Titre : Le Monde illustré
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-08-24
Contributeur : Yriarte, Charles (1833-1898). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32818319d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 52729 Nombre total de vues : 52729
Description : 24 août 1872 24 août 1872
Description : 1872/08/24 (A16,N802). 1872/08/24 (A16,N802).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63810184
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, FOL-LC2-2943
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/08/2013
MO LE MONDE ILLUSTRÉ
Midhad et voulant à tout prix l'éloigner de Constantino-
ple, Mahmoud le fit alors nommer gouverneur général
d'Andrinople. Midhad accepta avec la pensée d'être reçu
selon l'usage par le Sultan en audience de congé. Mais
cette fois encore, il devait avoir à lutter contre les mau-
vaises dispositions du Grand-Vézir qui, voulant, le met-
tre dans l'impossibilité de s'entretenir en particulier avec
S. M., le fit recevoir en même temps que le gouverneur
général récemment nommé à Bagdad, Moustapha-Pa-
cha, ancien Seraskier.-
Midhad n'hésita pas, malgré la présence de ce té-
moin, à faire au Sultan le tableau le plus triste de l'é-
tat du pays, à exposer à ses yeux la conduite de Mah-
moud et à lui faire connaître les plaintes légitimes des
populations. Moustapha, devant lequel avait lieu cet ex-
posé, confirma en tout point le langage de Midhad-Pa-
cha et déclara, de son côté, que le système inauguré
par Mahmoud était déplorable et pouvait avoir pour
conséquence, en ce qui concernait l'armée, de la trans-
former en corps des janissaires.
Durant cet entretien, qui dura à peu près une heure
et demie, le Sultan, qui paraissait du reste déjà édifié à
ce sujet , donna les plus vifs témoignages de bienveil-
lance à Midhad-Pacha, sans toutefois lui faire connaître
ses intentions. Ce n'est que dans le courant de la soirée
que les sceaux de l'État furent retirés des mains de Mah-
moud-Pacha et portés à Midhad-Pacha par le premier
chambellan.
Sans nous appesantir davantage sur la valeur de ce
changement et le mérite personnel du nouveau Grand-
Vézir, il nous suffira de dire qu'au moment où Midhad-
Pacha se rendait à la Porte pour prendre possession du
Grand-Véziriat, il a été acclamé par des milliers de per-
onnes qui lui ont fait une véritable ovation. Le ven-
dredi suivant, la population aussi désireuse de témoi-
gner sa joie au Su'tan s'est portée en masse au devant
de la voiture qui le conduisait à la mosquée, et, contrai-
rement à tous les usages, l'a acclamé avec transport.
Dans le même temps, et durant trois nuits consécutives,
des manifestations hostiles et bruyantes avaient lieu
sous les fenètres de Mahmoud-Pacha.
Le dernier acte de Mahmoud avait été de faire nom-
mer gouverneur général d'une province Ruschid-Pacha
qui, depuis 1861, avait été dégradé à cause de sa par-
ticipation aux massacres de Dar-ul-Kamar dans le Li-
ban ; Midhad-Pacha a fait non seulement annuler im-
médiatement cette nomination scandaleuse, mais encore
a fait destituer Namik-Pacha, le triste auteur des mas-
sacres de Djedda, de sa position de président du conseil
d'État.
On s'attend d'un moment à l'autre à un changement
dans les hautes sphères gouvernementales et à la des-
titution du Cheik-ul-Islam, du ministre des affaires
étrangères, du ministre des finances et de plusieurs
autres créatures de Mahmoud. Lorsque vous recevrez
ma lettre, le télégraphe vous aura probablement fait
connaître le nom des nouveaux collègues que Midhad-
Pacha se sera adjoints.
Ces mesures, qui sont impérieusement réclamées par
les circonstances, n'ajouteront rien à l'enthousiasme in-
I descriptible de l'Empire ottoman; et les musulmans,
aussi bien que les étrangers fondent déjà les plus gran-
des espérances sur l'avènement du nouveau Grand-Vé-
zir, qui est connu comme un ami du progrès et un sage
réformateur.
A. DARTIGUENAVE.
—————
LA DISTRIBUTION DES PRIX
A L'INSTITUTION NATIONALE DES SOURDS-MUETS
Mardi, à une heure, a eu lieu, à l'instiuftion natio-
nale des Sourds-Muets, la distribution annuelle des
prix.
Le fauteuil de ia présidence était occupé par
M. Franck, de l'Institut; le bureau se composait de
deux membres de la commission consultative : M. Lo-
riol et M. le marquis de Béthisy, et de MM. Etcheverry,
Rémi Yalade, l'abbé Lambert et Ladreit, directeur,
censeur, aumônier et médecin en chef de l'étaolisse-
ment. ■*
Le corps enseignant occupait la droite et la gauche
du bureau; groupés autour de leurs surveillants géné-
raux, les élèves occupaient les parties latérales de la
salle, dont le centre était réservé aux familles.
La cérémonie a commencé par la lecture, — faite
par le censeur, — du discours dans lequel nous nous
étions surtout attaché à faire ressortir l'influence du
inaître dans le développement moral des enfants confiés
à ses soins; immédiatement après, le président a
exposé, avec sa lucidité ordinaire, les conditions les
plus favorables à leur développement intellectuel.
Vint ensuite la traduction mimique, — faite par
trois élèves, — d'une historiette et de deux fables,
dont le directeur avait préalablement donné lecture aux
assistants.
Après la distribution des récompenses, — que
l'honorable académicien a voulu remettre lui-même à
tous nos jeunes lauréats, — l'assistance a visité la
galerie réservée à l'exposition des dessins des élèves
du grand quartier, et s'est retirée en témoignant de
nouveau la sympathique satisfaction dont elle avait
donné des preuves chaleureuses pendant toute la
séance.
H. COMTE,
Frofessenr à l'Institution nationale
des -sourds-Muets.
♦
STATUES COLOSSALES DE L'ILE DE PAQUES
(Voir page 109)
On nous communique sous ce titre plusieurs dessins
remarquables dus au crayon de M. Viaud, aspirant de
marine.
C'est à cette obligeante communication que nous de-
vons de pouvoir mettre sous les yeux des abonnés du
Monde illustré quelques spécimens d'une sculpture
étonnante à bien des points de vue, intéressante sur-
tout par ses proportions gigantesques, si peu en rap-
port avec les forces d'hommes privés des ressources de
la plus simple mécanique, et parce qu'elle est l'œuvre
d'un peuple qui, après avoir vécu à un âge bien éloi -
gné de nous, a complètement disparu de la surface de la
terre.
Nous pensons que les archéologues nous sauront g é
de publier, en même temps que ces dessins, quelques
renseignements que nous extrayons d'une notice sur
l'île de Pâques, adressée à la Revue maritime et coloniale
par M. le contre-amiral de Lapelin, commandant en
chef de la division navale du Pacifique, qui, avec la
Flore, a abordé, il y a quelques mois, à cette île et l'a
sérieusement explorée.
L'île de Pàqujea ou île Yaîhou, connue des Anglais et
des Américains sous le nom d'Eastem-Island, a été dé-
couverte, le 6 avril 1772, par la division hollandaise aux
ordres de l'amiral Roggeween. C'était le jour de Pâ-
ques; pour cette raison, on appela la. nouvelle terre
Paassen, Eastern en anglais, et en français Pâques.
Plus tard, en 1774, Cook y aborda et y passa huit
jours; plus Jard encore, le 9 avril 1786, Lapérouse y
descendit pour vingt-quatre heures. Depuis, cette île
a été peu visitée et, à part quelques missionnaires, il
n'y a pas d'Européens qui s'y soient établis jusqu'à
nrésent.
Pâques est l'une des Sporades les plus orientales des
archipels polynésiens; elle est située par 27° 10 de
latitude sud et 111° 46 de longitude ouest; elle est à
2,000 milles environ de la côte chilienne.
,Tous les navigatéurs qui ont abordé à Vaîhou ont si-
gnalé, comme la chose la plus curieuse de l'île, ces fi-
gures lourdes et massives de 6 à 7 mètres de hauteur
qui nous occupent et qui ont été constamment un sujet
de surprise pour les explorateurs.
Ces statues sont, paraît-il, des idoles (Mohaîs ou Ma-
mis, comme les appellent les indigènes). Aucune tradi-
tion ne peut jeter la moindre lumière sur un passé dont
ces idoles sont les derniers restes. Une seule fable fan-
tastique a cours à leur sujet parmi les habitants de ce
singulier pays. Ils disent que c'est un dieu qui a sculpté
ces statues, auxquelles, une fois achevées, il a ordonné
de mareher, — ce qui n'a pas du manquer de les gê-
ner beaucoup, puisqu'elles n'ont pas de jambes; — se
levant d'elles-mêmes, cependant, elles se sont dirigées
vers des autels de grandes pierres taillées, construits
spécialement pour elles. Les principales sont restées
sur le versant du cratère de YTJtu-itipour former la cour
du dieu sculpteur. Leurs proportions sont plus exacte-
ment observées par notre dessin qu'on ne l'a fait jus-
qu'ici. J
La matière qui a été employée est de la pierre de
lave que l'on ne trouve que sur les flancs des volcans
de l'île. Comment des hommes, limités à leurs simples
forces, ont-ils pu descendre de pareils blocs jusque dans
la plaine? A bras d'hommes, et encore avec des rOli
k-aux et des cordes, il ne faudrait pas moins de i2 a
1500 personnes pour mettre en mouvement le plus pe-
tit de ces géants de pierre. Il est visible pourtant qu'on
ne les a pas précipités du haut du versant, en les llbao-
donnant à eux-mêmes jusqu'en bas, car les profils sont
parfaitement intacts et n'ont nullement souffert des
chocs contre les aspérités du sol qu'ils n'auraient P"
éviter; l'hypothèse serait admissible si l'on pouvait penser
que les blocs n'ont été taillés qu'au bas de la cùtej
ce qui empêche un peu de donner créance à cette sep'
position, c'est qu'il y a des statues à la fois dans 1/1.
plaine et vers le sommet, du cratère. Il est donc à croire
qu'elles ont été d'abord travaillées, puis descendues,
Mais comment? Comment, en tout cas, certaines d'en'
tre elles ont-elles pu être montées et dressées sur les
autels où on les voit encore? Dans un pays où il n'y "L
pas de chemins, où l'on ne retrouve ni bois, ni fer, 111
cordes, on est bien embarrassé pour répondre à ceS
questions. Ce qui reste constant, c'est qu'un pellpl,e
autre que celui qui existe actuellement, plus civilise,
plus instruit, plus habile, a habité antérieurement Cette
île, puis s'y est éteint ou en a émigré.
Le buste placé sur le versant S.-E. du volcan de R°"
nororuta, que l'on voit dans le dessin n° 1, ne mesure
pas moins de 7m 35 de hauteur, du sol au sommet de
la tête; la largeur des épaules est de 2m40; le cou ffle"
sure 2m00 et la tète a 1 mRh de largeur. Et ce n'est paS
seulement dans les dimensions des statues que se ré-
vèle la vigoureuse hardiesse de ce peuple, car les pier-
res taillées des autels n'ont pas moins de 2mo0 de ton"
gueur sur lm80 de hauteur et elles sont placées leS
unes sur les autres de manière à former un mur 'll0'
nuroenial.
Toutes ces statues ont un air de famille singulier;
elles paraissent avoir été taillées toutes sur le même
patron. Le nez relevé, les lèvres en avant, une tête efl
pointe, des yeux énormes et en ellipse. Toutes sont a1"
rêtées à l'abdomen, avec les bras croisés par devant et
les mains appuyées sur l'estomac, dans une attitude
grave et tranquille.
Il est inadmissible pourtant qu'elles soient l'œuvre du
même ouvrier, car une vie entière suffirait à peine
pour en tailler deux ou trois des moins grosses. pcut
être sont-elles, non pas des idoles, comme la légende
du pays le dit, mais la personnification de l'idée que se
faisait de la Divinité le peuple qui a laissé ces preuves
de son existence. Comme on retrouve les mêmes traits
dans toutes, on pourrait supposer a ors que ce peuple
avait la notion d'un dieu ou d'une divinité unique. Peut-
être encore sont-elles tout simplement de gigantesques
dieux termes destines à orner un temple de dimensions
colossales qui n'aura pas été construit.
Toutes questions dont nous laissons la solution à ploS
savant que nous.
H. BOUT. t
———————- .- }
LA CORDE DU PENDU j
LÉGENDE DE LA CAMPINE
(Suite et fitl.)
La porte du salon se ronvrit de nouveau et le donx'S'
tique annonça l'abbé Josse. Magdeleine se leva aussitôt
et s'empressa d'aller recevoir le digne curé de Wortel,
dont la présence tout-à-fait inattendue sembla partict"
lièrement désagréable au baron, que le testament, pal'
l'oubli total où il le laissait, avait déjà mal disposé.
— Monsieur le baron me pardonnera cette visite 0"
peu brusque, dit l'abbé en s'inclinant. Je n'ai appris que
par hasard le motif de cette réunion, et, si je m'y pré-
sente sans autorisation, c'est pour remettre à M.
wyck une pièce dont la lecture ne peut être indifférent"
ici pour personne.
Le mot de codicile sortit aussitôt des lèvres du notait
et le baron n'eut pas assez d'empire sur lui-même pOlll'
ne pas s'écrier :
— Je m'inscris en faux contre cette pièce! i
— Vous la connaissez donc? fit observer le notaire.
--'- D'où vient elle? poursuivit le baron sans répondre ;
•â
Midhad et voulant à tout prix l'éloigner de Constantino-
ple, Mahmoud le fit alors nommer gouverneur général
d'Andrinople. Midhad accepta avec la pensée d'être reçu
selon l'usage par le Sultan en audience de congé. Mais
cette fois encore, il devait avoir à lutter contre les mau-
vaises dispositions du Grand-Vézir qui, voulant, le met-
tre dans l'impossibilité de s'entretenir en particulier avec
S. M., le fit recevoir en même temps que le gouverneur
général récemment nommé à Bagdad, Moustapha-Pa-
cha, ancien Seraskier.-
Midhad n'hésita pas, malgré la présence de ce té-
moin, à faire au Sultan le tableau le plus triste de l'é-
tat du pays, à exposer à ses yeux la conduite de Mah-
moud et à lui faire connaître les plaintes légitimes des
populations. Moustapha, devant lequel avait lieu cet ex-
posé, confirma en tout point le langage de Midhad-Pa-
cha et déclara, de son côté, que le système inauguré
par Mahmoud était déplorable et pouvait avoir pour
conséquence, en ce qui concernait l'armée, de la trans-
former en corps des janissaires.
Durant cet entretien, qui dura à peu près une heure
et demie, le Sultan, qui paraissait du reste déjà édifié à
ce sujet , donna les plus vifs témoignages de bienveil-
lance à Midhad-Pacha, sans toutefois lui faire connaître
ses intentions. Ce n'est que dans le courant de la soirée
que les sceaux de l'État furent retirés des mains de Mah-
moud-Pacha et portés à Midhad-Pacha par le premier
chambellan.
Sans nous appesantir davantage sur la valeur de ce
changement et le mérite personnel du nouveau Grand-
Vézir, il nous suffira de dire qu'au moment où Midhad-
Pacha se rendait à la Porte pour prendre possession du
Grand-Véziriat, il a été acclamé par des milliers de per-
onnes qui lui ont fait une véritable ovation. Le ven-
dredi suivant, la population aussi désireuse de témoi-
gner sa joie au Su'tan s'est portée en masse au devant
de la voiture qui le conduisait à la mosquée, et, contrai-
rement à tous les usages, l'a acclamé avec transport.
Dans le même temps, et durant trois nuits consécutives,
des manifestations hostiles et bruyantes avaient lieu
sous les fenètres de Mahmoud-Pacha.
Le dernier acte de Mahmoud avait été de faire nom-
mer gouverneur général d'une province Ruschid-Pacha
qui, depuis 1861, avait été dégradé à cause de sa par-
ticipation aux massacres de Dar-ul-Kamar dans le Li-
ban ; Midhad-Pacha a fait non seulement annuler im-
médiatement cette nomination scandaleuse, mais encore
a fait destituer Namik-Pacha, le triste auteur des mas-
sacres de Djedda, de sa position de président du conseil
d'État.
On s'attend d'un moment à l'autre à un changement
dans les hautes sphères gouvernementales et à la des-
titution du Cheik-ul-Islam, du ministre des affaires
étrangères, du ministre des finances et de plusieurs
autres créatures de Mahmoud. Lorsque vous recevrez
ma lettre, le télégraphe vous aura probablement fait
connaître le nom des nouveaux collègues que Midhad-
Pacha se sera adjoints.
Ces mesures, qui sont impérieusement réclamées par
les circonstances, n'ajouteront rien à l'enthousiasme in-
I descriptible de l'Empire ottoman; et les musulmans,
aussi bien que les étrangers fondent déjà les plus gran-
des espérances sur l'avènement du nouveau Grand-Vé-
zir, qui est connu comme un ami du progrès et un sage
réformateur.
A. DARTIGUENAVE.
—————
LA DISTRIBUTION DES PRIX
A L'INSTITUTION NATIONALE DES SOURDS-MUETS
Mardi, à une heure, a eu lieu, à l'instiuftion natio-
nale des Sourds-Muets, la distribution annuelle des
prix.
Le fauteuil de ia présidence était occupé par
M. Franck, de l'Institut; le bureau se composait de
deux membres de la commission consultative : M. Lo-
riol et M. le marquis de Béthisy, et de MM. Etcheverry,
Rémi Yalade, l'abbé Lambert et Ladreit, directeur,
censeur, aumônier et médecin en chef de l'étaolisse-
ment. ■*
Le corps enseignant occupait la droite et la gauche
du bureau; groupés autour de leurs surveillants géné-
raux, les élèves occupaient les parties latérales de la
salle, dont le centre était réservé aux familles.
La cérémonie a commencé par la lecture, — faite
par le censeur, — du discours dans lequel nous nous
étions surtout attaché à faire ressortir l'influence du
inaître dans le développement moral des enfants confiés
à ses soins; immédiatement après, le président a
exposé, avec sa lucidité ordinaire, les conditions les
plus favorables à leur développement intellectuel.
Vint ensuite la traduction mimique, — faite par
trois élèves, — d'une historiette et de deux fables,
dont le directeur avait préalablement donné lecture aux
assistants.
Après la distribution des récompenses, — que
l'honorable académicien a voulu remettre lui-même à
tous nos jeunes lauréats, — l'assistance a visité la
galerie réservée à l'exposition des dessins des élèves
du grand quartier, et s'est retirée en témoignant de
nouveau la sympathique satisfaction dont elle avait
donné des preuves chaleureuses pendant toute la
séance.
H. COMTE,
Frofessenr à l'Institution nationale
des -sourds-Muets.
♦
STATUES COLOSSALES DE L'ILE DE PAQUES
(Voir page 109)
On nous communique sous ce titre plusieurs dessins
remarquables dus au crayon de M. Viaud, aspirant de
marine.
C'est à cette obligeante communication que nous de-
vons de pouvoir mettre sous les yeux des abonnés du
Monde illustré quelques spécimens d'une sculpture
étonnante à bien des points de vue, intéressante sur-
tout par ses proportions gigantesques, si peu en rap-
port avec les forces d'hommes privés des ressources de
la plus simple mécanique, et parce qu'elle est l'œuvre
d'un peuple qui, après avoir vécu à un âge bien éloi -
gné de nous, a complètement disparu de la surface de la
terre.
Nous pensons que les archéologues nous sauront g é
de publier, en même temps que ces dessins, quelques
renseignements que nous extrayons d'une notice sur
l'île de Pâques, adressée à la Revue maritime et coloniale
par M. le contre-amiral de Lapelin, commandant en
chef de la division navale du Pacifique, qui, avec la
Flore, a abordé, il y a quelques mois, à cette île et l'a
sérieusement explorée.
L'île de Pàqujea ou île Yaîhou, connue des Anglais et
des Américains sous le nom d'Eastem-Island, a été dé-
couverte, le 6 avril 1772, par la division hollandaise aux
ordres de l'amiral Roggeween. C'était le jour de Pâ-
ques; pour cette raison, on appela la. nouvelle terre
Paassen, Eastern en anglais, et en français Pâques.
Plus tard, en 1774, Cook y aborda et y passa huit
jours; plus Jard encore, le 9 avril 1786, Lapérouse y
descendit pour vingt-quatre heures. Depuis, cette île
a été peu visitée et, à part quelques missionnaires, il
n'y a pas d'Européens qui s'y soient établis jusqu'à
nrésent.
Pâques est l'une des Sporades les plus orientales des
archipels polynésiens; elle est située par 27° 10 de
latitude sud et 111° 46 de longitude ouest; elle est à
2,000 milles environ de la côte chilienne.
,Tous les navigatéurs qui ont abordé à Vaîhou ont si-
gnalé, comme la chose la plus curieuse de l'île, ces fi-
gures lourdes et massives de 6 à 7 mètres de hauteur
qui nous occupent et qui ont été constamment un sujet
de surprise pour les explorateurs.
Ces statues sont, paraît-il, des idoles (Mohaîs ou Ma-
mis, comme les appellent les indigènes). Aucune tradi-
tion ne peut jeter la moindre lumière sur un passé dont
ces idoles sont les derniers restes. Une seule fable fan-
tastique a cours à leur sujet parmi les habitants de ce
singulier pays. Ils disent que c'est un dieu qui a sculpté
ces statues, auxquelles, une fois achevées, il a ordonné
de mareher, — ce qui n'a pas du manquer de les gê-
ner beaucoup, puisqu'elles n'ont pas de jambes; — se
levant d'elles-mêmes, cependant, elles se sont dirigées
vers des autels de grandes pierres taillées, construits
spécialement pour elles. Les principales sont restées
sur le versant du cratère de YTJtu-itipour former la cour
du dieu sculpteur. Leurs proportions sont plus exacte-
ment observées par notre dessin qu'on ne l'a fait jus-
qu'ici. J
La matière qui a été employée est de la pierre de
lave que l'on ne trouve que sur les flancs des volcans
de l'île. Comment des hommes, limités à leurs simples
forces, ont-ils pu descendre de pareils blocs jusque dans
la plaine? A bras d'hommes, et encore avec des rOli
k-aux et des cordes, il ne faudrait pas moins de i2 a
1500 personnes pour mettre en mouvement le plus pe-
tit de ces géants de pierre. Il est visible pourtant qu'on
ne les a pas précipités du haut du versant, en les llbao-
donnant à eux-mêmes jusqu'en bas, car les profils sont
parfaitement intacts et n'ont nullement souffert des
chocs contre les aspérités du sol qu'ils n'auraient P"
éviter; l'hypothèse serait admissible si l'on pouvait penser
que les blocs n'ont été taillés qu'au bas de la cùtej
ce qui empêche un peu de donner créance à cette sep'
position, c'est qu'il y a des statues à la fois dans 1/1.
plaine et vers le sommet, du cratère. Il est donc à croire
qu'elles ont été d'abord travaillées, puis descendues,
Mais comment? Comment, en tout cas, certaines d'en'
tre elles ont-elles pu être montées et dressées sur les
autels où on les voit encore? Dans un pays où il n'y "L
pas de chemins, où l'on ne retrouve ni bois, ni fer, 111
cordes, on est bien embarrassé pour répondre à ceS
questions. Ce qui reste constant, c'est qu'un pellpl,e
autre que celui qui existe actuellement, plus civilise,
plus instruit, plus habile, a habité antérieurement Cette
île, puis s'y est éteint ou en a émigré.
Le buste placé sur le versant S.-E. du volcan de R°"
nororuta, que l'on voit dans le dessin n° 1, ne mesure
pas moins de 7m 35 de hauteur, du sol au sommet de
la tête; la largeur des épaules est de 2m40; le cou ffle"
sure 2m00 et la tète a 1 mRh de largeur. Et ce n'est paS
seulement dans les dimensions des statues que se ré-
vèle la vigoureuse hardiesse de ce peuple, car les pier-
res taillées des autels n'ont pas moins de 2mo0 de ton"
gueur sur lm80 de hauteur et elles sont placées leS
unes sur les autres de manière à former un mur 'll0'
nuroenial.
Toutes ces statues ont un air de famille singulier;
elles paraissent avoir été taillées toutes sur le même
patron. Le nez relevé, les lèvres en avant, une tête efl
pointe, des yeux énormes et en ellipse. Toutes sont a1"
rêtées à l'abdomen, avec les bras croisés par devant et
les mains appuyées sur l'estomac, dans une attitude
grave et tranquille.
Il est inadmissible pourtant qu'elles soient l'œuvre du
même ouvrier, car une vie entière suffirait à peine
pour en tailler deux ou trois des moins grosses. pcut
être sont-elles, non pas des idoles, comme la légende
du pays le dit, mais la personnification de l'idée que se
faisait de la Divinité le peuple qui a laissé ces preuves
de son existence. Comme on retrouve les mêmes traits
dans toutes, on pourrait supposer a ors que ce peuple
avait la notion d'un dieu ou d'une divinité unique. Peut-
être encore sont-elles tout simplement de gigantesques
dieux termes destines à orner un temple de dimensions
colossales qui n'aura pas été construit.
Toutes questions dont nous laissons la solution à ploS
savant que nous.
H. BOUT. t
———————- .- }
LA CORDE DU PENDU j
LÉGENDE DE LA CAMPINE
(Suite et fitl.)
La porte du salon se ronvrit de nouveau et le donx'S'
tique annonça l'abbé Josse. Magdeleine se leva aussitôt
et s'empressa d'aller recevoir le digne curé de Wortel,
dont la présence tout-à-fait inattendue sembla partict"
lièrement désagréable au baron, que le testament, pal'
l'oubli total où il le laissait, avait déjà mal disposé.
— Monsieur le baron me pardonnera cette visite 0"
peu brusque, dit l'abbé en s'inclinant. Je n'ai appris que
par hasard le motif de cette réunion, et, si je m'y pré-
sente sans autorisation, c'est pour remettre à M.
wyck une pièce dont la lecture ne peut être indifférent"
ici pour personne.
Le mot de codicile sortit aussitôt des lèvres du notait
et le baron n'eut pas assez d'empire sur lui-même pOlll'
ne pas s'écrier :
— Je m'inscris en faux contre cette pièce! i
— Vous la connaissez donc? fit observer le notaire.
--'- D'où vient elle? poursuivit le baron sans répondre ;
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