Presse et revues
8 pages
Titre : La Chronique des arts et de la curiosité : supplément à la Gazette des beaux-arts
Éditeur : Gazette des beaux-arts (Paris)
Date d'édition : 1902-03-15
Contributeur : Houssaye, Edouard (1829-18..?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34421972m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 20550 Nombre total de vues : 20550
Description : 15 mars 1902 15 mars 1902
Description : 1902/03/15 (N11). 1902/03/15 (N11).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63443892
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, V-11793
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
84 LA CHRONIQUE DES ARTS
vénitienne dénotent une sersibilité qu'im-
pressionne le home enveloppé de pénombre
et de mystère. Et, quand il en sort, c'est en-
core cette pénombre et ce mystère qu'il re-
cherche dans la nature : la pénombre bleue
des nuits sombres d'Espagne, à Gadaquès, à
Séville, à Grenade, ou du clair de lune à Ve-
nise, et le mystère des nuits claires de Nor-
vège, dont le charme est encore accru par de
gracieuses apparitions au bord des lacs en-
dormis, parmi le silence des choses, dans des
lueurs de rêve, qui, participant à la fois du
jour et de la nuit, sont propices à la chi-
mère.
EXPOSITION GEORGES SOUILLET
M. Georges Souillet est moins chimérique
que M. Johnston ; et si celui-ci s'est plu à
s'inspirer parfois de Gustave Moreau et de
Puvis de Chavannes, celui-là se rapprocherait
de talents plus positifs, comme ceux de Boudin
et de MM. Claude Monet, Charles Cottet et
Lebourg.
IL a beaucoup voyagé. Tour à tour, on le
voit s'intéresser aux sites de Paris, Pornic,
Belle-Isle, Tours, Alger ; à Anvers et à Bru-
ges ; à la Meuse, baignant Dordrecht, et à la
plage hollandaise de Katwyk-sur-Mer. Sa ma-
nière est des plus diverses, comme la nature
elle-même, à ses différentes latitudes ; et les
goûts les plus variés peuvent s'y complaire.
Toutefois, s'il fallait choisir en cet œuvre
déjà considérable, intéressant à tant de titres,
et témoignant d'efforts incessants, parfois
pénibles, les préférences iraient aux toiles
comme Notre-Dame, brume d'été, aux mati-
nées et aux soirs, où la brume tisse sa gaze
autour des vieux monuments et des maisons,
et à travers les mailles de laquelle passe la
rêverie.
Georges RIAT.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 8 mars
L'Académie, jugeant le concours pour le prix
Achille Leclère (architecture), de la valeur de 1.000
francs, et dont le sujet était : « Aménagement et
décoration d'un môle dans un grand port de mer »,
a décerné les récompenses suivantes :
Prix : M. Louis-Hippolyte Boileau, pour son
projet inscrit sous le numéro 24;
Prix disponible de l'année 1899 : MM. Étienne
Coutan et Henri Tauzin, pour leur projet inscrit
sous le numéro 26;
1" mention honorable : M. Paul Cret, pour son
projet inscrit sous le numéro 15.
r
Académie des Inscriptions
Séance du 7 mars
Découvertes en Égypte. — M. Clédat, membre
de l'Institut archéologique du Caire, écrit qu'il a
soumis à l'examen de M. Maspéro les aquarelles
et les photographies des antiquités coptes de Baouit
qu'il a mises à jour.
« Ces monuments n'appartiennent pas, dit M. Clé-
dat, à l'art copte connu, mais à un véritable copte
nouveau qui se distingue par la diversité des mo-
tifs, des figures, autant que par les scènes peintes
sur les murailles et par la variété des motifs orne-
mentaux s'élevant presque à la perfection. »
L'auteur signale tout particulièrement une église
qui doit avoir plus de 50 mètres de profondeur et
qui renferme une infinité de sculptures d'une fi-
nesse extrême, des chapiteaux superbes, des portes
en bois sculpté, etc.
M. Clédat, avec la collaboration de son directeur
et d'un de ses collègues, se propose d'achever l'cx
ploration de. cette église le mois prochain. Il a
réuni plus de 40 aquarelles, 120 photographies et
400 graffiti, traces du passage des admirateurs et
des saints qui ont visité le deir et les différentes
chapelles funéraires.
Ces documents montrent, dans l'ornementation,
un grand nombre de motifs que l'art arabe a em-
ployés. L'ensemble de ces peintures se ressent de
l'influence byzantine et égyptienne. Parmi les
scènes retrouvées, M. Clédat signale particulière-
ment à l'attention de M. Clermont-Ganneau un
saint Georges et un cerf entouré d'un serpent.
Communication. — M. de Lasteyrie continue la
lecture de sa notice sur la porte Sainte-Anne de la
cathédrale de Paris. Les deux figures sculptées au
tympan de cette porte sont celles de l'évêque Mau-
rice de Sully et du roi Louis VII ; mais l'œuvre
est postérieure à la mort de ce roi et doit dater
des vingt dernières années du douzième siècle.
Cinq lettres inédites de Joseph Vernet
(Suite) (1)
III
6 juillet 1785.
Il y a bien long temps, monsieur et cher com-
patriote, que nous ne nous somment rien dit. Je
puis bien estre long temps sans vous écrire, mais
non sans penser à vous. Il y a un temps infiny
que je désire vous envoyer quelque bagatelle de
ma façon et de celle de mon fils. Les affaires dont
je suis toujours surchargé m'empechent de faiie
ce que je voudrois. Mon fils a eu la petite vérole
d'une manière à faire craindre pour sa vie et en a
été malade pendant six mois. J'ay été deux mois
sans le quitter d'un instant ny nuit ny jour. J'en
ay été la duppe, car à mon tour je suis tombé
malade presque tout l'hiver. Tout cela a recullé
mes affaires et les a accumulées de façon à ne
savoir où donner de la tête. Mon fils se porte bien
à présent et moy aussy.
Voicy une affaire dont je veux vous parler, mon
cher compatriotte. Il y a cinq à six semaines que
M. le mareschal de Castries, ministre de la marine,
me demandât de luy procurer quelqu'un de mes
élèves qui, sous ma direction, pût faire des tableaux
des faits glorieux à la France concernant la marine
dans cette dernière guerre. Je luy dit que je ne
(1) V. la Chronique des Arts des 1" et 8 mars
1902.
vénitienne dénotent une sersibilité qu'im-
pressionne le home enveloppé de pénombre
et de mystère. Et, quand il en sort, c'est en-
core cette pénombre et ce mystère qu'il re-
cherche dans la nature : la pénombre bleue
des nuits sombres d'Espagne, à Gadaquès, à
Séville, à Grenade, ou du clair de lune à Ve-
nise, et le mystère des nuits claires de Nor-
vège, dont le charme est encore accru par de
gracieuses apparitions au bord des lacs en-
dormis, parmi le silence des choses, dans des
lueurs de rêve, qui, participant à la fois du
jour et de la nuit, sont propices à la chi-
mère.
EXPOSITION GEORGES SOUILLET
M. Georges Souillet est moins chimérique
que M. Johnston ; et si celui-ci s'est plu à
s'inspirer parfois de Gustave Moreau et de
Puvis de Chavannes, celui-là se rapprocherait
de talents plus positifs, comme ceux de Boudin
et de MM. Claude Monet, Charles Cottet et
Lebourg.
IL a beaucoup voyagé. Tour à tour, on le
voit s'intéresser aux sites de Paris, Pornic,
Belle-Isle, Tours, Alger ; à Anvers et à Bru-
ges ; à la Meuse, baignant Dordrecht, et à la
plage hollandaise de Katwyk-sur-Mer. Sa ma-
nière est des plus diverses, comme la nature
elle-même, à ses différentes latitudes ; et les
goûts les plus variés peuvent s'y complaire.
Toutefois, s'il fallait choisir en cet œuvre
déjà considérable, intéressant à tant de titres,
et témoignant d'efforts incessants, parfois
pénibles, les préférences iraient aux toiles
comme Notre-Dame, brume d'été, aux mati-
nées et aux soirs, où la brume tisse sa gaze
autour des vieux monuments et des maisons,
et à travers les mailles de laquelle passe la
rêverie.
Georges RIAT.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 8 mars
L'Académie, jugeant le concours pour le prix
Achille Leclère (architecture), de la valeur de 1.000
francs, et dont le sujet était : « Aménagement et
décoration d'un môle dans un grand port de mer »,
a décerné les récompenses suivantes :
Prix : M. Louis-Hippolyte Boileau, pour son
projet inscrit sous le numéro 24;
Prix disponible de l'année 1899 : MM. Étienne
Coutan et Henri Tauzin, pour leur projet inscrit
sous le numéro 26;
1" mention honorable : M. Paul Cret, pour son
projet inscrit sous le numéro 15.
r
Académie des Inscriptions
Séance du 7 mars
Découvertes en Égypte. — M. Clédat, membre
de l'Institut archéologique du Caire, écrit qu'il a
soumis à l'examen de M. Maspéro les aquarelles
et les photographies des antiquités coptes de Baouit
qu'il a mises à jour.
« Ces monuments n'appartiennent pas, dit M. Clé-
dat, à l'art copte connu, mais à un véritable copte
nouveau qui se distingue par la diversité des mo-
tifs, des figures, autant que par les scènes peintes
sur les murailles et par la variété des motifs orne-
mentaux s'élevant presque à la perfection. »
L'auteur signale tout particulièrement une église
qui doit avoir plus de 50 mètres de profondeur et
qui renferme une infinité de sculptures d'une fi-
nesse extrême, des chapiteaux superbes, des portes
en bois sculpté, etc.
M. Clédat, avec la collaboration de son directeur
et d'un de ses collègues, se propose d'achever l'cx
ploration de. cette église le mois prochain. Il a
réuni plus de 40 aquarelles, 120 photographies et
400 graffiti, traces du passage des admirateurs et
des saints qui ont visité le deir et les différentes
chapelles funéraires.
Ces documents montrent, dans l'ornementation,
un grand nombre de motifs que l'art arabe a em-
ployés. L'ensemble de ces peintures se ressent de
l'influence byzantine et égyptienne. Parmi les
scènes retrouvées, M. Clédat signale particulière-
ment à l'attention de M. Clermont-Ganneau un
saint Georges et un cerf entouré d'un serpent.
Communication. — M. de Lasteyrie continue la
lecture de sa notice sur la porte Sainte-Anne de la
cathédrale de Paris. Les deux figures sculptées au
tympan de cette porte sont celles de l'évêque Mau-
rice de Sully et du roi Louis VII ; mais l'œuvre
est postérieure à la mort de ce roi et doit dater
des vingt dernières années du douzième siècle.
Cinq lettres inédites de Joseph Vernet
(Suite) (1)
III
6 juillet 1785.
Il y a bien long temps, monsieur et cher com-
patriote, que nous ne nous somment rien dit. Je
puis bien estre long temps sans vous écrire, mais
non sans penser à vous. Il y a un temps infiny
que je désire vous envoyer quelque bagatelle de
ma façon et de celle de mon fils. Les affaires dont
je suis toujours surchargé m'empechent de faiie
ce que je voudrois. Mon fils a eu la petite vérole
d'une manière à faire craindre pour sa vie et en a
été malade pendant six mois. J'ay été deux mois
sans le quitter d'un instant ny nuit ny jour. J'en
ay été la duppe, car à mon tour je suis tombé
malade presque tout l'hiver. Tout cela a recullé
mes affaires et les a accumulées de façon à ne
savoir où donner de la tête. Mon fils se porte bien
à présent et moy aussy.
Voicy une affaire dont je veux vous parler, mon
cher compatriotte. Il y a cinq à six semaines que
M. le mareschal de Castries, ministre de la marine,
me demandât de luy procurer quelqu'un de mes
élèves qui, sous ma direction, pût faire des tableaux
des faits glorieux à la France concernant la marine
dans cette dernière guerre. Je luy dit que je ne
(1) V. la Chronique des Arts des 1" et 8 mars
1902.
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