Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2012-166896
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/10/2012
376 SOCIÉTÉ DES SC., ARTS & B.-LETTRES DU TARN
le plus souvent un simple hommage de politesse. Ils sont dignes d'examen et de critique.
M. Cabal avoue une fervente admiration pour Lamartine, non seulement parce que les hasards de la vie l'ont fait passer dès ses débuts, dans le Maçonnais, au pays du grand homme, mais parce qu'il y a une évidente ressemblance entre les âmes et les talents des deux poètes, quelque éloignés qu'ils soient par les années et par la gloire.
L'Ode à Lamartine, dès les premières pages du livre, est un écho des Méditations, je dirais presque un pastiche, si on ne sentait pas l'accent sincère et un talent personnel qui n'est pas indigne de ressembler au modèle.
C'est dire que M. Cabal n'a pas la prétention, habituelle aux débutants, de régénérer la poésie de son siècle et de révéler à ses huit cents confrères des idées inédites et des formes originales de la langue française. Il s'est contenté du français qui a suffi et suffira encore à tant de chets-d oeuvre et il a exprimé les pensées, les émotions, les rêves et les tristesses qui sont éternelles et toujours nouvelles, parce que de siècle en siècle, sous des formes diverses et même des modes pas- sagères, elles restent le fond du cœur humain et de la poésie sincère.
L'œuvre de M. Cabal est très variée. Il y a des pièces de circonstance, 'compliments, épithalames, anecdoctes de jeu- nesse, gracieuses et aimables. Il y a des récits, des descrip- tions, où se trouvent de beaux vers, mais dont le style est inégal. L'écrivain est plutôt à l'aise dans le développement philosophique et sentimental et il a le style large et un peu flottant qui lui convient mais il n'a pas la virtuosité, l'éclat, la fantaisie, la précision pittoresque d'un Banville, d'un Gautier ou d'un Rostand aussi dès. que l'émotion et le rêve ne le soutiennent pas, il glisse par moments au vers simple- ment correct ou prosaïque.
D'autre part, il ne semble pas avoir le don que Lamartine n'avait pas-de sortir de lui-même et de faire parler des per- sonnages selon leur condition et leur âme. Racontant un naufrage et un sauvetage, il représente un vieux matelot et une pauvre mère, femme' du peuple, dont les enfants ont
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