Titre : La France littéraire, artistique, scientifique / dir. Adrien Peladan
Éditeur : [s.n.] (Lyon)
Date d'édition : 1858-04-03
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327779296
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 8430 Nombre total de vues : 8430
Description : 03 avril 1858 03 avril 1858
Description : 1858/04/03 (A2,N27). 1858/04/03 (A2,N27).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6341201f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-4584
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/12/2012
DEUXIÈME ANNÉE. N» 27.
5 AVRIL ms.
ON S'ABONNE
~JJ~N,
/fU.x= BCRE~ t
- Rue* ey tft
.chez tabules (Hrècuuri
- t - --
-1 - --
LA FRANCE
PRIX
DM L'AUONNVMKNT.
1 an 9 fr
6 mois 5 -
Avec primes.
ÏITTÉRAlRE, ARTISTIQUE, SCIENTIFIQUE. -
1 1
U-Paçaftsto'Us les samedis. — Reproduction Interdite à moins d'une convention spéciale.
DEUXIÈME CONCOURS
DE LA FRANCE LITTÉRAIRE.
PROSE.
VIII.
Le récit de Mm* Jeanne Massard, Le Secret
d'Hortense , nous fait assister à une belle
réciprocité de dévouement 'de la part de
deux sœurs. Il y a même là une étude peu
commune sur laphysiologie des passions. L ab
négation de Mathilde, d'une part > qui renon-
ce àl'hymenle mieux assorti et le plus souhai-
té , pour faire épouser à sa sœyr son noble
fiancé que celle-ci s'est prise à aimer
sans le vouloir, .mettant d'ailleurs une appli-
cation extrême à soustraire son inclination à
l'attention de Mathilde ; puis le départ d'Hor-
tense, que le bonheur mis à sa disposition ne
rend pas égoïste, et qui s'élance vers son
vieux père dans le besoin, pour veiller, malgré
le peu de dévouement de ce chef de fa-
mille pour les siens , sur ses jours avancés
et assombris ; toutes ces circonstances forment
le nœud et les péripéties d'un drame qui émeut,
qui captive.
C'était une matière d'où pouvaientgermer les
plus pathétiques situations ; sans doute Mme
Massard n'en a pas mis en jeu toutes les puis-
sances ; l'expérience , ce couronnement du na-
turel , et sans laquelle l'écrivain ne saurait
être complet, ne le lui a pas permis. Qu'elle
ait tiré parti de la donnée , on ne le contestera
pas, bien qu'un exercice plus long de l'art de
penser , des lectures choisies qu'elle n'a sans
doute pas encore faites, lui eussent procuré un
complément de faits psychologiques qui se pré-
sentent d'eux-mêmes à un esprit rompu aux sé-
rieuses observations.
Ainsi le tableau des vertus de Mme Colombier
eussent bien contrasté avec la coupable légè-
reté de son mari qui abandonne les siens ;
c'eût été expliquer la conduite exemplaire des
deux jeunes filles: on aurait surtout voulu la
reproduction des paroles que cette mère dut
adresser, à ses derniers moments, aux délais-
sées qu'elle quittait. Il eût fallu aussi entourer
de plus de prestige cette vieille servante qui res-
te comme une ombre protectrice auprès des
deux chères enfants. Le tuteur est à peine nom-
me , et quelque extension donnée à ce faible
rôle n'aurait point nui au récit. Le sentiment
des convenances doit de nos jours remplacer
la naïveté des narrations primitives; s'affranchir
de ce précepte, c'est se fourvoyer à un degré
quelconque vers le réalisme, cette fatale immo-
lation du beau à laquelle nos romanciers ont
prodigué leur encens.
Mme Massard est peut-être trop familière avec
la manière de ces mêmes écrivains qui, ne se
souvenant pas que le roman est le puiné de
l'épopée, l'ont réduit aux proportions mesqui-
nes des scènes de taverne , des prostitutions
sous la soie , ou sous la cotonnade , et qui dé-
daignant de voir les actes humains avec les yeux
d'une lumineuse sagesse, des hauteurs où se
plaU la muse, ont conduit cette fille du ciel à
l'estaminet et même aux vide-bouteilles delà
barrière. Ce n'est pas que notre aimable auteur
ait rien glissé dans son œuvre qui ressemble
aux reproches que nous déduisons ; mais de
certaines hésitations nous font désirer qu'elle
se méfie de l'exemple d'écrivains qui nous sont
suspects, et qu'elle nourisse son aptitude lit-
téraire des lectures de maîtres irréprochables,
source où elle agrandira ses facultés qui pro-
mettent une intelligence.
Nous considérons comme fort délicate l'in-.
tervention du somnambulisme dans un narré
fictif, et bien que Mme Massard n'en ait usé.
dans sa nouvelle, qu'avec sobriété , nous esti-
mons que c'est là un ressort à ménager et qui
exige autant de science que de précaution.
Le style de Mrae Massard a du naturel et de
la flexibilité; mais il gaguerait sensiblement en-
core à être plus serré et parfois plus éclatant.
Nos réserves n'ôteront rien à l'intérêt du Secrrt
d'Hortense, qui, tel qu'il est, est encore rem-
pli d'agrément. A. P.
LE SECRET D'HORTENSE.
i,
L'ATTENTE.
- Anne 1 ma sœur Anne , ne vois-tu rien
venir ? disait une jeune fille, en toilette de soi-
rée, à sa sœur penchée sur l'appui de la fenêtre
pour voir au loin dans la rue.
— Hélas ! lui répondit sa compagne sans
quitter son observatoire , pas de soleil qui pou-
droie , pas d'herbe qui verdoie. La nuit est
obscure et je n'aperçois, au travers du brouil-
lard qui enveloppe la rue, que de rares passants
frileux qui regagnent leur logis à grands pas.
Je crains bien , Mathilde, que ta toilette sait
inutile ; il se fait tard ; Ernest n'aura pu Ctie
5 AVRIL ms.
ON S'ABONNE
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-1 - --
LA FRANCE
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DM L'AUONNVMKNT.
1 an 9 fr
6 mois 5 -
Avec primes.
ÏITTÉRAlRE, ARTISTIQUE, SCIENTIFIQUE. -
1 1
U-Paçaftsto'Us les samedis. — Reproduction Interdite à moins d'une convention spéciale.
DEUXIÈME CONCOURS
DE LA FRANCE LITTÉRAIRE.
PROSE.
VIII.
Le récit de Mm* Jeanne Massard, Le Secret
d'Hortense , nous fait assister à une belle
réciprocité de dévouement 'de la part de
deux sœurs. Il y a même là une étude peu
commune sur laphysiologie des passions. L ab
négation de Mathilde, d'une part > qui renon-
ce àl'hymenle mieux assorti et le plus souhai-
té , pour faire épouser à sa sœyr son noble
fiancé que celle-ci s'est prise à aimer
sans le vouloir, .mettant d'ailleurs une appli-
cation extrême à soustraire son inclination à
l'attention de Mathilde ; puis le départ d'Hor-
tense, que le bonheur mis à sa disposition ne
rend pas égoïste, et qui s'élance vers son
vieux père dans le besoin, pour veiller, malgré
le peu de dévouement de ce chef de fa-
mille pour les siens , sur ses jours avancés
et assombris ; toutes ces circonstances forment
le nœud et les péripéties d'un drame qui émeut,
qui captive.
C'était une matière d'où pouvaientgermer les
plus pathétiques situations ; sans doute Mme
Massard n'en a pas mis en jeu toutes les puis-
sances ; l'expérience , ce couronnement du na-
turel , et sans laquelle l'écrivain ne saurait
être complet, ne le lui a pas permis. Qu'elle
ait tiré parti de la donnée , on ne le contestera
pas, bien qu'un exercice plus long de l'art de
penser , des lectures choisies qu'elle n'a sans
doute pas encore faites, lui eussent procuré un
complément de faits psychologiques qui se pré-
sentent d'eux-mêmes à un esprit rompu aux sé-
rieuses observations.
Ainsi le tableau des vertus de Mme Colombier
eussent bien contrasté avec la coupable légè-
reté de son mari qui abandonne les siens ;
c'eût été expliquer la conduite exemplaire des
deux jeunes filles: on aurait surtout voulu la
reproduction des paroles que cette mère dut
adresser, à ses derniers moments, aux délais-
sées qu'elle quittait. Il eût fallu aussi entourer
de plus de prestige cette vieille servante qui res-
te comme une ombre protectrice auprès des
deux chères enfants. Le tuteur est à peine nom-
me , et quelque extension donnée à ce faible
rôle n'aurait point nui au récit. Le sentiment
des convenances doit de nos jours remplacer
la naïveté des narrations primitives; s'affranchir
de ce précepte, c'est se fourvoyer à un degré
quelconque vers le réalisme, cette fatale immo-
lation du beau à laquelle nos romanciers ont
prodigué leur encens.
Mme Massard est peut-être trop familière avec
la manière de ces mêmes écrivains qui, ne se
souvenant pas que le roman est le puiné de
l'épopée, l'ont réduit aux proportions mesqui-
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sous la soie , ou sous la cotonnade , et qui dé-
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plaU la muse, ont conduit cette fille du ciel à
l'estaminet et même aux vide-bouteilles delà
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ait rien glissé dans son œuvre qui ressemble
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certaines hésitations nous font désirer qu'elle
se méfie de l'exemple d'écrivains qui nous sont
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téraire des lectures de maîtres irréprochables,
source où elle agrandira ses facultés qui pro-
mettent une intelligence.
Nous considérons comme fort délicate l'in-.
tervention du somnambulisme dans un narré
fictif, et bien que Mme Massard n'en ait usé.
dans sa nouvelle, qu'avec sobriété , nous esti-
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exige autant de science que de précaution.
Le style de Mrae Massard a du naturel et de
la flexibilité; mais il gaguerait sensiblement en-
core à être plus serré et parfois plus éclatant.
Nos réserves n'ôteront rien à l'intérêt du Secrrt
d'Hortense, qui, tel qu'il est, est encore rem-
pli d'agrément. A. P.
LE SECRET D'HORTENSE.
i,
L'ATTENTE.
- Anne 1 ma sœur Anne , ne vois-tu rien
venir ? disait une jeune fille, en toilette de soi-
rée, à sa sœur penchée sur l'appui de la fenêtre
pour voir au loin dans la rue.
— Hélas ! lui répondit sa compagne sans
quitter son observatoire , pas de soleil qui pou-
droie , pas d'herbe qui verdoie. La nuit est
obscure et je n'aperçois, au travers du brouil-
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