Titre : Le Monde illustré
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-09-07
Contributeur : Yriarte, Charles (1833-1898). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32818319d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 52729 Nombre total de vues : 52729
Description : 07 septembre 1872 07 septembre 1872
Description : 1872/09/07 (A16,N804). 1872/09/07 (A16,N804).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63810206
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, FOL-LC2-2943
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
-LE 11 .MJSTBÉ Il JU
droit. Il faut le faire comprendre à ceux qui ne le
comprennent pas d'eux-mêmes.
Cela, tout de suite.
Car que doivent penser les étrangers qui, se pro-
venant par hasard dans une foire de la banlieue, y
constatent avec stupeur que nos ruines et nos hu-
miliations sont déjà devenues pour nous sujets de
,¡eux, et de ris?.
Je voudrais bi. n donner encore un autre conseil.
Ceux qui ont parcouru les rues de Paris durant
cette semaine y ont rencontre, à chaque pas, des
,leuIlfS gens à la casquette enguirlandée. C'étaient
l conscr ts de la présente année. Il faut bien le
dIre, ils paraissaient n'avoir ni appris quel devoir
nouveau la dignité leur impose, ni oublié le chemin
du marchand de vin.
C'étaient les mrmes vociférations enroui'es, les
nlêmes faces enluminées par la boisson, les mêmes
arnbes titubantes que par le passé.
, Autrefois, elle me semblait déjà profondément
écoeurante cette mode d'ivrognerie qu'avaient h s
Jaunes gens qui venaient de remplir un des pre-
miers devoirs du citoyfn. Mais aujourd'hui ce dé-
cent un véritable crime de lèe' patrie !
Nous ne nous rappellerons donc jamais !
Envoyant défiler ces cortèges tapageurs, il nous
semblait voir revivre cette épouvantable époque où
Ion hurlait : A Berlin ! d'une voix avinée. Jolis sou-
venirs à évoquer !
Les conscrits d'aujourd'hui doivent savoir d'a-
vance que chacun, dans le pays, a sa part de sacri-
lees à supporter pour un long temps encore. Ils ne
Rivent donc pas avoir besoin de s'étourdir pour
echapper aux réalités de l'heure présente. Ils n'i-
gnorent pas que, l'an prochain, tout le monde sera
soldat. Que signifient donc ces clameurs, ces re-
frains ?
Si ce sont les bons numéros qui se réjouissent, je
ne les en félicite pas. Ils devraient comprendre que
leur ,joie est comme une insulte aux douleurs na-
tionales.
Si ce sont les mauvais qui se grisent pour trom-
Per leur chagrin, je les félicite moins encore. Ce se-
rait un friste indice peu fait pour donner l'espoir
de la fameuse revanche.
Mettons qu'il n'y a dans tout cela qu'un viens
reste de mauvaises habitudes contractées jadis. Ces
ïabitudes-là, il faut les extirper à tout prix.
Si l'ivrognerie commence chez le conscrit, elle ne
tera que croître et enlaidir chez le soldat. Je me sou-
tiens encore du départ des troupes, lors de la der-
lÜère et funeste guerre. Quand les trains passaient,
l'resqu'à toutes les portières, on voyait des têtes
Pendanle. Le bourgeois avait cru bien faire en soû-
lant turcos ou lignards.
Ces réminiscences seules suffiraient à inspirer
horreur du cabaret aux conscrits de 1872, s'ils y
songeaient. Forcons-les à y songer.
VVv Mais cherchons des sujets moins austères.
Est-ce un puff américain ? Est-ce, au contraire,
Une invention authentique? On annonce qu'un
Mécanicien yankee vient de fabriquer un auto-
mate qui parle et chante tout comme une personne
Ilaturelle.
Ali ! le brave homme 1 Quel service sa découverte
Peut rendre, si elle vient à se confirmer,
, Et d'abord nous aurions tout de suite les avocats
a ressorts. On apporterait une poupée qu'on place-
rait en face d'une autre poupée. La première re-
présenterait la défense, la seconde le ministère pu-
hlic. D'avance, on les aurait montées pour dire ce
(lui serait nécessaire, pas autre chose.
Plus de répétitions, plus de longueurs. L'avocat,
cessant d'être un homme dont la vanité veut briller
aux dépens du client, on se bornerait à accumuler
dans les engrenages de la machine les faits con-
rants et les preuves palpables.
Une! deux! Attention! Un simple garçon de salle
se mettrait à tourner la manivelle, comme pour
IS orgues, et les juges seraient édifiés en trois
temps.
De même pour tous les cas d'éloquence courante.
Je me réjouis d'avance à l'idée de voir à l'Académie
un récipiendaire arriver avec une petite serinette
et moudre son discours de réception.
^lais c'est surtout en ce qui concerne le chant
que la découverte de l'Américain serait inappré-
ciable.
Ah! messieurs les ténors, vous prétendez nous
faire payer dix louis la note. Ah! mesdames les
prime done, vous voulez gagner vos trois millions
par an! Attendez! Le spectre de Vaucanson se
dresse et vous barre la route.
En scène, de simples figurants qui feraient les
gestes; dans la coulisse, la machine qui pousserait
les sons.
Admirez un premier avantage :
Dans l'état de choses actuel, on est le plus souvent
forcé de se contenter d'affreux à peu près qui vio-
lent toutes les lois de la vraisemblance. C'est ainsi
qu'on voit le jeune Ilaoul ou le tendre Roméo in-
carné dans un gros bonhomme quinquagénaire qui
a l'air d'être le père de la Valentine ou de la Ju-
liette à qui il déclare sa flamme en la bemol.
D'autres fois, c'est Valentine elle-même qui s'in-
carne dans une vénérable matrone dont le cou
éraillé montre des cordes pendant que son chant
exhibe des ficelles. La rareté des sujets oblige les
directeurs et le public de fermer les yeux. Trop heu-
reux lorsque, en même temps, ils n'ont pas à se
boucher les oreilles.
Avec la vocalise à vapeur, au contraire, tout se
remet en place. On a des Fernands à fines mousta-
ches et aux cheveux bouclés, on a des Léonores
mignonnes et séduisantes. Il suffit qu'ils mettent à
propos la main sur leur cœur, roulent leurs yeux
quand il le faut et desserrent la mâchoire au mo-
ment où ils sont censés pousser l'ut dièze. Pendant
ce temps-là 11 manivelle marche toujours.
Plus de couacs, plus de chats, plus de bronchites,
plus do nerfs.
On serait sûr que l'interprétation de la veille se
reproduirait exactement le lendemain sans défail-
lance.
L'infortuné impressario ne serait plus exposé à
recevoir, une demi-heure avant l'ouverture des bu-
reaux, une lettre de son premier sujet lui annon-
çant qu'ayant eu, le matin, l'imprudence de man-
ger des moules, il se voit dans l'impossibilité de
soupirer : Ange si pur !
Sans compter que le système nouveau nous pro-
curerait de nombreuses surprises en matière de ré-
clames.
On lirait, par exemple, dans les feuilles de
théâtre:
« M. Halanzier, l'habile directeur de l'Opéra, qui
lie recule devant aucun sacrifice pour répondre à
l'empressement du public, vient d'acquérir un nou-
veau ténor, système Crampton (huit trous en ru-
bis). Cette admirable machine brûlera par soir
deux francs cinquante de combustible de plus que
le précédent ténor qui obtint un si grand succès dans
Guillaume, mais il donne le mi de poitrine.
« La salle est louée d'avance pour les débuts de ce
mécanisme vraiment inspiré. »
Ou bien encore :
« On annonce à l'Opéra-Comique la prochaine
apparition d'une chanteuse à air comprimé, qu'on
entendra en même temps qu'un baryton à régula-
teur électrique. Un nouveau système de pédales
permet à cette cantatrice d'introduire, dans les mo-
ments pathétiques, de véritables sanglots dans son
chant. On parle également d'un tuyau parallèle qui
file des sons pendant trois minutes et demie. M. Bi-
zet, écrit tout exprès un rôle en vue de .ce second
tuyau- »
Et quelles drôles de locutions s'introduiraient
dans la langue ! Chez le marchand de vin de la rue
Drouot, un homme, à la figure toute noire dirait :
« C'est moi qui chauffe les Malibran. » ou : « Il faut
que je remette encore une vis à mon satané Faure ;
c'est la troisième fois depuis huit jours. »
Américain, mon ami, arrive bien vite.
vvv En attendant qu'elle nous expédie ses chan-
teurs automates, l'Amérique nous rend Gapoul,
et, grâce à la direction des Italiens, nous le gar-
derons pendant six mois.
Il faut savoir gré aux artistes qui, pour rester
en France, consentent à renoncer aux brillants
avantages qui leur sont offerts de tous côtés, et
dont ils ne peuvent trouver ici l'équivalent.
Capoul est dans ce cas. La Russie voulait nous
l'enlever à tout prix. 11 a opté en notre faveur. Il
lui en sera tenu compte. Il a d'ailleurs tout ce qu'il
faut pour être à sa vraie place dans le répertoire
italien, Verdi à part, bien entendu. Et encore,
comme il sera charmant dani la Tvariavoire
même dans le Balio.
A ce propos, disons qu'il est très-question de
nous faire une surprise plus qu'agréable. Les Ita-
liens demanderaient à 1 Opéra-Comique et à Féli-
cien David de jouer Lalla Ruuck traduite; c'ust cer-
tainement un des rôles les plus complets de Capoii].
Nous souhaitons vivement que la négociation abou-
tisse.
vvv Gastronomes, gémissez. Une nouvelle des
plus alarmantes a couru tous les journaux.
On va, au Jardin d'acclimatation, traiter les lio-
mards comme, au Collège de France, M- poste traita
les huîtres.
Pisciculture, ostréiculture, homardiculture, on es-
pérait que toutes ces cultures étaient enterrées à
jamais après les mémorables et pifeux essais aux-
quels nous avons assisté jadis, Non, ils ne lâ-
chent pas leur proie. ;
Personne n'ignore quels résultats l'élevage des
huîtres a produits. Quelque chose de foudroyant. En
trois ans, ces intéressants mollusques ont triplé de
prix. Si l'on continue à les cultiver toujours, l'huî-
tre arrivera à valoir un louis la pièpp.
Mais enfin on en avait pris son parti. Les million-
naires seuls en offraient de temps 4 autre une dou-
zaine à leurs amis. Le vulgaire se consolait dans les
bras de la langouste. Et voilà qu'on vient nous ravir
cette compensation suprême.
J offre de faire un pari. Qu'on inscrive les prix de
ces crustacés au jour où l'on commencera à procé-
der, s i-disant, à leur multiplication. Un an après,
jour pour jour, ils auront doublé.
J'en demande pardon à la science, mais mon in-
crédulité a, malheureusement pour elle, une sur-
abondance de preuves. De grâce, laissez-nous les
homards.
vvv Nous en avons d'autant plus besoin que, s'il
faut en croire le rédacteur médical du Siéde, on se
livre sur les autres poissons à des sophistications
dont nous n'avons nul soupçon, raïfs consomma-
teurs que nous sommes. Écoutez pu frémissant ce
que dit notre confrère :
« Les poissons qui n'ont pas été vendus le jour de
leur arrivée sont immergés dans un bain de chlorure
de chaux, et, au moment de les placer sur l'étal, ou
les soumet à un courant d'eau, on humecte de sang
leur branchies, et, si besoin est, pour ceux d'une
certaine dimension, les globes oculaires ont enle-
vés et remplacés par ceux d'un poisson frais. J'a-
voue avoir été moi-même victime d'une fraude de
ce genre et avoir acheté à la halle un brochet ayant
des yeux de carpe! »
C'est le cas de dire qu'à Paris il faut toujours ou-
vrir l'œil.
vvv Je ne saurais vous laisser sous la pénible
impression qu'une telle révélation a du vous causer.
Prenons sur l'album d'une charmante dame cette
définition ingénieuse :
POLITIQUE. — L'anthropophagie des peuples
civilisés.
PIEUHE VÉRON.
LA TABATIÈRE DE M. LUBIN, œuvre
très-originale de M. CONSTANT GUÉROULT, paraî-
tra dans le numéro de samedi prochain, 7 septem-
bre, du journal la Petite Presse.
droit. Il faut le faire comprendre à ceux qui ne le
comprennent pas d'eux-mêmes.
Cela, tout de suite.
Car que doivent penser les étrangers qui, se pro-
venant par hasard dans une foire de la banlieue, y
constatent avec stupeur que nos ruines et nos hu-
miliations sont déjà devenues pour nous sujets de
,¡eux, et de ris?.
Je voudrais bi. n donner encore un autre conseil.
Ceux qui ont parcouru les rues de Paris durant
cette semaine y ont rencontre, à chaque pas, des
,leuIlfS gens à la casquette enguirlandée. C'étaient
l conscr ts de la présente année. Il faut bien le
dIre, ils paraissaient n'avoir ni appris quel devoir
nouveau la dignité leur impose, ni oublié le chemin
du marchand de vin.
C'étaient les mrmes vociférations enroui'es, les
nlêmes faces enluminées par la boisson, les mêmes
arnbes titubantes que par le passé.
, Autrefois, elle me semblait déjà profondément
écoeurante cette mode d'ivrognerie qu'avaient h s
Jaunes gens qui venaient de remplir un des pre-
miers devoirs du citoyfn. Mais aujourd'hui ce dé-
cent un véritable crime de lèe' patrie !
Nous ne nous rappellerons donc jamais !
Envoyant défiler ces cortèges tapageurs, il nous
semblait voir revivre cette épouvantable époque où
Ion hurlait : A Berlin ! d'une voix avinée. Jolis sou-
venirs à évoquer !
Les conscrits d'aujourd'hui doivent savoir d'a-
vance que chacun, dans le pays, a sa part de sacri-
lees à supporter pour un long temps encore. Ils ne
Rivent donc pas avoir besoin de s'étourdir pour
echapper aux réalités de l'heure présente. Ils n'i-
gnorent pas que, l'an prochain, tout le monde sera
soldat. Que signifient donc ces clameurs, ces re-
frains ?
Si ce sont les bons numéros qui se réjouissent, je
ne les en félicite pas. Ils devraient comprendre que
leur ,joie est comme une insulte aux douleurs na-
tionales.
Si ce sont les mauvais qui se grisent pour trom-
Per leur chagrin, je les félicite moins encore. Ce se-
rait un friste indice peu fait pour donner l'espoir
de la fameuse revanche.
Mettons qu'il n'y a dans tout cela qu'un viens
reste de mauvaises habitudes contractées jadis. Ces
ïabitudes-là, il faut les extirper à tout prix.
Si l'ivrognerie commence chez le conscrit, elle ne
tera que croître et enlaidir chez le soldat. Je me sou-
tiens encore du départ des troupes, lors de la der-
lÜère et funeste guerre. Quand les trains passaient,
l'resqu'à toutes les portières, on voyait des têtes
Pendanle. Le bourgeois avait cru bien faire en soû-
lant turcos ou lignards.
Ces réminiscences seules suffiraient à inspirer
horreur du cabaret aux conscrits de 1872, s'ils y
songeaient. Forcons-les à y songer.
VVv Mais cherchons des sujets moins austères.
Est-ce un puff américain ? Est-ce, au contraire,
Une invention authentique? On annonce qu'un
Mécanicien yankee vient de fabriquer un auto-
mate qui parle et chante tout comme une personne
Ilaturelle.
Ali ! le brave homme 1 Quel service sa découverte
Peut rendre, si elle vient à se confirmer,
, Et d'abord nous aurions tout de suite les avocats
a ressorts. On apporterait une poupée qu'on place-
rait en face d'une autre poupée. La première re-
présenterait la défense, la seconde le ministère pu-
hlic. D'avance, on les aurait montées pour dire ce
(lui serait nécessaire, pas autre chose.
Plus de répétitions, plus de longueurs. L'avocat,
cessant d'être un homme dont la vanité veut briller
aux dépens du client, on se bornerait à accumuler
dans les engrenages de la machine les faits con-
rants et les preuves palpables.
Une! deux! Attention! Un simple garçon de salle
se mettrait à tourner la manivelle, comme pour
IS orgues, et les juges seraient édifiés en trois
temps.
De même pour tous les cas d'éloquence courante.
Je me réjouis d'avance à l'idée de voir à l'Académie
un récipiendaire arriver avec une petite serinette
et moudre son discours de réception.
^lais c'est surtout en ce qui concerne le chant
que la découverte de l'Américain serait inappré-
ciable.
Ah! messieurs les ténors, vous prétendez nous
faire payer dix louis la note. Ah! mesdames les
prime done, vous voulez gagner vos trois millions
par an! Attendez! Le spectre de Vaucanson se
dresse et vous barre la route.
En scène, de simples figurants qui feraient les
gestes; dans la coulisse, la machine qui pousserait
les sons.
Admirez un premier avantage :
Dans l'état de choses actuel, on est le plus souvent
forcé de se contenter d'affreux à peu près qui vio-
lent toutes les lois de la vraisemblance. C'est ainsi
qu'on voit le jeune Ilaoul ou le tendre Roméo in-
carné dans un gros bonhomme quinquagénaire qui
a l'air d'être le père de la Valentine ou de la Ju-
liette à qui il déclare sa flamme en la bemol.
D'autres fois, c'est Valentine elle-même qui s'in-
carne dans une vénérable matrone dont le cou
éraillé montre des cordes pendant que son chant
exhibe des ficelles. La rareté des sujets oblige les
directeurs et le public de fermer les yeux. Trop heu-
reux lorsque, en même temps, ils n'ont pas à se
boucher les oreilles.
Avec la vocalise à vapeur, au contraire, tout se
remet en place. On a des Fernands à fines mousta-
ches et aux cheveux bouclés, on a des Léonores
mignonnes et séduisantes. Il suffit qu'ils mettent à
propos la main sur leur cœur, roulent leurs yeux
quand il le faut et desserrent la mâchoire au mo-
ment où ils sont censés pousser l'ut dièze. Pendant
ce temps-là 11 manivelle marche toujours.
Plus de couacs, plus de chats, plus de bronchites,
plus do nerfs.
On serait sûr que l'interprétation de la veille se
reproduirait exactement le lendemain sans défail-
lance.
L'infortuné impressario ne serait plus exposé à
recevoir, une demi-heure avant l'ouverture des bu-
reaux, une lettre de son premier sujet lui annon-
çant qu'ayant eu, le matin, l'imprudence de man-
ger des moules, il se voit dans l'impossibilité de
soupirer : Ange si pur !
Sans compter que le système nouveau nous pro-
curerait de nombreuses surprises en matière de ré-
clames.
On lirait, par exemple, dans les feuilles de
théâtre:
« M. Halanzier, l'habile directeur de l'Opéra, qui
lie recule devant aucun sacrifice pour répondre à
l'empressement du public, vient d'acquérir un nou-
veau ténor, système Crampton (huit trous en ru-
bis). Cette admirable machine brûlera par soir
deux francs cinquante de combustible de plus que
le précédent ténor qui obtint un si grand succès dans
Guillaume, mais il donne le mi de poitrine.
« La salle est louée d'avance pour les débuts de ce
mécanisme vraiment inspiré. »
Ou bien encore :
« On annonce à l'Opéra-Comique la prochaine
apparition d'une chanteuse à air comprimé, qu'on
entendra en même temps qu'un baryton à régula-
teur électrique. Un nouveau système de pédales
permet à cette cantatrice d'introduire, dans les mo-
ments pathétiques, de véritables sanglots dans son
chant. On parle également d'un tuyau parallèle qui
file des sons pendant trois minutes et demie. M. Bi-
zet, écrit tout exprès un rôle en vue de .ce second
tuyau- »
Et quelles drôles de locutions s'introduiraient
dans la langue ! Chez le marchand de vin de la rue
Drouot, un homme, à la figure toute noire dirait :
« C'est moi qui chauffe les Malibran. » ou : « Il faut
que je remette encore une vis à mon satané Faure ;
c'est la troisième fois depuis huit jours. »
Américain, mon ami, arrive bien vite.
vvv En attendant qu'elle nous expédie ses chan-
teurs automates, l'Amérique nous rend Gapoul,
et, grâce à la direction des Italiens, nous le gar-
derons pendant six mois.
Il faut savoir gré aux artistes qui, pour rester
en France, consentent à renoncer aux brillants
avantages qui leur sont offerts de tous côtés, et
dont ils ne peuvent trouver ici l'équivalent.
Capoul est dans ce cas. La Russie voulait nous
l'enlever à tout prix. 11 a opté en notre faveur. Il
lui en sera tenu compte. Il a d'ailleurs tout ce qu'il
faut pour être à sa vraie place dans le répertoire
italien, Verdi à part, bien entendu. Et encore,
comme il sera charmant dani la Tvariavoire
même dans le Balio.
A ce propos, disons qu'il est très-question de
nous faire une surprise plus qu'agréable. Les Ita-
liens demanderaient à 1 Opéra-Comique et à Féli-
cien David de jouer Lalla Ruuck traduite; c'ust cer-
tainement un des rôles les plus complets de Capoii].
Nous souhaitons vivement que la négociation abou-
tisse.
vvv Gastronomes, gémissez. Une nouvelle des
plus alarmantes a couru tous les journaux.
On va, au Jardin d'acclimatation, traiter les lio-
mards comme, au Collège de France, M- poste traita
les huîtres.
Pisciculture, ostréiculture, homardiculture, on es-
pérait que toutes ces cultures étaient enterrées à
jamais après les mémorables et pifeux essais aux-
quels nous avons assisté jadis, Non, ils ne lâ-
chent pas leur proie. ;
Personne n'ignore quels résultats l'élevage des
huîtres a produits. Quelque chose de foudroyant. En
trois ans, ces intéressants mollusques ont triplé de
prix. Si l'on continue à les cultiver toujours, l'huî-
tre arrivera à valoir un louis la pièpp.
Mais enfin on en avait pris son parti. Les million-
naires seuls en offraient de temps 4 autre une dou-
zaine à leurs amis. Le vulgaire se consolait dans les
bras de la langouste. Et voilà qu'on vient nous ravir
cette compensation suprême.
J offre de faire un pari. Qu'on inscrive les prix de
ces crustacés au jour où l'on commencera à procé-
der, s i-disant, à leur multiplication. Un an après,
jour pour jour, ils auront doublé.
J'en demande pardon à la science, mais mon in-
crédulité a, malheureusement pour elle, une sur-
abondance de preuves. De grâce, laissez-nous les
homards.
vvv Nous en avons d'autant plus besoin que, s'il
faut en croire le rédacteur médical du Siéde, on se
livre sur les autres poissons à des sophistications
dont nous n'avons nul soupçon, raïfs consomma-
teurs que nous sommes. Écoutez pu frémissant ce
que dit notre confrère :
« Les poissons qui n'ont pas été vendus le jour de
leur arrivée sont immergés dans un bain de chlorure
de chaux, et, au moment de les placer sur l'étal, ou
les soumet à un courant d'eau, on humecte de sang
leur branchies, et, si besoin est, pour ceux d'une
certaine dimension, les globes oculaires ont enle-
vés et remplacés par ceux d'un poisson frais. J'a-
voue avoir été moi-même victime d'une fraude de
ce genre et avoir acheté à la halle un brochet ayant
des yeux de carpe! »
C'est le cas de dire qu'à Paris il faut toujours ou-
vrir l'œil.
vvv Je ne saurais vous laisser sous la pénible
impression qu'une telle révélation a du vous causer.
Prenons sur l'album d'une charmante dame cette
définition ingénieuse :
POLITIQUE. — L'anthropophagie des peuples
civilisés.
PIEUHE VÉRON.
LA TABATIÈRE DE M. LUBIN, œuvre
très-originale de M. CONSTANT GUÉROULT, paraî-
tra dans le numéro de samedi prochain, 7 septem-
bre, du journal la Petite Presse.
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