Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-11-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 01 novembre 1906 01 novembre 1906
Description : 1906/11/01 (A7,N43). 1906/11/01 (A7,N43).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63749629
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
- ANNM - N- 43. PRIX Sapent
:• M8 - No 43. PMI ,30 cent.
it t
..-' jy
JEUDI lor NOVEMBRE lffO-r-r-
1
Les Annales Coloniales f|
EN VENTE DANS TOUTES LES GARES
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. l'administrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef. -.. "h"-
JOXJHEBDOMADAIRE
Paraissant tous les Jeudis
Gralerie d.'Or,léa.ia^}(Palais=Royal» PARIS 1er)
Les manuscrits non inséré. ne sont pas rendus
ABONNEMENTS
Un an 6 moii
FRANCE 8 fr. 4 fr. 50
ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr.
On s'abonne sans frais dans tous les Bureaux de Poste
Lire aujourd'hui
en première page
Le Pavillon de Kwang-Tchou-Vlan
à l'Exposition de Marseille
par Maurice COURANT
ET
Apogée de la puissance
coloniale de la France
par Eugène GALLOIS
Les Dépêches de la dernière heure.
La Revue de la Presse.
en seconde page
L'ACCORD ABYSSIN ET
L'OPINION ALLEMANDE
par Eugène MAROT
i_a Semaine Coloniale.
La Semaine Economique.
..-- ---_. ---" _h'_- --- -_.==
Le Pavillon de Kwang-tcheou-wan
à l'Exposition de Marseille
Le territoire et la baie de Kwang-
tcheou-wan ont été cédés à bail à la
France pour une période de 99 ans par
une première convention d'avril 1898,
qui, sous la forme définitive en 7 articles,
n'a été signée que le 16 novembre 1899.
En janvier 1900, le nouveau territoire
fut confié au gouvernement général de
l'Indo-Chine qui l'organisa rapidement
mettant à la tête un administrateur,
mais laissant un rôle important aux
autorités communales chinoises. Les
produits de Kwang-tcheou-wan ont dé-
jà figuré à l'exposition de Hanoï, mais
c'est à Marseille pour la première fois,
qu'ils sont présentés sur la terre métro-
politaine : l'occasion est donc naturelle
Dour en donner une brève idée.
L -
Dans un 'élégant' petit pavillon de
style chinois,sont groupés et classés d'u-
ne part les produits d'exportation,
d'autre part les produits d'importation.
Ces derniers ne sont pas les moins ins-
tructifs ; l'Angleterre figure pour les fi-
lés et les cotonnades, le Japon pour les
allumettes ; de plus on voit en nombre
des bouteilles de parfum, des miroirs,
des boites en métal blanc ornées de re-
liefs et de couleurs, toute une série
d'articles européens, de fabrication gros-
sière et de vil prix, qui proviennent d'Al-
lemagne et du Japon. A des consom-
mateurs que satisfont de telles march an-
dises, les plus ordinaires de nos articles
de bazar conviendraient à merveille :
pourquoi ne les fournissons-nous pas ?
Il se passera sans doute quelque temps
avantque les habitants puissent appré-
cier, et surtout acquérir des objets plus
soignés et plus coûteux. La population,
environ 180. 000 âmes, est dense, mais
ne forme pas de grandes agglomérations;
Cantonais et indigènes appelés Lai, vi-
vent pauvrement de la culture et de la
piche ; le pays était habituellement
dévasté par la piraterie qui a redoublé
dans les premiers mois de l'occupation
française entre 1 bVb et UfUU ;uny a
donc pas de richesse acquise, aucun
raffinement de civilisation : ce qu'on
voit à Kwang-tcheou-wan, c'est la vie
villageoise des Chinois dans toute sa
simplicité.
Sur place sont faits les objets d'usage
banal, ustensiles en bois taillé, vanne-
rie grossière, un peu de poterie, quelques
tissus communs de colon ou même
de soie, de la sparterie analogue à celle
de Canton ; on prépare aussi du sel, du
sucre, des huiles, de l'alcool pour la
consommation locale ; le poisson et les
productions marines, les porcs, les
bœufs sont abondants. A côté de ces
produits locaux,figurenl des exportations
de Canton, soieries fines, broderies et
i - 1
rubans façonnés, porcelaines peintes,
bijouterie, meubles en bois sculpté,
médicaments, etc. Un grand nombre
de ces objets pourrait être fabriqué dans
notre possession, puisqu'on y trouve le
mûrier et le veràsoic, diverses matières
tinctoriales, le kaolin et d'autres argiles
moins fines ; le camphrier pousse à l'état
sauvage; le martin-pêcheur qui fournit
les plumes si employées en bijouterie,
se rencontre partout; le charbon existe
peut-être. Les matières premières ne
manquent donc pas : mais la main-d œu-
vre habile est insuffisante ; la sécurité
peut la multiplier etdévelopper les l'es,
sources naturelles de la région. Quelles
sont celles-ci, voilà ce que montre
bien le pavillon de Kwang-tcheou-wan
organisé par M. Decker, qui en fait les
honneurs avec une bonne grâce parfaite.
Peut-être pourrait-on souhaiter, dans le
classement, une distinction plus nette
entre les produits du territoire français
et ceux de la région avoisinante, c'est-
à dire entre les produits actuels et les
produits possibles du Kwang-tcheou-
wan.
Quels que soient, d'ailleurs, les avan-
tages du sol et du climat, la superficie
du territoire pris à bail est trop faible
pour qu'il puisse paraître destiné à
une exploitation agricole importante ;
son rôle marque est plutôt industriel et
commercial. La situation entre Hai-
phong et Hong-kong, sur la côte du
Kwang-tong, avec des communications
faciles vers l'intéricur, Kwang-tong et
Kwang-si, autour d'une rade sure, l'ont
de Kwang-tcheou-wan l'entrepôt natu-
rel de la région : l'ouverture du port
franc a porté déjà un coup à Pak-hoi,
moins accessible et moins abrité. L'a-
ménagement du port encore a peine
esquissé, la création de routes de pé-
nétration et de chemins de fer, l'instal-
lation par la Banque de l'Indo-Chine
d'une succursale d'ordre quelconque,
établiraient la suprématie commerciale
de notre territoire et lui donneraient
toute sa valeur : c'est de ce côté qu'il
faut porter l'effort présent.
Maurice COURAST.
-.J" -""-..r
Prochainement les Annales Co-
loniales publieront un article de
M. François De Mahy
Député de la Réunion, .,
Ancien ministre.
Sur la politique extérieure.
Le cher et vénéré doyen de la
Chambre des Députés alité depuis
près de six mois, a bien voulu
donner aux Annales Coloniales,
cette nouvelle marque de sympa-
thie et le directeur de ce journal
lui en est personnellement pro-
fondément reconnaissant.
Le nouveau Ministre des Colonies
M. Milliès-Lacroix, sénateur des Lan-
des, est devenu Ministre des Colonies
dans le cabinet Clémenceau. Il a une
situation importante au Luxembourg
ou il est, après M. Antonin-Dubost et
M. Saint-Germain, celui de nos séna-
teurs qui afaitle plus de rapports.
---".r---
Apogée de la puissance
coloniale française.
Toute vérité n'est pas bonne à dire,
prétend-on? Et cependant il est des cas
où elle doit être proclamée, quand il s'a-
git d'éclairer un point d'histoire, et
d'histoire nationale.
Il ne saurait échapper à personne que
nous sommes, nous Français, à ce qu'on
est convenu d'appeler un tournant de
notre histoire. Sans faire en quoi que
ce soit de politique, on ne peut se dé-
fendre cependant d'une certaine appré-
hension, en considérant ce qui se passe
chez nous en ce moment, en songeant à
la mentalité présente, en envisageant
l'avenir et en supputant les événements.
Il est indéniable, en effet, que le man-
que d'entente à l'intérieur n'ait une
répercussion à l'extérieur, et que par
conséquent, notre situation troublée, ce
:rue personne ne peut nier, n'entraîne
des modifications plutôt défavorables
en ce qui touche la grandeur du pays. Au
point de vue commercial et industriel,
nous reculons, cela malheureusement
ne peut plus être mis en doute, les
chiffres de statistique sont là. Et, d'une
façon générale, la France, mondiale-
ment parlant, semble avoir atteint son
maximum ; en tous cas elle est à son
apogée coloniale, comme nous voulons
chercher à le démontrer.
Mais alors c'est la reculade, dira-t-on'!
Peut-être bien, ajouterons-nous, dus-
sions-nous être traités de prophète de
malhenr; et au surplus, nous ne serons
pas le premier à parler ainsi.
Notre puissance coloniale ne date pas
d'hier, et il y aura bientôt deux siècles,
la France, monarchique alors, commcn-
çait à jeter les bases d'un Empire mon-
dial qui fut le plus étendu à son heure.
Il fallut les graves événements intérieurs
pour arrêter cette poussée au dehors et
perdre, en bonne partiedu moins, le bé-
néfice d'un siècle d'efforts et de sacrifi-
ces ; mais, remise de sa terrible secousse,
la France reprenait ses ambitieuses idées.
Ses militaires et ses marins travaillaient
à son accroissement au dehors.
Bientôt c'était de l'autre côté de la Mé-
diterranée qu'elle plantait son drapeau ,
elle s'assurait une place prépondérante
en Egypte et dans tout l'Orient. ; por-
tant plus loin ses vues, elle s'installait
aux antipodes. Les bases de la grande
puissance coloniale de la France étaient
posées, et c'est toute l'histoire glorieuse de
nos conquêtes exotiques qu'il faudrait re-
mémorer. Mais c'était au Gouvernement
de la République, dans la fin du siècle
qui vient de s'écouler, que devait reve-
nir l'honneur d'avoir élevé la France au
rang de deuxième puissance coloniale
du monde.
En Asie, nous avons créé un vaste
Empire, reprenant l'idée du grand pa-
triote que fut Dupleix, et vers l'Extrê-
me-Orient nous avons voulu prendre
rang à côté des autres grandes puissan-
ces européennes,et cependant,c'est peut-
être à tort que l'on n'a pas suivi les sages
conseils de certains, comme de l'amiral
Courbet.
En Afrique, la France* a eu sa part
large dans le partage du « gâteau noir »,
malgré les intrigues de certaines puis-
sances. Elle aurait pu jouer un plus
grand rôle encore quand elle s'apprêtait
à se mettre à la traverse des grands pro-
jets anglais, et enfin elle pouvait et de-
vait prendre une situation absolument
prépondérante dans la question abyssi-
ne, sans les intrigues étrangères, an-
glaises surtout, il n'est pas besoin d'a-
jouter. A Djibouti, elle ennuyait déjà
.assez les voisins. Mais à Madagascar,
elle ne semble porter préjudice à per-
sonne. Il est vrai que la situation de l'Al-
gérie s'améliore et qu'on n'a qu'à se féli-
citer du protectorat tunisien. Quant à
l'Afrique Occidentale, son avenir se pré-
sente sous les meilleurs auspices, et la
colonie parait promettre. La mise en
valeur se poursuit, les chemins d fer
pénètrent toujours plus avant, et tout
semble marcher à souhait. Le Congo
enfin, lui-même, a Pair de vouloir pro-
mettre et suivre l'exemple de son grand
et prospère voisin l'Etat indépendant.
Enfin, en Océanie, notre domaine
s'estencore accru par quelques annexions
d'îles en ces dernières années. Il est
seulement fort regrettable que la ques-
tion des Nouvelles-Hébrides n'ait pas
été définitivementtranchée à notre avan-
tage.
Or, l'heure des conquêtes est passée,
les terres à annexer sans coup férir
n'existent plus, et ce ne peut plus être
qu'à la suite d'événements européens,
que pourra être modifiée la situation
coloniale des grandes nations d'Europe.
Voyons maintenant l'état présent de
nos colonies et quel sort paraît leur être
réservé dans un avenir plus ou moins
prochain, mais que personne ne saurait
naturellement préciser.
Prenons encore 1 Indo-Chine, pour
commencer.
On n'est pas sans avoir entendu par-
ler des dangers que pouvait courir notre
France d'Asie, comme je l'ai appelée, à
la suite de la guerre russo-japonaise. Cela
a été dit et répété, non sans quelque
raison, si l'on songe aux ambitions crois-
santes de la Grande Puissance qui s'est
levée à l'Extrême-Orient. Le Japon, en
effet, mis en goût, agrandira sa zone
d'influence, se créera des colonies pour
déverser le trop-plein de sa population ;
aussi n'y a-t-il rien d'étonnant à ce qu'il
ait tourné les yeux du côté de notre In-
do-Chine. Ce pays pourrait, en effet, lui
convenir à cause de l'affinité de race en-
tre Japonais et Annamites, cela se con-
çoit facilement. De plus, comme climat,
il y aurait encore des rapprochements
à faire ainsi que comme culture ; l'Indo-
Chine, et en particulier le Tonkin, ne
sont-ils pas des greniers à riz, ce dont a
besoin le Japon. Au reste, ce voisin bien-
tôt gènant pour nous en Extrême-
Orient s'estrapproché du Siam, a passé
traité avec lui, et on voit d'ici le danger
pour nous d'un pareil état. de choses.
On a souvent parlé de la difficulté QUe
* x
représentait pour nous l'éloignement en
cas de conflagration ; il n'est malheu-
reusement pas besoin d'insister, et on a
h droit et le devoir de se préoccuper
sérieusement, car, à défaut du Japon, la
Chine qui s'arme, et rapidement, peu-
lïERMÈUE HEURE
lia pranee et l'Allemagne
au attoe ,
Une note officieuse allemande dit que
dans les milieux autorisés de Berlin on
n'éprouve aucune inquiétude au sujet
de l'action des autorités françaises dans
le Sud-Oranai ; on ajoute que la région
frontière algéro-marocaine n'est pae vi-
iée par l'acte général d'Algésiras.
L' Allemagne n'a aucune raison com me
aucun désir de s'immiscer dans une affai-
re regardant purement la France. Elle
entend observer une attitude loyale à
l'égard de la France, dans la loyauté de
- laquelle l'Allemagne a confiance. n
C est parfait. Aussi esperons-noub
fermement que l'on démentira les bruits
fâcheux d'après lesquels M. Rosen aurait
assuré le Sultan de la protection de
Guillaume 11 et négocierait un nouvel
emprunt pour le gouvernement maro-
cain.Les incidents de Larachc suffisent.
C. F,
**.
lies Colonies au Parlement
Parmi les projets de loi déposés par
l'ancien ministère sur le bureau de la
Chambre des Députés, les deux suivants
viendront probablement en discussion
dans l'une des plus prochaines séances.
Ce' sont :
1 Q Un projet de loi ayant pour objet
de rendre applicable à la Martinique, à
la Guadeloupe et à la Réunion, les dispo-
sitions de la loi du 1er juillet 1901 modi-
fiée par les lois du 4 décembre 1902 et 17
juillet 1903, relatives au contrat d'asso-
UOn. ,
Ce serait l'application à ces colonies
du régime métropolitain concernant les
congrégalioils.
20 Un projet de loi ayant pour objet
d'autoriser le gouvernement général de
l'Afrique Occidentale français à contrac-
ter un emprunt de 100 millions pour
achever les chemins de fer de pénétration
et aménager définitivement plusieurs
ports et voies navigables.
***
lia France au JWaroe
Un communiqué
M.Clémenceau a fait la déclaration suivant
te à l'issue du conseil de cabinet de samedi,
Nous nous abstiendrons de toute ac"
tion offensive. Nous resterons sur notre
territoire. Nous nous tenons prêts à
riposter à toute agression.
LES COLONIES ET LA PRESSE
R ta frontière marocaine
Ce que dit le général Lyautey.
Interview du général LYAUTEY dans le
Jounlal.
Je lui demande s'ilestexact, comme je l'ai
entendu dire, qu'une délégation des caïds
des Doui-Menia doive venir le trouver.
Le bruit en circule, me répond-il et je
crois qu'ils viendront, mais quand cette dé-
manche aura-t-elle lieu ? Les indigènes ne
sont jamais pressée ils sont longs à se dé-
placer et puis il ne faudrait pas tirer de ren-
voi de cette délégation des conclusions pré-
maturées.
Quelle sera, en effet, l'attitude des caïds?
Sans doute, le général avecsa profonde con-
naissance des choses d'Afrique saura démêler
ft,iqtie saura déinèler
dans leurs paroles les intentions du peuple
doui-menia,car peut-être envoie-t-il des émis-
saires pour savoir, avant de parachever son
exode, ce que nous comptons faire et quel-
les conséquences économiques aurait pour
luisonémigration définitiveauTafilalet. Ici,
il a des champs d'orge : là-bas, ses palmiers-
dattiers; et ces pasteurs-laboureurs, pris en-
tre l'enclume et le marteau, semblent hésiter
au dernier moment à se rallier aux uns ou
--- _o. -
au* a.uires,
J'interromps le général :
Une thèse courante, qui n'est pas la
mienna, a été émise dans les milieux colo-
mienne, On dit que la France pourrait s'atta-
niaux.
cher par des présents ou même à prix d'ar-
gent les chefs arabes hésitants.
Tout de suite, de la main, le général m'ar-
rête :
- Acheter les chefs dit Tafilalet? Evidem-
ment, c'est un procédé dont on use ; mais
combien sont-ils ? et qui nous dit que de-
main le nombre n'en saurait pas décuplé ?
Et puis, mieux vaut autre chose. Car il est
toujours à craindre, quand on les paie, qu'ils
racontent tout bonnement que nous leur
versons un tribut. Ce n'est pas fait pour re-
hausser notre prestige.
Et je sens que dans ce mot « prestige»
semble se résumer toute la méthode de co-
lonisation du général Lyautey. Il faut, sui-
vant lui,imposer aux'indigènes le respect de
notre force, car c'est lo seul moyen de ne
r\o a lu nanaccît mûiii'liMûPfi
fUO v\l&. W IWWUI41* UUWOJikU 1.1 aua w
d'user de celte force, et déjà la détente lé-
gère, bien légère, qui semblent s'êlre pro-
duite est due sans douleau renforcement de
nos garnisons des postes avancés.
:t$:*
lie JVIaroe en Armes
De M.HENRI ROCHEIORT, dans l'Intransi-
geant.
La pénHration pacifique française, qui se
traduit, au Gongo, par la pénétration de car-
touches de dynamite dans les corps des in-
digènes transformés,aul4 juillet, en bouquets
de feux a'arlifice, ne réussira pas plus au-
près des Marocains que la pénétration paci-
iique russe n'a réussi en Mandchourie, au-
près des Japonais. A côté de l'âme japonaise
il y a l ame mulsulmane, non ma: ns irreduc-
lible et irréconciable en Orient qu'en Extrê-
me-Orient. On a pu le constater lors de l'in-
surrection de Margueritte en Algérie, où
sans l'arrivée d'une compagnie d'infanterie
tous les juifs étaient massacrés.
Au premier déploiement du drapeau vert
de Ili n surrection marocaine gagne-
ra comme une traînée de poudre. Nos co-
lons passeront alors un fichu quart d'heure.
Le muisuman respecte la force. Seulement
il cessera de la redouter quand il la verra
tombée aux mains des juifs qu'il méprise et
qu'il ne craint p as.
**
lies Ineidents de la frontière
algè r o-m aro eaine
De M. MARCEL SA.INT-GERMAIN,sénateur
cturan, dans la uepeene coloniale:
Les chérifs ont boycotté notre marché de
Béchar en interdisant son accès à toutes les
marchandises du Tafilalet, en même temps
qu'ils fermèrentleur territoire, non seule-
ment aux caravanes algériennes,mais enco-
re à tous ceux qui commercent avec notis,is-
raélites, Qulad-Djerir, Doui-Menia. Peu leur
importe de violer ainsi, de la façon la plus
formelle, les conventions de 1901, qui
avaient stipulé la liberté commerciale, en-
tière entre les deux régions.
Bien plus, quoique les protocoles de 1901
eussent reconnu nettement les Doui-Menia
comme nos ressortissants en leur garantis-
sant l'intégrité de leurs propriétés au Tafi-
lalet, les autorités chérifiennesviennent de
les mettre en demeure d'abandonner les
territoires qu'ils occupent chez nous au Guir
et de se retirer dans l'Ouest sous-peine de se
voir confisquer les biens les plus impor-
tants qu'il possèdent au Tafilalet." Actuelle-
ment les Doui-Menia préparent leur exode.
Tout ceci semble n'être encore que le pré-
lude d'incidents plus graves. Les gens du Ta-
filalet mobilisent actuellementsans se cachei
leurs guerriers pour une attaque, avec tou-
tes leurs forces, de nos postes, de nos lignes
de communication et de nos tribus.
Ils viennent d'envoyer un « rezzou » pré- =
paratoire de 300 méharistes qui a cherché à
surprendre au pâturage nos chameaux du
Touat. Cette attaque a été déjouée, mais il
ressort de tous les renseignements reçus à
la subdivision d'!ïa-Sefl'a quedes agressions
autrement redoutables se préparent.
**
Sur la Navigation sous marine
De l'amiral BIENAIMÉ, député, dans la
Patrie :
Il faut réduire au minimum, en temps de
paix, les risques que ces braves gens sont,
par tempérament, exposés à affronter avec
trop d'imprudence et, sous ce rapport, tout
n'a pas été fait. Partout et en tout, il y a des
accidents que la science de l'ingénieur n'a
pas prévus ; la navigation sous-rnarine n'é-
chappe pas à la règle générale, mais la gra-
vité qu'ils prennent chez elle impose des pré-
cautions qui, le plus souvent, les réduiraient
à de simples aventures.
En temps de guerre, les sous-marins se-
ront obligés de marcher, sans tenir comp-
te du vent, de la mer ou de la" profondeur
des eaux, et il est nécessaire qu'ils s'y
exercent, mais rien ne s'oppose à ce qu'ils
ne le fassent que bien sûrs d'eux et avec
des précautions spéciales. Un accident en
eau profonde, c'est la perte certaine ; on ne
doit plonger, dans ces conditions, qu'avec
des commandants et des équipages parfai-
tement entraînés, sûrs d'eux autant qu'on
peut l'être.
Le terrain d'exercice ordinaire ne devrait
pas dépasser la limite des fonds où les sca-
phandriers peuvent opérer en toute sécuri
té ; toutes les dispositions devraient être
prises pour réduire au minimum le temps
nécessaire à l'élinguage d'un sous-marin
coulé et, en principe, les exercices ne de-
vraient avoir lieu qu'à portée d'un arsenal
muni des moyens de sauvetage suffisants
pour ramener en moinsde vingt-quatre heu-
rest à la surface tout sous-marin naufragé.
*.
j
lia folie du roi dl Annatn
I LES DEBUTS DU RÈGNE
De M. G. de LANESSAN, ancien gouver-
neur général de l'Indo-Chine dans le
Siècle :
Une fois, Thanh-Tai ayant passé toute la
nuit dehors, les mandarins de la régence
voulurent lui faire des remontranefes ; il les
maltraita fort. Eu fausse barbe et habillé à
la française, il continuait ses promenades
de jour et de nuit, passant même une
nuit entière dans ie3 quartiers les plus mai
lamés de Hué. Il refusait devoir les régents
qui, sans cesse, lui faisaient des remon-
trances.
Il refusait de continuer ses études, disant
qu'il ne devait passer aucun examen et qu'il
eii savait assez pour être roi. Il refusait
d'écouter les reines-mères et de leur faire
ses t lays ». Il battait ses serviteurs et me-
naçait de châtier sévèrement qui voudrait
l'empêcher d'agir à sa guise. Un jour, le ré-
sident supérieur et les fonctionnaires fran-
çais étaient au théâtre. Le roi y alin, resla
très peu de temps assis et demanda à se re-
tirer pour manger. En réalité, il sortit en
ville, après s'être déguisé et avoir mis une
fausse barbe. Le lendemain, il contraignait
ses eunuques à s'hab.lLel' en femmes de
théâtre et se faisait accompagner par eux
en voiture au grand scandale de la popula-
tion. Il marquait ainsi chaque jour d'une
nouvelle excentricité.
Notre influence et notre action se sont ac-
crues considérablement dans l'Annam cen-
tral depuis l'époque dont j'ai parlé plus haut.
Nous avons introduit dans cette partie du
pays, comme au Tonkin, une véritable ad-
ministration directe et nous avons décon-
sidéré l'autorité royale aux yeux des indi-
gènes parla conduite que nous avons laissé
tenir à Thanh-Taï. Destituer ce dernier et
le remplacer par un nouveau roi sont des
opérations auxquelles le peuple n'attache-
rait de prix que si nous obligions le succes-
seur de Thanh-Taï à reprendre les tradi-
tions rituelles de l'empire Y sommes-nous
décidés ? Pouvons*nou?A/ »,nir'àinsi én ar-
rière ? Et pourquoi instituer un nouveau roi
si nous ne sommes pas résolus à restaurer
les traditions royales?
J'estime donc que la solution la plus sim-
ple et la plus conforme à nos intérêts con-
sisterait à faire enlever à Thanh-Taï ses
pouvoirs par une ordonnance des reines-
mères, à l'enfermer dans un des palais où
sont érigés les tombeaux des empereurs et à
lui substituer un conseil de régence dési-
gné par les reines-mères d'accord avec le
gouverneur général. Cela vaudrait infini-
ment mieux, à mon avis, que de créer un
nouveau roi auprès duquel nos agents et nos
officiers commettraient probablement les
mêmes fautes qui ont conduit Thanh-Taï à
la folie despotique.
..w..*.)(.
Lia codification du droit
musulmans en Algérie
M. Maurice HAMELIN critique cette mesure
etconclutainsidans la Dépêche Coloniale :
Le meilleur moyen d'éviter que les mu-
sulmans,s'abritant sous leurs préjugésjlient
notre destinée à la leur est non point de
consolider, en les fixant officiellement, des
règles qui, clles-mëmes, ne doivent être
que provisoires, mais d'avoir une législation
assez souple pour subir sans contradictions
les modifications rendues nécessaires par
les circonstances. C'est la magistrature,
qui peut, par sa jurisprudence éclairée et
progressive, préparer d'une façon insensi-
ble l'unification vers laquelle l'on tend.
Un Code musulman ne peut actuellement
qu'être défectueux pour tous et mal vu par
les indigènes ; au contraire, des décisions
des magistrats, qui, même non conformes
aux préceptes coraniques mais basées sui
la morale, l'équité, l'intérêt social comman-
dent touiours le resuect.
Un recueil de jurisprudence tenu à jour et
publié périodiquement deviendrait le meil-
leur des Codes jusqu'au moment où il n'y
aurait plus un droit français, un droit arabe
un droit kabyle, mais un droit algérien.
Alors seulement un Code officiel pourrait
apparaître avec opportunité. Aujourd'hui,
il importe de ne pas se faire d'illusions, un
Code musulman rédigé par des chrétiens ne
peut être appliqué ; il ne le serait tout au
plus que s'il consacrait sans aucune modi-
fication ln pratique courante. Or ce n'est pas
le but que l'on a en vue, puisque l'on veut
faire uue œuvre de progrès.
ik«**
Opinions en einq lignes
- La Patrie al la Dépêche Coloniale
s'accordent pour critiquer l'œuvre de M.
Augagneur. gouverneur général de Ma-
dagascar et prétendent que cette colonie
périclite depuis que l'ancien maire de
Lyon a succédé au général Galliéni.
Question d'optique politique probable-
ment.
M. MACRICI; MURKT dans le Journal
des Débats examine la situation en Perse,
montre la situation inseable du shah
Mouzaffer ed Din compromise par son
ancien grand-vizir Aïn-ed-Dovlé, et indi-
que l'entente anglo-russe établie pour
empêcher l'immixtion en Perse, de l'Al-
lemagne qui vient d'y créer une banque.
- M.Ronrit-ri)c CAIX établitdansleJour-
nal des Débats le tort que fait aux Etats-
Unis en général la politique d'exclusion
des Etats du Pacifique. Le boycottage de
l'andernier.en Chine,contre les marchan-
dises uméricaines,et qui était une protes-
tation contre l'acte d'exclusion frappant
les Chinois, a fait tomber de prs de
moitié le commerce des Etats-Unis avec
la Chine. La mesure actuelle excluant
les Japonais des écoles publiques, com-
me les autres asiatiques, provoque un
vif mécontentement au Japon.
M. le D1' G. BERRY, dans la Dépêche
Coloniale, résume le développement des
études de médecine coloniale à la Eacul-
té de Paris ou en 4 ans il a été délivré
101 diplômes de médecins coloniaux dont
54 à des Français, 12 à des Colombiens,
4 à des Italiens et 4 à des Russes.
- Dans l'Eclair' M. ERNF.ST JUDET, à
propos de l'inlervention française au
Maroc et de l'envoi de la Zeznne d?Arc à
Arzila s'effraye de complications diplo-
matiques possibles, sur un terrain ou
nous sommes exposes à rencontrer l'Al-
lemagne.
Le Matin s'élève contre le caractère
de guerre sainte que certains attri-
buaient déjà aux désordres marocains.
Il ne faudrait y voir que les méfaits des
tribus pillardes du désert, auxquelles
notre police saharienne a déjà donné
maintes leçons et qui, pour lui échapper
se réfugient sur les marches frontières
du Maroc.
Dans la République Francaise, M.H.R.
SAVARY étudie la politique australienne
et montre que,malgré ses origines et son
caractère différents, le socialisme aus-
tralien en arrive aux mêmes conclusions
que le socialisme des Etats de l'Europe.
Dans la Dépêche coloniale M. HENRI
LORIN félicite le Congrès colonial de Mar-
seille de ses conclusions en matière de
système douanier colonial. Le régime
des douanes doit être, pour chaque colo-
nie ou groupe de colonies, adapté spécia-
lement au milieu local, et non point sim
plement importé tout fait de la métro po
le. Habillons nos colonies sur mesure et
non point en confection.
La Chronique coloniale et financière
de Bruxelles se plaint des idées fausses
qui se répandent en Belgique sur la puis-
sance économique du pays et son « dé-
bordement sur le monde n. Elle s'efforce
de ramener ses compatriotes à une con-
ception moins vaine de leur valeur et à
imiter les Allemands qui forgent en
silence les instruments de leur conquête
mondiale.
:• M8 - No 43. PMI ,30 cent.
it t
..-' jy
JEUDI lor NOVEMBRE lffO-r-r-
1
Les Annales Coloniales f|
EN VENTE DANS TOUTES LES GARES
Tous les mandats doivent être adressés au nom
de M. l'administrateur, toutes les communica-
tions concernant la rédaction au nom de M. le
Rédacteur en chef. -.. "h"-
JOXJHEBDOMADAIRE
Paraissant tous les Jeudis
Gralerie d.'Or,léa.ia^}(Palais=Royal» PARIS 1er)
Les manuscrits non inséré. ne sont pas rendus
ABONNEMENTS
Un an 6 moii
FRANCE 8 fr. 4 fr. 50
ETRANGER ET COLONIES. 12 » 8 fr.
On s'abonne sans frais dans tous les Bureaux de Poste
Lire aujourd'hui
en première page
Le Pavillon de Kwang-Tchou-Vlan
à l'Exposition de Marseille
par Maurice COURANT
ET
Apogée de la puissance
coloniale de la France
par Eugène GALLOIS
Les Dépêches de la dernière heure.
La Revue de la Presse.
en seconde page
L'ACCORD ABYSSIN ET
L'OPINION ALLEMANDE
par Eugène MAROT
i_a Semaine Coloniale.
La Semaine Economique.
..-- ---_. ---" _h'_- --- -_.==
Le Pavillon de Kwang-tcheou-wan
à l'Exposition de Marseille
Le territoire et la baie de Kwang-
tcheou-wan ont été cédés à bail à la
France pour une période de 99 ans par
une première convention d'avril 1898,
qui, sous la forme définitive en 7 articles,
n'a été signée que le 16 novembre 1899.
En janvier 1900, le nouveau territoire
fut confié au gouvernement général de
l'Indo-Chine qui l'organisa rapidement
mettant à la tête un administrateur,
mais laissant un rôle important aux
autorités communales chinoises. Les
produits de Kwang-tcheou-wan ont dé-
jà figuré à l'exposition de Hanoï, mais
c'est à Marseille pour la première fois,
qu'ils sont présentés sur la terre métro-
politaine : l'occasion est donc naturelle
Dour en donner une brève idée.
L -
Dans un 'élégant' petit pavillon de
style chinois,sont groupés et classés d'u-
ne part les produits d'exportation,
d'autre part les produits d'importation.
Ces derniers ne sont pas les moins ins-
tructifs ; l'Angleterre figure pour les fi-
lés et les cotonnades, le Japon pour les
allumettes ; de plus on voit en nombre
des bouteilles de parfum, des miroirs,
des boites en métal blanc ornées de re-
liefs et de couleurs, toute une série
d'articles européens, de fabrication gros-
sière et de vil prix, qui proviennent d'Al-
lemagne et du Japon. A des consom-
mateurs que satisfont de telles march an-
dises, les plus ordinaires de nos articles
de bazar conviendraient à merveille :
pourquoi ne les fournissons-nous pas ?
Il se passera sans doute quelque temps
avantque les habitants puissent appré-
cier, et surtout acquérir des objets plus
soignés et plus coûteux. La population,
environ 180. 000 âmes, est dense, mais
ne forme pas de grandes agglomérations;
Cantonais et indigènes appelés Lai, vi-
vent pauvrement de la culture et de la
piche ; le pays était habituellement
dévasté par la piraterie qui a redoublé
dans les premiers mois de l'occupation
française entre 1 bVb et UfUU ;uny a
donc pas de richesse acquise, aucun
raffinement de civilisation : ce qu'on
voit à Kwang-tcheou-wan, c'est la vie
villageoise des Chinois dans toute sa
simplicité.
Sur place sont faits les objets d'usage
banal, ustensiles en bois taillé, vanne-
rie grossière, un peu de poterie, quelques
tissus communs de colon ou même
de soie, de la sparterie analogue à celle
de Canton ; on prépare aussi du sel, du
sucre, des huiles, de l'alcool pour la
consommation locale ; le poisson et les
productions marines, les porcs, les
bœufs sont abondants. A côté de ces
produits locaux,figurenl des exportations
de Canton, soieries fines, broderies et
i - 1
rubans façonnés, porcelaines peintes,
bijouterie, meubles en bois sculpté,
médicaments, etc. Un grand nombre
de ces objets pourrait être fabriqué dans
notre possession, puisqu'on y trouve le
mûrier et le veràsoic, diverses matières
tinctoriales, le kaolin et d'autres argiles
moins fines ; le camphrier pousse à l'état
sauvage; le martin-pêcheur qui fournit
les plumes si employées en bijouterie,
se rencontre partout; le charbon existe
peut-être. Les matières premières ne
manquent donc pas : mais la main-d œu-
vre habile est insuffisante ; la sécurité
peut la multiplier etdévelopper les l'es,
sources naturelles de la région. Quelles
sont celles-ci, voilà ce que montre
bien le pavillon de Kwang-tcheou-wan
organisé par M. Decker, qui en fait les
honneurs avec une bonne grâce parfaite.
Peut-être pourrait-on souhaiter, dans le
classement, une distinction plus nette
entre les produits du territoire français
et ceux de la région avoisinante, c'est-
à dire entre les produits actuels et les
produits possibles du Kwang-tcheou-
wan.
Quels que soient, d'ailleurs, les avan-
tages du sol et du climat, la superficie
du territoire pris à bail est trop faible
pour qu'il puisse paraître destiné à
une exploitation agricole importante ;
son rôle marque est plutôt industriel et
commercial. La situation entre Hai-
phong et Hong-kong, sur la côte du
Kwang-tong, avec des communications
faciles vers l'intéricur, Kwang-tong et
Kwang-si, autour d'une rade sure, l'ont
de Kwang-tcheou-wan l'entrepôt natu-
rel de la région : l'ouverture du port
franc a porté déjà un coup à Pak-hoi,
moins accessible et moins abrité. L'a-
ménagement du port encore a peine
esquissé, la création de routes de pé-
nétration et de chemins de fer, l'instal-
lation par la Banque de l'Indo-Chine
d'une succursale d'ordre quelconque,
établiraient la suprématie commerciale
de notre territoire et lui donneraient
toute sa valeur : c'est de ce côté qu'il
faut porter l'effort présent.
Maurice COURAST.
-.J" -""-..r
Prochainement les Annales Co-
loniales publieront un article de
M. François De Mahy
Député de la Réunion, .,
Ancien ministre.
Sur la politique extérieure.
Le cher et vénéré doyen de la
Chambre des Députés alité depuis
près de six mois, a bien voulu
donner aux Annales Coloniales,
cette nouvelle marque de sympa-
thie et le directeur de ce journal
lui en est personnellement pro-
fondément reconnaissant.
Le nouveau Ministre des Colonies
M. Milliès-Lacroix, sénateur des Lan-
des, est devenu Ministre des Colonies
dans le cabinet Clémenceau. Il a une
situation importante au Luxembourg
ou il est, après M. Antonin-Dubost et
M. Saint-Germain, celui de nos séna-
teurs qui afaitle plus de rapports.
---".r---
Apogée de la puissance
coloniale française.
Toute vérité n'est pas bonne à dire,
prétend-on? Et cependant il est des cas
où elle doit être proclamée, quand il s'a-
git d'éclairer un point d'histoire, et
d'histoire nationale.
Il ne saurait échapper à personne que
nous sommes, nous Français, à ce qu'on
est convenu d'appeler un tournant de
notre histoire. Sans faire en quoi que
ce soit de politique, on ne peut se dé-
fendre cependant d'une certaine appré-
hension, en considérant ce qui se passe
chez nous en ce moment, en songeant à
la mentalité présente, en envisageant
l'avenir et en supputant les événements.
Il est indéniable, en effet, que le man-
que d'entente à l'intérieur n'ait une
répercussion à l'extérieur, et que par
conséquent, notre situation troublée, ce
:rue personne ne peut nier, n'entraîne
des modifications plutôt défavorables
en ce qui touche la grandeur du pays. Au
point de vue commercial et industriel,
nous reculons, cela malheureusement
ne peut plus être mis en doute, les
chiffres de statistique sont là. Et, d'une
façon générale, la France, mondiale-
ment parlant, semble avoir atteint son
maximum ; en tous cas elle est à son
apogée coloniale, comme nous voulons
chercher à le démontrer.
Mais alors c'est la reculade, dira-t-on'!
Peut-être bien, ajouterons-nous, dus-
sions-nous être traités de prophète de
malhenr; et au surplus, nous ne serons
pas le premier à parler ainsi.
Notre puissance coloniale ne date pas
d'hier, et il y aura bientôt deux siècles,
la France, monarchique alors, commcn-
çait à jeter les bases d'un Empire mon-
dial qui fut le plus étendu à son heure.
Il fallut les graves événements intérieurs
pour arrêter cette poussée au dehors et
perdre, en bonne partiedu moins, le bé-
néfice d'un siècle d'efforts et de sacrifi-
ces ; mais, remise de sa terrible secousse,
la France reprenait ses ambitieuses idées.
Ses militaires et ses marins travaillaient
à son accroissement au dehors.
Bientôt c'était de l'autre côté de la Mé-
diterranée qu'elle plantait son drapeau ,
elle s'assurait une place prépondérante
en Egypte et dans tout l'Orient. ; por-
tant plus loin ses vues, elle s'installait
aux antipodes. Les bases de la grande
puissance coloniale de la France étaient
posées, et c'est toute l'histoire glorieuse de
nos conquêtes exotiques qu'il faudrait re-
mémorer. Mais c'était au Gouvernement
de la République, dans la fin du siècle
qui vient de s'écouler, que devait reve-
nir l'honneur d'avoir élevé la France au
rang de deuxième puissance coloniale
du monde.
En Asie, nous avons créé un vaste
Empire, reprenant l'idée du grand pa-
triote que fut Dupleix, et vers l'Extrê-
me-Orient nous avons voulu prendre
rang à côté des autres grandes puissan-
ces européennes,et cependant,c'est peut-
être à tort que l'on n'a pas suivi les sages
conseils de certains, comme de l'amiral
Courbet.
En Afrique, la France* a eu sa part
large dans le partage du « gâteau noir »,
malgré les intrigues de certaines puis-
sances. Elle aurait pu jouer un plus
grand rôle encore quand elle s'apprêtait
à se mettre à la traverse des grands pro-
jets anglais, et enfin elle pouvait et de-
vait prendre une situation absolument
prépondérante dans la question abyssi-
ne, sans les intrigues étrangères, an-
glaises surtout, il n'est pas besoin d'a-
jouter. A Djibouti, elle ennuyait déjà
.assez les voisins. Mais à Madagascar,
elle ne semble porter préjudice à per-
sonne. Il est vrai que la situation de l'Al-
gérie s'améliore et qu'on n'a qu'à se féli-
citer du protectorat tunisien. Quant à
l'Afrique Occidentale, son avenir se pré-
sente sous les meilleurs auspices, et la
colonie parait promettre. La mise en
valeur se poursuit, les chemins d fer
pénètrent toujours plus avant, et tout
semble marcher à souhait. Le Congo
enfin, lui-même, a Pair de vouloir pro-
mettre et suivre l'exemple de son grand
et prospère voisin l'Etat indépendant.
Enfin, en Océanie, notre domaine
s'estencore accru par quelques annexions
d'îles en ces dernières années. Il est
seulement fort regrettable que la ques-
tion des Nouvelles-Hébrides n'ait pas
été définitivementtranchée à notre avan-
tage.
Or, l'heure des conquêtes est passée,
les terres à annexer sans coup férir
n'existent plus, et ce ne peut plus être
qu'à la suite d'événements européens,
que pourra être modifiée la situation
coloniale des grandes nations d'Europe.
Voyons maintenant l'état présent de
nos colonies et quel sort paraît leur être
réservé dans un avenir plus ou moins
prochain, mais que personne ne saurait
naturellement préciser.
Prenons encore 1 Indo-Chine, pour
commencer.
On n'est pas sans avoir entendu par-
ler des dangers que pouvait courir notre
France d'Asie, comme je l'ai appelée, à
la suite de la guerre russo-japonaise. Cela
a été dit et répété, non sans quelque
raison, si l'on songe aux ambitions crois-
santes de la Grande Puissance qui s'est
levée à l'Extrême-Orient. Le Japon, en
effet, mis en goût, agrandira sa zone
d'influence, se créera des colonies pour
déverser le trop-plein de sa population ;
aussi n'y a-t-il rien d'étonnant à ce qu'il
ait tourné les yeux du côté de notre In-
do-Chine. Ce pays pourrait, en effet, lui
convenir à cause de l'affinité de race en-
tre Japonais et Annamites, cela se con-
çoit facilement. De plus, comme climat,
il y aurait encore des rapprochements
à faire ainsi que comme culture ; l'Indo-
Chine, et en particulier le Tonkin, ne
sont-ils pas des greniers à riz, ce dont a
besoin le Japon. Au reste, ce voisin bien-
tôt gènant pour nous en Extrême-
Orient s'estrapproché du Siam, a passé
traité avec lui, et on voit d'ici le danger
pour nous d'un pareil état. de choses.
On a souvent parlé de la difficulté QUe
* x
représentait pour nous l'éloignement en
cas de conflagration ; il n'est malheu-
reusement pas besoin d'insister, et on a
h droit et le devoir de se préoccuper
sérieusement, car, à défaut du Japon, la
Chine qui s'arme, et rapidement, peu-
lïERMÈUE HEURE
lia pranee et l'Allemagne
au attoe ,
Une note officieuse allemande dit que
dans les milieux autorisés de Berlin on
n'éprouve aucune inquiétude au sujet
de l'action des autorités françaises dans
le Sud-Oranai ; on ajoute que la région
frontière algéro-marocaine n'est pae vi-
iée par l'acte général d'Algésiras.
L' Allemagne n'a aucune raison com me
aucun désir de s'immiscer dans une affai-
re regardant purement la France. Elle
entend observer une attitude loyale à
l'égard de la France, dans la loyauté de
- laquelle l'Allemagne a confiance. n
C est parfait. Aussi esperons-noub
fermement que l'on démentira les bruits
fâcheux d'après lesquels M. Rosen aurait
assuré le Sultan de la protection de
Guillaume 11 et négocierait un nouvel
emprunt pour le gouvernement maro-
cain.Les incidents de Larachc suffisent.
C. F,
**.
lies Colonies au Parlement
Parmi les projets de loi déposés par
l'ancien ministère sur le bureau de la
Chambre des Députés, les deux suivants
viendront probablement en discussion
dans l'une des plus prochaines séances.
Ce' sont :
1 Q Un projet de loi ayant pour objet
de rendre applicable à la Martinique, à
la Guadeloupe et à la Réunion, les dispo-
sitions de la loi du 1er juillet 1901 modi-
fiée par les lois du 4 décembre 1902 et 17
juillet 1903, relatives au contrat d'asso-
UOn. ,
Ce serait l'application à ces colonies
du régime métropolitain concernant les
congrégalioils.
20 Un projet de loi ayant pour objet
d'autoriser le gouvernement général de
l'Afrique Occidentale français à contrac-
ter un emprunt de 100 millions pour
achever les chemins de fer de pénétration
et aménager définitivement plusieurs
ports et voies navigables.
***
lia France au JWaroe
Un communiqué
M.Clémenceau a fait la déclaration suivant
te à l'issue du conseil de cabinet de samedi,
Nous nous abstiendrons de toute ac"
tion offensive. Nous resterons sur notre
territoire. Nous nous tenons prêts à
riposter à toute agression.
LES COLONIES ET LA PRESSE
R ta frontière marocaine
Ce que dit le général Lyautey.
Interview du général LYAUTEY dans le
Jounlal.
Je lui demande s'ilestexact, comme je l'ai
entendu dire, qu'une délégation des caïds
des Doui-Menia doive venir le trouver.
Le bruit en circule, me répond-il et je
crois qu'ils viendront, mais quand cette dé-
manche aura-t-elle lieu ? Les indigènes ne
sont jamais pressée ils sont longs à se dé-
placer et puis il ne faudrait pas tirer de ren-
voi de cette délégation des conclusions pré-
maturées.
Quelle sera, en effet, l'attitude des caïds?
Sans doute, le général avecsa profonde con-
naissance des choses d'Afrique saura démêler
ft,iqtie saura déinèler
dans leurs paroles les intentions du peuple
doui-menia,car peut-être envoie-t-il des émis-
saires pour savoir, avant de parachever son
exode, ce que nous comptons faire et quel-
les conséquences économiques aurait pour
luisonémigration définitiveauTafilalet. Ici,
il a des champs d'orge : là-bas, ses palmiers-
dattiers; et ces pasteurs-laboureurs, pris en-
tre l'enclume et le marteau, semblent hésiter
au dernier moment à se rallier aux uns ou
--- _o. -
au* a.uires,
J'interromps le général :
Une thèse courante, qui n'est pas la
mienna, a été émise dans les milieux colo-
mienne, On dit que la France pourrait s'atta-
niaux.
cher par des présents ou même à prix d'ar-
gent les chefs arabes hésitants.
Tout de suite, de la main, le général m'ar-
rête :
- Acheter les chefs dit Tafilalet? Evidem-
ment, c'est un procédé dont on use ; mais
combien sont-ils ? et qui nous dit que de-
main le nombre n'en saurait pas décuplé ?
Et puis, mieux vaut autre chose. Car il est
toujours à craindre, quand on les paie, qu'ils
racontent tout bonnement que nous leur
versons un tribut. Ce n'est pas fait pour re-
hausser notre prestige.
Et je sens que dans ce mot « prestige»
semble se résumer toute la méthode de co-
lonisation du général Lyautey. Il faut, sui-
vant lui,imposer aux'indigènes le respect de
notre force, car c'est lo seul moyen de ne
r\o a lu nanaccît mûiii'liMûPfi
fUO v\l&. W IWWUI41* UUWOJikU 1.1 aua w
d'user de celte force, et déjà la détente lé-
gère, bien légère, qui semblent s'êlre pro-
duite est due sans douleau renforcement de
nos garnisons des postes avancés.
:t$:*
lie JVIaroe en Armes
De M.HENRI ROCHEIORT, dans l'Intransi-
geant.
La pénHration pacifique française, qui se
traduit, au Gongo, par la pénétration de car-
touches de dynamite dans les corps des in-
digènes transformés,aul4 juillet, en bouquets
de feux a'arlifice, ne réussira pas plus au-
près des Marocains que la pénétration paci-
iique russe n'a réussi en Mandchourie, au-
près des Japonais. A côté de l'âme japonaise
il y a l ame mulsulmane, non ma: ns irreduc-
lible et irréconciable en Orient qu'en Extrê-
me-Orient. On a pu le constater lors de l'in-
surrection de Margueritte en Algérie, où
sans l'arrivée d'une compagnie d'infanterie
tous les juifs étaient massacrés.
Au premier déploiement du drapeau vert
de Ili n surrection marocaine gagne-
ra comme une traînée de poudre. Nos co-
lons passeront alors un fichu quart d'heure.
Le muisuman respecte la force. Seulement
il cessera de la redouter quand il la verra
tombée aux mains des juifs qu'il méprise et
qu'il ne craint p as.
**
lies Ineidents de la frontière
algè r o-m aro eaine
De M. MARCEL SA.INT-GERMAIN,sénateur
cturan, dans la uepeene coloniale:
Les chérifs ont boycotté notre marché de
Béchar en interdisant son accès à toutes les
marchandises du Tafilalet, en même temps
qu'ils fermèrentleur territoire, non seule-
ment aux caravanes algériennes,mais enco-
re à tous ceux qui commercent avec notis,is-
raélites, Qulad-Djerir, Doui-Menia. Peu leur
importe de violer ainsi, de la façon la plus
formelle, les conventions de 1901, qui
avaient stipulé la liberté commerciale, en-
tière entre les deux régions.
Bien plus, quoique les protocoles de 1901
eussent reconnu nettement les Doui-Menia
comme nos ressortissants en leur garantis-
sant l'intégrité de leurs propriétés au Tafi-
lalet, les autorités chérifiennesviennent de
les mettre en demeure d'abandonner les
territoires qu'ils occupent chez nous au Guir
et de se retirer dans l'Ouest sous-peine de se
voir confisquer les biens les plus impor-
tants qu'il possèdent au Tafilalet." Actuelle-
ment les Doui-Menia préparent leur exode.
Tout ceci semble n'être encore que le pré-
lude d'incidents plus graves. Les gens du Ta-
filalet mobilisent actuellementsans se cachei
leurs guerriers pour une attaque, avec tou-
tes leurs forces, de nos postes, de nos lignes
de communication et de nos tribus.
Ils viennent d'envoyer un « rezzou » pré- =
paratoire de 300 méharistes qui a cherché à
surprendre au pâturage nos chameaux du
Touat. Cette attaque a été déjouée, mais il
ressort de tous les renseignements reçus à
la subdivision d'!ïa-Sefl'a quedes agressions
autrement redoutables se préparent.
**
Sur la Navigation sous marine
De l'amiral BIENAIMÉ, député, dans la
Patrie :
Il faut réduire au minimum, en temps de
paix, les risques que ces braves gens sont,
par tempérament, exposés à affronter avec
trop d'imprudence et, sous ce rapport, tout
n'a pas été fait. Partout et en tout, il y a des
accidents que la science de l'ingénieur n'a
pas prévus ; la navigation sous-rnarine n'é-
chappe pas à la règle générale, mais la gra-
vité qu'ils prennent chez elle impose des pré-
cautions qui, le plus souvent, les réduiraient
à de simples aventures.
En temps de guerre, les sous-marins se-
ront obligés de marcher, sans tenir comp-
te du vent, de la mer ou de la" profondeur
des eaux, et il est nécessaire qu'ils s'y
exercent, mais rien ne s'oppose à ce qu'ils
ne le fassent que bien sûrs d'eux et avec
des précautions spéciales. Un accident en
eau profonde, c'est la perte certaine ; on ne
doit plonger, dans ces conditions, qu'avec
des commandants et des équipages parfai-
tement entraînés, sûrs d'eux autant qu'on
peut l'être.
Le terrain d'exercice ordinaire ne devrait
pas dépasser la limite des fonds où les sca-
phandriers peuvent opérer en toute sécuri
té ; toutes les dispositions devraient être
prises pour réduire au minimum le temps
nécessaire à l'élinguage d'un sous-marin
coulé et, en principe, les exercices ne de-
vraient avoir lieu qu'à portée d'un arsenal
muni des moyens de sauvetage suffisants
pour ramener en moinsde vingt-quatre heu-
rest à la surface tout sous-marin naufragé.
*.
j
lia folie du roi dl Annatn
I LES DEBUTS DU RÈGNE
De M. G. de LANESSAN, ancien gouver-
neur général de l'Indo-Chine dans le
Siècle :
Une fois, Thanh-Tai ayant passé toute la
nuit dehors, les mandarins de la régence
voulurent lui faire des remontranefes ; il les
maltraita fort. Eu fausse barbe et habillé à
la française, il continuait ses promenades
de jour et de nuit, passant même une
nuit entière dans ie3 quartiers les plus mai
lamés de Hué. Il refusait devoir les régents
qui, sans cesse, lui faisaient des remon-
trances.
Il refusait de continuer ses études, disant
qu'il ne devait passer aucun examen et qu'il
eii savait assez pour être roi. Il refusait
d'écouter les reines-mères et de leur faire
ses t lays ». Il battait ses serviteurs et me-
naçait de châtier sévèrement qui voudrait
l'empêcher d'agir à sa guise. Un jour, le ré-
sident supérieur et les fonctionnaires fran-
çais étaient au théâtre. Le roi y alin, resla
très peu de temps assis et demanda à se re-
tirer pour manger. En réalité, il sortit en
ville, après s'être déguisé et avoir mis une
fausse barbe. Le lendemain, il contraignait
ses eunuques à s'hab.lLel' en femmes de
théâtre et se faisait accompagner par eux
en voiture au grand scandale de la popula-
tion. Il marquait ainsi chaque jour d'une
nouvelle excentricité.
Notre influence et notre action se sont ac-
crues considérablement dans l'Annam cen-
tral depuis l'époque dont j'ai parlé plus haut.
Nous avons introduit dans cette partie du
pays, comme au Tonkin, une véritable ad-
ministration directe et nous avons décon-
sidéré l'autorité royale aux yeux des indi-
gènes parla conduite que nous avons laissé
tenir à Thanh-Taï. Destituer ce dernier et
le remplacer par un nouveau roi sont des
opérations auxquelles le peuple n'attache-
rait de prix que si nous obligions le succes-
seur de Thanh-Taï à reprendre les tradi-
tions rituelles de l'empire Y sommes-nous
décidés ? Pouvons*nou?A/ »,nir'àinsi én ar-
rière ? Et pourquoi instituer un nouveau roi
si nous ne sommes pas résolus à restaurer
les traditions royales?
J'estime donc que la solution la plus sim-
ple et la plus conforme à nos intérêts con-
sisterait à faire enlever à Thanh-Taï ses
pouvoirs par une ordonnance des reines-
mères, à l'enfermer dans un des palais où
sont érigés les tombeaux des empereurs et à
lui substituer un conseil de régence dési-
gné par les reines-mères d'accord avec le
gouverneur général. Cela vaudrait infini-
ment mieux, à mon avis, que de créer un
nouveau roi auprès duquel nos agents et nos
officiers commettraient probablement les
mêmes fautes qui ont conduit Thanh-Taï à
la folie despotique.
..w..*.)(.
Lia codification du droit
musulmans en Algérie
M. Maurice HAMELIN critique cette mesure
etconclutainsidans la Dépêche Coloniale :
Le meilleur moyen d'éviter que les mu-
sulmans,s'abritant sous leurs préjugésjlient
notre destinée à la leur est non point de
consolider, en les fixant officiellement, des
règles qui, clles-mëmes, ne doivent être
que provisoires, mais d'avoir une législation
assez souple pour subir sans contradictions
les modifications rendues nécessaires par
les circonstances. C'est la magistrature,
qui peut, par sa jurisprudence éclairée et
progressive, préparer d'une façon insensi-
ble l'unification vers laquelle l'on tend.
Un Code musulman ne peut actuellement
qu'être défectueux pour tous et mal vu par
les indigènes ; au contraire, des décisions
des magistrats, qui, même non conformes
aux préceptes coraniques mais basées sui
la morale, l'équité, l'intérêt social comman-
dent touiours le resuect.
Un recueil de jurisprudence tenu à jour et
publié périodiquement deviendrait le meil-
leur des Codes jusqu'au moment où il n'y
aurait plus un droit français, un droit arabe
un droit kabyle, mais un droit algérien.
Alors seulement un Code officiel pourrait
apparaître avec opportunité. Aujourd'hui,
il importe de ne pas se faire d'illusions, un
Code musulman rédigé par des chrétiens ne
peut être appliqué ; il ne le serait tout au
plus que s'il consacrait sans aucune modi-
fication ln pratique courante. Or ce n'est pas
le but que l'on a en vue, puisque l'on veut
faire uue œuvre de progrès.
ik«**
Opinions en einq lignes
- La Patrie al la Dépêche Coloniale
s'accordent pour critiquer l'œuvre de M.
Augagneur. gouverneur général de Ma-
dagascar et prétendent que cette colonie
périclite depuis que l'ancien maire de
Lyon a succédé au général Galliéni.
Question d'optique politique probable-
ment.
M. MACRICI; MURKT dans le Journal
des Débats examine la situation en Perse,
montre la situation inseable du shah
Mouzaffer ed Din compromise par son
ancien grand-vizir Aïn-ed-Dovlé, et indi-
que l'entente anglo-russe établie pour
empêcher l'immixtion en Perse, de l'Al-
lemagne qui vient d'y créer une banque.
- M.Ronrit-ri)c CAIX établitdansleJour-
nal des Débats le tort que fait aux Etats-
Unis en général la politique d'exclusion
des Etats du Pacifique. Le boycottage de
l'andernier.en Chine,contre les marchan-
dises uméricaines,et qui était une protes-
tation contre l'acte d'exclusion frappant
les Chinois, a fait tomber de prs de
moitié le commerce des Etats-Unis avec
la Chine. La mesure actuelle excluant
les Japonais des écoles publiques, com-
me les autres asiatiques, provoque un
vif mécontentement au Japon.
M. le D1' G. BERRY, dans la Dépêche
Coloniale, résume le développement des
études de médecine coloniale à la Eacul-
té de Paris ou en 4 ans il a été délivré
101 diplômes de médecins coloniaux dont
54 à des Français, 12 à des Colombiens,
4 à des Italiens et 4 à des Russes.
- Dans l'Eclair' M. ERNF.ST JUDET, à
propos de l'inlervention française au
Maroc et de l'envoi de la Zeznne d?Arc à
Arzila s'effraye de complications diplo-
matiques possibles, sur un terrain ou
nous sommes exposes à rencontrer l'Al-
lemagne.
Le Matin s'élève contre le caractère
de guerre sainte que certains attri-
buaient déjà aux désordres marocains.
Il ne faudrait y voir que les méfaits des
tribus pillardes du désert, auxquelles
notre police saharienne a déjà donné
maintes leçons et qui, pour lui échapper
se réfugient sur les marches frontières
du Maroc.
Dans la République Francaise, M.H.R.
SAVARY étudie la politique australienne
et montre que,malgré ses origines et son
caractère différents, le socialisme aus-
tralien en arrive aux mêmes conclusions
que le socialisme des Etats de l'Europe.
Dans la Dépêche coloniale M. HENRI
LORIN félicite le Congrès colonial de Mar-
seille de ses conclusions en matière de
système douanier colonial. Le régime
des douanes doit être, pour chaque colo-
nie ou groupe de colonies, adapté spécia-
lement au milieu local, et non point sim
plement importé tout fait de la métro po
le. Habillons nos colonies sur mesure et
non point en confection.
La Chronique coloniale et financière
de Bruxelles se plaint des idées fausses
qui se répandent en Belgique sur la puis-
sance économique du pays et son « dé-
bordement sur le monde n. Elle s'efforce
de ramener ses compatriotes à une con-
ception moins vaine de leur valeur et à
imiter les Allemands qui forgent en
silence les instruments de leur conquête
mondiale.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 92.48%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 92.48%.
- Collections numériques similaires Ginguené Pierre Louis Ginguené Pierre Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ginguené Pierre Louis" or dc.contributor adj "Ginguené Pierre Louis")
- Auteurs similaires Ruedel Marcel Ruedel Marcel /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ruedel Marcel" or dc.contributor adj "Ruedel Marcel")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k63749629/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k63749629/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k63749629/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k63749629/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k63749629
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k63749629
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k63749629/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest