SAINT FRONT
SOLIlAIftE DANS LE PASSAIS
AU VIe SIÈCLE.
Les fabricateurs de fausses légendes ont tou i ours été très-nombreux
par tout pays. L'antiquité grecque et les origines romaines ne furent
point privées de ce bienfait, ou plutôt de ce fléau. Dans un mémoire
publié récemment, on a prouvé que les premiers Saxons qui abor-
dèrent les côtes de la Grande-Bretagne, ayant souvent entendu ré-
péter par les habitants primitifs du pays le mot Portus, se persua-
dèrent que les indigènes parlaient de leur roi qu'ils appelaient à leur
secours ; de là un roi Portus qui a figuré longtemps dans mainte
histoire (1). De nos jours encore, il se trouve une foule de personnes
instruites qui croient à l'existence du fameux enchanteur Merlin; et
son histoire a été publiée il n'y a qu'un petit nombre d'années par
un savant académicien, dont la sagacité n'est pas douteuse pour ceux;
qui ont lu ses ouvrages précédents; mais l'écrivain le plus vigilant
est sujet, comme tous les mortels, à se laisser surprendre par quelque
imposture habilement tissue ; et, à l'heure qu'il est, on convient
généralement que le nom de Merlin (qui du reste revêt souvent de
nombreuses variantes) n'est que le vocable d'une ville, et que le
héros légendaire n'est qu'une fiction (2).
La critique historique devrait nous délivrer de ce fléau des fausses
traditions et des inventions fabuleuses, données comme des échos
fidèles des temps et des événements ; elle rendrait en effet ce service,
si elle était toujours traitée par des mains habiles et désintéressées.
(1) Revue archéologique, nouv. sér., t. XV, p. 428-433. Revue des questions
historiques, t. V, p. 560.
(2) Revue des question historiques, t. V. p. 568.
SOLIlAIftE DANS LE PASSAIS
AU VIe SIÈCLE.
Les fabricateurs de fausses légendes ont tou i ours été très-nombreux
par tout pays. L'antiquité grecque et les origines romaines ne furent
point privées de ce bienfait, ou plutôt de ce fléau. Dans un mémoire
publié récemment, on a prouvé que les premiers Saxons qui abor-
dèrent les côtes de la Grande-Bretagne, ayant souvent entendu ré-
péter par les habitants primitifs du pays le mot Portus, se persua-
dèrent que les indigènes parlaient de leur roi qu'ils appelaient à leur
secours ; de là un roi Portus qui a figuré longtemps dans mainte
histoire (1). De nos jours encore, il se trouve une foule de personnes
instruites qui croient à l'existence du fameux enchanteur Merlin; et
son histoire a été publiée il n'y a qu'un petit nombre d'années par
un savant académicien, dont la sagacité n'est pas douteuse pour ceux;
qui ont lu ses ouvrages précédents; mais l'écrivain le plus vigilant
est sujet, comme tous les mortels, à se laisser surprendre par quelque
imposture habilement tissue ; et, à l'heure qu'il est, on convient
généralement que le nom de Merlin (qui du reste revêt souvent de
nombreuses variantes) n'est que le vocable d'une ville, et que le
héros légendaire n'est qu'une fiction (2).
La critique historique devrait nous délivrer de ce fléau des fausses
traditions et des inventions fabuleuses, données comme des échos
fidèles des temps et des événements ; elle rendrait en effet ce service,
si elle était toujours traitée par des mains habiles et désintéressées.
(1) Revue archéologique, nouv. sér., t. XV, p. 428-433. Revue des questions
historiques, t. V, p. 560.
(2) Revue des question historiques, t. V. p. 568.
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