Titre : Le Monde illustré
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-09-07
Contributeur : Yriarte, Charles (1833-1898). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32818319d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 septembre 1872 07 septembre 1872
Description : 1872/09/07 (A16,N804). 1872/09/07 (A16,N804).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63810206
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, FOL-LC2-2943
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
LE MONDE ILLUSTRE 143
jours le assjH sul. |e bord du la rivière, à l'en-
r°it rtiênie 8(1 je trie suis égarée.
Karl.
, - n'en trlsie, tt'ltt-Cff pa^, mon cousin? Comme le
Cie[ ,1 ffnpfiefc ! Je n'tfl pas eofmu ma mère, mon
Prc est mort fans mes bras. et maintenant mon Litù-
tg, le seul bien qui nid restc, Il fsiidrame condamner
• e voir sans qu'il me Cônnâiese, a l'aimer sans qu'il
Di:nne, lui. Non, je fie If verrat pas. Que faire, ô mon
leu> pour lui rendre la raison ?
fo Le seigneur Kail répondit, après avoir réfléchi pro-
ndeent pendant quelques instants :
Ecoutez-moi. ma noble cousine. Il me revient en
--<;P.oire la guirisso, d'une pauvre mère qui avait cru
',t'I Iilh morte dans tifi. incendie. L'enfant avait horri-
- ement souffert, mais on j'avait sauvée. Après sagué-
la rnerg îjtaî était devenue, folle au moment où
■ e aVaIt V6 sa fillë disparaître dans les flammes, ne
°u'ut piusla recrlhnflîifè plus tard. Voici ce qu'on tenta
oUÍ' lui rendre ta raison. On construisit dans la cour
de sa. maison, vis-à-vis les fenêtres de sa chambre, une
braque en bois à laquelle on mit le feu, la nuit ve-
TIue' 0 è f' 1. d d
t Derrière les planches, à l'abri de tout danger, se
tenait la fille à qui l'on avait eii soin de fair revêtir des
l,elements semblables à ceux Qu'elle portait le jour de
t catastrophe. Aux premières ilammes qui s'élèvent,
f; nière s'épouvante,
fille est ],à, qu'elle va périr. Quelqu'un des domestiques
ehnre de la chambre et rapporte dans ses hr.as.J.¡L
;]eUne fille qui feignait un évanouissement. On s'em-
Presse. La mère la reconflaît, voit qu'elle vit, qu'elle
est sauvée. Elle pousse un cd,.. La raison lui était re-
Venue. Il faudrait, ajoutà le seigneur Kar], user d'un
s,ratagème à peu près semblable pour rendre la raison
a votre frère.
-: Oh! mon cousin, votté sauverez Ludwig, n'est-ce
; s écria la princesse.
l A:peine la princesse avait-elle achevé ces mots que
Prince Ludwig entra sans faire de bruit, et s'ar-
J a à deux pas derrière la princesse.
• sabeau se retourriafrt par hasard l'aperçut et poussa
l1n'
Cri de surprise. Ludwig se mit à fixer sa sœur sans
donner signé qu'il la reconnnt, et la princesse s'éva-
"Ouit dé douleur en pensant qu'elle n'existait plus pour
sorl cher L-udwig..
- Ludwig.
u prince s'imaginait que sa sœur était une Ghfttè-
llle du voisinage qui avait acheté le château après la
t. de son père. Il se conduisait galamment avec elle
r:.Il)l faisait toutes portés de politesses comme à une
L,,l'angèrp..
ellAYilnt. vu qu'elle jouaît du luth, il lui demanda si
t' e ne pourrait pas lui rappeler un air qu'il avait en-
- r' u en traversant leTyrol et qui l'avait charmé.
La. princease eut l'idée de chanter, aulieu de l'air ty-
len, Une chanson qu'elle et son frère aimaient a ré-
l'ter. dans leur enfance. Mais quelle fut sa douléur
JUana elle vit que le prince n'avait gardé aucun souve-
lr de cëtte chanson.
j. Le prltiÇfe ftlt néanmoins enchanté de la façon dont
^ifciujnHt. le tiial fleur eux LlJdwi¡;Re plaisait de plus
n pi lis dans HI. Société d'isabeau, qu'il prenait toujours
ûng fioblg QtifHe du voisinage.
( R»iHii)iait qOfè le calme se fit rlads son âme et même
J'\ un peu de jote fm entrée dans son cœur.
fa un jour Une singulière ctitifidence à son vieux
^vUéuf baniz,
t. Il lui avoua qu'il ressentait pdiir cette dame un sen-
lIt,ent tendre et qu'il désirait l'épouser.
p fR fut en vain que Frantz combattit cette idée. Le
!o¡ rince ne voulut pas L'abandonner. il Ordonna même à
;)on doillestique de faire prépâref des fêtes et de com-
¡;¡ndcr ses habits de noce.
c On. n'osa point annoncer cette nouvelle à la prin-
].se. Mais le seigneur Karl fut informé de cette réso-
t!, IOn de l'infortuné Ludwig,, et, au grand étonnement
l) tout le monde, il donna ordre de faire tous les pré-
d aa^s nécessaires et d'entretenir le prince dans l'idée
e SOn prochain rriatiage.
eseigneur Karl avait son projet.
sait annonça seulement à Isabeau que l'on se dispo-
et t ,it donner au uhiUi&u la réjouissance d'une comédie
Uti ballet pour distraire son frère.
Le grand jour venu, qui, dans l'idée du prince Lud-
wig, était le jour de ses fiançailles, tout le personnel
du château se trouva réuni dans une vaste salle, à l'ex-
trémité de laquelle se trouvait un théâtre.
Un deveomédiens vint annoncer que la pièce que ses
camarades et lui allaient avoir l'honneur de représen-
ter devant l'assemblée s'appelait. la Princesse égarée.
Le rideau se leva. On vit d'abord dans la grande
salle du château une jeune princes.se et son frère fai-
sant leurs adieux à leur père avant de partir pour une
excursion dans le pays.
Chacun admira comme l'actrice qui jouait la prin-
cesse ressemblait à la princesse Isabeau. C'était abso-
lument elle avec cinq ans de moins, c'est-à-dire des
cheveux plus blonds, un teint plus rose, une taille
moins haute et moins développée. L'acteur qui jouait
le prince ressemblait aussi étonnamment au prince
Ludwig.
La scène fut transportée ensuite dans une ferme où
des vassaux et des paysans se faisaient un plaisir naïf
d'accueillir à. leur table le jeune prince et la jeune prin-
cesse fatigués d'une longue course dans la campagne.
Les acteurs jouaient fort bien. L'auditoire était ravi,
et le prince Ludwig donnait des marques d'une attention
singulière.
Enfin le théâtre représenta tout à coup les bords-
sauvages d'une rivière. Des osiers, des arbustes parfai-
tement imités cachaient par endroits le cours d'une
rivière
En ce moment, des musiciens cachés derrière le théâ-
tre exécutèrent une symphonie douce qui transportait
les âmes et les tenait sous le charme.
On vit la jeune princesse traverser les osiers, puis
disparaître en appelant son frère.
Ensuite ce fut le jeune prince qui parut sur la scène
écartant les arbustes avec une impatience fiévreuse,
haletant de fatigue et pâle de désespoir.
Bientôt on ne le vit plus, mais on entendit encore
ses cris dans le lointain.
Le théâtre resta vide un instant.
Bientôt on revit la robe de la princesse à travers les
osiers et on l'entendit crier :
— Mon frère ! mon frère ! #
En ce moment, le prince Ludwig sauta de sa loge
sur la scène en criant :
— Me voilà ! ma soeur,. me voilà 1
IL atteignit l'actrice qui jouait la jeune princesse et la
serra dans ses bras.
Tout l'auditoire était en suspens.
L'actrice, qui avait la voix tout à fait semblable à
celle de la princesse Isabeau.et qui se souvenait bien
de la leçon qui lui avait été faite par le seigneur Karl,
dit au prince Ludwig :
— Attendez-moi un instant ici, mon frère; je vais-
chercher mon ruban que j'ai perdu près de la rivière.
En disant ces mots, l'actrice quitta le théâtre, alla
prendre la princesse Isabeau par la main et l'amena
sur le théâtre au milieu des osiers où le prince Ludwig
recueillait peu à peu ses souvenirs.
La vue de sa sœur acheva de remettre son esprit. 11
poussa un cri de joie et se jeta dans ses bras.
Il avait recouvré sa raison.
Ce fut une joie universelle.
La princesse Isabeau accorda sa main au seigneur
Karl pour le récompenser de la guérison de son frère,
due tout entière à ses soins et à sa patience.
Le prince Ludwig rentra en possession de ses droits.
Son oncle, faisant taire les murmures sourds de sa
propre ambition, remit publiquement au prince le
sceptre et la couronne aux acclamations du peuple.
VALERY VERNIER.
LA LÉGENDE DE L'ACTIONNAIRE
La voici telle qu'elle est contée, et bien contée,
par M. Villemessant dans le second volume de ses
Mémoires d'un journaliste.
M. de Villemessant y parle beaucoup plus des au-
tres que de lui-même, mais on ne songe pas à lui en
faire reproche, tant il s'est montré prodigue d'amu-
santes anecdotes et de détails biographiques igno-
-rés. L'historiette suivante donnera une idée de-ce-
genre particulier
Pour compléter le récit, nous devons ajouter que
M. de Nohjon est réellement mort comme le dit la lé-
gende, et que le « nouveau directeur » du journal en
question était M. de Balathier, directeur du Voleur.
Le succès fabuleux de la Gazette des Tribunaux a été
l'occasion de la perte de bien des millions. De même
que les avocats ne manquent jamais de citer l'affaire de
C,Ü;IS ou celle de Lesurqnes, pour impressionner les ju-
rés qui tremblent pendant que les cupaliles se rassu-
rent, de même le lanceur d'un journal n'oublie jamais
de rappeler les fortunes qu'a faites la gazette en ques-
tion, pour attirer les actionnaires dans ses filets.
En effet, comment ne pas être au moins ému quand
on vous apprend que chacune des 36 actions émises
à la fondation de la Gazette des Tribunaux, et repré-
sentant 2,000 francs chacune , vaut aujourd'hui
30,000 francs! sans compter que les actionnaires n'ont,
jamais versé plus de 250 francs par action! D'abord
divisées en deux, les actions ont été de nouveau par-
tagées par moitié, en sorte qu'il y a présentement des
quarts qui valent 7,500 francs. Voilà qui prouve sura-
bondamment, pour ceux qui en douteraient, la force et
l'importance de l'annonce pour le succès d'un journal;
les faillites, les jugements, les ventes, etc., c'est là
qu'il faut. chercher l'explication de la fortune de la Ga.
zette des Tribunaux,
Un garçon du café où déjeunaient quelques rédac-
teurs de la Gazette fut assez heureux pour prendre
deux actions qui ont fait sa fortune.
Les légendes des actionnaires de notre siècle rempli-
raient des volumes; je me rappelle qu'à l'occasion de
la fusion du Cabinet de lecture avec un autre journal,
les actionnaires furent réunis par le nouveau directeur;
ceux-ci, fidèles à la convocation, arrivèrent avec leur
résignation accoutumée, pour apporter chacun les vingt-
cinq on trente francs que l'administration leur deman-
dait à la fin de l'année.
Quelle ne fut pas leur surprise quand le directeur,,
après un discours fort éloquent, arrivé au chapitre de
l'appel de fonds, annonça à son auditoire que le jour-
nal ayant commencé à faire d'as&ez bonnes affaires, il
leur serait délivré un dividende.
Chacun se regarda avec le plus profond étonnement;
il semblait qu'on fût dupe d'une mauvaise plaisan-
terie.
La stupéfaction fut sî vive qu'il me suffira de citer un
fait pour en donner idée.
Un des actionnaires, M. de Nonjon, habitué à rappor-
ter régulièrement une somme plus ou moins forte à
toutes les convocations, arrive à cette réunion, après
que le gérant a prononcé son discours; comme d'habi-
tude, il porte dans sa poche un petit sac contenant le
montant du tribut qu'il a coutume de verser.
A l'appel de son nom par le gérant, il tire d'instinct
son sac de sa poche et demande combien il doit don-
ner.
Celui-ci ne comprend pas bien, et offre de lire son
rapport.
— Je vous demande combien ? dit M. de Nonjon en
insistant.
Il fallut bien finir par s'entendre; mais l'étonne-
ment de M. de Nonjon fut si grand qu'il demanda à
s'asseoir; une fois dans un fauteuil, il y perdit connais-
sance; on le rapporta chez lui, et le lendemain il était
mort.
Comme on le voit, l'actionnaire est naturellement
disposé à la pert et il est bien rare qu'il proteste beau-
coup quand il voit ses actions n'avoir plus d'autre va-
leur que celle du papier à la. livre. Papier bien cher ce-
pendant et dont la gravure, le choix de la couleur, le
format ont coûté bien des hésitations.
Les discussions des conseils d'administration pour sa-
voir s'il faut choisir un papier rose, aventurine, cendre
de rose, jaune pouci, vert d'eau, sont au moins aussi
orageuses que celles de nos députés; on ne manquait
pns, sous l'empire, de prendre le violet ou le vert pour
tme affaire qu'on voulait laisser croire patronnée par le
Gouvernement; presque toujours le gris est repoussé
il rappe le le demi-deuil, et il ne faut pas donner l'idée
d'une perte à ceux qui doivent apporter leur argent; le
bleu a beaucoup de succès, c'est la couleur du ciel pur.
les nuages viendront plus tard !
- N'allez pas croire que l'actiotitraire se sépare de son
action" même quand il lui est bien prouvé que l'affaire
jours le assjH sul. |e bord du la rivière, à l'en-
r°it rtiênie 8(1 je trie suis égarée.
Karl.
, - n'en trlsie, tt'ltt-Cff pa^, mon cousin? Comme le
Cie[ ,1 ffnpfiefc ! Je n'tfl pas eofmu ma mère, mon
Prc est mort fans mes bras. et maintenant mon Litù-
tg, le seul bien qui nid restc, Il fsiidrame condamner
• e voir sans qu'il me Cônnâiese, a l'aimer sans qu'il
Di:nne, lui. Non, je fie If verrat pas. Que faire, ô mon
leu> pour lui rendre la raison ?
fo Le seigneur Kail répondit, après avoir réfléchi pro-
ndeent pendant quelques instants :
Ecoutez-moi. ma noble cousine. Il me revient en
--<;P.oire la guirisso, d'une pauvre mère qui avait cru
',t'I Iilh morte dans tifi. incendie. L'enfant avait horri-
- ement souffert, mais on j'avait sauvée. Après sagué-
la rnerg îjtaî était devenue, folle au moment où
■ e aVaIt V6 sa fillë disparaître dans les flammes, ne
°u'ut piusla recrlhnflîifè plus tard. Voici ce qu'on tenta
oUÍ' lui rendre ta raison. On construisit dans la cour
de sa. maison, vis-à-vis les fenêtres de sa chambre, une
braque en bois à laquelle on mit le feu, la nuit ve-
TIue' 0 è f' 1. d d
t Derrière les planches, à l'abri de tout danger, se
tenait la fille à qui l'on avait eii soin de fair revêtir des
l,elements semblables à ceux Qu'elle portait le jour de
t catastrophe. Aux premières ilammes qui s'élèvent,
f; nière s'épouvante,
fille est ],à, qu'elle va périr. Quelqu'un des domestiques
ehnre de la chambre et rapporte dans ses hr.as.J.¡L
;]eUne fille qui feignait un évanouissement. On s'em-
Presse. La mère la reconflaît, voit qu'elle vit, qu'elle
est sauvée. Elle pousse un cd,.. La raison lui était re-
Venue. Il faudrait, ajoutà le seigneur Kar], user d'un
s,ratagème à peu près semblable pour rendre la raison
a votre frère.
-: Oh! mon cousin, votté sauverez Ludwig, n'est-ce
; s écria la princesse.
l A:peine la princesse avait-elle achevé ces mots que
Prince Ludwig entra sans faire de bruit, et s'ar-
J a à deux pas derrière la princesse.
• sabeau se retourriafrt par hasard l'aperçut et poussa
l1n'
Cri de surprise. Ludwig se mit à fixer sa sœur sans
donner signé qu'il la reconnnt, et la princesse s'éva-
"Ouit dé douleur en pensant qu'elle n'existait plus pour
sorl cher L-udwig..
- Ludwig.
u prince s'imaginait que sa sœur était une Ghfttè-
llle du voisinage qui avait acheté le château après la
t. de son père. Il se conduisait galamment avec elle
r:.Il)l faisait toutes portés de politesses comme à une
L,,l'angèrp..
ellAYilnt. vu qu'elle jouaît du luth, il lui demanda si
t' e ne pourrait pas lui rappeler un air qu'il avait en-
- r' u en traversant leTyrol et qui l'avait charmé.
La. princease eut l'idée de chanter, aulieu de l'air ty-
len, Une chanson qu'elle et son frère aimaient a ré-
l'ter. dans leur enfance. Mais quelle fut sa douléur
JUana elle vit que le prince n'avait gardé aucun souve-
lr de cëtte chanson.
j. Le prltiÇfe ftlt néanmoins enchanté de la façon dont
^ifciujnHt. le tiial fleur eux LlJdwi¡;Re plaisait de plus
n pi lis dans HI. Société d'isabeau, qu'il prenait toujours
ûng fioblg QtifHe du voisinage.
( R»iHii)iait qOfè le calme se fit rlads son âme et même
J'\ un peu de jote fm entrée dans son cœur.
fa un jour Une singulière ctitifidence à son vieux
^vUéuf baniz,
t. Il lui avoua qu'il ressentait pdiir cette dame un sen-
lIt,ent tendre et qu'il désirait l'épouser.
p fR fut en vain que Frantz combattit cette idée. Le
!o¡ rince ne voulut pas L'abandonner. il Ordonna même à
;)on doillestique de faire prépâref des fêtes et de com-
¡;¡ndcr ses habits de noce.
c On. n'osa point annoncer cette nouvelle à la prin-
].se. Mais le seigneur Karl fut informé de cette réso-
t!, IOn de l'infortuné Ludwig,, et, au grand étonnement
l) tout le monde, il donna ordre de faire tous les pré-
d aa^s nécessaires et d'entretenir le prince dans l'idée
e SOn prochain rriatiage.
eseigneur Karl avait son projet.
sait annonça seulement à Isabeau que l'on se dispo-
et t ,it donner au uhiUi&u la réjouissance d'une comédie
Uti ballet pour distraire son frère.
Le grand jour venu, qui, dans l'idée du prince Lud-
wig, était le jour de ses fiançailles, tout le personnel
du château se trouva réuni dans une vaste salle, à l'ex-
trémité de laquelle se trouvait un théâtre.
Un deveomédiens vint annoncer que la pièce que ses
camarades et lui allaient avoir l'honneur de représen-
ter devant l'assemblée s'appelait. la Princesse égarée.
Le rideau se leva. On vit d'abord dans la grande
salle du château une jeune princes.se et son frère fai-
sant leurs adieux à leur père avant de partir pour une
excursion dans le pays.
Chacun admira comme l'actrice qui jouait la prin-
cesse ressemblait à la princesse Isabeau. C'était abso-
lument elle avec cinq ans de moins, c'est-à-dire des
cheveux plus blonds, un teint plus rose, une taille
moins haute et moins développée. L'acteur qui jouait
le prince ressemblait aussi étonnamment au prince
Ludwig.
La scène fut transportée ensuite dans une ferme où
des vassaux et des paysans se faisaient un plaisir naïf
d'accueillir à. leur table le jeune prince et la jeune prin-
cesse fatigués d'une longue course dans la campagne.
Les acteurs jouaient fort bien. L'auditoire était ravi,
et le prince Ludwig donnait des marques d'une attention
singulière.
Enfin le théâtre représenta tout à coup les bords-
sauvages d'une rivière. Des osiers, des arbustes parfai-
tement imités cachaient par endroits le cours d'une
rivière
En ce moment, des musiciens cachés derrière le théâ-
tre exécutèrent une symphonie douce qui transportait
les âmes et les tenait sous le charme.
On vit la jeune princesse traverser les osiers, puis
disparaître en appelant son frère.
Ensuite ce fut le jeune prince qui parut sur la scène
écartant les arbustes avec une impatience fiévreuse,
haletant de fatigue et pâle de désespoir.
Bientôt on ne le vit plus, mais on entendit encore
ses cris dans le lointain.
Le théâtre resta vide un instant.
Bientôt on revit la robe de la princesse à travers les
osiers et on l'entendit crier :
— Mon frère ! mon frère ! #
En ce moment, le prince Ludwig sauta de sa loge
sur la scène en criant :
— Me voilà ! ma soeur,. me voilà 1
IL atteignit l'actrice qui jouait la jeune princesse et la
serra dans ses bras.
Tout l'auditoire était en suspens.
L'actrice, qui avait la voix tout à fait semblable à
celle de la princesse Isabeau.et qui se souvenait bien
de la leçon qui lui avait été faite par le seigneur Karl,
dit au prince Ludwig :
— Attendez-moi un instant ici, mon frère; je vais-
chercher mon ruban que j'ai perdu près de la rivière.
En disant ces mots, l'actrice quitta le théâtre, alla
prendre la princesse Isabeau par la main et l'amena
sur le théâtre au milieu des osiers où le prince Ludwig
recueillait peu à peu ses souvenirs.
La vue de sa sœur acheva de remettre son esprit. 11
poussa un cri de joie et se jeta dans ses bras.
Il avait recouvré sa raison.
Ce fut une joie universelle.
La princesse Isabeau accorda sa main au seigneur
Karl pour le récompenser de la guérison de son frère,
due tout entière à ses soins et à sa patience.
Le prince Ludwig rentra en possession de ses droits.
Son oncle, faisant taire les murmures sourds de sa
propre ambition, remit publiquement au prince le
sceptre et la couronne aux acclamations du peuple.
VALERY VERNIER.
LA LÉGENDE DE L'ACTIONNAIRE
La voici telle qu'elle est contée, et bien contée,
par M. Villemessant dans le second volume de ses
Mémoires d'un journaliste.
M. de Villemessant y parle beaucoup plus des au-
tres que de lui-même, mais on ne songe pas à lui en
faire reproche, tant il s'est montré prodigue d'amu-
santes anecdotes et de détails biographiques igno-
-rés. L'historiette suivante donnera une idée de-ce-
genre particulier
Pour compléter le récit, nous devons ajouter que
M. de Nohjon est réellement mort comme le dit la lé-
gende, et que le « nouveau directeur » du journal en
question était M. de Balathier, directeur du Voleur.
Le succès fabuleux de la Gazette des Tribunaux a été
l'occasion de la perte de bien des millions. De même
que les avocats ne manquent jamais de citer l'affaire de
C,Ü;IS ou celle de Lesurqnes, pour impressionner les ju-
rés qui tremblent pendant que les cupaliles se rassu-
rent, de même le lanceur d'un journal n'oublie jamais
de rappeler les fortunes qu'a faites la gazette en ques-
tion, pour attirer les actionnaires dans ses filets.
En effet, comment ne pas être au moins ému quand
on vous apprend que chacune des 36 actions émises
à la fondation de la Gazette des Tribunaux, et repré-
sentant 2,000 francs chacune , vaut aujourd'hui
30,000 francs! sans compter que les actionnaires n'ont,
jamais versé plus de 250 francs par action! D'abord
divisées en deux, les actions ont été de nouveau par-
tagées par moitié, en sorte qu'il y a présentement des
quarts qui valent 7,500 francs. Voilà qui prouve sura-
bondamment, pour ceux qui en douteraient, la force et
l'importance de l'annonce pour le succès d'un journal;
les faillites, les jugements, les ventes, etc., c'est là
qu'il faut. chercher l'explication de la fortune de la Ga.
zette des Tribunaux,
Un garçon du café où déjeunaient quelques rédac-
teurs de la Gazette fut assez heureux pour prendre
deux actions qui ont fait sa fortune.
Les légendes des actionnaires de notre siècle rempli-
raient des volumes; je me rappelle qu'à l'occasion de
la fusion du Cabinet de lecture avec un autre journal,
les actionnaires furent réunis par le nouveau directeur;
ceux-ci, fidèles à la convocation, arrivèrent avec leur
résignation accoutumée, pour apporter chacun les vingt-
cinq on trente francs que l'administration leur deman-
dait à la fin de l'année.
Quelle ne fut pas leur surprise quand le directeur,,
après un discours fort éloquent, arrivé au chapitre de
l'appel de fonds, annonça à son auditoire que le jour-
nal ayant commencé à faire d'as&ez bonnes affaires, il
leur serait délivré un dividende.
Chacun se regarda avec le plus profond étonnement;
il semblait qu'on fût dupe d'une mauvaise plaisan-
terie.
La stupéfaction fut sî vive qu'il me suffira de citer un
fait pour en donner idée.
Un des actionnaires, M. de Nonjon, habitué à rappor-
ter régulièrement une somme plus ou moins forte à
toutes les convocations, arrive à cette réunion, après
que le gérant a prononcé son discours; comme d'habi-
tude, il porte dans sa poche un petit sac contenant le
montant du tribut qu'il a coutume de verser.
A l'appel de son nom par le gérant, il tire d'instinct
son sac de sa poche et demande combien il doit don-
ner.
Celui-ci ne comprend pas bien, et offre de lire son
rapport.
— Je vous demande combien ? dit M. de Nonjon en
insistant.
Il fallut bien finir par s'entendre; mais l'étonne-
ment de M. de Nonjon fut si grand qu'il demanda à
s'asseoir; une fois dans un fauteuil, il y perdit connais-
sance; on le rapporta chez lui, et le lendemain il était
mort.
Comme on le voit, l'actionnaire est naturellement
disposé à la pert et il est bien rare qu'il proteste beau-
coup quand il voit ses actions n'avoir plus d'autre va-
leur que celle du papier à la. livre. Papier bien cher ce-
pendant et dont la gravure, le choix de la couleur, le
format ont coûté bien des hésitations.
Les discussions des conseils d'administration pour sa-
voir s'il faut choisir un papier rose, aventurine, cendre
de rose, jaune pouci, vert d'eau, sont au moins aussi
orageuses que celles de nos députés; on ne manquait
pns, sous l'empire, de prendre le violet ou le vert pour
tme affaire qu'on voulait laisser croire patronnée par le
Gouvernement; presque toujours le gris est repoussé
il rappe le le demi-deuil, et il ne faut pas donner l'idée
d'une perte à ceux qui doivent apporter leur argent; le
bleu a beaucoup de succès, c'est la couleur du ciel pur.
les nuages viendront plus tard !
- N'allez pas croire que l'actiotitraire se sépare de son
action" même quand il lui est bien prouvé que l'affaire
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