Titre : L'Athlétisme : organe officiel de la Fédération française d'athlétisme
Auteur : Fédération française d'athlétisme. Auteur du texte
Éditeur : Fédération française d'athlétisme (Paris)
Date d'édition : 1993-10-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344216180
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 21454 Nombre total de vues : 21454
Description : 01 octobre 1993 01 octobre 1993
Description : 1993/10/01 (N365)-1993/11/30. 1993/10/01 (N365)-1993/11/30.
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64137906
Source : Fédération Française d'Athlétisme, 2012-247438
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
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e titre européen
remporté par Chris-
tian Plaziat au
décathlon à Split en
1990 a remis en
mémoire le décath-
lonien d'exception
qu'a été Ignace
Heinrich. Vice-
champion olym-
pique en 1948 à
Londres et champion deux ans
plus tard à Bruxelles, il est à ce
jour le décathlète français le
plus titré. Aujourd'hui loin de
son Alsace natale, Ignace
Heinrich coule des jours pai-
sibles en Provence. Il mesure le
chemin parcouru par sa spécia-
lité. Autre temps, autres
mœurs.
Si moins d'un an avant les Jeux
olympiques de Londres en
1948, on avait dit à Ignace
Heinrich qu'il monterait sur la
deuxième marche du podium
olympique du décathlon, il
n'aurait certainement pas signé
tout de suite car il ne l'aurait
tout simplement pas cru !
C'est à la suite d'un pari avec
un ami que le Strasbourgeois
s'est mis en tête de se lancer
dans le décathlon. A vingt-
deux ans, Ignace Heinrich n'est
pas encore décidé sur le sport
qu'il choisira. L'athlétisme
qu'il pratique avec bonheur au
Racing club de Strasbourg, lui
plaît bien. Il peut à merveille
tirer parti de son impression-
nant gabarit d'1,92 mètre pour
96 kilos, mais d'autres sports
lui font les yeux doux. A com-
mencer par le hand-ball où il
obtiendra 3 sélections interna-
tionales et le basket pour
lequel l'entraîneur national
Robert Busnel lui promet un
bel avenir.
En 1947, il découvre donc pour
la première fois le décathlon en
montant à Paris pour disputer
les championnats de France de
la spécialité. Un coup d'essai
qui se transforme rapidement
en coup de maître. Ignace
Heinrich remporte le premier
de ses quatre titres nationaux
en décathlon (1947, 1948, 1949
et 1952), mais surtout ne termi-
ne qu'à une centaine de points
du record de France de
l'époque.
Des l'année suivante, il décide
de se préparer pour le décath-
lon des jeux de Londres. Sa
progression dans plusieurs
épreuves individuelles, dans
lesquelles il remportera 3 titres
nationaux (un en longueur en
1949 et un sur 110 mètres haies
et à la perche en 1952), font de
lui un candidat possible à une
médaille. Cependant, le Stras-
bourgeois n'a pour ainsi dire
aucune expérience. Aussi le
Ignace Heinrich fut champion
d'Europe du décathlon après avoir été
vice-champion olympique à Londres.
DTN de l'époque, René Mour-
lon, lui demande de confirmer
son potentiel. Ignace Heinrich
doit donc faire ses preuves lors
des championnats de France
1948, qui servent de juge de
paix. Blessé à une cheville
quelques semaines avant ce
décathlon de sélection, il réussit
tout de même à décrocher une
seconde couronne nationale et
s'offre au passage le record de
France de la spécialité.
Records en série et titre européen
Remis de sa blessure, le moral
est au beau fixe et c'est avec
L'EPOPEE
LONDONENNE
D'IGNACE HEMRKH
une certaine sérénité qu'il arri-
ve à Londres. Rien à perdre
tout à gagner. De plus, l'ab-
sence des meilleurs décathlo-
niens de l'époque, les Sovié-
tiques Lipp et Volkov, fait du
décathlon des Jeux de 1948
une épreuve très ouverte.
Tout comme Ignace Heinrich,
un jeune Californien de 17 ans
nommé Robert Mathias abor-
de à Londres le troisième
décathlon de sa carrière. A
l'arrivée moins de cent points
séparent les deux hommes au
classement final : 1er Mathias
6826 pts. 2e Heinrich 6740 pts.
Malgré la pluie, qui a pertur-
bé considérablement les
épreuves tout au long des
deux jours, Heinrich a réussi
de nouveau à battre le record
national.
Deux ans plus tard, il connaît
la consécration en enlevant,
après un beau duel avec
l'Islandais Clausen, le titre
européen à Bruxelles. Aban-
donnant sur blessure aux Jeux
de 1952 à Helsinki, il ne sera
pas cette fois le dauphin de
Bob Mathias, qui remporte en
Finlande son deuxième titre
olympique du décathlon.
Champion de France du
décathlon une dernière fois
en 1952, Ignace devra mettre
un terme à sa carrière interna-
tionale (26 sélections) suite à
une mauvaise chute au saut à
la perche.
« Je n'ai aucun regret, confie-
t-il aujourd'hui, mais plutôt
que des souvenirs extraordi-
naires de cette époque. Nous
n'avions pas du tout les pro-
blèmes qu'a apporté avec elle
la professionnalisation de l'ath-
QUE SONT-ILS
DEVENUS ?
létisme. Quand on allait dispu-
ter un match international,
pendant 4 jours nous nous
retrouvions entre copains. Ces
rencontres permettaient de tis-
ser de solides liens d'amitié
entre athlètes. Il régnait dans
l'équipe de France autour de
Marcel Hansenne, André-
Jacques Marie et Georges
Damitio une très bonne am-
biance. Aujourd'hui encore
nous nous revoyons. »
Professeur d'éducation phy-
sique à Strasbourg, Ignace
Heinrich va quitter la métro-
pole pour s'installer au Maroc
a Rabat en 1953. Licencié au
stade marocain de 1954 à 1958,
il continue à disputer des
épreuves individuelles jus-
qu'au début des années 1960.
Aujourd'hui à la retraite dans
le midi de la France, Ignace
Heinrich est adjoint au maire
de Carnoux-en-Provence où il
habite depuis quelques années.
Entre les activités municipales
et les visites à ses enfants et
petits enfants, il apprécie de
retrouver ses anciens copains
de l'équipe de France. Le vice-
champion olympique de
décathlon rencontre encore ses
adversaires d'il y a plus de
quarante ans, Bob Mathias et
l'Islandais Clausen, pour les-
quels les liens d'amitié noués
par le décathlon se sont éten-
dus au-delà des stades et au-
delà des années.
Francis MAGOIS
ATHLETISME III
remporté par Chris-
tian Plaziat au
décathlon à Split en
1990 a remis en
mémoire le décath-
lonien d'exception
qu'a été Ignace
Heinrich. Vice-
champion olym-
pique en 1948 à
Londres et champion deux ans
plus tard à Bruxelles, il est à ce
jour le décathlète français le
plus titré. Aujourd'hui loin de
son Alsace natale, Ignace
Heinrich coule des jours pai-
sibles en Provence. Il mesure le
chemin parcouru par sa spécia-
lité. Autre temps, autres
mœurs.
Si moins d'un an avant les Jeux
olympiques de Londres en
1948, on avait dit à Ignace
Heinrich qu'il monterait sur la
deuxième marche du podium
olympique du décathlon, il
n'aurait certainement pas signé
tout de suite car il ne l'aurait
tout simplement pas cru !
C'est à la suite d'un pari avec
un ami que le Strasbourgeois
s'est mis en tête de se lancer
dans le décathlon. A vingt-
deux ans, Ignace Heinrich n'est
pas encore décidé sur le sport
qu'il choisira. L'athlétisme
qu'il pratique avec bonheur au
Racing club de Strasbourg, lui
plaît bien. Il peut à merveille
tirer parti de son impression-
nant gabarit d'1,92 mètre pour
96 kilos, mais d'autres sports
lui font les yeux doux. A com-
mencer par le hand-ball où il
obtiendra 3 sélections interna-
tionales et le basket pour
lequel l'entraîneur national
Robert Busnel lui promet un
bel avenir.
En 1947, il découvre donc pour
la première fois le décathlon en
montant à Paris pour disputer
les championnats de France de
la spécialité. Un coup d'essai
qui se transforme rapidement
en coup de maître. Ignace
Heinrich remporte le premier
de ses quatre titres nationaux
en décathlon (1947, 1948, 1949
et 1952), mais surtout ne termi-
ne qu'à une centaine de points
du record de France de
l'époque.
Des l'année suivante, il décide
de se préparer pour le décath-
lon des jeux de Londres. Sa
progression dans plusieurs
épreuves individuelles, dans
lesquelles il remportera 3 titres
nationaux (un en longueur en
1949 et un sur 110 mètres haies
et à la perche en 1952), font de
lui un candidat possible à une
médaille. Cependant, le Stras-
bourgeois n'a pour ainsi dire
aucune expérience. Aussi le
Ignace Heinrich fut champion
d'Europe du décathlon après avoir été
vice-champion olympique à Londres.
DTN de l'époque, René Mour-
lon, lui demande de confirmer
son potentiel. Ignace Heinrich
doit donc faire ses preuves lors
des championnats de France
1948, qui servent de juge de
paix. Blessé à une cheville
quelques semaines avant ce
décathlon de sélection, il réussit
tout de même à décrocher une
seconde couronne nationale et
s'offre au passage le record de
France de la spécialité.
Records en série et titre européen
Remis de sa blessure, le moral
est au beau fixe et c'est avec
L'EPOPEE
LONDONENNE
D'IGNACE HEMRKH
une certaine sérénité qu'il arri-
ve à Londres. Rien à perdre
tout à gagner. De plus, l'ab-
sence des meilleurs décathlo-
niens de l'époque, les Sovié-
tiques Lipp et Volkov, fait du
décathlon des Jeux de 1948
une épreuve très ouverte.
Tout comme Ignace Heinrich,
un jeune Californien de 17 ans
nommé Robert Mathias abor-
de à Londres le troisième
décathlon de sa carrière. A
l'arrivée moins de cent points
séparent les deux hommes au
classement final : 1er Mathias
6826 pts. 2e Heinrich 6740 pts.
Malgré la pluie, qui a pertur-
bé considérablement les
épreuves tout au long des
deux jours, Heinrich a réussi
de nouveau à battre le record
national.
Deux ans plus tard, il connaît
la consécration en enlevant,
après un beau duel avec
l'Islandais Clausen, le titre
européen à Bruxelles. Aban-
donnant sur blessure aux Jeux
de 1952 à Helsinki, il ne sera
pas cette fois le dauphin de
Bob Mathias, qui remporte en
Finlande son deuxième titre
olympique du décathlon.
Champion de France du
décathlon une dernière fois
en 1952, Ignace devra mettre
un terme à sa carrière interna-
tionale (26 sélections) suite à
une mauvaise chute au saut à
la perche.
« Je n'ai aucun regret, confie-
t-il aujourd'hui, mais plutôt
que des souvenirs extraordi-
naires de cette époque. Nous
n'avions pas du tout les pro-
blèmes qu'a apporté avec elle
la professionnalisation de l'ath-
QUE SONT-ILS
DEVENUS ?
létisme. Quand on allait dispu-
ter un match international,
pendant 4 jours nous nous
retrouvions entre copains. Ces
rencontres permettaient de tis-
ser de solides liens d'amitié
entre athlètes. Il régnait dans
l'équipe de France autour de
Marcel Hansenne, André-
Jacques Marie et Georges
Damitio une très bonne am-
biance. Aujourd'hui encore
nous nous revoyons. »
Professeur d'éducation phy-
sique à Strasbourg, Ignace
Heinrich va quitter la métro-
pole pour s'installer au Maroc
a Rabat en 1953. Licencié au
stade marocain de 1954 à 1958,
il continue à disputer des
épreuves individuelles jus-
qu'au début des années 1960.
Aujourd'hui à la retraite dans
le midi de la France, Ignace
Heinrich est adjoint au maire
de Carnoux-en-Provence où il
habite depuis quelques années.
Entre les activités municipales
et les visites à ses enfants et
petits enfants, il apprécie de
retrouver ses anciens copains
de l'équipe de France. Le vice-
champion olympique de
décathlon rencontre encore ses
adversaires d'il y a plus de
quarante ans, Bob Mathias et
l'Islandais Clausen, pour les-
quels les liens d'amitié noués
par le décathlon se sont éten-
dus au-delà des stades et au-
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