succès, son horreur de la foule,
toute son altitude, telle que jt> viens de la
montrer, dévouée à l'art pur, nous obli-
gent. immédiatement, à écarter cette inter-
prétation. Mais Gide est si rnal-Cûnnu, qu'il
est nécessaire dp. faire ressortir ùèS vérités
qui semblent, d'évidence pour ceux qui
l'ont, pratique. Celle-ci est, d'ailleurs telle-
ment exacte que, quoique l'ouvrage soit
sorU enlouré d'une légende- de scandaJp,
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