Titre : Patriote algérien : paraissant les mardi et samedi / directeur-gérant M. Vidal-Chalom
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1890-03-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32833915w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2430 Nombre total de vues : 2430
Description : 23 mars 1890 23 mars 1890
Description : 1890/03/23 (A5,N399). 1890/03/23 (A5,N399).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6358850f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-87303
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/10/2012
N° 399 Cinquième année. CINQ CENTIMES * f Dimanche, 23 Mars 1890
LE PATRIOTE i T P PDTPN
i D ALhMiM
PARAISSANT LES MARDI ET SAMEDI
ABONNEMENTS
Trois mois Six mois Un an
ALGÉRIE. 8 fr. 6 fr. 12 fr.
FRANCE ET ETRANGER.. Port en sus.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
5, RUE CHARLES-QUINT, 5
Les Manuscrits non insérés ne sont pas rendus
Toute communication doit être adressée à l'Administration
INSERTIONS
Légales, 0,18 Diverses, 0.35 Réclames, 1 fr.
Le PATRIOTE n'a traité avec AUCUNE AGENCE -
ALOEB, LE 22 XABS 1890
« SOUS-OFFS «
Le livre de M. Descaves, Sous-Offs,
déféré au jury de la Seine a valu, com-
me on le sait, à son auteur, un reten-
tissant acquittement.
Les poursuites ordonnées, sur la de-
mande de M. de Freycinet, avaient déjà
donné à l'œuvre de Descaves une vogue
considérable. Cette vogue va certaine-
ment augmenter à la suite de l'acquit.
tement.
On dirait vraiment que le ministre
de la guerre à pris à cœur de propager
l'œuvre de Descaves ; il est fort à
parier, en effet, que sans la malencon-
treuse intervention de M. de Freycinet,
Sous-Offs n'aurait eu que l'accueil qu'il
mérite, autrement dit, serait passé
inaperçu.
Puisque nous avons fait allusion aux
poursuites intentées contre Sous-Offs,
-- me leetfvurs nous saurons certaine-
ment gré de leur donner, à titre de ren-
seignement ,quelques-unes des lignes qui
ont déterminé ces poursuites :
Page 17 :
Les officiers.
Ah ! ils sont bien naïfs les soldats qui
s'imaginent les connaitre au bout de dix
mois de service !
En somme, deux catégories : ceux qu'on
nomme Père Un Tel et ceux qu'on nomme
Un Tel tout court. C'est Un Tel tout court
quand l'officier est une rosse.
Page 87 :
Les sous-offieiers mastiquaient. C'é-
taient, pour la plupart, de consistantes
brutes, domestiquées, qui regardaient leurs
galons en mangeant et les eussent fait cou-
dre, volontiers, sur leurs chaussettes et
leurs manches de chemises.
Page 55 :
C'était alors, de la part du fourrier, les
semaines de distribution, un rabiau minu-
tieux sur la pain, sur le sucre et le café
livrés au percolateur, sur le vin fourni par
l'ordinaire, sur les étiquettes de paquetage
et de râtelier d'armes sur les permissions
« tout établies » vendues aux bleus.
Toute i'ignominie de l'exploitation des
grades, toutes les roueries de l'intimidation,
des responsabilités esquivées, déplacées.;
le cynisme dans l'escroquerie et la lâcheté
dans le dépouillement.
Les sergents-majors avaient le vol plus
discret.
Page 62; c'est un sous-officier qui
parle;
a Je fais tout haut la lecture des feuille-
tons que Marie collectionne. Nous lisons en
ce moment les Nuits du Père-hachaise.. Eile
coud. Ah ! peut-être nirais je pas aussi
souvent. Mais elle prétend que ça lui rend
le travail plus facile - et elle travaille pour
moi. »
Il ne Et qu'une courte pause devant le
troisième compartiment renfermant un vête-,
ment civil, bottines et chapeau compris :
Elle m'a acheté cela l'été dernier, pour
aller à la campagne. Nous dinions tous les
dimanches au restallraneEUe me donne son
porte-monnaie avant d'entrer et je le lui
rends en sortant après avoir payé.
Et Favières songeait que son chef ve-
nait de déballer toute sa vie, du haut au
bas de ce coffre. Chaque tiroir marquait une
étape dans la chute ignominieuse.
Page 82 :
Très lâches, les sous-officiers, avant de
plaisanter, constataient soigneusement l'i
dentité de la victime, passaient, avec res-
pect devant les liis des fortes têtes qui eus-
sent pu se plaindre ou se défendre.
Page 98:
Autour d'eux, la boue montait, plus den-
se. Comme les femmes continuaient à payer
les consommations et qu'elles ne se trou-
vaient pas toujours là quand le gareon rap-
portait la monnaie, Tétrelle réduisait le
pourboire au strict convenable et empo-
chait la différence.
Page 137 :
Il était temps décidément que le batail-
lon fût relevé. Le charma paraissait rompu
par Blanc, que Sohnetzer, avec le concours
de la rosse d'adjudant Rupert, venait enfin
de convaincre d'ivresse dans le service,
malgré le « raidissement » légendaire du
sergent dont les attitudes d'aplomb stupé-
fiantes, niaient la ribote que confessait con-
tradictoirement une iriénnarrable gueule
vultueuse à veinules violacées, gonflées de
vin prêt à gicler.
Page 139 :
Il retrouva l'ordre de ses promotions aux
degrés d'infamie qu'il a descendus.
Page 145 :
C'est la voix du capitaine Chipelin, com-
mandant la ire; un inculte voyou.
Page 227 ; c'est l'arrivée des réser-
vistes :
On était généralement heureux de les re-
cevoir. heureux d'un bonheur féroce, usu-
raire, qui par-curait les échelons des gra-
des inférieurs, du plus'élavé au moindre,
tombant au-dessous même, parmi la tour-
beuse soldatesque. C'est une proie facile et
lucrative sur laquelle le régiment se ruait,
convié à la curée jar les fanfares adminis-
tratives sonnées dans le bureau même du
sergent-major, sous l'oeil indifférent ou ra-
batteur du commandant de compagnie.
Ils pouvaient être tranquilles à la condi-
tion de tout aclieier, depuis le brosseur
jusqu'au caporal distribuant les corvées;
depuis le droit de sortir du quartier, jusqu'à
l'échange de leur paillasse contre la fourni-
ture complète d'un ancien.
Aux armées en campagne on accorde
quelquefois deux heures de pillage pour les
distraire. Aux troupes qu'énerveraient de
trop longues stations sur le pied de paix,
l'Elat concède vingt-huit jours de maraude
Il abandonne le civil au militaire et sauve
les apparences en leur faisant porter le mê-
me uniforme.
Page 281 Il s'agit d'un officier trop
sévère :
Toi, dit le soldat, si l'on entrait en cam-
pagne demain et que ta tiennes à. la peau de
ton dos, tu pourrais demander ton change-
ment de corps !
Page 330. C'est le boucher de l'ordi-
naire qui parle :
Celui-là était déjà plus carré, indiquiit
nettement qu'il achetait la complicité du
sergent major,- pour Cafrè accepter les dé-
chets que ks plus indignés gargotes refu-
saient. Car c'était là le fond du marché.
Pas un « chef » ne résistait à la promesse
d'une prime d'autant plus forte que la qua-
lité Je la viande était inférieure.
Page 732 ; l'arrivée des conscrits :
Q'aucuns rapiéçaient de vieilles culottes
no 2 pour les revendre aux bleus ; tout le
monde, comme a la veille de l'arrivée des
réservistes, s'apprêtait à la curée.
Quand la victime fut annonçée, une odeur
d'argent, de pauvre argent sorti des cachés
pour adoucir les premiers temps de corvée,
d'argent sentant la terre, la sueur, la ten-
dresse et l'épargne vigilante, se répar dit
dans les chambrées, les cours, les cantines.
Page 341 :
Depuis quelque temps, d'ailleurs, le 167e
était fort éprouvé. Une série. Un soldat,
sujet médiocre, mais réellement indisposé,
se présentait hait jours consécutifs à la vi-
site du médecin-major qui refusait de le
reconnaître malade, d'abord, puis cessait
même de l'examiner, sur la foi des rapports
signalant l'homme comme un « fricoteur »
Son obstination lui attirait régulièrement
quatre jours de salle de police. Nous
verrons bien qui de nous deux se lassera le
premier, disait le capitaine. Ce fut le soldat.
Un matin, ses compagnons de boite le trou-
vèrent mort entre-eux.
Le colonel avait étouffé l'affaire.
Page 393 :
Le sergent-major risqua un doigt dans
l'engrenage des opérations vénales. Trop
jeune dans le grade, d'ailleurs, pour en
bien connaître tous les avantages, finissant
de manger ses six cents francs, il borna
d'abord ses grugeries à l'indélica!essp. sim-
ple, aux petits et bas trafics dont ses coJlë-
gues étaient coutumiers. Mais quand Del-
phine changea de brasserie, il enfonça jus-
qu'aux épaules dans les lises du pécolat.
Page 339 :
Le premier soin d'un « chef » entrant en
fonctions était de bien len if le paraphe de
son capitaine, quitte â n'en pas faire usage
si celui-ci, par ses paroles ou ses actes,
inspirait au comptable la salutaire lerreur
de la contrefaçon.
Page 412, Dialogue de sous-officiers :
- Huit réservistes m'ont abandonné leur
prêt.
J'ai fait vingt-cinq francs avec des rete-
nues pour de soi-disant dégradations à
l'armement, aux effets.
Quatre anciens conditionnels n'ont pas
touché leur indemnité.
Tous les bons de tabac de la dernière
distribution me sont restés.
Et du côté des fourriers :
J'ai vendu vingt francs de pain et qua-
rante francs de biscuit.
Moi Je fournissais les titres de per-
mission. On me les payait ce qu'on vou-
lait. J'ai reçu de la monnaie blanche.
On crovait assister à quelque parlote de
cuisinières récapitulant leurs profits. Cha-
cun étalait sa pèche.
Page 434, la libération :
Il (le soldat) s'est enfui d'une longne ma-
ladie.
Il est réchappé de cette affection des jeu-
nes gens : la petite vérole militaire ! Il brû-
le du sucre sur ce passé et, triomphalement,
sa conscience se rédime.
Car ce ne sont pas ses vêtements, son ap-
parence physique seulement qu'on lui a en-
levés lorsqu'il entra dans ce Saint-Lazare
d'âmes ; c'est son être tout entier qui a été
transmué. Il a dû aussi, pour endosser
l'uniforme moral de l'établissement, laisser
sa conscience au greffe dans,le.batlot d'ha-
bits civils qu'on lui a rendus, sa peine pur-
gée. Il retrouve tout. il s'étire, avec aisan-
ce, dans les familliéres entournures du libre
arbitre.
Pendant quatre ans, dans le boîtier de re-
change qui l'a contenu, fonctionna un mou-
vement d'emprunt, une conscience à remon-
toir que des promotions successives breve-
tèrent : telles des médailles aux expositions.
Et il songe à l'immense mystification, à
la prodigieuse duplicité de cette exemplaire
machine à répétition, garantie quatre ans !
Il secoue cette camelote d'honneur, met à
nu le misérabie alliage que recouvre le
galon modéle, comme une mince feuille
d'or de la monnaie de billon longtemps pa-
trouillée. mon-,,aie de billon longtemps pa-
biais, en temps 1
Mais, en même temps !qu'il se soulage à
dire son peccavi, dans la réaction du repen-
tir et de la détestation, il s'indigne des
monstruosités que rend possibles, naturel-
les, normales, le port du sabre ; de l'espèce
d'immunité qu'il crée en faveur des lâche-
chetés de cœur, d'intelligence, des abus de
pouvoir, des choses de la vie dénuées d'hé
roisme. L'héroïsme ! Ii se demande pour-
quoi cette 1lljur cultivée en serre exige tant
de fumier ! ̃
LA CONFÉRENCE DE BERLIN
L'opinion d'un travailleur allemand
sur la Conférence de Berlin est enre-
gistrée par l'Etoile Belge, qui s'est
adressée à un ouvrier de la fabrique
d'armes de Spandau.
« Nous ne possédions qu'un droit,
celui de la grève. La grève va nous
être enlevée. Sous couleur de nous pro-
téger, le gouvernement veut noua dé-
sarmer. Mais, je vous le jure, il n'y a
pas un ouvrier, en Allemagne, qui se
laisse prendre en ce moment au piège
qu'on nous tend. Nous irons à la con-
férence pour voir « tresser le filet ».
Nous en reviendrons avec quelques li.
bertés en moins et quelques haines en
plus. -- »
- Cette application pessimiste semble
donner raison au socialiste Jules Gaes-
de, que le Galignani Messenger inter-
rogeait récemment :
« La révolution sociale est sur le
point d'aboutir en Allemagne, a dit le
représentant le plus en vue des Marxis-
tes, L'Empereur peut très bien être le
Louis XVI de son époque : il a convo-
que le diab'e et le diable l'emportera. »
Toujours à p-opos de cette Confé-
rence, voici le sent ment - de la Gazette
de Moscou :
« Elle a ra un caractère plutôt poli-
tique qu'économique l'Allemagne
poursuit évidemment le dessein de se
rapprocher de la France afin d'isoler la
Russie. »
-. --:-- .- .-. -.
AU CONSEil SUPERfEUR
Sous ce titre, l'Akhbar d'hier soir pu-
blie sous la signature de son directeur,
M. Elbert, un fort remarquable article
dont nous extrayons les lignes suivan-
tes :
Nous sommes resté, et s tr,¡iS derniers
jours, scus !e coup d'une perplexité pro-
fonde : A chaque courrier, nous nous préci.
prions sur les journaux de Constantine,
LE PATRIOTE i T P PDTPN
i D ALhMiM
PARAISSANT LES MARDI ET SAMEDI
ABONNEMENTS
Trois mois Six mois Un an
ALGÉRIE. 8 fr. 6 fr. 12 fr.
FRANCE ET ETRANGER.. Port en sus.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
5, RUE CHARLES-QUINT, 5
Les Manuscrits non insérés ne sont pas rendus
Toute communication doit être adressée à l'Administration
INSERTIONS
Légales, 0,18 Diverses, 0.35 Réclames, 1 fr.
Le PATRIOTE n'a traité avec AUCUNE AGENCE -
ALOEB, LE 22 XABS 1890
« SOUS-OFFS «
Le livre de M. Descaves, Sous-Offs,
déféré au jury de la Seine a valu, com-
me on le sait, à son auteur, un reten-
tissant acquittement.
Les poursuites ordonnées, sur la de-
mande de M. de Freycinet, avaient déjà
donné à l'œuvre de Descaves une vogue
considérable. Cette vogue va certaine-
ment augmenter à la suite de l'acquit.
tement.
On dirait vraiment que le ministre
de la guerre à pris à cœur de propager
l'œuvre de Descaves ; il est fort à
parier, en effet, que sans la malencon-
treuse intervention de M. de Freycinet,
Sous-Offs n'aurait eu que l'accueil qu'il
mérite, autrement dit, serait passé
inaperçu.
Puisque nous avons fait allusion aux
poursuites intentées contre Sous-Offs,
-- me leetfvurs nous saurons certaine-
ment gré de leur donner, à titre de ren-
seignement ,quelques-unes des lignes qui
ont déterminé ces poursuites :
Page 17 :
Les officiers.
Ah ! ils sont bien naïfs les soldats qui
s'imaginent les connaitre au bout de dix
mois de service !
En somme, deux catégories : ceux qu'on
nomme Père Un Tel et ceux qu'on nomme
Un Tel tout court. C'est Un Tel tout court
quand l'officier est une rosse.
Page 87 :
Les sous-offieiers mastiquaient. C'é-
taient, pour la plupart, de consistantes
brutes, domestiquées, qui regardaient leurs
galons en mangeant et les eussent fait cou-
dre, volontiers, sur leurs chaussettes et
leurs manches de chemises.
Page 55 :
C'était alors, de la part du fourrier, les
semaines de distribution, un rabiau minu-
tieux sur la pain, sur le sucre et le café
livrés au percolateur, sur le vin fourni par
l'ordinaire, sur les étiquettes de paquetage
et de râtelier d'armes sur les permissions
« tout établies » vendues aux bleus.
Toute i'ignominie de l'exploitation des
grades, toutes les roueries de l'intimidation,
des responsabilités esquivées, déplacées.;
le cynisme dans l'escroquerie et la lâcheté
dans le dépouillement.
Les sergents-majors avaient le vol plus
discret.
Page 62; c'est un sous-officier qui
parle;
a Je fais tout haut la lecture des feuille-
tons que Marie collectionne. Nous lisons en
ce moment les Nuits du Père-hachaise.. Eile
coud. Ah ! peut-être nirais je pas aussi
souvent. Mais elle prétend que ça lui rend
le travail plus facile - et elle travaille pour
moi. »
Il ne Et qu'une courte pause devant le
troisième compartiment renfermant un vête-,
ment civil, bottines et chapeau compris :
Elle m'a acheté cela l'été dernier, pour
aller à la campagne. Nous dinions tous les
dimanches au restallraneEUe me donne son
porte-monnaie avant d'entrer et je le lui
rends en sortant après avoir payé.
Et Favières songeait que son chef ve-
nait de déballer toute sa vie, du haut au
bas de ce coffre. Chaque tiroir marquait une
étape dans la chute ignominieuse.
Page 82 :
Très lâches, les sous-officiers, avant de
plaisanter, constataient soigneusement l'i
dentité de la victime, passaient, avec res-
pect devant les liis des fortes têtes qui eus-
sent pu se plaindre ou se défendre.
Page 98:
Autour d'eux, la boue montait, plus den-
se. Comme les femmes continuaient à payer
les consommations et qu'elles ne se trou-
vaient pas toujours là quand le gareon rap-
portait la monnaie, Tétrelle réduisait le
pourboire au strict convenable et empo-
chait la différence.
Page 137 :
Il était temps décidément que le batail-
lon fût relevé. Le charma paraissait rompu
par Blanc, que Sohnetzer, avec le concours
de la rosse d'adjudant Rupert, venait enfin
de convaincre d'ivresse dans le service,
malgré le « raidissement » légendaire du
sergent dont les attitudes d'aplomb stupé-
fiantes, niaient la ribote que confessait con-
tradictoirement une iriénnarrable gueule
vultueuse à veinules violacées, gonflées de
vin prêt à gicler.
Page 139 :
Il retrouva l'ordre de ses promotions aux
degrés d'infamie qu'il a descendus.
Page 145 :
C'est la voix du capitaine Chipelin, com-
mandant la ire; un inculte voyou.
Page 227 ; c'est l'arrivée des réser-
vistes :
On était généralement heureux de les re-
cevoir. heureux d'un bonheur féroce, usu-
raire, qui par-curait les échelons des gra-
des inférieurs, du plus'élavé au moindre,
tombant au-dessous même, parmi la tour-
beuse soldatesque. C'est une proie facile et
lucrative sur laquelle le régiment se ruait,
convié à la curée jar les fanfares adminis-
tratives sonnées dans le bureau même du
sergent-major, sous l'oeil indifférent ou ra-
batteur du commandant de compagnie.
Ils pouvaient être tranquilles à la condi-
tion de tout aclieier, depuis le brosseur
jusqu'au caporal distribuant les corvées;
depuis le droit de sortir du quartier, jusqu'à
l'échange de leur paillasse contre la fourni-
ture complète d'un ancien.
Aux armées en campagne on accorde
quelquefois deux heures de pillage pour les
distraire. Aux troupes qu'énerveraient de
trop longues stations sur le pied de paix,
l'Elat concède vingt-huit jours de maraude
Il abandonne le civil au militaire et sauve
les apparences en leur faisant porter le mê-
me uniforme.
Page 281 Il s'agit d'un officier trop
sévère :
Toi, dit le soldat, si l'on entrait en cam-
pagne demain et que ta tiennes à. la peau de
ton dos, tu pourrais demander ton change-
ment de corps !
Page 330. C'est le boucher de l'ordi-
naire qui parle :
Celui-là était déjà plus carré, indiquiit
nettement qu'il achetait la complicité du
sergent major,- pour Cafrè accepter les dé-
chets que ks plus indignés gargotes refu-
saient. Car c'était là le fond du marché.
Pas un « chef » ne résistait à la promesse
d'une prime d'autant plus forte que la qua-
lité Je la viande était inférieure.
Page 732 ; l'arrivée des conscrits :
Q'aucuns rapiéçaient de vieilles culottes
no 2 pour les revendre aux bleus ; tout le
monde, comme a la veille de l'arrivée des
réservistes, s'apprêtait à la curée.
Quand la victime fut annonçée, une odeur
d'argent, de pauvre argent sorti des cachés
pour adoucir les premiers temps de corvée,
d'argent sentant la terre, la sueur, la ten-
dresse et l'épargne vigilante, se répar dit
dans les chambrées, les cours, les cantines.
Page 341 :
Depuis quelque temps, d'ailleurs, le 167e
était fort éprouvé. Une série. Un soldat,
sujet médiocre, mais réellement indisposé,
se présentait hait jours consécutifs à la vi-
site du médecin-major qui refusait de le
reconnaître malade, d'abord, puis cessait
même de l'examiner, sur la foi des rapports
signalant l'homme comme un « fricoteur »
Son obstination lui attirait régulièrement
quatre jours de salle de police. Nous
verrons bien qui de nous deux se lassera le
premier, disait le capitaine. Ce fut le soldat.
Un matin, ses compagnons de boite le trou-
vèrent mort entre-eux.
Le colonel avait étouffé l'affaire.
Page 393 :
Le sergent-major risqua un doigt dans
l'engrenage des opérations vénales. Trop
jeune dans le grade, d'ailleurs, pour en
bien connaître tous les avantages, finissant
de manger ses six cents francs, il borna
d'abord ses grugeries à l'indélica!essp. sim-
ple, aux petits et bas trafics dont ses coJlë-
gues étaient coutumiers. Mais quand Del-
phine changea de brasserie, il enfonça jus-
qu'aux épaules dans les lises du pécolat.
Page 339 :
Le premier soin d'un « chef » entrant en
fonctions était de bien len if le paraphe de
son capitaine, quitte â n'en pas faire usage
si celui-ci, par ses paroles ou ses actes,
inspirait au comptable la salutaire lerreur
de la contrefaçon.
Page 412, Dialogue de sous-officiers :
- Huit réservistes m'ont abandonné leur
prêt.
J'ai fait vingt-cinq francs avec des rete-
nues pour de soi-disant dégradations à
l'armement, aux effets.
Quatre anciens conditionnels n'ont pas
touché leur indemnité.
Tous les bons de tabac de la dernière
distribution me sont restés.
Et du côté des fourriers :
J'ai vendu vingt francs de pain et qua-
rante francs de biscuit.
Moi Je fournissais les titres de per-
mission. On me les payait ce qu'on vou-
lait. J'ai reçu de la monnaie blanche.
On crovait assister à quelque parlote de
cuisinières récapitulant leurs profits. Cha-
cun étalait sa pèche.
Page 434, la libération :
Il (le soldat) s'est enfui d'une longne ma-
ladie.
Il est réchappé de cette affection des jeu-
nes gens : la petite vérole militaire ! Il brû-
le du sucre sur ce passé et, triomphalement,
sa conscience se rédime.
Car ce ne sont pas ses vêtements, son ap-
parence physique seulement qu'on lui a en-
levés lorsqu'il entra dans ce Saint-Lazare
d'âmes ; c'est son être tout entier qui a été
transmué. Il a dû aussi, pour endosser
l'uniforme moral de l'établissement, laisser
sa conscience au greffe dans,le.batlot d'ha-
bits civils qu'on lui a rendus, sa peine pur-
gée. Il retrouve tout. il s'étire, avec aisan-
ce, dans les familliéres entournures du libre
arbitre.
Pendant quatre ans, dans le boîtier de re-
change qui l'a contenu, fonctionna un mou-
vement d'emprunt, une conscience à remon-
toir que des promotions successives breve-
tèrent : telles des médailles aux expositions.
Et il songe à l'immense mystification, à
la prodigieuse duplicité de cette exemplaire
machine à répétition, garantie quatre ans !
Il secoue cette camelote d'honneur, met à
nu le misérabie alliage que recouvre le
galon modéle, comme une mince feuille
d'or de la monnaie de billon longtemps pa-
trouillée. mon-,,aie de billon longtemps pa-
biais, en temps 1
Mais, en même temps !qu'il se soulage à
dire son peccavi, dans la réaction du repen-
tir et de la détestation, il s'indigne des
monstruosités que rend possibles, naturel-
les, normales, le port du sabre ; de l'espèce
d'immunité qu'il crée en faveur des lâche-
chetés de cœur, d'intelligence, des abus de
pouvoir, des choses de la vie dénuées d'hé
roisme. L'héroïsme ! Ii se demande pour-
quoi cette 1lljur cultivée en serre exige tant
de fumier ! ̃
LA CONFÉRENCE DE BERLIN
L'opinion d'un travailleur allemand
sur la Conférence de Berlin est enre-
gistrée par l'Etoile Belge, qui s'est
adressée à un ouvrier de la fabrique
d'armes de Spandau.
« Nous ne possédions qu'un droit,
celui de la grève. La grève va nous
être enlevée. Sous couleur de nous pro-
téger, le gouvernement veut noua dé-
sarmer. Mais, je vous le jure, il n'y a
pas un ouvrier, en Allemagne, qui se
laisse prendre en ce moment au piège
qu'on nous tend. Nous irons à la con-
férence pour voir « tresser le filet ».
Nous en reviendrons avec quelques li.
bertés en moins et quelques haines en
plus. -- »
- Cette application pessimiste semble
donner raison au socialiste Jules Gaes-
de, que le Galignani Messenger inter-
rogeait récemment :
« La révolution sociale est sur le
point d'aboutir en Allemagne, a dit le
représentant le plus en vue des Marxis-
tes, L'Empereur peut très bien être le
Louis XVI de son époque : il a convo-
que le diab'e et le diable l'emportera. »
Toujours à p-opos de cette Confé-
rence, voici le sent ment - de la Gazette
de Moscou :
« Elle a ra un caractère plutôt poli-
tique qu'économique l'Allemagne
poursuit évidemment le dessein de se
rapprocher de la France afin d'isoler la
Russie. »
-. --:-- .- .-. -.
AU CONSEil SUPERfEUR
Sous ce titre, l'Akhbar d'hier soir pu-
blie sous la signature de son directeur,
M. Elbert, un fort remarquable article
dont nous extrayons les lignes suivan-
tes :
Nous sommes resté, et s tr,¡iS derniers
jours, scus !e coup d'une perplexité pro-
fonde : A chaque courrier, nous nous préci.
prions sur les journaux de Constantine,
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