Titre : Journal officiel de la République française. Débats parlementaires. Chambre des députés : compte rendu in-extenso
Éditeur : Impr. du Journal officiel (Paris)
Date d'édition : 1900-01-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328020951
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 janvier 1900 15 janvier 1900
Description : 1900/01/15 (VOL1). 1900/01/15 (VOL1).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Ministères des Affaires... Collection numérique : Ministères des Affaires étrangères
Description : Collection numérique : Traités, accords et... Collection numérique : Traités, accords et conventions
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IVe République (1946-1958)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6443335f
Source : Bibliothèque et Archives de l'Assemblée nationale, 2012-7516
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/12/2012
46 CHAMBRE DES DÉPUTÉS - SÉANCE DU 15 JANVIER 1900
après l'autre — et je tiens cette démonstra-
tion pour définitivement acquise — que le
développement de la circulation rend né-
cessaire le doublement des voies sur la
grande ligne d'Orléans dans une certaine
étendue au départ de Paris, et ils ont pré-
senté la section de Paris à Brétigny comme
étant celle où le besoin s'en fait le plus
immédiatement sentir.
D'accord avec les auteurs des pétitions
dont je viens de parler, j'estime qu'en limi-
tant 1 établissement des voies nouvelles à
Brétigny, on fera une opération incomplète,
qui ne remédiera que très imparfaitement
aux défectuosités du service et ne mettra
pas suffisamment le public à l'abri des ac-
cidents auxquels il est journellement ex-
posé.
Quiconque, en effet, observe attentive-
ment se rend compte qu'avec la fièvre de
rapidité qui est en quelque sorte la caracté-
ristique de notre époque, il devient de jour
en jour plus nécessaire de multiplier les
voies ferrées et de doubler celles où la cir-
culation des trains acquiert une intensité
trop grande.
Il en est ainsi, messieurs, sur la grande
ligne d'Orléans dans toute l'étendue de la
banlieue parisienne, c'est-à-dire non pas
seulement entre Paris et Brétigny, mais
aussi entre Brétigny etEtampes. Le service
est devenu si défectueux sur cette dernière
section que les voyageurs qui utilisent les
gares comprises entre Juvisy et Etampes
ne doivent plus compter sur aucune régu-
larité dans la marche des trains.
Mon honorable collègue M. Coutant di-
sait tout à l'heure — et je rappelle le fait
parce qu'il vient à l'appui de ma démons-
tration — que le jour même de la catastro-
phe de Juvisy trois trains express se sont
trouvés engagés en même temps dans le
même cantonnement, entre deux gares très
rapprochées l'une de l'autre, Bouray et
Lardy, et il s'en est fallu de peu qu'un
tamponnement eût lieu à cet endroit, pré-
cédent de quelques heures celui qui, la
nuit d'après, faisait à Juvisy un si grand
nombre de victimes.
Comment, dans de pareilles conditions,
comment avec de telles perturbations dans
l'horaire de presque tous les trains, ceux
d'entre eux qui développent des vitesses
normales de 80, 90, 95 kilomètres à l'heure
n'exposeraientils pas le public aux pires
catastrophes?
Ces appréhensions se manifestent déjà —
et elles sont très justifiées — chez les voya-
geurs qui fréquentent la banlieue parisienne
desservie par la grande ligne d'Orléans et
chez ceux qui ne font que la traverser pour
se rendre dans le centre, dans l'ouest, dans
le midi de la France ou pour venir de ces
régions à Paris.
Mais que sera-ce lorsque la mise en
exploitation très prochaine du prolonge-
ment de la ligne d'Orléans dans l'intérieur
de Paris amènera — ce qui ne peut man-
quer — l'augmentation considérable du
trafic qui a été prévue pour la banlieue ?
(Très bien ! très bien !)
On peut se faire une idée de ce que sera
ce trafic, si l'on songe que le prolongement
de la ligne de Sceaux jusqu'au Luxembourg
a donné un accroissement du nombre de
voyageurs qui n'a pas été moindre de
34 p. 100 la première année en 1895, de
53 p. 100 en 189.6, de 61 p. 100 en 1897 et de
68 p. 100 en 1898.
Il est même permis de prétendre que le
coefficient de progression sera plus élevé
entre Paris et Etampes; car la banlieue pa-
risienne desservie par la grande ligne d'Or-
ans est, toute proportion gardée, moins
peuplée à l'heure actuelle que ne l'était la
banlieue desservie par la ligne de Limours
et Sceaux avant la création du la gare du
Luxembourg.
Je ne suis pas seul à faire ces prévisions.
Le rapport du conseil d'administration de
la compagnie d'Orléans, en date du 30 mars
1898, après avoir constaté les remarquables
effets obtenus par le prolongement de la
ligne de Sceaux jusqu'au carrefour de Mé-
dicis, ajoute cette phrase que je demande
la permission de citer :
« Ces heureux résultats, dus au prolon-
gement de la ligne de Sceaux et Limours
jusqu'au Luxembourg, sont bien de nature
à justifier les espérances que nous fondons
sur l'exécution du prolongement de notre
ligne principale jusqu'au quai d'Orsay, au
point de vue du développement de notre
trafic de banlieue. »
Et, en effet, c'est surtout sur l'augmenta-
tion du trafic de banlieue que la compagnie
d'Orléans a compté à l'origine pour couvrir
l'intérêt et l'amortissement des 30 ou 35
millions que doit coûter le transfert de la
gare terminus du réseau d'Orléans de la
place Valhubert au quai d'Orsay.
Ne voulant pas abuser de l'attention de la
Chambre, je borne là mes explications. Je
crois du reste en avoir dit assez pour jus-
tifier ma proposition, et montrer qu'il est
urgent de créer de nouvelles voies depuis
Paris jusqu'à Etampes.
Si je suis bien informé, la première par-
tie de l'opération, la construction de deux
voies entre Paris etJBrétigny doit être en-
treprise dans un avenir prochain. Je de-
mande qu'on mette dès maintenant à l'étude
le doublement des voies de Brétigny à Etam-
pes. J'ai la conviction que cette étude fera
ressortir de la façon la plus manifeste l'ur-
gence du doublement que j'indique et
donnera un chiffre relativement peu élevé
au sujet de la dépense à engager pour cette
opération, qui ne comprendra pas beaucoup
de travaux d'art.
En exprimant le désir que cette étude
soit entreprise de suite, je ne dissimule pas
que c'est avec la pensée que l'adoption du
projet suivra de près, car nul n'a intérêt à
attendre qu'une nouvelle catastrophe, ana-
logue à eelle de Juvisy, vienne encore trop
tard en rappeler la nécessité. (Très bien!
très bien 1)
J'ai donc l'honneur de déposer sur le bu-
reau de la Chambre une proposition invi-
tant M. le ministre des travaux publics à
demander à la compagnie d'Orléans de pro-
céder dès maintenant à l'étude du double-
ment des voies entre Brétigny et Etampes.
En terminant, je demande la permission
de faire observer que cette proposition
n'intéresse pas seulement les voyageurs qui:
fréquentent la banlieue parisienne, mais
qu'elle intéresse aussi. ceux qui traversent
cette banlieue pour se rendre dans une
vingtaine de départements du Midi, de
l'Ouest ou du Centre.
Ainsi envisagée, ma proposition présente
un intérêt général. Aussi j'espère que la
Chambre et M. le ministre des travaux pu-
blics voudront bien l'adopter. (Applaudisse-
ments sur un grand nombre de bancs.)
M. le président. La parole est à M. La-
gasse.
M. Lagasse. Je n'ai qu'une observation
très courte à présenter; elle se rattache
plus particulièrement aux explications très
intéressantes et très complètes que notre
honorable collègue M. Coutant a données tout
à l'heure à la Chambre. (Parlez! parlez 1)
M. Coutant disait avec raison que, lors-
qu'un accident aussi grave que celui de
Juvisy se produisait, la compagnie n'avait
qu'une préoccupation, c'était de déclarer
immédiatement ou que personne n'était
coupable, ou que c'étaient ses agents ou
ses sous-agents qui devaient supporter la
responsabilité de la catastrophe. Or, un
hasard, qui se produit quelquefois dans la
vie de ceux de vos collègues qui sont avo-
cats, m'a permis de connaître par le détail
toutes les causes techniques de cet épou- :
vantable malheur. Voulez-vous me per-
mettre de détacher du dossier un seul
détail, qui a été presque ignoré du tri-
bunal, mais que doit connaître la Chambre
tout entière et M. le ministre des travaux
publics en particulier?
Vous vous souvenez que le 5 août il a
régné sur Paris et sur la grande banlieue
parisienne un orage d'une anormale inten-
sité; beaucoup de personnes ont pu croire
que l'accident de Juvisy était dû à des cir-
constances météorologiques, que, notam-
ment, le service des disques, des si-
gnaux avait été contrarié par les troubles
atmosphériques. Il n'en a rien été. Ce qui
est vrai, — et un savant qui habite justem-ent
Juvisy, M. Camille Flammarion, l'a cons-
taté,- c'est qu'il s'est produit sur les hom-
mes une véritable dépression mentale qui,
en quelque sorte, les a mis dans l'impossi-
bilité d'être maîtres de leur pensée, de leur
volonté, de leur mémoire, comme au cours
d'une nuit sereine. (Mouvements divers.)
Je ne fais que répéter ce qu'a dit un as-
tronome appelé à déposer sous la foi du
serment devant le tribunal de Corbeil, et je
suis heureux de le faire, parce que c'est
tout à la décharge de modestes agents su-
balternes.
Mais je tiens à démontrer que c'est la
compagnie qui est la plus fautive et que
c'est sur elle que doit peser la plus lourde
responsabilité.
Bien que les agents aient commis les
fautes qu'a relevées le jugement ; bien que
le sous-chef de gare ait oublié de couvrir le
train, et bien qu'un des aiguilleurs ait
négligé de refermer la voie, l'accident ne
se serait pas produit si la compagnie eût
veillé au bon état de ses appareils d'éclai-
rage.
Il y a, en effet, un signal qui a fonctionné,
mais qui a mal fonctionné, parce qu'il était
dans un état lamentable, c'est le séma-
phore. Le bras du sémaphore a été abaissé,
la voie était donc fermée. Seulement, le sé-
maphore, au lieu de projeter, comme l'a
dit M. Coûtant, un feu rouge, a projeté
une lumière blanche, et dès lors la voie a
paru libre au mécanicien du train tam-
ponneur. Pourquoi ? Parce que la compa-
gnie d'Orléans a laissé en service une lan-
terne défectueuse qui n'a pas envoyé:
exactement son rayon dans l'axe du petit
disque rouge du sémaphore.
Qu'elle ne dise pas le contraire ! Le tri-
bunal de Corbeil a fait venir et installer —
M. Argeliès doit s'en souvenir, — dans le
jardin même qui fait suite au palais de jus-
tice ce sémaphore. Là, tous les intéressés
ont pu voir que la lanterne ne pouvait point
se placer en face du disque, qu'elle était
vicieusement construite. En effet, cette
lanterne, qui est mue par un chariot et qui
doit au moyen d'une chaîne s'élever exac-
tement à la hauteur du petit disque rouge,
n'était tenue au chariot que par deux
agrafes qui avaient 1 centimètre et demi
de jeu. Or, sous l'influence du vent, le
chariot ou plus exactement la lanterne a
coincé — permettez-moi cette expression
qui rend bien ma pensée, encore qu'elle ne
soit peut-être pas d'une correction parfaite,
— et alors le feu, au lieu de venir illuminer
le disque rouge, au lieu de projeter la
lumière rouge qui aurait arrêté le train,
qui aurait sauvé toutes les victimes, la
lanterne est venue se placer au-dessous du
disque et le feu qu'elle a envoyé ne s'est
pas coloré de rouge. L'expérience a été re-
nouvelée après l'accident. La constatation
a été faite le soir même par les ingénieurs
de la compagnie et par les ingénieurs de
l'Etat.
L'accident de Juvisy, quelque déprimés
et-négligents qu'aient été certains agents de
après l'autre — et je tiens cette démonstra-
tion pour définitivement acquise — que le
développement de la circulation rend né-
cessaire le doublement des voies sur la
grande ligne d'Orléans dans une certaine
étendue au départ de Paris, et ils ont pré-
senté la section de Paris à Brétigny comme
étant celle où le besoin s'en fait le plus
immédiatement sentir.
D'accord avec les auteurs des pétitions
dont je viens de parler, j'estime qu'en limi-
tant 1 établissement des voies nouvelles à
Brétigny, on fera une opération incomplète,
qui ne remédiera que très imparfaitement
aux défectuosités du service et ne mettra
pas suffisamment le public à l'abri des ac-
cidents auxquels il est journellement ex-
posé.
Quiconque, en effet, observe attentive-
ment se rend compte qu'avec la fièvre de
rapidité qui est en quelque sorte la caracté-
ristique de notre époque, il devient de jour
en jour plus nécessaire de multiplier les
voies ferrées et de doubler celles où la cir-
culation des trains acquiert une intensité
trop grande.
Il en est ainsi, messieurs, sur la grande
ligne d'Orléans dans toute l'étendue de la
banlieue parisienne, c'est-à-dire non pas
seulement entre Paris et Brétigny, mais
aussi entre Brétigny etEtampes. Le service
est devenu si défectueux sur cette dernière
section que les voyageurs qui utilisent les
gares comprises entre Juvisy et Etampes
ne doivent plus compter sur aucune régu-
larité dans la marche des trains.
Mon honorable collègue M. Coutant di-
sait tout à l'heure — et je rappelle le fait
parce qu'il vient à l'appui de ma démons-
tration — que le jour même de la catastro-
phe de Juvisy trois trains express se sont
trouvés engagés en même temps dans le
même cantonnement, entre deux gares très
rapprochées l'une de l'autre, Bouray et
Lardy, et il s'en est fallu de peu qu'un
tamponnement eût lieu à cet endroit, pré-
cédent de quelques heures celui qui, la
nuit d'après, faisait à Juvisy un si grand
nombre de victimes.
Comment, dans de pareilles conditions,
comment avec de telles perturbations dans
l'horaire de presque tous les trains, ceux
d'entre eux qui développent des vitesses
normales de 80, 90, 95 kilomètres à l'heure
n'exposeraientils pas le public aux pires
catastrophes?
Ces appréhensions se manifestent déjà —
et elles sont très justifiées — chez les voya-
geurs qui fréquentent la banlieue parisienne
desservie par la grande ligne d'Orléans et
chez ceux qui ne font que la traverser pour
se rendre dans le centre, dans l'ouest, dans
le midi de la France ou pour venir de ces
régions à Paris.
Mais que sera-ce lorsque la mise en
exploitation très prochaine du prolonge-
ment de la ligne d'Orléans dans l'intérieur
de Paris amènera — ce qui ne peut man-
quer — l'augmentation considérable du
trafic qui a été prévue pour la banlieue ?
(Très bien ! très bien !)
On peut se faire une idée de ce que sera
ce trafic, si l'on songe que le prolongement
de la ligne de Sceaux jusqu'au Luxembourg
a donné un accroissement du nombre de
voyageurs qui n'a pas été moindre de
34 p. 100 la première année en 1895, de
53 p. 100 en 189.6, de 61 p. 100 en 1897 et de
68 p. 100 en 1898.
Il est même permis de prétendre que le
coefficient de progression sera plus élevé
entre Paris et Etampes; car la banlieue pa-
risienne desservie par la grande ligne d'Or-
ans est, toute proportion gardée, moins
peuplée à l'heure actuelle que ne l'était la
banlieue desservie par la ligne de Limours
et Sceaux avant la création du la gare du
Luxembourg.
Je ne suis pas seul à faire ces prévisions.
Le rapport du conseil d'administration de
la compagnie d'Orléans, en date du 30 mars
1898, après avoir constaté les remarquables
effets obtenus par le prolongement de la
ligne de Sceaux jusqu'au carrefour de Mé-
dicis, ajoute cette phrase que je demande
la permission de citer :
« Ces heureux résultats, dus au prolon-
gement de la ligne de Sceaux et Limours
jusqu'au Luxembourg, sont bien de nature
à justifier les espérances que nous fondons
sur l'exécution du prolongement de notre
ligne principale jusqu'au quai d'Orsay, au
point de vue du développement de notre
trafic de banlieue. »
Et, en effet, c'est surtout sur l'augmenta-
tion du trafic de banlieue que la compagnie
d'Orléans a compté à l'origine pour couvrir
l'intérêt et l'amortissement des 30 ou 35
millions que doit coûter le transfert de la
gare terminus du réseau d'Orléans de la
place Valhubert au quai d'Orsay.
Ne voulant pas abuser de l'attention de la
Chambre, je borne là mes explications. Je
crois du reste en avoir dit assez pour jus-
tifier ma proposition, et montrer qu'il est
urgent de créer de nouvelles voies depuis
Paris jusqu'à Etampes.
Si je suis bien informé, la première par-
tie de l'opération, la construction de deux
voies entre Paris etJBrétigny doit être en-
treprise dans un avenir prochain. Je de-
mande qu'on mette dès maintenant à l'étude
le doublement des voies de Brétigny à Etam-
pes. J'ai la conviction que cette étude fera
ressortir de la façon la plus manifeste l'ur-
gence du doublement que j'indique et
donnera un chiffre relativement peu élevé
au sujet de la dépense à engager pour cette
opération, qui ne comprendra pas beaucoup
de travaux d'art.
En exprimant le désir que cette étude
soit entreprise de suite, je ne dissimule pas
que c'est avec la pensée que l'adoption du
projet suivra de près, car nul n'a intérêt à
attendre qu'une nouvelle catastrophe, ana-
logue à eelle de Juvisy, vienne encore trop
tard en rappeler la nécessité. (Très bien!
très bien 1)
J'ai donc l'honneur de déposer sur le bu-
reau de la Chambre une proposition invi-
tant M. le ministre des travaux publics à
demander à la compagnie d'Orléans de pro-
céder dès maintenant à l'étude du double-
ment des voies entre Brétigny et Etampes.
En terminant, je demande la permission
de faire observer que cette proposition
n'intéresse pas seulement les voyageurs qui:
fréquentent la banlieue parisienne, mais
qu'elle intéresse aussi. ceux qui traversent
cette banlieue pour se rendre dans une
vingtaine de départements du Midi, de
l'Ouest ou du Centre.
Ainsi envisagée, ma proposition présente
un intérêt général. Aussi j'espère que la
Chambre et M. le ministre des travaux pu-
blics voudront bien l'adopter. (Applaudisse-
ments sur un grand nombre de bancs.)
M. le président. La parole est à M. La-
gasse.
M. Lagasse. Je n'ai qu'une observation
très courte à présenter; elle se rattache
plus particulièrement aux explications très
intéressantes et très complètes que notre
honorable collègue M. Coutant a données tout
à l'heure à la Chambre. (Parlez! parlez 1)
M. Coutant disait avec raison que, lors-
qu'un accident aussi grave que celui de
Juvisy se produisait, la compagnie n'avait
qu'une préoccupation, c'était de déclarer
immédiatement ou que personne n'était
coupable, ou que c'étaient ses agents ou
ses sous-agents qui devaient supporter la
responsabilité de la catastrophe. Or, un
hasard, qui se produit quelquefois dans la
vie de ceux de vos collègues qui sont avo-
cats, m'a permis de connaître par le détail
toutes les causes techniques de cet épou- :
vantable malheur. Voulez-vous me per-
mettre de détacher du dossier un seul
détail, qui a été presque ignoré du tri-
bunal, mais que doit connaître la Chambre
tout entière et M. le ministre des travaux
publics en particulier?
Vous vous souvenez que le 5 août il a
régné sur Paris et sur la grande banlieue
parisienne un orage d'une anormale inten-
sité; beaucoup de personnes ont pu croire
que l'accident de Juvisy était dû à des cir-
constances météorologiques, que, notam-
ment, le service des disques, des si-
gnaux avait été contrarié par les troubles
atmosphériques. Il n'en a rien été. Ce qui
est vrai, — et un savant qui habite justem-ent
Juvisy, M. Camille Flammarion, l'a cons-
taté,- c'est qu'il s'est produit sur les hom-
mes une véritable dépression mentale qui,
en quelque sorte, les a mis dans l'impossi-
bilité d'être maîtres de leur pensée, de leur
volonté, de leur mémoire, comme au cours
d'une nuit sereine. (Mouvements divers.)
Je ne fais que répéter ce qu'a dit un as-
tronome appelé à déposer sous la foi du
serment devant le tribunal de Corbeil, et je
suis heureux de le faire, parce que c'est
tout à la décharge de modestes agents su-
balternes.
Mais je tiens à démontrer que c'est la
compagnie qui est la plus fautive et que
c'est sur elle que doit peser la plus lourde
responsabilité.
Bien que les agents aient commis les
fautes qu'a relevées le jugement ; bien que
le sous-chef de gare ait oublié de couvrir le
train, et bien qu'un des aiguilleurs ait
négligé de refermer la voie, l'accident ne
se serait pas produit si la compagnie eût
veillé au bon état de ses appareils d'éclai-
rage.
Il y a, en effet, un signal qui a fonctionné,
mais qui a mal fonctionné, parce qu'il était
dans un état lamentable, c'est le séma-
phore. Le bras du sémaphore a été abaissé,
la voie était donc fermée. Seulement, le sé-
maphore, au lieu de projeter, comme l'a
dit M. Coûtant, un feu rouge, a projeté
une lumière blanche, et dès lors la voie a
paru libre au mécanicien du train tam-
ponneur. Pourquoi ? Parce que la compa-
gnie d'Orléans a laissé en service une lan-
terne défectueuse qui n'a pas envoyé:
exactement son rayon dans l'axe du petit
disque rouge du sémaphore.
Qu'elle ne dise pas le contraire ! Le tri-
bunal de Corbeil a fait venir et installer —
M. Argeliès doit s'en souvenir, — dans le
jardin même qui fait suite au palais de jus-
tice ce sémaphore. Là, tous les intéressés
ont pu voir que la lanterne ne pouvait point
se placer en face du disque, qu'elle était
vicieusement construite. En effet, cette
lanterne, qui est mue par un chariot et qui
doit au moyen d'une chaîne s'élever exac-
tement à la hauteur du petit disque rouge,
n'était tenue au chariot que par deux
agrafes qui avaient 1 centimètre et demi
de jeu. Or, sous l'influence du vent, le
chariot ou plus exactement la lanterne a
coincé — permettez-moi cette expression
qui rend bien ma pensée, encore qu'elle ne
soit peut-être pas d'une correction parfaite,
— et alors le feu, au lieu de venir illuminer
le disque rouge, au lieu de projeter la
lumière rouge qui aurait arrêté le train,
qui aurait sauvé toutes les victimes, la
lanterne est venue se placer au-dessous du
disque et le feu qu'elle a envoyé ne s'est
pas coloré de rouge. L'expérience a été re-
nouvelée après l'accident. La constatation
a été faite le soir même par les ingénieurs
de la compagnie et par les ingénieurs de
l'Etat.
L'accident de Juvisy, quelque déprimés
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