Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2012-166896
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/12/2012
244 SOCIÉTÉ DES SC., ARTS & B.-LETTRES DU TARN
« Væ victis! » tel était son cri inexorable et il ne se gênait pas pour le dire aux vaincus : « Je suisle colonel Dupin, disait- il un jour en haranguant des Mexicains ; obéissez ou vous êtes morts! Toute résistance est inutile. Tout traître mourra comme cet oiseau. » Et, saisissant en même temps son revol- ver, il abattait un oiseau au vol qui tombait foudroyé sous les yeux des Mexicains terrorisés. Puis, quand il avait ainsi ter- rorisé ses auditeurs, il se tournait vers ses officiers en leur disant : « Voilà comme il faut parler aux ennemis. Plus ils ont peur de nous, moins ils sont dangereux. » Ses fusillades et ses pendaisons lui paraissaient les choses les plus naturelles du monde ; pour lui, d'ailleurs, tout était permis à l'homme de guerre.
Il ne faut pas s'étonner qu'avec un pareil système le vain- queur ne fût forcément craint ; mais il devint aussi un objet d'horreur et d'exécration et sujet à de légitimes représailles.
Plusieurs fois Dupin faillit être victime de la vengeance des Mexicains, poussés surtout par la veuve d'un de leurs chefs qui avait été pendu par ordre du commandant de la contre- guérilla, Cette veuve mit à prix la tête de Dupin. Tous les moyens furent employés par les Mexicains pour venir à bout de leur implacable ennemi. Un jour, un train, dans lequel devait se'trouver le colonel, dérailla entre La Vera-Cruz et La Soledad, ce qui donna naissance à de graves accidents.
Aussitôt de nombreux Mexicains apparurent aux portières en poussant des cris de mort contre « Doupine ». Fort heureuse- ment pour lui il avait été prévenu et n'avait pas quitté La Vera-Cruz. Ce déraillement était l'œuvre de la vengeance de cette femme, dont il avait fait pendre le mari.
Un autre jour, il était en marche dans les Terres chaudes.
Brûlant de soif, il entra dans une cabane et demanda à boire.
On lui apporta un verre de limonade. Au moment où il le portait à ses lèvres, il avisa un de ses officiers assis devant un verre d'absinthe, a Donnez moi donc la moitié de votre bois- son, lui dit le colonel ; j'aime mieux ça que cette fade limo- nade. » Et il posa la limonade que son interprète s'empressa de boire. Une heure après, on appela le chirurgien auprès de ce dernier, qui était devenu subitement malade. Le chirur-
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