Titre : Le Voleur
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1833-10-15
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Lautour-Mézeray, Charles (1801-1861). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32891999h
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 octobre 1833 15 octobre 1833
Description : 1833/10/15 (SER2,A6,N57). 1833/10/15 (SER2,A6,N57).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6393910t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-5429, JO-135 (BIS)
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/10/2013
899
et finit par réclamer la sépulture. Alors seule-
tnent comtnenCem les grands cris de douleur;
mais aussitôt que le corps est enterré, une joie
bruyante succède à la tristesse; on chante, on
danse en battant des mains, et cette fête conti.
nue pendant une huitaine de jours.
Il est d'usage d'enterrer,,avec un chef de fa-
mille, tous les objets et les ustensiles dont il se
servait, ainsi que sa case.Ces peuples conservent
pour les tombeaux un respect religieux. Lors-
que la saison d'ensemencer les champs est ar-
rivée, chaque famille se rassemble sur la tombe
de son ancien chef. Le plus âgé y répand du
lait, du couscous ou farine de mil, et prononce
cc.i paroles : « 0 notre aïeul, nous t'en conju-
» rons, fais que nous obtenions cette année du
» riz, du lait, des bestiaux. » Ensuite on prend
sur les lieux un repas commun, puis chacun se
relire chez soi.
Chaque cour est journellement encombrée
de veaux, de moutons, de chèvres, décochons,
de poules et de canards, qui les salissent sans
cesse par leurs ordures. Comme l'entrée des
cases 11 est jamais fermée à ces animaux, ils pé-
nètrent aussi dans les appartemens, s'y cou-
chent, et les rendent aussi malpropres que les
cours, ce qui prouve tout à la fois la saleté, la
bonté et la simplicité de ces nègres; ils croi-
raient commettre un acte d'injustice en trai-
tant plus sévèrement leurs animaux domesti-
ques. -
- Après les heureux résultats obtenus , notre
caravane reprit le long de la mer la route du
Sénégal. Nous eûmes du plaisir, après un repos
de deux jours, à marcher sur le sable frais et
uni des bords de la mer, à mesure que celle-ci
se retirait. Des milliers de crabes ctun aspect
hideux, courent sans cesse sur le rivage pour
s'y repaître des nombreux molusques mous
que les lames y jettent continuellement. Le
sabte des bords de la mer est criblé de trous
peu profonds, dans lesquels ce crustacée se re-
tire précipitamment à l'approche des lames et
des vo; ageurs. Ces espèces de tanières sont
creusées par l'animal lui-même, qui les renou-
velle aussitôt que la mer et les passans les dé-
truisent.
Les lames jettent encore de loin en loin, sur
la côte, des raies de différentes grosseurs ; ce
poisson bizarre, que les nègres ont en horreur,
attire sur le rivage des band es souvent considé-
rables de chacals et de hiènes. J'en ai vu fré-
quemment, dans ce voyage, qui emportaient
dans les bois , en se sau\ ant, de ces raies dont
la grosseur était énorme : c'est une pâture dont
paraissent très-frians ces animaux d'une vora-
cité sans pareille.
D'autres poissons plus petits, accompagnés
d'une foule de coquillages extrêmement menus,
dont le rivage abonde, y amènent encore des
nuées d'oiseaux aquatiques, entre autre de bé-
cassines, La présence de tous ces êtres vivans
ne laisse pas que de procurer de la distraction
aux voyageurs et l'occasion de s'approvisionner
de gibier. Les liienes et les chacals, qui sont
des animaux aussi fins que rusés, n'attendent
pas que le chasseur soit arrivé assez près d'eux
pour en être atteints; dès qu'ils les aperçoivent,
ils fuient avec une telle célérité qu'on les a bien-
tôt perdus de vue. -
Nous arrivâmes à Saint-Louis, le 2 mai 1829,
nuit jours après notre départ de Gorée. Nous
étions tous contens de quitter le bord de
la mer où nous étions assourdis par le bruit
continuel des lames. Nous éprouvions aussi un
hesoin pressant de nous reposer, et de prendre
"ne meilleure nourriture ; car, quoique nous
n'eussions manqué de rien pendant notre voya-
ge., tout ce que nous mangions était froid et
plein de sable ; l'eau saumâtre que nous bu-
vions en contenait également beaucoup , car
l'atmosphère en est continuellement chargea.
!,es habitans de Gandiole nous reçurent assez
bien, ils nousjOMrIrcnt du poisson dont ils ve-
naient de pècher, vers le bas du fleuve Séné-
gal, une prodigieuse quantité. Nous acceptâmes
quelques belles carpes que nous emportâmes à
Saint-Louis. Je ne crois pas qu'il existe au
monde un pays où le poisson soit aussi abondant
et aussi délicat; nulle part, du moins, je n'en
ai mangé d'aussi bon que celui que l'on pèche,
en général, sur les rives du Sénégal.
(Nouv. Annales des Yoyages,)
GSI.II
LE MENIIIR DE PLOUARZEL.
Le menhir de Plouarzel est une des plus
hautes aiguilles druidiques qu'aient respectées
la main de l'homme et la massue du tems. Il
est seul dans une vaste lande, à 4 lieues de
Brest; il est triste comme le souvenir qu'il
rappelle. triste surtout depuis que la foudre a
abaissé sa tète orgueilleuse et l'a sillonné d'une
ride ineffaçable ; il surgit aux regards comme
une apparition fantastique et géante. Souvent
le paysan du Finistère rencontre dans sa route
une pierre longue, l'habitant du Morbihan une
pierre jaune. L'imagination de ce dernier a
été moins frappée de la hauteur des menhirs
que du reflet jaune que leur impriment les li-
chens. Tous deux sentent alors une pensée fu-
néraire qui sourdit dans leur cœur. Sans doute
ces monolithes ne s'élèvent pas toujours sur les
mànes d'un séide de la religion d'Esus ; Un
menhir était le souvenir d'un fait comme il
était celui d'un homme. Les druides n'écri-
vaient pas l'histoire des peuples, les bardes la
chantaient, et aujourd 'hui encore dans l'an-
c ienne Ai morique vous ne trouverez aucune
histoire imprimée : elles se répètent de père
à fils comme des traditions de famille; elles se
disent sur les lieux à l'étranger. De même
autrefois, quand une pici re druidique se pré-
sentait aux regards du pélerin, illfnmandait le
nom de la lande ou du champ où s'élevait
l'aiguille, et il recueillait les souvenirs d'his-
toire que son père lui avait contés dans les
longues soirées d'hiver. Quelques antiquaires
ont révoqué en doute la destination funéraire
des menhirs ; ils n'ont même vu dans les douze
cents tombes de la plaine de Carnac que le
travail d'une volonté bizarre- Mais en 1710,
sous un menhir des environs de Quimper, on
a trouvé onze tètes de mort placées dans un
bassin d'argile grossièrement travaillé : près
- --
de Guingamp , M. Beaudoin a aussi rencontré
au pied de la base d'une pierre longue plusieurs
crànes humains ; dernièrement M. Fréminville
a fait creuser à six pieds de profondeur autour
du menhir de Plouhinec , et il a retiré de la
tombe, des vertèbres, des dents humaines ,
une hache de pierre, et des petites olives percées
de trous pour être enfilécs en collier. D'ailleurs
les noms des lieux ou apparaissent ces mono-
lithes ne parlent-ils point assez haut ? Kerglons,
lieu de douleur.–Kerguelvan , lieu de pleurs,
Carnac, carneillou (carn, charnier, cime-
tière). L'homme célèbre ou vaniteux qui dort
sous le menhir de la lande de Kergloas n'a
pas voulu que son nom se perdit dans la foule
des noms d un cimetière. Il a ordonné d'asseoir
son tombeau sur le point le plus culminant du
bas Ion et de lui donner cinquante pieds
d'élévation. Cet bomme. a semble - pressentir
l'avenir de Brest, de la capitale maritime de la
France; il a voulu être aperçu des habitansde la
grande ville. Et pourtantsonnom a été entraîné
dans les tourbillons du tems, commcceiu des
morts de Carnac. Carnac fut sans doute champ
de bataille avant d'être cimetière ; le nombre
des menhirs est peut-être celui des guerriers
qui ont succombé. N'y a-t-il pas une intention
dans les hauteurs inégales de ces pierres tumu-
Iaires ? Cette illégalité n'est-elle pas le reflet de
celle des grades qui existaient dans l'armée ? Là
où le corps d'un chef à été reconnu, n'a-t-on
pas assis un menhir plus élevé que celui de
l'hommc d'armes sans dignités, pour indiquer
son tombeau à sa veuvee
- - - -
Dans la lande de Kergloas, au pied du mo-
nolithe pentagone de Plouarzel, on cherche
autour de soi les murs herbeux de quelque
ancien château où l'on puisse aller demander
le nom de l'Armoricain dont les mânes suffo-
quent sous le menhir colossal. Le manoir le
plus près du tombeau a peut-être été bâti sur
les ruines de l'habitation de l'orgueilleux Armo-
ricain. Le château de Kerveac' htou apparaît
dans une perspective assez pittoresque, sur les
bords d'un étang et dans les intervalles des
massifs d'arbres qui l'assombrissent ; cette
perspective et l'amabilité des dames de Kerhor,
voilà tout ce que le château de iG56 a de
remarquable. Son architecture est pâle, mo-
notone , sans poésie, sans religion, comme tout
ce qui s'éloigne du moyen-âge. Ou bien peut-
être l'Armoricain habitait-il ce château plus
lointain dont l'âge remonte aux premiers tems
de la fortification en France, et dont on ignore les
maîtres.
On peut s'étonner que les missionnaires
chrétiens n'aient pas pose une croix sur le mo-
nolithe de granit de Plouarzel, qu'ils ne l'aient
pas fait polir, qu'ils ne lui aient pas retiré ses
moussesetses licheus.On rencontre en Bretagne
plusieurs menhirs sur lesquels a passé la main
parfois vandale du christianisme ; puis est
venu un bras plus fort qui à son tour a rea+
vet'Eé la croix, et la pierre druidique est
restée sur le chemin sans obtenir le stéàé
de croix ct le salut du pavsan religieux rift
sans pouvoir indiquer par ses lichens et ptir
ses rugosités ce qu'elle était d'abord. L'aiguille
druidique de Plouarzel présente une particu-
larité que 11 offre aucun autre nenhir. Sur
deux de ses faces opposées» :;:t pieds
d élévation du sol, saiilrr itW Clreu-
aire rugueux, Imm ces
à ccs bosselures que
àccs bo^chires^g 1'6^6
lcs Bas-Breto'ns - - 'On voit
partbts un jeune ": vêtns de
leurs habits de fê :,tIe pierre
de la lande Ils s'a"",,-i-.;"'<:traves et
silencieux, 1 homme les; îvemés vers la
terre et tenant entre ses mainsvjointes son
toch-Iedan (chapeau) appuyé contre son ventre,
la femme. déroulant les grains de verre de son
chapelet ; ils s'agenouillent chacun devant une
des bosselures ; la femme achève son chapelet en
marmonant une prière; l'homme croise les bras
sur sa poitrine, élève les yeux vers le haut du
menhir et prie sans agiter les lèvres. Leurs
dévotions terminées, ils se dépouillent d'une
partie de leurs vetemens et se frottent le ventre
contre les rugosités du menhir ; puis tout à
coup leurs traits s'animent, ils se lèvent et
se rejoignent joyeux, folâtres, frappant des
mains, se moquant l'un de l'alltre, sautant
et finit par réclamer la sépulture. Alors seule-
tnent comtnenCem les grands cris de douleur;
mais aussitôt que le corps est enterré, une joie
bruyante succède à la tristesse; on chante, on
danse en battant des mains, et cette fête conti.
nue pendant une huitaine de jours.
Il est d'usage d'enterrer,,avec un chef de fa-
mille, tous les objets et les ustensiles dont il se
servait, ainsi que sa case.Ces peuples conservent
pour les tombeaux un respect religieux. Lors-
que la saison d'ensemencer les champs est ar-
rivée, chaque famille se rassemble sur la tombe
de son ancien chef. Le plus âgé y répand du
lait, du couscous ou farine de mil, et prononce
cc.i paroles : « 0 notre aïeul, nous t'en conju-
» rons, fais que nous obtenions cette année du
» riz, du lait, des bestiaux. » Ensuite on prend
sur les lieux un repas commun, puis chacun se
relire chez soi.
Chaque cour est journellement encombrée
de veaux, de moutons, de chèvres, décochons,
de poules et de canards, qui les salissent sans
cesse par leurs ordures. Comme l'entrée des
cases 11 est jamais fermée à ces animaux, ils pé-
nètrent aussi dans les appartemens, s'y cou-
chent, et les rendent aussi malpropres que les
cours, ce qui prouve tout à la fois la saleté, la
bonté et la simplicité de ces nègres; ils croi-
raient commettre un acte d'injustice en trai-
tant plus sévèrement leurs animaux domesti-
ques. -
- Après les heureux résultats obtenus , notre
caravane reprit le long de la mer la route du
Sénégal. Nous eûmes du plaisir, après un repos
de deux jours, à marcher sur le sable frais et
uni des bords de la mer, à mesure que celle-ci
se retirait. Des milliers de crabes ctun aspect
hideux, courent sans cesse sur le rivage pour
s'y repaître des nombreux molusques mous
que les lames y jettent continuellement. Le
sabte des bords de la mer est criblé de trous
peu profonds, dans lesquels ce crustacée se re-
tire précipitamment à l'approche des lames et
des vo; ageurs. Ces espèces de tanières sont
creusées par l'animal lui-même, qui les renou-
velle aussitôt que la mer et les passans les dé-
truisent.
Les lames jettent encore de loin en loin, sur
la côte, des raies de différentes grosseurs ; ce
poisson bizarre, que les nègres ont en horreur,
attire sur le rivage des band es souvent considé-
rables de chacals et de hiènes. J'en ai vu fré-
quemment, dans ce voyage, qui emportaient
dans les bois , en se sau\ ant, de ces raies dont
la grosseur était énorme : c'est une pâture dont
paraissent très-frians ces animaux d'une vora-
cité sans pareille.
D'autres poissons plus petits, accompagnés
d'une foule de coquillages extrêmement menus,
dont le rivage abonde, y amènent encore des
nuées d'oiseaux aquatiques, entre autre de bé-
cassines, La présence de tous ces êtres vivans
ne laisse pas que de procurer de la distraction
aux voyageurs et l'occasion de s'approvisionner
de gibier. Les liienes et les chacals, qui sont
des animaux aussi fins que rusés, n'attendent
pas que le chasseur soit arrivé assez près d'eux
pour en être atteints; dès qu'ils les aperçoivent,
ils fuient avec une telle célérité qu'on les a bien-
tôt perdus de vue. -
Nous arrivâmes à Saint-Louis, le 2 mai 1829,
nuit jours après notre départ de Gorée. Nous
étions tous contens de quitter le bord de
la mer où nous étions assourdis par le bruit
continuel des lames. Nous éprouvions aussi un
hesoin pressant de nous reposer, et de prendre
"ne meilleure nourriture ; car, quoique nous
n'eussions manqué de rien pendant notre voya-
ge., tout ce que nous mangions était froid et
plein de sable ; l'eau saumâtre que nous bu-
vions en contenait également beaucoup , car
l'atmosphère en est continuellement chargea.
!,es habitans de Gandiole nous reçurent assez
bien, ils nousjOMrIrcnt du poisson dont ils ve-
naient de pècher, vers le bas du fleuve Séné-
gal, une prodigieuse quantité. Nous acceptâmes
quelques belles carpes que nous emportâmes à
Saint-Louis. Je ne crois pas qu'il existe au
monde un pays où le poisson soit aussi abondant
et aussi délicat; nulle part, du moins, je n'en
ai mangé d'aussi bon que celui que l'on pèche,
en général, sur les rives du Sénégal.
(Nouv. Annales des Yoyages,)
GSI.II
LE MENIIIR DE PLOUARZEL.
Le menhir de Plouarzel est une des plus
hautes aiguilles druidiques qu'aient respectées
la main de l'homme et la massue du tems. Il
est seul dans une vaste lande, à 4 lieues de
Brest; il est triste comme le souvenir qu'il
rappelle. triste surtout depuis que la foudre a
abaissé sa tète orgueilleuse et l'a sillonné d'une
ride ineffaçable ; il surgit aux regards comme
une apparition fantastique et géante. Souvent
le paysan du Finistère rencontre dans sa route
une pierre longue, l'habitant du Morbihan une
pierre jaune. L'imagination de ce dernier a
été moins frappée de la hauteur des menhirs
que du reflet jaune que leur impriment les li-
chens. Tous deux sentent alors une pensée fu-
néraire qui sourdit dans leur cœur. Sans doute
ces monolithes ne s'élèvent pas toujours sur les
mànes d'un séide de la religion d'Esus ; Un
menhir était le souvenir d'un fait comme il
était celui d'un homme. Les druides n'écri-
vaient pas l'histoire des peuples, les bardes la
chantaient, et aujourd 'hui encore dans l'an-
c ienne Ai morique vous ne trouverez aucune
histoire imprimée : elles se répètent de père
à fils comme des traditions de famille; elles se
disent sur les lieux à l'étranger. De même
autrefois, quand une pici re druidique se pré-
sentait aux regards du pélerin, illfnmandait le
nom de la lande ou du champ où s'élevait
l'aiguille, et il recueillait les souvenirs d'his-
toire que son père lui avait contés dans les
longues soirées d'hiver. Quelques antiquaires
ont révoqué en doute la destination funéraire
des menhirs ; ils n'ont même vu dans les douze
cents tombes de la plaine de Carnac que le
travail d'une volonté bizarre- Mais en 1710,
sous un menhir des environs de Quimper, on
a trouvé onze tètes de mort placées dans un
bassin d'argile grossièrement travaillé : près
- --
de Guingamp , M. Beaudoin a aussi rencontré
au pied de la base d'une pierre longue plusieurs
crànes humains ; dernièrement M. Fréminville
a fait creuser à six pieds de profondeur autour
du menhir de Plouhinec , et il a retiré de la
tombe, des vertèbres, des dents humaines ,
une hache de pierre, et des petites olives percées
de trous pour être enfilécs en collier. D'ailleurs
les noms des lieux ou apparaissent ces mono-
lithes ne parlent-ils point assez haut ? Kerglons,
lieu de douleur.–Kerguelvan , lieu de pleurs,
Carnac, carneillou (carn, charnier, cime-
tière). L'homme célèbre ou vaniteux qui dort
sous le menhir de la lande de Kergloas n'a
pas voulu que son nom se perdit dans la foule
des noms d un cimetière. Il a ordonné d'asseoir
son tombeau sur le point le plus culminant du
bas Ion et de lui donner cinquante pieds
d'élévation. Cet bomme. a semble - pressentir
l'avenir de Brest, de la capitale maritime de la
France; il a voulu être aperçu des habitansde la
grande ville. Et pourtantsonnom a été entraîné
dans les tourbillons du tems, commcceiu des
morts de Carnac. Carnac fut sans doute champ
de bataille avant d'être cimetière ; le nombre
des menhirs est peut-être celui des guerriers
qui ont succombé. N'y a-t-il pas une intention
dans les hauteurs inégales de ces pierres tumu-
Iaires ? Cette illégalité n'est-elle pas le reflet de
celle des grades qui existaient dans l'armée ? Là
où le corps d'un chef à été reconnu, n'a-t-on
pas assis un menhir plus élevé que celui de
l'hommc d'armes sans dignités, pour indiquer
son tombeau à sa veuvee
- - - -
Dans la lande de Kergloas, au pied du mo-
nolithe pentagone de Plouarzel, on cherche
autour de soi les murs herbeux de quelque
ancien château où l'on puisse aller demander
le nom de l'Armoricain dont les mânes suffo-
quent sous le menhir colossal. Le manoir le
plus près du tombeau a peut-être été bâti sur
les ruines de l'habitation de l'orgueilleux Armo-
ricain. Le château de Kerveac' htou apparaît
dans une perspective assez pittoresque, sur les
bords d'un étang et dans les intervalles des
massifs d'arbres qui l'assombrissent ; cette
perspective et l'amabilité des dames de Kerhor,
voilà tout ce que le château de iG56 a de
remarquable. Son architecture est pâle, mo-
notone , sans poésie, sans religion, comme tout
ce qui s'éloigne du moyen-âge. Ou bien peut-
être l'Armoricain habitait-il ce château plus
lointain dont l'âge remonte aux premiers tems
de la fortification en France, et dont on ignore les
maîtres.
On peut s'étonner que les missionnaires
chrétiens n'aient pas pose une croix sur le mo-
nolithe de granit de Plouarzel, qu'ils ne l'aient
pas fait polir, qu'ils ne lui aient pas retiré ses
moussesetses licheus.On rencontre en Bretagne
plusieurs menhirs sur lesquels a passé la main
parfois vandale du christianisme ; puis est
venu un bras plus fort qui à son tour a rea+
vet'Eé la croix, et la pierre druidique est
restée sur le chemin sans obtenir le stéàé
de croix ct le salut du pavsan religieux rift
sans pouvoir indiquer par ses lichens et ptir
ses rugosités ce qu'elle était d'abord. L'aiguille
druidique de Plouarzel présente une particu-
larité que 11 offre aucun autre nenhir. Sur
deux de ses faces opposées» :;:t pieds
d élévation du sol, saiilrr itW Clreu-
aire rugueux, Imm ces
à ccs bosselures que
àccs bo^chires^g 1'6^6
lcs Bas-Breto'ns - - 'On voit
partbts un jeune ": vêtns de
leurs habits de fê :,tIe pierre
de la lande Ils s'a"",,-i-.;"'<:traves et
silencieux, 1 homme les; îvemés vers la
terre et tenant entre ses mainsvjointes son
toch-Iedan (chapeau) appuyé contre son ventre,
la femme. déroulant les grains de verre de son
chapelet ; ils s'agenouillent chacun devant une
des bosselures ; la femme achève son chapelet en
marmonant une prière; l'homme croise les bras
sur sa poitrine, élève les yeux vers le haut du
menhir et prie sans agiter les lèvres. Leurs
dévotions terminées, ils se dépouillent d'une
partie de leurs vetemens et se frottent le ventre
contre les rugosités du menhir ; puis tout à
coup leurs traits s'animent, ils se lèvent et
se rejoignent joyeux, folâtres, frappant des
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