Titre : L'Ouest-Éclair : journal quotidien d'informations, politique, littéraire, commercial
Éditeur : [s.n.] (Rennes)
Date d'édition : 1899-08-07
Contributeur : Desgrées du Lou, Emmanuel (1867-1933). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 août 1899 07 août 1899
Description : 1899/08/07 (Numéro 6). 1899/08/07 (Numéro 6).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG14 Collection numérique : BIPFPIG14
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Description : Collection numérique : Fonds régional : Bretagne Collection numérique : Fonds régional : Bretagne
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/10/2008
5
Centimes
Première année. K° 6
Journal Quotidien d'Informations
POLITIQUE LITTÉRAIRE COMMERCIAL
4, rV«.e de la Ofa.exlota.i3, "3- RENNES
5
Centimes
Lundi 7 Août 1899
ABONNEMENTS:
On Au SU Uns TreL«**
BRETAGNE ET DKPÀRTEMB.TS LHtlTBOPHES. 20 fr. •- 12 fr. S ft.
Autres Départements 24fr. 14 fr. 7 f*.
DIRECTEUR: ADMINISTRATEUR
Emmanuel du LOtT Alfred la la 1[
De iO à li heure; du matin et âv 5 à G heures da soir. De 9 Il heures du matin et de 5 à 6 heures du soir.
inctrâ» ne eont pas rendu».
TARIF DES INSERTIONS
Annonces* \.yv.}.li, 30 centimes la ligne
Réclames 50
Faits Divers. 1 franc
ON TRAITE AUSSI AlFORFAIT
Le parti catUoliaue belge
Dans son numéro du 2 août, l'Ouest-
clair, aux derniéres dépéches, an-
nçait que le président du Conseil
lge, M. VANDERPERBOOM. avait
Semis sa démission au roi. Les motifs.
ui l'ont déterminé à prendre sa re-
aifc sont connus. Voilà près de six
us, en effet, que la question de la re-
Irésentation proportionnelle de la
P., cemme on l'appelle dans le
uple est posée en Belgique. Un
omme d'Etat puissant dort le parti
Catholique s'honore à juste titre, M.
BEERNAERT, en avait fait le com-
plément heureux de sa législation sur
l'obligation du suffrage et le vote plu-
ral. Il semble bien, en effet, que la re-
présentation des minorités est une des
pièces essentielles à un organisme vé-
ritablement démocratique, Enlevez
cette disposition, vous arrivez a couper
une nation en deux camps hostiles, les
vainqueurs et les vaincus; et, la ma-
jorité obtenant seule une représenta-
tion est portée à deve; ir dans la plu-
part des cas oppressive de la minorité.
Ce qui se passé • n France suffirait à
nous en convainc;a. Nous sommes neui
millions d'éiecteu -s inscrits. Aux élec-
tions dernières, y eut environ cinq
millions de puff ig«s exprimés mais
la majorité qui nous gouverne en re-
'Présente peine trois millions. En réa-
lité, trois millions d'électeurs imposent
!eurs voiouiôs six autres ïn'iinns.
."N'eit-ce pas ud<) représentation men-
jomjêre, indigne d'une démocratie ?
En France, ces idées n'ont pas en-
ïêore pénétré les couches populaires.
ÉiEii Belgique, au contraire, elles sont à
'peu près universellement répandues
on s'est battu pour elles, et le sang a
coulé dans la rue en leur honneur.
BEERNAERT, homme d'avant-
garde. intelligente d'élite et généreuse,
a doté nns voisins d'importantes ré-
lormes, dont la plus reruarquable est
sans contredit la création d'un Minis-
tèrc du Traoail. Il démissionna il y a
environ trois ans après le dépôt de
son projet de loi en faveur de la K. r.
il. WOESTE le Cassagnac de Bel-
gique mais un Cassagnac intelligent
et sérieux chef de l'aile droite du
parti, l'avait abandonné avec armes et
bagages. Aux yleux de ces mira-mo-
dérés, BEERNAERT apparaissait
comme un danger public; c'était un
catholique convaincu Mais qu'im-
porte il avait le tort de penser, les
socialistes le pensant aussi, que cer-
taines réformes étaient nécessaires.
Pour ce crime impardonnable tous les
bons catholiques -du groupe de M.
"WOESTE, s'entend devaient lui
tourner le dos.
Comme s'il était au pouvoir des
hommes d'enrayer la marche du pro-.
^Jl' VANDERPEERBOOM, pour
faire / publique imagina de reprendre le
projet de représentation proportion-
uelle après lui avoi fait subir une toi-
lette à sa façon. Ayant pressenti que
l'échéance électorale de 1900 et de
1902 risquerait d'être lourde aux épau-
les de son parti, vu'la coalition des
jacobins, des libéraux et des socialistes,
il se mit la tête à l'envers pour décou-
vrir un projet qui put à la fois conten-
ter les plus insatiables do réformes et
détourner l'orage qui menace de s'a-
baitre sur le parti catholique. Le
pL-reBOOM ainsi que le populaire
appelle avec mai:.ue le ',NI. VAN-
DERPBERBOOM •écepttit tepiiG-
cipe de la représenfatîcm des minorités
pour les gratis district», il n*en vu'u-'
lait pas poux les petits. Dans les cir-
conscriptions telle que Bruxelles, par
exemple, qui donne 18 sièges, le pro-
jet VANDERPEERBOOM établissait
qu'on aurait recouru à un système qui
ressemble d'assez prés à notre scrutin
de liste français. A snpposer que dans
le district de Bruxelles, les catholiques
aient obtenu 50 0/0 des suffrages, ils
auraient encore eu droit à 9 sièges les
autres partis en présence devaient se
répartir le reste, mais du moins, se
disait le père BOOM, tout fier de sa
trouvaille, les catholiques ne perdront
pas tout, ainsi qu'ils y seraient expo-
sés s'il se fait contre eux une concen-
tration probable de toutes les troupes
jacobines et socialistes. Grâce à ce suh-
terfuge, le pouvoir ne passera pas aux
mains de l'opposition.
Il a toujours été difficile de conten-
ter « tout le m<»nde et son père n. La
ponticue de bascule n'a qu'un temps.
M. VANDERPF.KRBOOM en a don-
né au monde des affaires une preuve
nouvelle et intéressante. Sa démission
s'imposait. Sans doute, nous savons que
J?S homme de transition sont néces-
saires lis ont niéûïc, aux yeux des
gens qui raisonnent, une place d'hon-
neur sur l'échiquier de la politique,
car ils sont des sacrifiés. Aussi bien,
ne songeons-nous pas à jeter des pier-
res dans le jardin de ce croyant sin-
cère, decepohtiquedevaleur.Nousnous
contentons de faire remarquer que les
compromissions ne suffisent point à
régler une politique, et que les mesu-
res nettes, qnand elles sont justes,
mériteat d'être toujours prises avcc
empressement, et traitées avec bien-
veillance.
M. de SMET de JNAYISK, ami per-
sonnel de BEERNAERT, dont il par-
tage les généreuies idées apparaît il.
l'horizon. Son avènement au pouvoir
sera laborieux, sans doute, vu qu'il se
complique d'une question militaire.
Nous avons cependant le droit d'espé-
rer. étant données les dispositions de
ce groupe de catholiques, que le mi-
nistère auquel il prétera son appui,
satisfera enfin l'opinion publique.
Voilà 19 ans que les catholiques dé-
tiennent le pouvoir ils ont été sages,
économes, financiers adroits, servi-
teurs désintéressés et probes de leur
pays. Peut-être cependant que quel-
ques-uns ont eu le tort d'obéir aux ru-
ses et aux intrigues du roi, qui est un
triste sire, de sacrifier d'une main trop
libérale à l'exagération du militarisme
et d'être, suivant le mot d'un diplo-
mate qui s'y connaît, les « candataires
d'une caste ), alors qu'ils auraient dû
faire servir le pouvoir public aux
larges réformes sociales daes cotte
Belgique où les oligarchies exercent
une tyrannie regrettable.
Que de leçons il y aurait à tirer pour
nous de l'histoire de nos voisins durant
ce3 dernières années Mais il est en-
tendu en France qu'on ne peut plus
penser aux intérêts vitaux du pays.
L'afTaire Dreyfus est devenue l'unique
affaire française.
Plaignons le petit peuple; cir, il en
soutira'
Xavier Rivals
Lire en deuxième page la Chronique
Par>i"nr!^ de notre critique d'art,
M. Paul Urbain.
A NOS VENDEURS
Nous avons déplorés plus que cous
les retards et les irrégularités qui se
sont produits dans les divers envois
de ces premiers jours.
C'était le résultat de plusieurs dif-
ficultés d'ordre? divers, tout ci fait in-
dépendants de notre volonté, et sur
lesquelles nous Jetterons prochaine-
ment un jour curieux.
Aujourd'hui cc.s difficultés sont
presque entièrement disparues et voilà
deux fois déjà que nos envois ont peu
être régulièrement expédiés et ont du
régulièrement arriver et destination.
Cela va continuer, et s'il en était autre-
ment nous prions nos vendeurs de
nous en aviser immédiatement.
Echos et Nouvelles
Terrible aaccident de chS.TMi de far
Un terrible accident de chemiu de fer
s'est produit dans la nuit de samedi di-
manche, eu gare de Juvisy.
L'express de Nantes qui part de la gare
d'Orléans à Paris vers 10 Il. 10, avait été
arrêté. par l'orage en gare de Juvk-y.
L3 sémaphore qui aurait du si^nal-îr il.
nn second express, dédoublement du pre
mier, parti quelques minutes après ne
fonctionne pas son m'écanitisrce ayant
sans doute été détérioré pir l'orage.
Ce second train arriva donc à tonte vi-
tesse Juvisy et télescopa le premier, bro-
yant les derniers wagons, Le premier mo-
mentde panique passé ou put se ren Ire
comptedu nombredos blessés et des morts.
Le nombre hélas en est assrz éievé, et
l'on ue, sait si sous 1rs décombres il ne s'en
trouve pas d'autres encore. Jusquici on a
a déplorer 17 morts, et on a constaté que
quarante-neuf personnes avaient été bics
sées plus ou moins grièvement.
M. Boudin, ministre des Travaux pu-
blics est parii aussitôt dans la soirée soi le
lieu de l'accident.
L'Orags à Paris
Voici quelques détails complémentaires
sur les pertubatiocs atmosphériques cons-
tatées samedi à Paris, et dont nous avons
parlé hier dans notre dernière heure.
C'est seulement à partir de 7 h. 30 que
la masse orageuse se concentra sur Paris.
Dès cet instant, les éclairs, qui se présen-
taient presque tous sous la forme de lueurs
en nappes », .ce succédèrent sans inter-
ruption jusque vers 10 heures, heure à la-
quelle le gros de l'orage parut s'éloigner
vers l'L;st. Prêtai les coups de tonnerre,
ceux qui ont été entendus à 8 h. 4-1, 8 h. 55
et 5) h. 30 ont été tous trois extràmemînt
violents.
La pluie a débuté, au contre de Paris,
par une averse à 8 h. 44 et a donné 4 mil-
limètres d'eau en 1 minutes. Paie, après
une courte accalmie, nouvelle averse de
plus lodgue durée. A 9 h. 50, 21 millimè-
tres d'eau étaient tombés.
La température, qui 8 h. 45 était en-
core de 27» 5 la tour Saint-Jacques,
s'abaissait brusquement de 9degrés et des-
cendait à 18«5.
Dans- la journée, le thermomètre avait
atteint 35» 5.
La veille, vondredi, la température
s'était élevé à 0Cr 6, et môme. en certains
points des environs do Paris, jusqu'à 38°,
notamment à Achères et à Fontcnay aux-
lioses.
Ajoutons et ce renseignement nous
consolera de tant d'épreuves que depuis
1Ô0 ans uae pareille chaleur n'avait sévi
sur Paris.
La fcràce du baron Christiani,
Le baron Christiani continue à purger.
paisiblement, la peine de quatre années
d'emprisonnement à laquelle il a été con-
damné par les juges de la dixième chambre
correciioimslie, pour voies de fait envers le
Président de la République.
Au lei.idema.in de la condamnation, un
de nos confrères avait rapporté le propos
tenu par M. Loubst « Voilà quatre ans
qui passeront bien vite! 1
D'où on en avait conclu, mais à tort, que
le baron Christiani serait gracié le 14-Juil-
let.
M0 Lavallée, son éminent défenserr,
annonçait, hier, au Palais, qu'il avait le
lerme espoir que son client serait enfin
grâci6, après le jugement du Conseil de
guerre.
d n'e,t pas seulement son opinion,
mais celle aussi de l'entourage du Prési-
dent de la République.
A Saint-Pétersbourg
Siint-Pétersbourg, b août.
L'entretien d'hier entre M. Delcassé et
!p comte Mouraviev a duré deux heures.
Auiourct'iiLî,- Ni. Delcassé a visité avec
M. de MonUballo, de France,
la cathédrale Saint-Pierre et Saint-râ'Ji,
la forteresse servant de sépulture à la fa-
mille impériale la maisonnette de Pierre-
le Graud et la cathédrale de Kazan il a
déjeuné ii l'ambassade de France,
Au ùiner doaoo aujourd'hui en l'hocn ur
du imcisirô français par le comte Moura-
viev, assisterons, outre le personnel de
l'ambassade do France, les ministres des
finances. M. da Witte de la guerre, géné-
ral Kouropllcice; de l'intérieur, M.Uore-
mykine l'amiral Avelane et le ministre
de la cour, baron Friedericksz.
Demain, M. Delcassé sera reçu à Pé-
terhof par l'empereur.
L'opinion publique russe considère la
visile de M. Deluassô comme très oppor-
tune c'est un nouveau témoignage maté-
rie de l'inébranlable maintien de l'étroite
amitié conslit'aiU la base fondamentale de
l'alliance de la Russie et de la France.
Cet avis est également patilge par les
sphères officielle:» russes.
M. Dalcassô repartira directement pour
Paris mercredi prochain.
Le Nouveau Ministère Belge
Voici quelques détails sur le nouveau
cabinet beige dont nous avons annoucô
hier, par dépêche, la constitution défini-
tive
Les travaux publics sont rattachés aux
finances.
Le ministère des!chemins do fer est pro
visoirement adjoint au ministère de l'indus-
1 trie et du travail.
Le cabinet est ainsi composé présidence
du conseil, finances et travaux publics,
M. de Smot de Nnyer, ministre d'Etat, dé-
pute de Gand intériear, M. de Trooz, dé-
puté de Louvain justice, M. Van den
1 Heuvel, professeur l'université de Lou
vain guerre, le général Conseband d'Al-
kemade, directeur des opérations militaires
au ministère de la guerre affaires étran-
gères, M. de Favereau, député de V.arche;
agriculture, le baron Van der Bruggen,
député de Thielt industrie, travail et che-
mins de fer, M. Liebaert, député de Cour
trai.
Les nominations int paru hier matin
a l'Officiel.
Est-ce un billet d'André'
Pétctibourg6 Août.
Le Peterbwg Litttek, a reçu la vis. te
de quatre voyageurs revenus de Sibérie où
ils auraient tué un pigeon portant sous
l'aile droite un billet abimé par le temps.
La date, que l'on a pu lire, est le 2 mai
1398. La signature semble bien celle d'An-
drée ce billet qui contient quelques ligaes
illisibles prouvait qu'Andrée vivait en-
core le 2 mai 1898- Le document a été
remis à l'Institut géojjraqhique de Saint
Péterstourg.
service SPÉCIAL DE \SQuest-Eclair
Paris, 6 août, 10 h. soir.
L'accident de Juvisy
D'après une note communiquée par la
Compagnie d'Orléans, il résulterait que
l'orage qui sévissait hier soir serait la prin-
cipale cause de la catastrophe. Par suite
des troubles atmosphériques, les signaux
furent dérangés ou ne dûrent pas toue
tionner.
Le nombre officiel des morts s'élève à 17.
Quant aux blessés, on en compte actuelle-
ment 73.
M. le i'rêoldent de la République a en-
voyé un de ses officiers prendre des nou-
velles des blessés.
M. Baudin, ministre des travaux put
hlics, et M. Lucipia, président du conseil
municipal de Paris, se sont également
rendus aux hôpitaux où ils reçoivent en ce
moment l'accueil les plus empressés.
Les wagons atteints étaient de troisième
classe et bondés de voyageurs. On ne si-
gnale parmi les victimes auoun nom parti-
culièrement connu.
La catastrophe s'est produite exactement
à 9 heures 58 du soir, à deux cents mètres
après avoir passé la gare de JuTisy, en face
la caserne de la gendarmerie.
A ce moment, l'orage était dans toute sa
force, et les deux trains 21) et 29 bis, qui
sont des trains directe, dits normaux de
vacances. Ils emmènent chaque année de
nombreux Parisiens vers les plages de
Bretagne.
Le mécanicien du train 29 bis avait
stoppé après la gare da Juvisy aussitôt
après avoir vu le sémaphore marquer le
signal d'arrêt.
Le train 29, qui suivait à une distance
de 500 mètres, marchait à une vitesse de
78 kilomètres à l'heure; il vint donner
dans le fourgon de queue du 29 bis, soit
qu'il ne vit pas le signal placé en avant de
la gare à cause de l'orage, srtt que celui-ci
ne fonctionnât paî.
Les derniers wagons du train 29 bis pé-
nétrèrent successivement dans deux autres.
Le choc fut terrible.
Plusieurs voitures furent arrachées da
leurs charriots. La locomotive du train
tamponneur a seule souflett. L'avant-traiu
est complètement brhé,
Les cris des blessés partaient des trois
wagons de troisième classe du traln tam-
ponné.
Plusieurs victimes furent dégagées dea
amas de fer et de bois qui provenaient des
wagons mis en morceau. Après les pre-
miers soins. ellss furent transportes soit à
l'hôpital. soit â leur domicile, suivant leur
désir.
La gendarmerie et les pompiers ont aus-
sitôt organisé un service d'ordre qui a ren-
du de grands service! en évitant tout en-
combrement.
On craint pour la vis de plusieurs Mes*
zée.
Une foule immense, dont l'émotion est ^H
facile à comprendre, se presse aux abord»
de la Morgue et de la gare d'Orléans.
Une interpellation
On nous télégraphie de Perpignan que
M. Bourrât, député, a informé M. le mi-
nistre des travaux publics qu'il l'iuterpel-'
lerait dès la rentrée des Chambres sur la
catastrophe de Juvisy et sur le retard de
train.
En Espagne
On nous informe de Madrid que l'état
de siège de Saragose est levé.
Le duc de Tétuan a conféré avec M. Sil-
vela au sujet da la conférence de la Ilaye
et de» questions intérieures.
La Cour suprême de la Guerre s'est réu-
nie aujourd'hui pour rendre sa sentence
au sujet de la reddition de Santiago.
On est très porté à croire que le général
Torral sera acquitté, mais il parait que
d'après le jugement à rendra, les respon-
sabilités se reporteraient sur les princi-
paux chefs de l'armée.
La sentence sera rsndua lundi.
HAVAS.
L'affaire Dreyfus
Les témoins de la défense
Voici à titra de document l'ordre dans
lequel seront appelés les témoins cités par
la défense et aussi les points spéciaux sur
lesquels chacun d'eux sera plus particu-
lièrement interrogé;
Sur l'expertise Bertillon, M. Bernard,
ingénieur.
Sur la valeur technique du bordereau
MM. le général Sebert, membre de l'Ins-
titut le commandant Hartmann, le com
mandant Ducros, le capitaine Carvallo,
Bruyerre, officier de réserve; Défends
Lamotte, ingénieur.
Sur les déciarations d'Esterhaty, MM.
le lieutenant Bernheim, Serge Basset (Paul
Itibon, du Matin), Charles Defès, punli-
ciste
Sur les aveux, MM. le capitaine Lebrun-
Renaud, le commandant Forzinetti, Dnbois
homme de lettres
Sur les déclarations Savignan, MM.
Scheurer Kestner et Roques
Sur renseignements générauz, MM.
Charles Mayet, publiciste, Tomps, com-
missaire spécial de police, Jacques Hada-
mard. maitre de conférences à l'Ecole noi-
male Painlevé, maitre de conférences 4
l'Ecole polytechnique, Trarieux, sénateur.
FeitixetON DE L'Ouest-Eclair 6
Une Histoire
de Revenants
PREMIÈRE PARTIE
L'ASSURANCE SUR LA VIE
IV
fieu* sergènlfc
saient et « vidaient assez bien, car la
saient et et il n'en faut pas be=u
pfigoudaine - Tout en parlant de torrents de pluie au
pour la seconde fois^*» Vincent Féru,
dehors, le vieux autres
Pelo, le vannier, «atheli» et les autres
glissaient de temps ea temps .JV sous le
regards sournois il J avait sous le
vaste manteau de la
d'eau sa
résine prise dans un petit
qui la
s'éteigoant et ne rendait plus aucune lueur;
on ne voyait point le visage de l'étranger,
et les bonnes geus qui faisaient la veülée
chez Marion Lecuyer perdaient leur peine
̃à vouloir distinguer ses traits. Il était
entré là un quart d'heure auparavant il
avait été prendre place sans mot dire sur
uae escabelle vide au coin de l'âtre.
Bien que l'hospitalité bretonne permette
à la rigueur cette façon de s'introduire, il
est pourtant d'usage de dire en entrant
Salut à tretous, bonsoir la maisonnée, ou
quelque autre politesse. Le soldat -le bleu
comme l'appelaient déjà les hôtes de
bonne personne Lecuyer, s'était dispensé
de cette simple formul;. Depuis qu'il avait
passé le seuil, il gardait sa têtu appuyée
contre sa main gauche, absorbé daus ses
réflexions et poussant par intervalles do
gros soupirs.
Au moment de son arrivée on bavardait
activement autour da la chiudroanéo de
gigoudaine il y avait sur le tapis un sujet
de conversation intéressant au plus haut
point et tout plein de mystères. Il s'agissait
des deux orphelines et de la jeune veuve
qui habitaient le manoir de Tréguarn,
vivant Dieu sait comme, et allant Dieu sait
où. Il s'agissait de la chute étrange de celte
grande race des Tréguern qui le pays
tout entier portait encore nn respect iavo
lontaire. Il s'agissait des mille bruits qui
couraient sur la mort prématurée de Fihol,
sur sa demi sœur Marianne endiablée par
douairière Le Brec, l'excomnuniée et sur
Geneviève vivant seule au manoir avec la
netite sœur Laurence.
I L'entrée du bleu avait fermé toutes les
bouches. La Bretagne était en paix, mais
Lu «ouvenir des guerres de la chouannerie^
Restait trop vif pour qu'il n'y eut point dans
les coeurs un reste de défiance contre tout
inconnu partant l'uniforme. C'était à cause
du soldat qu'on parlait ainsi de la pluie et
du beau temps.
yant à cela, reprit le vieux Micha
tan en ôtant le fosset de la corne de bo. jf
qui lui servait de tabatière, j'ai vu bien
des cuvées dans mon pressoir, et les plus
grosses pommes ne font pas le meilleur
cidre, je ne mens pas.
Vincent Féru ajouta didacqueement
Faut qu'elles soient grosses en moyen-
neté. Point de trop ni de trop peu mais
pour ce qui est du cidre de la voisine
Marion, il est droit en goût et fort en truit,
ah dam oui, dam 1
-Ah 1 dam, oui, çac'est vrai 1 appuya
le chovir, tandis que toutes les lèvres alté-
rées se mouillaiont aux bords des écuelles,
De tous les regards qui s'attachaient à la
cheveluro noire et frisée du soldat, celui de
Marion Lecuycr était le plus obstinément
curieux. Une fois déjà, pour remplir son
devoir, elle avait demandé- au soldat s'il
voulait une de gigouddine tonte
chaude le soldat aVait répondu non, sans
se retourner. En écoutant le son de ectto
voix, bonno personne Marion eût donné
une pièce de quinz-j sous pour voir à san
aise la figure de l'étranger.
L'homme dit elle eu s'adressant a
lui une seconde fois, si vous avez traversé
la lende sous la première ondée, m'est
avis que vous avca grand besoin de vous
réchauffer le cœur. Levez-vous et prenez
place a la table.
Le soldat ne bougea point. Les gens de
la veillée échangèrent un regard signiCca-
tif.
Il dort dit Toine'.te Maréchal. j
Marion Lécuycr était une femme de*
trente ans :L peu près. Si figure, honnête et
douce, avait cette digne bienveillance qui
est U beauté de la ménagère bretonne.
Mais là-bas les femmes travaillent dur,
comme eût dit le père Michelan, et le tra-
vail vieillit Marion Lécuyer, veuve depuis
du temps, n'était plus une jeune femme
elle avait le grade de bonne personne, qui
est quelque chose comme un brevet de vi-
rilité accordé aux maîtresses des grosses
fermes restant seules et sans métayer pour
mener les hommes de la charrue, de la
huche et du pressoir. Toute gradée et im-
portante qu'elle était, bonne personne Ma-
rion, jeta sur l'inconnu un regard timide,
et devint pensive.
Michelan avait versé, dans le trou que
formant à l'attache du poignet lei deux
muscles du pouce, un petit tas de la
poudre impalpat:le que les paysans bretons
prisent en fraude de la régie. Il secoua la
tête avec lenteur et aspira la poussière jau-
nâtre qui lui amena des larmes plein les
yeux..
Du temps que je braconnais dans la
forêt, mutmura t il, j'ai vu plus d'un lièvre
qui ne bougeait point sur le coup et qui me
partait ensuite entre les jambes qaand j a-
vais remis mon fusil l'épaule.
Vons croyez qu'il fait semblant?.
risquèrent quelques voix timides.
Michelau remit sa corne dans sa poche
et prit la pichet en disant haute et intelli-
gible voix
Pour ça, mes garçailles, des orages
da même ne feraient pas grainer le blé
noir. Ah dam 1 neoni donc
Pendant que chacun admirait la pru-
dence de ce vieillard, Marion Lecuyer, la
métayère, prit la résine et se leva. Elle all
Jusqu'au foyer et sa mit examiner
hôte de plus près. Ceci. n'était point facile,
car la main du soldat s'étendait comme un
masque de son front à sa bouche. Marion
revint et dit avec un soupir de regret
Ce n'est pas celui que je croyais il
n'a qu'un bras.
II n'a qu'un bras ? répéta le cercle
étonné c'est donc manchot qu'il est 1
Et vous pouvez parler sans crainte,
ajouta bonne personne, car il dort comme
une souche 1
Eh bien 1 s'écria le pâtour Michelin,
je disais que douairière Le Breo, chez qui
je suis pour mes péchés a pris son bâton
blanc dès la brune pour aller trô!er par la
lande. Ce jour de sabbat, pour sûr, et la
nuit dernière j'ai entendu parler jusqu'au
matin dans le bas de la Tour de Kervoz.
C'était peut être le commandeur Malo
qui chantait ses litanies j? dit Vincent
Féru.
Quand le commandeur Malo est à la
tour, répliqua le petit Mathelin, on voit la
lueur de sa lampe par les meurtrières du
premier étage. Je sais bien comme c'est
fait chez lui, puisque c'est moi qui ai bou-
ché les trous do sa muraille avec de la
terre mouillée. Voilà déjà bien un mois
que le commandeur n'est venu la tour.
Il y sera cette nuit, interrompit Pelo,
le vannier. En traversant la châtaigneraie,
j'ai entendu son cheval poussif qui plai-
gnait et qui toussait dans !e fourré.
Il vient chercher là la pierre cassée
prononça gravement Marion Lecuyer.
Est ce que vous croyez à la pierre
cassée, vous la Marion ? demanda Vincent
Féru, qui avait parfois des velléités de
scepticisme.
Si je crois à la prophétie de Tré-
JMpl! s'écria la métayère dont le visage
tranquille s'anima. Et pflurquoj n'y çroi:
rais-je point, puisque mon père et mon
aïeul y ont cru avant moi ? Tous les chré
tiens qui vont à la grand'messe le diman-
che ont pu voir qu'il manque une cornière
au toubeau de Tanreguy. Cela est ainsi
depuis des centaines d'annéee. Et depuis
que cela est ainsi, Treguern descend tou-
jours, toujours la prophétie l'avait annon-
cé. Et pour que Trlguern'regagne tous ce
qu'il r perdu, il faut qu'on retrouve l'angl6
de pierre qui manque au tombeau de Ton-
neguy 1
Depuis le temps qu'on cherene.
voulut commencer Vincent.
Mais les femmes se signaient déjà et le
vieux Michlant dit:
Tréguern n'est pas du monde comme
les autres. Il y a encore une autre ptophé-
tie qui dit « Avant de ressusciter, Trô-
guern mourra trois fois. » Ceux qui sont
jeunes verront Feut être bien des choses 1
Pas tant que n.'en ont vu ceux qui
sontvieux 1 interrompit Marion Lécuyer,
qui avait oroisé ses bras devant elle sur la
table ont vit longtemps avant de mourir,
Vincent Féru, et pourtant la mort ne
manque jamais à personne avant de trou-
ver aussi, on peut chercher longtemps.
Quand ma mère était jeune fille, la maison
où nous sommes appartenait encore à
Treguern, et vous savez bien que c'était
un bon maitre Les Le Brec de Kervoz
commençaient alors à faire fwtune à
mesure que Le Brec montait, Treguern
descendait. Ma mère disait que les trois
jeunes frères du comp'e Tannoçuy se ren-
contrèrent une fois avec les ciaq fils Le
Breo dans le pâtis de la Margerie. Il y
eut bataille, car ces deux races là se hail-
sent d'instinct comme lei braves chiens as
Centimes
Première année. K° 6
Journal Quotidien d'Informations
POLITIQUE LITTÉRAIRE COMMERCIAL
4, rV«.e de la Ofa.exlota.i3, "3- RENNES
5
Centimes
Lundi 7 Août 1899
ABONNEMENTS:
On Au SU Uns TreL«**
BRETAGNE ET DKPÀRTEMB.TS LHtlTBOPHES. 20 fr. •- 12 fr. S ft.
Autres Départements 24fr. 14 fr. 7 f*.
DIRECTEUR: ADMINISTRATEUR
Emmanuel du LOtT Alfred la la 1[
De iO à li heure; du matin et âv 5 à G heures da soir. De 9 Il heures du matin et de 5 à 6 heures du soir.
inctrâ» ne eont pas rendu».
TARIF DES INSERTIONS
Annonces* \.yv.}.li, 30 centimes la ligne
Réclames 50
Faits Divers. 1 franc
ON TRAITE AUSSI AlFORFAIT
Le parti catUoliaue belge
Dans son numéro du 2 août, l'Ouest-
clair, aux derniéres dépéches, an-
nçait que le président du Conseil
lge, M. VANDERPERBOOM. avait
Semis sa démission au roi. Les motifs.
ui l'ont déterminé à prendre sa re-
aifc sont connus. Voilà près de six
us, en effet, que la question de la re-
Irésentation proportionnelle de la
P., cemme on l'appelle dans le
uple est posée en Belgique. Un
omme d'Etat puissant dort le parti
Catholique s'honore à juste titre, M.
BEERNAERT, en avait fait le com-
plément heureux de sa législation sur
l'obligation du suffrage et le vote plu-
ral. Il semble bien, en effet, que la re-
présentation des minorités est une des
pièces essentielles à un organisme vé-
ritablement démocratique, Enlevez
cette disposition, vous arrivez a couper
une nation en deux camps hostiles, les
vainqueurs et les vaincus; et, la ma-
jorité obtenant seule une représenta-
tion est portée à deve; ir dans la plu-
part des cas oppressive de la minorité.
Ce qui se passé • n France suffirait à
nous en convainc;a. Nous sommes neui
millions d'éiecteu -s inscrits. Aux élec-
tions dernières, y eut environ cinq
millions de puff ig«s exprimés mais
la majorité qui nous gouverne en re-
'Présente peine trois millions. En réa-
lité, trois millions d'électeurs imposent
!eurs voiouiôs six autres ïn'iinns.
."N'eit-ce pas ud<) représentation men-
jomjêre, indigne d'une démocratie ?
En France, ces idées n'ont pas en-
ïêore pénétré les couches populaires.
ÉiEii Belgique, au contraire, elles sont à
'peu près universellement répandues
on s'est battu pour elles, et le sang a
coulé dans la rue en leur honneur.
BEERNAERT, homme d'avant-
garde. intelligente d'élite et généreuse,
a doté nns voisins d'importantes ré-
lormes, dont la plus reruarquable est
sans contredit la création d'un Minis-
tèrc du Traoail. Il démissionna il y a
environ trois ans après le dépôt de
son projet de loi en faveur de la K. r.
il. WOESTE le Cassagnac de Bel-
gique mais un Cassagnac intelligent
et sérieux chef de l'aile droite du
parti, l'avait abandonné avec armes et
bagages. Aux yleux de ces mira-mo-
dérés, BEERNAERT apparaissait
comme un danger public; c'était un
catholique convaincu Mais qu'im-
porte il avait le tort de penser, les
socialistes le pensant aussi, que cer-
taines réformes étaient nécessaires.
Pour ce crime impardonnable tous les
bons catholiques -du groupe de M.
"WOESTE, s'entend devaient lui
tourner le dos.
Comme s'il était au pouvoir des
hommes d'enrayer la marche du pro-.
^Jl' VANDERPEERBOOM, pour
faire /
projet de représentation proportion-
uelle après lui avoi fait subir une toi-
lette à sa façon. Ayant pressenti que
l'échéance électorale de 1900 et de
1902 risquerait d'être lourde aux épau-
les de son parti, vu'la coalition des
jacobins, des libéraux et des socialistes,
il se mit la tête à l'envers pour décou-
vrir un projet qui put à la fois conten-
ter les plus insatiables do réformes et
détourner l'orage qui menace de s'a-
baitre sur le parti catholique. Le
pL-reBOOM ainsi que le populaire
appelle avec mai:.ue le ',NI. VAN-
DERPBERBOOM •écepttit tepiiG-
cipe de la représenfatîcm des minorités
pour les gratis district», il n*en vu'u-'
lait pas poux les petits. Dans les cir-
conscriptions telle que Bruxelles, par
exemple, qui donne 18 sièges, le pro-
jet VANDERPEERBOOM établissait
qu'on aurait recouru à un système qui
ressemble d'assez prés à notre scrutin
de liste français. A snpposer que dans
le district de Bruxelles, les catholiques
aient obtenu 50 0/0 des suffrages, ils
auraient encore eu droit à 9 sièges les
autres partis en présence devaient se
répartir le reste, mais du moins, se
disait le père BOOM, tout fier de sa
trouvaille, les catholiques ne perdront
pas tout, ainsi qu'ils y seraient expo-
sés s'il se fait contre eux une concen-
tration probable de toutes les troupes
jacobines et socialistes. Grâce à ce suh-
terfuge, le pouvoir ne passera pas aux
mains de l'opposition.
Il a toujours été difficile de conten-
ter « tout le m<»nde et son père n. La
ponticue de bascule n'a qu'un temps.
M. VANDERPF.KRBOOM en a don-
né au monde des affaires une preuve
nouvelle et intéressante. Sa démission
s'imposait. Sans doute, nous savons que
J?S homme de transition sont néces-
saires lis ont niéûïc, aux yeux des
gens qui raisonnent, une place d'hon-
neur sur l'échiquier de la politique,
car ils sont des sacrifiés. Aussi bien,
ne songeons-nous pas à jeter des pier-
res dans le jardin de ce croyant sin-
cère, decepohtiquedevaleur.Nousnous
contentons de faire remarquer que les
compromissions ne suffisent point à
régler une politique, et que les mesu-
res nettes, qnand elles sont justes,
mériteat d'être toujours prises avcc
empressement, et traitées avec bien-
veillance.
M. de SMET de JNAYISK, ami per-
sonnel de BEERNAERT, dont il par-
tage les généreuies idées apparaît il.
l'horizon. Son avènement au pouvoir
sera laborieux, sans doute, vu qu'il se
complique d'une question militaire.
Nous avons cependant le droit d'espé-
rer. étant données les dispositions de
ce groupe de catholiques, que le mi-
nistère auquel il prétera son appui,
satisfera enfin l'opinion publique.
Voilà 19 ans que les catholiques dé-
tiennent le pouvoir ils ont été sages,
économes, financiers adroits, servi-
teurs désintéressés et probes de leur
pays. Peut-être cependant que quel-
ques-uns ont eu le tort d'obéir aux ru-
ses et aux intrigues du roi, qui est un
triste sire, de sacrifier d'une main trop
libérale à l'exagération du militarisme
et d'être, suivant le mot d'un diplo-
mate qui s'y connaît, les « candataires
d'une caste ), alors qu'ils auraient dû
faire servir le pouvoir public aux
larges réformes sociales daes cotte
Belgique où les oligarchies exercent
une tyrannie regrettable.
Que de leçons il y aurait à tirer pour
nous de l'histoire de nos voisins durant
ce3 dernières années Mais il est en-
tendu en France qu'on ne peut plus
penser aux intérêts vitaux du pays.
L'afTaire Dreyfus est devenue l'unique
affaire française.
Plaignons le petit peuple; cir, il en
soutira'
Xavier Rivals
Lire en deuxième page la Chronique
Par>i"nr!^ de notre critique d'art,
M. Paul Urbain.
A NOS VENDEURS
Nous avons déplorés plus que cous
les retards et les irrégularités qui se
sont produits dans les divers envois
de ces premiers jours.
C'était le résultat de plusieurs dif-
ficultés d'ordre? divers, tout ci fait in-
dépendants de notre volonté, et sur
lesquelles nous Jetterons prochaine-
ment un jour curieux.
Aujourd'hui cc.s difficultés sont
presque entièrement disparues et voilà
deux fois déjà que nos envois ont peu
être régulièrement expédiés et ont du
régulièrement arriver et destination.
Cela va continuer, et s'il en était autre-
ment nous prions nos vendeurs de
nous en aviser immédiatement.
Echos et Nouvelles
Terrible aaccident de chS.TMi de far
Un terrible accident de chemiu de fer
s'est produit dans la nuit de samedi di-
manche, eu gare de Juvisy.
L'express de Nantes qui part de la gare
d'Orléans à Paris vers 10 Il. 10, avait été
arrêté. par l'orage en gare de Juvk-y.
L3 sémaphore qui aurait du si^nal-îr il.
nn second express, dédoublement du pre
mier, parti quelques minutes après ne
fonctionne pas son m'écanitisrce ayant
sans doute été détérioré pir l'orage.
Ce second train arriva donc à tonte vi-
tesse Juvisy et télescopa le premier, bro-
yant les derniers wagons, Le premier mo-
mentde panique passé ou put se ren Ire
comptedu nombredos blessés et des morts.
Le nombre hélas en est assrz éievé, et
l'on ue, sait si sous 1rs décombres il ne s'en
trouve pas d'autres encore. Jusquici on a
a déplorer 17 morts, et on a constaté que
quarante-neuf personnes avaient été bics
sées plus ou moins grièvement.
M. Boudin, ministre des Travaux pu-
blics est parii aussitôt dans la soirée soi le
lieu de l'accident.
L'Orags à Paris
Voici quelques détails complémentaires
sur les pertubatiocs atmosphériques cons-
tatées samedi à Paris, et dont nous avons
parlé hier dans notre dernière heure.
C'est seulement à partir de 7 h. 30 que
la masse orageuse se concentra sur Paris.
Dès cet instant, les éclairs, qui se présen-
taient presque tous sous la forme de lueurs
en nappes », .ce succédèrent sans inter-
ruption jusque vers 10 heures, heure à la-
quelle le gros de l'orage parut s'éloigner
vers l'L;st. Prêtai les coups de tonnerre,
ceux qui ont été entendus à 8 h. 4-1, 8 h. 55
et 5) h. 30 ont été tous trois extràmemînt
violents.
La pluie a débuté, au contre de Paris,
par une averse à 8 h. 44 et a donné 4 mil-
limètres d'eau en 1 minutes. Paie, après
une courte accalmie, nouvelle averse de
plus lodgue durée. A 9 h. 50, 21 millimè-
tres d'eau étaient tombés.
La température, qui 8 h. 45 était en-
core de 27» 5 la tour Saint-Jacques,
s'abaissait brusquement de 9degrés et des-
cendait à 18«5.
Dans- la journée, le thermomètre avait
atteint 35» 5.
La veille, vondredi, la température
s'était élevé à 0Cr 6, et môme. en certains
points des environs do Paris, jusqu'à 38°,
notamment à Achères et à Fontcnay aux-
lioses.
Ajoutons et ce renseignement nous
consolera de tant d'épreuves que depuis
1Ô0 ans uae pareille chaleur n'avait sévi
sur Paris.
La fcràce du baron Christiani,
Le baron Christiani continue à purger.
paisiblement, la peine de quatre années
d'emprisonnement à laquelle il a été con-
damné par les juges de la dixième chambre
correciioimslie, pour voies de fait envers le
Président de la République.
Au lei.idema.in de la condamnation, un
de nos confrères avait rapporté le propos
tenu par M. Loubst « Voilà quatre ans
qui passeront bien vite! 1
D'où on en avait conclu, mais à tort, que
le baron Christiani serait gracié le 14-Juil-
let.
M0 Lavallée, son éminent défenserr,
annonçait, hier, au Palais, qu'il avait le
lerme espoir que son client serait enfin
grâci6, après le jugement du Conseil de
guerre.
d n'e,t pas seulement son opinion,
mais celle aussi de l'entourage du Prési-
dent de la République.
A Saint-Pétersbourg
Siint-Pétersbourg, b août.
L'entretien d'hier entre M. Delcassé et
!p comte Mouraviev a duré deux heures.
Auiourct'iiLî,- Ni. Delcassé a visité avec
M. de MonUballo, de France,
la cathédrale Saint-Pierre et Saint-râ'Ji,
la forteresse servant de sépulture à la fa-
mille impériale la maisonnette de Pierre-
le Graud et la cathédrale de Kazan il a
déjeuné ii l'ambassade de France,
Au ùiner doaoo aujourd'hui en l'hocn ur
du imcisirô français par le comte Moura-
viev, assisterons, outre le personnel de
l'ambassade do France, les ministres des
finances. M. da Witte de la guerre, géné-
ral Kouropllcice; de l'intérieur, M.Uore-
mykine l'amiral Avelane et le ministre
de la cour, baron Friedericksz.
Demain, M. Delcassé sera reçu à Pé-
terhof par l'empereur.
L'opinion publique russe considère la
visile de M. Deluassô comme très oppor-
tune c'est un nouveau témoignage maté-
rie de l'inébranlable maintien de l'étroite
amitié conslit'aiU la base fondamentale de
l'alliance de la Russie et de la France.
Cet avis est également patilge par les
sphères officielle:» russes.
M. Dalcassô repartira directement pour
Paris mercredi prochain.
Le Nouveau Ministère Belge
Voici quelques détails sur le nouveau
cabinet beige dont nous avons annoucô
hier, par dépêche, la constitution défini-
tive
Les travaux publics sont rattachés aux
finances.
Le ministère des!chemins do fer est pro
visoirement adjoint au ministère de l'indus-
1 trie et du travail.
Le cabinet est ainsi composé présidence
du conseil, finances et travaux publics,
M. de Smot de Nnyer, ministre d'Etat, dé-
pute de Gand intériear, M. de Trooz, dé-
puté de Louvain justice, M. Van den
1 Heuvel, professeur l'université de Lou
vain guerre, le général Conseband d'Al-
kemade, directeur des opérations militaires
au ministère de la guerre affaires étran-
gères, M. de Favereau, député de V.arche;
agriculture, le baron Van der Bruggen,
député de Thielt industrie, travail et che-
mins de fer, M. Liebaert, député de Cour
trai.
Les nominations int paru hier matin
a l'Officiel.
Est-ce un billet d'André'
Pétctibourg6 Août.
Le Peterbwg Litttek, a reçu la vis. te
de quatre voyageurs revenus de Sibérie où
ils auraient tué un pigeon portant sous
l'aile droite un billet abimé par le temps.
La date, que l'on a pu lire, est le 2 mai
1398. La signature semble bien celle d'An-
drée ce billet qui contient quelques ligaes
illisibles prouvait qu'Andrée vivait en-
core le 2 mai 1898- Le document a été
remis à l'Institut géojjraqhique de Saint
Péterstourg.
service SPÉCIAL DE \SQuest-Eclair
Paris, 6 août, 10 h. soir.
L'accident de Juvisy
D'après une note communiquée par la
Compagnie d'Orléans, il résulterait que
l'orage qui sévissait hier soir serait la prin-
cipale cause de la catastrophe. Par suite
des troubles atmosphériques, les signaux
furent dérangés ou ne dûrent pas toue
tionner.
Le nombre officiel des morts s'élève à 17.
Quant aux blessés, on en compte actuelle-
ment 73.
M. le i'rêoldent de la République a en-
voyé un de ses officiers prendre des nou-
velles des blessés.
M. Baudin, ministre des travaux put
hlics, et M. Lucipia, président du conseil
municipal de Paris, se sont également
rendus aux hôpitaux où ils reçoivent en ce
moment l'accueil les plus empressés.
Les wagons atteints étaient de troisième
classe et bondés de voyageurs. On ne si-
gnale parmi les victimes auoun nom parti-
culièrement connu.
La catastrophe s'est produite exactement
à 9 heures 58 du soir, à deux cents mètres
après avoir passé la gare de JuTisy, en face
la caserne de la gendarmerie.
A ce moment, l'orage était dans toute sa
force, et les deux trains 21) et 29 bis, qui
sont des trains directe, dits normaux de
vacances. Ils emmènent chaque année de
nombreux Parisiens vers les plages de
Bretagne.
Le mécanicien du train 29 bis avait
stoppé après la gare da Juvisy aussitôt
après avoir vu le sémaphore marquer le
signal d'arrêt.
Le train 29, qui suivait à une distance
de 500 mètres, marchait à une vitesse de
78 kilomètres à l'heure; il vint donner
dans le fourgon de queue du 29 bis, soit
qu'il ne vit pas le signal placé en avant de
la gare à cause de l'orage, srtt que celui-ci
ne fonctionnât paî.
Les derniers wagons du train 29 bis pé-
nétrèrent successivement dans deux autres.
Le choc fut terrible.
Plusieurs voitures furent arrachées da
leurs charriots. La locomotive du train
tamponneur a seule souflett. L'avant-traiu
est complètement brhé,
Les cris des blessés partaient des trois
wagons de troisième classe du traln tam-
ponné.
Plusieurs victimes furent dégagées dea
amas de fer et de bois qui provenaient des
wagons mis en morceau. Après les pre-
miers soins. ellss furent transportes soit à
l'hôpital. soit â leur domicile, suivant leur
désir.
La gendarmerie et les pompiers ont aus-
sitôt organisé un service d'ordre qui a ren-
du de grands service! en évitant tout en-
combrement.
On craint pour la vis de plusieurs Mes*
zée.
Une foule immense, dont l'émotion est ^H
facile à comprendre, se presse aux abord»
de la Morgue et de la gare d'Orléans.
Une interpellation
On nous télégraphie de Perpignan que
M. Bourrât, député, a informé M. le mi-
nistre des travaux publics qu'il l'iuterpel-'
lerait dès la rentrée des Chambres sur la
catastrophe de Juvisy et sur le retard de
train.
En Espagne
On nous informe de Madrid que l'état
de siège de Saragose est levé.
Le duc de Tétuan a conféré avec M. Sil-
vela au sujet da la conférence de la Ilaye
et de» questions intérieures.
La Cour suprême de la Guerre s'est réu-
nie aujourd'hui pour rendre sa sentence
au sujet de la reddition de Santiago.
On est très porté à croire que le général
Torral sera acquitté, mais il parait que
d'après le jugement à rendra, les respon-
sabilités se reporteraient sur les princi-
paux chefs de l'armée.
La sentence sera rsndua lundi.
HAVAS.
L'affaire Dreyfus
Les témoins de la défense
Voici à titra de document l'ordre dans
lequel seront appelés les témoins cités par
la défense et aussi les points spéciaux sur
lesquels chacun d'eux sera plus particu-
lièrement interrogé;
Sur l'expertise Bertillon, M. Bernard,
ingénieur.
Sur la valeur technique du bordereau
MM. le général Sebert, membre de l'Ins-
titut le commandant Hartmann, le com
mandant Ducros, le capitaine Carvallo,
Bruyerre, officier de réserve; Défends
Lamotte, ingénieur.
Sur les déciarations d'Esterhaty, MM.
le lieutenant Bernheim, Serge Basset (Paul
Itibon, du Matin), Charles Defès, punli-
ciste
Sur les aveux, MM. le capitaine Lebrun-
Renaud, le commandant Forzinetti, Dnbois
homme de lettres
Sur les déclarations Savignan, MM.
Scheurer Kestner et Roques
Sur renseignements générauz, MM.
Charles Mayet, publiciste, Tomps, com-
missaire spécial de police, Jacques Hada-
mard. maitre de conférences à l'Ecole noi-
male Painlevé, maitre de conférences 4
l'Ecole polytechnique, Trarieux, sénateur.
FeitixetON DE L'Ouest-Eclair 6
Une Histoire
de Revenants
PREMIÈRE PARTIE
L'ASSURANCE SUR LA VIE
IV
fieu* sergènlfc
saient et « vidaient assez bien, car la
saient et et il n'en faut pas be=u
pfigoudaine -
pour la seconde fois^*» Vincent Féru,
dehors, le vieux autres
Pelo, le vannier, «atheli» et les autres
glissaient de temps ea temps .JV sous le
regards sournois il J avait sous le
vaste manteau de la
d'eau sa
résine prise dans un petit
qui la
s'éteigoant et ne rendait plus aucune lueur;
on ne voyait point le visage de l'étranger,
et les bonnes geus qui faisaient la veülée
chez Marion Lecuyer perdaient leur peine
̃à vouloir distinguer ses traits. Il était
entré là un quart d'heure auparavant il
avait été prendre place sans mot dire sur
uae escabelle vide au coin de l'âtre.
Bien que l'hospitalité bretonne permette
à la rigueur cette façon de s'introduire, il
est pourtant d'usage de dire en entrant
Salut à tretous, bonsoir la maisonnée, ou
quelque autre politesse. Le soldat -le bleu
comme l'appelaient déjà les hôtes de
bonne personne Lecuyer, s'était dispensé
de cette simple formul;. Depuis qu'il avait
passé le seuil, il gardait sa têtu appuyée
contre sa main gauche, absorbé daus ses
réflexions et poussant par intervalles do
gros soupirs.
Au moment de son arrivée on bavardait
activement autour da la chiudroanéo de
gigoudaine il y avait sur le tapis un sujet
de conversation intéressant au plus haut
point et tout plein de mystères. Il s'agissait
des deux orphelines et de la jeune veuve
qui habitaient le manoir de Tréguarn,
vivant Dieu sait comme, et allant Dieu sait
où. Il s'agissait de la chute étrange de celte
grande race des Tréguern qui le pays
tout entier portait encore nn respect iavo
lontaire. Il s'agissait des mille bruits qui
couraient sur la mort prématurée de Fihol,
sur sa demi sœur Marianne endiablée par
douairière Le Brec, l'excomnuniée et sur
Geneviève vivant seule au manoir avec la
netite sœur Laurence.
I L'entrée du bleu avait fermé toutes les
bouches. La Bretagne était en paix, mais
Lu «ouvenir des guerres de la chouannerie^
Restait trop vif pour qu'il n'y eut point dans
les coeurs un reste de défiance contre tout
inconnu partant l'uniforme. C'était à cause
du soldat qu'on parlait ainsi de la pluie et
du beau temps.
yant à cela, reprit le vieux Micha
tan en ôtant le fosset de la corne de bo. jf
qui lui servait de tabatière, j'ai vu bien
des cuvées dans mon pressoir, et les plus
grosses pommes ne font pas le meilleur
cidre, je ne mens pas.
Vincent Féru ajouta didacqueement
Faut qu'elles soient grosses en moyen-
neté. Point de trop ni de trop peu mais
pour ce qui est du cidre de la voisine
Marion, il est droit en goût et fort en truit,
ah dam oui, dam 1
-Ah 1 dam, oui, çac'est vrai 1 appuya
le chovir, tandis que toutes les lèvres alté-
rées se mouillaiont aux bords des écuelles,
De tous les regards qui s'attachaient à la
cheveluro noire et frisée du soldat, celui de
Marion Lecuycr était le plus obstinément
curieux. Une fois déjà, pour remplir son
devoir, elle avait demandé- au soldat s'il
voulait une de gigouddine tonte
chaude le soldat aVait répondu non, sans
se retourner. En écoutant le son de ectto
voix, bonno personne Marion eût donné
une pièce de quinz-j sous pour voir à san
aise la figure de l'étranger.
L'homme dit elle eu s'adressant a
lui une seconde fois, si vous avez traversé
la lende sous la première ondée, m'est
avis que vous avca grand besoin de vous
réchauffer le cœur. Levez-vous et prenez
place a la table.
Le soldat ne bougea point. Les gens de
la veillée échangèrent un regard signiCca-
tif.
Il dort dit Toine'.te Maréchal. j
Marion Lécuycr était une femme de*
trente ans :L peu près. Si figure, honnête et
douce, avait cette digne bienveillance qui
est U beauté de la ménagère bretonne.
Mais là-bas les femmes travaillent dur,
comme eût dit le père Michelan, et le tra-
vail vieillit Marion Lécuyer, veuve depuis
du temps, n'était plus une jeune femme
elle avait le grade de bonne personne, qui
est quelque chose comme un brevet de vi-
rilité accordé aux maîtresses des grosses
fermes restant seules et sans métayer pour
mener les hommes de la charrue, de la
huche et du pressoir. Toute gradée et im-
portante qu'elle était, bonne personne Ma-
rion, jeta sur l'inconnu un regard timide,
et devint pensive.
Michelan avait versé, dans le trou que
formant à l'attache du poignet lei deux
muscles du pouce, un petit tas de la
poudre impalpat:le que les paysans bretons
prisent en fraude de la régie. Il secoua la
tête avec lenteur et aspira la poussière jau-
nâtre qui lui amena des larmes plein les
yeux..
Du temps que je braconnais dans la
forêt, mutmura t il, j'ai vu plus d'un lièvre
qui ne bougeait point sur le coup et qui me
partait ensuite entre les jambes qaand j a-
vais remis mon fusil l'épaule.
Vons croyez qu'il fait semblant?.
risquèrent quelques voix timides.
Michelau remit sa corne dans sa poche
et prit la pichet en disant haute et intelli-
gible voix
Pour ça, mes garçailles, des orages
da même ne feraient pas grainer le blé
noir. Ah dam 1 neoni donc
Pendant que chacun admirait la pru-
dence de ce vieillard, Marion Lecuyer, la
métayère, prit la résine et se leva. Elle all
Jusqu'au foyer et sa mit examiner
hôte de plus près. Ceci. n'était point facile,
car la main du soldat s'étendait comme un
masque de son front à sa bouche. Marion
revint et dit avec un soupir de regret
Ce n'est pas celui que je croyais il
n'a qu'un bras.
II n'a qu'un bras ? répéta le cercle
étonné c'est donc manchot qu'il est 1
Et vous pouvez parler sans crainte,
ajouta bonne personne, car il dort comme
une souche 1
Eh bien 1 s'écria le pâtour Michelin,
je disais que douairière Le Breo, chez qui
je suis pour mes péchés a pris son bâton
blanc dès la brune pour aller trô!er par la
lande. Ce jour de sabbat, pour sûr, et la
nuit dernière j'ai entendu parler jusqu'au
matin dans le bas de la Tour de Kervoz.
C'était peut être le commandeur Malo
qui chantait ses litanies j? dit Vincent
Féru.
Quand le commandeur Malo est à la
tour, répliqua le petit Mathelin, on voit la
lueur de sa lampe par les meurtrières du
premier étage. Je sais bien comme c'est
fait chez lui, puisque c'est moi qui ai bou-
ché les trous do sa muraille avec de la
terre mouillée. Voilà déjà bien un mois
que le commandeur n'est venu la tour.
Il y sera cette nuit, interrompit Pelo,
le vannier. En traversant la châtaigneraie,
j'ai entendu son cheval poussif qui plai-
gnait et qui toussait dans !e fourré.
Il vient chercher là la pierre cassée
prononça gravement Marion Lecuyer.
Est ce que vous croyez à la pierre
cassée, vous la Marion ? demanda Vincent
Féru, qui avait parfois des velléités de
scepticisme.
Si je crois à la prophétie de Tré-
JMpl! s'écria la métayère dont le visage
tranquille s'anima. Et pflurquoj n'y çroi:
rais-je point, puisque mon père et mon
aïeul y ont cru avant moi ? Tous les chré
tiens qui vont à la grand'messe le diman-
che ont pu voir qu'il manque une cornière
au toubeau de Tanreguy. Cela est ainsi
depuis des centaines d'annéee. Et depuis
que cela est ainsi, Treguern descend tou-
jours, toujours la prophétie l'avait annon-
cé. Et pour que Trlguern'regagne tous ce
qu'il r perdu, il faut qu'on retrouve l'angl6
de pierre qui manque au tombeau de Ton-
neguy 1
Depuis le temps qu'on cherene.
voulut commencer Vincent.
Mais les femmes se signaient déjà et le
vieux Michlant dit:
Tréguern n'est pas du monde comme
les autres. Il y a encore une autre ptophé-
tie qui dit « Avant de ressusciter, Trô-
guern mourra trois fois. » Ceux qui sont
jeunes verront Feut être bien des choses 1
Pas tant que n.'en ont vu ceux qui
sontvieux 1 interrompit Marion Lécuyer,
qui avait oroisé ses bras devant elle sur la
table ont vit longtemps avant de mourir,
Vincent Féru, et pourtant la mort ne
manque jamais à personne avant de trou-
ver aussi, on peut chercher longtemps.
Quand ma mère était jeune fille, la maison
où nous sommes appartenait encore à
Treguern, et vous savez bien que c'était
un bon maitre Les Le Brec de Kervoz
commençaient alors à faire fwtune à
mesure que Le Brec montait, Treguern
descendait. Ma mère disait que les trois
jeunes frères du comp'e Tannoçuy se ren-
contrèrent une fois avec les ciaq fils Le
Breo dans le pâtis de la Margerie. Il y
eut bataille, car ces deux races là se hail-
sent d'instinct comme lei braves chiens as
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