Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2012-166896
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/10/2012
SÉANCE DU 29 MAI 192 5 401
quelques-uns des habitants de Castres, pour servir d'exemple aux autres. L'exaspération des Castrais fut portée à son com- ble. D'ailleurs Aldonce de Bernui était, elle aussi, haïe depuis longtemps, car elle était fort altière et exigeait, malgré les consuls, qu'on l'appelât comtesse de Castres. En outre, extrê- mement avare, elle avait souvent donné sujet de plainte en retranchant toujours quelque chose des prix qu'elle devait payer. Dans ces conditions, le moindre incident devait met- tre le feu aux poudre. C'est ce qui arriva le 30 mai.
Voulant s'approprier, selon sa coutume, un prisonnier fait par un de ses capitaines, pour en toucher la rançon à la place de celui-ci, et ne pouvant obtenir ce qu'il demandait, il frappa d'un coup de bâton à la tête le syndic Dupuy, qu'il rendait responsable. Le sang jaillit. Un oncle de Dupuy crie au peuple que le comte vient d'assommer son neveu. Aussi- tôt les gens accourent de tout côté et forcent Montgommery à rentrer dans son logis. Les uns crient qu'il fallait le tuer ; les autres se contenter de le chasser de la ville. Bref, on atta- que la porte, tuant un suisse sur les deux placés là par Mont- gommery pour le défendre. Le comte se sauve par une issue cachée et se réfugie dans une maison voisine appartenant àBonafous, notaire. L'entrée principale du logis du gouver- neur se trouvant forcée, les émeutiers se répandent dans la maison et se metteht à la recherche du comte. Ne le trou- vant point, on se précipite chez le voisin. Devant le danger, la femme du notaire fait monter le fugitif dans une chambre haute et le cache dans un grand coffre. Pendant ce temps, la comtesse éperdue, envoie chercher du secours. Deux capi- taines, Lagarrigue et Lagrange, frères, quoiqu'ils eussent à se plaindre des agissements du comte à leur égard, vien- nent armés sur la place, parviennent à disperser le rassem- blement et à entraîner les plus exaltés. La nuit suivante, ils firent sortir le gouverneur de la ville par la porte de Ville- goudou. Montgommery remercia avec effusion ses deux sau- veurs, leur faisant de grandes protestations, ce qui ne l'em- pêcha pas, quelques jours après, de les citer parmi les premiers auteurs de l'émeute. C'était décidément un homme peu recommandable, plus rempli de vices que de vertus.
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